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mercredi, 21 octobre 2009

un adolescent poli

« Pourquoi tenir un site ?

— Par politesse ! »


C'était une bribe du dialogue entre Régis Debray et Marc Voinchet sur le France Cul de ce matin. J'ai apprécié !

En écho "papier" — décidément, je suis en pleine médiologie, — Ouest-France ouvrait ainsi sa rubrique "Ados" : Pourquoi se raconter sur Internet ?


Bon, je me sens plus près de l'adolescence que de la médiologie, bien que j'aie eu quelqu'accointance, ancienne, avec l'homme Debray en notre jeunesse de l'année 1963 — les CinéPop dans l'Algérie indépendante, quand René Vautier transportait, dans ses valises à caméras, un jeune futur révolutionnaire encore normalien — et que l'aphorisme de Mac Luhan, « le médium est le message », fût longtemps objet de mes préoccupations de métier.

 

Ouest-France* n'écrit pas sur la politesse des adolescents, mais sur leur capacité à utiliser la Toile (blogues, forums) comme arme du virtuel pour affronter le réel. Et d'ajouter — et c'est là que j'ai eu quelques frémissements de sympathie :

 

...ce qui pousse de nombreux ados à éditer plusieurs blogues sous des identités distinctes, parfois radicalement différentes. Une façon de vérifier qu'ils pourraient aussi exister autrement.


Revenait l'ombre de l'homme aux soixante-treize — et sans doute plus — hétéronymes**, Fernando Pessoa, alias Alberto Caeiro, alias Ricardo Reis, alias Alavaro de Campos, alias Bernado Soares, alias..., alias... , un vrai vaisseau des Argonautes, qui descendrait le Tage, à lui seul.

 

Allez, ami(e)s blogueuses et blogueurs, combien d'hétéroblogues tenez-vous ?

 

Quant à moi, je suis du côté des adolescents. L'ai-je quitté d'ailleurs cet âge ? Peut-être y suis-je revenu ?

Marcel Détienne, dans l'invention de la mythologie, traduisant, en tordant quelque peu Platon, n'écrit-il point :

 

παῖδες πρεσβῦται
les enfants du vieil âge

in Lois, IV,712.***

 

* Hélas ! la rubrique qui se tient en collaboration avec Phosphore et Okapi (!!!) ne peut s'achever qu'en eau de boudin moralisatrice, avis de psychanalyste à l'appui.

 

** Certains amis blogueurs citeraient plus volontiers Volodine.

 

*** Je n'y échappe plus. Le Grec ancien revient en force chez le vieil adolescent ? Qu'au moins ce ne soit point marque d'impolitesse !

 

 

samedi, 10 octobre 2009

cinq ans déjà ! ou de trop ?

Cinq ans à parsemer la Toile de petits cailloux, joyeux ou tristes, selon les vents, les pluies, les lectures, les pensers, un chant, des musiques, un regard.


Pour inaugurer cette sixième année — peut-être à suivre —, en voici trois :

• Μηδὲν ἄγαν σπεύδειν *

Théognis de Mégare, poète didactique et élégiaque, vers 540 avant notre ère.

 

Il aimait placer son bonheur dans le foulard parfumé d'une femme ou sous une pierre oubliée au bord du chemin.

Amin Zaoui, auteur algérien de La chambre de la vierge impure.**



• à René Guy Cadou


De bas brouillards tremblaient aux vallées de l'automne
Les chiens jappaient sans fin sur le bord des ruisseaux
On entendait rouiller leurs abois dans l'écho
A des lieues et des lieues, sur des pays sans borne.

Le vent sentait la pierre rêche et le gibier
II était dur et vif à nous trancher la gorge.
Nous nous hâtions vers quelque grange, dont le porche
Offrait déjà l'abri à des coqs qui chantaient

Lorsque, sur le revers d'un coteau, nous trouvâmes
La jaune apaisante caresse des raisins.
Bien à l'écart du vent, des grappes plein les mains
Nous bûmes longuement, renversés sur la flamme.


Luc Bérimont, Le vin mordu***

 


* Les latins auraient écrit : "In medio stat virtus".

