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vendredi, 29 septembre 2006

toujours en rogne, et plus que jamais

Ce matin, au marché, à l'étal de mon marchand de brioches — il nous revient fidèlement (!) chaque automne après nous avoir abandonné les trois mois de l'été pour les estivants de nos plages d'ouest —, abruptement, après que j'eus glissé dans mon cabas le long et appétissant pain doré : « Et vous ? Que pensez-vous du désistement de Jospin ? » — le matin déjà, une légère altercation avec Nicléane à propos de l'éventuelle candidature "royale" — je crains fort que mes amies ne succombent à des sirènes faussement féministes – je lâche ma rage sur cette démocratie d'opinion, ces sondages, ces manchettes, ces commentaires d'experts qui rongent notre civisme.

Je lui parle de Pierre Rosanvallon et de sa "CONTRE démocratie", entendu lundi matin sur France Cul. Évidemment !

J'ai perçu les mots de démocratie grecque, de surveillance, de contrôle : le fameux "CONTRÔLE OUVRIER" que j'agite depuis plus de trente ans comme nécessaire CONTRE-point à la représentation citoyenne qui ou s'étiole ou se sclérose dans la durée des mandats.... ce bon vieux CONTRÔLE OUVRIER — ouvrier, mot issu de "opera", ouvrage, labeur, travail, bien au-delà des classes sociales — mais un contrôle, à tous les échelons de nos institutions élues et administratives, par celles et ceux qui "agissent".

CONTRÔLE OUVRIER, vieille séquelle toujours remuante, héritée de nos quelques mois d'autogestion bien réelle dans les petites entreprises de Biskra, désertées par leurs patrons pieds-noirs ou métropolitains que se réappropriaient les ouvriers et employés algériens.
Rien d'un passé "d'anciens combattants", mais une idée toujours tenace et sans doute complètement dingue à mettre en œuvre.
Mais, mais...ça maintient droit face à ce verbeux qui tente, chaque matin, chaque soir, de nous engluer !

Je vous construirai une ville avec des loques, moi !

Henri Michaux
Contre, in La nuit Remue.


Comme quoi, la littérature n'est jamais très loin !

jeudi, 28 septembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXIII

1619. — FORBANS À L'EMBOUCHURE DE LA LOIRE.

Aux pirates barbaresques s'ajoutaient également un certain nombre de forbans, recrutés parmi les seigneurs sans foi ni loi ou les déserteurs. Le plus terrible d'entre eux était le sieur de la Fresnaie-Volvant, qui tenait la mer avec un grand vaisseau, et dont la retraite se trouvait aux environs de la Roche-Bernard.
Le 5 mai 1619, le Bureau de Ville fut saisi d'une plainte des Marchands à la Fosse relative à ces forbans ; mais aucune mesure ne semble avoir été prise contre eux (1).

1620. — RÉCLAMATION CONTRE LES TAXES ET PÉAGES.

La Commmunauté de Nantes, considérant que le commerce et la navigation de la Loire étaient tellement ruinés par les vexations des seigneurs riverains, que les marchands abandonnaient son port pour aller s'approvisionner à la Rochelle, décidait en 1620, de nommer un député, chargé de se réunir aux envoyés des autres villes de la Loire, pour demander la liberté et la franchise du commerce. M. Grandamy, conseiller du Roi, secrétaire et auditeur de ses comptes en Bretagne, fut chargé de cette mission (2).


1622. — GALÈRES ET GABARES DE LA VILLE.

A l'occcasion de la venue de Louis XIII à Nantes, en 1622, la Ville fit équiper et orner trois gabares pontées, portant soldats et mariniers, et dont l'une fut disposée en forme de galère. Elles furent envoyées à Ancenis au-devant du Roi qui arrivait de Tours par eau, et servirent aux seigneurs de sa suite (3).

GALÈRES ROYALES ET GALÉRIENS.

Les prisons de Nantes étaient remplies de prisonniers destinés aux galères ; et chaque jour les armées royales, alors en campagne contre les Calvinistes commandés par Soubise, en envoyaient de nouveaux.
En juillet et en septembre 1622, la Ville en fit embarquer un grand nombre sur les galères royales de la station de Nantes, ancrées en rade de Couëron sous les ordres de Philippe-Emmanuel de Gondi, Général des galères et Lieutenant général pour le Roi es mers du Levant et armée de mer. Les galères ne pouvant les contenir tous, et de nouvelles bandes arrivant fréquemment, la Municipalité peu soucieuse de payer leur nourriture, promit la liberté à tous ceux qui abandonneraient leurs erreurs protestantes. Le plus grand nombre s'empressèrent d'abjurer et furent évacués hors de la ville (4).

