Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 09 décembre 2006

un beau soir, à la Roche

Jeudi, je m'en fus à la Roche pour entendre François Bon lire Michaux. J'en suis revenu heureux doublement : un Bon en vrai corps, en vraie voix, en vrai sourire.
Un Michaux lu et relu depuis cinquante ans, mais entendu comme une première fois, ; j'ai beaucoup, beaucoup aimé ce dire en transe, scandé par un souffle et, plus en arrière la pulsation sourde d'un rythme cardiaque. Une juste ambiance sonore pour un Michaux qui écrivit aussi : «..comme on traîne un landau sous l'eau».


Quand je suis arrivé à la tombée du jour dans les parages de la bibliothèque municipale, le premier homme rencontré fut Louis Dubost avec qui nous avons évoqué les compagnons de haut-bord : Roger B., Étienne G.
Louis, très grand "petit" éditeur de L'I'(DÉ)E BLEU(E), mais aussi trop discret poète de L'Ile d'elle*.
Je me suis souvenu avoir animé avec lui, fin des années 70, une soirée autour de la poésie, dans je ne sais plus quelle maison de quartier.
Les Yonnais ont parcouru un bon bout de chemin jusqu'à ce colloque Michaux. Il est vrai que Cathy, Florian, Gwenael et d'autres ont, depuis cette enclave d'écriture qu'est la Maison Gueffier, élargi l'horizon.

Il était dit que ce "sacré" Bon me permettrait de renouer des liens très anciens : dans la cohue chaleureuse du pot qui suivit la lecture de Michaux : Bernadette et Jean-Damien Chéné.
Toujours ce petit miracle des durables amltiés. Dernière rencontre, dans les derniers jours de 1986, sur les quais de Port-Joinville (j'y traînais mes bottes de marin, même l'hiver ; depuis je me suis assagis !). Jean-Damien, dix auparavant, chômeur au sortir de l'Université — déjà ! — pris comme assistant dans des stages qui n'étaient pas encore des "ateliers" d'écriture, Jean Damien édité par Louis quand celui-ci faisait tourner sa ronéo entre 77 et 82, éditant alors "pour le plaisir et aux dépens d'un amateur" :

Louis. Tu es décidément l'éditeur de ce banc de textes. Tu m'assignais la braise :l'eau fit préemption. En un instant, la Loire eut ses inondations, puis se retira.
Éprouver dans mon sable la trace insistante de mots, cela m'irritait, m'émeut. Je n'y décelais que marée décharnant mes fossiles. c'est en amont, ce sont des pieux, où s'épavent mes effilochés. C'est dans la vase, humus et limon : résurgences, mes mots.**


Merci, François. Voici ce que cette soirée, qui n'était une venue à ta lecture de Michaux, m'a offert par surcroît.
J'ai failli te crier "chiche" quand pour clôre tu proposas à l'assistance que nous passions la nuit à lire l'œuvre complète de Michaux. Mais tu avais atelier le lendemain matin et, moi, je devais regagner mes rives de Loire avant la tempête de l'aube.
Aurais-je aimé un moment encore, de toi, un texte apaisé, pour entrer dans la nuit :

Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.

Dans l'attelage d'un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l'haleine de quelques chiens réunis.
Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.

Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Sur les tapis des paumes et leurs sourires,
Dans les corridors des os longs, et des articulations.

Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.

Emportez-moi in Mes propriétés




* Louis DUBOST, L'Évidence d'elle (précédé de) L'Ile d'elle , éd. Le Castor Astral, 2000. Pour moi, un de ses plus beaux recueils.
** Jean Damien CHÉNÉ, résurgences, mes mots, Le Dé bleu, 1982, (édition ronéotée).

