lundi, 20 septembre 2010
errances en lectures
Lourde fatigue... venue trop précoce des fraicheurs automnales ? aquagym immodérée ?
Tu viens d'achever avec ta compagne une "stèle à une voyageuse". Plutôt, tu t'es préoccupé, toi, de rechercher des textes, brefs éclats de mots pour désarçonner l'amie qui va entreprendre une pérégrination.
Tu as parcouru Montaigne, Bouvier, Caillé, Onfray, Gros*. Et voilà que souhaitant caser Marcher, une philosophie de ce dernier et ranger Bouvier, Le Hibou et la Baleine, Le poisson-scorpion, les Routes et déroutes, ses Œuvres en Quarto, tu ébranles les bouquins de Kenneth White qui est son voisin d'étagère.
Le premier livre qui se penche : les rives du silence
Assez
assez de tant de choses
cette vague qui se brise
blanche prose
Et que cela, ne l'oublie pas
ne sente jamais le poète
Enfin, un peu de réalité
ce goût de sel sur la langue
Brumes blanches
à Roscoff
la marée qui se retire
à Douamenez
A ceux qui parlaient écriture
il répondait : ouverture
Écrire des poèmes?
Plutôt suivre la côte
fragment après fragment
Ode fragmentée à la Bretagne blanche
distiques si éloignés des stances houleuses de Perse — pourtant à plusieurs reprises, cité en exergue.
Du coup, j'ai descendu la vingtaine de bouquins : poèmes ? essais ? carnets de voyage ? journaux ?
J'avais commencé de lire Kenneth White en 1977 avec ses Limbes incandescents, publiés dans Les Lettres nouvelles de Maurice Nadaud. L'ex-libris de son dernier livre lu, La maison des marées note le 24 novembre 2005.
... je ne rencontre pas âme qui vive, à vélo ou à pied, seulement des mouettes, rassemblées sur la plage face au soleil ou bien nichées ça et là, solitaires, et des corbeaux fourrageant dans d'énormes amas de goémons. Au loin, par intervalles, des essaims de petits oiseaux, sans doute des migrateurs faisant route vers quelque région chaude du Sud pour y passer l'hiver. Ici, encore des rochers aux formes grotesques, souvent blanchis par les fientes, et le sentier qui court au milieu des bruyères (les cendrées rouge sombre et les callunes plus pâles), des mûriers sauvages, des fougères, des prunelliers et des chèvrefeuilles. Cette partie sud-sud-ouest de l'île est celle qui voyait le plus grand nombre de naufrages, comme le dit un rapport de 1681 :
« Le bout de l'isle Doüessant le plus exposé au mauvais temps est celuy d'Oüest Suroüest et c'est sur ce bout que se font presque tous les nauffrages. »
C'est là que coule cette violente rivière marine, le Fromveur. Où que l'on regarde, on aperçoit un phare. Je marche le long de Penn ar Roc'h et continue vers Penn Arland en passant par Bouge an Dour, Porz Gwenn et Penn ar C'hreac'h. Partout le soleil qui brille sur le mica, ici et là des touffes de carotte sauvage ou de criste-marine, et, dans une petite crique tranquille, où l'eau vert-bleu clapote contre les rochers, un héron blanc.
Ailleurs, sur un rivage des Landes :
Chardon bleu sur la dune
bleu brûlant sur la dune
les racines dans le sable
mais vigoureux en diable
le chardon bleu et moi
toute la journée nous restons
sous ce soleil de plomb
moi je contemple le grand tout
lui il y est et il s'en fout
sermon du chardon bleu
in Terre de diamant
La vingtaine de bouquins est encore toute évâillée sur la table. Pour une paresseuse lecture.
* Marcher, une philosophie, Frédéric GROS, Carnetnord, 2009.
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dimanche, 12 septembre 2010
retour de mer, mais la suite n'a pas grand'chose à y voir
aux amantes et amants désespéré(e)s... adultères et donc maudit(e)s
... ensommeillé.
C'est sur France Mu le Jardin des dieux qui me tire à la lumière du jour avec une voix qui scande en italien ce que je vais savoir être le chant V de l'Enfer du Dante.
La voix est celle de Carmelo Bene ce déjanté des années soixante-dix qui m'avait subjugué avec un film "Notre Dame des Turcs" qui dépassait en délire tous les films dit "underground" de l'époque.