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(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 22S.
(2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. II, p. 364.
(3) MEURET, Annales de Nantes, t, II, p. 174.
(4) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, pp. 237, 8, 9
LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t. I, p. 287,

mardi, 26 septembre 2006

malédictions à tous vents html et php

Maudit soit Spip.
Maudite soit la base MySQL d'Ouvaton.
Je bute sur l'inactivité de ma base !
Aucune lueur !

La fin de semaine, cependant, avait été douce et humide sur la Vilaine et à la première lueur de l'aube, Sirius portant en équilibre la magnificence d'Orion était dans le suet.
Le matin d'orage orangeait la vallée et Nicléane allait chassant petits rosés et tendres cèpes sous les châtaigniers et les chênes.

Mais voilà, la base MySQL refuse de s'activer.

je suis loin, très, très loin, d'être le "bon" docteur Grapheux auquel FB et JM le Montagnard font si gentiment allusion dans leur commentaire de la note précédent.
Ça merde dur et ça dure !

vendredi, 22 septembre 2006

spip suite

Les connexions des synapses tellement rompues par les CSS, les squelettes Spip et autres, s'accumulant sur mon méchant handicap de "macintoschiste forcené" dans mes démélés avec "ouindose XP" et ces satanés "clics droits", j'en ai raté la publication des chroniques portuaires de Nantes — je sais certaines lectrices qui n'en seront point déçues.

Do, une copine du Beaulieu, notre cinéma d'Art et d'essai, m'ayant sollicité pour une lecture, lors d'un mercredi CinéMioches, Je me suis replongé (!) avec plaisir dans "Le vieil homme et la mer" ; ce doit être comme la lecture de l'ami Montaigne : il faut être parvenu à un certain âge pour savourer mieux encore le non moins vieil Hemingway.

J'échappe ainsi à la tension "spipienne" qui me laisse cependant présager pour mes petits écrits épars un bel avenir sur la Toile — si la pédagogie de l'enseignement "Informatique" est encore à inventer, j'apprécie fort l'ambiance de cette formation "universitaire (?), qu'animent de jeunes "loups" qui se meuvent dans les alentours très "libres" de Linux-Nantes !

lundi, 18 septembre 2006

je "spippe", tu "spippes,

...nous "spippons"...
Et d'autres font les vendanges.

Bien lointaines, "mes" îles, Houat, Hoëdic, sa bataille des Cardinaux et sa maison des filles perdues...
J'y reviendrai.

Ailleurs, le Vatican dérape et, dans l'imbroglio de ses citations tronquées et de ses apitoiements rétrospectifs prêterait à rire s'il n'avait révélé... quelque vérité.
Les monothéismes nous EMMERDENT !
Encore excepterais-je quelques studieux rabbins, quelques cisterciens silencieux et quelques çoufis en extase dans leur zaouia aux confins du désert.

jeudi, 14 septembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXII

Au XVIIe siècle


1616. — LE PORT DE NANTES EN 1616.

Josse Sincère (Jean Zinzerling), décrit ainsi Nantes dans son : « Itinerarium Galliœ », publié en 1616 :
« C'est une ville commerçante à cause de la commodité de son port sur la Loire, où le flux marin commence à se faire sentir. Les navires qui parcourent l'Océan montent jusque là ; mais non les grands qui sont obligés de s'arrêter à cinq ou six lieues au-dessous » (1).
Paimbœuf était en effet, à ce moment, l'avant-port de Nantes. On y voyait parfois, nous disent les chroniqueurs, plus de cent grands vaisseaux ancrés dans sa rade ; et son quai et môle étaient, si on les en croit, parmi les plus beaux du monde. Paimbœuf était d'ailleurs une simple succursale de Nantes ; les commerçants et armateurs de cette ville y possédaient des magasins et des agents ; les constructeurs de navires y avaient établi leurs cales pour les grands vaisseaux ; les navires dépassant un certain tonnage s'y armaient et s'y désarmaient, et les cargaisons qu'ils embarquaient ou qu'ils débarquaient venaient de Nantes ou s'y rendaient sur des gabares et des barges. Mais tout ce mouvement maritime se rattachait à Nantes ; la petite bourgade de Paimbœuf ne possédait par eIle-même aucune activité commerciale ; et devait retomber dans le calme et le sommeil dès que l'amélioration du fleuve permit aux Nantais de se passer de leur avant-port.