mercredi, 29 novembre 2006

Retour à Passay

Pour Mj

À la Chambre des comptes, les soirées sont toujours aussi froides...
Trois pêcheurs, trois femmes de la rive, Mj et moi, réunis pour décider de ce que nous allons écrire pour célébrer le centenaire de la création de la Société coopérative de pêche de Passay.
Passay ? Je n'en ai guère parlé dans ce blogue. À tort. Je vais y remédier au long des mois.
Ce jour, je me satisfais d'une énumération toponymique — très partielle, il y a soixante-six lieux-dits alentour du Grand'Lieu — que, seuls, deux ou trois des anciens pêcheurs et moi connaissons :

la Tête de la Caussarde
Le Chochois
la Grande Suzeraine
le groïn de la Galerne
la Bauche
le coin à Julien
le bouquet à Beurlureau
la rade de la Rinjardière
la doue à Joyeux
la vasière à Plumail


On peut comprendre que les géographes en aient eu le tournis, quand ils interrogeaient les ancêtres de Chagnât, de Titi Carabi ou de Rouzinard quand, dans leur dialecte mi-gallo, mi-poitevin, ils leur énuméraient les balises de leur horizon.

mardi, 07 novembre 2006

la pédagogie aux orties

Dix ans, déjà ! Je décidais ce qui précède.
Voilà bien un anniversaire que j'ai failli oublier. Comme quoi, cesser l'activité professionnelle n'était, pour moi, qu'une légère modification de statut social.
"Aux orties", c'est ainsi que dans la campagne gallo, mes ancêtres nommaient les écarts où l'on jetait toutes ces choses qui, aujourd'hui, vont dans les décharges et les déchetteries. À l'époque, il y en avait peu de choses bonnes à jeter et la pollution était un mot ignoré : ça pourrissait, ça rouillait, ça se décomposait et les orties poussaient à foison.
Je ne suis plus un praticien, je ne suis plus qu'un témoin.
Et je témoigne pour rappeler !
Dans les écarts, comme une petite poignée d'orties.

Une belle plante, l'ortie !

Post-scriptum :
J'adresse un grand merci à F qui m'a envoyé, par commentaire, un beau coucher de soleil sur Loire et en mots. Le troc sur la Toile, j'aime bien !
J'insiste : il importe d'aller lire et relire sa rubrique en son l'ensemble, "Ce n'est pas un métier". Il contribue fort à enrichir et actualiser "Les salons littéraires" de l'ami Berlol. Je vais certainement en causer vendredi en m'appesantissant sur "les cercles ouvriers de lecture" — à relire, un autre vieux compagnon, Noë Richter sur "lecture populaire et lecture ouvrière".

mardi, 26 septembre 2006

malédictions à tous vents html et php

Maudit soit Spip.
Maudite soit la base MySQL d'Ouvaton.
Je bute sur l'inactivité de ma base !
Aucune lueur !

La fin de semaine, cependant, avait été douce et humide sur la Vilaine et à la première lueur de l'aube, Sirius portant en équilibre la magnificence d'Orion était dans le suet.
Le matin d'orage orangeait la vallée et Nicléane allait chassant petits rosés et tendres cèpes sous les châtaigniers et les chênes.

Mais voilà, la base MySQL refuse de s'activer.

je suis loin, très, très loin, d'être le "bon" docteur Grapheux auquel FB et JM le Montagnard font si gentiment allusion dans leur commentaire de la note précédent.
Ça merde dur et ça dure !

vendredi, 22 septembre 2006

spip suite

Les connexions des synapses tellement rompues par les CSS, les squelettes Spip et autres, s'accumulant sur mon méchant handicap de "macintoschiste forcené" dans mes démélés avec "ouindose XP" et ces satanés "clics droits", j'en ai raté la publication des chroniques portuaires de Nantes — je sais certaines lectrices qui n'en seront point déçues.

Do, une copine du Beaulieu, notre cinéma d'Art et d'essai, m'ayant sollicité pour une lecture, lors d'un mercredi CinéMioches, Je me suis replongé (!) avec plaisir dans "Le vieil homme et la mer" ; ce doit être comme la lecture de l'ami Montaigne : il faut être parvenu à un certain âge pour savourer mieux encore le non moins vieil Hemingway.