La scansion est envoûtante, surtout quand on ne comprend goutte à l'italien : un texte « que les non-italianophones pourront savourer et comparer comme autant de nectars inconnus… » annonce François-Xavier Szymczak, l'animateur de l'émission.
J'ai ouvert la Divine Comédie — en deux tomes qui me furent offerts ce terrible Noël 1964 par Co et Jo — que je n'ai parcourue qu'à sauts et gambades.
Le Dante ne me plaît guère, j'avoue n'être qu'un lecteur au premier degré et sa catholicité m'emm... : déjà au chant IV qui précède celui dont il fut, ce matin, question sur France Mu, il dépose mes vieux Grecs dans le premier cercle de ses enfers. Ce matin, nous en étions au chant V qui précipite dans le deuxième cercle les amants trop aimants :
« Francesca, le récit de ton triste martyre
n'a laissé dans mon cœur que douleur et pitié.
Mais dis-moi cependant: au temps des doux soupirs,
comment, par quel moyen l'amour vous permit-il
de comprendre, les deux, vos passions naissantes? »
Elle me répondit: « La plus grande douleur
est de se rappeler les instants de bonheur
au temps de la misère; et ton docteur* le sait.
Cependant, si tu veux savoir les origines
de notre affection, je veux bien te les dire,
même s'il me fallait pleurer en racontant.
Un jour, nous avons pris du plaisir en lisant
de Lancelot, qui fut esclave de l'amour;
nous étions seuls tous deux et sans aucun soupçon.
Souvent notre regard se cherchait longuement
durant notre lecture, et nous devînmes pâles;
pourtant, un seul détail a suffi pour nous perdre.
Arrivés à l'endroit où cette belle bouche
était baisée enfin par cet illustre amant,
celui-ci, dont plus rien ne peut me séparer,
vint cueillir en tremblant un baiser sur mes lèvres
Le livre et son auteur furent mon Galehaut;
et pour cette fois-là la lecture a pris fin. »
Pendant qu'un des esprits me racontait cela,
l'autre pleurait si fort que, mû par la pitié,
je défaillis moi-même et me sentis mourir,
et finis par tomber comme tombe un cadavre.
Les musiques étaient belles et les voix des diseurs**, des nectars inconnus.
* Virgile, l'accompagnateur du Dante.
** Il y a plusieurs diseurs : Roberto Benigni, Vittorio Gassman, Vittorio Sermonti, Carmelo Bene...
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mardi, 31 août 2010
Au trente et un du mois d'août*
à A Hé
patron du Marche Avec qui n'a pas encore vendu son âme au diable et qui sait mieux que tout autre envoyer chansons à hisser et chansons à virer
Aujourd'hui, c'est le temps d'une chanson bien connue du gaillard d'avant, quand le trois-mâts, toutes voiles hautes, file ses dix nœuds dans l'alizé de Nordé et qu'un Malouin envoie la chanson des gars de Surcouf !
Et deux couplets pour étancher la soif :
Au trente et un du mois d'août
Au trente et un du mois d'août
On vit venir sous vent à nous
On vit venir sous vent à nous
Une frégate d'Angleterre
Qui fendait la mer z'et les flots :
C'était pour attaquer Bordeaux!
Buvons un coup là là
Buvons-en deux
A la santé des amoureux
A la santé du Roi de France
Et merde pour le Roi d'Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre!
Vir' lof pour lof en arrivant
Vir' lof pour lof en arrivant
Je l'abordions par son avant
Je l'abordions par son avant
A coups de haches et de grenades
De piq's, de sabres, de mousquetons
En trois-cinq sec je l'arrimions!
Buvons un coup là là
Buvons-en deux
A la santé des amoureux
A la santé du Roi de France
Et merde pour le Roi d'Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre!
***
Siffle, gabier, siffle doucement,
Pour appeler le vent.
Mais sitôt la brise venue,
Gabier, ne siffle plus.
* Armand HAYET, capitaine au long cours - Dictons, tirades et chansons des anciens de la Voile, Éditions Denoêl, 1971.
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samedi, 28 août 2010
après les bornes, les stèles et autres repères, ... les livres...
Après avoir appeler — crier ? — à la dispersion — à l'abolition ? — de tous repères et limites des territoires de l'homme, voici que Perse demande l'éventement de toutes les poussières — pruine, poudre, loess, fard, cendres, squames — en introduisant dans la « Basilique du Livre », « un homme de peu de nom », qui vient rire — ricaner ? —.
