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jeudi, 12 octobre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXV

Au XVIIe Siècle


1628. — VAISSEAUX DE GUERRE NANTAIS.

Nantes dut fournir douze beaux vaisseaux de guerre pour renforcer la flotte royale attaquant la Rochelle, Ils y arrivèrent le 9 mars et prirent ce jour leur poste de combat. Elle devait en envoyer huit autres dans la suite, mais ils ne purent partir, faute d'argent pour les armer (1).
Les navires de guerre de cette époque étaient extrêmement riches, et leur château-arrière, très élevé, était orné à profusion de sculptures et de dorures. Ils étaient armés de deux ou trois rangées de bouches à feu, sans compter les pièces placées sur le pont.

1634.
— RÉCLAMATION DES CAPITAINES FRÉQUENTANT LA LOIRE.

À la date de 1634, nous trouvons une longue réclamation des capitaines fréquentant la Loire, exposant que la navigation devenait impossible. À chaque instant, disaient-ils, des pirates les arrêtaient et les rançonnaient ; puis les agents des seigneurs riverains leur réclamaient des taxes qu'ils ne devaient point, ou majoraient le montant de celles qu'ils avaient coutume de payer ; d'autre part, par suite du manque de surveillance, un grand nombre de navires délestaient dans le canal et l'obstruaient rapidement.
Le Syndic des Bourgeois se joignit à eux pour demander la suppression de ces abus ; et cette longue supplique, écrite en latin, mais avec les délits dénoncés indiqués en français, fut envoyée au Roi (2).

1636. — L’ÉVÈQUE DE NANTES À LA TÊTE D’UNE FLOTTE.

En août 1636, une flotte de douze vaisseaux et une galère, sous les ordres de Monseigneur de Beauveau, évêque de Nantes, rejoignait près des îles Lérins la flotte française, composée des escadres de Bretagne, Guyenne et Normandie réunies, en croisière contre la flotte espagnole. L'évêque de Nantes n'était d'ailleurs nullement déplacé à la tête de sa flotte de renfort, car son chef hiérarchique, l'amiral d'Escourbleau du Sourdis, chef du Conseil du Roi en l'armée navale, était de son côté archevêque de Bordeaux (3).

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(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 273.
(2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I, p. 388.
(3) 0. TROUDE, Batailles navales de la France, t. I, pp. 88-90.
L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t. III, p. 8.
Henri d'Escourbleau du Sourdis (1593-1645) remplaça son frère François, cardinal, à l'archevéché de Bordeaux, en 1629. Il prit part néanmoins à toutes les opérations militaires du règne de Louis XIII ; il fut même poursuivi à Rome pour avoir porté les armes, et dut se retirer à Avignon. Après la mort de Richelieu, qui l'avait fait nommer chef du Conseil du Roi en l'armée navale, il revint à Bordeaux et se consacra exclusivement à son diocèse. Eugène Sue a publié dans son Histoire de France, son intéressante correspondance maritime. La famille d'Escourbleau du Sourdis est d'ailleurs originaire de notre région ; établie depuis le XVe siècle au château de la Borderie-Sourdis, en la Verrie (Vendée), elle vint s'établir vers la fin du XVIIe siècle au château de Landebaudière, en la paroisse de la Gaubretière (Vendée), à quelques kilomètres du Comté Nantais.

jeudi, 05 octobre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXIV

Au XVIIe Siècle


1624. — PROLONGEMENT DU QUAI DE LA FOSSE.

En 1622, la Municipalité de Nantes avait fait marché pour la construction d'un nouveau quai à la Fosse, et cent-vingt-sept toises avaient été adjugées à 7 livres la toise ; en 1624, ce quai fut prolongé de 200 toises.
La Ville profita de ce travail pour faire curer les ports de la rivière obstrués par les sables. Tous les mendiants valides y furent employés à raison de 6 sous par jour pour les hommes et 4 sous pour les femmes et les enfants ; les sables et les vases recueillis par deux grandes gabares étaient ensuite étendus sur les quais et les places publiques pour les exhausser (1).

1625. — ARMEMENT DES NAVIRES FLAMANDS.

Le 30 janvier 1625, un arrêté du Bureau de Ville ordonnait d'armer en guerre les navires flamands qui se trouvaient dans le port, et de leur permis de remonter la rivière (2).
Nantes entretenait alors avec les Flamands et les Hollandais un commerce très actif, et leurs « hourques » pesamment chargées déposaient sur nos quais des épiceries de toutes sortes et des poissons salés, pour remporter du vin d'Orléans, du brande-vin de Blois et des « clincailleries ».

1626. — ORIGINE DE LA COMPAGNIE DES INDES.

Lors de son passage à Nantes, en juillet 1626, Louis XIII approuva le projet de Richelieu de fonder par toute la France une grande Compagnie commerciale destinée à développer le commerce maritime. Cette Compagnie, que le ministre appelait du nom bizarre de Compagnie de la nacelle de Saint-Pierre fleurdelisée, devint en 1644 la Compagnie des Indes (3).

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(1) MEURET, Annales de Nantes, t. II, pp. 176-7.
MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, 1.1, p. 277.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 249.
(3) RENOUL, Le Tribunal consulaire à Nantes, pp. 104-116.
L. GUÉRIN, Histoire maritime de ta France, t. II, p. 409.

jeudi, 28 septembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXIII

1619. — FORBANS À L'EMBOUCHURE DE LA LOIRE.

