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jeudi, 30 novembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXXI

Au XVIIe Siècle


1671. — LES JÉSUITES ET L’ÉCOLE D’HYDROGRAPHIE.

Dans ses Lettres-patentes de décembre 1671, Louis XIV mettait comme condition de l'autorisation de séjour des Jésuites à Nantes, qu'ils y enseigneraient l'hydrographie. En 1684, les Jésuites se plaignirent de ne pouvoir continuer cet enseignement sans une subvention ; et un arrêt du Roi, du 30 avril, leur accorda 1000 livres par an sur les États de Bretagne. En 1715, cette somme cessant de leur être versée, ils fermèrent l'École d'Hydrographie, pour la rouvrir quelques années après. Ils réclamèrent alors leur ancienne subvention ; mais, avant de statuer sur leur demande, le Conseil prit l'avis du Bureau de Ville et des Marchands à la Fosse qui tous furent d'avis que l'École était absolument inutile. Les Jésuites ne se tinrent pas pour battus, et répondirent que seul le défaut de subvention les avait empêchés de rendre leur établissement utile. Ils firent si bien que le Conseil, par arrêt du 23 juillet 1729, finit par leur accorder 1000 livres sur les deniers d'Octroi de la Ville (1).


1672. — LE PORT EN 1672.

Dans son ouvrage : « Le Voyageur d'Europe, où sont les Voyages de France, d'Italie, d'Espagne, etc... », Jouvin, de Rochefort, décrit ainsi Nantes :
« .... l'une des plus belles (villes) de la rivière de Loire, et des plus grosses de France....... Ce qu'il y a de divertissant à Nantes sont ses ponts de pierre, qui traversent plusieurs isles qui les rendent longs d'un demi quart de lieue, sur lesquels il fait beau se promener pour avoir la vue de sur cette belle rivière, d'un costé couverte de bateaux qui descendent des villes qu'elle arrose, et de l'autre des navires et des barques qui viennent de toutes les parties de l'Europe, chargés de diverses riches marchandises, qui de Nantes, par la commodité des rivières se transportent dans tout le royaume. Aussi ne faut-il pas s'étonner si nous la voyons si florissante que la ville, n'estant pas capable de loger tout le monde, les faubourgs se sont accrus jusqu'à ce point qu'ils surpassent mesme de beaucoup la ville ; quand il n'y aurait que ceux du Marchix et de la Fosse, où demeurent à présent les plus riches marchands de Nantes, à cause du voisinage du Port et de son immense quai, le long duquel on voit de grands magasins et de très belles maisons ; si bien qu'en s'y promenant, on dirait qu'on est sur le bord du Tajo, qui fait le port de la ville de Lisbonne, par la diversité des barques de toutes nations...... » (2),
Un autre voyageur avait déjà comparé Nantes à Constantinople, et donnait sans hésiter la préférence au panorama de la Loire sur celui de la Corne d'Or.


1674. — L'AMIRAL TROMP À L'EMBOUCHURE DE LA LOIRE.

On apprit à Nantes, vers la fin de juin 1674, que l'escadre hollandaise de l'amiral Tromp, ayant levé le siège de Belle-Ile, se dirigeait vers l'entrée de la Loire. Aussitôt le port fut mis en état de défense ; les vaisseaux sur rade rentrés en rivière, et des troupes envoyées en hâte sur les côtes pour repousser le débarquement.
Le 2 juillet, la flotte hollandaise mouillait dans la baie de Bourgneuf ; et le 4, Tromp débarquait avec ses troupes à Noirmoutier, et tandis que ses vaisseaux surveillaient le Gois, s'emparait du château où il arborait le pavillon du duc d'Orange.
Les Hollandais se rendirent maîtres de douze vaisseaux que leurs équipages avaient fait échouer pensant les sauver ainsi, et les désarmèrent ; ils prirent également plusieurs navires nantais se dirigeant vers la Loire ; deux brigantins venant de la Rochelle, et une galère de 40 canons.
Craignant de se voir attaqués par des forces supérieures, les Hollandais remirent à la voile et se dirigèrent vers l'Espagne (3).

