dimanche, 30 juillet 2006
bons blogues de l'été
Les "The Nana's" sont arrivées.
Il me faut quitter la gravité de certaines notes et leurs rires m'y portent allègrement. Il me faut seulement être un tantinet plus matinal si je souhaite "voguer" sur la Toile, car lil y a risque certain d'accaparement du petit "Mac" !
Entre Adibou et le Pirate des Caraïbes, déjà, hier au soir, il y avait de la demande !
Revue des mes blogues* :
• quête fructueuse chez Berlol (Rahan, Monteverdi, l'Alamblog et la DAVDSI),
• coïncidences poétique (Georges Henein, mon dernier bouquin de chez Seghers, et au train où je vais, il ne sera abordé que dans quelques (?) années), ludique ( les "dinky toys"), philosophique (écoute de Onfray) chez Bourdaily-on the web,
• accumulation du penser dans le blogue d'AL qui disserte du colonialisme, du christianisme, de l'amour et de l'équitation (mais où trouve-t-il une telle verdeur pour ainsi disserter dans la canicule ?)
Pour saluer mes compagnons blogueurs, une paisible et fraîche pluie d'Ouest enfin revenue dans la nuit
et de Georges Henein :
dans cinq ans je serai...
dans dix ans...
dans quinze ans on me...
.......................................
.......................................
dans vingt ans un homme voguera de nouveau
l'avenir en tête
la tête blanchie.
Beau Fixe
Le signe le plus obscur, 1977
* Pour les lire, cliquez dans la liste des "journaux préférés".
09:15 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 29 juillet 2006
réappprocher Jouve ?
..............................................................
Lorsque couchés sur le lit tiède de la mort
Tous les bijoux ôtés avec les œuvres
Tous les paysages décomposés
Tous les ciels noirs et tous les livres brûlés
Enfin nous approcherons avec majesté de nous-mêmes
Quand nous rejetterons les fleurs finales
Et les étoiles seront expliquées parmi notre âme,
Souris alors et donne un sourire de ton corps
Permets que nous te goûtions d'abord le jour de la mort
Qui est un grand jour de calme d'épousés,
Le monde heureux, les fils réconciliés.
Plus d'un mois que je devrais avoir repris ma chronique à propos de mes bouquins de Seghers ! Plus de deux mois que, chaque jour, je reprends quelques textes du livre à la couleur sang.
Comme un triple terrassement à ne pouvoir écrire de ces lectures parce qu'il y a cette musique déchirante de Mozart, sereine et à la fois immense et brève, l'Ave Verum réécrit Vrai Corps par Pierre Jean Jouve qui clôt le recueil des Noces et qu'il y est question d'une Résurrection de la Chair en quoi je n'espère plus !
Qu'au-delà, il y a la mort du Père et que ce texte, je l'ai proféré l'après-midi de ses funérailes quand l'assemblée de ses amis venaient saluer une fois dernière sa dépouille !
Que, dans un lointain plus à vif encore, il y a CE qui n'est plus, qui est le corps figé, sexe et sang glacés, de la Première Épousée !
Et pourtant
...Tous les bijoux ôtés avec les œuvres
Tous les paysages décomposés
Tous les ciels noirs et tous les livres brûlés...
...Le monde heureux, les fils réconciliés..
Si distante est alors la "littérature" !
17:00 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 juillet 2006
Chronique portuaire de Nantes XV
AU XVIe siècle
1532. — FRANÇOIS Ier À NANTES - " LA NONPAREILLE "
En 1532, le roi François Ier, la Reine et le Dauphin se rendirent à Nantes ; la Ville avait envoyé au devant d'eux, à Ancenis, deux galiotes richement meublées, et garnies sur le pont de salons vitrés pour le service de la Reine, de ses Dames et des Princes (1).
C'est sous le règne de François Ier que l'on trouve la première mention d'un navire de haut bord construit à Nantes. Ce prince y fit construire en effet un vaisseau « extraordinairement grand » qui, au dire de d'Argentré : « pour sa démesurée grandeur fut appelé la Nonpareille » (2).
1537. — GABARES ET GALÈRE DE LA VILLE .
En 1537, la ville fit équiper à Barbin deux riches gabares pour aller prendre la reine de Navarre à la Gâcherie, chez son beau-frère, le Vicomte de Rohan. Cette princesse visita ensuite la Fosse et les vaisseaux, puis une galère de la ville la reconduisit jusqu'à Ingrandes (3).
1547. — GALÈRES ROYALES À NANTES.
