dimanche, 11 juin 2006
Pour Berlol, loin d’être contre Bon ! Et pour cause !
Je reprends une tardive contribution aux échanges inaugurés dans le Tiers livre de François Bon sur “Littérature et l’Internet”, avec la publication en avant-première d’un texte de Patrick Rebollar - Berlol - sur “anonym@t et bénévol@t”.
L’homme du Tiers livre craignant l’obsolescence du texte a proposé la mise en ligne de l’écrit sous l’énoncé : « L’invitation : Rebollar contre Berlol.»
Bien belle liberté de circulation des écrits sur la Toile !
M’estimant concerné par ces échanges - c’était sur ma demande qu’au début du printemps, Patrick Rebollar avait accepté de rédiger cette communication pour un numéro d’Encres de Loire qui ne paraîtra qu’en janvier 2007 sur support papier - je me suis mis en chemin avec quelque lenteur et n’ai publié que dans la soirée d’hier un commentaire dans le Tiers livre.
Ce matin, ne demeure plus que le texte de Patrick ; je saurai dorénavant qu’avec le Tiers livre et le Tumulte, il me faut me hâter.
« J’interviens un peu tard, et sans doute un peu de côté. François Bon & Patrick Rebollar estimeront peut-être que je rabâche. Bien que...
Je traîne dans mes sacs d’Éducation populaire - (vous savez... ou pas : le Front populaire, la Résistance, le Vercors, Peuple & Culture, Jean Guéhénno) - une utopie qu’un homme "de lettres" avait si bien énoncée, un soir, il y a 33 ans, lors d’un échange sur France Cul sur le thème Où va la littérature ?, Maurice Nadaud s’entretenait avec Roland Barthes et celui-ci, à la fin de l’échange, de rêver à
« Une certaine idée utopique de la littérature. .. ...une sorte de vision d’une écriture socialement heureuse.
Partant du fait que depuis l’avènement de la démocratie bourgeoise accompagnée par les progrès des techniques de production, il y a divorce évident entre le LECTEUR et le SCRIPTEUR.
Dans la société antérieure où la division des classes était extrêmement forte, pour la classe heureuse, oisive, ce divorce n’existait pas. Il y a cent cinquante ans l’enseignement secondaire qui se dispensait aux fils de bourgeois consistait à apprendre l’Art d’écrire, la rhétorique... ! Maintenant, on apprend à lire...
Dans la clandestinité et en petit nombre, il y a un certain nombre de sujets qui ont le désir profond d’accomplir cette jouissance de l’Écriture, qui se heurtent naturellement à des barrières terribles sur le plan commercial, institutionnel, éditorial.
L’espoir de pouvoir écrire sans publier, c’est un rêve qui peut exister.
Imaginer une utopie où les Textes écrits dans la jouissance pourraient circuler en dehors de toute instance mercantile. Ils circuleraient ; dans des petits groupes, dans des amitiés au sens phalanstérien du mot, et ce serait la circulation du désir d’écrire, de la jouissance d’écrire et de la jouissance de lire qui assurerait l’enchaînement sans rejoindre le divorce entre lecture et écriture...
Faire du Lecteur un Écrivain.
...parce qu’à partir de ce moment, tous les problèmes de lisibilité disparaîtraient : on lirait un texte illisible, mais on le lirait dans le moment de son écriture, et à ce moment-là on le comprendrait très bien.
Le risque, c’est que, vu le conditionnement culturel, le texte ne sera qu’un espace expressif où on va s’exprimer, alors qu’en réalité, il faudrait arriver à comprendre que le texte est un espace séducteur : quand on écrit, il faut se poser des problèmes de séduction, il faut séduire l’Autre » .
Ce rêve, bien sûr, ne clarifie point la question : qu’est-ce qui fait d'un énoncé linguistique, un écrit dit llttéraire ? À fortiori sur un site ? Dans un blogue ?
Mais nous sommes bien sur le seuil de l’utopie qui se réalise. Quelle misère que Barthes se soit fait renverser sur un passage clouté ? Il serait peut-être venu commenter l’anonym@t et le bénévol@t, tout en nous rappelant que, pour lui, « écrire est un verbe intransitif ».
Post-scriptum : Ce n’est qu’une transcription de l’émission. Il y a quelque gaucherie. Je crois que Nadaud a publié en opuscule, aux Lettres Nouvelles, le contenu de cet entretien. France Cul a-t-elle mis l’émission dans ses archives ? Ou L’INA ? »
Post-scriptum bis : Autre échange passionné, passionnant à propos de l’existence ou de l’inexistence - eh, oui ! rien que ça - de Louïse Labé sur le blogue de Constantin Copronyme.
11:10 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Ami,
En faisant des bidouilles sur le site, ce matin, j’avais introduit une coquille dans la boucle d’affichage des forums, et il m’a fallu aller pêcher une version plus ancienne dans une sauvegarde que je ne retrouvais plus avant de finir par corriger. Donc, le site est resté pendant 90 minutes à peu près sans forum, mais c’était pas une censure pire que ça !
Tu étais en mer quand j’ai lu le texte Berlol, il me semble que l’acuité de cette discussion, pour ce qui nous concerne tous via nos blogs et discussions, imposait cette circulation, et que du coup, lorsque dossier Encres de Loire va revenir d’actu, on pourra leur concocter ensemble une prolongation, un approfondissement, tellement tout cela va vite (voir échange avec Christine Genin).
Cette circulation est de plus en plus passionnante. Bonnes seiches farcies ce midi!
Écrit par : FB | dimanche, 11 juin 2006
Merci de cette continuation par le retour en arrière. Ce qui est bien clair de "notre côté" des choses, c'est que nous partons de désirs et d'utopies pour produire un certain fonctionnement du réticule littéraire qui réponde à certaines exigences. Et que nous arrivons en effet à produire quelque chose à partir de cela : quelques dizaines de blogs et de sites, une revue comme Remue.net qui aura sa fête — bien réelle — samedi prochain, un colloque comme celui de l'an dernier à Cerisy, etc.
Car il y a clairement un "autre côté" (et de l'entre-deux), le côté de ceux qui n'ont pas ou peu de désirs et d'utopies et qui se bornent (même quand ils s'agitent) à (vouloir) faire de l'argent, du pouvoir et/ou de la notoriété avec n'importe quelle activité réticulaire, fût-elle littéraire. Non que de notre côté nous ne voudrions ni argent, ni pouvoir, ni notoriété, mais ce n'est pas cela qui nous motive premièrement, qui nous origine et nous oriente. Notre moteur ne marche qu'à l'idéal.
Écrit par : Berlol | lundi, 12 juin 2006
ton blog est passionnant
Écrit par : laura vanel- coyttel | lundi, 12 juin 2006
merci pour ton commentaire
en ce qui concerne mon travail sur rené char, mon prof de DEA avait moyennement apprécié
Écrit par : laura vanel- coyttel | lundi, 12 juin 2006
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