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dimanche, 30 novembre 2008

dans le temps de l'Avent

Ce matin, réveil dans les musiques du temps de l'Avent. Hymnes, psaumes, cantates et autres antiennes, tropes et conduits.

Ockeghem, Palestrina, Victoria, Buxtehude, Bach !
Oh, certes ! la foi s'est éloignée définitivement. Sans heurts.
Demeurent l'auditon de ces chants religieux et les rites qu'ils célébraient se sont, aussi paisiblement, teintés de l'ancien paganisme : quelques vingt jours pour aller vers la remontée de la lumière.
Temps de l'avent. Temps de l'attente au creux d'un mois noir. Mais, quoique désormais dénués de sens, l'écoute de ces musiques éclaire comme d'un sourire les jours qu'elles vont ponctuer jusqu'à la nuit du solstice.
Certes mieux que ces baraques de bois qui, vendant de l'informe, obstruent nos places publiques en se parant mercantilement du nom de "marché de Noël".
La table de ce midi, elle aussi souriante, s'est accordé avec l'attente : huitres de la baie de Bourgneuf, pain bis et beurre salé, accompagné d'un Pinot gris de 2007. Aux fins de pénitence, les moines jeûnaient pendant l'Avent, je ne jeûne que par souci de santé.

samedi, 29 novembre 2008

Segalen, un type d'extrême-droite ?

Hier nuit, après ce long après-midi de radio lévi-straussienne, je me replonge dans le Magazine littéraire de mai qui fut consacré à l'anthropologue centenaire, histoire de me rafraîchir dans la Pensée sauvage à travers une contribution de Philippe Descola qui n'est pas loin de me faire revenir à l'approche très concrète d'Héraclite quand il nomme les tensions que perçoivent nos sens.
Souvent, dans mes feuilletages de revues, je laisse tomber des pans entiers ; cette fois-là, je m'étais procuré le magazine pour Lévy-Strauss et j'avais totalament effacé de mon intérêt le Festival Étonnants Voyageurs qui se déroule en mai — je crains que ce ne soit devenu qu'une immense braderie de bouquins à touristes. Justement, il y avait un débat entre le père fondateur du festival et un écrivain égyptien sur le thème de la chose voyageuse
Je suis tombé en beau milieu d'article sur ceci qui m'aurait assommé aussi radicalement qu'un coup de bôme de vieux gréement, si j'avais été à bord.

Le Magazine littéraire :
Le poète Victor Segalen a poussé loin l’aventure de la rencontre de « l'autre ». Il s'est identifié aux anciens Maori dans Les Immémoriaux, aux Chinois de l'époque impériale dans Stèles...
Michel Le Bris :
« Segalen est un cas d'exception. Si on prend Jack London, Robert Louis Stevenson, qui eux aussi ont fait le voyage vers la Polynésie, les mers du Sud, etc., Victor Segalen est très particulier. Il a des positions qui sont pratiquement celles de Le Pen politiquement. Il est d'extrême droite. Sa théorie littéraire en procède directement. Il dit par exemple qu'il faudrait maintenir une partie de l'humanité à l'état de bétail pour le profit de l'autre. On a fait un certain temps l'éloge de la différence extrême, la différence finit par nier ce qui fait l’unité du genre humain. C'est l'inverse de Stevenson...»

Débat avec Alaa El Aswany,
Les écrivains voyageurs sont-ils au bout du chemin ?
in Le Magazine littéraire, n°475, mai 2008, p. 16

Que je sache, ces quelques lignes n'ont suscité aucune réaction.
Donc, ou Le Bris a raison et sur quels textes de Segalen fonde-t-il son assertion ?
Ou c'est une réaction dépitée face à l'échec de sa notion de "littérature-Monde" à la française, dont la mayonnaise ne prend guère ?
Ou encore manifeste-t-il son aigreur de Celte qui échoue à se hisser aux côtés de l'ancêtre — c'est bien connu par ici : un Breton, une Bretagne, deux Bretons, deux Bretagnes ?
Et ça devient une querelle de paroisse. Le tout, venant d'un ancien "mao" reconverti...qui a quelque mal à digérer les littératures dites, ou engagée, ou d'introspection anorexique et claustrophobe, ou jeux de langage ?

Bon, je n'ai pas ...encore lu les œuvres complètes de Segalen ; je ne vais point m'atteler à cette tâche aux seules fins de vérifier la justesse de l'assertion. Je demeure avec mes petits bouts de sens saisis dans mes lectures qui me font assurer que Segalen est des premiers à avoir dénoncer les égarements de la colonisation et tenter de tirer l'exotisme vers une esthétique du divers.
Sans doute est-ce là l'ambivalence ? l'ambiguité et ses dangers ?