Au début du règne de Henri II, Nantes était le centre des galères royales du Ponant, comme Marseille l'était de celles du Levant. Nous voyons en effet dans l'Ordonnance de 1547 : « sur le faict des gallères » que : « Le Roy ayant délibéré et résollu d'entretenir armée de gallaires, non seulement pour deffendre ses lieux et places maritimes, mais aussi pour offendre où et ainsi que l'occasion se pou-roit offrir et présenter, aura tant en Ponant que en Levant, es portz de Nantes et Marseille, jusques au nombre de quarante gallères... » (4).
Les galères, originaires de la Méditerranée, ce qui explique la présence de nombreux Italiens dans le grade de général des galères, étaient des bâtiments fins et élancés, avec deux ou même trois mâts garnis de voiles à antennes. Le plus généralement d'ailleurs elles naviguaient à la rame ; les rameurs, appelés « la chiourme », étaient recrutés parmi les condamnés, les prisonniers faits à l'ennemi, parfois même, en cas de besoin, parmi les marins de la flotte ou des engagés.
La chiourme occupait le centre du bâtiment, les deux extrémités étaient garnies d'un château, gaillard élevé, réservés, celui d'avant au capitaine, celui d'arrière à l'équipage, et tous deux munis d'artillerie.
Les galères étaient le plus souvent très richement équipées, surchargées de dorures et de sculptures, couvertes de tapis et ornées d'immenses dais d'étoffes coûteuses et d'innombrables pavillons et bannières. La galère royale de chacun des postes des Ponant et Levant, la « Réale », ainsi qu'elle était appelée, surpassait toutes les autres en richesse.
Henri II fit construire à Nantes le Grand-Henry et le Grand-Carraquen, « les deux plus grands vaisseaux qui fussent en France de ce temps-là », et même ; « les plus grands qu'on n'ait point vus en nostre « Océan ». Ils étaient d'ailleurs si grands, au dire des chroniqueurs, qu'ils furent : « délaissez pour estre trop lourds à mener » (5).
(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 274.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 298.
(3) MEURET, Annales de Nantes, t. II, pp. 11-12.
(4) LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, t. III, p. 455.
(5) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. I, p. 109
03:00 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 juillet 2006
haïkaï d'été : variante occidentale
Pour Jac, ma plus proche voisine, qui, de l'autre côté du mur, lit ce blogue et vient ensuite m'en parler
fleurs de juillet
enfin les épaules nues
des femmes
Daniel Biga*
Déambulation poétique
Grand Lac III
À Grand-Lieu, un village de pêcheurs
* Nous avions proposé à Daniel d'entrelacer la Parole de nos ami(e) Passis d'une déambulation poétique ; je l'avais "rencontré" une première fois dans cette anthologie de la nouvelle Poésie française que Bernard Delvaille avait publiée chez Segehrs en 1974 sous une amusante jaquette en " jean's" ; vingt plus tard, nous nous retouvions, grâce à MJ, à Nantes, lors d'ateliers d'écriture.
Il nous proposa cinq déambulations dans Passay et autour du Grand-Lieu, à la manière des journaux de voyage de Bashô et des "choses dont je me souviens" de de Sôseki.
21:09 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 25 juillet 2006
suite caniculaire... brève
Sans replier celles des ombrelles
Les ailes des lucioles et la pluie
Dans la nuit
Shûsen
20:46 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 juillet 2006
bonheur caniculaire
Fraîcheur
Au mur la plante de mes pieds nus
Sieste
Bashô
14:00 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 23 juillet 2006
glanes au gré des estrans
Je suis parti en mer avec cette idée de vérifier le dit de Lie-Tseu, dans son Traité du Vide Parfait
"Je ne sais pas si c'est le vent qui me chevauche ou moi qui chevauche le vent."
Revenant, il me semble que les sages du Tao étaient plus piétons ou cavaliers des steppes orientales qu’hommes des mers occidentales.
Ni le vent ne m’a chevauché, ni je n’ai chevauché le vent.
Ici, l’on ruse ; rarement, l’affrontement, plus souvent la fuite !
J’ai glissé mon marque-page au hasard des Vents de Saint-John Perse et des mouillages. Les vents étaient célébrés et aussi, tel un rite archaïque, offerte/ouverte au ciel, une Femme nue !
Et pour m’alléger des somptuosités, j’alternai avec la lecture des Cygnes sauvages de Kenneth White, qui, en 1990 mettait ses pas et ses haïku dans ceux des grands maîtres japonais.