François de Sales aurait traduit : "La vertu se tient au milieu".

Le bon (?) sens populaire, au choix : "Point trop n'en faut !"  ou "Ni trop, ni trop peu !"

Et pour revenir aux Grecs qui ont l'art de la plus grande concision, ils font, parfois, sauter le "σπεύδειν" et vous livrent ainsi un bref "Μηδὲν ἄγαν".


 ** Une lecture de ces jours-ci.


*** Une lecture d'il y a plus de cinquante ans, quand je découvrais la poésie contemporaine d'alors, que je découpais des poèmes dans le Figaro littéraire (???), un poème relu dans Les Cahiers Cadou et de l'École de Rochefort-sur-Loire, parus dans l'été 2009, aux éditions du Petit Véhicule.

 

 


 

mardi, 29 septembre 2009

Blogue ou ne blogue plus ! Scanne ou ne scanne point !

Faudrait-il ne plus aller en mer ?

Trois notes en ce septembre. C'est un mois amorphe.

 

Tant de petits événements dont les longs moments de rêveries — "rêvasseries", devrais-je écrire — marines, m'éloignent !

 

Ces sites et ces blogues qui ferment, cet entremêlement entre la Très Grande Bibliothèque, ses ancien (gaullien) et nouveau (chiraquien) présidents, LE nouveau ministre — un ministre ou un papillon ? — et Goggle ! La presse s'en fait régulièrement l'écho et le site de l'homme qui est une aiguille, oh combien précieuse !, dans la botte de foin creuse les interrogations jusqu'à provoquer un commentaire du président en exercice de la BNF.

 

Je m'en fus naguère visiter ZazieWeb : ça remonte à janvier 2001. J'aimais bien. Dans l'émoustillement de la nouveauté, j'ai même commis une ou deux notes.

 

Puis, j'ai migré vers remue.net, quand FB, seul tenait rubriques sur Toile ; j'ai espacé mes visites quand le site s'est "collectivisé" — Oh ! le vilain mot —, mais il est vrai que j'ai ressenti ce passage comme une dépersonnalisation.

Le site devenait sérieux et littéraire en diable ! Il passait des marges au bon vrai réseau "Lettré".

 

Et je suis prosaïquement revenu aux papiers du Monde des Livres, à LibéLivres, de temps à autre au Magazine littéraire selon les dossiers et les thèmes, aux rayons de la Fnac — pour consulter, jamais pour acheter — et à mon Libraire de la Fosse.

 

Demain, j'y vas !

lundi, 24 août 2009

reprise

« Aujourd'hui, je traverse la mer »,  a-t-il écrit.

« Hier, j'allais en mer. Demain, j'irai en mer. », écrirais-je !

Je ne traverse point, c'est dire que je ne vais nulle part. Il y eut, cet été, de tels moments vers nul lieu. Et j'y étais bien !

été109.JPG

 

Dure, cete reprise. Quasi comme pour une rentrée. Pour rompre le silence du blogue, j'ai dû aller quêter chez les amis. M'y ont bien aider le tiers livre et les "cornettes et sonneries" d'un certain C.C.

 

Tout en décousu, comme furent les navigations hebdomadaires toutes en points de suspension, furent ainsi les lectures, espacées par ces longues longues rêveries sur mer calme et  brises si ténues.

Beaucoup d'ennui avec Notre besoin de Rimbaud de Bonnefoy : je peine à donner une suite à ma note du 9 juillet.

Un bel et sourd étonnement avec L'archéologue de Philippe Beaussant. Sourd comme une source : 145 pages au bord de la mort qui s'avance entre désert et jungle. « Le sens de la vie, la musique, le voyage, l'enracinement, la mort. » me disait le feuillet glissé entre les pages par celle qui m'a offert ce bouquin comme un troc contre Deuil de Barthes. Dès les premières pages :

 

Je comptais les secondes avec mon sang.

 

Et puis au hasard des bouquineries qui deviennent une coutume estivale sur les quais des ports bretons, le retour d'un passé qui me reste en travers de la gorge depuis plus de quarante ans : La Fronde des généraux* de Jacques Fauvet et Jean Planchais ; c'est écrit "à chaud" six mois à peine après ces deux jours d'avril 61 qui ébranlèrent la république. Cest un travail propre de journalistes ; ce n'est pas encore de l'histoire. Ça peine à le devenir, d'ailleurs.

