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vendredi, 30 juin 2006

fleuve blond

medium_Copie_de_Sur_le_Fleuve.2.jpg



C'était hier ou avant-hier, lors des Rencontres du Fleuve* qui, depuis une semaine, célèbrent le passé, le présent, les paysages, les bateaux, les vins, les femmes et les hommes, un futreau et une gabarre remontaient la Loire. La vallée me semblait blonde et je croyais enfin comprendre la fascination de l'ami Joachim Du Bellay pour l'or des belles chevelures.
À moins que ce ne fût pour ce vin d'Anjou en robe d'or que secrète le cépage chenin blanc !
Au choix donc, ou le vin ou la Dame Et puis non ! Pourquoi un choix ? Et la Dame et le vin.

.....................................
Je vois le blanc et vermeil
De cette face tant claire,
Dont l'un et l'autre soleil
À mes ténèbres éclaire.

Voyant ces rayons ardents,
Dessus le cristal de l'onde,
Qui frisent par le dedans
Le fond de l'arène blonde,

Je vois les ondes encor
De ces tresses blondelettes,
Qui se crêpent dessous l'or
Des argentines perlettes.

Le cep, qui étreint si fort
De l'orme la branche neuve,
Armant l'un et l'autre bord
Du long rampart de mon fleuve,

Ressemble ces nœuds épars,
Qui sur le front de ma dame
Enlacent de toutes parts
Mon cœur, mon corps et mon âme.

Ce vent, qui rase les flancs
De la plaine colorée,
À longs soupirs doux-soufflants,
Qui rident l'onde azurée,

M'inspire un doux souvenir
De cette haleine tant douce,
Qui fait doucement venir
Et plus doucement repousse

Les deux sommets endurcis
De ces blancs coteaux d'ivoire,
Comme les flots adoucis
Qui baisent les bords de Loire
..........................................

 


Joachim Du Bellay
Chant de l'Amour et du Printemps
Divers Jeux rustiques


* Le site des Rencontres du Fleuve.

jeudi, 29 juin 2006

Chronique portuaire de Nantes XII

Des origines à la fin du Moyen-Âge


I486. — VAISSEAUX NANTAIS.

Les navires de guerre du XVe siècle étaient loin d'avoir un tonnage considérable. Les plus grands d'ailleurs peu nombreux, atteignaient à peine 300 tonneaux comme les vaisseaux nantais : Le Grand-Lion, le Pelit-Lion, et le Saint-Pierre-de-Nantes ; quant aux navires ordinaires, ils avaient un tonnage moyen de 80 tonneaux, c'est ce que jaugeaient les nantais : les Deux-Lions et la Bonnavanture, qui, montés chacun par 400 hommes, combattirent en 1486 sous le Duc François II (1).


1487. — BLOCUS DE NANTES

Lors de la « Guerre Folle» entre la Bretagne et la France, Nantes fut investie par les armées de terre et de mer françaises, cette dernière tenue en respect, toutefois, par les flottilles du Pays de Rays, Bourgneuf, Pornic et Bouin, gardant l'entrée de la Loire. Trois vaisseaux de guerre accompagnaient cette escadrille, commandée par Jacques Jouan et Jean Bouchart, petits-fils, l'un du premier marin qui ait été annobli pour servir à la mer, l'autre du premier amiral breton.
Malgré le blocus étroit de la ville, le corsaire breton Nicolas Coetanlem parvint deux fois à traverser la flotte française avec des barges chargées de vivres et à ravitailler Nantes.
Le siège fut enfin levé par terre,lors de l’arrivée d'une année de 10.000 hommes dont 1.500 Flamands, sous le commandement du Bâtard Baudouin de Bretagne, et par mer, lors de la venue de la flotte de Léon Cornouialles qui, réuni à Jacques Jouan et Jean Bouchait, dispersa la flotte française (2).
_______________________________________________________________

(1) HUET, Recherches Économiques et Statistiques sur le Département de la Loire-Inférieure, p. 184.
(2) DE LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine française, t. II, pp. 419-20.

dimanche, 25 juin 2006

sortie de sieste saine

Toujours dans le Bonheur fou de Giono :

Les gens qu'on voit en ouvrant les yeux après la sieste ne sont jamais beaux.


