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vendredi, 20 mai 2005

Bonne semaine !

Semaine active à rebours !

Hier soir, je m’en vais au Beaulieu voir Yasmin, avec donc le projet d’être un cinéphile sérieux - j’ai une forte sympathie pour le cinéma britannique de ces temps, le social et le politique regagnent avec lui les lettres de noblesse et d’efficacité du néoréalisme italien de jadis (!) - les bobineaux s’étant égarés, l’équipe - au Beaulieu, c’est Art et essai, mais ce sont des bénévoles - nous a proposé Le fil à la patte de Michel Deville.
Autre chose, n’est-ce pas ! Mais j’aime aussi la cruauté légère et érotique de Deville. Ha ! il faut bien reconnaître que les caleçonnades de Feydeau alourdissent un tantinet l’art de Deville, mais les parties de jambes en l’air de la Béart et du Berling sont ébouriffantes. La belle Emmanuelle, pleureuse, garce, jouisseuse, ravit et la nudité en chapeau d’un Berling qui ne craint point d’afficher une “sculpture” qui s’empâte est émouvante. Le “castinge” est à l’avenant, dans les haleines fortes, les gilets rayés des valets ; le coup du téléphone portable qui joue l’intrus à la Belle époque est un fichu gag.

Le matin, le Grec ancien m’avait emmené dans un texte fort trouble et peu connu du sieur Platon, le “Lysis” : à mon avis, sous couvert d’approche pédagogique, il ne s’agit que de l’exposé d’une drague pédophile dans les rets maïeutiques de Socrate qui a bon dos... ou vilain cul ! Enfin ! Comme le texte est bourré d’héllénismes, de crases et des particules qui font fleurir la bonne vieille langue, on tolère !

La veille, c’est-à-dire mercredi, le cycle Mahler et la IIIe symphonie. Lourde, lourde lourde et...longue ! Étaient las, ou le père grapheus tis, ou le maître Karabtchevsky, ou son orchestre. Ou Mahler, plus simplement ? Bref, ça n’en finissait plus. Disparues, les sublimes emmenées au silence de la Deuxième : les caisses et les cuivres, potentiomètres à fond, et des cordes geignant dans des bois sans mystère. Soirée lourde !
Ah si ! Éléna Zaremba, la voix de contralto qui élève avec gravité le texte de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra :

Ô Homme, prête l’oreille !
Que dit minuit profond ?


Mardi soir, c’était une heure avec... René Char. À la fin de l’heure, le lecteur était heureux, la tâche avait été honnêtement accomplie, l’auditoire tout aussi inquiet que le lecteur en son commencement, attentif et rassuré. Les pentes “chariennes” sont arides, mais les Feuillets d’Hypnos sont bien le sentier pour s’y aventurer. Ou pour se réconcilier avec l’obscurité !
Il y avait sourires rassérénés à la sortie de la médiathèque. Je regrette pourtant que nous n’ayons pu aborder ce qui, pour moi, est devenu le cœur des Feuillets : la violence, inacceptable, et la contre-violence juste et nécessaire ; car c’est bien le sang, le “sang supplicié”, le sang de l’embuscade et des exécutions sommaires qui coule dans ces carnets de maquis. N’oublions pas : ce temps des MAQUIS est le temps des CAMPS !
Et Char peut bien tenter de conjurer l’atroce en convoquant la Beauté : l’horreur, injustifiée ET justifiée, est !
Insoluble, inoubliable, ineffaçable situation humaine ! Même si, en ces temps d’oublieuse mémoire, nous paraissons, nous Européens, très éloignés de cette cruauté.

Les yeux seuls sont capables de pousser un cri.


Et la semaine avait débuté avec ...Nietzsche.
St. qui est “nietzschéen” proposait le regard du philosophe sur les Écritures bibliques. Comme, en décembre, son regard sur la tragédie. Il n’a guère été question des “saintes écritures”, il nous a plutôt nettoyer le concept du Surhomme et de la volonté de puissance. Essayer du moins !
Michel Onfray - j’ai emprunté à mon bon vieil Er Klasker le Traité d’athéologie que je me refusais à acheter - ne devrait plus déplorer l’inexistence de Feuerbach sur le marché philosophique. St. parlant de l’athéisme (?) de Nietzsche s’est, longuement et fort bien, égaré dans l’athéisme de Feuerbach et la réappropriation des forces créatrices de l’homme.
Pour m’extirper de mes derniers embourbements transcendantaux, ça me va bien. Mieux, en tout cas, que des engagements laïcs de libre penseur.
Achever la vie en philosophant et en lisant le Grec ancien ! Ma foi !

La lecture de Nietzsche sur la féminité me donne cependant furieuse envie “d’aller chez les femmes” y relire les sources de mon “féminisme”.
La Belle Louïse, Marie de Gournay, Ninon de Lenclos, la Grande George et madame Séverine Auffret récurent (!) mon machisme en me rendant mieux homme.

Post-scriptum :
Retour en force sur la table de Rimbaud et de... Nietzsche avec “Illuminations” - en poche - de... Philippe Sollers.
J’ai certain penchant pour l’essayiste ; la platitude de langue du romancier ne me chaut point - mais, “on” est de “la classe”. Je trouve, malgré tout, que le monsieur fait fort : il nous a déjà “fourgué” une Divine comédie ; il réédite - c’est le moment de l’écrire - avec ces (ses) Illuminations. Gonflé ! Je vais le suspecter de pratiquer la récupération abusive du titre des grandes œuvres à des fins de gloriole personnelle. La rigueur et l’honnêteté ne semblent point vertus premières de l’édition, ces jours-ci.