Le soir du 14 juillet, au mouillage de l'Île-aux-Moines, belle surprise d’un vol de cygnes : musique des battements puissants des ailes soutenue par le clairon de leurs “hough ! hough ! hough !”
Voici donc la glane :
sur la Vilaine
Le Vent frappe à ta porte comme un Maître de camp,
À ta porte timbrée du gantelet de fer.
Et toi, douceur qui va mourir, couvre-toi la face de ta toge
Et du parfum terrestre de nos mains... »
Le Vent s'accroisse sur nos grèves et sur la terre calcinée des songes!
Les hommes en foule sont passés sur la route
des hommes,
Allant où vont les hommes, à leurs tombes. Et c'est au bruit
Des hautes narrations du large, sur ce sillage
encore de splendeur vers l’Ouest, parmi la feuille
noire et les glaives du soir...
Et moi j’ai dit : « N’ouvre pas ton lit à la tristesse.
Les dieux s’assemblent sur les sources,
Et c'est murmure encore de prodiges
parmi les hautes narrations du large.
..................................................
Fretin !
J'ai secoué mon filet
Il n'y avait que la lune
Ootô
..................................................
au mouillage de Suscinio
Comme on buvait aux fleuves incessants
hommes et bêtes confondus à l’avant-garde
des convois,
Comme on tenait au feu des forges en plein air
le long cri du métal sur son lit de luxure,
Je mènerai au lit du vent l’hydre vivace de ma force,
je fréquenterai le lit du vent comme un vivier
de force et de croissance.
Les dieux qui marchent dans le vent susciteront
encore sur nos pas les accidents extraordinaires.
Et le poète encore est avec nous.
....................................................
Nettoyant une casserole
Rides sur l'eau
Un goéland solitaire
Buson
....................................................
en baie de Quiberon
Vous qui savez, rives futures, où résonneront nos pas,
Vous embaumez déjà la pierre nue et le varech
des fonts nouveaux.
Les livres au fleuve, les lampes aux rues,
j’ai mieux à faire sur nos toits de regarder monter l'orage.
Que si la source vient à manquer d'une plus haute connaissance,
L'on fasse coucher nue une femme seule sous
les combles —
Là même où furent, par milliers, les livres tristes
sur leurs claies comme servantes et filles de louage...
Là, qu'il y ait un lit de fer pour une femme nue,
toutes baies ouvertes sur la nuit.
Femme très belle et chaste, agréée entre toutes femmes de la Ville
Pour son mutisme et pour sa grâce et pour sa chair irréprochable,
infusée d’ambre et d'or aux approches de l’aine,
Femme odorante et seule avec la Nuit,
comme jadis, sous la tuile de bronze,
Avec la lourde bête noire au front bouclé de fer,
pour l'accointement du dieu,
Femme loisible au flair du Ciel et pour lui seul
mettant à vif l’intimité vivante de son être...
Là qu’elle soit favorisée du songe favorable,
comme flairée du dieu dont nous n'avons mémoire,
Et frappée de mutisme, au matin, qu’elle nous
parle par signes et par intelligences du regard.
Et dans les signes du matin, à l’orient du ciel,
qu'il y ait aussi un sens et une insinuation...
............................................
Avec le cormoran
Mon âme dans l'eau
Plonge
Onitsura
............................................
au mouillage de l’ïle-aux-Moines,
le soir
... De hautes pierres dans le vent occuperaient
encore mon silence. — Les migrations d’oiseaux
s'en sont allées par le travers du Siècle,
tirant à d’autres cycles leurs grands triangles disloqués.
Et c’est milliers de verstes à leur guise, dans la dérivation
du ciel en fuite comme une fonte de banquises.
Aller ! où vont toutes bêtes déliées,
dans un très grand tourment de l’aile et de la corne... Aller!
où vont les cygnes violents, aux yeux de femmes et
de murènes...
Plus bas, plus bas, où les vents tièdes essaiment,
à longues tresses, au fil des mousses aériennes...
Et l’aile en chasse par le monde fouette
une somme plus mobile dans de plus larges mailles,
et plus lâches...
Je te connais, ô Sud pareil au lit des fleuves
infatués, et l’impatience de ta vigne au flanc des
vierges cariées...
.............................................................
La palourde a clos
Sa bouche
Quelle chaleur !
Bashô
..............................................................
au mouillage d’Er-Salus, Houat,
crépuscule
Chante, douceur, à la dernière palpitation du soir
et de la brise, comme un apaisement de bêtes exaucées.
Et c'est la fin ce soir du très grand vent.
La nuit s'évente à d'autres cimes.
Et la terre au lointain nous raconte ses mers.