Des généraux, des colonels, un Général, d'autres généraux, quelques capitaines et deux ou trois ministres !  Et, cités comme pour mémoire, ceux qu'on appelait alors les "Appelés" ! Et on ne parle de "nous" qu'à travers les transistors. Pourtant, nous n'avons pas attendu d'ordre. De quiconque !

J'en écrirai de ce temps-là.

 

C'est la première fois que le jardin ne souffre point des absences du vieux marin. Les Noires de Crimée, les Cœurs de bœuf et autres Cornus des Andes mûrissent avec lenteur. Cest décidé, je m'inscris à l'Atelier du goût que propose Le Lieu Unique en octobre sur les variétés anciennes de tomates.

Mieux vaut parler de tomates que de guerre. Bien que...? Sur tomates et guerre, certain président du Conseil en février 56...

 

Décidément, mieux vaut encore aller en mer.

été209.JPG

 

* La Fronde des généraux, Jacques Fauvet & Jean Planchais, Coll. Notre temps, Arthaud, octobre 1961.

 

 

vendredi, 03 juillet 2009

blogue au gré des marées, des escales portuaires et...

... des bornes "wifi".

Nous larguons demain.

Intermittence estivale du blogue. Mais le MacBook embarqué pourra enfin nous connecter, dans nos ports de Bretagne.

J'embarque aussi mon vieux Rimbaud en Pléiade (acquis en 1958 et qui, glissé dans le sac du commando, crapahuta dans les djebels*) et d'Yves Bonnefoy, son Besoin de Rimbaud que m'a offert Babélio, ma préférée bibliothèque en ligne contre une critique du dit Bonnefoy.

 

Chose promise, chose due ; j'eusse préféré Enid Starkie, Henry Miller, Pierre Michon et même Philippe Sollers qui dissémine dans ses bouquins quelques pages fort pertinentes. À preuve, les six pages sur Isabelle R. dans Un vrai Roman. Mémoires.

Ou encore la lecture décalée de Jean-Luc Steinmetz, avec ses Femmes de Rimbaud.

Ou encore les quelques lignes de René Char dans Recherche de la base et du sommet.

 

Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.

La Fontaine narrative

 

De Bonnefoy, je crains une sorte d'évanescente spiritualité oscillant entre espoir et désespoir, bien et mal qu'il me faudrait écrire, ce à quoi, désormais, je répugne, avec un grand B et un grand M.

Du mouvement et de l'immobilité de Douve, lu à la fin des années 60, m'a souvent laissé dans une songeuse inertie.

De Rimbaud, dans Fleurs. Et ceci nous accompagnera, mes petites-filles et moi dans notre paisible errance de juillet.

 

Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.


Je ne suis guère sérieux, mais j'y entends déjà du Saint-John Perse !

 

* Je tentais alors de "résister " avec les seuls appuis  dont je disposais.

 

jeudi, 18 juin 2009

à lire

Mince interruption dans la lecture de Merlin. Ça a certainement à voir avec l'écriture des  mythes anciens qui nous animent.

 

Quel est l'auteur du premier Merlin ? Combien d'anonymes "artisans" ont conté, raconté, écrit, réécrit Merlin et Viviane ? Quelle "hadopi" pour contrôler ce vaste copiage commencé il y a plus de quinze siècles que certains Nennius, Geoffroy de Monmouth, Robert Wace, Richard de Boron ont souhaité s'attribuer et signer de leur seul nom ?

 

Je pense, sinon urgent, du moins passionnant d'aller lire — on la trouve facilement — l'aiguille dans la botte de foin qu'est le blogue affordance.info d'Olivier Ertzscheid.

Il y est question d'un certain Opéra Unite.

