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mercredi, 13 mai 2009

la nichée s'est envolée

Floués, les chats ! Ce matin, ils passaient sous le nichoir sans s'arrêter.

Nulle cavatine d'oisillons affamés. Hier, toute cette fébrilité des branches du bouleau aux arbustes du jardin, c'était donc l'envol !

 

Oiseau jamais intercepté

Ton étoile m'est douce au cœur

Ma route tire sur sa raie

L'air s'en détourne et l'homme y meurt.

 

René Char

Entre trente-trois morceaux, I

mardi, 12 mai 2009

je veille sur un nid de mésanges

 

Car les chats, et ils sont plus nombreux dans le voisinage, sont à l'affût.

La mésange qui annonça à René Char la mort de Pablo Picasso.

 

À sept reprises ce 8 avril, une toute bête mésange solliciteuse a heurté du bec le carreau de la fenêtre, me faisant filer de l'attention matinale à l'alerte de midi. Une nouvelle tantôt ? À quatre heures, je l'appris. Le terrible œil avait cessé d'être solaire pour se rapprocher plus encore de nous.


Picasso sous les vents étésiens,

in Fenêtres dormantes et porte sur le toit.

 

Je ne dis pas que la mésange est un oiseau du malheur.

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jeudi, 02 avril 2009

l'otium et les haricots grimpants

à Pierre.

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Ce n'est point dans le droit fil de Gilles Clément, ce n'est pas un jardin planétaire, ce n'est pas un haricot d'avril, ce n'est qu'un modeste échange entre deux compagnons de jardin.
Les commentateurs, certains parfois, méritent bien d'être le sujet d'une note et non d'une simple réponse dans la rubrique des commentaires.
Et puis, si cela était utile à d'autres jardini(è)r(e)s.


Remarque :
Les haricots "mangetout" peuvent se récolter jusqu'à un stade de développement avancé car ils ne font ni fil, ni parchemin*.
in Conseils au jardinier, verso de la boite.

* Parchemin :
3. c) Enveloppe extérieure de certaines graines (haricots, lentilles, pois, café, p.ex.); membranes végétales qui se trouvent dans plusieurs parties de plantes. La pellicule qui tapisse la cosse des pois verts se nomme le parchemin, et l'espace dont on peut manger la gousse avec la graine se nomme pois sans parchemin (BRARD 1838); (ds Lar. agric. 1981).

On apprend à tout âge !

lundi, 23 mars 2009

fôt il réformé l'ortograf ?

En guise d'échauffement pour l'atelier sur Mallarmé de ce lundi matin, voici le thème affiché à la une de ce bon quotidien Ouest-France. Tous les deux ans, tous les vingt ans, dix fois par siècle, depuis la fondation de l'École obligatoire pour tous, le débat, la dispute, le conflit — à votre gré ! — resurgissent.
Dans des notes des années 2005 et 2006, la "chose" fut abordée. J'eus le droit à un long commentaire fort publicitaire d'un dénommé Rougnon-Glasson Louis...
Y'a pas que dans les manifs qu'on distribue des tracts !

Nous allons sourire et rire.

À nos claviers — le mien actuel ortographie plus vite que mon penser. Je n'ai jamais pu ou su calmer ma dyslexie et ce malicieux clavier de mon bel iMac l'encourage... D'où quelquefois, rarement, parfois, souvent, des erreurs.
Je ne me résous point — tiens ! et pourquoi donc "je couds" — à employer le mot "faute".

Et le manège est reparti !
Relisons les ancêtres bâtisseurs de notre langue. Je vous assure qu'il nous faut sourire.

Quand je prens des livres, j'auray apperceu en tel passage des grâces excellentes et qui auront féru mon ame; qu'un'autre fois j'y retombe, j'ay beau le tourner et virer, j'ay beau le plier et le manier, c'est une masse inconnue et informe pour moy.
En mes escris mesmes je ne retrouve pas tousjours l'air de ma premiere imagination : je ne sçay ce que j'ay voulu dire, et m'eschaude souvent à corriger et y mettre un nouveau sens, pour avoir perdu le premier, qui valloit mieux. Je ne fay qu'aller et venir: mon jugement ne tire pas tousjours en avant; il flotte, il vague...