J'échappe ainsi à la tension "spipienne" qui me laisse cependant présager pour mes petits écrits épars un bel avenir sur la Toile — si la pédagogie de l'enseignement "Informatique" est encore à inventer, j'apprécie fort l'ambiance de cette formation "universitaire (?), qu'animent de jeunes "loups" qui se meuvent dans les alentours très "libres" de Linux-Nantes !

lundi, 18 septembre 2006

je "spippe", tu "spippes,

...nous "spippons"...
Et d'autres font les vendanges.

Bien lointaines, "mes" îles, Houat, Hoëdic, sa bataille des Cardinaux et sa maison des filles perdues...
J'y reviendrai.

Ailleurs, le Vatican dérape et, dans l'imbroglio de ses citations tronquées et de ses apitoiements rétrospectifs prêterait à rire s'il n'avait révélé... quelque vérité.
Les monothéismes nous EMMERDENT !
Encore excepterais-je quelques studieux rabbins, quelques cisterciens silencieux et quelques çoufis en extase dans leur zaouia aux confins du désert.

lundi, 11 septembre 2006

gravats et... miroirs

Le bruit du marteau-piqueur, l’âcre poussière qui sort du vieux mur, la petite pelleteuse au fond du jardin qui ouvre une nouvelle rampe d’accès, les travées d’étagères de la “librairie” recouvertes d’autant de suaires (!) protecteurs n’engagent guère le lecteur à l’écriture.
Ma “voisine”, celle de l'autre côté du mur, me l’a souligné ce matin : « Tu n’écris pas ! Tu n’es “plus” chez toi ! »
C’est réel, ce sentiment d’expulsion quand on n’est point le faiseur de ces travaux ! Voilà ce que c’est que d’avoir trop bien intégré, jusqu’à la revendiquer parfois avec certaine fierté, la sentence familiale : “Tu ne sauras jamais rien faire de tes dix doigts “.

Je m’en vais en mer jusqu’à la fin de la semaine.
Il me faut revenir, samedi, pour suivre une formation à SPIP, cinq jours durant, sept heures par jour ! Il y a bien longtemps que la “bête” n’aura pas été astreinte à un tel programme ; c’est assuré par la Formation continue de l’Université et c’est aux Ateliers et Chantiers de la Loire.

Une formation SPIP ? On y court depuis trois ans pour la création d’un site sur notre coopération décentralisée : le rêve de faire se rencontrer à tout moment dans une agora, des forums, les citoyennes et citoyens de Ginsheim-Gustavsburg (Allemagne), de la Communauté rurale de Baalu (Sénégal), de Siria (Roumanie), de El Tuma La Dalia (Nicaragua) et ceux qui viennent nous rendre visite cette semaine pour nouer le lien, les élus d’Anapta (Palestine).

Le lecteur dans son jardin, même déstructuré, a cependant entendu hier “Une vie, une œuvre” de Florence Marguier, à propos de Maurice Scève : Prince des Poètes au cœur impénétrable.
J’aime beaucoup ces lointains Lyonnais, imprimeurs, éditeurs, poètes et poétesses ; ils nous raccordent, nous gens des solitudes humides d’ouest aux ensoleillements italiens et grecs, et nous en rapprochent depuis cinq siècles.

J’ai rouvert la Délie, Objet de plus haute vertu, effleuré quelques dizains, ces poèmes de dix vers de dix pieds qui sont un quasi parfait carré imprimé et me suis attaché aux quelques-uns qui évoquent le Miroir en tous ses états métaphoriques, à la trompeuse altérité qui ne renvoie qu’au Même : on en est blessé, on en brûle, on en meurt.
Le deux-cent trente-cinquième me parait, lui pourtant, renvoyer, non à l’avenir maléfique qui efface, mais à l’espoir d’une pérennité de l’image aimée. Scève comme rêveur de l’image numérique (le Vinci ingénieur n’est sans doute pas très loin !)



CCXXXV


Au moins toi, claire et heureuse fontaine,
Et vous, ô eaux fraîches et argentines,
Quand celle en vous, de tout vice lointaine,
Se vient laver ses deux mains ivoirines,
Ses deux Soleils, ses lèvres corallines,
De Dieu créés pour ce Monde honorer,
Devriez garder, pour plus vous décorer,
L’image d’elle en vos liqueurs profondes.
Car plus souvent je viendrais adorer
Le saint miroir de vos sacrées ondes.


