Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 02 janvier 2015

pas de vœux, juste un encouragement

loctudy2.jpg

 

 

La tourelle des Perdrix, dans l'estuaire de la rivière de Pont-l'Abbé.

mercredi, 16 avril 2014

à celles et ceux du Banfora

Tout a commencé avec la publication d'une lettre datée du 25 octobre 1955 — à éventuellement relire — publiée en note le 26 octobre 2005.

banfora.jpg

Un commentaire, le dernier en date, de Bertrand Sagot, le 10 avril 2014, vient me "secouer" de ce long et paresseux silence. 
Il ne s'adresse point, d'ailleurs,  à l'auteur de ce blogue, mais à Hilaire, le commentateur précédent.

Il clôt — provisoirement du moins, je le souhaite — un échange, entre inconnus, lourd de d'émotions, de nostalgies, d'images, de goûts, de senteurs. 
De ce besoin d'évoquer, de révéler, de faire à nouveau remonter et surgir des rires, des larmes, des visages, des horizons, au seuil du grand âge.


Merci donc à
Benoît, A. Rabanel, Bertrand Sagot, Hilaire, Yves Romer, Claude Xavière Ménard, Corazzini, Xavier Vincent, Bertrand Guy, Jean-Pierre Picone, Jean-Claude Castiglioni, Micheline Cat, Georges Lour, Michel Bonneau, Didier, Berlol et François Jost (à lui, le copain, in memoriam)



pour ce lien tissé autour d'un paquebot qui nous emmena sur l'océan de nos rêves.*

 


Commentaires


je commence à comprendre... le blog est pour toi, entre autres, un chemin de visite de ta propre histoire et de l'Histoire telle que tu l'as vécue avec l'écriture pour véhicule et sous le regard de blogueurs attentifs ou non.
Il est donc possible de cheminer dans un temps présent et passé mêlés, avec des compagnons de voyages croisés sur la toile et d'embarquer ou d'être embarqué dans le partage d' un bout de route en commun vers des paysages et des destinations qui se découvrent chemin faisant.
François
Écrit par : F Jost | jeudi, 27 octobre 2005

C'est une assez bonne définition pour quelques blogs littéraires qui ont de la tenue. Pour moi qui suis en train de lire Assia Djebar, ces propos résonnent avec certaines nouvelles de son recueil (Femmes d'Alger dans leur appartement). Merci pour ces souvenirs et pour cette correspondance recyclée.
Écrit par : Berlol | mardi, 01 novembre 2005
Merci pour le commentaire et cette invitation à lire Assia Djebar. Etant novice dans la pratique du blog, je suppose que ce commentaire va être transmis à Berlol et non pas à Jacques André....à suivre et découvrir ce nouveau compagnon rencontré sur la route d'un commentaire d'un 26 octobre intemporel

Écrit par : F jost | jeudi, 03 novembre 2005

Bonjour, mon père était officier à bord du Banfora à l'époque que vous évoquez (années 55). Auriez-vous des photos de ce bateau ? 
Merci et bonnes fêtes
Écrit par : Didier | dimanche, 25 décembre 2005

A la recherche du père....
...d'une note écrite le 26/10/05 évoquant le 26/10/1955 à bord du Banfora, au large du Maroc s'accrochent à ce navire voguant dans le sillage du temps, Assia Djebar, Berlol, Didier — que je ne connais pas — en ce 25/12/05, jour de retrouvailles dans la demeure de mon père qui nous a quitté en février dernier.
Chemin faisant, à la croisée de routes particulières, s'inscrit sur la toile de surprenantes correspondances et de compagnonnages ici et maintenant et hors du temps.

François
Écrit par : F Jost | lundi, 26 décembre 2005

Je suis désolé, Didier, mais à l'époque, je n'étais pas encore assez riche pour posséder un appareil photographique.
Je n'ai donc que des souvenirs heureux, très heureux de ce paquebot !
Croyez-moi, le Banfora en était à l'un de ses derniers voyages ; je pense qu'il fut désarmé en 1956, mais il me paraissait fort bien commandé !
Écrit par : grapheus | lundi, 26 décembre 2005

Bonjour.


Je ne suis pas un habituel des blogs. Des évènements récents de ma vie ont réveillés des questions sur la disparition de mon père. Mais le web permet des rencontres que l'on croit parfois impossibles.
Mon père Emilien BONNEAU, originaire de CREST, était marin dans la marine marchande et à fait de nombreux voyage à bord du Banfora. Il était du dernier voyage de ce bateau. Il a ensuite embarqué sur le Foch (marine marchande). 
Mon père a disparu en mer le 22 avril 1958.
Il était né en 1914 dans les hautes Alpes.
Je viens de perdre ma mère et nous avons trouvé des documents concernant ses voyages avec notamment son livret maritime.
J'ai une carte postal du Banfora. Je l'ai numérisée et je peux vous la transmettre.
J'ai d'autre part une photo, prise dans la salle à manger à l'intérieur d'un bateau, où mon père figure en compagnie d'autres marins. Je ne peux certifier qu'elle a été prise sur le Banfora.
Inconnu(s) je vous salue et peut être à bientôt par messagerie. Je n'ai pas le haut débit mais cela ne saurait tarder.

Michel Bonneau
Écrit par : BONNEAU Michel | vendredi, 16 janvier 2009

Bonsoir,

En 1951, j'avais 12 ans, et j'ai voyagé sur le Banfora de Marseille à Pointe Noire, où je suis arrivé le 17 août 1951, je suis resté 50 ans au Congo. j'aimerais beaucoup recevoir des photos du Banfora. Vous en remerciant par avance.