______________________________________________________________

(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 481.
(2) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, pp. 173-4.
(3) A. RICHER, Vie des célèbres marins, t. II, p. 14.


RAPPEL

Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

mercredi, 29 novembre 2006

Retour à Passay

Pour Mj

À la Chambre des comptes, les soirées sont toujours aussi froides...
Trois pêcheurs, trois femmes de la rive, Mj et moi, réunis pour décider de ce que nous allons écrire pour célébrer le centenaire de la création de la Société coopérative de pêche de Passay.
Passay ? Je n'en ai guère parlé dans ce blogue. À tort. Je vais y remédier au long des mois.
Ce jour, je me satisfais d'une énumération toponymique — très partielle, il y a soixante-six lieux-dits alentour du Grand'Lieu — que, seuls, deux ou trois des anciens pêcheurs et moi connaissons :

la Tête de la Caussarde
Le Chochois
la Grande Suzeraine
le groïn de la Galerne
la Bauche
le coin à Julien
le bouquet à Beurlureau
la rade de la Rinjardière
la doue à Joyeux
la vasière à Plumail


On peut comprendre que les géographes en aient eu le tournis, quand ils interrogeaient les ancêtres de Chagnât, de Titi Carabi ou de Rouzinard quand, dans leur dialecte mi-gallo, mi-poitevin, ils leur énuméraient les balises de leur horizon.

mardi, 28 novembre 2006

un Jouve post-symboliste

à Étienne,
l’Homme du Lycosthènes
pour nos pensives adolescences
aux études du soir, quand nous nous repassions les lectures clandestines des symbolistes mineurs.


Sonnet
MCMVIII



Litanie tiède des sofas
enflant la lèvre ardant la peau
l’étoffe intime au vieil or las
les sueurs à des yeux d’oiseau.

Les cuisses, cuivres lourds des soies,
fumant l’encens de seuil, qu’endore
le fard entier et que flamboie
la vigne vierge au sperme odore.

Éclairée de glace, pointue
là, d’obscène buisson du corps,
cette guirlande qui conflue

entourante voit en effort :
— le Soleil innocent déduit
la corbeille dure des fruits.



tiré de ARTIFICIEL,
paru en 1908, dans les Bandeaux d’or,
puis édité en 1909.
En page de titre, trois épigraphes
tirés de Mallarmé, de Huysmans et... du Comte de Lautréamont (!).

Jouve ordonna très vite la destruction de ce recueil.

Post-scriptum : Note rédigée en préparant le Jouve de chez Seghers et en lisant le tome I de l'Œuvre complète, édition établie par Jean Starobinski, au Mercure de France, 1987.

samedi, 25 novembre 2006

"Cœurs", ô nostalgie !

Pour sortir du silence, je suis allé voir "Cœurs" : j'oscille entre l'admiration pour l'homme qui filme, les femmes et les hommes qui jouent et la minceur psychologique, quoique juste, du propos.
Bon ! Nous sommes renvoyés, avec finesse, à nos banales errances sentimentales et quotidiennes, enrobées d'un sourire nostalgique.
Les visages et les architectures - restreintes à des appartements fort divers - sont là, dans des champs/contre-champs et des travellings d'une insistante douceur.

Mais où la passion douloureuse d'Hiroshima mon amour ?
Où le baroque flamboyant et austère — un oxymore ? — de l'Année dernière à Marienbad ?

Alan Ayckbourn fournit peut-être un scénario qui permet de rassembler "la "famille" ; mais Duras et Robe-Grillet proposaient d'autres regards sur d'autres chairs.

N'empêche, Alain RESNAIS est un sacré beau grand vieillard du cinéma !

vendredi, 24 novembre 2006

le silence

10:00 Publié dans Les nocturnes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : SA

jeudi, 23 novembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXX

Au XVIIe Siècle


1667. — PIRATES BISCAYENS.