Post-scriptum
:
• Réécouter (et podcaster dans quelques jours) l’émission sur France Cul, avec bibliographie et liens, très riches.
• À voir de belles images portuaires de l'ami JJ — qui se refuse toujours au moindre texte !!! —, sur Nantes et Saint-Nazaire.

dimanche, 20 août 2006

après et avant

Après avoir trié, rangé, mis en ordre, mis en carton, en caisse, en sac, avant "début des travaux" et ...rentrée littéraire — que je ferai à contre-temps (hors le Tumulte !) —
nous allons, Noémie, Célia, Hél, Nicléane et moi, prendre quelques mouilages sur les grèves de nos îles.

En triant des papiers, trouvé ceci qui n'était jeu et pas encore "d'atelier" :

Qu'est-ce que l'écologie ?
Un silence entre deux éternuements.

Qu'est-ce que la tendresse ?
C'est un éclair au chocolat.
................................................

Si nos pères avaient plané
autant que nous
les prolétaires seraient tous
dans des pantalons d'académiciens.

vendredi, 07 juillet 2006

bouquins auteurs libraires grandes surfaces = grogne

Je revenais, hier, de plus en plus sceptique, fortement sceptique, - depuis lontemps, déjà, depuis toujours, d'ailleurs - sur la diffusion du livre par les magasins Leclerc et leurs espaces de vente pompeusement dénommés "Centres culturels". Pour l'été, c'est outrageusement la grosse cavalerie des lectures de plage.
Habituellement, et sur le long terme, j'ai un mince indicateur : l'évolution du rayon Poésie/Gallimard ; au fil des ans, il est repoussé dans les fonds et dans les bas. Eh, oui ! il faut avoir échine souple et point d'arthrose aux genoux. Un beau jour, pfuitt !!! Plus de poètes, à moins que les demandes scolaires ne soient à nouveau pressantes. Dans les Fnac ? Ce n'est guère mieux.
Me souviens des Drugstores dans le début des années 70 : tu trouvais par exemple les Libertés de chez J.J. Pauvert, avec Péret, Darien, Léon Bloy, Gracq...
Ça durait un an, peut-être deux ; après, tu ne trouvais plus que Serge et Anne Golon, tous les Des Cars, les De Villiers.
Un peu plus tard, tu ne trouvais même plus de livres...

Certain(e)s diront : « Oui, mais ces lieux... le livre à la portée de tous... la culture dans les caddies... etc. » Certes, certes ! Le grand intérêt de ces commerces, c'est d'offrir à des jeunes sans doute épris de la chose livresque et souvent compétents un "job". Ils vous aident, entre autres choses, à consulter gratuitement "Électre".

Je reviens donc de mon Leclerc voisin, coffre plein pour le départ en mer, mais sans livres - par principe, je n'achète jamais, je consulte, feuillette.
Dans ma boite à lettres, le Nouvel Obs de cette semaine (du 6 au 12 juillet), j'ouvre et voici ce qu'écrit François Raynaert, dans sa chronique :

Est-ce ainsi que les tomes vivent ?
Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours sur le drame de l'overdose culturelle dans l'Occident contemporain, il doit déjà y avoir 10 000 thèses publiées sur la question. Vous me direz, on ne va pas se plaindre de l'abondance. Ça, c’est à voir. L'autre jour, sur une radio dont j'ai oublié le sigle, j'ai entendu un type dont j'ai oublié le nom, analyser cette profusion comme une forme de censure très habile inventée par le système pour étouffer toute parole contestataire.

