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lundi, 30 octobre 2006

je n'aime guère...

Je n’aime guère ces grandes “araignées d’eau” qui font route sur la Guadeloupe. J’ai un penchant pour les monocoques, les gros et les moins gros.
Cependant la plus grande estime pour tous ces marins : les fous de vitesse et les amateurs de lenteur.
La Route du Rhum 2002 a trop vite été rangée aux profits et pertes. Cette fois, ils sont partis dans un temps de demoiselle.
Que cette météo les accompagne jusqu’aux alizés !

Je suivrai, malgré tout, parmi les “araignées d’eau”, celle de Thomas Coville, parce qu’il a dit avoir emporté à son bord, comme lecture, Saint-John Perse.
Mêler les grandes houles et les vastes versets procurent en bouche une ivresse aussi certaine que les accélérations dans les surfs.

Lecture d’Albucius, pour la rencontre du 8 novembre avec Pascal Quignard . Mais comme une déception, après Carus et les Tablettes de buis d’Apronenia Avitia,, l'ouvrage sent un peu trop le procédé d’érudit et il est loin d’avoir la minceur incisive des Tablettes et de certains des premiers Petits traités.
Je n’ose parler de ma énième tentative de lecture de l’étude qu'il propose de l’œuvre de Michel Deguy en 1975, chez Seghers. Les yeux m’en tombent. Entre Tel Quel et Critique, les proses critiques de cette décennie oscillaient entre jargon et ésotérisme structural...
J'échappe au naufrage par la vertu d'un long chapitre d’Actes que cite Quignard sur Sappho et sa “sonorité éolienne”.


Maison toujours en rénovation ; “librairie” quasi inaccessible, malgré l'échelle de meunier.
Sans doute serait-il bon d’être en mer ?
Noémie et Célia sont agitation bruissante et souriante quand, au jardin, les dahlias jouent au “dernier dahlia dans un jardin perdu” de Cadou.

jeudi, 26 octobre 2006

Chroniques portuaires de Nantes XXVII

1646. — LE PORT DE NANTES EN 1646.

La « Description de la Ville de Nantes , où l'on fait voir ses commodités et ses avantages pour le commerce, par un habitant de cette ville », datée de 1646, décrit ainsi le port de Nantes :
« ..... Le Canal de la rivière de Loire, qu'on appelle communément la Fosse, à cause peut-être d'un beau quai élevé sur le long de ce canal vers le septentrion, qui d'un côté ayant les eaux coulantes de ce fleuve, de l'autre des maisons pour la plupart superbement bâties, et s'étendant jusques à plus qu'un quart de lieue, forme le lieu le plus agréable à la vue, et des plus commode au commerce de mer qui se puisse voir...
..... II est vraisemblable que la ville de Nantes porte ce nom et le navire pour son blason, pour dénoter la première et plus ordinaire proffession de ses peuples, qui a été de naviguer et exercer le commerce de mer ; et comme dans la langue latine on emploie souvent l'adjectif nantes pour signifier un navire qui vogue sur mer, comme même le poëte Virgile l'y emploie, il est probable que ce nom de Nantes a été imposé à cette contrée du pays, pour ce que le premier et le plus ordinaire exercice de ses peuples a été de naviguer et exercer le trafic sur les eaux....
... Aussi, qui considérera la situation de la ville de Nantes avouera facilement qu'elle a des commodités non pareilles pour exercer le commerce, tant au dedans que hors du royaume. Elle est placée non loin du grand Océan qui, par un flux et reflux quotidien envoie ses eaux jusques dans les fossés de ses murs, semblant se venir offrir au service de ses habitants, et les convier à bien user de cette commodité pour la navigation..... »


Cette description de la Ville de Nantes, constitue le Chapitre X de l'Ouvrage : « Le Commerce honorable, ou Considérations politiques contenant les motifs de nécessité, d'honneur, et de profit, qui se trouvent à former des compagnies de personnes de toutes conditions pour l'entretien du négoce de mer en France. Composé par un habitant de la ville de Nantes ». (Jean Éon, en religion Mathias de Saint-Jean, carme) (1).


COMPAGNIE DE COMMERCE ET DE NAVIGATION.