Les dieux, pris de boisson, s'égarent-ils encore
sur la terre des hommes ?
Et nos grands thèmes de nativité seront-ils discutés chez les doctes?
Des Messagers encore s'en iront aux filles de
la terre, et leur feront encore des filles à vêtir
pour le délice du poète.
.............................................................
Sous le ciel en flammes
Lointaine une voile, dans mon âme
Une voile
Seishi
.............................................................
Et toutes ces nuits chaudes, au zénith, ma belle constellation estivale, la Croix du Cygne qui s'appuie sur l'alignement de l'Aigle et de la Lyre : Déneb, Véga, Altaïr, oiseau immense qui descend vers le sud,
« ...jusqu'aux rives lointaines où déserte la mort !... »
17:15 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 juillet 2006
Chronique portuaire de Nantes XIV
Au XVIe Siècle
1500. — ORIGINE DU NOM DE NANTES.
D'après le chroniqueur Pierre Le Baud, écrivant vers 1500: «Les Nantois sont ainsi nommez du nom de leur cité de Nantes, ainsi appellée dès le temps de Jules César ; et est ainsi dite pour ce qu'elle tient les nefs et qu'elle a le port convenable à les recevoir » (1).
Nant ou, Nannet serait, en effet, un mot celtique signifiant rivières, eaux ou confluent.
Remplacé par Condivicnum pendant la domination romaine, mais toujours employé par les indigènes, il ne tarda pas à reprendre son rang de dénomination officielle de la ville.
1500. — GALIOTES DE LA VILLE.
En 1500, Louis XII et sa femme la Duchesse Anne de Bretagne, qu'il avait épousée le 8 janvier 1499 au château de Nantes, visitèrent de nouveau cette ville. Deux riches galiotes, splendidement ornées, furent envoyées au devant d'eux jusqu'à Ingrande (2).
1516. — CONSTRUCTION DU QUAI DE LA FOSSE.
C'est en 1516 que fut commencé le quai de la Fosse, qui prit son nom d'un domaine appartenant au XIIIe siècle à l'évêque. Cette grève était alors habitée par des pêcheurs et des bateliers qui transportèrent à Trantemout leurs huttes de planches et de roseaux. Le quai de la Fosse, continué en 1622, 1624 et 1755, fut reconstruit en 1838 et en 1874. Les maisons furent alignées vers 1724, et les chantiers de constructions transportés en 1738 au terrain de la Chézine, aménagé lui-même en quai en 1826 (3).
C'était à la Fosse, dans les splendides maisons, dont plusieurs subsistent encore, que demeuraient les armateurs de Nantes : les Marchands à la Fosse comme on les appelait : titre équivalant alors à un brevet de notoriété et de richesse.
————————————————————————————————————
(1) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 127.
VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I, p. 4.
(2) TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire historique, pittoresque et biographique, t. IV, pp. 112-3.
(3) E. PIED, Notice sur les rues de Nantes, p. 123.
03:00 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 08 juillet 2006
l'Internet, puis les vents
Fin d'après-midi dans la douceur à la Tête Noire, chez Sy et Fr.
En débats toujours passionnés, la coopération décentralisée et le réseau associatif, la création d'un site avec SPIP, le blogue "en cale sèche" de l'ABJC, la production des écrits chez les amis Baalinkés, leurs possibles connexions à l'Internet.
Me revenait en tête, le journal de Bé en Mauritanie - Les derniers jours - (ma note du 3 juillet) :
Notre conducteur de 4x4 est arrivé. Allongé sur le flanc, un pied relevé sur le genou de l'autre jambe, il discute avec Mohamed de connexion Internet haut débit, de téléphone portable (ils ont tous un portable), d'une caravane partie dans le désert pour tourner un film, avec un chameau portant la caméra, un autre les panneaux solaires pour charger les batteries, un chameau Internet... Ils sourient, secouent leur draâ bleu clair pour faire de l'aération, picorent des dattes sur le plateau. Télescopage entre deux mondes non contradictoires.
N'ont guère besoin de nous les copains Africains ; peut-être un peu de matériel ; et encore, pas de l'obsolète !
Je vais aller vérifier pendant quelques jours, en mer ce que dit Lie-Tseu sur le blogue de Cœur de Ptah
"Je ne sais pas si c'est le vent qui me chevauche ou moi qui chevauche le vent."
Lie-Tseu.(in " Traité du Vide Parfait")
Je suis totalement incertain de revenir, le 19 juillet, avec une réponse à l'alternative.