Je suis bien aise de n'avoir point dû à monsieur Le Bris d'aimer les littératures voyageuses. Je précédais son festival de quelques années, sinon de quelques décades.

Bon, toute cette affaire, ça va finir par faire : trois Bretons, trois Bretagnes !

vendredi, 28 novembre 2008

pour saluer monsieur Lévy-Strauss

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À chacun, ses Amazones !

Cette femme me fit signe sur les sentiers de la Pensée Sauvage, quand le "grand Vieux" centenaire qui est, aujourd'hui honoré, n'avait pas encore forgé la notion.

Dix ans plus tard, un peu à l'esbrouffe, dans un jury de diplôme d'État — le seul que je présentai dans mon parcours d'autodidaxie — j'employais la notion qui époustoufla les membres du dit jury.
Depuis cette femme première, il y avait eu d'autres rencontres et de femmes et d'hommes.
La Pensée Sauvage était parue depuis deux ans à peine ; je venais des Aurès, où j'achevais* de décrasser quelques-uns de mes oripeaux de jeune branleur occidental après avoir lu Le cru et le cuit, sans avoir jamais ouvert une page de La Pensée sauvage....

* Est-ce jamais achevé ?

jeudi, 27 novembre 2008

Les Corsaires - introduction à « Marins & Corsaires Nantais »

S'achèvent donc ici, en finissant par l'Introduction en cinq parties, ces chroniques portuaires de Nantes, publiées pour la première fois le 1er avril 2006, un peu par hasard, d'où cette fin qui en était le commencement. Avec les Corsaires Nantais, nous sommes loin des pirates et des forbans qui fréquentent les Caraïbes, la mer de Chine ou les côtes Somaliennes.
Le bon Paul Legrand dévoile — nous sommes pourtant en 1908 — son anglophobie ; mais je sais certains "vieux gréements" concarnois et douarnenistes qui aujourd'hui encore ne le désavoueraient point. Si les Anglais te mordent...!
Je pense entreprendre une publication sur Calaméo*, excellente plate-forme de publication qui permet de retrouver la forme de notre "codex", tellement plus familier à nos comportements de lecture que ces "ascenseurs" qui nous ont fait régresser au "volumen" antique.
Demeure un sacré labeur de re-mise en page qui prendra quelque temps. Mais quand on plante encore un arbre n'est-ce pas....

Cette dernière rubrique est dédiée aux marins du Marche-Avec, cotre sardinier de Concarneau, sacrés matelots et grands bouffeurs d'Anglais !



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LES CORSAIRES


Que Nantes s'efforce de jeter un voile sur ses Négriers, faute de pouvoir les effacer de son histoire, c'est d'une très sage politique ; mais qu'elle englobe ses corsaires dans la même réprobation et cherche à les noyer dans le même oubli, ce n'est plus que de l'ingratitude en même temps que de la maladresse,

Et l'on comprend d'autant moins le mépris affecté par certains Nantais pour nos corsaires, que ce sont précisément leurs faits d'armes qui remplissent les pages les plus belles de notre histoire ; celles qui, seules, peuvent faire oublier nos hontes en les couvrant du rejaillissement de leur gloire.

Cette étrange et très commune manière de voir provient, le plus souvent, d'une fâcheuse confusion entre le corsaire et le pirate ou forban.

Ce dernier, véritable écumeur de mer, n'est, en somme, qu'un voleur de grand chemin sur les routes maritimes. Il n'a d'autre nationalité, d'autre loi que la sienne. Il opère en paix comme en guerre ; s'attaque à tous les navires qui passent à portée de ses canons ; et n'a d'autre secours à attendre que de lui-même ; il est mis hors la loi, forbanni, par toutes les puissances.

Tout autre est le corsaire. Muni d'une autorisation de son gouvernement, — d'une lettre de marque, — il porte le pavillon national; ne fait la Course qu'en temps de guerre, et seulement contre les navires des nations ennemies ou violant la neutralité. Ses actes, loin d'être abandonnés à son libre arbitre, sont minutieusement réglés par la loi et contrôlés par un Tribunal.

En somme, le corsaire est, ou plutôt était un navire privé, armé en guerre avec l'autorisation et sous le contrôle de l'Etat ; ayant pour mission d'inquiéter le commerce de l'ennemi, de menacer ses convois et ses colonies, et de défendre les côtes et les navires marchands du pays auquel il appartenait. Comme récompense de ses services, et pour dédommager l'annateur de ses dépenses et de ses risques, l'Etat lui abandonnait le montant de ses prises reconnues valables.

Le corsaire était généralement un navire de vitesse, fortement armé, monté par un équipage nombreux et résolu. Aux termes de l'Ordonnance de la Marine, tout corsaire d'au moins 60 tonneaux, devait avoir un aumônier ; ils avaient tous un chirurgien et un écrivain.