Montaigne,
Essais, Livre II, chapitre 12.

dimanche, 30 novembre 2008

dans le temps de l'Avent

Ce matin, réveil dans les musiques du temps de l'Avent. Hymnes, psaumes, cantates et autres antiennes, tropes et conduits.

Ockeghem, Palestrina, Victoria, Buxtehude, Bach !
Oh, certes ! la foi s'est éloignée définitivement. Sans heurts.
Demeurent l'auditon de ces chants religieux et les rites qu'ils célébraient se sont, aussi paisiblement, teintés de l'ancien paganisme : quelques vingt jours pour aller vers la remontée de la lumière.
Temps de l'avent. Temps de l'attente au creux d'un mois noir. Mais, quoique désormais dénués de sens, l'écoute de ces musiques éclaire comme d'un sourire les jours qu'elles vont ponctuer jusqu'à la nuit du solstice.
Certes mieux que ces baraques de bois qui, vendant de l'informe, obstruent nos places publiques en se parant mercantilement du nom de "marché de Noël".
La table de ce midi, elle aussi souriante, s'est accordé avec l'attente : huitres de la baie de Bourgneuf, pain bis et beurre salé, accompagné d'un Pinot gris de 2007. Aux fins de pénitence, les moines jeûnaient pendant l'Avent, je ne jeûne que par souci de santé.

mardi, 25 novembre 2008

plus de 500 diapositives à scanner

ou 52 ans de photos, du premier Kodak Rétinette de 1956 au dernier Nikon en passant par un ou deux Zénith et quelques autres Nikon. Trier plus de 2000 images pour en envoyer 500 se faire scanner !
Pas le temps d'écrire sur Mallarmé, d'ailleurs l'atelier d'hier ne fut que le ressassement de la séance précédente ! Je me fais mon post-exotisme à moi, littéralement et dans tous les sens.

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Banal du chemin : l'amour, la guerre, l'amour et l'amour ! En arrière-fond, invisibles, la littérature, la mer et le vin ! Toujours invisibles, d'autres amours !
Et la MORT !

Pour clore — mais temporairement — un vieillard plante un arbre :
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C'est bien connu :
À la Sainte-Catherine,
tout bois prend racine


samedi, 22 novembre 2008

« Ar Mizioù Du »

Ar Mizioù Du, les mois noirs des Bretons: nous y sommes. Ma treille a perdu ses dernières feuilles dorées. Le ciel est bas, lourd, gris.
Mais je me prépare à planter pour les étés à venir un mûrier-platane, le Morus kagayamæ.

À la Sainte-Catherine
Tout bois prend racine.

Je ne peux m'empêcher de me redire les deux premiers vers de la fable de La Fontaine :
Un octogénaire plantait.
« Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge !
»

Le père d'une amie qui est aussi ma voisine de la Bouguinière disait, lui :
«Vénérable vieillard, je te dois cet ombrage ! »

Fi des plantations ! le "jardin" du lecteur demeure tout autant anarchique en ce début d'automne : la valse hésitante entre le Pierre Reverdy de chez Seghers, le post-exotisme de Volodine et de ses hétéronymes — Pessoa ayant enfin un émule — et Mallarmé, poète et philosophe.
Et je n'écris point de mes plans d'écriture : Algériennes qui se traîne dans les derniers soubresauts et tumultes de l'année 1961, l'hommage à l'homme du Lycosthène qui fut mon compagnon d'adolescence, quand, hors des joutes littéraires dévolues aux premiers de la classe — il plaidait pour Voltaire et je défendais Rousseau, j'étais l'horrible Don César de Bazan et il était Ruy Blas, il était Don Carlos et j'étais Hernani — nous découvrions dans la "clandestinité" que nous imposaient les Bon Pères, les Symbolistes et Décadents dans une anthologie dissimulée entre le "Bailly" et le "Gaffiot", dont les textes troublaient nos élans missionnaires.
Ainsi Albert Samain :
Vers l'archipel limpide, où se mirent les Iles,
L'Hermaphrodite nu, le front ceint de jasmin,
Épuise ses yeux verts en un rêve sans fin ;
Et sa souplesse torse empruntée aux reptiles,

Sa cambrure élastique, et ses seins érectiles
Suscitent le désir de l'impossible hymen.
Et c'est le monstre éclos, exquis et surhumain,
Au ciel supérieur des formes plus subtiles.

