Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 20 septembre 2010

errances en lectures

 

 

Lourde fatigue... venue trop précoce des fraicheurs automnales ? aquagym immodérée ?

 

Tu viens d'achever avec ta compagne une "stèle à une voyageuse". Plutôt, tu t'es préoccupé, toi, de rechercher des textes, brefs éclats de mots pour désarçonner l'amie qui va entreprendre une pérégrination.

Tu as parcouru Montaigne, Bouvier, Caillé, Onfray, Gros*. Et voilà que souhaitant caser Marcher, une philosophie de ce dernier et ranger Bouvier, Le Hibou et la Baleine, Le poisson-scorpion, les Routes et déroutes, ses Œuvres en Quarto, tu ébranles les bouquins de Kenneth White qui est son voisin d'étagère.

Le premier livre qui se penche : les rives du silence

 

Assez
assez de tant de choses

cette vague qui se brise
blanche prose

Et que cela, ne l'oublie pas
ne sente jamais le poète

Enfin, un peu de réalité
ce goût de sel sur la langue                    

Brumes blanches
à Roscoff

la marée qui se retire
à Douamenez

A ceux qui parlaient écriture
il répondait : ouverture

Écrire des poèmes?

Plutôt suivre la côte
fragment après fragment

 

Ode fragmentée à la Bretagne blanche

 

 distiques si éloignés des stances houleuses de Perse — pourtant à plusieurs reprises, cité en exergue.

 

Du coup, j'ai descendu la vingtaine de bouquins : poèmes ? essais ? carnets de voyage ? journaux ?

J'avais commencé de lire Kenneth White en 1977 avec ses Limbes incandescents, publiés dans Les Lettres nouvelles de Maurice Nadaud. L'ex-libris de son dernier livre lu, La maison des marées note le 24 novembre 2005. 

 

... je ne rencontre pas âme qui vive, à vélo ou à pied, seulement des mouettes, rassemblées sur la plage face au soleil ou bien nichées ça et là, solitaires, et des corbeaux fourrageant dans d'énormes amas de goémons. Au loin, par intervalles, des essaims de petits oiseaux, sans doute des migrateurs faisant route vers quelque région chaude du Sud pour y passer l'hiver. Ici, encore des rochers aux formes grotesques, souvent blanchis par les fientes, et le sentier qui court au milieu des bruyères (les cendrées rouge sombre et les callunes plus pâles), des mûriers sauvages, des fougères, des prunelliers et des chèvrefeuilles. Cette partie sud-sud-ouest de l'île est celle qui voyait le plus grand nombre de naufrages, comme le dit un rapport de 1681 :

« Le bout de l'isle Doüessant le plus exposé au mauvais temps est celuy d'Oüest Suroüest et c'est sur ce bout que se font presque tous les nauffrages. »

C'est là que coule cette violente rivière marine, le Fromveur. Où que l'on regarde, on aperçoit un phare. Je marche le long de Penn ar Roc'h et continue vers Penn Arland en passant par Bouge an Dour, Porz Gwenn et Penn ar C'hreac'h. Partout le soleil qui brille sur le mica, ici et là des touffes de carotte sauvage ou de criste-marine, et, dans une petite crique tranquille, où l'eau vert-bleu clapote contre les rochers, un héron blanc.

 

Ailleurs, sur un rivage des Landes :

 

Chardon bleu sur la dune
bleu brûlant sur la dune
les racines dans le sable
mais vigoureux en diable

le chardon bleu et moi
toute la journée nous restons
sous ce soleil de plomb

moi je contemple le grand tout
lui il y est et il s'en fout

 

sermon du chardon bleu

in Terre de diamant

 

La vingtaine de bouquins est encore toute évâillée sur la table. Pour une paresseuse lecture.

 

 

 

* Marcher, une philosophie, Frédéric GROS, Carnetnord, 2009.

Les commentaires sont fermés.