En plus de l'équipage proprement dit, le corsaire comprenait des soldats, parfois appelés « flibustiers », recrutés un peu partout, bons ou mauvais, français ou étrangers, et chargés seulement de la partie militaire de la campagne, tandis que l'équipage s'occupait de la manœuvre du navire.

Si le corsaire rencontrait une voile et voulait la reconnaître, il devait hisser son pavillon et l'appuyer d'un coup de canon ; c'était le coup de semonce. Si le navire arborait pavillon ami ou neutre, le capitaine du corsaire se rendait à son bord pour inspecter sa cargaison et ses papiers, et constater qu'il n'y avait ni fraude dans les papiers du bord, ni contrebande de guerre dans la cale ; rôle extrêmement délicat, et qui nécessitait chez le capitaine de corsaire un flair remarquable. En cas de doute, il saisissait les papiers et faisait conduire le navire suspect au port le plus voisin, où sa situation était régularisée.

Que si, au contraire, le navire en vue arborait au coup de semonce un pavillon ennemi, c'était la lutte, le vainqueur s'emparait du vaincu, l'amarinait, pour employer une expression consacrée.

L'ennemi amariné, le corsaire y envoyait un capitaine et un équipage de prise pour le conduire au port le plus voisin. Il lui était interdit en principe de couler la prise après l'avoir enlevée, ou même de la relâcher contre rançon. Les motifs de cette prescription étaient des plus sages. Les juges de prises, ayant sous les yeux les papiers du bord, pouvant interroger les officiers ennemis et visiter le navire, étaient bien plus à même d'apprécier la validité ou la non-validité de la prise ; et ce contrôle obligé des actes des corsaires suffisait parfois à les empêcher de commettre des pillages ou des pirateries, qu'ils auraient été peut-être tentés de faire sans la crainte de cette enquête. Toutefois, dans certains cas, si la prise était en trop mauvais état, si l'équipage capteur était trop réduit par les prises précédentes pour fournir un nouvel équipage de prise, le corsaire était autorisé à l'abandonner en la désarmant, ou à la rançonner ; mais il devait toujours, dans ce cas, saisir les papiers et prendre deux de ses officiers pour figurer au procès de prise.

Dès que la prise arrivait au port, elle était jugée ; c'est-à-dire que l'Amirauté la déclarait valable ou non valable. Dans le premier cas, elle était vendue au bénéfice du capteur et de ses armateurs ; dans le second, ces derniers devaient au contraire indemnité aux armateurs du navire amariné ; la vente effectuée, le prix était réparti par parts entre l'équipage et l'armement,

Sans doute, toutes les nations maritimes pratiquèrent la Course, mais pas une peut-être n'y excella comme la nôtre. C'est ainsi, par exemple, que dans la seule période de 1793 à 1797, et d'après les registres du Lloyd, alors que nous étions en pleine Révolution et en guerre avec l'Europe entière, les Anglais nous enlevaient seulement 376 navires, tandis que nos corsaires amarinaient le chiffre fabuleux de 2.266 navires britanniques.

On comprend aisément alors l'acharnement que déploya l'Angleterre pour faire disparaître la Course qui la ruinait ; elle y parvint en 1856, et cette maladresse, issue d'une fausse idée d'humanitarisme,—comme tant de nos maladresses et de nos fautes,—fut accueillie en Angleterre avec un immense soulagement.

Toutefois, ne l'oublions pas, la Course fait encore partie de notre Code (1), et est susceptible toujours d'être loyalement employée contre les nations qui n'ont pas encore souscrit à son abolition (2).

Peut-être même faut-il aller plus loin, et dire qu'en dépit de la Déclaration de Paris de 1856, — on sait, par des exemples récents, ce que les nations belligérantes pensent des déclarations et des lois internationales, — la Course, conséquence du droit de guerre, renaîtrait logiquement, d'elle-même, au cours de n'importe quelle guerre maritime un peu longue.

Telle est du moins notre opinion, et nous dirons volontiers avec M. Gallois : « Si la guerre venait à se rallumer jamais entre la France et l'Angleterre, cette implacable ennemie d'autrefois, cette douteuse alliée d'aujourd'hui, le premier mot de cette guerre nouvelle devrait être la Course » (3).

Ces quelques lignes d'explication nous semblaient nécessaires au début de cette étude sur la Marine Nantaise.

Nantes, en effet, a été l'un des plus célèbres ports de corsaires de la France ; son histoire est faite de celle de leurs navires et de leurs combats ; sa gloire et ses héros sont empruntés à leurs faits d'armes et à leurs capitaines ; et si, trop souvent, gloire et héros sont méconnus et méprisés, c'est que beaucoup de Nantais encore ignorent ce qu'était la Course et ce que furent les corsaires.