Par Lettres-patentes du 30 janvier 1646, Louis XIV autorisait le Maire et les Échevins de Nantes à créer une Compagnie de Commerce extérieur et de Navigation, Dans ces mêmes Lettres, il conviait les nobles à en faire partie ; et, en effet, depuis les Lettres-patentes du même Roi datant de 1645, les nobles et gens de Robe pouvaient, sans aucunement déroger, se livrer au commerce de mer (2).



1651. — BOURSE DES MARCHANDS.

La Bourse des Marchands était terminée depuis plusieurs années déjà, et cependant les commerçants négligeaient de s'y réunir ; aussi la ville l'afferma-t-elle en 1651 à des particuliers, pour la somme de 175 livres, à la seule condition de ne pas y vendre de vin. Du jour où ils en furent privés, les commerçants sentirent toute l'utilité de la Bourse ; ils rachetèrent en conséquence le bail, et prirent, à partir de cette année, l'habitude de s'y réunir (3).

____________________________________________________________________

(1) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 166.
(2) Archives de la Chambre de Commerce de Nantes.
(3) MEURET, Annales de Nantes, t. II p. 210.

mercredi, 25 octobre 2006

sur la Kahéna

Ce qui fait défaut dans La Kahina de Gisèle Halimi*, c'est l'art de muscler les paysages et de revêtir les héros de leurs lumières, leurs ciels, leur roches, terres et sables.
Mon vieux compagnon Er Klasker fut très abrupt : « Bof ! Elle ne parle même pas des Aurès ! »
Il ne suffit point d'énumérer une toponymie, une nomenclature géologique, climatique et végétale pour écrire un "ieu".

C'est la force des chroniques de Giono, cette imprégnation des pays sur les personnages.

Il faudra donc, à cet extraordinaire mythe de la Kahéna, la venue d'un(e) "Giono" maghrébin(e) !
Kateb Yacine** s'était sans doute mis en chemin :

Cueillie ou respirée
Elle vidait sur nous
Son cœur de rose noire inhabitée
Et nous étions cloués à son orgueil candide
Tandis qu'elle s'envolait par pétale,
Neige flétrie et volcanique,
Centre modeste accumulant l'outrage,
Exposée de soi-même à toutes les rechutes
Dilapidée aux quatre vents.
...............................................................
Nous ne sommes pas de ceux
Qui adoraient la Pierre Noire.
Notre idole est cette femme sauvage.
Elle a quitté le sanctuaire,
Déchiré le rideau
Et dispersé les prêtres.


* Gisèle HALIMI, La Kahina, Plon, 2006.
** Kateb Yacine, Parce que c'est une femme, des femmes, Antoinette Fouque, 2004.

lundi, 23 octobre 2006

Layla-Al-Qadr ou la nuit du Destin

Pour saluer mes ami(e)s musulman(e)s qui, cette nuit, aiguisent leur regard pour percevoir le mince arrondi lunaire : je passai, plus de quinze ans durant, à la fois solidaire et distant, de longues veilles attentives, en leur compagnie chaleureuse. En ces temps d'imprécations, je veux témoigner de la douceur de cet Islam.

Les derniers jours du Ramadam furent passés à Yaféra ; à une certaine fébrilité dans les rues du village s'annonçait la préparation de la Korité. Mais quelle en serait la date ? La nouvelle lune était prévue, par les calculs astronomiques pour la nuit du 1er mars au 2 mars, nuit encore totalement obscure. Mais, en Islam, ce qui compte avant toute certitude scientifique, fut-elle tirée des tables astronomiques, c'est l'œil du croyant qui, le premier, verra apparaître – mais où, dans le ciel saharien ? – la première lueur du mince croissant. En Égypte ? Au Niger ? Plus au nord, dans le Maghreb ? Chez le voisin malien ?
L'écoute de tous les transistors de Yaféra est attentive.

Cette nuit-là, Gabriel, l'Archange, révéla pour la première fois à Mohamed, la parole divine. Cette nuit-là, nuit fondatrice de la foi musulmane dans tous les pays d'Islam, cette nuit-là est une longue nuit de prière : la communauté entière se rassemble dans et alentours de la mosquée. Au cœur de la nuit et jusqu'à l'aube, la psalmodie s'élève, humble et grave, plus riche que mille suppliques.

La célébration de la nuit du Destin, Layla-Al-Qadr, fut décidée par les anciens pour le 28 février. Ibrahima m'y invita. Je pris place tout au fond de la mosquée, au-delà du groupe des femmes.
Quand s'acheva la nuit, au sortir de la mosquée, beaucoup de gens vinrent m'étreindre les mains à l'africaine, la main gauche saississant l'avant-bras de la personne que l'on salue.

