dimanche, 26 février 2012
le vieil homme, la mer et nos droits de traduire
Monsieur Assouline, d'évidence, dans le Monde des Livres du 24 février, y va de sa chronique, un tantinet emphatique : bronca, tweetosphère, blogosphère, stratosphère, feux aux poudres, boulevard à ragots. Ici donc nous sommes quelques-unes et quelques-uns à être visé(e)s. Je n'en maintiens pas moins un crêpe noir sur mon exemplaire du bouquin traduit par Dutourd.
Ailleurs, d'autres gros mots : invocation légitime des droits, ouverture de la boite de Pandore, soudaine névrose d'altruisme.
Il conclut citant un colloque à venir —vu le ton de la citation, monsieur Assouline ne doit pas y être invité — sur la "copie mode d'emploi": « On y verra le nouveau monde faire le départ de ce qui doit mourir et de ce qui doit survivre de l'ancien monde. Le droit d'auteur, par exemple ? »
À propos du Vieil homme et la mer, je ne souhaite glisser qu'une remarque : Hemingway lui-même aurait-il fauté en matière halieutique : de la page 84 à la 86, le traducteur français écrit "daurade" ; le texte anglais mentionne "dolphin". Et la méditation rêveuse du vieux pêcheur va s'épancher sur "le poisson d'or bruni tacheté de rouge".*
Que je sache, le dauphin (dolphin) n'est pas un poisson, mais un mammifère marin. Le texte est, quelques lignes plus loin, tout aussi ambigu : « Tomorrow I will eat the dolphin. He called it dorado » (Demain, je mangerai le dauphin. Il l'appelait dorado)
Sénescence d'Hemingway ? Erreur du typographe ? Interprétation du correcteur ?
Addendum :
La même affaire — celle du bouquin, pas celle du dauphin — a agité aussi la Place de la Toile de Xavier de Laporte, élargissant les problèmes des droits d’auteur, au copyright et à la propriété intellectuelle.
Un autre conflit, moins public, montre bien les luttes sournoises qui agitent la Toile.
En novembre 2011, l'Université de Louvain a été menacée d'une plainte émanant de l'Université de Californie, pour "copillage" de textes "Grec ancien" et de leurs traductions.
À lire en cliquant sur le lien ci-dessus.
* Ne serait-ce pas une daurade coryphène ?
11:31 Publié dans Les blogues, les lectures, Web | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Les quelques recherches effectuées m'ont donné les résultats suivants :
1 - dolphin : large fish known as "dorado" (from the Spanish verb "dorar" ; the fish is golden in colour) - Hemingway, The Old Man and the Sea - Le Livre de Poche, collection Lire en anglais, 1991, page 15.
2 - dolphin : 1 - a) dauphin ; b) dorade coryphène
Dictionnaire anglais-français Harrap's Standard, Bordas, 1962.
Il s'agit donc vraisemblablement du "dolphinfish".
..... Des recherches qui m'ont donné envie de me replonger dans les oeuvres de Hemingway.
Écrit par : Thérèse | lundi, 27 février 2012
Les commentaires sont fermés.