Dommage, c'est encore en anglais.

vendredi, 01 mai 2009

un premier mai, du muguet et pourquoi pas Lorca

J'étais bien décidé à rejoindre, ce matin, les cortèges de manifestants. Tout en ignorant sous quelle bannière — souvent entre deux bannières ! — j'allais défiler. Et puis ma bonne vieille fainéantise des 1er Mais de naguère m'a fait me lever pour cueillir du muguet — il a plus de cinquante ans et il me fut donné par la mère Guérin, ma si gentille voisine qui s'en est allée.
Et puis donc, je me suis recouché, ayant toujours pensé qu'il me fallait pratiquer la paresse pour fêter le Travail.

Mais j'ai eu l'heur d'aller visiter le blogue de celui que je nomme discrètement "mon infréquentable" — désormais, la discrétion n'est plus de mise — et j'y ai lu une fort belle charge sur les lecteurs ; mais allusion était faite d'un désaccord qu'il aurait eu avec un autre blogueur à propos de Lorca.

Et me voilà, repartant sous la couette avec mon tome II des Poésies de Lorca, moi qui pensais attaquer la page 16 des Onze de Pierre Michon.

J'y ai lu — relu à voix basse  — le Divan du Tamarit, songeant mélancolique


Te voir nue, c'est se rappeler la Terre,
la Terre lisse et vierge de chevaux,
la Terre sans aucun jonc, forme pure,
fermée à l'avenir : confins d'argent.

Te voir nue, c'est comprendre l'anxiété
de la pluie cherchant la fragile tige,
la fièvre de la mer au visage immense
sans trouver l'éclat de sa joue.

Le sang sonnera à travers les lits
et viendra tenant son fer fulgurant,
mais toi tu ne sauras pas où se cachent
le cœur de crapaud ou la violette.

Ton ventre est une lutte de racines,
tes lèvres sont une aube sans contour.
Sous les roses tièdes de ton lit
gémissent les morts, attendant leur tour.


Casida de la Femme couchée

Le Divan du Tamarit


Je suis un indéracinable adepte du "nostos" grec. Manière de me confronter à l'aporie "célébrer le travail sous la couette".

Le "petit Nicolas", ses gouvernants, ses banquiers et la grippe porcine sont à la fois trop proches et si lointains !

Revenons aux Casidas de Federico et laissons avec sympathie les Travailleurs défiler.


À quelques dames donc et à Constantin C.

mardi, 14 avril 2009

mon blogue et moi

Mendiant, mais gouverneur d’une gamelle.

Henri Michaux
TRANCHES DE SAVOIR
Face aux verrous

dimanche, 29 mars 2009

en vrac

Une semaine en vrac.
Où ne surnage qu'une colère à propos d'un débat aux Archives départementales où il est question de Guerre d'Algérie, des positions prises par Germaine Tillion d'une part et de celles des "porteurs de valises" et autres Beauvoir et Sartre d'autre part, des injures de ceux-ci écrites à l'égard de celle-là, de ce qui fut arrivé si le MNA n'avait pas été liquidé par le FLN.
Bref, des points de vue à l'emporte-pièces tenant plus de la philosophie de coin de zinc que de la sérénité que devrait apporter le recul de bientôt cinquante ans, même chez des acteurs et témoins de ce "temps d'algèbre damnée".

Repos et sérénité en lisant un entretien de Mona Ozouf sur sa bretonnité et son esprit républicain ; quand cet entretien est précédé d'une trop brève recension sur Françoise Héritier et sa Pensée en mouvement, je me dis que je suis bienheureux de vivre mes humbles pensers dans l'ombre doucement lumineuse de ces femmes de rigueur.
À l'instar de ma "Grande Vieille" Germaine, elles ne se prennent point pour l'incarnation du Bien, mais — sacrés dieux ! — dans les indécences, sinon obscénités actuelles, il me semble respirer un air salubre.

Les belles giboulées de mars n'y sont sans doute pas étrangères, à ce souffle plus ample.