Le lendemain, dans la matinée, la radio sénégalaise nous apprenait que les gens de Yaféra avaient jeûné une journée de plus : la nuit du Destin étant le 27. La rupture du jeûne qui devait se fêter le soir, se fit à l'annonce même de la nouvelle, dans les rires et les plaisanteries à l'égard des anciens qui, une fois c'est excusable, n'avaient pas eu la vue très perçante.
Tard dans la nuit, tam-tam et danses : les danseuses soninkés, coiffées comme des reines, vinrent me toucher la main, façon de dédier à l'étranger la danse à venir. Au matin, c'était la Korité. Le pays entier bruissait du rire des enfants engoncés dans leurs vêtements neufs et chamarrés.


La nuit du destin à Yaféra - Février 1995

dimanche, 22 octobre 2006

« le livre, »

sur la RadioWeb de France Cul, Les chemins de la connaissance, Pascal Quignard et Michel Melot

sur cet "objet sans essence" (Quignard)

sur nous, lectrices et lecteurs : "On peut séparer les représentations des lecteurs en deux : les lecteurs vertueux et les lecteurs pervertis."(Melot).


À écouter avec nos livres tout alentour.
La voix que j’avais entendue venant du ciel
medium_2915543100.4.jpgme parle de nouveau derrière moi et dit:
« Va-t’en, prends le volume ouvert dans la main du messager debout sur la mer et sur la terre. »
Je m’en vais vers le messager. Je lui dis de me donner le petit volume.
Il me dit: « Prends et dévore ceci. Il rendra ton ventre amer,
mais dans ta bouche, il sera doux comme du miel. »
Je prends le petit volume de la main du messager et je le dévore.
Il est dans ma bouche comme du miel, doux.
Mais quand je l’ai mangé, mon ventre devient amer
.

Découvrement de Iohanân, X, 8-10
(l'Apocalypse de Jean)
traduit par Chouraqui

samedi, 21 octobre 2006

l'automne de Samain ? pourquoi pas ?

Appel téléphonique au beau milieu de l'après-midi.
Une dame de BouguenaisBouquine :
« J'essaie de me souvenir du poème d'Albert Samain sur l'Automne, mais il me manque des bribes de vers et de strophes. Vous avez bien l'Internet, vous ? »
Me voilà en quête de l'automne. Il y a des tas d'automnes sur la Toile. Et plus encore de poètes qui écrirent l'automne !

SAMAIN, le symboliste qui fréquenta les Hirsutes et les Hydropathes, évanescent, précieux, suranné — poncifs et clichés à foison — mon mauvais goût d'adolescent, mais dans l'étude tiède quand déboulaient, le soir, les premières dépressions d'automne, ce n'était pas si mal.
Des traces de rêves ! Et des rêves qui se sont réalisés en chairs, en terres, en mers, en ciels ! En d'autres mots.
Décidément, je ne renie rien de ces langueurs adolescentes.


Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

L'Automne qui descend les collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre coeur ;
Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul, le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

Suscitant des pensers d'immortelle et de buis,
La cloche sonne, grave, au coeur de la paroisse ;
Et la lumière, avec un long frisson d'angoisse,
Ecoute au fond du ciel venir des longues nuits...

Les longues nuits demain remplaceront, lugubres,
Les limpides matins, les matins frais et fous,
Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux
Et de voix sonnant clair dans les brises salubres.

Qu'importe, la maison, sans se plaindre de toi,
T'accueille avec son lierre et ses nids d'hirondelle,
Et, fêtant le retour du prodigue près d'elle,
Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit.

Lorsque la vie éclate et ruisselle et flamboie,
Ivre du vin trop fort de la terre, et laissant
Pendre ses cheveux lourds sur la coupe du sang,
L'âme impure est pareille à la fille de joie.

Mais les corbeaux au ciel s'assemblent par milliers,
Et déjà, reniant sa folie orageuse,
L'âme pousse un soupir joyeux de voyageuse
Qui retrouve, en rentrant, ses meubles familiers.

L'étendard de l'été pend noirci sur sa hampe.
Remonte dans ta chambre, accroche ton manteau ;
Et que ton rêve, ainsi qu'une rose dans l'eau,
S'entr'ouvre au doux soleil intime de la lampe.

