vendredi, 01 mai 2009
un premier mai, du muguet et pourquoi pas Lorca
J'étais bien décidé à rejoindre, ce matin, les cortèges de manifestants. Tout en ignorant sous quelle bannière — souvent entre deux bannières ! — j'allais défiler. Et puis ma bonne vieille fainéantise des 1er Mais de naguère m'a fait me lever pour cueillir du muguet — il a plus de cinquante ans et il me fut donné par la mère Guérin, ma si gentille voisine qui s'en est allée.
Et puis donc, je me suis recouché, ayant toujours pensé qu'il me fallait pratiquer la paresse pour fêter le Travail.
Mais j'ai eu l'heur d'aller visiter le blogue de celui que je nomme discrètement "mon infréquentable" — désormais, la discrétion n'est plus de mise — et j'y ai lu une fort belle charge sur les lecteurs ; mais allusion était faite d'un désaccord qu'il aurait eu avec un autre blogueur à propos de Lorca.
Et me voilà, repartant sous la couette avec mon tome II des Poésies de Lorca, moi qui pensais attaquer la page 16 des Onze de Pierre Michon.
J'y ai lu — relu à voix basse — le Divan du Tamarit, songeant mélancolique
Te voir nue, c'est se rappeler la Terre,
la Terre lisse et vierge de chevaux,
la Terre sans aucun jonc, forme pure,
fermée à l'avenir : confins d'argent.
Te voir nue, c'est comprendre l'anxiété
de la pluie cherchant la fragile tige,
la fièvre de la mer au visage immense
sans trouver l'éclat de sa joue.
Le sang sonnera à travers les lits
et viendra tenant son fer fulgurant,
mais toi tu ne sauras pas où se cachent
le cœur de crapaud ou la violette.
Ton ventre est une lutte de racines,
tes lèvres sont une aube sans contour.
Sous les roses tièdes de ton lit
gémissent les morts, attendant leur tour.
Casida de la Femme couchée
Le Divan du Tamarit
Je suis un indéracinable adepte du "nostos" grec. Manière de me confronter à l'aporie "célébrer le travail sous la couette".
Le "petit Nicolas", ses gouvernants, ses banquiers et la grippe porcine sont à la fois trop proches et si lointains !
Revenons aux Casidas de Federico et laissons avec sympathie les Travailleurs défiler.
À quelques dames donc et à Constantin C.
10:30 Publié dans Les blogues, les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Est-ce d'avoir lu Lorca très jeune ? je garde une tendresse particulière pour ce poète lumineux, qui mérite mieux que d'être associé à des anecdotes graveleuses. On se comprend. Merci pour vos visites et votre amicale rescousse.
Écrit par : C.C. | samedi, 02 mai 2009
Merci de cette envolée de la femme couchée.
Écrit par : Corynne | dimanche, 03 mai 2009
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