1617. — PIRATES BARBARESQUES.

Le commerce était encore peu sûr et les mers infestées de pirates. L'embouchure de la Loire, en particulier, semblait le rendez-vous de ces écumeurs de mers, attirés par les riches cargaisons entrant à Nantes. En 1617, trois navires de Nantes, armés en société par les Marchands à la Fosse, furent ainsi enlevés à leur sortie de la rivière par des pirates barbaresques ; c'étaient le Saint-Pierre, de 200 tonneaux, le Saint-Nicolas, de 50 tonneaux et la Renée, de 40 tonneaux. La perte était évaluée à 200.000 livres ; les équipages prisonniers ; et le Saint-Pierre, monté par ses capteurs, prit rang parmi les plus terribles pirates de ces régions. Ces trois prises, qui eurent lieu coup sur coup, causèrent à Nantes un émoi considérable ; et le Bureau de Ville adressa même une lettre au Roi pour le supplier de purger l'embouchure de la Loire de ces pirates. Cette réclamation demeura sans effet ; on peut supposer cependant que les équipages revinrent à Nantes, grâce aux Frères de la Merci ; association charitable dont le but était de racheter les malheureux tombés entre les mains des infidèles et des pirates (2).

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(1) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 143.
(2) S. de la NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 132-3.

lundi, 11 septembre 2006

gravats et... miroirs

Le bruit du marteau-piqueur, l’âcre poussière qui sort du vieux mur, la petite pelleteuse au fond du jardin qui ouvre une nouvelle rampe d’accès, les travées d’étagères de la “librairie” recouvertes d’autant de suaires (!) protecteurs n’engagent guère le lecteur à l’écriture.
Ma “voisine”, celle de l'autre côté du mur, me l’a souligné ce matin : « Tu n’écris pas ! Tu n’es “plus” chez toi ! »
C’est réel, ce sentiment d’expulsion quand on n’est point le faiseur de ces travaux ! Voilà ce que c’est que d’avoir trop bien intégré, jusqu’à la revendiquer parfois avec certaine fierté, la sentence familiale : “Tu ne sauras jamais rien faire de tes dix doigts “.

Je m’en vais en mer jusqu’à la fin de la semaine.
Il me faut revenir, samedi, pour suivre une formation à SPIP, cinq jours durant, sept heures par jour ! Il y a bien longtemps que la “bête” n’aura pas été astreinte à un tel programme ; c’est assuré par la Formation continue de l’Université et c’est aux Ateliers et Chantiers de la Loire.

Une formation SPIP ? On y court depuis trois ans pour la création d’un site sur notre coopération décentralisée : le rêve de faire se rencontrer à tout moment dans une agora, des forums, les citoyennes et citoyens de Ginsheim-Gustavsburg (Allemagne), de la Communauté rurale de Baalu (Sénégal), de Siria (Roumanie), de El Tuma La Dalia (Nicaragua) et ceux qui viennent nous rendre visite cette semaine pour nouer le lien, les élus d’Anapta (Palestine).

Le lecteur dans son jardin, même déstructuré, a cependant entendu hier “Une vie, une œuvre” de Florence Marguier, à propos de Maurice Scève : Prince des Poètes au cœur impénétrable.
J’aime beaucoup ces lointains Lyonnais, imprimeurs, éditeurs, poètes et poétesses ; ils nous raccordent, nous gens des solitudes humides d’ouest aux ensoleillements italiens et grecs, et nous en rapprochent depuis cinq siècles.

J’ai rouvert la Délie, Objet de plus haute vertu, effleuré quelques dizains, ces poèmes de dix vers de dix pieds qui sont un quasi parfait carré imprimé et me suis attaché aux quelques-uns qui évoquent le Miroir en tous ses états métaphoriques, à la trompeuse altérité qui ne renvoie qu’au Même : on en est blessé, on en brûle, on en meurt.
Le deux-cent trente-cinquième me parait, lui pourtant, renvoyer, non à l’avenir maléfique qui efface, mais à l’espoir d’une pérennité de l’image aimée. Scève comme rêveur de l’image numérique (le Vinci ingénieur n’est sans doute pas très loin !)