Dans l'horloge pensive, au timbre avertisseur,
Mystérieusement bat le coeur du Silence.
La Solitude au seuil étend sa vigilance,
Et baise, en se penchant, ton front comme une soeur.

C'est le refuge élu, c'est la bonne demeure,
La cellule aux murs chauds, l'âtre au subtil loisir,
Où s'élabore, ainsi qu'un très rare élixir,
L'essence fine de la vie intérieure.

Là, tu peux déposer le masque et les fardeaux,
Loin de la foule et libre, enfin, des simagrées,
Afin que le parfum des choses préférées
Flotte, seul, pour ton coeur dans les plis des rideaux.

C'est la bonne saison, entre toutes féconde,
D'adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon,
Et de descendre en toi jusqu'au divin frisson
De te découvrir jeune et vierge comme un monde !

Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ;
Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles,
Et, nu, penché sur l'eau des heures immobiles,
Se mire au pur cristal de son propre miroir :

Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues,
Des départs de vaisseaux haut voilés dans l'air vif,
L'âpre suc d'un baiser sensuel et pensif,
Et des soleils couchants sur des eaux inconnues...

Magny-les-Hameaux, octobre 1894

vendredi, 20 octobre 2006

à propos de "La Frontière"

Avant-hier soir, au Lieu Unique, à propos de La Frontière, au cours d’un très clair exposé de Laurent Demanze, professeur de littérature contemporaine au collège Bayard de de Denain, il fut beaucoup question de la discontinuité du temps — mais déjà le Nouveau Roman, il y a cinquante ans ! —, des aspérités que Quignard insère dans son apparent classicisme, de son érudition — qui tant me fascine, c’est peut-être par sa faute si j’ai repris le Grec ancien — de son érudition, donc, qui autorise le retour de l’archaïque et du sordide dans une dialectique de la beauté et de l’avilissement.

Bref, la soirée fut plaisante, instructive et pour moi d’autant plus gratifiante que Laurent Demanze a rapproché en conclusion les deux moments de voyeurisme involontare que j’évoquais dans ma note du 2 octobre : celle qui urine - la scène du Roi du bois, de Pierre Michon — et celle qui excrète, dans La Frontière.

Un question demeure : la vision des azulejos du palais de la Fronteira sont-ils la cause de la fiction écrite par Quignard ? ou un drame bien réel fut-il illustré par les céramistes lusitaniens ?
J’aurais souhaité que soit abordé plus profondément — il ne fut que nommé — le fait éditorial qui lèverait sans doute le voile : l’édition originale de l’œuvre fut publiée par les Éditions Quetzal dans une traduction portugaise, “à Lisbonne au cours d’une grande fête donnée au Palais par la marquise et le marquis de la Fronteira, Mafalda et Fernando de Mascarenhas, le 19 mai 1992”.
Le bouquin parut en France un mois plus tard, en juin, publié par Chandeigne.
Alors simple mais brillante flagornerie d’écrivain, creusement de déchirures intimes, balançoire d’esthète entre images/texte ou texte/images ?

Serait, sans doute intéressant de questionner Quignard à ce sujet.
Mais qu’y gagnerait l’imaginaire du lecteur ?

Un dernier aphorisme du jeune professeur, qui commence de m’éclairer sur la notion du “post-moderne” :

À l’aède succède le scoliaste.


Depuis plus d’une semaine je me m’ébats — me débats — dans les concepts d’impureté, de réalisme lyrique, de spectralité, de minimalisme... (peinant sur un petit livre Le roman français aujourd'hui - transformations, perceptions, mythologies, chez Prétexte éditeur)

Le lecteur creuse ses venelles dans l’obscurité critique, avec son bon goût et, tout autant, ses mauvais goûts ; il y reconnaît parfois des traces anciennes qui resurgissent en bribes, en éclats, dans ces écrits nouveaux.
Les jeunes universitaires ont quelque brillance dans leur parler nouveau ; ça me ramène curieusement — avec un intérêt empreint de doute mais certain — à mes premières lectures du père Barthes ou du bonhomme Éco ; je n’y comprenais que dalle, mais “ça” finirait bien par se clarifier un jour...