G. Lour
Écrit par : Lour Georges | mercredi, 27 avril 2011

J'ai séjourné près de vingt ans en Afrique et j'ai effectué plusieurs voyages à bord du Banfora pour me rendre à Pointe-Noire ou Brazzaville.
Aujourd'hui je suis âgée de 82 ans et suis très nostalgique de ces voyages effectués sur le Banfora, le Brazza et le Foucauld.
Toute photo concernant le Banfora m'intéresse forcément.


Micheline CAT
Écrit par : cat micheline | mardi, 10 mars 2009

Bonjour,
j'ai 70 ans. De 1940 à 1956, puis de 1971 à 1978 j'ai vécu en Côte d'Ivoire. Toute mon enfance à Abidjan et aussi plus tard, une partie de ma vie d'adulte. C'est également la première fois que je communique sur un blog ...
Je ne trouve pas les mots pour décrire ma nostalgie, ni mes souvenirs, ça viendra peut-être...
Nous étions début septembre 1956, le paquebot "Banfora" faisait son dernier voyage, il avait un très fort gite qui l'obligeait à prendre sa retraite...comme la majorité des passagers, dont mes parents. Ce fut une vraie croisière, escale tous les jours ou presque, fête tous les soirs.
J'avais 17 ans, par le plus grand des hasards, ma jeune amoureuse était du voyage. Ne rêvaient pas à l'époque, nous étions très prudes.
Merveilleux voyage, mais la séparation à Marseille fut terrible, nos chemins ... Mon coeur c'est arrêté. Je ne le savais pas. Il s'est remis à battre cette semaine,"par le plus grand des hasard"...
Je cherche, témoignages, précisions, photos du voyage ou du Banfora. Veuillez pardonner ma maladresse. Merci d'avance si vous pouvez m' aider. Cordialement !
Écrit par : jean-claude castiglioni | samedi, 12 décembre 2009

J'ai été second mécanicien sur le BANFORA du 3.1956 au 11.1956. Je suis intéressé par toutes photographies de manifs sur ce navire à cette époque.
jp.picone@orange.fr
Écrit par : PICONE Jean Pierre | lundi, 21 décembre 2009

Octobre 1955 Embarquement sur le Banfora à Dakar à destination de Cotonou. Aussitôt embauché aux cuisines et à la boucherie et invité à prendre les repas au poste d'équipage...le rêve d'un gamin de 20 ans. On me disait déja que c'était le dernier voyage,bpourtant lors d'un court séjour à Marseille en fin 57 j'avais retrouvé une connaissance en ville (dans un taxi) qui venait de quitter le Banfora où il était mécanicien. Il semble bien qu'il y eut des prolongation (j'étais EVDA et j'ai passé 21 mois au Dahomey à PARAKOU
Écrit par : Bertrand Guy | jeudi, 12 mai 2011


Bonjour, 


En faisant des recherches sur des informations sur les navires sur lesquels le deuxième mari de ma grand-mère a commandé, je suis tombé sur ce blogue. Il s'appelait Jean-Baptiste Gonfard. Je ne l'ai malheureusement jamais connu car il est décédé avant que je naisse. Si vous avez des anecdoctes ou des histoires sur son compte ou sur la vie à bord, n'hésitez pas à me contacter. Je peux retrouver quelques photographies dans les affaires de ma grand-mère.
Écrit par : Xavier Vincent | jeudi, 01 septembre 2011


Vers 1955 j'étais sur le Banfora départ de Marseille pour Conakry
Écrit par : corazzini | samedi, 21 janvier 2012


J'ai voyagé à bord du Banfora pour me rendre en Afrique de l' Ouest où j'ai vécu de 1 à 19 ans. Les souvenirs de ces traversées sont impérissables. Je cherche à reconstituer avec mon frère et ma soeur les voyages de ce bateau entre les années 1940 et 1959. Un de mes souvenirs c'est une tempête dans le golfe du Lion et un mal de mer atroce mais c'est aussi les jeux les soirées et la boutique ou l'on pouvez acheter parfums et fanfreluches, ce sont les repas somptueux et la contemplation des mouvements de la mer avec le sillage du bateau. J'aimerais échanger des souvenirs. Est ce possible ? Une nostalgique de ce temps là car c'est toute ma jeunesse.
Écrit par : Menard Claude Xavière | mardi, 14 février 2012

1955 ou 1956 ? Je ne sais plus, retour définitif vers la France, sur le Banfora!
Embarquement à bord des chaloupes au wharf de Lomé.
Descente et montée à bord dans les nacelles, par mer formée : la peur de ma vie!
La climatisation du bord et son odeur caractéristique, ces repas, ces goûters pour enfants, les jeux et les bruits , les odeurs et la sacro-sainte passerelle où officiaient les Dieux!
Quelle époque! J'ai encore quelques très pâles souvenirs. Notamment celui où ma mère jeta mon casque (colonial) au travers du hublot, sous prétexte que je n'en aurai plus besoin! Je ne me souviens pas avoir eu de plus grand chagrin depuis.
Les escales et leur folklore.
L'émotion m'étreint encore.
Je dois avoir une photo du bateau quelque part. Je la communique dès que je la retrouve. 
Amitiés à vous !
Écrit par : Yves Romer | samedi, 02 mars 2013

