lundi, 11 septembre 2006
gravats et... miroirs
Le bruit du marteau-piqueur, l’âcre poussière qui sort du vieux mur, la petite pelleteuse au fond du jardin qui ouvre une nouvelle rampe d’accès, les travées d’étagères de la “librairie” recouvertes d’autant de suaires (!) protecteurs n’engagent guère le lecteur à l’écriture.
Ma “voisine”, celle de l'autre côté du mur, me l’a souligné ce matin : « Tu n’écris pas ! Tu n’es “plus” chez toi ! »
C’est réel, ce sentiment d’expulsion quand on n’est point le faiseur de ces travaux ! Voilà ce que c’est que d’avoir trop bien intégré, jusqu’à la revendiquer parfois avec certaine fierté, la sentence familiale : “Tu ne sauras jamais rien faire de tes dix doigts “.
Je m’en vais en mer jusqu’à la fin de la semaine.
Il me faut revenir, samedi, pour suivre une formation à SPIP, cinq jours durant, sept heures par jour ! Il y a bien longtemps que la “bête” n’aura pas été astreinte à un tel programme ; c’est assuré par la Formation continue de l’Université et c’est aux Ateliers et Chantiers de la Loire.
Une formation SPIP ? On y court depuis trois ans pour la création d’un site sur notre coopération décentralisée : le rêve de faire se rencontrer à tout moment dans une agora, des forums, les citoyennes et citoyens de Ginsheim-Gustavsburg (Allemagne), de la Communauté rurale de Baalu (Sénégal), de Siria (Roumanie), de El Tuma La Dalia (Nicaragua) et ceux qui viennent nous rendre visite cette semaine pour nouer le lien, les élus d’Anapta (Palestine).
Le lecteur dans son jardin, même déstructuré, a cependant entendu hier “Une vie, une œuvre” de Florence Marguier, à propos de Maurice Scève : Prince des Poètes au cœur impénétrable.
J’aime beaucoup ces lointains Lyonnais, imprimeurs, éditeurs, poètes et poétesses ; ils nous raccordent, nous gens des solitudes humides d’ouest aux ensoleillements italiens et grecs, et nous en rapprochent depuis cinq siècles.
J’ai rouvert la Délie, Objet de plus haute vertu, effleuré quelques dizains, ces poèmes de dix vers de dix pieds qui sont un quasi parfait carré imprimé et me suis attaché aux quelques-uns qui évoquent le Miroir en tous ses états métaphoriques, à la trompeuse altérité qui ne renvoie qu’au Même : on en est blessé, on en brûle, on en meurt.
Le deux-cent trente-cinquième me parait, lui pourtant, renvoyer, non à l’avenir maléfique qui efface, mais à l’espoir d’une pérennité de l’image aimée. Scève comme rêveur de l’image numérique (le Vinci ingénieur n’est sans doute pas très loin !)
CCXXXV
Au moins toi, claire et heureuse fontaine,
Et vous, ô eaux fraîches et argentines,
Quand celle en vous, de tout vice lointaine,
Se vient laver ses deux mains ivoirines,
Ses deux Soleils, ses lèvres corallines,
De Dieu créés pour ce Monde honorer,
Devriez garder, pour plus vous décorer,
L’image d’elle en vos liqueurs profondes.
Car plus souvent je viendrais adorer
Le saint miroir de vos sacrées ondes.
Post-scriptum :
• Réécouter (et podcaster dans quelques jours) l’émission sur France Cul, avec bibliographie et liens, très riches.
• À voir de belles images portuaires de l'ami JJ — qui se refuse toujours au moindre texte !!! —, sur Nantes et Saint-Nazaire.
18:15 Publié dans les diverses, les lectures | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
bon courage pour la formation spip : moi j'ai fait ça de bric et de broc, en puisant sur notre webmaster Julien Kirch (qui a créé les boucles spip de remue.net), et quelques nuits blanches à pas piger la petite connerie qui bloque - mais c'est vraiment un chouette outil, dans l'étape où il est rendu, on peut vraiment s'amuser avec - ceci dit, vive les squelettes tout prêts!
et un grand salut à l'Atlantique d'ici samedi : ce sera à nouveau Houat ?
Écrit par : FB | lundi, 11 septembre 2006
François,
Houat ? Certainement... Marcher dans le petit ressac de Tréac'h Gouret est un grand bonheur ! Je n'emmène point le "Tumulte", trop lourd dans le sac marin, mais je ne pouvais attendre sa parution en poche.
Houat, Hoëdic, Belle-Île !
J'ai noté une lecture de Michaux en décembre à la Maison-Gueffier. Contre vents et marées, vains dieux !, j'y serai !
Et puis, il y a ce sacré foutu n° d' Encres de Loire sur la Toile en Pays de la Loire et l'écrit "entrelardé" d'un auteur et de son lecteur... À remettre sur l'établi !
Écrit par : grapheus tis | mardi, 12 septembre 2006
Il n'y a que la mer qui sache être fuite et réconfort. Bons vents!
Écrit par : Kate | mardi, 12 septembre 2006
La connection Free est enfin rétablit...à lundi, donc, pour spipper en toute liberté
fanch'
Écrit par : F Jost | mercredi, 13 septembre 2006
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