(1) Code de Commerce, art. 217.
(2) Les Etats-Unis, le Mexique et l'Espagne.
(3) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 464.

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RAPPEL

Introduction à
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

Pages scannées par grapheus tis.

* Découvert grâce à FB qui pour son site éditorial publie.net utilise l'outil.

mercredi, 26 novembre 2008

murmuré, lors d'une nuit où je fus déserté

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Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx
L'Angoisse ce minuit, soutient, lampadophore
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
De qui la cendre n'a de cinéraire amphore

Sur les crédences, en le noir Salon : nul ptyx
Insolite vaisseau d'inanité sonore
Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Néfaste incite pour son beau cadre une rixe
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, décor
De l'absence, sinon que sur la glace encor
De scintillations le septuor se fixe.

selon deux sonnets de Mallarmé


Quelle nuit ? Cette nuit du vingt-cinq, ou celle du vingt-quatre, peut-être celle du vingt-six ? Qu'importe !
L'hermétique à murmurer mainte et mainte fois pour ne pas exorciser, mais pour durer encore.

Immuable, se lève Orion dans le suet.

mardi, 25 novembre 2008

plus de 500 diapositives à scanner

ou 52 ans de photos, du premier Kodak Rétinette de 1956 au dernier Nikon en passant par un ou deux Zénith et quelques autres Nikon. Trier plus de 2000 images pour en envoyer 500 se faire scanner !
Pas le temps d'écrire sur Mallarmé, d'ailleurs l'atelier d'hier ne fut que le ressassement de la séance précédente ! Je me fais mon post-exotisme à moi, littéralement et dans tous les sens.

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Banal du chemin : l'amour, la guerre, l'amour et l'amour ! En arrière-fond, invisibles, la littérature, la mer et le vin ! Toujours invisibles, d'autres amours !
Et la MORT !

Pour clore — mais temporairement — un vieillard plante un arbre :
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C'est bien connu :
À la Sainte-Catherine,
tout bois prend racine


dimanche, 23 novembre 2008

De grâce, Mesdames, établissez-vous "Consules" !

Supplique — qui n'est pas supplication — à Mesdames Martine AUBRY & Ségolène ROYAL

Époque pourrie de pouvoir qui ne privilégie que l'unique roi — ou reine — présidente — ou président, de la moindre collectivité ou association aux instances les plus hautes (hiérarchiquement, au moins) des états !
Mesdames, qui vous étripez pour deux ou trois voix de moins ou de plus, dans le style le plus sordide des harengères, n'écoutez plus la voix des mâles qui vous entourent, bannissez reines, rois, présidentes, présidents et autres secrétaires générales et généraux.

Établissez-vous "CONSULES".

Les Romaines des temps antiques ne vous désavoueraient point !

samedi, 22 novembre 2008

« Ar Mizioù Du »

Ar Mizioù Du, les mois noirs des Bretons: nous y sommes. Ma treille a perdu ses dernières feuilles dorées. Le ciel est bas, lourd, gris.
Mais je me prépare à planter pour les étés à venir un mûrier-platane, le Morus kagayamæ.

À la Sainte-Catherine
Tout bois prend racine.

Je ne peux m'empêcher de me redire les deux premiers vers de la fable de La Fontaine :
Un octogénaire plantait.
« Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge !
»

Le père d'une amie qui est aussi ma voisine de la Bouguinière disait, lui :
«Vénérable vieillard, je te dois cet ombrage ! »

Fi des plantations ! le "jardin" du lecteur demeure tout autant anarchique en ce début d'automne : la valse hésitante entre le Pierre Reverdy de chez Seghers, le post-exotisme de Volodine et de ses hétéronymes — Pessoa ayant enfin un émule — et Mallarmé, poète et philosophe.
Et je n'écris point de mes plans d'écriture : Algériennes qui se traîne dans les derniers soubresauts et tumultes de l'année 1961, l'hommage à l'homme du Lycosthène qui fut mon compagnon d'adolescence, quand, hors des joutes littéraires dévolues aux premiers de la classe — il plaidait pour Voltaire et je défendais Rousseau, j'étais l'horrible Don César de Bazan et il était Ruy Blas, il était Don Carlos et j'étais Hernani — nous découvrions dans la "clandestinité" que nous imposaient les Bon Pères, les Symbolistes et Décadents dans une anthologie dissimulée entre le "Bailly" et le "Gaffiot", dont les textes troublaient nos élans missionnaires.
Ainsi Albert Samain :
Vers l'archipel limpide, où se mirent les Iles,
L'Hermaphrodite nu, le front ceint de jasmin,
Épuise ses yeux verts en un rêve sans fin ;
Et sa souplesse torse empruntée aux reptiles,

Sa cambrure élastique, et ses seins érectiles
Suscitent le désir de l'impossible hymen.
Et c'est le monstre éclos, exquis et surhumain,
Au ciel supérieur des formes plus subtiles.