Ça pourrait s'apppliquer aussi, quand, après avoir lu certains commentaires sur les blogues de ce que je nomme mon "phalanstère", levant les yeux, je rencontrerais le visage @nomyme des rédacteurs des dits commentaires.

samedi, 24 juin 2006

seins de sainte

medium_agathe.jpgQue seraient devenues les méditations lactées de Bourdaily on the web, si à l'icône moyen-âgeuse de Bernard de
Clairvaux s'abreuvant au virginal sein, j'avais substitué le plateau sanguinolent de Sainte Agathe aux seins coupés.
Quoique - salut, Devos ! - avec ce diable d'homme qu'est JCB, sait-on en quel lieu de perdition, il nous eût entraîné(e)s ?

C'était le 16 juin dernier, la note de Langue sauce piquante, à propos du mot démotivation.
Décidément, comme le laissent pressentir nos correcteurs préférés, l'auréole ne vaut pas l'aréole.

Le tableau de Zurbaran, Sainte Agathe présentant ses seins sur un plateau, est au Musée Fabre de Montpellier. Le geste pseudo-zygodactyle n'est pas esquissé !

Post-scriptum : (qui n'a rien à voir avec ce qui précède, comme écrirait Delfeil de Ton).
Une belle et pertinente note de JCB à propos de l'enfer de la blogosphère en date du jeudi 22 juin. J'étais trop dans le spleen des vieillards et pas du tout "dans le coup" de ce qui se postillonnait dans les commentaires chez Berlol. Ça m'a navré.
De quoi, parfois donner raison à madame Élizabeth Lévy qui, dans son ton habituel, paraît pratiquer un dédain certain de la blogosphère et qui, dans son émission de ce jour, Le premier pouvoir, reprenant les termes d'un de ses invités, nomme les blogueurs "des citoyens de base". Des "basiques", disait l'invité.

jeudi, 22 juin 2006

Chronique portuaire de Nantes XI

des origines à la fin du Moyen-Âge


1456. — LA NAVIGATION ET LES PONTS DE NANTES.

Jusqu'alors la navigation n'avait été nullement interrompue par la ligne des ponts ; et des arches plus élevées et plus larges assuraient aux bras les plus importants le passage des navires.
Mais, le tonnage augmentant, ces arches devinrent insuffisantes, d'autant plus que les ponts étaient encombrés de moulins et de pêcheries ; aussi, voyons-nous le Duc d'Anjou, Comte du Maine, prier en 1456 son voisin le Duc de Bretagne, de ménager à son Pont de Nantes un passage assez large pour permettre aux « bâtiments à hune » de remonter le fleuve (1).
La ligne des ponts était alors exclusivement construite en bois, et chaque crue plus importante, ou chaque débâcle des glaces la rompait sur de nombreux points. Ce ne fut qu'à partir de 1563 que l'on commença à reconstruire les ponts en pierre ; et cette entreprise dura plus de vingt ans. La construction et l'entretien des ponts constituaient au XVe siècle la dépense la plus lourde du budget municipal ; un « miseur » ou payeur Spécial et un architecte étaient exclusivement chargés de ce service, alimenté par le produit des moulins et pêcheries, et aussi par de nombreux droits perçus sur les marchandises passant sur ou sous les ponts (2).


1470. — LE VAISSEAU LA “NEF DE NANTES”.

Le vaisseau la Nef-de-Nantes figurait parmi l'escadre bretonne réunie au Croisic, le 13 juin 1470, pour soutenir la bannière bourguignonne contre Warwick. Cette petite flotte qui comptait cinq bâtiments, dont la Nef-de-Nantes, le Cerf et la Haquenée, était sous le commandement du capitaine Guillaume Jouan. Pour exciter le courage des marins, le Duc François II leur abandonnait en entier le butin, dont un quart devait revenir au capitaine, un quart aux armateurs, et le reste aux combattants (3).