Bonjour,

En 1941, avec mes parents, nous quittions Dakar pour rentrer en France après la tentative gaulliste avortée de débarquement. Nous voyagions à bord du Banfora. Au large de la Mauritanie, nous avons été arraisonnés par un corsaire anglais et détournés sur Freetown, où nous sommes restés 3 mois avant d'être rapatriés vers Casablanca par un navire portugais.
Je recherche des informations sur cet arraisonnement : date exacte, nom du navire arraisonneur, etc. Pourriez-vous m'indiquer une voie de recherche, parce que je ne trouve rien sur Internet.
 Merci.
Écrit par : Hilaire | dimanche, 24 mars 2013

J'étais de ce même voyage avec mes parents et nous allions de Dakar, où mon pére était à l'époque inspecteur général de l'agriculture de l'AOF, à Casablanca ; j'aurai pu écrire le même résumé mais comme vous je ne me souviens plus des dates exactes (peut-être pourrais-je les retrouver en cherchant bien). J'avais 8 ans et trois souvenirs précis me restent .J'étais sur le pont avec mes parents à regarder le corsaire anglais quand il a tiré des coups de semonce qui nous ont fait rentrer précipitamment dans nos cabines .Je me souviens également des gaullistes venant à bord pour faire de la propagande pour la France libre et enfin je me souviens du dortoir organisé pour les enfants dans les salons du bateau portugais (très amusant pour les enfants en question).Le bateau portugais devait s'appeler le Lorenzo Marquès et il était déjà plein de passagers (et aurait été arraisonné par les Anglais pour nous évacuer). Bien à vous .
Écrit par : SAGOT | mardi, 08 avril 2014

Si vous habitiez Dakar dans les années 40 peut-être avez vous, après la tentative gaulliste sur Dakar en 1940 et l'arraisonnement du Banfora en 1941, connu aussi l'affaire de Casablanca en 1942. Le débarquement allié était attendu à Dakar et les autorité ont décidé d'évacuer toutes les familles de trois enfants et plus (essentiellement les familles de fonctionnaires mais aussi d'autres et même des familles de moins de trois enfants, volontaires sans doute ; les pères restaient eux sur place.)Nous étions sur le Savoie et nous avons voyagé en convoi avec deux autres paquebots et trois cargos escortés par trois bateaux de guerre (torpilleur et avisos, je crois bien). Arrivés à quai à Casa la veille au soir du débarquement allié nous avons évacué le bateau en catastrophe à 5h du matin sous les bombes pour nous réfugier dans le sous-sol d'un silo à grains sur les quais. Le cuirassé américain Massachusset prenait, parait-t-il, ce silo comme repaire pour tirer sur le cuirassé Jean-Bart accosté au même quai.Un obus de 380 a endommagé le silo mais heureusement le grain qu'il contenait s'est écoulé vers l'extérieur. En début d'après-midi une trève a eu lieu permettant notre évacuation en ville. Après un séjour de quelques mois chez l'habitant à Marrakech nous avons été rapatriés sur Dakar dans les Dakotas américains (une famille par avion, car les allemands étaient encore en Tunisie et la chasse était à craindre.
Nous avions très peu de bagages car le Savoie et les autres bateaux avaient été coulés dans le port avec toute leur cargaison (3 morts sur le Savoie). Mais à l'arrivée à Dakar nos bagages avaient considérablement grossis, comblés que nous étions de bonbons chocolats, chewing-gum et conserves en tout genres, cadeaux des américains (j'avais neuf ans et c'était le paradis).
Écrit par : SAGOT | mercredi, 09 avril 2014

J'ai écrit deux textes à la suite du vôtre mais je n'ai pas de moyens de communiquer avec vous sur ces histoires familiales de la dernière guerre ; aussi je me permets de vous communiquer mes coordonnées pour un contact éventuel :
Bertrand SAGOT 06 82 31 26 16 et sagotbertrandjulien@orange.fr (j'habite moitié à Versailles et moitié à Hatten en Alsace). Je suis âgé de 80 ans.
Écrit par : SAGOT | jeudi, 10 avril 2014

J'ai fait un unique voyage sur le Banfora. Souvenir grandiose et impérissable.
Mi-décembre, nous quittons Marseille, nous partons, ma soeur ainée, ma soeur jumelle et moi avec ma mère qui attend un bébé qui naîtra à Abidjan en 1952, rejoindre mon père déjà installé à Abidjan Nous vivons ces quelques jours de voyage dans un monde féérique pour des enfants et le comble fut pour nous, de passer Noël 1951 sur ce navire. Le père Noël, même si nous n'y croyons plus nous donne des cadeaux, les jeux et l'organisation des loisirs est extraordinaire. Quand nous rentrerons en France plus tard, c'est d'une autre planête que nous croyons arrivés.
Une violente tempête sévira lors de la traversée en Méditerrannée.
Nous ferons escale à Casablanca, découvrirons très rapidement cette ville et continuerons notre périple à bord de ce bâtiment que nous ne finirons pas d'arpenter. Manque des photos souvenirs...
Écrit par : A . Rabanel | lundi, 01 avril 2013