Et que les vents donc envoient aux quatre horizons toute la quincaillerie des livres, « le fonds de commerce de la boutique à comprendre », écrira Claudel.
L'auteur ? l'éditeur ? le libraire ? le bibliothécaire ? le critique ? le liseur ? le blogueur ? tous et tout ?
Tout à reprendre. Tout à redire. Et la faux du
regard sur tout l'avoir menée !
Un homme s'en vint rire aux galeries de pierre
des Bibliothécaires. — Basilique du Livre!...
Un homme aux rampes de sardoine, sous les prérogatives
du bronze et de l'albâtre. Homme de peu de nom.
Qui était-il, qui n'était-il pas?
Et les murs sont d'agate où se lustrent les lampes,
l'homme tête nue et les mains lisses dans les
carrières de marbre jaune — où sont les livres au
sérail, où sont les livres dans leurs niches, comme jadis.
sous bandelettes, les bêtes de paille dans leurs jarres,
aux chambres closes des grands Temples — les livres
tristes, innombrables, par hautes couches crétacées
portant créance et sédiment dans la montée du temps.
Et les murs sont d'agate où s'illustrent les lampes.
Hauts murs polis par le silence et par la science,
et par la nuit des lampes. Silence et silencieux offices.
Prêtres et prêtrise. Sérapéum!
A quelles fêtes du Printemps vert nous faudra-t-il
laver ce doigt souillé aux poudres des archives
— dans cette pruine de vieillesse, dans tout ce fard
de Reines mortes, de flamines — comme aux gise-
ments des villes saintes de poterie blanche, mortes
de trop de lune et d'attrition?
Ha! qu'on m'évente tout ce lœss! Ha! qu'on m'évente tout ce leurre!
Sécheresse et supercherie d'autels...
Les livres tristes, innombrables, sur leur tranche de craie pâle...
Et qu'est-ce encore, à mon doigt d'os, que tout
ce talc d'usure et de sagesse, et tout cet attouchement
des poudres du savoir? comme aux fins de saison
poussière et poudre de pollen, spores et sporules de
lichen, un émiettement d'ailes de piérides, d'écailles
aux volves des lactaires... toutes choses faveuses à la
limite de l'infime, dépôts d'abimes sur leurs fèces,
limons et lies à bout d'avilissement — cendres et
squames de l'esprit.
Vents, I, 4.
« La littérature, je n'en suis pas » proclamait l'ancien diplomate, au moment où il s'autopubliait en Pléiade (1972) après avoir accepté en 1960 le Nobel de ... littérature.
Bon ! cette affirmation qui n'est pas dans Vents n'est sans doute qu'une hyperbole.
Il n'empêche que je me rêverais bien devant nombre de bouquins en cet homme de peu de nom, qui s'en vint rire aux galeries de pierre des Bibliothécaires.
Mais !
Mais n'oublions point qu'ensuite, il nous faudra nous laver ce doigt d'os ! Et continuer de lire ce qui advient à la page suivante :
Que si la source vient à manquer d'une plus haute connaissance,
L'on fasse coucher nue....
Post-scriptum : Lire Saint-John Perse, c'est accroître, quasi à chaque page, son vocabulaire en botanique, biologie, mythologie, géologie !
16:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 août 2010
« égaré » par mer calme
La semaine passée, trois jours de mer sans une ride... encalminés... à peine l'imperceptible balancement d'une lointaine houle,
j'ai ouvert Vents et ce fut comme si je lisais pour la première fois la violence et la colère dans les majestés fort convenues de Saint-John Perse.
Fracas des forces, ébranlement des balises.
Lecture d'un égaré.
Est-ce si sûr, cette venue des écritures nouvelles ?
........................................................................
Elles épousaient toute colère de la pierre et
toute querelle de la flamme; avec la foule s'engouffraient
dans les grands songes bénévoles, et jusqu'aux
Cirques des faubourgs, pour l'explosion de la plus haute tente
et son échevèlement de fille, de Ménade,
dans un envol de toiles et d'agrès...
Elles s'en allaient où vont les hommes sans naissance
et les cadets sans majorât, avec les filles de licence
et les filles d'Église, sur les Mers catholiques
couleur de casques, de rapières et de vieilles châsses à reliques,
Et s'attachant aux pas du Pâtre, du Poète,
elles s'annexaient en cours de route la mouette mauve
du Mormon, l'abeille sauvage du désert et les migrations
d'insectes sur les mers, comme fumées de choses errantes
prêtant visière et ciel de lit aux songeries des femmes sur la côte.