1474. — REPRÉSENTANTS NANTAIS DES “MARCHANDS FRÉQUENTANT LA RIVIÈRE DE LOIRE”.

Lors de la réunion générale des « Marchands fréquentant la rivière de Loire », tenue à Orléans le 12 mai 1474, et dans laquelle ils nommèrent ceux d'entre eux qui représenteraient dans chaque ville les intérêts de la Compagnie, nous voyons figurer en tête : Jehan Chese, Guillaume Bedelièvre, Jehan Mercier, Pierre Moreau et Jehan Sorbot, de Nantes (4).
_______________________________________________________________________________

(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Marine Bretonne aux XVe et XVIe siècles.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, pp. 276-388
(3) LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, t II, pp. 342-3.
(4) MANTELLIER, Histoire de la Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire, t. II, p. 4.

mercredi, 21 juin 2006

de plus en plus succinct

Quand aux nuisances poussiéreuses et sonores des travaux de rénovation des maisons voisines *, s'ajoutent les arcanes bancaires et autres chienlies financières, ne demeurent que un ou deux aphorismes bien servis et quelques musiques de plein air pour la soirée :

Libros lege **

Denys Caton
Brèves sentences


* Pourquoi ? Mais pourquoi ma bonne vieille voisine s'en est-elle allée, l'autre été, quand j'étais en Galice ?
** Lis les livres .

mardi, 20 juin 2006

succinct du blogue

Les aléas du voisinage en travaux nuisent au recueillement du penser pour écrire. Demeurent, dans le lire, de jolies bribes, telle :

Les femmes dont les cils font beaucoup d'ombre ont généralement l'âme fraîche.

C'est , chez Giono, dans les cents dernières pages du Bonheur Fou

dimanche, 18 juin 2006

au hasard de la chaleur


J'étais en plein océan. Nous voguions. Tout à
coup le vent tomba. Alors l'océan démasqua sa
grandeur, son interminable solitude.

Le vent tomba d'un coup, ma vie fit « toc ».
Elle était arrêtée à tout jamais.

Ce fut une après-midi de délire, ce fut une
après-midi singulière, l'après-midi de « la fiancée
se retire ».

Ce fut un moment, un éternel moment, comme
la voix de l'homme et sa santé étouffe sans effort
les gémissements des microbes affamés, ce fut un
moment, et tous les autres moments s'y enfour-
nèrent, s'y envaginèrent, l'un après l'autre, au
fur et à mesure qu'ils arrivaient, sans fin, sans
fin, et je fus roulé dedans, de plus en plus enfoui,
sans fin, sans fin.


Henri Michaux
Ma vie s’arrêta
Lointain intérieur

vendredi, 16 juin 2006

spleen

La vigne fleurit. Le muscadet pétille, léger.

Le monde est une vraie merde.
Airbus a totalement écrasé mon vignoble du Chaffault et son ex-président directeur général, un certain Noël...machin, à l'instar de l'autre, Antoine... truc, ex-président de Vinci, a pris soin de s'emplir ses fouilles et celles de ces rejetons, avant que l'Airbus ne s'étale sur le tarmac.
De pauvres nègres continuent d'arriver exsangues sur les grèves de Fuerteventura.

Je lis Giono à la "Genette" qui lisait Proust en sautant les passages narratifs.
Il suffit de me laisser guider par les mots qui disent et l'odorat et l'ouïe et l'œil d'Angelo : le Bonheur est Fou à chaque page.
Ça me console de mon espace qui va se restreindre. Me console un peu seulement !