Bonsoir,
je suis "tombé" par hasard sur votre blog, qui m'a fait remonté 56 ans en arrière, j'ai voyagé à bord du Banfora (en compagnie de ma sœur et de ma mère), sans doute l'un de ses derniers voyages entre Marseille et Douala. Je me souviens de la seule fois où j'ai aperçu Alger et ses blanches arcades, je me souviens que nous n'avions pas eu la possibilité de descendre à terre, sans doute du fait des événements.....Casablanca, avec ses femmes voilées, ma sœur en avait tellement peur qu'elle ne cessait d'importuner Maman .... Dakar, ce fut une longue escale, le Banfora fut mis en cale sèche, pour apparemment de grosses réparations, je crois que nous sommes resté près d'un mois...... Conakry, Abidjan, peut-être Lagos.... et puis Douala, mon père étant venu nous chercher (par avion ) pour aller à Yaoundé......Deux airs de musiques de l'époque sont restés gravés dans ma mémoire : L'âme des Poètes de Trenet et Blue Diamond (de je ne sais plus qui).......elles n'avaient cessé de m'accompagner durant tout ce voyage, il y a 56 ans ....toute une vie.....comme le temps passe vite........
Écrit par : BENOIT | samedi, 16 novembre 2013

 

* Je puis communiquer à titre personnel à chacun(e) des 17 auteur(e)s de ces commentaires l'adresse "courriel" des uns et des autres.
S'adresser à   grapheus@voila.fr  ou à  dachlmat@orange.fr

 

dimanche, 03 mars 2013

un fin blogueur actuel, le Joachim

Les Regrets ont souvent été lus comme un journal ; depuis l'émergence sur la Toile de ce genre d'écrit appelé "blogue", j'ai souvent pensé que Joachim Du Bellay aurait très vite investi dans cette écriture qui rythme et les nuits et les jours, et le quotidien qui demain deviendra hier, et les morts et les amours, et les scandales et les déboires, et les pouvoirs et les révoltes.

Plus grave, mais tout autant risible que les rêts tendus ces jours derniers par une essayiste à un lourdaud pantin médiatique, s'ouvre à Rome pour la nième fois depuis la première sur les bords du lac de Tibériade une assemblée de vieillards qui se dit Conclave. Joachim, secrétaire de son cousin Jean Du Bellay, le cardinal, fut le témoin de ce Conclave de 1555 qui élit le 223e pape, un certain Paul IV Caraffa connu pour ses intransigeances inquisitoriales ; et notre déjà fort laïc poète, d'affûter sa verve satyrique et dans les idées et dans les rythmes — un joyau de sonnet à se mettre en bouche et qu'il me plaît de publier en blogue :

Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré,
Et l'une chambre à l'autre également voisine
D'antichambre servir, de salle et de cuisine,
En un petit recoin de dix pieds en carré.

Il fait bon voir autour le palais emmuré,
Et briguer là-dedans cette troupe divine,
L'un par ambition, l'autre par bonne mine,
Et par dépit de l'un être l'autre adoré.

Il fait bon voir dehors toute la ville en armes
Crier : « le Pape est fait », donner de faux alarmes,
Saccager un palais : mais plus que tout cela,

Fait bon voir, qui de l'un, qui de l'autre se vante,
Qui met pour celui-ci, qui met pour celui-là,
Et pour moins d'un écu dix cardinaux en vente.

 Les Regrets, CXXXI

vendredi, 12 octobre 2012

de retour

Les contreforts du Mondarrain et de l'Artzamendi qui dominent Itxassu sont plutôt démunis en wifi.

La lassitude d'une cure trop matinale et la paresse aidant, voilà pourquoi même le huitième anniversaire du blogue de "grapheus tis" n'a pas vu la trace de la moindre note et un silence débordant largement la durée du mois.

Mais en Pays Basque, les lectures y furent, cependant, rares et fécondes.

Quelques vers de Francis Jammes :

Le coteau est comme un sang noir et, du haut,
les montagnes nagent au ciel doux, simple et beau.
De l'autre côté des coteaux sont les villages
doux qui dorment au soleil comme des haches.
Là, il y a des tonnelles tristes au vieux jardin
où les poules grattent près des buis, des ricins.
La tonnelle en lauriers luisants est verte et noire.
Il y a un banc, au fond, en bois couleur de soir,
et qui est un peu humide, à cause de l'ombre,
même l'été quand le soleil est en bleu plomb.
Viens-y ! L'après-midi sera luisant.

Caügt...1895
De l'Angelus de l'aube à l'Angelus du soir

 

De François Bon, trois ou quatre autobiographies d'objets qui m'ont renvoyé avec délices et toute une cohorte d'humains côtoyés à quelques soixante années de moins : Le Toumelin, "mon" navigateur solitaire, la lessiveuse de ma grand'mère Gilais, "mon" Olympia, la première machine à écrire, mon premier Kodak Rétinette et ses diapos, le transistor d'Aïn N'Sour ! Déjà, quand l'homme du "tiers livre" rédigeait ses billets, il sollicitait les commentaires — et je ne m'en suis pas privé, — mais avec ce livre, l'invite à l'écriture se fait insistante.

« Comment croire que soi-même on provienne d'un tel monde ? »

 

Et puis, Pascale étant de passage, elle m'offre, sorti de la "librairie" de l'ami Étienne, un mince bouquin que je n'aurais jamais dû rater en 1984, tant j'étais en quête de ces informations et de cette analyse depuis mon retour en France, La guerre commence en Algérie de Mohammed Harbi.