En 1667, le commerce nantais portait plainte à Colbert contre les pirateries des Biscayens qui troublaient la navigation à l'embouchure de la Loire, et s'étaient emparés de plusieurs navires de Nantes (1).

1668. — CONSTRUCTION DE NAVIRES.

On lit dans un procès-verbal du 11 juin 1668 : « Nous, Maires et Échevins de la ville de Nantes, savoir faisons qu'estant en notre Bureau en la Maison commune, Nobles Personnes Estienne Grilleau, soubz-maire dudit Nantes et André Boussineau, sieur de la Pâtissière, marchans à la Fosse de Nantes, traffiquans à la mer, nous auroient remontré avoir faict bastir et construire de neuf en l'Isle d'Indrette sur la rivière dudit Nantes, deux navires ;.... un grand navire nommé le Saint-Estienne, de 400 tonneaux, mesurant 82 pieds de quille portant sur terre, 27 pieds de baux, 16 pieds de varangue droite, 11 pieds sous son premier pont, et 5 pieds de hauteur entre les deux ponts, mis à l'eau en notre présence ; et l'autre, plus petit d'environ 100 tonneaux, qui doit être nommé le Français » (2).

1669. — CONSTRUCTION DE NAVIRES

Le 1er avril 1669, Gatien Lefeuvre, marchand d'Orléans, fit construire quatre navires de 106, 100, 75 et 50 tonneaux, aux chantiers de la Fosse, situés : « proche la maison de santé dudit Nantes », c'est-à-dire près du Sanitat (3).
Les chantiers de constructions navales, transférés en 1583 du Port-au-Vin sur la grève de l'Ile-Gloriette étaient en effet devenus insuffisants, et avaient été reportés près du Sanitat, à l'embouchure de la rivière de la Chézine.
Ils ne quittèrent définitivement cet emplacement qu'en 1780 pour être transférés à la Piperie, en Chantenay.


1670.
— LE PORT DE NANTES EN 1670.

Savinien d'Alquié, dans son ouvrage : « Les Délices de la France, où il est traité de l’estat présent de ce royaume, de son gouvernement, de ses officiers et de sa politique ; ensemble les raretez de ses provinces et tout ce qu'il y a déplus curieux dans chacune de ses villes », disait de Nantes : « Cette ville est considérable pour plusieurs choses ; 1° en ce qu'elle est riche et marchande ; car il y a des marchands qui trafiquent par tout le monde ; 2° et parce qu'elle a des églises superbes et des maisons magnifiques ; des habitants assez sociables, fins, agissants et attachés à leurs profits, mais un peu trop adonnés au vin » (4).

_________________________________________________________________________________________________

(1) GUÉPIN, Histoire de Nantes, p. 325.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Les Chantiers de la Loire et la Fosse du Port de Nantes, p. 179.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Les Chantiers de la Loire et la Fosse du Port de Nantes, p. 179.
(4) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 166.

mardi, 21 novembre 2006

retour à Artaud

La glane matinale qu'une amie qui m'est plus que très chère m'envoie par courriel ce jour :

On peut commencer à tirer une idée de la culture, une idée qui est d'abord une protestation. Protestation contre le rétrécissement insensé que l'on impose à l'idée de culture en la réduisant à une sorte d'inconcevable Panthéon ; ce qui donne une idolâtrie de la culture, comme les religions idolâtres mettent des dieux dans leur Panthéon.
Protestation contre l'idée séparée que l'on se fait de la culture, comme si il y avait la culture d'un côté et la vie de l'autre ; et comme si la vraie culture n'était pas un moyen raffiné de comprendre et d'exercer la vie.
Antonin Artaud
Le théâtre et son double


Le dernier paragraphe a longtemps été une sentence que je m'emportais, dactylographiée dans mes dossiers, glissée dans un transparent entre des coupures de presse et un polycope.
Montaigne, lui, les faisait graver sur les poutres de sa "librairie".