jeudi, 15 juin 2006

Chronique portuaire de Nantes X

Des origines à la fin du Moyen-Âge


1413. — PREMIERS REGISTRES D’ARMEMENT

De tous les registres et documents relatifs au commerce de Nantes au XV* siècle, nous ne possédons qu'une seule feuille de parchemin arrachée à un registre d'armement. Elle fut trouvée dans les Archives de la Besnate (Loire-Inférieure), où elle servait de couverture au registre des décès de l’an XI. Ce document constate, en janvier 1413, l'armement des navires suivants :
« Le vessel la Notre-Dame, de Nantes, allant en Flandres ;
« le vessel le Sainct-Nicholas, de Nantes, allant hors Bretagne ;
« et la nef la Notre-Dame, de Nantes, chargée de vins d'amont, c'est-à-dire d'Anjou, pour le compte de Rohan, et qui eut à payer pour briefs et conduit cent cinq sols » (1).



1417. — TRANSPORT D’ "ARTILLERIES"

Le dépôt des Cartes et Plans de la Marine possède deux quittances curieuses relatives à Nantes.
L'une, datée de Nantes, le 17 octobre 1417,est une quittance de 21 livres du marinier Jehan Guischard, de Nantes, pour le transport a Brest, de » plusieurs artilleries».
L'autre, datée de Nantes, le 17 octobre 1417, est une quittance de 38 livres, du marinier Jehan Portier, pour le transport du Conc à Nantes de : « grant quantité de artilleries ».
À la suite de ces pièces est la note : « est assavoir que ces quittances ont esté descellées par cas de fortune, par le singe qui entra au comptoir» (2).


1430. — ACCORD DE NANTES AVEC L'ESPAGNE.

Le commerce de Nantes avec l'Espagne était alors très florissant ; un traité commercial fut même le 28 avril 1430, entre Alphonse, Roi de Castille, et Jean V, Duc de Bretagne. L'évêque de Nantes était nomme juge et arbitre pour les Espagnols commerçant en Bretagne ; et Sanche Estane pour les Bretons commerçant en Espagne. Ce fut l'origine de la fameuse association de la Contractation (3).

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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Marine Bretonne aux XV- et XVI' siècles, p. 76
(2) DE LA RONCIÈRE, Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques publiques de France. — Bibliothèque de la Marine, p. 153.
(3) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. I p. 527. MEURET, Annales de Nantes, t. I, p. 252. (LE BŒUF, Du Commerce de Nantes, p. 25, et E. GABORY, La Marine et le Commerce de Nantes au XVIIe siècle, donnent la date de 1428.)

mercredi, 14 juin 2006

blogues, acné, perversités et football

Une page entière sur les blogues dans Ouest-France. Entière et banale, ce n'est plus l'acné juvénile et le support à toutes les perversités intimes ; mais on en est encore assez proche !
Je n'en suis que plus satisfait de notre journée d'hier avec les collègues de la direction régionale et départementale. Dommage qu'lis fussent en petit nombre. Mauvaise presse, les journaux "intimes", ce ne doit pas être assez "Éduc pop" !
J'ai achevé la journée, vanné ! Mais heureux que le "métier" m'ait laissé quelque efficacité.

Et ce matin, « j'étais seul au Théâtre français ! On y jouait... »
Non ! C'était dans la salle 6 du Pathé de Saint-Herblain pour une projection "privée" de Marie-Antoinette. Une sorte d'ivresse à cette solitude dans une salle obscure de 500 places vides. Sans me leurrer : je n'aurais pas été là, la projection automatique se serait tout aussi bien déroulée...

Triste coupe du monde. Même les Brésiliens sont assoupis. Les seuls pétillants, mais battus : Côte d'Ivoire et Ghana.
Pétillants comme un canari de bangui frais.

lundi, 12 juin 2006

la pédagogie sortie des orties

J'ai passé la journée à tenter de réanimer un talent que depuis dix ans, j'avais jeté aux orties. Comme un froc un peu râpé !
Un talent ? Une compétence plutôt, lentement acquise, patiemment construite : la pédagogique. Plus précise encore, "l'andragogie" comme disaient les compagnons québécois de la formation des adultes.