Allons ! Aborder le “Jadis”, c’est manière de “poser un regard dessillé” sur le présent.

jeudi, 19 octobre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXVI

Au XVIIe Siècle


1637. — RÉCOMPENSE À DEUX CAPITAINES

Le Bureau de Ville fit présent, en 1637, de cent livres de poudre à canon aux capitaines Lefauche et Berthelot, du Pouliguen, qui avaient arrêté plusieurs des pirates espagnols croisant à l'embouchure de la Loire ; et les exhortait à continuer de courir sus à ces écumeurs de mer (1),

1641. — CONSTRUCTION DE LA PREMIÈRE BOURSE DES MARCHANDS.

Le 9 juin 1641, le Bureau de Ville décidait la construction d'une Bourse où les marchands pourraient se réunir. L'adjudication en fut faite le 24 juillet, au sieur Élie Brosset, pour la somme de 8.300 livres (2).
Cette première Bourse des Marchands était située dans la rue de la Fosse, et près le passage du Commerce ; on en voit encore quelques restes dans une cour.

1644. — LE PORT DE NANTES EN 1644.

Louis Coulon décrit ainsi Nantes dans son ouvrage :
« Rivières de France ou Description Géographique et Historique du cours et débordement des fleuves, rivières, fontaines, lacs et estangs qui arrosent les provinces de France. Première partie, comprenant celles qui se jettent dans la mer Océane » :
« Nantes est une ville forte de grand trafic, à cause de la commodité de son port sur la rivière du Loire, où la mer reflue jusques à ses murailles » (3).


1645. — LE COMMERCE DES HUILES DE BALEINE.

Nantes recevait à cette époque de grandes quantités d'huile de baleine ; et ce commerce donna lieu en 1645 à une contestation entre les commerçants de la ville et un sieur Rouxeau, directeur d'une Compagnie du Nord, se disant privilégiée pour la vente des huiles de baleine, de chien de mer, lard et fanons, etc..,..
Rouxeau, en vertu de ce soi-disant privilège, avait prétendu mettre l'embargo sur les cargaisons d'huiles d'un navire espagnol et d'un navire de Hambourg ; et cette prétention avait suscité une plainte des commerçants de la ville.
Le Parlement défendit à Rouxeau de plaider et aux commerçants de se défendre, de sorte que tout demeura comme précédemment (4).
________________________________________________________

(1) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I p. 392.
(2) GUÉPIN, Histoire de Nantes, p. 315.
(3) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 153.
(4) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I. p. 392.

mardi, 17 octobre 2006

un massacre

De la "librairie" à la salle de séjour, le petit Mac, la livebox et quelques bouquins ont réussi leur migration.

Mais ce soir, je souhaiterais une note quasi silencieuse, parce qu'il y a quarante-cinq ans, le 17 octobre 1961, un certain Papon, préfet de police, donne carte blanche aux forces de l'ordre pour la plus odieuse "ratonnade" de France.

Ce soir-là, je suis à Alger dans l'amour fou avec ma Belle du Zaccar parmi les explosions de l'OAS, les contrôles militaires, le couvre-feu, les rafales soudaines au coin des rues, mon entrée, par elle, dans une semi-clandestinité et les mares de sang sur les trottoirs.
Nous ignorons tout de cette immonde soirée parisienne.

Là où nous sommes, Elle et moi, c'est l'atroce depuis sept ans — pour elle, surtout — et nous vivons dans l'insouciance de l'amour et de l'espoir !

lundi, 16 octobre 2006

interruption plus ou moins longue

L'accès à la "librairie" est compromis et les livres ne sont point dans le "jardin". Le petit Mac et la "livebox" descendent au rez-de-chaussée.
Petits soucis de rénovation !
Quelques silences épars.

En guise de viatique, pour les lectrices et lecteurs de ce blogue, et de merci pour leur fidélité, cet épigramme qui ornait une des "fabriques"* de la Garenne Lemot, cette villa, cœur du site de Clisson-Gétigné, notre minuscule Toscane nantaise — nous la visitions encore hier, accompagnés de Do, notre amie de la Hesse.


Conserver dans l'obscurité
Ses loisirs à l'étude, à l'amitié sa vie
Voilà les jours dignes d'envie
Être chéri vaut mieux qu'être vanté.


C'est signé Antoine Peccot, neveu de l'architecte Mathurin Crucy, qui conçut, pour son ami Lemot, la Garenne et ses "fabriques".