Aux pirates barbaresques s'ajoutaient également un certain nombre de forbans, recrutés parmi les seigneurs sans foi ni loi ou les déserteurs. Le plus terrible d'entre eux était le sieur de la Fresnaie-Volvant, qui tenait la mer avec un grand vaisseau, et dont la retraite se trouvait aux environs de la Roche-Bernard.
Le 5 mai 1619, le Bureau de Ville fut saisi d'une plainte des Marchands à la Fosse relative à ces forbans ; mais aucune mesure ne semble avoir été prise contre eux (1).

1620. — RÉCLAMATION CONTRE LES TAXES ET PÉAGES.

La Commmunauté de Nantes, considérant que le commerce et la navigation de la Loire étaient tellement ruinés par les vexations des seigneurs riverains, que les marchands abandonnaient son port pour aller s'approvisionner à la Rochelle, décidait en 1620, de nommer un député, chargé de se réunir aux envoyés des autres villes de la Loire, pour demander la liberté et la franchise du commerce. M. Grandamy, conseiller du Roi, secrétaire et auditeur de ses comptes en Bretagne, fut chargé de cette mission (2).


1622. — GALÈRES ET GABARES DE LA VILLE.

A l'occcasion de la venue de Louis XIII à Nantes, en 1622, la Ville fit équiper et orner trois gabares pontées, portant soldats et mariniers, et dont l'une fut disposée en forme de galère. Elles furent envoyées à Ancenis au-devant du Roi qui arrivait de Tours par eau, et servirent aux seigneurs de sa suite (3).

GALÈRES ROYALES ET GALÉRIENS.

Les prisons de Nantes étaient remplies de prisonniers destinés aux galères ; et chaque jour les armées royales, alors en campagne contre les Calvinistes commandés par Soubise, en envoyaient de nouveaux.
En juillet et en septembre 1622, la Ville en fit embarquer un grand nombre sur les galères royales de la station de Nantes, ancrées en rade de Couëron sous les ordres de Philippe-Emmanuel de Gondi, Général des galères et Lieutenant général pour le Roi es mers du Levant et armée de mer. Les galères ne pouvant les contenir tous, et de nouvelles bandes arrivant fréquemment, la Municipalité peu soucieuse de payer leur nourriture, promit la liberté à tous ceux qui abandonneraient leurs erreurs protestantes. Le plus grand nombre s'empressèrent d'abjurer et furent évacués hors de la ville (4).

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(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 22S.
(2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. II, p. 364.
(3) MEURET, Annales de Nantes, t, II, p. 174.
(4) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, pp. 237, 8, 9
LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t. I, p. 287,

jeudi, 14 septembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXII

Au XVIIe siècle


1616. — LE PORT DE NANTES EN 1616.

Josse Sincère (Jean Zinzerling), décrit ainsi Nantes dans son : « Itinerarium Galliœ », publié en 1616 :
« C'est une ville commerçante à cause de la commodité de son port sur la Loire, où le flux marin commence à se faire sentir. Les navires qui parcourent l'Océan montent jusque là ; mais non les grands qui sont obligés de s'arrêter à cinq ou six lieues au-dessous » (1).
Paimbœuf était en effet, à ce moment, l'avant-port de Nantes. On y voyait parfois, nous disent les chroniqueurs, plus de cent grands vaisseaux ancrés dans sa rade ; et son quai et môle étaient, si on les en croit, parmi les plus beaux du monde. Paimbœuf était d'ailleurs une simple succursale de Nantes ; les commerçants et armateurs de cette ville y possédaient des magasins et des agents ; les constructeurs de navires y avaient établi leurs cales pour les grands vaisseaux ; les navires dépassant un certain tonnage s'y armaient et s'y désarmaient, et les cargaisons qu'ils embarquaient ou qu'ils débarquaient venaient de Nantes ou s'y rendaient sur des gabares et des barges. Mais tout ce mouvement maritime se rattachait à Nantes ; la petite bourgade de Paimbœuf ne possédait par eIle-même aucune activité commerciale ; et devait retomber dans le calme et le sommeil dès que l'amélioration du fleuve permit aux Nantais de se passer de leur avant-port.

1617. — PIRATES BARBARESQUES.

Le commerce était encore peu sûr et les mers infestées de pirates. L'embouchure de la Loire, en particulier, semblait le rendez-vous de ces écumeurs de mers, attirés par les riches cargaisons entrant à Nantes. En 1617, trois navires de Nantes, armés en société par les Marchands à la Fosse, furent ainsi enlevés à leur sortie de la rivière par des pirates barbaresques ; c'étaient le Saint-Pierre, de 200 tonneaux, le Saint-Nicolas, de 50 tonneaux et la Renée, de 40 tonneaux. La perte était évaluée à 200.000 livres ; les équipages prisonniers ; et le Saint-Pierre, monté par ses capteurs, prit rang parmi les plus terribles pirates de ces régions. Ces trois prises, qui eurent lieu coup sur coup, causèrent à Nantes un émoi considérable ; et le Bureau de Ville adressa même une lettre au Roi pour le supplier de purger l'embouchure de la Loire de ces pirates. Cette réclamation demeura sans effet ; on peut supposer cependant que les équipages revinrent à Nantes, grâce aux Frères de la Merci ; association charitable dont le but était de racheter les malheureux tombés entre les mains des infidèles et des pirates (2).