La perversité rôde en ses courts cheveux blonds.
Un sourire éternel, frère des soirs profonds,
S'estompe en velours d'ombre à sa bouche ambiguë ;

Et sur ses pâles chairs se traîne avec amour
L'ardent soleil païen, qui l'a fait naître un jour
De ton écume d'or, ô Beauté suraiguë.


Ainsi Pierre Louys :
Ses yeux purs abaissés réverbèrent sans fin
L'incolore nombril comme une étoile éteinte
Elle tient dans ses doigts extatiques et bleus
Au pli vierge du sexe un lotus fabuleux

Le même écrivait à Mallarmé qu'il nommait "Maître" :
Nous aurons coupé pour le plus pur silence
Sous vos pieds créateurs les roses de la nuit


Décidément, la semaine à venir ne peut être que mallarméenne.



samedi, 15 novembre 2008

fin de brocante luxueuse

Pour FB


Quand je suis arrivé mercredi après-midi avec un quart d'heure de retard sur l'ouverture des portes du "hangar", seule ma taille relativement grande m'a permis d'entrevoir du seuil ces têtes et un homme agitant un marteau sur une estrade.

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Mon arrivée coïncidait avec un moment intéressant pour mes intérêts en poésie : on adjugeait Commune présence de René Char — édition originale, sur vélin bouffant Téka, portant un envoi autographe signé sur le faux-titre à Julien Gracq/en amitié fidèle/René Char — pour la modique somme de plus de 2 400 € ! Avec les Chants de la Balandrane, il est vrai ! Me contenterai de mon exemplaire n°1621 de la collection Soleil, dont le titre fut tiré à trois mille exemplaires, en 1964, reliure exécutée par Babouot, d'après la maquette de Massin...

Je crois savoir que le texte est le même !

Et pendant ce temps-là, dans la grisaille d'un jour d'automne un peu triste comme scellant le définitif inventaire d'un très vieil écrivain défunt, sous la passerelle Victor Schoechler, le Fleuve, jamais deux fois le même ....

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mardi, 11 novembre 2008

merdre ! ce n'était pas le bon !

Eh, oui ! Ce n'était pas le bon fauteuil.
Les traces des séants littéraires accueillis par monsieur Louis Poirier auraient été gardées par ses héritiers. Un honneur de conserver le passage des nombreux culs lettrés...ou autres, d'ailleurs.
Les héritiers des héritiers braderont le fauteuil sans doute un jour lors d'un lointain vide-grenier, les traces ayant été effacées, puis oubliées.

Dans le vide-grenier, il y avait aussi un échiquier

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un livret scolaire, appartenant à un lycéen d'élite,
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et pendant ce temps-là... jamais deux fois le même, le Fleuve ! Le sien, le mien, le nôtre, le leur.
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lundi, 10 novembre 2008

le "vide-grenier"

Je l'ai vu, ce fauteuil qui s'avachissait sur les séants des visiteurs de monsieur Louis Poirier.

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"Couton & Veyrac est un hôtel des ventes qui tient plus du lieu que, dans sa rage, FB nomme un "vide-grenier". Mais c'est un vide-grenier pour porte-feuilles garnis, un méchant hangar à deux pas du cimetière de Miséricorde et du recoin de la place Viarme où Charette (!) fut fusillé.
Dans quelques vitrines, il y a l'éclat de grands livres et de belles écritures fines.

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Le fauteuil ? Je ne sais pas ! moi ! les héritiers qui bradent, ils auraient pu l'offrir à l'un ou l'autre des derniers séants littéraires qui se sont enfoncés dedans.











À FB, par exemple. Ou à Régis Debray !

samedi, 01 novembre 2008

temps de Toussaint

Vrai temps de Toussaint : vent de Nordet et battant les vitres, une pluie froide.