CCXXXV


Au moins toi, claire et heureuse fontaine,
Et vous, ô eaux fraîches et argentines,
Quand celle en vous, de tout vice lointaine,
Se vient laver ses deux mains ivoirines,
Ses deux Soleils, ses lèvres corallines,
De Dieu créés pour ce Monde honorer,
Devriez garder, pour plus vous décorer,
L’image d’elle en vos liqueurs profondes.
Car plus souvent je viendrais adorer
Le saint miroir de vos sacrées ondes.


Post-scriptum
:
• Réécouter (et podcaster dans quelques jours) l’émission sur France Cul, avec bibliographie et liens, très riches.
• À voir de belles images portuaires de l'ami JJ — qui se refuse toujours au moindre texte !!! —, sur Nantes et Saint-Nazaire.

jeudi, 07 septembre 2006

Chronique portuaire de Nantes XXI

XVIIe siècle


1601. — INCENDIE DE NAVIRES.

En 1601, plusieurs vaisseaux ancrés à la Fosse brûlèrent fortuitement ; et bien que le droit de bris eût été aboli dès 1127, par un concile tenu à Nantes, le seigneur prétendit néanmoins conserver les débris de ces navires au préjudice de leurs propriétaires.
Ces derniers se plaignirent à la Ville, qui appuya leur réclamation, et leur fit obtenir gain de cause (1).

1614. — NAUMACHÏE EN L'HONNEUR DE LOUIS XIII

Pendant une de leurs visites à Nantes, en 1614, le roi Louis XIII et la reine dînèrent à la Fosse et assistèrent ensuite à une somptueuse naumachie organisée en leur honneur sur la Loire. Après un simulacre de combat naval, les deux flottes se réunirent pour attaquer une redoute construite sur la rive et garnie d'arquebuses et de canons.
Pour augmenter le nombre de ses vaisseaux, la Ville avait fait venir du Croisic sept grands galions armés et équipés en guerre. Le combat terminé, le Roi, qui, au dire des chroniqueurs, avait paru y prendre beaucoup de plaisir, fit don de ces galions à l'Enseigne de ses Gardes-du-corps. C'était en effet la coutume de considérer tout ce qui servait à l'entrée du souverain dans une de ses bonnes villes et contribuait à son divertissement, comme devenant sa propriété. L'Enseigne toutefois, fort embarrassé de son cadeau, xsvoulut bien le restituer à la Ville pour la somme de 300 livres (2).

1615. — MESURES DE DÉFENSE DU PORT AU XVIIe SIÈCLE.

Dès que la Ville pouvait craindre une surprise, elle prescrivait tout un ensemble de mesures auxquelles les habitants devaient strictement obéir. Sa principale préoccupation concernait le port et la rivière, voie toujours ouverte aux ennemis qui, s'ils ne voulaient pas assaillir les remparts de l'enceinte, pouvait facilement surprendre la ville par eau à la faveur de la nuit.
Une délibération du Bureau de Ville, en date du 5 novembre 1615, légitimée par la crainte des protestants et les menées du seigneur de Soubise cantonné au Pellerin, et du duc de Vendôme à Ancenis, qui troublaient et rançonnaient le commerce, nous indique les mesures de sûreté prises en pareil cas. Toutes les portes et poternes sur la rivière étaient murées ; l'entrée des rues donnant accès aux différents ports barrée de chaînes de fer ; et les logis et barraques de planche des cales et quais enlevés. Le râteau de Sauvetour était fermé ; tous les bateaux entre Oudon et Saint-Nazaire, au moyen desquels les ennemis auraient pu traverser le fleuve et venir à Nantes, étaient amenés dans l'intérieur de la ville et cadenassés tous ensemble ; chaque soir, tous les navires, bateaux et barques du port étaient assemblés à Richebourg et à la Fosse ; parfois même des barges étaient coulées en avant de l'entrée et de la sortie du fleuve. Les habitants devaient toute la nuit éclairer les rues aboutissant au fleuve, ainsi que les berges et quais ; enfin deux galions ou escafes, montés chacun de six à huit arquebusiers, et armés de fauconneaux, étaient placés, l'un à Miséri, l'autre à Richebourg pour inspecter la rivière (3).