Mais à propos, pourquoi doit-on payer 7 € pour voir une exposition sur Artaud à la BNF ?

Toujours feuilletant Jouve, pour préparer ma note sur le "Seghers", dans "En miroir, journal sans date" :
Des bandes se partagent aujourd'hui le commerce de la littérature. Elles pactisent entre elles, car elles sont engagées dans une opération unique contre la qualité. Leur solidarité s'exerce en vue de conquérir une définition, et une place, dans le cadre de la répétition. Leur littérature est chargée de faire dériver l'angoisse moderne, parvenue à un degré insupportable ; la platitude ou l'indécence du talent ne saurait être assez grandes, pour endormir ici, et aggraver là les douleurs de la répétition.
Comment les hommes de telle fabrication salueraient-ils la Poésie, dont le mouvement est libre, péremptoire et insolite ?


Ailleurs, vers la fin, très brièvement.

lâche-moi la main
dans l'enfer noir et blanc

mais l'incandescence bascule
le noir
le blanc

lundi, 20 novembre 2006

feuilletant Jouve au Sahel

En juillet 1995, lors d’un séjour à Baalu, j’avais accepté d’accompagner une dizaine de jeunes adultes à condition de n’être, pour elles et eux que le “mur” sur lequel ils pourraient venir “s’adosser” s’ils en éprouvaient le besoin.

Pour vivre quelque solitude, souhaitant échapper à l’amicale mais pressante présence des ami(e)s Soninké, je demandais à l’imam, de me retirer chaque après-midi dans l’ombre fraîche de la mosquée.

Je n’avais pour ce bref séjour emporté qu’un seul bouquin, un “poche” facile à glisser dans la poche du saroual.
Comme un contrepoint extrême !
Lors de mes voyages, j’ai toujours tenté de ménager de brefs moments de lecture comme gestes de rupture.
Gestes en contre pour ne point me laisser glisser dans les saveurs exotiques.
C’était le dernier Poésie/Gallimard sur Jouve qui venait d’être édité : Dans les années profondes - Matière céleste - Proses.

La mosquée de Baalu est au cœur du village, son enceinte est plantée d'un épais rideau de neems, espèce d'accacia à l'ombre dense et fraîche. On y entre pieds nus.
Je m’asseyais en tailleur dans le recueillement et la fraîcheur de ce lieu meublé des seuls tapis qui couvrent toute la surface du sol.
Seuls, le martèlement des pilons, le rire des enfants du village me parvenaient assourdis.


JE TE DIS MALGRÉ MOI naviguons sur les fleuves
Superbe beauté noire
Du souvenir et des premières beautés géantes
Quand tu marchais sur les contrées pleines d’amour
D’un pied de soie, la chevelure tremblante
Avec le cambrement de ton corps renflé
Tes robes de secret, les cris de mon enfance.
Matière Céleste.

samedi, 18 novembre 2006

simple à lire

Une note sur un bon bouquin paisible qui nous entretient du lire et de l'écrire, en nous conseillant de nous tenir dans les écarts — c'est un mot que j'affectionne beaucoup ces jours — écarts des médias, des panthéons, des pilons, des éditions, des critiques.
Sur le rayon de mon libraire, j'ai fait erreur sur le prénom ; j'avais lu "Michel Picard" ( Lire le temps, très bon livre sur la lecture).
C'est Georges Picard qu'il me fallait lire et c'est Tout le monde devrait écrire, José Corti éditeur.
Ça n'offre point de solution à celles et ceux qui éprouvent de la peine pour la "chose", mais c'est très apaisant pour celles et ceux qui écrivent sans se vouloir "écrivain(e).

Écrire pour penser plutôt que penser pour écrire... Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr qu'on écrive suffisamment. Tout le monde devrait écrire pour soi dans la concentration et la solitude.