La thèse est moins parano qu'on ne croirait. L’énergie qu'il fallait au XVIIIe siècle pour faire taire un fâcheux : lancer des lettres de cachet, embastiller l’auteur, faire brûler le livre, un tintouin épuisant.
Aujourd’hui, les « Lettres philosophiques » seraient sorties sans problème, seulement elles auraient été discrètement noyées dans les 500 autres titres de l'office du moment. et elles auraient eu droit, pour solde de toute presse, à une brève dans ”Livres-Hebdo” tandis que les devantures des librairies seraient trustées par l’ouvrage bouleversant de Kevina Pompadour, la célèbre fille de, racontant son anorexie. Et voilà le boulot,Voltaire aurait fini sa carrière inconnu de tous, à ne pas signer son pauvre “Candide” dans un des 42 000 salons du livre comme on en voit de nos jours, tellement emplis d'auteurs qu'on n'a plus de place pour faire entrer le public.

Je sais, il est désolant de penser que la culture souffre aujourd’hui du mal dont souffrit l'agriculture hier, la surproduction, surtout quand on réalise ce à quoi ce désastre va nous conduire. Comment y échapper ? Un de ces quatre, on va y passer. Bruxelles va se mettre à donner aux éditeurs des primes à l’arrachage des auteurs et pour les surplus on va faire comme pour le beurre de Noël , on va devoir stocker les écrivains en surnombre dans d’immenses entrepôts avant de les distribuer en masse aux populations nécessiteuses au moment des fêtes.


J'ai bien aimé. Sauf que le Nouvel Obs, chaque semaine, joue, avec Ipsos et Livres-Hebdo, ses "Livres Stars", ses têtes de gondole à la manière Leclerc ou Fnac, et donc doit aider à étouffer de nouvelles "Lettres philosophiques".
Garcin, Drillon, Ézine, Reynaert et consorts, ne sauriez-vous point ce que publie votre rédaction en regard de vos critiques ?
Je ne pense pas avoir, à un quelconque moment, été dupe de ces doubles jeux, oxymores et compromis ; aujourd'hui, j'avais ma grogne à écrire !

samedi, 20 mai 2006

Balade, envols et retour... “Volver”

Ce matin dans les rafales du grand frais, l’inclinaison humide des branches d’acacias, alourdies par leur grappes de fleurs ; de l’autre côté du chemin qui descend au fleuve, réponse alanguie des genêts odorants.

Premier envol : à l’étang du Champ-Toury, le héron y a élu son territoire ; au bas de la Mandine, dans les prairies inondées, des aigrettes, deux, trois puis quatre comme dans l’Argumentum ornithologicum de l’ami Borgès - ça ne prouve pas l’existence de dieu - mais ça confirme l’assainissement de la Vallée ; rafales à 7 Beaufort : Loire, prise en son jusant à rebrousse-poil ; plus loin dans l’étier de Port-Lavigne, envol de col-verts.

Col-verts...
... Volver d’Almodovar, hier après-midi.
Visages de ces cinq femmes - la presse spécialisée n’en mentionne, ici, qu’une, Raimunda.
Là, deux, la même et sa mère.
Parfois quatre, les deux précédentes, plus la sœur, Soledad et la fille de Raimunda, Paula.
Augusta en cheveux ras, oubliée. Pourtant quel contre-point à la tribu de Raimunda !


J’aime ce cinéma des femmes et des visages.
Carmen Maura, Blanca Portillo, Penelope Cruz, Lola Duenas, Yohana Cobo.

Un cinéma des « Âmes fortes », de femmes fortes.

mercredi, 03 mai 2006

vous avez dit "torticolis" ?