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(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 135.
(2) TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire Historique, t. IV, p. 137.
GUÉPIN, Histoire de Nantes, p. 307.
(3) TRAVERS, Histoire de Nantes, t, III, p. 196.
LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t. I, p. 291.

mercredi, 06 septembre 2006

en allant chez le libraire et en en (!) revenant

Hier, virée en ville... Nantes en chantier...
À l’ombre de la Cathédrale, je croise Daniel Biga, l’homme des Déambulations poétiques autour du lac de Grand’Lieu.
Beaucoup de chaleur entre nous ; nous parlons de notre été, du sien qu’il passe dans une belle harmonie des contraires entre sa montagne solaire d’Amirat et l‘humide horizontalité du marais de Grande Brière.
Je lui sais toujours gré d’être arrivé un matin de printemps avec le “Rimbaud”, grandeur nature peint par son copain Ernest-Pignon Ernest, de l’avoir déroulé sans rien dire. J’ai écrit ce matin-là ce que j’estime être un de mes plus forts textes sur l’homme Rimbaud.

Certaines sérigraphies d’Ernest Pignon sont toujours de navrante actualité. Je m’autorise le “scan” de l’une d’entre elles* tirée de “sur la page chaque jour”, livre d’entretiens entre Daniel et Jean-Luc Pouliquen.

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J’ai poursuivi mon chemin jusque chez Coiffard. J’avais différé d’une semaine l’acquistion de Tumulte et je dois préparer une intervention sur le Vieil homme et la mer en prélude à un film d’animation. Seulement, le Vieil homme et... la mer étaient introuvables sur mes étagères...
J’ai vu qu’un DVD en hommage à Nicolas Bouvier était publié autour de sa douloureuse mésaventure du Poisson-Scorpion au Shri-Lanka... Je crois bien que le passage de Théo Lésoualc’h n’y fut point de grande alacrité non plus.
J’ai reporté l’achat du DVD ; la lecture du Poisson-Scorpion est un souvenir brûlant et j’ai vécu — mais lors d’une période beaucoup plus brève — une mésaventure sanitaire qui se rapproche de l’expérience de Bouvier ; ce fut ma “liquéfaction de Yaféra”. Je souhaite encore demeurer dans la tension de ma lecture première.

Aussitôt le Tumulte acquis, je me suis empressé d’ôter le bandeau** (jaquette.., bande..., liseuse, d’un bleu outré qui renvoie peut-être à certains délires urbains de François, mais qui, pour moi, nuit à la superbe et blanche austérité de cette première de couverture.
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Le lecteur va être confronté à sa double lecture et déjà apparaissent les failles d’une lecture d’écran qui échappe difficilement à la démarche sélective et aux défaillances de la mémorisation.
J’ai avalé goulûment la séquence 110, Portrait de moi en perdu — page 230, quasi au cœur du Tumulte — quand l’auteur décide de l’avenir de son labeur. Et aussi la 139, Souvenirs de Jean Audeau qui me ramène à mon tout premier texte lu de Bon, Sacré Bon Rabelais, un titre en clin d’œil.
Deux-cent vingt quatre séquences en piquant au hasard intéressé des quatre index proposés. Tumulte va demeurer de longs jours sur la table...pour une lecture intégrale mais errante !

Ah ! Si ! La Basse Bouguinière est aussi en chantier... On anticipe sur des handicaps lointains. L'accès à la librairie ne se fait que de nuit avec une très longue rallonge électrique. Quelques publications chaotiques à en attendre !

* Les expulsés
** Gérard Genette, Seuils, coll. Poétique, Seuil, 1987 : les pages 30 à 32, savoureux commentaires des “éléments amovibles” d’une première de couverture.

lundi, 04 septembre 2006

propos de "rentrée"

Dix ans que la "rentrée" n'est plus un événement... Jouissance paresseuse du rien à faire, à devoir, Libre de toute contrainte, de toute occupation, de toute obligation "sociétale" !
Quoiqu'il y ait toujours quelque vigilance pour la première matinée de Noémie au CM2 et de Célia au CE1...