Le mouvement de libération nationale n'était pas monolithique. A l'image des groupes sociaux, les familles politiques qui le composaient étaient dans des rapports conflictuels. Chacune d'elles, réformiste ou radicale, se présentait comme la détentrice par excellence de la vérité et recourait plus volontiers à l'exclusion qu'à la discussion. Toutes appartenaient cependant au camp anticolonialiste. Les affinités entre elles étaient nombreuses et le passage d'une organisation à l'autre courante... Les forces sociales emprisonnées ont été seulement contraintes de déguiser leurs actes.
...j'ai mis l'accent sur les données structurelles qui ont nourri les aspirations et façonné les mentalités. Sans une telle optique, il serait difficile de saisir pourquoi des hommes dont la résistance force l'admiration n'ont pas su devenir des hommes libres.


Les écritures ne furent que le laborieux et quasi monastique travail de remise du "blogue à l'endroit". J'achève à peine l'an 2006. Je ne cache point un certain plaisir à la relecture qu'oblige ce retour : ne fut-ce que parce, très involontairement, au fil de ces huit ans, c'est le projet de mon autobiographie de lecteur — modeste — qui s'écrit.

Vains dieux, au delà de ce mois de silence, je persiste en ce sillon en m'imposant plus grande assiduité.

À propos de dieux, parmi les recensions du Monde des Livres, un bouquin rare, bref, que je ressens hors-frontières : Il y a des dieux* de Frédérique Ildefonse.

Le philosophe chroniqueur du Monde, R.P. Droit,  joue au chroniqueur philosophe de Libération avec un titre à la "Libé" : Trop poly pour être mono. Mais, c'est vrai où sont-ils donc passés, ces dieux.

Sans doute y en a-t-il encore dans les latrines d'Héraclite** ?

Voilà où mènent huit ans de brinquebales à travers les écrans et le papier. Aux dieux qui, c'est une évidence, n'existent pas, aux "chiottes" d'un Grec obscur, à une vieille lessiveuse et encore, et encore, à des mots, des mots, des mots.

 

* Aux Presses Universitaires de France, octobre 2012.

** Possible de relire ma note du 8 février 2008 sur les visiteurs d'Héraclite

dimanche, 26 février 2012

le vieil homme, la mer et nos droits de traduire

Monsieur Assouline, d'évidence, dans le Monde des Livres du 24 février, y va de sa chronique, un tantinet emphatique : bronca, tweetosphère, blogosphère, stratosphère, feux aux poudres, boulevard à ragots. Ici donc nous sommes quelques-unes et quelques-uns à être visé(e)s. Je n'en maintiens pas moins un crêpe noir sur mon exemplaire du bouquin traduit par Dutourd.

Ailleurs, d'autres gros mots : invocation légitime des droits, ouverture de la boite de Pandore, soudaine névrose d'altruisme.

Il conclut citant un colloque à venir —vu le ton de la citation, monsieur Assouline ne doit pas y être invité — sur la "copie mode d'emploi": « On y verra le nouveau monde faire le départ de ce qui doit mourir et de ce qui doit survivre de l'ancien monde. Le droit d'auteur, par exemple ? »

À  propos du Vieil homme et la mer, je ne souhaite glisser qu'une remarque :  Hemingway lui-même aurait-il fauté en matière halieutique : de la page 84 à la 86, le traducteur français écrit "daurade" ; le texte anglais mentionne "dolphin". Et la méditation rêveuse du vieux pêcheur va s'épancher sur "le poisson d'or bruni tacheté de rouge".*

Que je sache, le dauphin (dolphin) n'est pas un poisson, mais un mammifère marin. Le texte est, quelques lignes plus loin, tout aussi ambigu : « Tomorrow I will eat the dolphin. He called it dorado » (Demain, je mangerai le dauphin. Il l'appelait dorado)

Sénescence d'Hemingway ? Erreur du typographe ? Interprétation du correcteur ?


Addendum :
La même affaire — celle du bouquin, pas celle du dauphin — a agité aussi la Place de la Toile de Xavier de Laporte, élargissant les problèmes des droits d’auteur, au copyright et à la propriété intellectuelle.
Un autre conflit, moins public, montre bien les luttes sournoises qui agitent la Toile. 
En novembre 2011, l'Université de Louvain a été menacée d'une plainte émanant de l'Université de Californie, pour "copillage" de textes "Grec ancien" et de leurs traductions.


À lire en cliquant sur le lien ci-dessus.


* Ne serait-ce pas une daurade coryphène ?


lundi, 30 janvier 2012

« lettre à des amis perdus »

Il suffit d'un bref article dans le quotidien régional* pour aller sortir de l'étagère le bouquin d'un poète. Ce matin-là, le titre était « Nantes va acquérir des lettres du poète Cadou » ; le sous-titre « La ville de Nantes après délibération de son Conseil, va acquérir 74 lettres du poète René Guy Cadou. Cette acquisition de 17 800 € rejoindra le fonds Cadou de la Bibliothèque municipale ».

Certes chercheurs, érudits, bibliophiles de se réjouir. Quant à moi, j'éprouve toujours au su de telles tractations quelque répugnance : se diffuse alentour une odeur de marchands du Temple, quand ce ne sont point les circonvolutions rapaces des ayants droit qui assombrissent les horizons lettrés.

À  240 €, la bafouille ? Le gars René qui ne sablait pas le champagne tous les jours, mais qui se descendait facilement quelques chopines de muscadet avec ses copains de haut-bord au bistrot du bourg aurait rondement arrondi son traitement d'instituteur.

