lundi, 20 novembre 2006
feuilletant Jouve au Sahel
En juillet 1995, lors d’un séjour à Baalu, j’avais accepté d’accompagner une dizaine de jeunes adultes à condition de n’être, pour elles et eux que le “mur” sur lequel ils pourraient venir “s’adosser” s’ils en éprouvaient le besoin.
Pour vivre quelque solitude, souhaitant échapper à l’amicale mais pressante présence des ami(e)s Soninké, je demandais à l’imam, de me retirer chaque après-midi dans l’ombre fraîche de la mosquée.
Je n’avais pour ce bref séjour emporté qu’un seul bouquin, un “poche” facile à glisser dans la poche du saroual.
Comme un contrepoint extrême !
Lors de mes voyages, j’ai toujours tenté de ménager de brefs moments de lecture comme gestes de rupture.
Gestes en contre pour ne point me laisser glisser dans les saveurs exotiques.
C’était le dernier Poésie/Gallimard sur Jouve qui venait d’être édité : Dans les années profondes - Matière céleste - Proses.
La mosquée de Baalu est au cœur du village, son enceinte est plantée d'un épais rideau de neems, espèce d'accacia à l'ombre dense et fraîche. On y entre pieds nus.
Je m’asseyais en tailleur dans le recueillement et la fraîcheur de ce lieu meublé des seuls tapis qui couvrent toute la surface du sol.
Seuls, le martèlement des pilons, le rire des enfants du village me parvenaient assourdis.
JE TE DIS MALGRÉ MOI naviguons sur les fleuves
Superbe beauté noire
Du souvenir et des premières beautés géantes
Quand tu marchais sur les contrées pleines d’amour
D’un pied de soie, la chevelure tremblante
Avec le cambrement de ton corps renflé
Tes robes de secret, les cris de mon enfance.
Matière Céleste.
18:25 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Mais le vert paradis des amours enfantines
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,
- Mais le vert paradis des amours enfantines
cette réminiscence de Baudelaire à propos du rire des enfants du village. nous aussi avons vécu le rire dans notre enfance et notre rire d'adulte n'est plus le même; comment retrouver le vert paradis sous les épaisses couches géologiques en nous accumulées par le temps. Amicalement. Pierre
Écrit par : chauvel | vendredi, 24 novembre 2006
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