À la page 96, il reprend, lui aussi, cette idée de Barthes qui me sert de pavillon* depuis presque quarante ans sur « l'utopie des textes écrits... qui circuleraient en dehors de toute instance mercantile. »

Il va de soi que le terme écrivain ne désigne pas ici une fonction sociale, de toute façon acquise dès la première publication, mais une passion, un destin. La création, faut-il insister ne se confond pas avec la production.

Ce qui nous ramène à nos commentaires de la semaine dernière sur littérature et blogue ; ce qui me renvoie à mon intérêt pour Fernando Pessoa et à sa malle de manuscrits.

Écrivant(e)s** de tous les pays, ne soyons point si mécontents de notre état !


* Pavillon : Pièce d'étoffe, généralement de forme quadrangulaire, que l'on hisse sur un navire pour indiquer sa nationalité, la compagnie à laquelle il appartient, ou pour communiquer un signal, une information (sanitaire, demande de secours, grade de commandement, etc.).
** Je n'oublie pas mon "login" grapheus tis qui, au pluriel, quelque soit le genre, se décline grapheis tivès.

jeudi, 16 novembre 2006

Chroniques portuaires de Nantes XXIX


Au XVIIe Siècle


1663. — PROJET DE CANAL MARITIME.

On voit dans une lettre du 5 mai 1663, adressée par Louis XIV au Maréchal de la Meilleraye, Gouverneur de Bretagne, que les Hollandais proposaient dès cette époque la construction d'un canal maritime pour faire « monter à Nantes des vaisseaux de tout port chargés ». Ils demandaient, pour subvenir aux
dépenses, le droit de percevoir une taxe de 10 sols par tonneau (1).
Cette lettre était une réponse à une requête présentée par les commerçants de la ville, le 28 avril, et soumettant au Roi un projet de « nettoiement du fleuve », de Paimbœuf à Nantes, pour permettre aux navires de 4 à 500 tonneaux de remonter la Loire (2).
Ces deux projets demeurèrent d'ailleurs lettre morte,

1664. — LA COMPAGNIE DES INDES ORIENTALES.

Le 20 mai 1664, le Bureau de Ville donnait communication d'une lettre de Colbert, datée du 20 mars, et adressée au Maire et aux Échevins de Nantes, Elle annonçait la création de la Compagnie des Indes Orientales ou du Levant, et incitait les commerçants et armateurs à s'y intéresser. Cette lettre étant demeurée sans effet, le Roi, à la date du 13 juin, puis les Syndics de cette Compagnie, écrivirent de nouveau au Maire dans le même but. Enfin une deuxième lettre du Roi, en date du 26 août, enregistrée à Nantes le 14 septembre, fut imprimée et affichée dans tous les quartiers de la ville. Peu à peu, les commerçants et armateurs, alléchés par les privilèges dont jouissait la nouvelle Compagnie souscrirent des actions, et le 23 novembre, les actionnaires nantais commencèrent à se réunir, et élirent un Syndic pour gérer les affaires de leur Société (3).

1665. — CHAMBRE DE DIRECTION COMMERCIALE.

Les commerçants nantais intéressés dans la Compagnie des Indes Orientales devenant de plus en plus nombreux, députèrent, le 19 janvier 1665, le sieur la Haultière Ramée à l’assemblée générale de Paris, pour solliciter à Nantes une Chambre de Direction Commerciale en rapport avec la Compagnie.
Ils alléguaient entre autres raisons, les avantages que Nantes possédait pour « le bastiment des vaisseaux, armement, cargaisons, vente et transport de marchandises ».
Cette Chambre de Direction leur fut accordée par Colbert, et contribua encore à la prospérité commerciale du port (4).

_________________________________________________________

(1) Saint-Nazaire, son Port, son Commerce, p. 9.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 377.
(3) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, pp. 386-8.
(4) HUET, Recherches Économiques, p. 188.


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Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
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mardi, 14 novembre 2006

épitrochasme*

La guerre le vin le tabac les femmes
Le plaisir les hommes la guerre l'argent
Les femmes le plaisir les hommes les perles
Les affaires l'or le vin
le soleil discordant


De Pierre Jean Jouve, dans Noces.