*Fabriques : lieux d'agrément propices aux évocations historiques, artistiques ou littéraires.
Plus de dix de ces fabriques ponctuent la promenade qu'offre le parc, en bord de Sèvre.

dimanche, 15 octobre 2006

« le moi littéraire »

Il eût fallu parler de Harkis, le téléfilm, de Indigènes, le film, du bouquin de Virginie Despentes, King Kong Théorie - cinquante minutes très claires et sans concession dans Du grain à moudre, que j'avais podcastée ; on y reviendra.
Ce matin, c'est la mort de Jacques Sternberg qui me renvoie à mes étagères encore accessibles sous leurs draps protecteurs — Univers Zéro, l'étrange, Le Navigateur, l'océan et le cul, Sophie, la mer et la nuit, l'océan encore et le grand amour.
J'ai retrouvé dans une des cantines cabossées qui demeurent de mes voyages, le numéro 106 du Magazine littéraire de novembre 1975 ; il y tient — depuis combien de temps ? — une chronique : le moi littéraire, sans forfanterie, amer, peu amène.

« Je m'appelle Jacques Sternberg. ceci pourrait s'appeler un petit bilan... qui prouvera à certains qu'il est encore plus difficile de réussir en littérature que dans la conserve, le nautisme et la politique.
..............................................
Dans le patelin où je me suis perdu, anonyme, on m'aime bien. Parce que j'aime la mer par tous les temps et que je sais comment tenir mon bateau. On me considére comme un professionnel de la voile. Mais ce n'est pas vrai : je ne suis qu'un professionnel de l'écriture. C'est là où le mât blesse.
»


Ce n°106 était sur Saint-John Perse, autre homme d'océan. Une proximité fortuite et totalement "décalée" !
La gravité un tantinet pompeuse et solennelle de l'un, l'humour noir et aicde de l'autre. Et pourtant, chez l'un et l'autre, il s'agit bien du même océan.

Il avait un tel souci de ne pas causer de dérangement qu'il referma la fenêtre derrière lui, après s'être jeté dans le vide du haut du sixième étage.

La timidité,
Univers Zéro et autres nouvelles
chez Éric Losfeld, Paris 1970

jeudi, 12 octobre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXV

Au XVIIe Siècle


1628. — VAISSEAUX DE GUERRE NANTAIS.

Nantes dut fournir douze beaux vaisseaux de guerre pour renforcer la flotte royale attaquant la Rochelle, Ils y arrivèrent le 9 mars et prirent ce jour leur poste de combat. Elle devait en envoyer huit autres dans la suite, mais ils ne purent partir, faute d'argent pour les armer (1).
Les navires de guerre de cette époque étaient extrêmement riches, et leur château-arrière, très élevé, était orné à profusion de sculptures et de dorures. Ils étaient armés de deux ou trois rangées de bouches à feu, sans compter les pièces placées sur le pont.

1634.
— RÉCLAMATION DES CAPITAINES FRÉQUENTANT LA LOIRE.

À la date de 1634, nous trouvons une longue réclamation des capitaines fréquentant la Loire, exposant que la navigation devenait impossible. À chaque instant, disaient-ils, des pirates les arrêtaient et les rançonnaient ; puis les agents des seigneurs riverains leur réclamaient des taxes qu'ils ne devaient point, ou majoraient le montant de celles qu'ils avaient coutume de payer ; d'autre part, par suite du manque de surveillance, un grand nombre de navires délestaient dans le canal et l'obstruaient rapidement.
Le Syndic des Bourgeois se joignit à eux pour demander la suppression de ces abus ; et cette longue supplique, écrite en latin, mais avec les délits dénoncés indiqués en français, fut envoyée au Roi (2).

1636. — L’ÉVÈQUE DE NANTES À LA TÊTE D’UNE FLOTTE.

En août 1636, une flotte de douze vaisseaux et une galère, sous les ordres de Monseigneur de Beauveau, évêque de Nantes, rejoignait près des îles Lérins la flotte française, composée des escadres de Bretagne, Guyenne et Normandie réunies, en croisière contre la flotte espagnole. L'évêque de Nantes n'était d'ailleurs nullement déplacé à la tête de sa flotte de renfort, car son chef hiérarchique, l'amiral d'Escourbleau du Sourdis, chef du Conseil du Roi en l'armée navale, était de son côté archevêque de Bordeaux (3).