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(1) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 143.
(2) S. de la NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 132-3.

jeudi, 07 septembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXI

XVIIe siècle


1601. — INCENDIE DE NAVIRES.

En 1601, plusieurs vaisseaux ancrés à la Fosse brûlèrent fortuitement ; et bien que le droit de bris eût été aboli dès 1127, par un concile tenu à Nantes, le seigneur prétendit néanmoins conserver les débris de ces navires au préjudice de leurs propriétaires.
Ces derniers se plaignirent à la Ville, qui appuya leur réclamation, et leur fit obtenir gain de cause (1).

1614. — NAUMACHÏE EN L'HONNEUR DE LOUIS XIII

Pendant une de leurs visites à Nantes, en 1614, le roi Louis XIII et la reine dînèrent à la Fosse et assistèrent ensuite à une somptueuse naumachie organisée en leur honneur sur la Loire. Après un simulacre de combat naval, les deux flottes se réunirent pour attaquer une redoute construite sur la rive et garnie d'arquebuses et de canons.
Pour augmenter le nombre de ses vaisseaux, la Ville avait fait venir du Croisic sept grands galions armés et équipés en guerre. Le combat terminé, le Roi, qui, au dire des chroniqueurs, avait paru y prendre beaucoup de plaisir, fit don de ces galions à l'Enseigne de ses Gardes-du-corps. C'était en effet la coutume de considérer tout ce qui servait à l'entrée du souverain dans une de ses bonnes villes et contribuait à son divertissement, comme devenant sa propriété. L'Enseigne toutefois, fort embarrassé de son cadeau, xsvoulut bien le restituer à la Ville pour la somme de 300 livres (2).

1615. — MESURES DE DÉFENSE DU PORT AU XVIIe SIÈCLE.

Dès que la Ville pouvait craindre une surprise, elle prescrivait tout un ensemble de mesures auxquelles les habitants devaient strictement obéir. Sa principale préoccupation concernait le port et la rivière, voie toujours ouverte aux ennemis qui, s'ils ne voulaient pas assaillir les remparts de l'enceinte, pouvait facilement surprendre la ville par eau à la faveur de la nuit.
Une délibération du Bureau de Ville, en date du 5 novembre 1615, légitimée par la crainte des protestants et les menées du seigneur de Soubise cantonné au Pellerin, et du duc de Vendôme à Ancenis, qui troublaient et rançonnaient le commerce, nous indique les mesures de sûreté prises en pareil cas. Toutes les portes et poternes sur la rivière étaient murées ; l'entrée des rues donnant accès aux différents ports barrée de chaînes de fer ; et les logis et barraques de planche des cales et quais enlevés. Le râteau de Sauvetour était fermé ; tous les bateaux entre Oudon et Saint-Nazaire, au moyen desquels les ennemis auraient pu traverser le fleuve et venir à Nantes, étaient amenés dans l'intérieur de la ville et cadenassés tous ensemble ; chaque soir, tous les navires, bateaux et barques du port étaient assemblés à Richebourg et à la Fosse ; parfois même des barges étaient coulées en avant de l'entrée et de la sortie du fleuve. Les habitants devaient toute la nuit éclairer les rues aboutissant au fleuve, ainsi que les berges et quais ; enfin deux galions ou escafes, montés chacun de six à huit arquebusiers, et armés de fauconneaux, étaient placés, l'un à Miséri, l'autre à Richebourg pour inspecter la rivière (3).

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(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 135.
(2) TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire Historique, t. IV, p. 137.
GUÉPIN, Histoire de Nantes, p. 307.
(3) TRAVERS, Histoire de Nantes, t, III, p. 196.
LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t. I, p. 291.

jeudi, 31 août 2006

Chronique portuaire de Nantes XX

Au XVIe Siècle


1575.— PIRATERIES DES GALÈRES ROYALES.

Les galères royales, en dépit de leur mission de protéger les navires marchands, ne se gênaient pas parfois pour agir en véritables pirates, rançonnant et pillant ceux ausquels elles devaient au contraire aide et assistance.
C'est ainsi qu'en 1575, tandis que les pirates protestants de la Rochelle interceptaient tout commerce entre Nantes et la mer, les galères royales du Baron de la Garde, au lieu de leur donner la chasse, joignaient leur piraterie à celle de ces forbans; et sous le prétexte qu'elles ne recevaient plus le salaire auquel elles avaient droit, rançonnaient les navires de commerce qu'elles pouvaient atteindre (1).


1582. — GALÈRES ROYALES ARRÊTÉES COMME PIRATES.

Le 26 septembre 1582, la Ville se plaignit au sieur de la Hunaudaye, Lieutenant- général pour le Roi en Bretagne, de ce que deux galères de la station de Nantes croisaient incessamment à l'entrée de la Loire, troublant le commerce, pillant et rançonnant les navires entrant et sortant. La plainte ayant été portée au Roi, il donna l'ordre au Duc de Retz, Lieutenant-général des galères, d'amener à Nantes les deux galères pirates et d'arrêter leurs capitaines Paul et Emile Artivitis.
La Ville fit aussitôt équiper une galère royale, commandée par le capitaine Charles, auquel elle donna 200 écus d'or pour frais d'armement. La galère royale sortit et ne tarda pas à s'emparer des deux pirates (2).


LE PORT DE NANTES EN 1582.