Il y a des soirs de lassitude où seule la lecture brève d'un(e) épitrochasme livre quelque bonheur de penser.

* Accumuler des idées fortes sous une forme concise.

dimanche, 12 novembre 2006

valse et hésitation

Pour un temps, mais un temps seulement, comme me l'intiment amicalement F et Berlol, refermer le dossier de la Lecture Ouvrière.
Revenir aux Poètes d'Aujourd'hui de chez Seghers et à cette fameuse livraison de mars 1961, à Rhardous, piton solitaire dressé entre Djebel Bou-Maad et Forêt-Affaïne, dans l'Ouest algérien.
Rilke, Jouve, Pessoa, Reverdy ! À l'époque, Rilke mis à part, ils sont rares, confidentiels. Le jeune autodidacte n'en est guère impressionné, il s'est lancé avec appétit dans la quête.
Aujourd'hui, le lecteur qui avance en âge éprouve une plus grande humilité devant ces géants.

Je sors, au lendemain du colloque Lecture/Monde du travail, d'une belle fin de semaine sur les Rencontres Littéraires Portugaises, à l'Espace LU, là où Quignard n'est point venu. Les poètes portugais présents, Nuno JÚDICE entre autres, ont évoqué l'ombre immense — les ombres, devrais-je écrire, celles des soixante-douze (?) hétéronymes - de Pessoa. En 1960, l'édition française ne croulait point sous l'avalanche de titres. L'auteur de l'essai, Armand Guibert, était un pionnier.
Aujourd'hui, Bourgois, La Différence, Corti, Rivages alimentent le lecteur — pourtant, ce serait bien, des œuvres complètes dans des collections comme "Bouquins" ou "Quarto".

Mais, il y a Pierre Jean Jouve et ces jours si sombres de novembre qui s'annoncent, chaque année, depuis quarante-deux années, cette proximité de la mort que Jouve m'a tant aidé, non à apprivoiser, non à oublier, mais à côtoyer le plus sereinement dans cette "lumière de cendres" qui peut être acceptable pour un modeste vivant.
Pessoa ? Jouve ? Pessoa ? Jouve ?
Ce sera sans doute Jouve.

Mais parce qu'il faut survivre et dès ce soir, de Nuno Judice, l'homme de "la lumière de cendres" dans Simulation de la mort :

...Alors allonge-moi près de toi, endors-moi ;
et donne-moi l'étonnement de ceux qui ont osé ta nudité.

traduit par Michel Chandeigne

samedi, 11 novembre 2006

"la vie enseigne, le livre précise"

L'horizon est gris, pour les bibliothèques d'entreprise.
À Saint-Nazaire, lors du colloque sur Lecture et Monde du travail, hier, nous avons beaucoup parlé de délocalisation, de sous-traitance, de précarité de l'emploi, d'intérimaires, de "boites" qui ferment. Et une "boite" qui ferme, c'est une bibliothèque qui disparaît ! Certes le développement des bibliothèques de lecture publiques enfle. Mais, mais ...!
Mais tes sept ou huit heures de boulot dans les bras ne t'encouragent guère à pousser une porte qui va d'ailleurs bientôt se fermer. D'ailleurs pour un lieu où prendre la parole dans l'espoir d' échanger est loin d'être encore un acte "légitime".
Je ne suis intervenu que dans la dernière heure, quand déjà les horaires des trains font les rangées de chaises vides. J'ai parlé des utopies de mon métier, glanées à travers l'éducation ouvrière — Pelloutier, Martinet, mon père quand, à la maison, il nous parlait de ses apprentis des Chantiers — l'éducation populaire — Peuple & Culture, Cacérès, Dumazedier, Georges Jean — l'éducation de base — Paolo Freire, Germaine Tillion.
De la nécessaire et permanente formation des lectrices et des lecteurs que les carences d'une école républicaine et bourgeoise n'ont fait qu'alphabétiser. Ce qui ne vous mène pas encore dans une proximité suffisante avec la maîtrise des écrits et l'émancipation intellectuelle.
J'y suis allé, avec ferveur, en guise d'au-revoir, de mon couplet, sur la Toile, les blogues, les sites, de cette étonnante et possible ouverture de la prise de parole quand la travailleuse et le travailleur s'estimeront enfin "légitimé(e)s" pour s'en saisir.