Cette nuit, vers 2 h 30, une rediffusion de Répliques de juin 2005 à propos de la culture lycéenne et de la Culture — il y fut bien parlé de L'esquive, le film ; j'ai apprécié le nœud du problème ficelé par Finkielkraut : « Sciences humaines >< Humanités !
Une confrontation identique, un peu de côté cependant, à celle qui a noué mes quarante ans de "métier" : culture lettrée/culture populaire, culture bourgeoise/culture ouvrière.
Qui se tord encore dans mon penser.
Et la culture de masse qui insinue ses facilités mercantiles dans tous les chenaux et sur tous les supports.
Et la Toile ? Et l'utopie de ses pionniers ? (relire quelques écrans du Tiers Livre)

Décidément, on n'échappe point à la "rentrée" !

samedi, 02 septembre 2006

lire Théo Lésoualc'h

En lisant la Vie vite

Libéré ou pas. Va savoir ! J'ai toujours cru,
moi, que je venais de me libérer de quelque chose...
De libération en libération ! Et chaque fois ça
recommençait en mieux ! Libéré de voyager. Tiens !
Ça fait plus de dix ans que je traîne et aujourd'hui
j'en suis encore à me demander si je ne passerai pas par le Mexique,
les îles du Pacifique.
Je repense à la Turquie, les rues du vieux Stamboul, à Ceylan, aux Indes
(comme ils disent), à la Suède, au Maroc.
Libéré, je t'en fous. Jamais peut-être !

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Voyager, c'est ça aussi... rencontrer partout, partout
ces marchands de tapis obscènes, vils, purulents,
sirupeux, mielleux, veules, infects, rétrécis, sordides, puants...

Voyager c'est, malgré soi, prendre tout ça dans
son propre sillage.

Les hommes, on les regarde. On passe. On continue
à marcher. On fait des kilomètres. On mange
du KILOMÈTRE, des bornes à la surface concave du
monde. Ma traversée de Hambourg à pied, sac au
dos. Hambourg qui n'en finit jamais, et Gênes, toute
sa banlieue sans fin, la mer bleue à ma droite. Ma
sortie de Barcelone, les voitures qui me croisent, qui
me doublent, des gens qui rentrent chez eux,
reviennent du cinéma, joyeux. Marcher toujours, user des pistes inusables.
Voyager, disparaître. Ombre.
Se torturer aux ornières des routes défoncées par le poids humain...
terres fraîches, terres brûlantes, terres arides.
Entrer dans de nouveaux paysages, regarder, l'œil fou.

A pleins yeux.

Déchirer dans son dos les paysages d'hier.

Passer des portes, découvrir de nouvelles aubes,
chaque jour, des aubes neuves, s'imbiber de tout ça,
seconde par seconde, s'en meurtrir, du sable, des
sels, des lunes. De viol en viol, déchiffrer les insolites.
Partout. Et tous les espaces griffés d'hiéroglyphes.
S'allonger sur les ponts des bateaux, respirer
des rythmes de machines, des tam-tams de rails de
fer. N'être jamais au terme. S'offrir. Rester debout,
la poitrine ouverte, vulnérable, suicidé-amoureux.
Le contraire d'un ascète. Vouloir de tout, plus. Avoir
soif toujours.

Voyager : l'anti-ascèse.

Tout prendre, être avide. Gagner, perdre, s'en
foutre, tricher, voler, jouer, ne pas jouer, mordre,
ruer. Ne pas croire au hasard. N'y plus croire. Y
croire pourtant. S'y livrer.

Voyager, restituer à l'homme son titre de vagabond.


Malgré tout. Malgré lui. Malgré les marchands
de souvenirs !

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J'écris maintenant de mon village de Nagasawa,
près de Kurihama, à une heure et demie de Tokyo.
C'est là que je me suis réfugié pour fuir Tokyo qui
me pompe. Il pleut. Ça coule dans les bambous
autour de ma maison de bois. Et il y a le roulis de la
plage. C'est bon. Demain je dois pourtant aller à
Tokyo, passer dans des bureaux, mendier, grenouiller.
J'ai pas envie. Seulement rester sous mon toit de
pluie.

Ne plus bouger.

Un livre, n'importe lequel, sur mon matelas, par
terre. Je sors sous les gouttes. Je tire de l'eau au
puits. J'allume mon feu dans la cuisine improvisée.
La maison sent les feuilles mortes. C'est Yuriko qui
m'a accroché du liseron en revenant un jour d'une
promenade à travers les rizières.
Qui s'est lentement desséché.