Et aujourd'hui encore, par les temps qui courent... Hein !

Quand on sort d'une lente lecture dense d'Après le livre de François Bon, on n'en est que plus marri. Y a-t-il le moindre espoir, dans la Toile, pour l'abandon de ces négoces sordides ?

La correspondance de Cadou, ces lettres envoyées à ses copains, ça me fait songer à ces tapis de haute-laine qu'une enfant des Aurès tisse pendant des jours et des jours, des mois et des années et qui seront mis en vente dans un ouvroir pour touristes.

Y a -t-il un prix pour ces laines et ces mots ? C'est trop ou... pas assez.

cadou - copie.jpg 

Je n'ai pas reçu de lettres de René Guy Cadou. Ou plutôt je ne les ai reçues que trois ou quatre ans après sa mort. Reçues comme des poèmes.

Et j'ai toujours beaucoup tardé à lui répondre.

Ce sont ces trente-cinq notes où s'inscrit le nom de René Guy Cadou, notes à lui entièrement dédiées, notes pour une mince allusion, ou pour un seul verset de lui : j'ai souhaité tirer ces notes de la "fosse à bitume" — comme l'écrit François Bon — qu'est un blogue. Suffit de créer une "catégorie" nouvelle, même si les "catégories" d'un blogue — le mien n'y échappe point — peuvent être de multiples petites "fosses à bitume" immergées dans la grande.

Donc "Cadou toujours" dans la colonne de droite entre "les fréquentations" — mes liens qui renvoient aux blogues et aux sites de mon "nuage" — mon phalanstère, aurais-je écrit naguère — et les rares commentaires qui sont apportés parfois à ces notes.

Je souhaiterais simplement que cette catégorie "Cadou toujours" soit pour les lectrices et les lecteurs de ce blogue comme cette lettre à des amis perdus que confiait gratuitement René Guy Cadou parfois à des ramiers, parfois à des enfants :

 


Vous étiez là je vous tenais
Comme un miroir entre mes mains
La vague et le soleil de juin
Ont englouti votre visage


Chaque jour je vous ai écrit
Je vous ai fait porter mes pages
Par des ramiers par des enfants
Mais aucun d'eux n'est revenu
Je continue à vous écrire


Tout le mois d'août s'est bien passé
Malgré les obus et les roses
Et j'ai traduit diverses choses
En langue bleue que vous savez


Maintenant j'ai peur de l'automne
Et des soirées d'hiver sans vous
Viendrez-vous pas au rendez-vous
Que cet ami perdu vous donne
En son pays du temps des loups


Venez donc car je vous appelle
Avec tous les mots d'autrefois
Sous mon épaule il fait bien froid
Et j'ai des trous noirs dans les ailes


Lettre à des amis perdus
Pleine poitrine.


 

* Ouest-France du vendredi 27 janvier 2012.

dimanche, 22 janvier 2012

l'autre soir, au Lieu Unique

 Tout le jour, la ville s'était enroulée dans une bruine persistante sans vent qui est le propre de ces bordures de l'anticyclone hivernale.
Tout le jour, dans ma petite "librairie", j'avais laissé ruisseler les Suites, les Toccatas de Froberger, de Couperin, de Frescobaldi sur le clavecin de Leonhardt, disparu la veille.


Je me disais que j'allais traverser des miroirs, des inversions, des antipodes, que j'allais m'assècher, me glacer en allant écouter Bon lisant sa Traversée de Buffalo. L'expérience de lecture du livre numérisé sur mon écran d'ordi avait été rude, austère. Pas de tablette, ni de liseuse — ça coûte ! Mais cette balade de mots sur les images de Google maps m'apparaissait moins un survol qu'une errance sur une carte surréelle.

Dans une salle triangulaire, une estrade, deux petites tables : sur chacune, ce que je reconnais comme deux Mac en veille, si identifiables à leur pomme croquée lumineuse dans le semi-obscur que troue un immense fond d'écran, l’entrelacs d’un de ces nœuds autoroutiers qui enserrent dans le bitume et le béton de Buffalo, cette ville des Grands Lacs américains ?

L'entrée du Lecteur et du Musicien, ce fut à l'inverse de la descente aux enfers chantée dans l'Odyssée : nous étions de plain-pied dans cet enfer moderne. Et pourtant il y avait de l'Ulysse dans les rondeurs socratiques de François Bon et de l'Orphée dans la longue chevelure de Dominique Pifarély.

Leurs claviers de Mac effleurés quelques secondes comme un duo qui accorde ses instruments. Et la voix scandant  dans une économie un peu haletante du souffle.

 

Un monde hostile : parce qu’ici il en offrait l’image ? Tu t’y sentais paradoxalement plus à l’aise que dans les villes d’autrefois, avec les objets du monde proche. On avait arasé sur la terre de quoi y tendre les bras, de quoi y hurler tous les cris : regarde, mais regarde l’image, là où tu marches tu es seul, là où tu marches personne ne te suit. La terre est noire quand on la broie, et le ciment une fuite, des stries divergentes, et le parking à peine un décor pour série télévision (pensais-tu, toi qui n’avais jamais supporté ni télévision ni téléphone). Dans la ville que tu construisais il y avait cela : voitures qui filaient, étendues vides striées dans la terre noire, et ce type aux bras tendus, qui hurlait.Bon 2.JPG

Le violon va lentement s'immiscer dans les mots.