Autre lecture plus "râlante" — pourquoi se fustiger alors ? — en feuilletant le dernier Sollers de "poche", Un vrai roman, Mémoires. C'est mon côté "pipole" : connaître les dessous du microcosme "grand lettré" de ma jeunesse et avec Sollers, je ne suis jamais déçu des odeurs et relents des arrière-cuisines intellectuelles de l'époque (années 60-70) qu'il diffuse à souhait.
Il est d'un aplomb quand il justifie ses penchants maoïstes des années terroristes de Tel Quel (voir pages 142-143). Et je ne mentionne que brièvement sa manière de désertion de luxe, parrainée par Malraux, qui tient plus des petites lâchetés d'un jeune auteur déjà couronné de lauriers que du courage désespéré d'un militant pacifiste.
Pourquoi donc mon addiction à collectionner les “œuvres en poche" de monsieur Joyaux ? Parce que nous sommes "de la classe" - argument d'une rare débilité, j'en conviens — mais encore parce que le bonhomme quand il écrit de peintres et de peintures, de musiques et de musiciens, d'amours plus à la Casanova qu'à la Don Juan, il devient talentueux.
J'ai retrouvé, le jour même de mon anniversaire — récent — un bouquin de lui, marqué en page de garde de l'ex-libris, « Biskra, le ...mars 1963, pour mon anniversaire »* qui, entre autre chapitre dévergondé Introduction aux lieux d'aisance**, offre une quarantaine de pages d'une Lecture de Poussin qui annoncent déjà ses chroniques de la Guerre du Goût et de l'Éloge de l'infini. Il sait, le bougre, d'ailleurs fort bien les vendre, ses essais, tout au long de ce qu'il titre ses Mémoires !

* Le beau temps, où dans une Algérie algérienne toute heureuse de sa fraîche indépendance, on pouvait trouver au bord du Sahara, un petit libraire biskri qui vous procurait les dernières parutions de l'édition française, associant dans sa vitrine les titres de celle-ci aux belles calligraphies des premières de couverture venant du Caire ou de Damas. Et ceci était nouveau !
** En exergue de ce chapitre, la jeunesse ne témoignant d'aucun respect, une citation de Thérèse d'Avila :

Faites ce qui en est en vous.
Et en conclusion, cette autre attribuée à un humaniste innomé (Voltaire ?) :
Il faut faire en se jouant, ou ne faire pas.
Dans la même tonalité, j'aime bien la salutation poitevine de la rencontre quand le saluant s'informe de la santé du salué :
— Comment vas-tu ?
— Je vâs !
Cette dernière, rabelaisienne en diable, je la dédie, pour raisons différentes, à CC et à FB.

vendredi, 20 mars 2009

qu'ai-je lu ?

Un cinglant billet de Édouard Launet dans sa chronique du LibéLivres d'hier "On achève bien d'imprimer" ; ça commence très, très fort :
« Les "gens" — eux, moi, vous peut-être —mentent effrontément lorsqu'on les interroge sur leurs lectures. »
Il relate une étude britannique d'où il ressort qu'on dit "avoir lu", alors qu'il n'en est rien, que le livre n'a peut-être même pas été ouvert.
Le pourcentage est étonnant de ces liseurs non lecteurs : 61 %.
Et pour quoi faire croire ainsi : « Des études ont montré que les gens mentent pour se rendre sexuellement plus attractifs

Diantre ! Je m'interroge désormais sur mes appétits de lecture.
À ma décharge, quand on me demande :
« As-tu lu tel, ou tel ? » Je suis plutôt dans l'évasif.
Souvent quand j'ai lu, mais vraiment lu, je réponds d'ailleurs — ce qui est la vérité vraie : « Je lis. »

Par exemple, c'est ce que je peux répondre pour tous ces gens de pensers et d'écriture dont je rends modestement compte en ce blogue.
Bien que ?
Hier, je me suis pris en flagrant délit de menterie à moi-même : , ces jours, je me tâte pour décider de l'achat d'une quatrième version des Essais, celle qui était annoncée dans Le Monde du 28 février*, où il est écrit entre autres à propos de cette ènième adaptation en français moderne : « Lanly, et c'est le tour de force, n'a pas touché à la structure de la phrase de Montaigne. Il a restauré les mots…». Ça me tente ; hier donc, je rentre chez mon libraire de la rue de la Fosse pour tester cette "restauration".
Et je tombe sur le chapitre XII du Livre II, l'Apologie de Raymond Sebon, ...que je n'ai jamais lu, alors que j'affirme mordicus que j'ai lu Montaigne.
Non, allez, je fais la pirouette : je n'ai pas lu, je lis Montaigne. Et ainsi des vingt ou trente, ou quarante qui sont là, sur les rayons, au plus proche de cet écran, mon écritoire !