Ainsi croissantes et sifflantes au tournant de notre âge,
elles descendaient des hautes passes
avec ce sifflement nouveau où nul n'a reconnu sa race,
Et dispersant au lit des peuples, ha ! dispersant
— qu'elles dispersent ! disions-nous — ha ! dispersant
Balises et corps-morts, bornes militaires et stèles votives,
les casemates aux frontières et les lanternes aux récifs;
les casemates aux frontières, bassescomme des porcheries,
et les douanes plus basses aupenchant de la terre;
les batteries désuètes sous les palmes, aux îles de corail blanc
avilies de volaille; les édicules sur les caps et les croix aux carrefours;
tripodes et postes de vigie, gabions, granges et resserres,
oratoire en forêt et refuge, en montagne; les palissades d'affichage
et les Calvaires aux détritus; les tables d'orientation du géographe
et le cartouche de l'explorateur ; l'amas de pierres plates
du caravanier et du géodésien; du muletier peut-être ou
suiveur de lamas ? et la ronce de fer aux abords des corrals,
et la forge de plein air des marqueurs de bétail,
la pierre levée du sectateur et le cairn du landlord,
et vous, haute grille d'or de l'Usinier, et le vantail ouvragé
d'aigles des grandes firmes familiales...
Ha ! dispersant — qu'elles dispersent ! disions-
nous — toute pierre jubilaire et toute stèle fautive,
Elles nous restituaient au soir la face brève
de la terre, où susciter un cent de vierges et d'aurochs
parmi l'hysope et la gentiane.
Ainsi croissantes et sifflantes, elles tenaient
ce chant très pur où nul n'a connaissance.
Et quand elles eurent démêlé des œuvres mortes
les vivantes, et du meilleur l'insigne,
Voici qu'elles nous rafraîchissaient d'un songe
de promesses, et qu'elles éveillaient pour nous,
sur leurs couches soyeuses,
Comme prêtresses au sommeil et filles d'ailes
dans leur mue, ah! comme nymphes en nymphoses
parmi les rites d'abeillage — lingeries d'ailes dans
leur gaine et faisceaux d'ailes au carquois —
Les écritures nouvelles encloses dans les grands
schistes à venir...
Vents, I, 3.
©Nicléane
Trois jours, et la brise ne se levait point, et nous étions plongés dans les beautés indicibles des horizons bleus et gris de l'ouest.
Heureux !
16:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 26 juillet 2010
à nouveau, nous larguons
« Aile falquée du songe, vous nous retrouverez ce soir sur d'autres rives ! »
Saint-John Perse,
Oiseaux, I.
12:36 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 23 juillet 2010
quelques mots et des images
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jeudi, 15 juillet 2010
retour à terre
à MauMau vieux compagnon d'éduc pop et de mer qui fut de ce périple
Sur un ponton du Crouesty.
À hauteur de quai, aux aurores, j'ai dialogué avec une mésange charbonnière qui s'ébrouait de la petite pluie nocturne qui venait de tomber. Annonce du retour dans le "petit jardin".
...Nous reviendrons un soir d'Automne, avec ce goût de lierre sur nos lèvres ; avec ce goût de mangles et d'herbages et de limons au large des estuaires.
... Nous reviendrons avec le cours des choses réversibles, avec la marche errante des saisons, avec les astres se mouvant sur leurs routes usuelles.
Saint-John Perse,
Vents, IV,4
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samedi, 10 juillet 2010
à Groix
à Colette et Jo
L'ile aux sources, fontaines et lavoirs nombreux et restaurés.
Île veilleuse aux approches des rades qui dans ses replis ombragés et frais pourrait bien abriter une femme qui donne sens à nos modestes errances marines.
Que si la source vient à manquer d'une plus haute connaissance,
L'on fasse coucher nue une femme seule sous les combles —
Là même où furent, par milliers les livres tristes sur leur claies comme servantes et filles de louage...
Là qu'il y ait un lit de fer pour une femme nue, toutes baies ouvertes sur la nuit.
Femme très belle et chaste, agréée entre toutes femmes de la Ville
Pour son mutisme et pour sa grâce et pour sa chair irréprochable, infusée d'ambre et d'or aux approches de l'aine,
Femme odorante et seule avec la Nuit, comme jadis, sous la tuile de bronze,
Avec la lourde bête noire au front bouclé de fer, pour l'accointement du dieu,
Femme loisible au flair du Ciel et pour lui seul mettant à vif l'intimité vivante de son être...