Dans l’île de chacun, ce qu’on a laissé dehors, sous les intempéries du ciel, et la dureté de ciment des cours. C’est du vrac, un désordre, on a posé ça ici parfois il y a longtemps, un jour il faudrait s’en occuper, et trier, mais on attend demain. Dans l’île de chacun, tellement de place pour rien : cet abandon qu’on traverse, ces espaces qu’on ne voit plus, et l’eau, au bout. L’eau verte, opaque, dure, immobile. Parfois on vient, là, tout au bord, on regarde l’eau. Ça fait du bien, de regarder l’eau. Puis on rentre dans la tour. On trouve commode cette répartition, l’étage où on mange, l’étage où on dort, et la grande pièce nue où on a son ordinateur, sa musique, ses rêves.

La scansion haletante devient transe. Le lecteur s'appuie au mur. Le violon s'exacerbe : il fouille les masses bétonnées des prisons, des dortoirs, les drôles de cadrans que dessine une usine de traitements des eaux, des yeux globuleux qui sont des espaces verts.

Hommes qui marchiez sur la terre noire, hommes qui mangiez ces boues noires, hommes venus là pour malaxer le bitume et le sol spongieux organique et lourd d’essences riches d’où extraire, raffiner, élaborer jusqu’à ce que cela explose, jusqu’à ce que cela donne aux hommes leurs armes contre les autres hommes : vos établissements d’hommes vous les aviez implantés à même là où vous marchiez, avec vos prothèses d’acier, vos baraques et vos tentes, où on désenfouissait les vieilles terreurs en noir, en orange, en bleu, avec les verts du minerai de cuivre et les blancs des alumines et la rouille vieille du fer à même cette terre qui s’effrite quand serrée dans la paume – hommes, vos couleurs pour repeindre la ville.

Le violon n'accompagne plus les mots : il les suscite, les éjecte de ces aligements, de ces obliques, de ces cercles.

Regardez, regardez l’autoroute : il y avait des lois, pour la protection des forêts, on y ménageait des passages souterrains pour la migration des espèces.... Des errants cherchaient, dans le dédale des voies droites, le lieu où elles se repliaient en courbe pour l’enfoncement dans la terre.

Je ne sais plus si je suis les mots du diseur ? ou les stridences du violoneux ?

Plus tard, après avoir salué François, exténué, je sors dans la nuit de bruine. Ma ville ? La ville de mon enfance, celle dont André Breton dans Nadja disait :

 ...la seule ville de France où j'ai l'impression que peut m'arriver quelques chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux... où pour moi la cadence de la vie n'est pas la même qu'ailleurs, où un esprit d'aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres.

Une autre ville ?


Tiens ! c'est peut-être cela, le post-moderne. Il me faudra arpenter les images nantaises de Google maps.
Avant de remettre mes pas dans ceux de René Guy Cadou et de Julien Gracq.

 Et puis j'irai en mer.


bonpifarely.jpg



Post-scriptum :

• Il faut revisiter le livre numérisé en inscrivant son propre parcours et sa rêverie sur Google maps. J'ai pris le dit du lecteur et les stridences du musicien comme une invite à ce geste.

Une Traversée de Buffalo
sur www.publie.net
coopérative d’édition numérique

• Cette perfomance/lecture s'est déroulée au Lieu Unique, dans le cadre du Labo Utile Littérature - séquence « Cités et frontières, parcs et paysages  », labo animé avec grande intelligence et sensibilité par Thérèse Jolly.



lundi, 16 janvier 2012

à chacun son Maghrébin

Au vieux maître — Lucien Jerphagnon — le Berbère, Augustin de Thagaste, jeune latiniste débauché puis évêque d’Hippone, Père de l’Église.


À son turbulent étudiant devenu maître — Michel Onfray — le Pied-Noir, Albert Camus de Belcourt, gardien de but du Racing Universitaire d'Alger, journaliste de Combat, philosophe prolétaire (si ! si !).



Onfray est un habile raconteur de la philosophie ; il avait plus ou moins laissé pressentir qu’il narrerait cette belle histoire d’un penseur isssu du peuple pauvre, sinon miséreux quand il écrivait en 2007, dans un mince opuscule, La Pensée de midi, Archéologie d’une gauche libertaire*, un hommage à Camus qu’il inscrivait dans une filiation qui reliait les rives méditérranéennes aux rivages bretons à travers une approche de Georges Palante et de Jean Grenier. Il y va de 600 pages  qui font un certain raffut dans la sphère de la critique journalistique : un vrai lancement publicitaire (!) avec Franz-Olivier Giesbert, un soutien amical et nuancé de Jean Daniel et un “halte-au-feu” d’Olivier Todd, qui doit craindre une chute des ventes de son excellent bouquin, Albert Camus une vie, beau pavé de plus de huit cents pages, datant de 1996.

Je continue de lire Onfray. Sa contre-histoire de la philosophie m'était une nécessité. Aujourd’hui, je m’avoue qu’il est plus conteur qu’historien, plus bretteur que philosophe, chaleureux, menteur par omission, à pas un oxymore près — feu sur Sartre sur une page, révéré à la page suivante — ; il pisse les feuillets, les articles, les livres en négligeant allègrement le précepte de Pline “Adversus solem ne meiito” — ne pisse pas face au soleil — qui reprend lui-même la recommandation moins aphoristique d’Hésiode***:

N’urine pas debout, tourné vers le soleil,
Ni entre le coucher de l’astre et son lever,
Ni marchant en chemin, ni sur les bas-côtés,
Ni en te dénudant. Car les nuits sont aux dieux.
L’homme pieux satisfait ce besoin accroupi
Ou bien contre le mur d’une cour bien fermée. **


Mais Onfray renvoie aux calendes grecques les préceptes :  c’est un “chien”, un vrai de vrai Cynique, quoi !