D'Argentré décrit ainsi Nantes dans son Histoire de Bretagne : « Elle sied sur la rivière de Loyre et sert de boulevart contre toutes les saillies et incursions hors du Royaume...
Elle est riche, belle, forte et pleine d'apports et négociations d'Espaigne, d'Angleterre, d'Hirlande, de Flandres, des Allemagnes et des Terres-Neuves... » (3).


1583. — DÉPLACEMENT DU CHANTIER DES GALÈRES.

En 1583, le chantier des galères et vaisseaux, situé jusqu'alors au Port-au-Vin, fut transféré sur la grève de l'Ile-Gloriette, et le Port-au-Vin aménagé pour le chargement et le déchargement des navires (4).
Le bras de Loire situé en face le Port-au-Vin (place du Commerce), de même que celui longeant la pointe de l'Ile Gloriette étaient loin d'ailleurs d'être aussi resserrés qu'ils le sont actuellement ; ce qui explique la situation en ce lieu des chantiers des galères et vaisseaux. D'une part, en effet, les quais actuels ont été construits sur des atterrissements postérieurs à cette époque ; et, d'autre part, l'Ile Feydeau n'existant pas encore, les deux bras du fleuve qui l'enserrent maintenant n'en faisaient alors qu'un seul, avec peut-être au milieu une étroite bande de sable, qui, accrue successivement par de nouveaux apports et plantée de saules, d'où son nom de grève de la Saulzaye, ne fut aménagée qu'au XVIII'" siècle.

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(1) MEURET, Annales de Nantes, t. II, p. 70.
LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t, I, p. 277.
(2) TRAVERS, Histoire de Bretagne, t. II, p. 511.
(3) D'ARGENTRÉ, Histoire de Bretagne, chap. X.
(4) LE BEUF, Du Commerce de Nantes, p. 50.
MEURET, Annales de Nantes, t. II, p. 82.

jeudi, 24 août 2006

Chronique portuaire de Nantes XIX

Au XVIe Siècle


1573. — ARMEMENT DE LA " LUCRESSE ".

Par lettre du 5 Mai 1573, M. de Bouille, lieutenant général du roi en Bretagne, demandait à la ville de Nantes cinq vaisseaux pour se réunir à la flotte française destinée à chasser les Anglais de Belle-Ile.
Cet ordre portait : «Tault que ladite ville de Nantes fournisse à faire l'avance d'armer lesdits cinq navires d'artillerye et munitions, et autres choses nécessaires, fournir de vitailles pour ung moys ou six sepmaines, et de bons mariniers, harquebuziers au plus grant nombre qu'ilz pourront et le reste de ce qu'il sera requis de mettre d'arquebusiers davantaige, on les fournira estant icy ».

Après d'interminables pourparlers et atermoiements, la ville fut contrainte d'obéir à cet ordre et arma d'abord la Lucresse, de Nantes, que Nicolas Gérard et le sieur Lailler, « cappitaines et maistres après Dieu », promettent d'équiper : « en bon équipage et comme apartient à ung navire de guerre, pour faire service à Dieu, au Roy, et à ladicté Ville par le temps de seix sepmaines avec les aultres navires que fourniront à ladicté fin les dits sieurs, suyvant ledict voulloir et intention dudict sieur de Bouille.
Scavoir est que lesdits Gérard et Lailler mectront dans ledict navire jusques au numbre de soixante troys bons hommes mariniers, eulx comprins, et les maistres, contre-maistres, carsonnniers, maistres vallectz, canonniers, barbier, trompette et aultres mariniers jusques au nombre de soixante et troys, bien esquipez et garniz de harquebuses et aultres armes requises et nécessayres..... Item seix grosses pieczes de fonte montées sur roues, et quatre passe-vollans en bois (faux canons destinés à faire nombre parmi les autres).....
Item saeze aultres pieczes d'artillerye, quatre douzaines de picques et ce qui leur sera requis de pouidres à canon et de munition, avec boulletz de tous les calibres, mèches, potz et barils à feu, et aultres munitions de guerre.....
Et oultre feront faire iceulx Lailler et Gérard, à leurs despans, une enseigne de taffetas à six lez noir et blanc, qu'est la livrée de ladicté ville, avec ung escuszon par le millieu, portant les armes de ladicté ville, au dessus duquel sera escript, en lettres d'or aparantes ce mot Nantes... » (1).

Les Nantais armèrent dans les mêmes conditions la Fleur-de-Lys, capitaine André Mabilaut ; l'Espérance, capitaine Pierre Brunel ; et la Francoyse, capitaine Guillaume Magouet.

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(1) Annales de Bretagne, t. III, pp. 469-489, t. IV, pp. 3-29.

jeudi, 17 août 2006

Chronique portuaire de Nantes XVIII

Au XVIe Siècle


1560.— GALÈRES ROYALES EN LOIRE.

Les Calvinistes commençant à s'agiter dans l'Ouest, le Roi donna ordre au Général des galères, le Grand Prieur de Capoue, de se rendre à Nantes avec ses navires. Les galères arrivèrent en Loire en septembre 1560 ; et leur présence, tout en rassurant les habitants, n'en constituait pas moins une charge très lourde pour la ville (1).


1564. — CRÉATION DU CONSULAT.

Le Tribunal de Commerce ou Consulat fut créé à Nantes par un Edit de Charles IX, donné en avril 1564, et enregistré le 10 octobre suivant. Ce tribunal se composait d'un premier juge, ou juge-marchand, et de deux consuls. Les premiers élus furent Mathieu Vivien, Guillaume Poullain et Charles Chrétien (2).