Me restera à écarter mon anémomètre et à aller saluer "l'Arbre Ancien".
À tout hasard, j'emporte Vents de St John Perse.
Je te licencierai, logique, où s'estropiaient nos bêtes à l'entrave.
14:50 Publié dans Les blogues, les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 07 juillet 2006
bouquins auteurs libraires grandes surfaces = grogne
Je revenais, hier, de plus en plus sceptique, fortement sceptique, - depuis lontemps, déjà, depuis toujours, d'ailleurs - sur la diffusion du livre par les magasins Leclerc et leurs espaces de vente pompeusement dénommés "Centres culturels". Pour l'été, c'est outrageusement la grosse cavalerie des lectures de plage.
Habituellement, et sur le long terme, j'ai un mince indicateur : l'évolution du rayon Poésie/Gallimard ; au fil des ans, il est repoussé dans les fonds et dans les bas. Eh, oui ! il faut avoir échine souple et point d'arthrose aux genoux. Un beau jour, pfuitt !!! Plus de poètes, à moins que les demandes scolaires ne soient à nouveau pressantes. Dans les Fnac ? Ce n'est guère mieux.
Me souviens des Drugstores dans le début des années 70 : tu trouvais par exemple les Libertés de chez J.J. Pauvert, avec Péret, Darien, Léon Bloy, Gracq...
Ça durait un an, peut-être deux ; après, tu ne trouvais plus que Serge et Anne Golon, tous les Des Cars, les De Villiers.
Un peu plus tard, tu ne trouvais même plus de livres...
Certain(e)s diront : « Oui, mais ces lieux... le livre à la portée de tous... la culture dans les caddies... etc. » Certes, certes ! Le grand intérêt de ces commerces, c'est d'offrir à des jeunes sans doute épris de la chose livresque et souvent compétents un "job". Ils vous aident, entre autres choses, à consulter gratuitement "Électre".
Je reviens donc de mon Leclerc voisin, coffre plein pour le départ en mer, mais sans livres - par principe, je n'achète jamais, je consulte, feuillette.
Dans ma boite à lettres, le Nouvel Obs de cette semaine (du 6 au 12 juillet), j'ouvre et voici ce qu'écrit François Raynaert, dans sa chronique :
Est-ce ainsi que les tomes vivent ?
Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours sur le drame de l'overdose culturelle dans l'Occident contemporain, il doit déjà y avoir 10 000 thèses publiées sur la question. Vous me direz, on ne va pas se plaindre de l'abondance. Ça, c’est à voir. L'autre jour, sur une radio dont j'ai oublié le sigle, j'ai entendu un type dont j'ai oublié le nom, analyser cette profusion comme une forme de censure très habile inventée par le système pour étouffer toute parole contestataire.
La thèse est moins parano qu'on ne croirait. L’énergie qu'il fallait au XVIIIe siècle pour faire taire un fâcheux : lancer des lettres de cachet, embastiller l’auteur, faire brûler le livre, un tintouin épuisant.
Aujourd’hui, les « Lettres philosophiques » seraient sorties sans problème, seulement elles auraient été discrètement noyées dans les 500 autres titres de l'office du moment. et elles auraient eu droit, pour solde de toute presse, à une brève dans ”Livres-Hebdo” tandis que les devantures des librairies seraient trustées par l’ouvrage bouleversant de Kevina Pompadour, la célèbre fille de, racontant son anorexie. Et voilà le boulot,Voltaire aurait fini sa carrière inconnu de tous, à ne pas signer son pauvre “Candide” dans un des 42 000 salons du livre comme on en voit de nos jours, tellement emplis d'auteurs qu'on n'a plus de place pour faire entrer le public.
Je sais, il est désolant de penser que la culture souffre aujourd’hui du mal dont souffrit l'agriculture hier, la surproduction, surtout quand on réalise ce à quoi ce désastre va nous conduire. Comment y échapper ? Un de ces quatre, on va y passer. Bruxelles va se mettre à donner aux éditeurs des primes à l’arrachage des auteurs et pour les surplus on va faire comme pour le beurre de Noël , on va devoir stocker les écrivains en surnombre dans d’immenses entrepôts avant de les distribuer en masse aux populations nécessiteuses au moment des fêtes.
J'ai bien aimé. Sauf que le Nouvel Obs, chaque semaine, joue, avec Ipsos et Livres-Hebdo, ses "Livres Stars", ses têtes de gondole à la manière Leclerc ou Fnac, et donc doit aider à étouffer de nouvelles "Lettres philosophiques".
