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vendredi, 07 juillet 2006

bouquins auteurs libraires grandes surfaces = grogne

Je revenais, hier, de plus en plus sceptique, fortement sceptique, - depuis lontemps, déjà, depuis toujours, d'ailleurs - sur la diffusion du livre par les magasins Leclerc et leurs espaces de vente pompeusement dénommés "Centres culturels". Pour l'été, c'est outrageusement la grosse cavalerie des lectures de plage.
Habituellement, et sur le long terme, j'ai un mince indicateur : l'évolution du rayon Poésie/Gallimard ; au fil des ans, il est repoussé dans les fonds et dans les bas. Eh, oui ! il faut avoir échine souple et point d'arthrose aux genoux. Un beau jour, pfuitt !!! Plus de poètes, à moins que les demandes scolaires ne soient à nouveau pressantes. Dans les Fnac ? Ce n'est guère mieux.
Me souviens des Drugstores dans le début des années 70 : tu trouvais par exemple les Libertés de chez J.J. Pauvert, avec Péret, Darien, Léon Bloy, Gracq...
Ça durait un an, peut-être deux ; après, tu ne trouvais plus que Serge et Anne Golon, tous les Des Cars, les De Villiers.
Un peu plus tard, tu ne trouvais même plus de livres...

Certain(e)s diront : « Oui, mais ces lieux... le livre à la portée de tous... la culture dans les caddies... etc. » Certes, certes ! Le grand intérêt de ces commerces, c'est d'offrir à des jeunes sans doute épris de la chose livresque et souvent compétents un "job". Ils vous aident, entre autres choses, à consulter gratuitement "Électre".

Je reviens donc de mon Leclerc voisin, coffre plein pour le départ en mer, mais sans livres - par principe, je n'achète jamais, je consulte, feuillette.
Dans ma boite à lettres, le Nouvel Obs de cette semaine (du 6 au 12 juillet), j'ouvre et voici ce qu'écrit François Raynaert, dans sa chronique :

Est-ce ainsi que les tomes vivent ?
Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours sur le drame de l'overdose culturelle dans l'Occident contemporain, il doit déjà y avoir 10 000 thèses publiées sur la question. Vous me direz, on ne va pas se plaindre de l'abondance. Ça, c’est à voir. L'autre jour, sur une radio dont j'ai oublié le sigle, j'ai entendu un type dont j'ai oublié le nom, analyser cette profusion comme une forme de censure très habile inventée par le système pour étouffer toute parole contestataire.

La thèse est moins parano qu'on ne croirait. L’énergie qu'il fallait au XVIIIe siècle pour faire taire un fâcheux : lancer des lettres de cachet, embastiller l’auteur, faire brûler le livre, un tintouin épuisant.
Aujourd’hui, les « Lettres philosophiques » seraient sorties sans problème, seulement elles auraient été discrètement noyées dans les 500 autres titres de l'office du moment. et elles auraient eu droit, pour solde de toute presse, à une brève dans ”Livres-Hebdo” tandis que les devantures des librairies seraient trustées par l’ouvrage bouleversant de Kevina Pompadour, la célèbre fille de, racontant son anorexie. Et voilà le boulot,Voltaire aurait fini sa carrière inconnu de tous, à ne pas signer son pauvre “Candide” dans un des 42 000 salons du livre comme on en voit de nos jours, tellement emplis d'auteurs qu'on n'a plus de place pour faire entrer le public.

Je sais, il est désolant de penser que la culture souffre aujourd’hui du mal dont souffrit l'agriculture hier, la surproduction, surtout quand on réalise ce à quoi ce désastre va nous conduire. Comment y échapper ? Un de ces quatre, on va y passer. Bruxelles va se mettre à donner aux éditeurs des primes à l’arrachage des auteurs et pour les surplus on va faire comme pour le beurre de Noël , on va devoir stocker les écrivains en surnombre dans d’immenses entrepôts avant de les distribuer en masse aux populations nécessiteuses au moment des fêtes.


J'ai bien aimé. Sauf que le Nouvel Obs, chaque semaine, joue, avec Ipsos et Livres-Hebdo, ses "Livres Stars", ses têtes de gondole à la manière Leclerc ou Fnac, et donc doit aider à étouffer de nouvelles "Lettres philosophiques".
Garcin, Drillon, Ézine, Reynaert et consorts, ne sauriez-vous point ce que publie votre rédaction en regard de vos critiques ?
Je ne pense pas avoir, à un quelconque moment, été dupe de ces doubles jeux, oxymores et compromis ; aujourd'hui, j'avais ma grogne à écrire !

Commentaires

je quitte un peu mon travail d'écriture pour te rejoindre sur la question de l'abondance livresque dans les rayons des supermarchés de la "culture". Je n'achète pas ou si peu dans ces endroits, un livre pour moi , du moins ce que j'en attends en terme de qualité d'écriture mérite un espace particulier, un peu intime, une rencontre, et oui je reste attachée à cette émotion que me procure l'achat d'un livre, le prendre, le toucher, le traverser, être happé ou non par sa couverture. Il y a des éditions qui ne me trompent pas , vers lesquelles je reviens sans cesse pour le plaisir de la découverte.
Mais pour l'instant, mes lectures sont encore tournées vers mes questions de recherche, si ce n'est "m'autorisé" de temps en temps un retour vers Alice Ferney et son boulversant "Grâce et dénuement" ou Nancy Huston avec "Virevolte": mes deux livres bonheurs que je le lis et relis et offre bien souvent.

Écrit par : jac | vendredi, 07 juillet 2006

Pour survivre et sourire à leurs collègues, les bons critiques doivent être schizophrènes. Leurs lecteurs abonnés aussi. Mais ça ne trompe pas les blogueurs avertis...

Écrit par : Berlol | samedi, 08 juillet 2006

Entre ce qu'on trouve dans les grandes surfaces et les librairies dites traditionnelles, il y a de moins en moins de différence: on tient ce qui fait bouger le stock, rouler l'inventaire. Et ce n'est pas Bloy ou Gracq qui soient les plus gros vendeurs mais Nothomb, Auster et Cie. Entre l'auteur qui écrit et l'auteur qui publie, l'écart demeure infranchissable. Entre les "classiques" d'aujourd'hui et ceux d'autre-temps, l'écart demeure encore infranchissable. Maintenant, on vit dans le monde de la "commande spéciale". Ça donne une consonnance chic, élitiste voire aristocratique; le lecteur devient "spécial". La culture littéraire n'est pas si universelle qu'on le voudrait, qu'on le croirait.

Écrit par : Kate | mardi, 11 juillet 2006

Votée il y a tout juste 25 ans, la loi Lang fixant le prix unique du livre a contribué à préserver les secteurs de l'édition et de la librairie en France et fait désormais l'objet d'un large consensus dans le monde du livre.

Ceci dit, quand on veut commander un livre, on ne va pas chez leclerc : ou on fait le travail de rperage soi-même on on demande à un libraire averti. De plus en plus ces drniers organisent des rencontres entre auteurs et lecteurs, et différentes animations, c qui leur permet de conserver unpublic plus exigeant que le lecteur consommateur des hypermarchés.

Écrit par : rotko | lundi, 17 juillet 2006

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