1565. — CHARLES IX À NANTES ; L'ARMATEUR RHUYS.

Charles IX étant à Chantoceaux et se disposant à venir à Nantes, la Ville envoya au devant de lui une petite galère magnifiquement ornée. Le Roi ne s'en servit d'ailleurs pas, mais la considérant comme un cadeau de bienvenue, il la donna à l'un de ses seigneurs auquel la Ville la racheta 200 livres, le 14 octobre 1565, afin de pouvoir restituer les riches tentures et les meubles de prix qu'elle avait empruntés pour son ornementation.
Charles IX entra à Nantes le 12 octobre ; le lendemain vendredi, il dînait à la Fosse chez le riche armateur André Rhuys de Embibo, sieur du Cartron, d'origine espagnole, et qui demeurait en la maison encore connue sous le nom de maison des Tourelles (3).
André Rhuys reçut également Henri III et Henri IV dans cette splendide demeure, défigurée depuis par l'adjonction de deux étages ; et la tradition rapporte même que ce fut dans la maison des Tourelles qu'Henri IV signa, en 1598, le fameux Edit de Nantes : « le plus bel acte de la monarchie française » (4).

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1571. — ANDRÉ RHUYS ET LES GALÈRES DU ROI.

Par suite de la pénurie des caisses de l'Etat, les équipages des galères du Roi stationnées en Loire n'avaient pas été payées. Invité par le Général des galères, le Baron de la Garde, Gouverneur de la Marine du Levant, à fournir la somme nécessaire, la Ville ne savait pas où se la procurer, et parlait d'établir un nouvel impôt, lorsque l'armateur nantais André Rhuys, le Rotschild de ce temps-là, vint à son aide et versa au Général des galères 4.500 écus d'or (5).

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(1) DOM MORICE, Preuves de î'Hisfoire de Bretagne, t. III, col. 1258-9.
(2) J.-C. RENOUL, Le Tribunal Consulaire à Nantes, pp. 23-25.
EXPILLY, Dictionnaire des Gaules, Article Nantes.
(3) VATTIER D'AMBROYSE, Le Littoral de la France, Côtes Vendéennes, p. 384.
GUIMAR, Annales Nantaises, p. 313.
(4) Baron G. DE WISMES, Les personnages sculptés des monuments religieux et civils de Nantes, p. 99.
(5) LE BŒUF, Du Commerce de Nantes, p.46
* Le château de Nantes en 1565 , par J. Chudeau.

jeudi, 10 août 2006

Chronique portuaire de Nantes XVII

Au XVIe Siècle


1554. — GALÈRES ROYALES À NANTES

C'est à Nantes que stationnaient les galères royales du Ponant, commandées
par Baccio Martelli, puis par Pietro Strozzi. En 1554, elles étaient au nombre de 22, et le Duc d'Etampes, gouverneur de Bretagne, dans la crainte des Espagnols dont on annonçait la flotte, ordonna au Général des galères de les tenir armées, et demanda à la ville plusieurs milliers de salpêtre pour leur artillerie (1).

1555. — DROITS DE VISITE AU PORT DE NANTES.

Une Ordonnance de Henri II, en date du 30 mars 1555, fixe les droits de visite que pouvait percevoir le Lieutenant commandant de la ville et du Château de Nantes, le Comte de Sanzay, Ce droit de visite avait pour but de s'assurer de la qualité des personnes et de la nature des marchandises sur tous les vaisseaux depuis Nantes jusqu'à la mer. Aucun capitaine ne pouvait mettre à la voile sans un certificat du Lieutenant de la Ville, à peine de confiscation du navire et des marchandises, L'Ordonnance fixait ainsi les droits que pouvaient percevoir les agents du Lieutenant : « vingt soûls tournois pour tout le jour, si tant est vaqué par eux inclus, encores leurs despents ; ou dix soûls tournois pour demi-jour entier, et cinq soûls tournois pour deux heures » ; de plus il était dû un escus sol ! à titre d'expédition, brevet et mesurage (2).


1557. — COMMERCE DES SELS À NANTES.

Dans une réclamation au Roi, contre les exactions du Comte de Sanzay, Lieutenant de la Ville, les députés du commerce de Nantes, Loriot et Aubert, mentionnaient : « que tous les ans arrivent « au port de Nantes cinq à six mille vaisseaux amenant sels des marais de Guérande et de la baye (Bourgneuf) » (3),
Ces vaisseaux n'étaient, il est vrai, que des barques de 50 tonneaux, mais néanmoins leur grand nombre nous donne une idée de l'importance du commerce des sels à Nantes, à cette époque, Nantes était en effet l'entrepôt des gabelles du Royaume, et ses magasins s'alimentaient, non seulement aux salines de la presqu'île guérandaise et de Bourgneuf, mais recevaient également en grande quantité des sels de Portugal et d'Espagne.

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(1) LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, t. III, p. 463.
TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 333.
(2) MEURET, Annales de Nantes, t. II, pp. 27-8.
(3) HUET, Recherches Economiques et Statistiques, p. 127.

vendredi, 04 août 2006

Chronique portuaire de Nantes XVI

AU XVIe siècle


1549. — CONSTRUCTION D'UN QUAI AU PORT-MAILLARD.

