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dimanche, 12 septembre 2010

retour de mer, mais la suite n'a pas grand'chose à y voir

 

aux amantes et amants désespéré(e)s... adultères et donc maudit(e)s

 

... ensommeillé.

C'est sur France Mu  le Jardin des dieux qui me tire à la lumière du jour avec une voix qui scande en italien ce que je vais savoir être le chant V de l'Enfer du Dante.

La voix est celle de Carmelo Bene ce déjanté des années soixante-dix qui m'avait subjugué avec un film "Notre Dame des Turcs" qui dépassait en délire tous les films dit "underground" de l'époque.

La scansion est envoûtante, surtout quand on ne comprend goutte à l'italien : un texte « que les non-italianophones pourront savourer et comparer comme autant de nectars inconnus… » annonce François-Xavier Szymczak, l'animateur de l'émission.

 

J'ai ouvert la Divine Comédie — en deux tomes qui me furent offerts ce terrible Noël 1964 par Co et Jo — que je n'ai parcourue qu'à sauts et gambades.

Le Dante ne me plaît guère, j'avoue n'être qu'un lecteur au premier degré et sa catholicité m'emm... : déjà au chant IV qui précède celui dont il fut, ce matin, question sur France Mu, il dépose mes vieux Grecs dans le premier cercle de ses enfers. Ce matin, nous en étions au chant V qui précipite dans le deuxième cercle les amants trop aimants :

 

 

« Francesca, le récit de ton triste martyre
n'a laissé dans mon cœur que douleur et pitié.

Mais dis-moi cependant: au temps des doux soupirs,
comment, par quel moyen l'amour vous permit-il
de comprendre, les deux, vos passions naissantes? »

Elle me répondit: « La plus grande douleur
est de se rappeler les instants de bonheur
au temps de la misère; et ton docteur* le sait.

Cependant, si tu veux savoir les origines
de notre affection, je veux bien te les dire,
même s'il me fallait pleurer en racontant.

Un jour, nous avons pris du plaisir en lisant
de Lancelot, qui fut esclave de l'amour;
nous étions seuls tous deux et sans aucun soupçon.

Souvent notre regard se cherchait longuement
durant notre lecture, et nous devînmes pâles;
pourtant, un seul détail a suffi pour nous perdre.

Arrivés à l'endroit où cette belle bouche
était baisée enfin par cet illustre amant,
celui-ci, dont plus rien ne peut me séparer,

vint cueillir en tremblant un baiser sur mes lèvres
Le livre et son auteur furent mon Galehaut;
et pour cette fois-là la lecture a pris fin. »

Pendant qu'un des esprits me racontait cela,
l'autre pleurait si fort que, mû par la pitié,
je défaillis moi-même et me sentis mourir,

et finis par tomber comme tombe un cadavre.

 

Les musiques étaient belles et les voix des diseurs**, des nectars inconnus.

 

 

* Virgile, l'accompagnateur du Dante.

** Il y a plusieurs diseurs : Roberto Benigni, Vittorio Gassman, Vittorio Sermonti, Carmelo Bene...

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