Et Villon, dans tout ça ?
Plus de cinq siècles à remonter. Le dénivelé est rude pour le rédacteur de blogue !



Commentaires

"Les yeux seuls sont capables de pousser un cri" - comme j'aime ces mots.

Écrit par : Kate | vendredi, 20 mai 2005

Il ne fait pas très bon être athée par les temps qui courent ! D'où l'intérêt du livre de Michel ONFRAY "traité d'athéologie". Ce livre n'est pas très bien écrit mais il rappelle quelques vérités bien difficiles à discerner aujourd'hui sous l'amoncellement des pompes papales dont la télé nous a abreuvé pour l'enterrement de Jean-paul II, et le bric à brac religieux et guerrier des fondamentalistes musulmans !

Un progrès immense aura été fait quand on trouvera dans un pays musulman ce genre d'ouvrage en librairie. Pour l'instant dans celles que j'ai visité, dernièrement, en Tunisie il y avait le Coran décliné sous toutes ses formes et quelques livres de cours pour les étudiants.
Quand au libraire il n'imaginait même pas que l'on puisse être athée !
Les religions ont encore quelques belles pages de sang à écrire.

A propos de "pages de sang" le film de Ridley SCOTT : "Kingdom of Heaven" en écrit quelques unes. Dans un film, formaté pour le grand public, il décrit la prise de Jérusalem par les guerriers de SALADIN contre les croisés du roi franc : Guy de LUSIGNAN. Malgré quelques entorses à la vérité historique l'ensemble est intéressant pour mieux comprendre cet instant capital où se sont nouées les relations conflictuelles entre le monde musulman et le monde chrétien. Le livre de Dominique BAUDIS : "la conjuration", très bien écrit lui, donne plus de détails sur cette époque.

Quand je pense à religion, je pense à guerre. Peut-on séparer ces deux mots ? Voilà qui ferait un bon sujet pour le bac de philo.

Écrit par : alain | samedi, 21 mai 2005

Les quelques réticences que j'ai, quant à Onfray, ne viennent pas de ses thèses qui depuis "l'art de jouir" en 1992 m'ont aidé à me désembourber.
Ces temps, il me paraît très - trop ! - prolifique et d'un livre à l'autre, ressasse souvent les mêmes thèmes.
À son égard, je me tiens les mêmes interrogations qu'envers Sollers, Comte-Sponville et d'autres que j'ai affectionnés à un moment, et même encore ; je crains que la pression éditoriale et la nécessité d'être en "tête de gondole" ne les incitent à publier des écrits qui ne sont que des gloses de leur glose...
Je lis avec intérêt, tout en grognant dans mon for intérieur, le "Traité" et ai apprécié sa bibliographie commentée ; je retrouve là le Onfray que je connais en fréquentant, via la Toile et France Cul, le philosophe de l'Université Populaire, commentateur bref, incisif des livres des autres.
Je lui souhaiterais une plus grande sérénité épicurienne !

Écrit par : Grapheus | samedi, 21 mai 2005

J'aime Michel Onfray et apprécie ce qu'il écrit. Ses livres m'ont souvent aidé, réconforté, rassuré, quand j'avais l'impression d'être seul, parce qu'il disait souvent exactement
ce que je sentais confusément... Mais je suis d'accord avec Grapheus en ce qui concerne le traité d'athéologie. C'est vrai que c'est écrit vite. Tout en ne pouvant pas dire bien sûr que je ne suis pas d'accord avec ce qu'il écrit, et certains passages " bien envoyés", il y a quelque chose qui me gêne quand même... Une certaine assurance, séduction facile et assurée... je l'ai toujours défendu et continuerai sans doute.
Je pense qu'il subit à mes yeux le succès médiatique qui lamine tout ce qu'il touche et ramène tout au niveau zéro. Difficile d'y échapper sans doute, mais le voir se faire écraser chez Durand par Pascal Sevran m'a fait mal. J'espère qu'il comprendra vite que la médiatisation aujourd'hui dénature tout et fait le contraire de ce que l'on pourrait en attendre, transformant les êtres en images juste faites pour meubler l'entre publicité. J'espère qu'il va se concentrer plus sur sa pensée et son écriture, plus que sur son image, si séductrice certes, mais c'est si facile finalement... et si décevant... Bref, pour parler vite, j'espère qu'il ne sera pas de ceux dont le succès leur fait croire je ne sais quoi...

Écrit par : jcb | dimanche, 22 mai 2005

Un ajout juste de jcb à la critique de Onfray. Mais c'est toujours bonheur...épicurien de savoir que l'on fréquente les mêmes eaux philosophales.

Alain, hier au soir, avec Nicléane, vu "Kingdom of Heaven" : je suis incorrigiblement bon public !
Je crois avoir mon trio de "grands" films popu pour l'année 2004/2005 : Troie (ou Brad Pitt en jupette "achiléenne"), Alexandre(avec son papyrus de Ptolémée écrit en...anglais) et Kingdom of Heaven (moi...je suis Jeremy Irons, na !).
On a les palmes d'or qu'on peut avec les jurys qu'on a !

Écrit par : Grapheus | dimanche, 22 mai 2005

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