La Ville fit construire en 1549 un quai au Port-Maillard, à la demande des marchands d'Orléans qui offraient 2000 livres pour ce travail » (1). Nantes était en effet la clef de la rivière ; et la batellerie de la Loire, alors très importante, aboutissait tout aux nombreux petits ports échelonnés le long des quais, soit pour y décharger les marchandises du Centre de la France qui s'embarquaient ensuite pour tous les points du monde, soit au contraire pour charger les marchandises de mer à destination de l'intérieur.

1551. — NAUMACHIE SUR LA LOIRE EN L’HONNEUR DE HENRI II.

Claude Juchault, dans : « La très heureuse et agréable Entrée du magnanime et puissant Roi Henri de Valois en son noble pays et duché de Bretagne, et spécialement en la plaisante et forte ville de Nantes », décrit ainsi le combat naval qui fut donné au roi pour son divertissement, le mardi 12 juillet 1851 : « Après souper le Roy délibéra d'aller voir un combat sur l'eau audit lieu de la Fosse. Pour lequel faire, avoient à grands frais et mises les ditz Nantois, évoqué et appelé du Croisic quelques capitaines de guerre, et avoient fait bastir et équipper trois fustes (sorte de navires) bien étoffées, munies et frétées d'artilleries, lances, javelotz, dards, targes et rondelles, et de toutes munitions de guerre navale, quelles les ditz capitaines dévoient fournir et garnir d'hommes de nations étrangères, comme Mores,- Outre, garnir une Nau (nef) à la françoise au secours de laquelle devoient venir les Bretons en une autre, et faire de sorte que la Nau françoise eut remportée victoire des ditz Mores et nations étranges, qui estoit l'intention de l'ordonnance des seigneurs et gouverneurs de la Ville.
« Donques le Roy, yssant du château par ladite fausse porte de devers la rivière, monta en sa galliotte, et la Royne en la sienne, et dessendirent au dit lieu de la Fosse ; puis montèrent au cail cy-dessus mentionné revestu et orné comme auparavant. Et lors commencèrent les ditz combattans au premier son des trompettes, voltiger et courir sus les uns aux autres, décharger de l'artillerie, et à force de rames s'entre accoster, cramponer et donner assautz et alarmes, jetter dardz, allumer lances à feu vif et grégois, lequel ardoit et bruloit aussi bien en eau qu'il eust fait en paille sèche, non sans le péril et danger des ditz combattans,... Lesquelles choses faisoit fort bon à voir et oyr. Mais en ces entrefaites, à cause du jour défaillant, le Roy remonta incontinent sur l'eau et se retira avec la Royne au Château » (2)


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(1) LE BŒUF, Du Commerce de Nantes, p. 38.
(2) Bulletin de la Société Archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, t. I, p. 41

jeudi, 27 juillet 2006

Chronique portuaire de Nantes XV

AU XVIe siècle


1532. — FRANÇOIS Ier À NANTES - " LA NONPAREILLE "
En 1532, le roi François Ier, la Reine et le Dauphin se rendirent à Nantes ; la Ville avait envoyé au devant d'eux, à Ancenis, deux galiotes richement meublées, et garnies sur le pont de salons vitrés pour le service de la Reine, de ses Dames et des Princes (1).
C'est sous le règne de François Ier que l'on trouve la première mention d'un navire de haut bord construit à Nantes. Ce prince y fit construire en effet un vaisseau « extraordinairement grand » qui, au dire de d'Argentré : « pour sa démesurée grandeur fut appelé la Nonpareille » (2).

1537. — GABARES ET GALÈRE DE LA VILLE .

En 1537, la ville fit équiper à Barbin deux riches gabares pour aller prendre la reine de Navarre à la Gâcherie, chez son beau-frère, le Vicomte de Rohan. Cette princesse visita ensuite la Fosse et les vaisseaux, puis une galère de la ville la reconduisit jusqu'à Ingrandes (3).

1547. — GALÈRES ROYALES À NANTES.

Au début du règne de Henri II, Nantes était le centre des galères royales du Ponant, comme Marseille l'était de celles du Levant. Nous voyons en effet dans l'Ordonnance de 1547 : « sur le faict des gallères » que : « Le Roy ayant délibéré et résollu d'entretenir armée de gallaires, non seulement pour deffendre ses lieux et places maritimes, mais aussi pour offendre où et ainsi que l'occasion se pou-roit offrir et présenter, aura tant en Ponant que en Levant, es portz de Nantes et Marseille, jusques au nombre de quarante gallères... » (4).

Les galères, originaires de la Méditerranée, ce qui explique la présence de nombreux Italiens dans le grade de général des galères, étaient des bâtiments fins et élancés, avec deux ou même trois mâts garnis de voiles à antennes. Le plus généralement d'ailleurs elles naviguaient à la rame ; les rameurs, appelés « la chiourme », étaient recrutés parmi les condamnés, les prisonniers faits à l'ennemi, parfois même, en cas de besoin, parmi les marins de la flotte ou des engagés.
La chiourme occupait le centre du bâtiment, les deux extrémités étaient garnies d'un château, gaillard élevé, réservés, celui d'avant au capitaine, celui d'arrière à l'équipage, et tous deux munis d'artillerie.
Les galères étaient le plus souvent très richement équipées, surchargées de dorures et de sculptures, couvertes de tapis et ornées d'immenses dais d'étoffes coûteuses et d'innombrables pavillons et bannières. La galère royale de chacun des postes des Ponant et Levant, la « Réale », ainsi qu'elle était appelée, surpassait toutes les autres en richesse.