________________________________________________________________________

(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 273.
(2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I, p. 388.
(3) 0. TROUDE, Batailles navales de la France, t. I, pp. 88-90.
L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t. III, p. 8.
Henri d'Escourbleau du Sourdis (1593-1645) remplaça son frère François, cardinal, à l'archevéché de Bordeaux, en 1629. Il prit part néanmoins à toutes les opérations militaires du règne de Louis XIII ; il fut même poursuivi à Rome pour avoir porté les armes, et dut se retirer à Avignon. Après la mort de Richelieu, qui l'avait fait nommer chef du Conseil du Roi en l'armée navale, il revint à Bordeaux et se consacra exclusivement à son diocèse. Eugène Sue a publié dans son Histoire de France, son intéressante correspondance maritime. La famille d'Escourbleau du Sourdis est d'ailleurs originaire de notre région ; établie depuis le XVe siècle au château de la Borderie-Sourdis, en la Verrie (Vendée), elle vint s'établir vers la fin du XVIIe siècle au château de Landebaudière, en la paroisse de la Gaubretière (Vendée), à quelques kilomètres du Comté Nantais.

mardi, 10 octobre 2006

et AirBus Nantes disparaîtrait ?

Auront-ils donc saccagé le Cabernet, le Gamay et le Grolleau gris pour rien ?
Peu importe de célébrer deux ans de blogue ! J'ai plutôt envie de publier à nouveau cette note de l'automne dernier

jeudi, 22 septembre 2005
Grolleau gris contre Airbus

Ce n'était donc pas une rumeur.
Le monstre "Airbus" va laminer le dernier vignoble bouguenaisien. Et je n'ai entendu aucune protestation. Le domaine du Chaffault était certes un modeste vignoble. Mais son Cabernet rouge vieillissait bien ; le gosier se réjouissait d'un Gamay rosé allègre et le Grosleau gris, cet ancien "vin de maçon", qui naguère n'était donc que piquette, était devenu, par le talent de son vigneron, breuvage d'or. Et l'un des plus gouleyants de tout le Pays de Retz.

Entre les rangs de vigne, se lever et protester !

Mais contre des tonnes de métal et des emplois créés, la "dive bouteille" déjà s'est brisée.
Le futur des cépages me paraît cependant plus assuré que les ferrailles à venir.


La rumeur dit que le site de Nantes* sera fermé. Les carcasses des A350, A 380, n'auront même pas eu le temps de rouiller et les futurs chômeurs n'auront plus rien pour s'enivrer.
Que je sache, il n'y eu guère de toussotements de protestations, l'an dernier ! Des silences impudiques, oui ! Ils en sont devenus honteux.

* "Nantes" ? Pourquoi pas le site de Bouguenais, la localisation réelle ? Trop "plouc", n'est-ce pas ? On entend mal : Toulouse, Hambourg, Saint-Nazaire, Bouguenais...
Déjà, Chateau-Bougon, l'aéroport, fut débaptisé et rebaptisé Nantes-Atlantqique.
Ah la frime toponymique !

dimanche, 08 octobre 2006

si....

Si... les gravats, les carrelages, le parquet, les lambris, le nouvel escalier... si..si...l'accès à la Toile est possible sans trop de difficultés, il y aura, pour les deux ans de Grapheus tis la mise en liberté avec un site — par Spip — et un blogue — grâce à DotClear !

Ô logiciels libres !
L'accès est malaisé, mais y parvenir est un bonheur.

vendredi, 06 octobre 2006

versatilité

Quasi toute une journée pluvieuse à installer Spip sur Free...
Et cette foutue sauvegarde de la base de données qui se refuse au transfert d'un hébergeur coopératif, mais payant, à un hébergeur sans qualification, mais gratuit.

Mini incomptatibilité idéologique sur la Toile due à ma versatilité ?

DotClear est bien loin d'être, pour mes deux années de blogue, installé à la racine du site Free ? Ou Hautetfort va-t-il me foudroyer pour mes ingratitudes internautiques ?

Décidément, je verse dans la pensée magique bien éloignée de la rigueur des algorithmes !

Je ne me sors point des chantiers et des gravats ! Est-ce si déplaisant ?

Que faut-il penser de Christine de Pisan et de Virginie Despentes quasi accotées dans le Monde des Livres de ce vendredi ?

L'une :

Le vieux monsieur s'est reboutonné, est redevenu courtois et m'a félicité :
« Vous avez été délicieuse. »


L'autre :
Com turte suis sanz per toute seulette
Et com brebis sanz pastour esgarée