J'ai refermé pour un temps Héraclite. Ai-je lu Héraclite ? Certainement non : je lis Héraclite.

Et pendant ce temps-là, dans la petite mare de la littérature écranique, récupérée par le Salon du Livre et par son hypocrite appareil lettré qui classe, organise, hiérarchise et bientôt légiférera, ÇA s'agite beaucoup..
Serions-nous déjà sortis de l'ombre bien heureuse de la pré-histoire de nos blogues ?

À lire l'affaire sur le blogue d'une Dame qui depuis l'aube de cette préhistoire ouvrit un très beau chantier sur les mille écrivailleurs que nous sommes, scribes et liseurs," non déclarés, non reconnus, non officialisés, non syndicalisés, qui hors des réseaux lettrés, institutionnels, reconnus, ont volonté d'inscrire leur penser, leur parole, leurs émotions, leurs goûts, tout en n'hésitant point, pour un temps, à se déclarer, se faire reconnaître, officialiser, avant de reprendre leurs chemins libertaires".

Salut à FB, ce bel et grand "aïeul" de la littérature sur... Toile — va pas aimé, le bougre ! -, qui survit certainement fort bien dans la tempête de la mare.

* Les Essais de Montaigne en français moderne, Adaptation d'André Lanly, Gallimard, « Quarto » 1354 p.

jeudi, 26 février 2009

matinée nostalgique

Il s'y connaît en remueur de nostalgie, l'ami "Bourdaily on the way"...
Sa dernière note comme la dernière cigarette de cette jeune femme, rencontrée à Marakechh.

ll achève le Journal de Thiron-Gardais dans ce qui a toujours fait, depuis que je le fréquente — l'an 2004 — sa singularité si passionnante, ce mêle d'érudition — la peinture, les sciences de la nature, les voyages, les lectures — et de parcelles de sa vie quotidienne — ses filles, ses cartons de déménagement, ses routes de nuit.
Nous nous étions reliés pour une rue de Nantes, dédiée à Évariste Luminais, pour la bougie des Énervés de Jumièges et de sublimes lactations virginales. Mais aussi, beaucoup de silences avaient continué le tissage de cette amitié de Toile.
J'entends bien sa lassitude. Il faut sans doute être dans la plus jeune ténacité de Berlol ou dans l'effervescence éditoriale et scripturaire de FB, pour ces apports quasi journaliers de pensers.

S'appuyer sur sa canne au détour d'un sentier, quand un printemps furtif s'annonce.
S'accoter au quai du port dans la brume de ce matin de février.
Ce sont les livres d'heures des Ulysse vieillissants de la Toile, parfois un peu las !

Mais le temps n'est pas encore venu, qu'ils prennent sur l'épaule leur rame bien faite pour aller au pays de qui ignorent la mer et mangent leur pitance sans sel.

εἰς ὅ κε τοὺς ἀφίκηαι οἳ οὐκ ἴσασι θάλασσαν
ἀνέρες, οὐδέ θ᾽ ἅλεσσι μεμιγμένον εἶδαρ ἔδουσιν·*


Kénavo, JCB !
À te relire, plus tard, mais ne tarde point trop !

* L'Odyssée, Chant XI, 120-124.
Ulysse, aux enfers, rencontre Tirésias de Thèbes.
Je persiste dans ma relecture homérique, quand, à mes côtés, Noémie, fille de ma fille, acceptant, certaines heures, de se dégager de son blogue "skyrockien" entreprend de conter un bref roman de chevalerie.
Atmosphère très "bourdaisienne" donc.

mercredi, 18 février 2009

embrumé, enrhûmé

Les commentaires "homériques" sont sous la couette.
Et comme les Filles* sont là, l'écran n'est guère disponible.