Henri II fit construire à Nantes le Grand-Henry et le Grand-Carraquen, « les deux plus grands vaisseaux qui fussent en France de ce temps-là », et même ; « les plus grands qu'on n'ait point vus en nostre « Océan ». Ils étaient d'ailleurs si grands, au dire des chroniqueurs, qu'ils furent : « délaissez pour estre trop lourds à mener » (5).

(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 274.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 298.
(3) MEURET, Annales de Nantes, t. II, pp. 11-12.
(4) LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, t. III, p. 455.
(5) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. I, p. 109

jeudi, 20 juillet 2006

Chronique portuaire de Nantes XIV

Au XVIe Siècle


1500. — ORIGINE DU NOM DE NANTES.

D'après le chroniqueur Pierre Le Baud, écrivant vers 1500: «Les Nantois sont ainsi nommez du nom de leur cité de Nantes, ainsi appellée dès le temps de Jules César ; et est ainsi dite pour ce qu'elle tient les nefs et qu'elle a le port convenable à les recevoir » (1).
Nant ou, Nannet serait, en effet, un mot celtique signifiant rivières, eaux ou confluent.
Remplacé par Condivicnum pendant la domination romaine, mais toujours employé par les indigènes, il ne tarda pas à reprendre son rang de dénomination officielle de la ville.

1500. — GALIOTES DE LA VILLE.

En 1500, Louis XII et sa femme la Duchesse Anne de Bretagne, qu'il avait épousée le 8 janvier 1499 au château de Nantes, visitèrent de nouveau cette ville. Deux riches galiotes, splendidement ornées, furent envoyées au devant d'eux jusqu'à Ingrande (2).

1516. — CONSTRUCTION DU QUAI DE LA FOSSE.

C'est en 1516 que fut commencé le quai de la Fosse, qui prit son nom d'un domaine appartenant au XIIIe siècle à l'évêque. Cette grève était alors habitée par des pêcheurs et des bateliers qui transportèrent à Trantemout leurs huttes de planches et de roseaux. Le quai de la Fosse, continué en 1622, 1624 et 1755, fut reconstruit en 1838 et en 1874. Les maisons furent alignées vers 1724, et les chantiers de constructions transportés en 1738 au terrain de la Chézine, aménagé lui-même en quai en 1826 (3).
C'était à la Fosse, dans les splendides maisons, dont plusieurs subsistent encore, que demeuraient les armateurs de Nantes : les Marchands à la Fosse comme on les appelait : titre équivalant alors à un brevet de notoriété et de richesse.

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(1) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 127.
VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I, p. 4.
(2) TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire historique, pittoresque et biographique, t. IV, pp. 112-3.
(3) E. PIED, Notice sur les rues de Nantes, p. 123.

jeudi, 06 juillet 2006

Chronique portuaire de Nantes XIII

Des origines à la fin du Moyen-Âge


1493. — LA " BOURSE ET ESCAPPE " ET LA CONTRACTATION.

Un des premiers actes de Charles VIII à Nantes, au lendemain de son mariage avec la Duchesse Anne de Bretagne, fut de rétablir, par Lettres patentes du 29 décembre 1493, la « Bourse et Escappe » que les marchands espagnols possédaient autrefois à la Fosse, mais qu'ils avaient transportée à la Rochelle pendant les dernières guerres (1).
Par ces mêmes Lettres, le Roi confirmait l'alliance particulière des commerçants de Nantes et de Bilbao, connue sous le nom de « Contractation », alliance qui durait déjà depuis plus d'un siècle et ne devait disparaître qu'en 1733.
Lors de sa création, cette association possédait même plusieurs navires communs aux deux nations, et appelés « navires de la Contractation », mais elle y renonça dans la suite.
Son but était d'assurer aux deux contractants l’échange réciproque de leurs produits, au prix le plus bas possible, et sans aucune des innombrables entraves résultant des droits et péages locaux. Les Espagnols demandaient à Nantes tout ce dont ils avaient besoin et c'est ainsi que, dans une lettre du sieur de Lusançay, commissaire du Roi à Nantes, on peut lire : « Messieurs de Bilbao ont écrit icy de leur envoyer un maître de danse pour « apprendre à danser à la française ».
La Contractation était en même temps confrérie religieuse, et possédait un autel aucouvent des Cordeliers où se tenaient ses réunions (2).


1496. — " CARAQUES " NANTAISES.

En 1496, Charles VIII demanda à la ville de Nantes de lui fournir deux grandes « caraques » destinées a transporter ses munitions et son artillerie en Italie, où il faisait campagne. La Ville fut obligée d'emprunter 3.750 livres, monnaie de Bretagne, pour la construction de ces deux vaisseaux, jaugeant chacun 1.000 tonneaux (3).
La « caraque » était le bâtiment de charge par excellence ; rond, massif et solidement lié. Elle avait fait son apparition dès le XIVe siècle, réalisant deux perfectionnements importants sur les types de navires précédents : la présence des haubans tels qu'ils existent encore de nos jours, et celle du gouvernail fixé à l'étambot.


1498. — " GALIOTES " NANTAISES.

La ville de Nantes possédait plusieurs « galiotes», et lors de la visite du Prince d'Orange, Gouverneur de Bretagne, et de sa femme, elle en fit ponter et décorer une et la mit à leur disposition pour les conduire à Tours (4).
Ces « galiotes» ou « felouques » étaient de petites galères, fines et rapides. Toutefois, on désignait également sous ce nom de « galiotes » des bâtiments de transport, de formes rondes et d'origine hollandaise.