La perversité rôde en ses courts cheveux blonds.
Un sourire éternel, frère des soirs profonds,
S'estompe en velours d'ombre à sa bouche ambiguë ;

Et sur ses pâles chairs se traîne avec amour
L'ardent soleil païen, qui l'a fait naître un jour
De ton écume d'or, ô Beauté suraiguë.


Ainsi Pierre Louys :
Ses yeux purs abaissés réverbèrent sans fin
L'incolore nombril comme une étoile éteinte
Elle tient dans ses doigts extatiques et bleus
Au pli vierge du sexe un lotus fabuleux

Le même écrivait à Mallarmé qu'il nommait "Maître" :
Nous aurons coupé pour le plus pur silence
Sous vos pieds créateurs les roses de la nuit


Décidément, la semaine à venir ne peut être que mallarméenne.



jeudi, 20 novembre 2008

Les Négriers - Introduction à « Corsaires et Marins Nantais »

négriers.jpgLES NÉGRIERS

Il faut bien l'avouer,— quelque pénible qu'en puisse être l'aveu,— c'est dans la Traite des Nègres, dans le Commerce du bois d'ébène, que Nantes a trouvé la source première de sa prospérité, a développé son esprit d'entreprise et d'initiative, et a puisé sa fortune et celle de ses habitants.

Nous n'avons nullement l'intention de défendre ce trafic, pas plus d'ailleurs que celle de l'attaquer ; la défense en est impossible, quant à l'attaque, elle a été trop copieusement faite pour que l'on puisse lui fournir des armes nouvelles. Nous dirons donc simplement que la Traite des Nègres était légale ; pratiquée par toutes les nations possédant des colonies ; réglementée par les Ordonnances et les Édits ; et, bien plus, ouvertement encouragée par les Rois, qui tantôt accordaient une prime par tête de nègre débarqué aux colonies (arrêt du 27 septembre 1720), et tantôt envoyaient aux Traitants des témoignages non équivoques de leur satisfaction : « Sa Majesté, — voyons-nous dans une Déclaration Royale en date du 11 octobre 1722 et relative au commerce des Nègres, — a vu avec satisfaction les efforts que les négociants de la Ville de Nantes ont fait pour étendre ce commerce autant qu'il était possible...»

L'origine de la Traite des Nègres est des plus simples. Les colonies nouvelles d'Amérique manquaient de bras ; d'autre part, les Blancs ne pouvaient encore supporter leur climat débilitant ; toutes les puissances se tournèrent alors vers l'Afrique, où l'on savait qu'un grand nombre de nègres étaient vendus ou mis à mort à la suite des batailles incessantes que se livraient ces peuplades sauvages.

Puisqu'il existait déjà un marché de nègres, les gouvernements européens songèrent tous à s'y approvisionner de travailleurs ; bien plus, et c'est ce qui explique pourquoi la Traite fut acceptée par tous, les philosophes et les moralistes du temps la déclarèrent bonne et humaine, parce qu'elle arrachait les nègres à la mort, ou du moins substituait un esclavage acceptable à un esclavage épouvantable.
À ces idées s'ajouta celle du prosélytisme religieux ; les nations catholiques y virent un moyen d'arracher à l'erreur une multitude d'êtres humains, et cette préoccupation est constante dans les Ordonnances des Rois, qui prescrivent le baptême pour tous les esclaves importés aux colonies.

Sans doute, l'on ne tarda pas à comprendre toute la fausseté et l'inanité de ces sophismes. La source première de la Traite : les nègres déjà esclaves, les prisonniers de guerre et les condamnés à mort manquèrent bientôt complètement, et c'est alors que les traitants, ou du moins leurs fournisseurs, les petits Rois Africains, organisèrent de véritables chasses à l'homme, des razzias de plus en plus fréquentes, dans lesquelles des villages entiers ; hommes, femmes et enfants, étaient arrachés à la liberté, conduits en troupeaux humains jusque sur les côtes, et parqués pêle-mêle, en attendant qu'un navire d'Europe vienne les emporter à destination des Antilles. Mais, à ce moment, la Traite était tellement entrée dans les mœurs qu'il était impossible de la supprimer ; l'intérêt général des États, l'intérêt particulier des traitants et des armateurs étouffèrent le cri de la conscience, et l'horrible et inhumain commerce du bois d'ébène fut définitivement admis et pratiqué par toutes les nations européennes,

En France, la Traite ne fut réglementée qu'en 1664, lors des Édits royaux suscités par Colbert. Elle fut tantôt monopolisée, c'est-à-dire exclusivement permise à certaines grandes Compagnies de Commerce ; et tantôt libre, c'est-à-dire abandonnée à tous les particuliers sous le contrôle de l'État.