Garcin, Drillon, Ézine, Reynaert et consorts, ne sauriez-vous point ce que publie votre rédaction en regard de vos critiques ?
Je ne pense pas avoir, à un quelconque moment, été dupe de ces doubles jeux, oxymores et compromis ; aujourd'hui, j'avais ma grogne à écrire !
16:50 Publié dans les diverses, les lectures | Lien permanent | Commentaires (4)
jeudi, 06 juillet 2006
Chronique portuaire de Nantes XIII
Des origines à la fin du Moyen-Âge
1493. — LA " BOURSE ET ESCAPPE " ET LA CONTRACTATION.
Un des premiers actes de Charles VIII à Nantes, au lendemain de son mariage avec la Duchesse Anne de Bretagne, fut de rétablir, par Lettres patentes du 29 décembre 1493, la « Bourse et Escappe » que les marchands espagnols possédaient autrefois à la Fosse, mais qu'ils avaient transportée à la Rochelle pendant les dernières guerres (1).
Par ces mêmes Lettres, le Roi confirmait l'alliance particulière des commerçants de Nantes et de Bilbao, connue sous le nom de « Contractation », alliance qui durait déjà depuis plus d'un siècle et ne devait disparaître qu'en 1733.
Lors de sa création, cette association possédait même plusieurs navires communs aux deux nations, et appelés « navires de la Contractation », mais elle y renonça dans la suite.
Son but était d'assurer aux deux contractants l’échange réciproque de leurs produits, au prix le plus bas possible, et sans aucune des innombrables entraves résultant des droits et péages locaux. Les Espagnols demandaient à Nantes tout ce dont ils avaient besoin et c'est ainsi que, dans une lettre du sieur de Lusançay, commissaire du Roi à Nantes, on peut lire : « Messieurs de Bilbao ont écrit icy de leur envoyer un maître de danse pour « apprendre à danser à la française ».
La Contractation était en même temps confrérie religieuse, et possédait un autel aucouvent des Cordeliers où se tenaient ses réunions (2).
1496. — " CARAQUES " NANTAISES.
En 1496, Charles VIII demanda à la ville de Nantes de lui fournir deux grandes « caraques » destinées a transporter ses munitions et son artillerie en Italie, où il faisait campagne. La Ville fut obligée d'emprunter 3.750 livres, monnaie de Bretagne, pour la construction de ces deux vaisseaux, jaugeant chacun 1.000 tonneaux (3).
La « caraque » était le bâtiment de charge par excellence ; rond, massif et solidement lié. Elle avait fait son apparition dès le XIVe siècle, réalisant deux perfectionnements importants sur les types de navires précédents : la présence des haubans tels qu'ils existent encore de nos jours, et celle du gouvernail fixé à l'étambot.
1498. — " GALIOTES " NANTAISES.
La ville de Nantes possédait plusieurs « galiotes», et lors de la visite du Prince d'Orange, Gouverneur de Bretagne, et de sa femme, elle en fit ponter et décorer une et la mit à leur disposition pour les conduire à Tours (4).
Ces « galiotes» ou « felouques » étaient de petites galères, fines et rapides. Toutefois, on désignait également sous ce nom de « galiotes » des bâtiments de transport, de formes rondes et d'origine hollandaise.
________________________________________________________________
(1) LE BEUF, Du Commerce de Nantes, p. 28.
(2) Théodoric LEGRAND, Apunte sobre el commercio de Bretana con Espana. De la revista de Archivos Bibliotecas y Museos.
GABORY, La Marine et le Commerce Nantes au XVIIe siècle et au commencement du XVlIIe siècle, p. 61.
(3) G. TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire historisque, pittoresque et biographique, t. IV, p. 103.
(4) TRAVERS, Histoire de Nantes, t II, p. 238.
04:30 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 juillet 2006
Jean est mort
Ce samedi 1er juillet, au soir, Jean Corbineau est mort. Il était mon ami d'enfance et d'adolescence.
Dans son dernier message du 1er mars, il nous écrivait :
.. J'ai rechuté....Je viens de passer douze jours à l'hôpital : ma hantise : la fièvre (six jours de fièvre, trois jours de chimio et trois jours de fièvre... La fièvre, c'est ma hantise.
Je sais que votre amitié me soutient. A bientôt quand même.Jean
« ... un monde où le bref passage de (cet homme) sur la terre a eu lieu diffère désormais irréductiblement et pour toujours d'un monde où il n'aurait pas eu lieu. »
Vladimir Jankélévitch
Lire Jankélévitch ni ne console, ni n'empêche les larmes, lire Jankélévitch permet de se tenir droit.