Une journée sur les blogues et les écrits.
"La poésie", mentionne le papier d'invitation ; j'élargis l'horizon andragogique - donc - à un en-deça/au-delà de la littérature.
Je contribue à échafauder, six ou sept heures durant, pour une UTOPIE qui m'ébranle depuis trente ou quarante ans.
Après les maîtres qui me précédèrent, Dumazedier et Cacérès, Escarpit et Barthes :

proposer au Lecteur de devenir le Scripteur.

dimanche, 11 juin 2006

Pour Berlol, loin d’être contre Bon ! Et pour cause !

Je reprends une tardive contribution aux échanges inaugurés dans le Tiers livre de François Bon sur “Littérature et l’Internet”, avec la publication en avant-première d’un texte de Patrick Rebollar - Berlol - sur “anonym@t et bénévol@t”.
L’homme du Tiers livre craignant l’obsolescence du texte a proposé la mise en ligne de l’écrit sous l’énoncé : « L’invitation : Rebollar contre Berlol
Bien belle liberté de circulation des écrits sur la Toile !
M’estimant concerné par ces échanges - c’était sur ma demande qu’au début du printemps, Patrick Rebollar avait accepté de rédiger cette communication pour un numéro d’Encres de Loire qui ne paraîtra qu’en janvier 2007 sur support papier - je me suis mis en chemin avec quelque lenteur et n’ai publié que dans la soirée d’hier un commentaire dans le Tiers livre.
Ce matin, ne demeure plus que le texte de Patrick ; je saurai dorénavant qu’avec le Tiers livre et le Tumulte, il me faut me hâter.

« J’interviens un peu tard, et sans doute un peu de côté. François Bon & Patrick Rebollar estimeront peut-être que je rabâche. Bien que...
Je traîne dans mes sacs d’Éducation populaire - (vous savez... ou pas : le Front populaire, la Résistance, le Vercors, Peuple & Culture, Jean Guéhénno) - une utopie qu’un homme "de lettres" avait si bien énoncée, un soir, il y a 33 ans, lors d’un échange sur France Cul sur le thème Où va la littérature ?, Maurice Nadaud s’entretenait avec Roland Barthes et celui-ci, à la fin de l’échange, de rêver à

« Une certaine idée utopique de la littérature. .. ...une sorte de vision d’une écriture socialement heureuse.
Partant du fait que depuis l’avènement de la démocratie bourgeoise accompagnée par les progrès des techniques de production, il y a divorce évident entre le LECTEUR et le SCRIPTEUR.
Dans la société antérieure où la division des classes était extrêmement forte, pour la classe heureuse, oisive, ce divorce n’existait pas. Il y a cent cinquante ans l’enseignement secondaire qui se dispensait aux fils de bourgeois consistait à apprendre l’Art d’écrire, la rhétorique... ! Maintenant, on apprend à lire...
Dans la clandestinité et en petit nombre, il y a un certain nombre de sujets qui ont le désir profond d’accomplir cette jouissance de l’Écriture, qui se heurtent naturellement à des barrières terribles sur le plan commercial, institutionnel, éditorial.
L’espoir de pouvoir écrire sans publier, c’est un rêve qui peut exister.
Imaginer une utopie où les Textes écrits dans la jouissance pourraient circuler en dehors de toute instance mercantile. Ils circuleraient ; dans des petits groupes, dans des amitiés au sens phalanstérien du mot, et ce serait la circulation du désir d’écrire, de la jouissance d’écrire et de la jouissance de lire qui assurerait l’enchaînement sans rejoindre le divorce entre lecture et écriture...

Faire du Lecteur un Écrivain.

...parce qu’à partir de ce moment, tous les problèmes de lisibilité disparaîtraient : on lirait un texte illisible, mais on le lirait dans le moment de son écriture, et à ce moment-là on le comprendrait très bien.
Le risque, c’est que, vu le conditionnement culturel, le texte ne sera qu’un espace expressif où on va s’exprimer, alors qu’en réalité, il faudrait arriver à comprendre que le texte est un espace séducteur : quand on écrit, il faut se poser des problèmes de séduction, il faut séduire l’Autre » .