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(1) LE BEUF, Du Commerce de Nantes, p. 28.
(2) Théodoric LEGRAND, Apunte sobre el commercio de Bretana con Espana. De la revista de Archivos Bibliotecas y Museos.
GABORY, La Marine et le Commerce Nantes au XVIIe siècle et au commencement du XVlIIe siècle, p. 61.
(3) G. TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire historisque, pittoresque et biographique, t. IV, p. 103.
(4) TRAVERS, Histoire de Nantes, t II, p. 238.

jeudi, 29 juin 2006

Chronique portuaire de Nantes XII

Des origines à la fin du Moyen-Âge


I486. — VAISSEAUX NANTAIS.

Les navires de guerre du XVe siècle étaient loin d'avoir un tonnage considérable. Les plus grands d'ailleurs peu nombreux, atteignaient à peine 300 tonneaux comme les vaisseaux nantais : Le Grand-Lion, le Pelit-Lion, et le Saint-Pierre-de-Nantes ; quant aux navires ordinaires, ils avaient un tonnage moyen de 80 tonneaux, c'est ce que jaugeaient les nantais : les Deux-Lions et la Bonnavanture, qui, montés chacun par 400 hommes, combattirent en 1486 sous le Duc François II (1).


1487. — BLOCUS DE NANTES

Lors de la « Guerre Folle» entre la Bretagne et la France, Nantes fut investie par les armées de terre et de mer françaises, cette dernière tenue en respect, toutefois, par les flottilles du Pays de Rays, Bourgneuf, Pornic et Bouin, gardant l'entrée de la Loire. Trois vaisseaux de guerre accompagnaient cette escadrille, commandée par Jacques Jouan et Jean Bouchart, petits-fils, l'un du premier marin qui ait été annobli pour servir à la mer, l'autre du premier amiral breton.
Malgré le blocus étroit de la ville, le corsaire breton Nicolas Coetanlem parvint deux fois à traverser la flotte française avec des barges chargées de vivres et à ravitailler Nantes.
Le siège fut enfin levé par terre,lors de l’arrivée d'une année de 10.000 hommes dont 1.500 Flamands, sous le commandement du Bâtard Baudouin de Bretagne, et par mer, lors de la venue de la flotte de Léon Cornouialles qui, réuni à Jacques Jouan et Jean Bouchait, dispersa la flotte française (2).
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(1) HUET, Recherches Économiques et Statistiques sur le Département de la Loire-Inférieure, p. 184.
(2) DE LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine française, t. II, pp. 419-20.

jeudi, 22 juin 2006

Chronique portuaire de Nantes XI

des origines à la fin du Moyen-Âge


1456. — LA NAVIGATION ET LES PONTS DE NANTES.

Jusqu'alors la navigation n'avait été nullement interrompue par la ligne des ponts ; et des arches plus élevées et plus larges assuraient aux bras les plus importants le passage des navires.
Mais, le tonnage augmentant, ces arches devinrent insuffisantes, d'autant plus que les ponts étaient encombrés de moulins et de pêcheries ; aussi, voyons-nous le Duc d'Anjou, Comte du Maine, prier en 1456 son voisin le Duc de Bretagne, de ménager à son Pont de Nantes un passage assez large pour permettre aux « bâtiments à hune » de remonter le fleuve (1).
La ligne des ponts était alors exclusivement construite en bois, et chaque crue plus importante, ou chaque débâcle des glaces la rompait sur de nombreux points. Ce ne fut qu'à partir de 1563 que l'on commença à reconstruire les ponts en pierre ; et cette entreprise dura plus de vingt ans. La construction et l'entretien des ponts constituaient au XVe siècle la dépense la plus lourde du budget municipal ; un « miseur » ou payeur Spécial et un architecte étaient exclusivement chargés de ce service, alimenté par le produit des moulins et pêcheries, et aussi par de nombreux droits perçus sur les marchandises passant sur ou sous les ponts (2).


1470. — LE VAISSEAU LA “NEF DE NANTES”.

Le vaisseau la Nef-de-Nantes figurait parmi l'escadre bretonne réunie au Croisic, le 13 juin 1470, pour soutenir la bannière bourguignonne contre Warwick. Cette petite flotte qui comptait cinq bâtiments, dont la Nef-de-Nantes, le Cerf et la Haquenée, était sous le commandement du capitaine Guillaume Jouan. Pour exciter le courage des marins, le Duc François II leur abandonnait en entier le butin, dont un quart devait revenir au capitaine, un quart aux armateurs, et le reste aux combattants (3).


1474. — REPRÉSENTANTS NANTAIS DES “MARCHANDS FRÉQUENTANT LA RIVIÈRE DE LOIRE”.

Lors de la réunion générale des « Marchands fréquentant la rivière de Loire », tenue à Orléans le 12 mai 1474, et dans laquelle ils nommèrent ceux d'entre eux qui représenteraient dans chaque ville les intérêts de la Compagnie, nous voyons figurer en tête : Jehan Chese, Guillaume Bedelièvre, Jehan Mercier, Pierre Moreau et Jehan Sorbot, de Nantes (4).
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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Marine Bretonne aux XVe et XVIe siècles.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, pp. 276-388
(3) LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, t II, pp. 342-3.
(4) MANTELLIER, Histoire de la Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire, t. II, p. 4.