11:00 Publié dans Les graves, Les nocturnes | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 03 juillet 2006
nostalgie du désert
Mag, accompagnée de Gil et Syl, a enfin accepté de prendre à droite après avoir franchi la Loire. Hier, la chaleur était celle qui nous baignait, il y a plus de quarante ans, dans les alentours de Biskra. Elle m’avait demandé de lui retrouver le texte de Gide sur Chetma ; elle se souvenait de l'Enfida et de ses abeilles. C’était dans le Septième livre des Nourritures terrestres. En scannant les pages de ma vieille édition de poche (1964), la nostalgie m’a saisi ; je crois que des larmes m’ont troublé les yeux.
Tant de douceur, d’amitié et d’espoir dans ces premières années de l’Indépendance !
Lenteur des heures. — Encore une grenade
sèche de l'an passé pend à la branche ; elle est
complètement éclatée, racornie ; à cette même
branche déjà des boutons de fleurs nouvelles se
gonflent. Des tourterelles passent entre les palmes.
Les abeilles s'activent dans la prairie.
(Je me souviens, près de l'Enfida, d'un puits
où descendaient de belles femmes ; non loin, un
immense rocher gris et rosé ; sa cime, m'a-t-on dit,
est hantée des abeilles ; oui, des peuples d'abeilles
y bourdonnent ; leurs ruches sont dans le rocher.
Quand vient l'été, les ruches, crevées de chaleur,
abandonnent le miel qui, le long du rocher,
s'épanche; les hommes de l'Enfida viennent et le
recueillent.)
...............................................................
Été ! coulure d'or ; profusion ; splendeur de
la lumière accrue; immense débordement de
l'amour ! Qui veut goûter du miel ? Les cellules
de cire ont fondu.
...............................................................
Oasis ! Elles flottaient sur le désert comme des
îles ; de loin, la verdeur des palmiers promettait
la source où leurs racines s'abreuvaient, parfois
elle était abondante et des lauriers-roses s'y pen-
chaient. — Ce jour-là, vers dix heures, lorsque
nous y arrivâmes, je refusai d'abord d'aller plus
loin; le charme des fleurs de ces jardins était tel
que je ne voulais plus les quitter. — Oasis ! (Ahmet
me dit que la suivante était beaucoup plus belle.)
*
Oasis. La suivante était beaucoup plus belle,
plus pleine de fleurs et de bruissements. Des arbres
plus grands se penchaient sur de plus abondantes
eaux. C'était midi. Nous nous baignâmes. — Puis
il nous fallut aussi la quitter.
Oasis. De la suivante que dirai-je? Elle était
encore plus belle et nous y attendîmes le soir.
Jardins ! je redirai pourtant quelles étaient avant
le soir vos accalmies délicieuses. Jardins ! Il y en
eut où l'on aurait cru se laver ; il y en eut qui
n'étaient plus que comme un verger monotone où
mûrissaient des abricots ; d'autres pleins de fleurs
et d'abeilles, où des parfums rôdaient, si forts
qu'ils eussent tenu lieu de mangeaille et nous
grisaient autant que des liqueurs.
Le lendemain je n'aimai plus que le désert.
Le désert ?
C’est une autre amie plus jeune, Be* - de celles et ceux que je nomme dans mon carnet d’adresses “les très proches jeunes” - qui a parcouru, avec sa fille, au printemps, l’espace mauritanien. Par procuration, elle m’a permis d'achever un vieux rêve commencé en 1958, quand au sortir de l'école d'Application du Train de Tours - promotion René Caillé -, un méchant petit camarade m’a fauché une affectation pour le poste d’Atar : il était le dernier sous-lieutenant de réserve, je n’étais que le premier des aspirants. À l'adolescence, déjà, avec la lecture de Méharées de Théodore Monod, il y avait eu le mythe de la bibliothèque de Chinguetti. Quand dans les années 90, je repris langue avec l'Afrique, sous les neems du fleuve Sénégal, du côté de Baalu, s’insinuait dans la demi-conscience d'une aimable torpeur de sieste le projet de prendre un 4x4 et de monter droit vers le Nord jusqu’à la porte de cette bibliothèque du désert.
Mj a raison. Dans la mélancolie du vieillissement se glissent la nostalgie, l’irréversible. Même quand continuent de se dessiner de minces projets d’aventure “aventureuse”. Telle méditée par Jankélévitch**
Il est vrai que, parées les digues du port, la vie aventureuse commence !
* Son journal et quelques photos de Nina sur leur site.