Là qu'elle soit favorisée du songe favorable comme flairée du dieu dont nous n'avons mémoire,
Et frappée de mutisme, au matin, qu'elle nous parle par signes et par intelligence du regard.
Et dans les signes du matin, à l'orient du ciel qu'il y ait aussi un sens et une insinuation.
Saint-John Perse,
Vents, V.
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mercredi, 07 juillet 2010
long et paisible bord de près, babord amures
Dans l'anticyclone, les vents thermiques de noroît ont atténué leur agressivité qui bloquait Dac'hlmat dans la quiétude de la baie de Quiberon.
ce qui pourrait être extrait du livre de bord :
La Teignouse fut passée contre deux heures de flot, de manière chaotique. La navigation du jour s'est achevée sur un long bord de près, babord amures, dans une mer belle, à peine ridée, un temps de demoiselle. Un sentiment d'effleurer le monde.
Si vivre est tel, qu'on s'en saisisse ! Ah ! qu'on en pousse à sa limite,
D'une seule et même traite dans le vent, d'une seule et même vague sur sa course,
Le mouvement !...
Saint-John Perse,
Vents
Beau déboulé dans le goulet de la rade de Lorient entre la haute tour rouge de la Petite Jument et la tourelle verte de la Citadelle : Dac'hlmat, grand'largue, à plus de cinq nœuds contre deux heures de jusant !
Accueil à l'espagnol avec "marinero" qui vous prend les aussières, à Port-Louis, tout neuf de son port de plaisance.
Et dans le calme des escales quelques bouquins qui seront parfois ouverts, le regard se levant des pages pour accueillir les ciels.
© Nicléane
Les bouquins ont été rangés dans le petit équipet qui fait usage de bibliothèque. Les uns pour combler les carences littéraires — la censure était rude chez les Bons Pères — : Stendhal et son "De l'amour", Flaubert et son "Éducation sentimentale".
Les autres pour creuser et la philosophie avec "Le miel et l'absinthe " de Comte-Sponville sur Lucrèce, et le voyage lié au poème avec une biographie sur Nicolas Bouvier, sous-titrée L'œil qui écrit.
Bouvier, sur un chantier archéologique en Bactriane où se métissent des écritures grecques, karoshti indienne et chinoise, note : « Moi qui pensais être ici au bout du monde, j'étais en son centre. »
Moi, sur mon Dac'hlmat, glissant sur des eaux paisibles, quand s'effacent les rivages de Bretagne Sud, je pense être nulle part.
* François Laut, Nicolas Bouvier, l'œil qui écrit, Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs, 2010.
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dimanche, 04 juillet 2010
la justesse d'une voix
Escale à Port-Haliguen, dans le bel anticyclone des Açores.
Avant la météo marine, l'annonce de sa mort.
Terzieff !
Récemment, j'avais écouté Philoctète. Bien des années auparavant, aux temps vifs de notre jeunesse, c'était Tête d'or.
Y eut-il plus juste scansion du poème ?
Tu es pressé d'écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources
Hâte-toi
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
Effectivement tu es en retard sur la vie
La vie inexprimable
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière
Si tu rencontres la mort durant ton labeur
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
En t'inclinant
Si tu veux rire
Offre ta soumission
Jamais tes armes
Tu as été créé pour des moments peu communs
Modifie-toi disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption
Sans égarement
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.
René Char
Commune présence
Le Marteau sans maître, 1934
10:09 | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 20 juin 2010
chant contre-chant III, ou mieux, kan an diskan III
S'achève ici la publication parallèle et antithétique du texte absolument misogyne extrait du Moravagine de Blaise Cendrars, roman halluciné, d'un déjanté total — je pense que cette lecture a dû m'épargner la lecture de... Sade et autre Bataille — et du lyrisme échevelé, à la fois saharien et océanique, de la Clef sarrazine, le texte de Jacques Lacomblez, poète et peintre surréaliste plus (trop ?) ignoré.
Cendrars donc
La femme est maléfique. L'histoire des civilisations nous montre les moyens mis en œuvre par les hommes pour se défendre contre l'avachissement et l'effémination. Arts, religions, doctrines, lois, immortalité ne sont que des armes inventées par les mâles pour résister au prestige universel de la femme. Hélas! cette vaine tentative est et sera toujours sans résultat aucun, car la femme triomphe de toutes les abstractions.
