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jeudi, 11 mai 2006

Chronique portuaire de Nantes VI

Le jeudi est devenu le jour des chroniques portuaires. Elles ne suscitent pas l'intérêt de tous. Mais je persisterai et, ce soir, je m'autorise à sauter quelques siècles. Huit siècles pour cause d'esclavage.
Paul Legrand, mon chroniqueur, ne cherche pas à éviter la honte nantaise ; nous sommes en 1908. Il consacre deux bonnes pages de son introduction à la Traite.
À ce propos, nous étions bien peu sur le quai de la Fosse pour commémorer l'Abolition. Toutes les mères des petits Nantais n'ont pas dû leur raconter ce que la mienne me disait. Il est vrai que nous y étions, Nicléane et moi, parce qu'il y a, derrière nous, toutes ces amitiés africaines que nous portons depuis tant d'années. J'y ai retrouvé Brahim et Reddah, mes copains algériens ; nous avons évoqué le mai 45 de "Sétif" et de "Guelma". La colonisation avait succédé à l'esclavage. Autres temps, autres mœurs. Même ignominie !
En effeuillant les années, Legrand mentionne quelques faits qui se passent de commentaires
.


Au XVIIIe siècle


1762. — LES NOIRS À NANTES EN 1762.

L'Amirauté de Nantes était saisie le 22 juin 1762 d'une plainte des officiers de police, relative au grand nombre de Noirs esclaves que les capitaines et négociants introduisaient dans la ville au mépris des Règlements. Au dire de ces officiers, Nantes était envahie par une population de Nègres qui la faisaient ressembler à une ville tropicale bien plus qu'européenne. Ces esclaves, aussi inutiles que dangereux, s'assemblaient en bandes nombreuses sur les places publiques et les quais, et poussaient l'insolence jusqu'à insulter les habitants le jour, et à troubler leur sommeil la nuit par leurs querelles et leurs cris.

L'Amirauté fit droit à cette requête, et fit afficher les Règlements relatifs à l'Introduction des Noirs esclaves en France (1).
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(1) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. III, p.225


Période Révolutionnaire



1789. — PROTESTATIONS CONTRE LE PROJET DE SUPPRESSION DE LA TRAITE

Pour répondre aux bruits qui commençaient à circuler, d'une abolition prochaine de la Traite, les Députés de Nantes, Blin et Baco, protestaient énergiquement contre ce qu'ils appelaient l'anéantissement du commerce nantais ».
« II est indécent, — écrivait Baco, le 23 novembre, — il est odieux d'alarmer ainsi les esprits ; cette conduite mérite le blâme. Il importe à la prospérité de la France que ce commerce se soutienne et s'étende. »

De son côté, Blin écrivait aux officiers municipaux de Nantes :
« J'ai interrogé beaucoup de personnes dans l'Assemblée sur cette motion. Tous l'ont traitée d'extravagante ; je puis donc vous affirmer que personne n'extravague au point de vouloir mettre sur les grands chemins six millions d'âmes que l'abolition de la Traite en France réduiraient au désespoir » (1).

Notons que les cahiers de Doléances et Remontrances du Commerce Nantais portaient au nombre de leurs vœux celui : « Qu'il plaise également à Sa Majesté d'accorder protection pour les navires négriers pendant le temps de leur Traite à la côte d'Afrique »(2).
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(1) L. BRUNSCH'WIG, Éphémérides Nantaises du Centenaire de la Révolution.
VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. IV, p. 214.
(2) TREILLE, Le Commerce de Nantes et la Révolution, page 60.

Commentaires

bonjour Jacques,
Je trouve curieux cette plainte des officiers de police de Nantes du 22 juin 1762. Cela signifierait-il que des esclaves avaient le droit de vaquer librement dans la ville ? C'est surprenant ! Peux-tu en savoir plus là-dessus ?

Écrit par : alain barré | vendredi, 12 mai 2006

Il semblerait que les esclaves au service de leurs maîtres en terre européenne étaient libres de vaquer à certaines condtions (cf. Le Code Noir sur http://www.outremer44.org)).

Écrit par : grapheus tis | lundi, 15 mai 2006

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