Nantes fut, sans contredit, de tous les ports de France et du monde, celui qui se livra le plus activement à ce commerce. Ce fut Nantes qui défendit le plus énergiquement la Traite chaque fois qu'elle fut menacée ; Nantes qui réclama toujours la liberté de la Traite lorsqu'elle fut monopolisée ; Nantes à qui les rois et les ministres s'adressèrent toujours avant d'en modifier les règlements, prenant rarement une décision avant d'avoir consulté ses députés ; Nantes, enfin, qui refusa le plus longtemps de se soumettre à la suppression de la Traite, et qui posséda peut-être les derniers Négriers.

Cette triste supériorité de Nantes sur les autres ports du royaume s'explique d'ailleurs très aisément. De tous les ports de France, Nantes était de beaucoup celui qui trafiquait le plus avec nos possessions d'Amérique, et qui y avait engagé les plus gros capitaux. II était donc naturel à nos navires, alimentant déjà les Antilles de denrées et de produits manufacturés, de les alimenter également de cette autre marchandise, le bois d'ébène ; comme il était naturel à nos armateurs, souffrant du manque de bras, de songer les premiers à fournir de nègres leurs plantations de cannes à sucre, source la plus importante de leur commerce et de leur richesse,

Les Négriers nantais accomplissaient ce que l'on appelait des voyages circuiteux. Partant de Nantes avec une cargaison de cotonnades voyantes, fusils, perles et poteries fabriquées spécialement pour ce commerce, ils l'échangeaient sur les côtes d'Afrique contre une cargaison de nègres, la transportaient aux Antilles, et en revenaient avec une troisième cargaison, composée le plus souvent de balles de sucre. Ces marchandises ne payaient que la moitié des droits d'entrée dans tous les ports de France, de telle sorte que les armateurs, pour pouvoir soutenir la concurrence, se voyaient forcés, s'ils commerçaient avec les Antilles, de se livrer à la Traite ainsi favorisée par le Pouvoir royal.

Pendant plus d'un demi-siècle, les Négriers nantais débarquèrent annuellement aux colonies de dix à douze mille nègres en moyenne ; et les bénéfices que les armateurs retiraient de ce commerce oscillaient entre 30 et 40 millions. L'unité de nègre, la pièce d'Inde, comme on disait alors, c'est-à-dire un noir de 15 à 30 ans, sain, robuste, bien fait, et qui a toutes ses dents, valait de 600 à 1.000 francs, suivant la provenance, les besoins des colonies et l'époque.

Au commerce du bois d'ébène, les Nantais empruntèrent cet esprit d'initiative, ce goût des aventures qu'ils développèrent ensuite dans la guerre de Course, Souhaitons que ces ressorts d'énergie, appliqués à de plus louables entreprises que la Traite, permettent à Nantes de reprendre le rang qu'elle occupait jadis parmi les ports de France et du monde.

Note du scanneur
Des extraits de cette rubrique et des notes concernant l'esclavage et la traite furent déjà publiés, les 9 et 11 mai 2006, puis le 12 avril 2007 pour la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Des commentaires fort pertinents furent ajoutés par Alain et patbdm (accéder à leurs blogues en cliquant dans la rubrique de droite" Les fréquantations")

mardi, 18 novembre 2008

retour à Mallarmé

Dans ma note de mercredi passé, j’évoquais mon inscription à l’atelier “Poésie et philosophie selon Mallarmé”, proposé dans le cadre de mallarmé.jpgl’Université permanente par André Stanguennec. Le vide-grenier gracquien et de fréquents allers et retours sur le VendéeGlobe— passionnant Pot-au-noir — ont pertubé l’approche de mon petit chantier 2008/2009.
Petit ? Peut-être est-il trop énorme pour ma petite comprenoire...

Je me suis trouvé un bon passeur : Claudel, dans ses Mémoires improvisés !

« ...il y a une parole de lui (Mallarmé), qui, au contraire, a profondément marqué mon intelligence, et qui est à peu près le seul enseignement que je reçus de lui, et c'est un enseignement capital : je me rappelle toujours un certain soir où Mallarmé, à propos des naturalistes, de Loti ou de Zola, ou de Goncourt, disait :
« Tous ces gens-là, après tout, qu'est-ce qu'ils font ? Des devoirs de français, des narrations françaises. Ils décrivent le Trocadéro, les Halles, le Japon, enfin tout ce que vous voudrez. Tout ça, ce sont des narrations, ce sont des devoirs. »
Je crois que c'est intéressant de voir cette remarque dans la bouche d'un homme qui était lui-même professeur. Il était professeur d'anglais. Et alors, c'est là où la remarque est importante. Moi, il m'a dit : « Ce que j'apporte dans la littérature, c'est que je ne me place pas devant un spectacle en disant : "Quel est ce spectacle ? Qu'est-ce que c'est ?", en essayant de le décrire autant que. je peux, mais en disant : "Qu'est-ce que ça veut dire ?" »
Cette remarque m'a profondément influé et depuis, dans la vie, je me suis toujours placé devant une chose non pas en essayant de la décrire telle quelle, par l'impression qu'elle faisait sur mes sens ou sur mes dispositions momentanées, mes dispositions sentimentales, mais en essayant de comprendre, de la comprendre, de savoir ce qu'elle veut dire. Ce mot de “veut dire” est extrêmement frappant en français, parce que “veut dire”, ça exprime une certaine volonté. »