Au cours des âges, et avec plus ou moins de retard, on voit toutes les civilisations péricliter, disparaître, s'enfoncer, s'abîmer en rendant hommage à la femme. Rares sont les formes de sociétés qui ont pu résister à cet entraînement durant un certain nombre de siècles, ainsi que le collège contemplatif des brahmanes ou la communauté catégorique des Aztèques; les autres, comme celles des Chinois, n'ont pu qu'inventer des modes compliqués de masturbation et de prières pour calmer la frénésie féminine, ou, comme les chrétiennes et les bouddhiques, ont eu recours à la castration, aux pénitences corporelles, aux jeûnes, aux cloîtres, à l'introspection, à l'analyse psychologique pour donner un nouveau dérivatif à l'homme.
Aucune civilisation n'a jamais échappé à l'apologétique de la femme, à part quelques rares sociétés de jeunes mâles guerriers et ardents, dont l'apothéose et le déclin ont été aussi rapides que brets, telles que les civilisations pédérastiques des Ninivites et des Babyloniens, plutôt consommatrices que créatrices, qui ne connaissaient nul frein à leur activité fiévreuse, nulle limite à leur appétit énorme, nulle borne à leurs besoins, et qui se sont pour ainsi dire dévorées elles-mêmes en disparaissant sans laisser de traces, ainsi que meurent toutes les civilisations parasitaires en entraînant tout un monde derrière elles. Il n'y a pas un homme sur dix millions qui échappe à cette hantise de la femme et qui, en l'assassinant, lui porterait un coup direct ; et l'assassinat est encore le seul moyen efficace que cent milliards de générations de mâles et mille et mille siècles de civilisation humaine ont trouvé pour ne pas subir l'empire de la femme. C'est dire que la nature ne connaît pas le sadisme et que la grande loi de l'univers, création et destruction, est le masochisme.
Blaise Cendrars
Moravagine, pp.61-64
Le Livre de Poche, n° 275, Paris, 1960
©Bernard Grasset, 1926
Lacomblez, pour clore — mais cet affrontement entre la plus belle haine et le plus fol amour est-il jamais clos ?
Toi
sableuse du désert des étoiles
où la mer fait la mer
pour elle seule
sans l'ombre d'une vague
tant le jour meurt en elle
comme la pierre tendre dort
sous ton front vêtu d'oiseau
de brume
et de dégel
Belle incendiée du porphyre
à minuit
quand la flamme hésite
mains tendues
au miroir de tes seins levés
par la brise
Incendiée sous l'eau par la planète
en exil de ton épaule marquée
au cœur rouge
Statue de sel d'horizon
de peine perdue
de mille sourcils
dans le temple qui brûle
Au bord de l'amour
je t'appelle Antilope
pour le vent que tu chasses
pour la part du ciel que tu gardes
sous tes jambes
Je rêve et c'est l'éveil des eaux
c'est la fonte noire des neiges
ton regard de novembre
Scellé ton corps dérobe
à l'océan
la clef du galion.
La distance la plus courte de la fleur à l'étoile est couverte par tes cheveux noués en demeure paisible, en demeure ouverte pour y faire l'amour au lever du vent si tu veux que le vent te regarde nue, si tu veux que le vent se fasse plus salin que mon corps, plus floral que ma langue dans ta voix.
Aux deux châteaux fragiles, beaux chevaliers d'ombre et de peur, je fais un chemin de bois mort quand tes larmes donnent aux caresses la saveur des pierres lointaines, un chemin de bois mort impérissable comme l'arc-en-ciel qui porte de l'orage à la mer le signe de ton ventre.
Tu t'avances au fond de ton regard même vers un colombier d'estuaire où je tiens la vie recluse pour les oiseaux de ton retour, ces oiseaux à perte d'oiseau tant l'horizon s'emplit de plumages.
II reste un sentier de gel où le soleil d'attente fixe l'ombre comme une épée nue, un sentier qui nous sépare encore de la foule des regards, il reste une heure de presqu'île au-delà du remous de tes épaules. Mais vêtue seulement du vent de la plaine, tu poses ies doigts sur une pierre de montagne où j'écrivis jadis que la femme est un désir fait citadelle au bord de la mer. Le peu de la mer retenue dans les paumes jointes parce que c'est la mer entière qui bat dans nos mains.
Comme nous l'avons désiré, le bois peint aux couleurs de l'arbre laisse couler le sable de fourmis tendres et de rosés géantes. Nous revenons au château que nous fûmes dans la jeune royauté de ton corps, surpris de nous rencontrer sommeillant à même notre amour.