TORTICOLIS
, adj. et subst.
I. Adj. et subst., vx
A. Adj. [En parlant d'une pers.] Qui a le cou de travers. Cette attaque d'apoplexie l'a rendu torticolis (Ac. 1835, 1878).
B. Subst., au fig. [P. réf. à ceux qui ont le cou de travers] Faux dévot. Ne vous fiez pas à ces torticolis (Ac. 1798-1878).
II. Substantif
A. PATHOL. Dyskinésie de la tête ou du cou, d'origine traumatique ou rhumatismale, caractérisée par une contracture douloureuse des muscles et par une amplitude limitée du mouvement de rotation ou d'extension. Avoir un torticolis; attraper un torticolis (fam.). Mon cou était appuyé contre mes flanelles. Si maintenant je l'éloignais de ces flanelles avant d'avoir laissé tomber ma chaleur, je suis sûr de prendre un torticolis et peut-être une bronchite (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 305). Un certain nombre d'affections osseuses ou rhumatismales du cou peuvent être à l'origine des maux de tête: infiltration cellulitique douloureuse de la nuque, arthrose cervicale, (...) torticolis aigu, hernie discale cervicale (QUILLET Méd. 1965, p. 337).
Torticolis spasmodique. Torticolis caractérisé par la contraction spasmodique des muscles du cou provoquant une rotation de la tête dans un sens ou dans l'autre avec inclinaison latérale. [Babinski] a le premier soutenu l'organicité du torticolis spasmodique, qualifié alors de torticolis mental, et essayé sa cure par la section du spinal (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 263).
B. P. ext. Douleur, raideur passagère due à une tension ou à une position pénible du cou. J'ai été horriblement souffrant toute la semaine d'un torticolis; mais je suis mieux, et le voyage achèvera de me remettre (HUGO, Corresp., 1825, p. 429). De m'être courbée si bas sur les enfants, je me couchai avec le torticolis, avec mal dans le dos, mal dans les reins, mal dans les jambes (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 33).
P. méton Position pénible du cou. Théâtre à angles morts et à torticolis, ce théâtre est moins fait pour le spectacle de la scène que pour celui de la salle (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 58).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1535 subst. plur. Torticollis « faux dévots, cafards » (RABELAIS, Pantagrueline Prognostication, éd. M. A. Screech, chap. 5, p. 15, 29, var.); b) 1542 adj. tortycolly « qui a le cou tordu » avec allus. au sens de « faux dévot » (ID., Pantagruel, chap. 30, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 363: Adonc nectoya [...] le col, et puis la teste [...]: et les afusta justement [...] affin qu'il [Epistémon, dont la tête était coupée] ne feust torticolly (car telles gens il haissoit de mort)); 2. 1562 subst. plur. torticollis « contractures douloureuses du cou » (A. DU PINET, Hist. du Monde de C. Pline Second, t. 2, p. 179: Sa racine [de Baccharis] cuytte, prinse en breuvage, est tenuë pour singuliere aux spasmes: aux torticollis et baissemens de teste). Empr. à l'ital. torti colli, plur. de torto collo « faux dévot, bigot » (1re moit. du XVe s., BURCHIELLO d'apr. CORT.-ZOLLI; 1542 collo torto, L'ARÉTIN, ibid.; cf. aussi torcicollo ds DEI et collo torto ds BATT.), propr. « cou tordu », les faux dévots tenant la tête penchée pour marquer leur dévotion. Voir HOPE, p. 225. Fréq. abs. littér.: 17. Bbg. QUEM. DDL t. 6.
!

Et ça me tient depuis deux jours à n'en point dormir, à n'en point écrire, à peine à lire !
.
À lire - ça ne soulage pas, mais ça procure quelque petit bonheur - dans le merveilleux dictionnaire du Trésor de la langue française informatisé
.


"ILS" vendent nos "typos" ! Vendront quand même point notre langue ! Quoique...

dimanche, 23 avril 2006

MacoRetz ?

Ils étaient quatre, il y a vingt ans. Ils sont aujourd'hui quatre-vingt.
Ils sont maçons, charpentiers, métreurs, architectes, commerciaux, plombiers, couvreurs, carreleurs.
Ils disent le bonheur d'une journée bien remplie, d'une tâche achevée dans la clémence d'un jour de printemps.
Aucun n'a fait HEC ou une Sup de Co quelconque ; ils parlent la langue légèrement rocailleuse des "Paydrets", ce pays de Retz aux Marches avantagères de la Bretagne et du Poitou.
Ils partagent, échangent, gèrent.
Les apprentis qu'ils accueillent sont loin des affres d'un avenir régi par de faux contrats de première embauche.
Vendredi soir, ils ont invité tous les compagnons des SCOP de Loire-Atlantique, plus quelques autres qui ont plus que sympathie pour ces femmes et hommes de labeur qui vivent une autre idée du monde de l'économie et des menaces des "ouragans" ultralibéraux.
Ce sont les femmes et les hommes de MACORETZ, une société coopérative ouvrière de Saint-Père-en-Retz.