Ce rêve, bien sûr, ne clarifie point la question : qu’est-ce qui fait d'un énoncé linguistique, un écrit dit llttéraire ? À fortiori sur un site ? Dans un blogue ?

Mais nous sommes bien sur le seuil de l’utopie qui se réalise. Quelle misère que Barthes se soit fait renverser sur un passage clouté ? Il serait peut-être venu commenter l’anonym@t et le bénévol@t, tout en nous rappelant que, pour lui, « écrire est un verbe intransitif ».

Post-scriptum : Ce n’est qu’une transcription de l’émission. Il y a quelque gaucherie. Je crois que Nadaud a publié en opuscule, aux Lettres Nouvelles, le contenu de cet entretien. France Cul a-t-elle mis l’émission dans ses archives ? Ou L’INA ? »

Post-scriptum bis : Autre échange passionné, passionnant à propos de l’existence ou de l’inexistence - eh, oui ! rien que ça - de Louïse Labé sur le blogue de Constantin Copronyme.

vendredi, 09 juin 2006

mince glane odorante

Avant que Hautetfort ne ferme pour vingt-quatre heures, et peut-être pour prolonger la contemplation secrète de l'Origine du Monde, une glane odorante dans - encore et toujours - Voyage en Italie de Giono, vrai scribe des cinq sens :

Les femmes mettaient des clous de girofle dans les coffres à linge. Leur faire la cour, c'était manger du bœuf en daube.

Sic !
L'atmosphère sonore de la contemplation est assurée par l'andante du concerto pour basson en si bémol de Mozart.
Extase assurée.

Seiches farcies

Il est raconté qu'une dame fit recette avec un blogue à ...recettes ; devant rattraper un déficit en lectorat que mon inconstance de "quelconque écrivant" - traduction sommaire de grapheus tis - suscite, ai-je une chance avec ces « seiches farcies », tirées de deux pages de Voyage en Italie, celui de Jean Giono :


Il faut hacher la salade et le cerfeuil avec une pointe d'ail et beaucoup de persil. Le persil est très bon à l'homme ; il donne une belle démarche. On coupe menu aussi les tentacules des petites seiches. Il ne les faut pas plus grosses qu'un œuf de pintade. On fait un coulis avec la pomme d'amour, de l'huile et le foie cru de trois ou quatre gros rougets. Dans les maisons où l'on est habitué à manger de la seiche farcie, on a toujours une petite jarre de garbinella. C'est un mot qui signifie tour d'adresse. C'est une purée de fenouil de Padoue. On écrase dans de l'eau-de-vie les grosses tiges de ce fenouil qui pousse au bord des marais. Cette pâte « fine comme de l'argile à poterie» macère dans l'alcool pendant des mois. On en prend gros comme un poing d'homme. On la délaie dans du vin blanc. On fait crever du riz et on le laisse s'imbiber de ce vin blanc. La seiche est le seul fruit de mer qui demande assaisonnement de noix muscade. Cela vient de ce qu'elle se nourrit des petites boues qui flottent entre deux eaux, comme du lait. Il faut beaucoup de temps pour farcir des seiches mais, bien entendu, on a le temps. Ensuite, on les fait cuire à la poêle dans de l'huile qui ne doit pas grésiller. Cela ne s'appelle pas frire ; cela s'appelle sborare. C'est un mot qui signifie quelque chose de dégoûtant. Mais celui qui est près d'une poêle où l'on fait sborare des seiches ne se soucie plus du sens du mot.


Je n'ai point osé imposer la lecture à haute voix de cette recette à la compagnie nocturne de Bouguenais Bouquine qui tenait sa dernière rencontre avant l'été. Je m'en vas la publier sur le blogue qui sommeille. Il ne suffit point de décréter "la parole aux lectrices et lecteurs" pour qu'elle se prenne ; de ce rêve, nous avons discuté avec ardeur hier au soir.