Tu dis : J'ai longtemps voyagé.
— Et pourtant l'étoffe est encore chaude sous la voûte des Maures.
Tu dis : II fait si loin, là-bas.
— Et pourtant c'est moi le milan qui vole dans tes,yeux.
Tu dis : Je t'aime.
— Et c'est ma voix que j'entends.
Jacques Lacomblez
La Clef sarrazine
in Poètes singuliers du surréalisme at autres lieux,
A.V Aelberts & J.J. Auquier, UGE 10/18/, 1971.
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lundi, 14 juin 2010
chant contre-chant II
En inversant le "kan an diskan" I
Lacomblez et sa Clé Sarrazine
Nous irons ensemble à la chute de tes reins où les raies sablières aux plumes de volcan accomplissent le premier raid immobile de mémoire maritime. Tu m'as donné la croix du Sud qui fleurit sur tes jambes un jour de grand partage des ombres.
Une heure est née pour la vénération des envols. C'est l'échelle des nuages sur ta poitrine de gazelle coursée, c'est ton sexe éveillé par l'étoile de la fin du monde, c'est ce qui tremble encore du soir dans tes yeux fermés.
Mon voyage soudain suit une courbe de morsure. Je donne au feu la terre cultivée, tes cheveux partout brisent le mouvement des armées. On parle dans la pierre, on parle de toi dans nos étreintes, on parle de nous à même l'impossible.
Tu viens nue parmi les meutes de ronces comme une île où l'on vit les épaules lourdes de paradisiers et le regard perdu pour les vaisseaux de transhumance. Totale et nue, tu renverses sur leur faîte les conifères de la brume pour une prière de racines élevée vers le fond des lacs. Tu retiens entre tes jambes de vase à braises et de selle de chameau l'Andalousie de mon dernier regard.
Mille mains blanches comme la soif et précises comme l'absence se glissent entre nous avec des ruses de voilier traquant le seul récif gouverné par l'oiseau-tempête, que l'on nommera peut-être l'Amour dans une langue de Jamais et d’Ailleurs.
Je meurs avec lenteur dans les bas-quartiers de la ville invisible, une lenteur morne de blessure privée du glaive. Une lenteur de bijou nomade sur le plein champ de ta gorge, à la lueur des grêles amassées par la caravane qui t'emporte.
Je meurs cette fois vêtu d'une poussière de montagne.
Blaise Cendrars et Moravagine
Mulier tota in utero, disait Paracelse ; c'est pourquoi toutes les femmes sont masochistes. L'amour, chez elles, commence par la crevaison d'une membrane pour aboutir au déchirement entier de l'être au moment de l'accouchement. Toute leur vie n'est que souffrance; mensuellement elles en sont ensanglantées. La femme est sous le signe de la lune, ce reflet, cet astre mort, et c'est pourquoi plus la femme enfante, plus elle engendre la mort. Plutôt que de la génération, la mère est le symbole de la destruction, et quelle est celle qui ne préférerait tuer et dévorer ses enfants, si elle était sûre par là de s'attacher le mâle, de le garder, de s'en compénétrer, de l'absorber par en bas, de le digérer, de le faire macérer en elle, réduit à l'état de fœtus et de le porter ainsi toute sa vie dans son sein ? Car c'est à ça qu'aboutit cette immense machinerie de l'amour, à l'absorption, à la résorption du mâle.
L'amour n'a pas d'autre but, et comme l'amour est le seul mobile de la nature, l'unique loi de l'univers est le masochisme. Destruction, néant, que cet écoulement intarissable des êtres ; souffrances, cruautés inutiles que cette diversité des formes, cette adaptation lente, pénible, illogique, absurde de révolution des êtres. Un être vivant ne s'adapte jamais à son milieu ou alors, en s'adaptant, il meurt. La lutte pour la vie est la lutte pour la non-adaptation. Vivre c'est être différent. C'est pourquoi toutes les grandes espèces végétales et zoologiques sont monstrueuses. Et il en est de même au moral. L'homme et la femme ne sont pas faits pour s'entendre, s'aimer, se fondre et se confondre. Au contraire, ils se détestent et s'entre-déchirent; et si, dans cette lutte qui a nom l'amour, la femme passe pour être l'éternelle victime, en réalité c'est l'homme qu'on tue et qu'on retue. Car le mâle c'est l'ennemi, un ennemi maladroit, gauche, par trop spécialisé. La femme est toute puissante, elle est mieux assise dans la vie, elle a plusieurs centres érotogènes, "elle sait donc mieux souffrir, elle a plus de résistance, sa libido lui donne du poids, elle est la plus forte. L'homme est son esclave, il se rend, se vautre à ses pieds, abdique passivement. Il subit. La femme est masochiste. Le seul principe de vie est le masochisme et le masochisme est un principe de mort. C'est pourquoi l'existence est idiote, imbécile, vaine, n'a aucune raison d'être et que la vie est inutile.
