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dimanche, 29 mars 2009

en vrac

Une semaine en vrac.
Où ne surnage qu'une colère à propos d'un débat aux Archives départementales où il est question de Guerre d'Algérie, des positions prises par Germaine Tillion d'une part et de celles des "porteurs de valises" et autres Beauvoir et Sartre d'autre part, des injures de ceux-ci écrites à l'égard de celle-là, de ce qui fut arrivé si le MNA n'avait pas été liquidé par le FLN.
Bref, des points de vue à l'emporte-pièces tenant plus de la philosophie de coin de zinc que de la sérénité que devrait apporter le recul de bientôt cinquante ans, même chez des acteurs et témoins de ce "temps d'algèbre damnée".

Repos et sérénité en lisant un entretien de Mona Ozouf sur sa bretonnité et son esprit républicain ; quand cet entretien est précédé d'une trop brève recension sur Françoise Héritier et sa Pensée en mouvement, je me dis que je suis bienheureux de vivre mes humbles pensers dans l'ombre doucement lumineuse de ces femmes de rigueur.
À l'instar de ma "Grande Vieille" Germaine, elles ne se prennent point pour l'incarnation du Bien, mais — sacrés dieux ! — dans les indécences, sinon obscénités actuelles, il me semble respirer un air salubre.

Les belles giboulées de mars n'y sont sans doute pas étrangères, à ce souffle plus ample.

Autre lecture plus "râlante" — pourquoi se fustiger alors ? — en feuilletant le dernier Sollers de "poche", Un vrai roman, Mémoires. C'est mon côté "pipole" : connaître les dessous du microcosme "grand lettré" de ma jeunesse et avec Sollers, je ne suis jamais déçu des odeurs et relents des arrière-cuisines intellectuelles de l'époque (années 60-70) qu'il diffuse à souhait.
Il est d'un aplomb quand il justifie ses penchants maoïstes des années terroristes de Tel Quel (voir pages 142-143). Et je ne mentionne que brièvement sa manière de désertion de luxe, parrainée par Malraux, qui tient plus des petites lâchetés d'un jeune auteur déjà couronné de lauriers que du courage désespéré d'un militant pacifiste.
Pourquoi donc mon addiction à collectionner les “œuvres en poche" de monsieur Joyaux ? Parce que nous sommes "de la classe" - argument d'une rare débilité, j'en conviens — mais encore parce que le bonhomme quand il écrit de peintres et de peintures, de musiques et de musiciens, d'amours plus à la Casanova qu'à la Don Juan, il devient talentueux.
J'ai retrouvé, le jour même de mon anniversaire — récent — un bouquin de lui, marqué en page de garde de l'ex-libris, « Biskra, le ...mars 1963, pour mon anniversaire »* qui, entre autre chapitre dévergondé Introduction aux lieux d'aisance**, offre une quarantaine de pages d'une Lecture de Poussin qui annoncent déjà ses chroniques de la Guerre du Goût et de l'Éloge de l'infini. Il sait, le bougre, d'ailleurs fort bien les vendre, ses essais, tout au long de ce qu'il titre ses Mémoires !

* Le beau temps, où dans une Algérie algérienne toute heureuse de sa fraîche indépendance, on pouvait trouver au bord du Sahara, un petit libraire biskri qui vous procurait les dernières parutions de l'édition française, associant dans sa vitrine les titres de celle-ci aux belles calligraphies des premières de couverture venant du Caire ou de Damas. Et ceci était nouveau !
** En exergue de ce chapitre, la jeunesse ne témoignant d'aucun respect, une citation de Thérèse d'Avila :

Faites ce qui en est en vous.
Et en conclusion, cette autre attribuée à un humaniste innomé (Voltaire ?) :
Il faut faire en se jouant, ou ne faire pas.
Dans la même tonalité, j'aime bien la salutation poitevine de la rencontre quand le saluant s'informe de la santé du salué :
— Comment vas-tu ?
— Je vâs !
Cette dernière, rabelaisienne en diable, je la dédie, pour raisons différentes, à CC et à FB.

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