« ... les mots seuls ne construisent pas, il faut des outils, — et des humains farouchement décidés à s'en servir !

Marcel Hasfeld.

jeudi, 09 novembre 2006

Chroniques portuaires de Nantes XXVIII

Au XVIIe Siècle



1654.
— DÉPART D'UN NAVIRE DE LA “COMPAGNIE DE TERRE FERME DE L’AMÉRIQUE”.

Attirée par le bon renom des chantiers de constructions nantais, la Compagnie de Terre ferme de l'Amérique, ou France équinoxiale, avait décidé d'y faire construire ses navires. Le 2 février 1654, la population de la ville se portait en foule à la Fosse pour assister au départ du premier de ces navires, armé de cinq canons, et monté d'environ trois cents hommes, sans compter un grand nombre de femmes et dix administrateurs de la Compagnie qui se disposaient à se fixer dans la France équinoxiale (1).
Les archives de la Chambre de Commerce possèdent un « Exposé du dessein de la Compagnie formée pour la terre ferme de l'Amérique ou France équinoxiale » daté de 1654 et attribué à l'abbé de Marivaux (2).

1660.
— DÉFENSE D’EMBARQUER LES CATHOLIQUES À DESTINATION DES PAYS PROTESTANTS.

L'armateur Henri Barclai, de nationalité anglaise, accomplissant régulièrement la traversée de Nantes au Canada, embarquait sans distinction sur son navire le Dauphin des émigrants catholiques et protestants. Le Bureau de Ville, craignant que les catholiques ainsi transportés en pays hérétiques n'y perdent leur foi, fit défense à Barclai de les embarquer, et délégua le sieur Martin Nicollon pour se rendre à bord du Dauphin, en rade de Bourgneuf, et s'assurer de l'exécution de ses ordres. Le 17 juin 1660, Martin Nicollon adressait au Bureau de Ville un rapport par lequel il affirmait, qu'après une visite minutieuse, il n'avait trouvé aucun catholique à bord du Dauphin, et qu'il en avait en conséquence autorisé le départ (3),

1662. — MESURE CONTRE LES NAVIRES CHARGÉS DE BLÉ.

Nantes était alors cruellement éprouvée par la famine ; et les souffrances des habitants étaient d'autant plus vives que chaque jour des navires chargés de blé remontaient la Loire à destination d'Angers ou d'Orléans. En présence de cette situation, le Bureau de Ville, assemblé le 18 avril 1662, décida de contraindre par la force ces navires à s'arrêter à Nantes, et résolut d'armer une galiote pour forcer les capitaines à faire planche à ses quais, et à n'en repartir que lorsque la Municipalité leur aurait acheté la quantité de blé suffisante pour subvenir aux besoins des habitants (4).

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(1) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. 4, p. 428.
(2) Archives de la Chambre de Commerce.
(3) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 368.
GUIMAR, Annales nantaises, p. 448.
(4) MEURET, Annales de Nantes, t. II, p. 223.


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mercredi, 08 novembre 2006

ce n'est pas grave

Quignard n'est pas venu.
Fallait-il en avoir dépit ?

L'écrivain, le lecteur sont des solitaires. Le rêve d'un contact par solitude.

Liber, XVIIe traité, tome III, p. 415, en Folio



Plus tard dans l'insomnie des nuits....

Qu'étaient-ils, ces deux humains quand ils précédaient le langage ?
Comme une participation fortuite au dialogue de ma note de dimanche entre Caroline, Berlol et FB.