Je crois qu'ils peuvent affirmer dans le sillage des "Inventeurs" de René Char.

« Là où nous sommes, il n'y pas de crainte urgente. »

mercredi, 12 avril 2006

Cahin-caha

La tenue du blogue est, ces jours-ci, très décousue, sinon inexistante : sur la table de l’iBook, il y a des barrettes, des chichis, des papiers coloriés, gribouillés, découpés, des dvd et des cd de musiques que “n’aime pas papy fâcheux” - ce n’est pas tout à fait vrai, ni complètement faux ! Bref, il y a deux petites-filles bien aimées qui maîtrisent mieux (ou tout aussi bien) les écrans de la Toile et la chaîne haute-fidélité que les habitants de la maison.

Habituellement c’est une semaine - la Semana Santa - pour écouter Jean Sébastien Bach et les lamentos de ses Passions. Eh bien ! c’est Émily Simon et Madonna !

La fin de semaine a réuni pour deux jours dans la vallée de la Sèvre, au Moulin-Neuf, les AN et BR, liés depuis plus d’un siècle par le sang et par... la Vigne : des plus âgés qui sont entrés “dans l’enfance du Grand Âge” : de Ro, septante-trois années à Noah, un mois et huit jours.... S’y étaient joints quelques-un(e)s d’Algérie et de l’Éducation populaire.
Nous avons célébré et les Ans et la Vigne !

J’ai reçu un bel olivier à planter et le Livre des Exemples d’Ibn Khaldûn- voisinage totalement fortuit. Plus, plus, plus, dans une joile boite à chaussures, de quoi enrichir la “librairie” des Pléiades incomplètes : Nerval, Giono, Borgès, Gracq !
Ce sera un vrai bonheur que je retarde, d’aller rue de la Fosse chez Coiffard, effleurer des yeux, du doigt, les dos colorés et striés d’or.
Ce goût me vient sur le tard : je n’acquiers plus qu’en “Poche” ou plus rarement - très rarement - en “Pléiade”.

Jérôme le vigneron, celui qui perpétue la tradition des aïeux de Belle-Vue était là avec ses vins : le Muscadet du domaine, le Chardonnay, le Cabernet, son "Champ des Cailloux", une petite merveille rouge vieillie en fût de chêne, depuis trois ans médaillé au Salon de l’agriculture de Paris. Il a opté pour de petites surfaces, il fuit les négociants, il s’est bâti un réseau de cavistes et d’amateurs. Le cellier de Belle-Vue est devenu un antre d’alchimiste.
Il n'y a que le Muscadet en fût de chêne qui fut objet de polémique entre générations

Le Moulin-Neuf est à quelques pas en amont de ce paysage “à l’italienne” que décrit Gustave Flaubert :

« Sur un coteau au pied duquel se joignent
deux rivières; dans un frais paysage égayé
par les claires couleurs des toits
en tuile abaissés à l'italienne,
près d'une longue cascade qui fait
tourner un moulin tout caché dans
le feuillage, le château de Clisson
montre sa tête ébréchée par-dessus
les grands arbres.
A l'entour, c 'est calme et doux.

Les maisonnettes rient comme
sous un ciel chaud; les eaux font
leur bruit, la mousse floconne sur
un courant où se trempent de
molles touffes de verdure. L'horizon
s'allonge d'un côté dans une
perspective fuyante de prairies et,
de l'autre, remonte tout à coup,
enclos par un vallon boisé dont un flot vert
s'écrase et descend jusqu 'en bas. »

GUSTAVE FLAUBERT,
Par les Champs et par les grèves, 1847.

medium_moulinneuf.jpg

mercredi, 05 avril 2006

Rando

Dix-huit à vingt bornes ce matin avec Pi pour aller au lac.
Trois heures et demi, quatre heures ?
Épuisé ! Faudrait pas trop tiré sur la "bête".

medium_medium_dscn6163.2.3.jpg

dimanche, 26 mars 2006

Alentour de quelques-uns de “mes” 27 mars

27 mars 1939
J’ai trois ans.
Des montgolfières s’épanouissaient au-dessus de la Sèvre. Il y avait de drôles d’enfants déguisés en insectes. C’était, m’a-t-on dit plus tard, la fête annuelle de l’institut des sourds-muets, à la Persagotière.

