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vendredi, 09 juin 2006

Seiches farcies

Il est raconté qu'une dame fit recette avec un blogue à ...recettes ; devant rattraper un déficit en lectorat que mon inconstance de "quelconque écrivant" - traduction sommaire de grapheus tis - suscite, ai-je une chance avec ces « seiches farcies », tirées de deux pages de Voyage en Italie, celui de Jean Giono :


Il faut hacher la salade et le cerfeuil avec une pointe d'ail et beaucoup de persil. Le persil est très bon à l'homme ; il donne une belle démarche. On coupe menu aussi les tentacules des petites seiches. Il ne les faut pas plus grosses qu'un œuf de pintade. On fait un coulis avec la pomme d'amour, de l'huile et le foie cru de trois ou quatre gros rougets. Dans les maisons où l'on est habitué à manger de la seiche farcie, on a toujours une petite jarre de garbinella. C'est un mot qui signifie tour d'adresse. C'est une purée de fenouil de Padoue. On écrase dans de l'eau-de-vie les grosses tiges de ce fenouil qui pousse au bord des marais. Cette pâte « fine comme de l'argile à poterie» macère dans l'alcool pendant des mois. On en prend gros comme un poing d'homme. On la délaie dans du vin blanc. On fait crever du riz et on le laisse s'imbiber de ce vin blanc. La seiche est le seul fruit de mer qui demande assaisonnement de noix muscade. Cela vient de ce qu'elle se nourrit des petites boues qui flottent entre deux eaux, comme du lait. Il faut beaucoup de temps pour farcir des seiches mais, bien entendu, on a le temps. Ensuite, on les fait cuire à la poêle dans de l'huile qui ne doit pas grésiller. Cela ne s'appelle pas frire ; cela s'appelle sborare. C'est un mot qui signifie quelque chose de dégoûtant. Mais celui qui est près d'une poêle où l'on fait sborare des seiches ne se soucie plus du sens du mot.


Je n'ai point osé imposer la lecture à haute voix de cette recette à la compagnie nocturne de Bouguenais Bouquine qui tenait sa dernière rencontre avant l'été. Je m'en vas la publier sur le blogue qui sommeille. Il ne suffit point de décréter "la parole aux lectrices et lecteurs" pour qu'elle se prenne ; de ce rêve, nous avons discuté avec ardeur hier au soir.

Commentaires

magnifique - ne me lancerai jamais là-dedans, même si en tant que Vendéen j'adore cuisiner la seiche (souvenirs d'enfance : le blanc d'un côté, pour les touristes, et les têtes et tentacules à pas cher au kilo pour nous les autochtones) - quelle réserve formidable de langue - en Vendée aussi on pratique cette infusion de fenouil sauvage du bord des fossés

Écrit par : FB | samedi, 10 juin 2006

Il y eut un temps - un temps d'enfance- où je croyais dur comme croix de fer que l'âme, dont on nous parlait sans arrêt au catéchisme , avait l'apparence de l'os de seiche que l'on mettait dans les cages de canaris (comme leurre pour qu'ils prennent en picorant leur réclusion en patience.) Os de seiche d'une blancheur immaculée... C'était troublant de penser qu'elle pouvait se salir facilement, avec sa forme bizarre, je n'osais pas la toucher ... Maintenant que la seiche peut se cuisiner sans préjugés doctrinaux, je suis amplement rassurée... On n'est plus obligés de croire qu'une ménagère de moins de quarante ans reste étanche à la littérature.Elle a plus d'une recette encyclopédique dans son sac à pain. L'avenir est au rire en portions sécables et congelables comme les épinards. Avis aux congélateurs ! Avec mes pensées micro-ondables distinguées et au plaisir de vous lire sur la Cause des Causeuses ( Elles cuisinent toutes et même leurs amants).

Écrit par : Mth PEYRIN | samedi, 10 juin 2006

Amis de la littérature, de la cuisine et des céphalopodes, je ne saurais trop vous recommander la lecture de "La Seiche", de Maryline Desbiolles. Un très beau livre. Une fois n'est pas coutume, on peut se fier à la quatrième de couverture : "...un récit très pur qui dégage une légèreté et un sens de l'harmonie parfaits, en même temps qu'un trouble indéfinissable saisit le lecteur" (Points/roman, 1999).

Écrit par : C.C. | dimanche, 11 juin 2006

Hmmm...délicieux !
Oui, CC, on peut aussi aller glaner quelques tuyaux gastronomico-érotico-littéraires dans " La seiche " de Maryline Desbiolles ( au Seuil. 1998).

Chacune des onze premières têtes de chapîtres décortique - si l'on peut dire ! - la recette qui finit au douzième et dernier chapître en fiasco, comme l'histoire...car " les histoires d'amour (ter) finissent mal, en général " !

Écrit par : Françoise Granger | dimanche, 18 juin 2006

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