Un petit brin de laine venant du gros grand Claudel !
Qui éclaire cette brève de Mallarmé :

Narrer, enseigner, même décrire, cela va et encore
qu'à chacun suffirait peut-être pour échanger la pensée
humaine, de prendre ou de mettre dans la main d’autrui
en silence une pièce de monnaie, l'emploi élémentaire
du discours dessert l'universel reportage dont, la littérature
exceptée, participe tout entre les genres d'écrits
contemporains.

À quoi bon la merveille de transposer un fait de
nature en sa presque disparition vibratoire selon le jeu
de la parole, cependant; si ce n'est pour qu'en émane,
sans la gêne d'un proche ou concret rappel, la notion
pure.

Je dis : une fleur ! et, hors de l'oubli où ma voix relègue
aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que
les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave,
l'absente de tous bouquets.

Crise de vers, p. 259
Divagations, Poésie/Gallimard


Ce sera quand même ardu !

samedi, 15 novembre 2008

fin de brocante luxueuse

Pour FB


Quand je suis arrivé mercredi après-midi avec un quart d'heure de retard sur l'ouverture des portes du "hangar", seule ma taille relativement grande m'a permis d'entrevoir du seuil ces têtes et un homme agitant un marteau sur une estrade.

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Mon arrivée coïncidait avec un moment intéressant pour mes intérêts en poésie : on adjugeait Commune présence de René Char — édition originale, sur vélin bouffant Téka, portant un envoi autographe signé sur le faux-titre à Julien Gracq/en amitié fidèle/René Char — pour la modique somme de plus de 2 400 € ! Avec les Chants de la Balandrane, il est vrai ! Me contenterai de mon exemplaire n°1621 de la collection Soleil, dont le titre fut tiré à trois mille exemplaires, en 1964, reliure exécutée par Babouot, d'après la maquette de Massin...

Je crois savoir que le texte est le même !

Et pendant ce temps-là, dans la grisaille d'un jour d'automne un peu triste comme scellant le définitif inventaire d'un très vieil écrivain défunt, sous la passerelle Victor Schoechler, le Fleuve, jamais deux fois le même ....

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jeudi, 13 novembre 2008

Les Armateurs — introduction à « Corsaires & Marins Nantais »

armateurs.jpgLES ARMATEURS

Si l'aumône généreuse est un signe de richesse pour ceux qui la dispensent, les armateurs et négociants de Nantes furent de bonne heure favorisés des dons de la fortune.

Dès le VIe siècle, en effet, nous les voyons « jeter à l'envi leur argent » à saint Germain de Paris, lors de son passage à Nantes, « pour le distribuer aux pauvres » (1) et nous ajouterons, à l'honneur de nos armateurs, qu'ils surent conserver ces traditions de générosité, et que toutes les institutions charitables de notre ville les ont comptés parmi leurs fondateurs ou leurs donateurs les plus désintéressés.

Appartenant à de vieilles familles nobles, ou annoblis par les Rois pour les services qu'ils rendaient au pays, les armateurs de Nantes, — les Marchands à la Fosse, comme on les appelait alors, — actifs, entreprenants, à l'affut de toutes les aventures et de toutes les découvertes, peuplèrent les mers de hardis marins, et nos colonies lointaines d'infatigables pionniers. Partout on trouvait des Nantais ; les grandes maisons d'armement de notre ville possédaient des comptoirs sur tous les points de notre immense empire colonial d'alors ; les armateurs y envoyaient leurs fils ; et même ne craignaient pas d'y passer de longues années, emmenant avec eux toute leur famille de l'autre côté des mers.

De retour à Nantes, ils faisaient construire ces superbes demeures de la Fosse ou de l'île Feydeau, bien plus palais que maisons, et qui, après avoir fait l'admiration de tous les voyageurs pendant près de deux siècles, sont encore dignes de figurer au nombre des édifices les plus remarquables de notre ville.