27 mars 1943
J’ai sept ans.
L’âge où je suis devenu fou, insolent, cependant souple, rêveur, paresseux, jouisseur - déjà un peu avant -, lecteur. Ils n’ont rien pu y faire, les grands ! Je serrais dans mon petit poing le noyau dur de l’insoumission.

27 mars 1947
J’ai onze ans.
Bientôt les envolées en fin de printemps au sortir des églises : mes communiantes virginales en fleur et les communiants raides dans leur premier costume gris ou bleu marine. Il y avait alors deux grandes questions : culottes courtes ou pantalons et les bons ou mauvais résultats au catéchisme, pour le rang. Je n’étais que troisième et maman m’a balancé une gifle.

27 mars 1955
J’ai dix-neuf ans.
Appuyé contre l’horloge de mon anxieuse adolescence qui s’éteint, j’attends dans la nuit de l’Auberge solitaire les onze échos qui lanceront mon nouvel âge sur la route.... Essoufflé par mes courses pensives, j’arrive en retard à tous les âges de ma vie. (ndlr : c'est un écrit d'époque)

27 mars 1963
J’ai vingt-sept ans.
Pierre qui roule n’amasse déjà plus la sagesse... Les indépendances se sont écoulées. On entre dans les dérives. Utopies mortes.
Et la mort qui vient, proche, trop proche....

27 mars 1976
J’ai quarante ans.
Tu prends la mer, il n’y a pas d’âge. Alors à trois ans ou à quarante... Tu prends la mer et tu t’adosses aux murs d’une vieille maison.
Quelqu’ami t’a dit que c’est une vraie maison pour vieillir et y mourir...
Va savoir ! Qui de la vague ou de la terre ?

27 mars 1996
J’ai soixante ans.
Un des plus beaux 27 mars. Le plus beau des dons pour ces soixante années : elle est venue, Noémie, celle que parmi toutes les femmes que j’aime, je souhaite être ma lectrice première. Nous serons toujours du même âge, à soixante années près.
Merci à ma fille bien-aimée, à Nicléane, ma compagne, à ma mère, à mes aïeules ! Je tire fierté de cette filiation par les femmes.

27 mars 1999
J’ai soixante-trois ans.
À 9 heures TU, nous sommes par 05°00 Nord et 113°12,30 Ouest, à 1 423 miles des Galápagos. À 14 heures par notre travers arrière, un cargo qui fait route au Sud-Est, notre première rencontre après 30 jours de mer depuis Ua-Hauka.

26 mars 2006

Je suis au dernier jour de ma soixante-dixième année. Je suis “dans l’enfance du grand âge*”. Je sais un peu mieux lire - du moins, je le crois. Je blogue depuis un an et demi. Je dois achever une chronique de mes années algériennes. Entre autres. Mais j'ai toujours la paresse de mes sept ans. J'ai enfin glissé quelques lignes autobiographiques dans la note de "l'a-propos". Je remonte encore le mouillage de Dac'hlmat sans guindeau.

J'ai reçu, hier un courriel de ma filleule qui est dans une île lointaine de l’hémisphère sud. J’avais trente ans quand elle est née, il y a quarante ans. Je l'ai remerciée et pris rendez-vous avec elle dans trente ans quand , son tour venant, elle aura soixante-dix ans. Ça ne me déplairait.
Mais si je dois m’en aller demain, pourquoi pas ?

* Benoîte Groult dans le Libé de jeudi dernier, 23 mars 2006.