Comble de malchance, le petit iBook voit (!) sa nappe vidéo rendre l'âme et l'on m'affirme qu'il n'y a plus de pièces détachées pour cette série (UV2012UDLLN de 2002).
L'adieu au bon vieux système Mac OS 9 ?
Je ne me résous guère au "bon à jeter".
Ça n'améliore point la situation du bonhomme sous couette.

Pour cependant, poursuivre les élargissements homériques, sur France Cul, Théo Angelopoulos dans À voix nue.

Cette note ressemble quasi mot pour mot à la note de la veille mais qui ne fut point enregistrée et donc pas publiée. Affres des fièvres !
Quand au haché des parutions sur ce blogue, j'invite à lire le journal de Thiron-Gardais tenu par l'ami que je ne peux que toujours nommer "Bourdaily on the web".

* Le "comble de malchance" n'est à attribuer qu'à l'obscurcissement de la nappe vidéo et aux raclements bronchiteux, la présence de Noémie et de Célia tenant de la tendresse du vivre, du rire et de... l'accaparement de l'iMac, qui me permettra ensuite d'être initié aux plaisirs de MSN (avec enfin l'utilité de Photo Booth et Bluetooth) et de LimeWire, en toute légalité — tout en me laissant entendre que Mozart... "avec LimeWire, ce n'est pas sûr qu'on trouve" (sic !).

L'avatar III de l'Odyssée ne devrait pas tarder.

AILLEURS — c'est sans doute le plus important :
La poétaille piétaille négraille des Caraïbes s'éveille. Que prennent garde les petits Césars !
À lire le manifeste.pdf, transmis par l'ami du Cœur de Ptah.

samedi, 24 janvier 2009

sur la Place de la Toile, le droit de se déconnecter

En écoutant en direct, le... différé de Place de la Toile, sur le droit à la déconnexion — rien que ça —, tout en feuilletant le bouquin de Marcel Mathiot, Carnets d'un vieil amoureux, — voila un vieux qui aurait bien blogué entre 2000 et 2004 — je me retrouve en l'état de ce dernier, AHURI d'être passé en si peu d'ans de la brouette de ma grand'mère maternelle, descendant laver le linge sale des autres à la rivière, avec sa lessiveuse, son trépied, ses bûches, son bat-drap et son baquet, un matin glacé de janvier, ahuri donc d'être passé en si peu de jours... à cette machine à laver que je viens d'allumer dans une maison bien tiède pour quelques mouchoirs — mais oui encore ! — deux ou trois "polaires, un torchon et même quelques "loungewear" (ahurissant ! n'est-ce pas ce mélange avec les mouchoirs de Cholet).

Ce droit à la déconnexion, c'est vraiment tout fait dans la logique des Droits, droits de l'enfant, droits des femmes, droits de l'homme — pardon de l'humain —, ce ventre mou de nos sociétés libérales qui, en le dissimulant fort habilement, autorise le riche à écraser les pieds du pauvre.
Ainsi le droit de ma grand'mère à briser la glace de la Vilaine pour laver les caleçons merdeux de monsieur, du château de Trenon, comte de Saint-Germain, et les culottes ensanglantées de madame la comtesse !
Et mon droit à "ma" machine à laver !

Merdre !
Tempête sur le golfe de Gascogne. Le vent de Galerne hurle sous les portes.

Post-scriptum : Et comme ce matin, je n'en suis pas un ahurissement près, mais que j'éprouve besoin de certaine douceur, dans Répliques, tout de suite, notre grognon de service, Alain Finkielkraut, s'entretient avec Renaud Camus (sans doute antisémite et parfait amant de la langue) de l'ineffable Paul-Jean Toulet. M'émerveilla jadis, cet ineffable — et sans doute aujourd'hui encore :

Carthame chatoyant, cinabre,
Colcothar, orpiment,
Vous dont j'ai goûté l'ornement
Sur la rive cantabre :

Orpiment, dont l'éclat soyeux
Le soleil qui reflète ;
Cocothar, tendre violette
Eclose dans ses yeux ;

Fleur de cinabre, étroite et rare,
Secret d'un beau jardin ;
Carthame et toi, rose soudain,
Dont sa pudeur se pare...