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dimanche, 13 juin 2010
kan an diskan
à JCB pour qu'il sache encore moins
comment fuir et retrouver sa sérénité.
Il y a déjà quelque temps que j'ai très envie de publier ce "kan an diskan" — ce chant contre-chant des sonneurs bretons.
Les commentaires seront pour plus tard. Je livre — en trois morceaux — les deux textes nus. Le premier morceau, celui de Cendrars a été publié en janvier de cette année sur le thème de la « liste ».
En trois morceaux, car je pense toujours que de trop longues notes, ne retiennent que difficilement le regard sur l'écran.
À expérimenter, cette première fois, la confrontation du tableau clinique du masochsime et de la Lance brisée du couchant !
L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?
Blaise Cendrars
Moravagine, pp.61-64
Le Livre de Poche, n° 275, Paris, 1960
©Bernard Grasset, 1926
Laisse-moi vivre au beau midi noir des étangs oubliés sous tes paupières par la folie des jungles, par le delta des laves.
Laisse-moi dormir paumes ouvertes vers le toit de figues qui protège tes yeux du chant des sables.
Laisse-moi perdre ma race au hasard des lianes cambrées de ton retour hors la nuit des passeurs de collines.
J'ai connu le temps de l'eau rythmique et le temps des sœurs accueillantes. Mon sommeil a couleur de naufrage, trop loin des chambres molles où ton regard promène ses lenteurs d'ibis.
Écoute contre terre, la sonnaille tremble dans la voix des esprits pour des jours chargés de cavaliers blancs à la lisière de ton lit. Ils viendront sans messager, repoussant le désert au fond de ta gorge, ils viendront mêlés de pluies désirées et de tambours fauves, au seul rocher de l'horizon fichant les bannières aux signes des quatre vents. Leurs allées sur ton corps seront de miel et de bronze, ils prêteront serment sur de vastes pelages.
Alors je serai l'écuyer voué aux départs, celui qui plante sur la piste fraîche de grands soleils de cuivre. J'aurai toujours dans la poitrine un certain vol de corbeaux.
Laisse-moi feindre la torpeur des comètes, effacer de mes larmes les cartes de route et cuire au zénith le serpent maître des fleuves.
Je prends ton corps comme il vient sous mes lèvres, ta voix comme elle passe sur la nuit d'écailles libres. J'ai l'âge des délires implacables. Et la poignée de sauterelles jetées par ouest ce matin ne fait pas la couleur de l’absence. Toute la forêt charbonne sur tes seins d'huître perlière, tes seins de lévitation dans la pirogue du gulfstream, tes seins de mangouste amoureuse du cobra. Je descends les falaises vers ton nombril calme avec la patience des hordes qui nous offriront l'incendie des capitales. Au gué des marais seulement rêvés, la lance brisée du Couchant défie la Licorne, belle et tourmentée comme la fleur mauve de ton réveil.
Jacques Lacomblez
La Clef sarrazine
Poètes singuliers du surréalisme at autres lieux,
A.V Aelberts & J.J. Auquier, UGE 10/18/, 1971.
Demain, le "kan an diskan II".
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samedi, 05 juin 2010
entre quelques rosiers
Ce matin à ma fenêtre
Quatre roses endormies
Evidence et loyauté
Dans leur corolle éblouie.
A midi à ma fenêtre
Quatre roses de grand ciel
Découvrent que le soleil
D'amour souffre violence.
Rose de la beauté noire
Songe rouge de mes nuits
Roses montant de la terre
À proximité du ciel.
Semaisons, soleil et vie
Cheminements de la pluie
Enigmes et parabole
De la rose sans parole.
Henry Bauchau
Loin du tohu bohu d'un Calaferte pornographe, des monstruosités érudites de Quignard.
Lire Bauchau : un apaisement qui n'efface aucune question.
J'attends l'ouverture des lys.
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