Elle arrive. Elle reste un jour ou deux. Trois jours.
S'empare de la maison. Ramasse des fleurs, les organise
dans un vieux pot de confiture. Méticuleusement.
Elle me regarde écrire sans dire un mot. Me caresse
sans un mot. Pose sa tête sur mon épaule. Je laisse
ma machine, une phrase en route... une phrase qui...



(Retour possible à la note ci-dessous)

vous dites : « Rentrée littéraire ? »

Contre-rentrée littéraire ? C’était un tantinet pompeux.
Rétro-rentrée, j’aime mieux. Je ne pose plus de questions sur mon ennui de rentrée littéraire. Je pense toujours aux maigres 10 % que retiendrait la mémoire culturelle de ce que l’appareil littéraire publie.
L’an dernier, c’était Houellmachinchose, cette année c’est Angot.
Houellmacinchose m’emmerde tout autant que le Da Vinci Code.
Angot me pose question, mais j’aime son écriture à vitesse rapide.
Berlol en parlait — comme on écrit — dans son blogue du 7 juillet ; j’en ai repris la lecture des “Autres”. Pour aller vérifier la filiation avec Cendrars.
C’est en lisant donc Angot que “La vie vite” s’est “détachée” de mes étagères.
La vie vite ?
Mais oui, Théo Lésoualc’h.
Denoël, les Lettres nouvelles, Maurice Nadeau, 1971 ! Il y eut même deux pages de critique dans la Quinzaine littéraire à la mi-octobre de cette année-là.

J’avais achevé la partie première de mon périple africain et je travaillais dans une bizarre institution qui préparait, entre autres, de jeunes appelés à animer les bibliothèques de leur caserne. J’avais dévoré “La vie vite”, pénétré allègrement dans le dégingandement fou et foutrement libre de la langue de Lésoualc'h ; j’en parlai à Marcel Dortort, l’un de mes compagnons d’Éduc pop, qui était musicien ; il connaissait Théo qu'il avait rencontré dans l’entourage de Marceau le mime ; nous avons invité Théo dans notre institution bizarre pour parler littérature, voyage, poème amour et...drogue.
À l'époque, il n'était pas encore question d'écrivains-voyageurs, ni d'autobiographie, encore moins d'autofiction.
Il était de retour en France, mais fuyait déjà Paris pour un ermitage en ruine, quelque part en Ardèche. J’ai passé quelques heures ensoleillées près de cette grande carcasse noueuse et vagabonde, qui ne reniait point son héritage de la Beat Generation.

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Donc relire Lésoualc’h qui traça, un jour, au crayon un rêve de parcours de Casablanca à Tokyo, en s’égarant à Stockholm, Barcelone, Hambourg et Delphes.
Ça sent l’oignon frit et le poisson cru, le parfum des hôtels de luxe et la promiscuité des caravansérails, l’aridité poussièreuse et la boue glacée. C’est lumières et ombres du voyage, l’allégresse et le sordide, la puanteur calcinée des bûchers indiens et les odeurs suaves de la fente des femmes aimées.

La vie, vite ! Au long d’un lent voyage.
Où est-il, désormais, Théo ?

Pour le lecteur vagabond - que je fus - et immobile - que je suis -, avant, il y eut Blaise Cendrars, Henri Michaux ; après, il y aura Kenneth White, Nicolas Bouvier.
Mais jamais, je n’aurai franchi les frontières vers l’est. Je me suis arrêté sur les grèves orientales de Crête, du côté de Katos-Zakros et de Xérocampos où j’ai bu le raki chez “Zeus”.

Mais où est-il, désormais, Théo Lésoualc'h, Breton, staffeur, sculpteur, mime, voyageur, amant et poète ? Où est-il ?

Post-scriptum :
Trois romans chez Denoël, dans la collection dirigée par Maurice Nadeau
La vie vite, 1971,
Phosphènes, 1972,
Marayat, 1973.
Chez Pauvert :
L’érotique du Japon, 1968.
Aux Éditions Rencontres :
La peinture japonaise - dans Histoire générale de la peinture n°25 - Éditions Rencontre, Lausanne, 1967

Quelques traces sur la Toile dans une revue des marges, Blockhaus :

(Rendez-vous à la note ci-dessus.)