Contrerimes

De la linguistique — ou de la poésie, — à votre gré, en "loungewear" !

mardi, 13 janvier 2009

commentaire sur commentaires

J'aime bien que les poètes viennent exposer leur "déraison" dans les commentaires de ce blogue.
C'est plus encourageant que les injures des amateurs de "contrelittérature" aux sentiments très conservateurs — la semaine passée, mais le commentaire est effacé — et un peu moins désopilant que les demandes égarées, juvéniles (?) et aimables — c'était hier — pour traiter les acnés.

Me rappele tout ÇA, la dame d'un anodin commentaire du genre "Ho ! la belle photo" qui avait un pseudo allèchant, la gourmande, et qui séduisant ainsi ma "souris", d'un clic, vous exposait son cul ! Ce n'était pas l'an passé ! C'était la première année et la dame au cul nu a disparue de la Toile !
Grapheus tis avait encore quelque naïveté.

jeudi, 08 janvier 2009

lire le Grec ancien

J'ai tant à lire et relire — La Presse à Nantes de 1757 à nos jours de Cozic & Garnier, Tout sur le Web 2.0 d'une certaine Capucine Cousin, La double pensée de Michéa, Boutès de Quignard, Le guide des nouvelles lectures de la Bible de Lacocque, Pierre Reverdy de Rousselot & Manoll , le dossier Roland BARTHES du Magazine littéraire de ce mois-ci — que je ne sais plus quoi écrire sur le blogue.

Je me suis dit que je publierais bien le courriel que je viens d'expédier à mes "condisciples" en Grec ancien. Qui sait ? Peut-être des visiteuses et visiteurs seraient-ils intéressés par ces renseignements d'entr'aide.
Voici la "chose" :

1. http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/
extrait du site de l'Université de Louvain dont voici le portail :
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/default.htm

2. http://remacle.org/index2.htm
extrait du site plus complexe
http://www.remacle.org/

3. http://juxta.free.fr/spip.php?rubrique1,
numérisation d'éditions anciennes (fin XIXe-début XXe), quasi des fac-similés, que vous pouvez charger sur votre disque dur

4. http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/lettres/LanguesAnciennes/Textes/biblio_lycee.htm

Si vous êtes passionné(e)s par les Pères de l'ÉGLISE, proposés l'an dernier :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bibliotheque.htm
mais on n'y dispose que du texte en français.

Enfin, le site de Robin Delisle de l'académie de Versailles, qui regroupe la plupart des sites abordant la Grèce en tous ses états antiques (!),
in-con-tour-nable :
http://www.usenet-fr.net/fur/lettres/adresses-langues-anc...
penelope.jpg

Il y en a certainement d'autres, beaucoup d'autres, anglo-saxons, hispaniques, germaniques et ...grecs.

Les 1 & 2 me paraissent répondre le mieux à nos ...attentes d'étudiants à la recherche de quelques facilités pour apprécier la lecture du Grec ancien..
Il est évident que sur les sites, il faut d'abord retrouver l'auteur, puis l'œuvre, puis les pages du texte que notre...bon Maître nous a proposé.
Un excellent entraînement à la recherche documentaire sur la Toile, qui nous serait, selon un récent article d'Ouest-France*, à nos âges, profitable.

Pour les deux textes à venir qu'a bien voulu déjà (!) nous saisir Gym, je vous donne les "adresses précises" des pages :
"L'inspiration poétique..." de Platon dans ION p.36-37 du bouquin à télécharger :
http://juxta.free.fr/spip.php?article133
"Le passage du Rubicon" d'Appien dans Les Guerres civiles, Livre II, § 34-35
http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/appien_guerres_c...
.

N'hésitez point à m'écrire si vous avez besoin d'un "vieux"marin" qui ne barre pas trop, trop mal dans les courants de l'Internet.
grapheus tis

* Internet bon pour le cerveau
Des scientifiques américains ont découvert qu'effectuer régulièrement des recherches sur Internet stimulait les centres-clés du cerveau chez les personnes de plus de 50 ans : surfer sur la Toile mobilise davantage de circuits neuronaux que la simple lecture et améliore le fonctionnement du cerveau.
Ouest-France du samedi 18/10/2008