D'ailleurs, les Marchands à la Fosse n'étaient pas simplement de paisibles commerçants ; et dans un temps où la marine militaire de l'État, encore très faible et mal organisée, faisait un constant appel à la marine de commerce et à l'initiative privée, les armateurs de Nantes prirent rapidement une place glorieuse parmi ces auxiliaires volontaires de nos escadres,

Souvent, en effet, nous verrons les Rois accorder aux navires nantais les prérogatives des navires de guerre de l'État ; leur permettre d'arborer au grand mât la flamme distinctive des unités d’escadre, et conférer à leurs capitaines le grade de capitaine de frégate ou de corvette. Très souvent aussi, nous pourrions dire à chaque guerre de notre histoire, ces mêmes Rois, confiants dans le courage de nos corsaires, invitaient les Marchands à la Fosse à armer en Course, et leur délivraient des lettres de marque pour les autoriser à armer leurs navires en guerre et à courir sus aux Anglais.

(1) A. DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, t. 1, p. 535.,

mercredi, 12 novembre 2008

enfin Mallarmé vint

Je suis parti lundi matin, avec en bandoulière, Selon Mallarmé de Paul Bénichou, un peu défraîchi, les derniers feuillets froissés par une vague sournoise qui avait pénétré par le hublot ouvert, il y a bientôt près de dix ans.
Durant les cinquante-six jours de la traversée du Pacifique, j’avais tenté d’ouvrir un “chantier” Mallarmé pour dépasser les souvenirs lycéens des Classiques Larousse qui le cantonnaient dans le Symbolisme à la suite de Verlaine, de Rimbaud, de Henri de Régnier, de Samain en me donnant à lire L’Azur, Le Vierge le Vivace et le Bel... et le Tombeau d’Edgar Poe.
Demeurait en moi de ces années bachelières, l’émerveillement pour sa syntaxe dont j’appréciais le rythme rompu, déhanché, qui me laissait entrevoir une nouvelle langue. La mise en bouche d’un texte mallarméen m’a souvent laissé pantois de plaisir.
Insatisfaction cependant : cet homme laissait pressentir un horizon trop incompréhensible encore et les cinquante années de lecture de textes contemporains — pas mal d'entre eux avouant une influence mallarméenne — ont encore laissé vierge l’appréhension de cette œuvre.
L’approche de Bénichou fut une avancée dans un pas à pas, poème après poème. Je m’acclimatais au poète, je me questionnais sur l’homme de théorie et de méthode.
Lundi matin, dans le tramway m’emmenant aux Chantiers, pour suivre un atelier autour de Poésie et Philosophie selon Mallarmé, c’était donc l’Océan qui me rattrapait. Encore et toujours une histoire de mer :

Au seul souci de voyager
Outre une Inde splendide et trouble
— Ce salut va, le messager
Du temps, cap que ta poupe double

Comme sur quelque vergue bas
Plongeante avec la caravelle
Écumait toujours en ébats
Un oiseau d'ivresse nouvelle

Qui criait monotonement
Sans que la barre ne varie
Un inutile gisement
Nuit, désespoir et pierrerie

Par son chant reflété jusqu'au
Sourire du pâle Vasco.


Poésies — édition Deman

Il n'est pas sûr que le navigateur portuguais fut si désintéressé que le laisse entendre Mallarmé, célébrant en Vasco la passion sans limite de la découverte. Belle, cependant, l'utopie.

mardi, 11 novembre 2008

merdre ! ce n'était pas le bon !

Eh, oui ! Ce n'était pas le bon fauteuil.
Les traces des séants littéraires accueillis par monsieur Louis Poirier auraient été gardées par ses héritiers. Un honneur de conserver le passage des nombreux culs lettrés...ou autres, d'ailleurs.
Les héritiers des héritiers braderont le fauteuil sans doute un jour lors d'un lointain vide-grenier, les traces ayant été effacées, puis oubliées.

Dans le vide-grenier, il y avait aussi un échiquier

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un livret scolaire, appartenant à un lycéen d'élite,
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et pendant ce temps-là... jamais deux fois le même, le Fleuve ! Le sien, le mien, le nôtre, le leur.
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lundi, 10 novembre 2008

le "vide-grenier"

Je l'ai vu, ce fauteuil qui s'avachissait sur les séants des visiteurs de monsieur Louis Poirier.

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"Couton & Veyrac est un hôtel des ventes qui tient plus du lieu que, dans sa rage, FB nomme un "vide-grenier". Mais c'est un vide-grenier pour porte-feuilles garnis, un méchant hangar à deux pas du cimetière de Miséricorde et du recoin de la place Viarme où Charette (!) fut fusillé.
Dans quelques vitrines, il y a l'éclat de grands livres et de belles écritures fines.

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Le fauteuil ? Je ne sais pas ! moi ! les héritiers qui bradent, ils auraient pu l'offrir à l'un ou l'autre des derniers séants littéraires qui se sont enfoncés dedans.











À FB, par exemple. Ou à Régis Debray !