Pour acquérir L'ordre libertaire, j’attendrai sans doute la parution en poche de son "pamphlet hagiographique" (?) (c'est écrit dans le sous-titre du Nouvel Obs qui balise les deux pages de remerciements de Jean Daniel à la dédicace de Onfray).
Pour le bénéfice de l’éditeur, ça ne tardera guère.

Dans l'attente, je relis avec bonheur — et gratitude envers Michel Onfray — Sa pensée de midi. C’est la très belle et brève histoire d'un lien entre trois philosophes.


 

 

* Michel ONFRAY, La Pensée de midi, Archéologie d'une gauche libertaire, Galilée, septembre 2007.

** Pour qui souhaiterait vérifier la justesse de la traduction— ce que j'avoue n'avoir pas encore pris le temps de faire :

μηδ' ἄντ' ἠελίου τετραμμένος ὀρθὸς ὀμιχεῖν·
αὐτὰρ ἐπεί κε δύῃ, μεμνημένος, ἔς τ' ἀνιόντα·
μήτ' ἐν ὁδῷ μήτ' ἐκτὸς ὁδοῦ προϐάδην οὐρήσῃς
μηδ' ἀπογυμνωθείς· μακάρων τοι νύκτες ἔασιν·
ἑζόμενος δ' ὅ γε θεῖος ἀνήρ, πεπνυμένα εἰδώς,
ἢ ὅ γε πρὸς τοῖχον πελάσας ἐυερκέος αὐλῆς.

*** Référence à une recension de Pierre Assouline qui n'est point dans mes fréquentations quotidiennes, sur les Adages d'Érasme,"Erasmemania" dans le Monde des Livres du vendredi 13 janvier. Piquante à lire ! Et à ouvrir le fichier qui livre aperçu de ces fameux Adages en cliquant sur ce lien, Adagesbooklet.pdf

mercredi, 11 janvier 2012

au décours de...

un mot au ...détour d'une notice d'information médicale sur l'anesthésie. Et surgit comme une sensation ruisselante, légère. Un mot nouveau dont je ressens imperceptiblement le sens. Je l'ai lu pour la première fois quelques minutes avant qu'on ne me fasse coucher dans un lit mobile d'où je ne vois en accéléré que les plafonds des longs couloirs, de l'ascenceur, d'autres longs couloirs, jusqu'à une vague aire de stationnement où semblent se croiser d'autres lits aussi mobiles que le mien.

au décours de...

Un visage aigu à lunettes qui se penche et me dit : « Je vais vous accompagner tout au long de l'intervention ! » Je pense : pourquoi ne dit-elle point "jusqu'au décours" ?

Une infime piqure sur le dos de la main gauche. Le même visage me propose un masque d'oxygène : « Air alpin ou air pyrénéen ? » me propose-t-elle.
Elle ne peut savoir d'où je viens : « Air marin ! » Je lui suggère. Elle nous, elle et moi, embarque en paroles apaisantes dans l’air salin, les beaux nuages et le bleu de la mer.
Moi, je ne perçois au plafond qu’un assemblage de tuyaux crèmes mais sereins je n’entends plus les mots je deviens attentif à cette lourdeur qui m’empoigne paisiblement les épaules la nuque mon regard qui efface l’assemblage et entre dans l’autre monde — non, un autre monde — c’est bien ainsi oui ça doit être ainsi au décours de...

au décours de....    j’entends mon nom         le nom d’un autre que je ne suis pas        mon nom        l’air salin dans la bouche      bruissements de voix claires froides trop claires         je n’ai encore cette fois ramené aucun rêve         seule cette impression d’un temps abrégé      déjà !      Et le retour trop lucide par les mêmes longs couloirs le même ascenseur et les autres longs couloirs

L’air salin dans la bouche, ce n’est que le goût salé de mon sang. Ce n’est rien qu’un simple aléa dentaire dû à l’adolescence du grand âge.
La saveur fraîche d’une compote.
La vie revient neuve.

Mais la note d’information médicale du Service Anesthésie et Réanimations de l’Hôtel-Dieu précise bien “qu’au décours de l’intervention, l’anesthésie peut provoquer, etc.”

Allons, le décours me plaît bien.

mercredi, 28 décembre 2011

Ce soir, on largue

L'estuaire - copie.jpg

Pour demain retrouver des rivages amis, arpenter les jetées des port Asturiens, larges comme des avenues — car il faut bien résister aux puissantes houles de noroît qui lèvent du Golfe et franchir le passage de 2011 à 2012.

DSCN0009 - copie.JPG

"Nordeste" de Vaquero Turcios.

Asturies

terre de résistance aux conquêtes arabo-andalouses et autre dictature franquiste,
terre de bergers qui jouent de la bombarde, sœur celte de la ghaïta berbère,
terre de mineurs très âgés qui ont mémoire des luttes anciennes et qui, discrètement aujourd'hui encore, se saluent, le poing levé, en entrant dans les cafés.

éloge de l'Horizon - copie.jpg

 Élogio del Horizonte d'Eduardo Chillida