** Vladimir Jankélévitch, L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux, in Philosophie morale, coll. Mille & Une Pages, Flammarion, 1998.
16:45 Publié dans les lectures, les voyages | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 01 juillet 2006
orthographe ou ortograf
Note dédiée à Th, ma correctrice préférée et beau-fraternellement aimée, à Ya son fils cadet,
à Hél, aux deux Er - et l'ami, et le fils - qui se sont débattus et se débattent parfois encore contre ces vieilles règles.
Je pourrais même me l'autodédicacer pour célébrer les quelques difficultés que je rencontre encore parfois avec les infinitifs et les participes passés.
Je lis rarement avec attention la chronique hebdomadaire de Bernard Frank, qui est certes un monsieur très lettré, vieux "professeur" un soupçon suranné, mais cette fois passionnant comme il a d'ailleurs titré sa chronique que je lui copie quasi intégralement, lui-même ayant cité à longueur d'italiques un entretien de Pierre Encrevé, linguiste, et de Michel Braudeau, rédacteur, dans la « NRF ».
Pierre Encrevé souhaiterait « voir figurer en tête de tout manuel de grammaire cette phrase : "Cet homme plein de scepticisme a des certitudes grammaticales. Hélas, Madame Straus [amie de Proust], il n'y a pas de certitudes, même grammaticales" ».
L'usage l'emporte sur le correcteur
La langue, ose dire Pierre Encrevé, « appartient à ses usagers, elle n'appartient pas à l'Etat ni à ses correcteurs. En revanche, l'Etat a des responsabilités à l'égard de la langue ».
« Si je comprends bien, dit Michel Braudeau ébahi, tu es obligé d'accorder le participe passé avec avoir jusqu'au bachot ou au doctorat, et après tu peux très bien ne plus l'accorder. »
Et Pierre Encrevé d'opiner :
« Exactement. En tant qu'écrivain, par exemple, tu es absolument libre de laisser le participe passé invariable. Comme tu le sais, mais comme, hélas, la plupart des professeurs d'école oublient d'en informer leurs élèves, c'est une règle qui a été explicitement proposée par Marot [1496-1544], en imitation de l'italien, qui lui paraissait la langue modèle ; qui n'avait, en principe, aucune raison d'être suivie par tout le monde. Toutes les enquêtes démontrent qu'elle n'est qu'exceptionnellement appliquée à l’oral, d'ailleurs elle n'a de trace audible que dans très peu de verbes. Mais à l'écrit, l'école républicaine a fini par l'imposer à tous, trois siècles après que cet espiègle et génial poète l'eut exposée dans une strophe de ses "Epigrammes", la proposant par jeu savant aux lettrés de son temps dans l'entourage "évangélique" de Marguerite d'Angoulême, sans pouvoir imaginer qu'on s'en servirait un jour pour discipliner tout un peuple... Marot, auteur avec Tory d'un petit traité d'orthographe qui a jeté les bases de l'accentuation moderne, "la Briefue Doctrine", en serait probablement assez contrit, ayant eu l'esprit plutôt libertaire. »
On comprend que Mitterrand se soit si longtemps méfié de Michel Rocard. Et surtout de son conseiller grammatical Pierre Encrevé, qui bouleversa en quelque sorte la langue française par son accord « marotique », qu'il juge « complètement artificiel, extérieur à notre langue, rejeté par Ronsard
"Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe..",
et non pas "déclos" comme on l'imposerait aujourd'hui », cet accord qui est devenu au cours des siècles « la vache sacrée par excellence de notre orthographe grammaticale... ».
Enfin, on en apprend, des choses, dans la « NRF »... Et ainsi que « Proust, toujours lui, écrit deux fois de suite, dans "Un amour de Swann" :"As-tu vu la tête qu'il a fait ?"0u encore '."Voyez la facture qu'il a fait" dans "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" ». Mais si Proust avait eu le temps de se relire...
Bernard Frank
Passionnant
in "Le Nouvel Observateur"du 29 juin au 5 juillet 2006
Merci, Messieurs Encrevé et Frank, et bel été à vous !
Post-scriptum : (qui a peu à voir, quoique !...)
Dans le même hebdomadaire, il est question de la « Bibliothèque Rose » : je n'ai jamais, mais jamais, lu un livre de la « Bibliothèque Rose »; par contre j'en dévorai dans la « Verte » : Jules Verne, Jack London, James-Olivier Curwood, Fenimore Cooper, Alexandre Dumas. D'autres...
Ils sont toujours sur mes étagères. En l'état !
09:10 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (6)