Temps de Toussaint ne réjouit point le marin

Un temps à mouiller l'ancre de Dac'hlmat dans l'anse d'Er Salus, mer plate et gréément hurleur, j'aime. Mais aujourd'hui ce sera temps à se calfeutrer dans la "librairie" avec de bons livres et des musiques — temps à écouter du Wagner et son Vaisseau Fantôme !
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Temps des saints, temps des morts, de mes morts, de ma morte.
Me reviennent souvent en ces jours de novembre ce que j'ai appris — naguère ? jadis ? — lors d'un trop bref séjour chez les Dogons : par des rites funéraires, qui entraînent le mort hors du domaine terrestre, les Dogons vont rompre les dernières attaches du défunt avec sa vie passée ; de son état de "mort", il passe, par la rupture de ses outils d'homme, au statut d'ANCÊTRE vivant.
Ancêtre qui vient du latin "antecessor", celui qui précède, d'abord attesté, non comme lointain aïeul, mais comme terme commun au sens de « éclaireur ».
Les ancêtres comme des éclaireurs ! soninke.jpg
Les Dogons ne sont pas loin de nous proposer une amorce de réponse, incertaine certes comme toutes les réponses, qu’elles soient celle du croyant, avec la foi et l’espérance en un au-delà, plus juste, qu’elles soient celles de l'incroyant — ce que je suis devenu — dans le désespoir et la béatitude de l’épicurien ou du stoïcien, une réponse donc à l’au-delà de cette vie, à notre interrogation sur l'immortalité .
Ce que les Dogons nous disent, c’est cette exhortation fraternelle : « Et si c'était de notre ressort à nous, les encore vivants, de continuer nos morts bien au delà du simple et pieux souvenir ? D’entretenir à travers nos enfants et les enfants de nos enfants, la force vitale et les vertus qui animaient les actes du mort ! »
René Char rejoignait les Dogons écrivant ceci qui pour moi, dans la lumière de la mort des aimées et des vieux copains, prend encore davantage sens :
Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.




vendredi, 17 octobre 2008

sur la Criiiiii......se

Je ne comprends goutte aux mécanismes des Bourses, aux placements, aux indices nikkei, dow jones, nasdaq et autres cac40, aux discours de mesdames, messieurs les économistes et les politiques. Je rangeais quelques papiers — après avoir rincé mes cinquante bouteilles pour la matinée "jus de pommes" de demain, aux pressoirs de la Pierre-Anne — ; je suis tombé sur cette intervention à l'Assemblée...!
Si actuelle.

Messieurs, au milieu de tant de débats tumultueux,
ne pourrai-je pas ramener à la délibération du jour par un petit nombre
de questions bien simples? Daignez, Messieurs, daignez me
répondre.
Le premier ministre des Finances ne vous a-t-il pas offert le
tableau le plus effrayant de notre situation actuelle?

Ne vous a-t-il pas dit que tout délai aggravait le péril? qu'un
jour, une heure, un instant pouvaient le rendre mortel? Avons-
nous un plan à substituer à celui qu'il nous propose?
Je ne crois pas les moyens de M. (...) les meilleurs possibles;
mais le ciel me préserve, dans une situation
si critique, d'opposer mes moyens aux siens. Vainement je les
tiendrais pour préférables; on ne rivalise pas en un instant
avec une popularité prodigieuse, conquise par des services
éclatants, une longue expérience, la réputation du premier
financier connu, et, s'il faut tout dire, des hasards, une destinée
telle qu'elle n'échut en partage à aucun mortel.
Il faut donc en revenir au plan de M. (...).

Mais avons-nous le temps de l'examiner, de sonder ses bases,
de vérifier ses calculs? Non, mille fois non.

D'insignifiantes questions, des conjectures hasardées, des
tâtonnements infidèles, voilà tout ce qui, dans ce moment, est
en notre pouvoir. Qu'allons-nous donc faire par la délibération?
Qu'est-ce donc que la banqueroute, si ce n'est le plus cruel,
le plus inique, le plus inégal, le plus désastreux des impôts? .

Mes amis, écoutez un mot, un seul mot.

Deux siècles de déprédations et de brigandages ont creusé le
gouffre où le royaume est près de s'engloutir. Il faut le combler,
ce gouffre effroyable! Eh bien! voici la liste des propriétaires
français. Choisissez parmi les plus riches afin de sacrifier moins
de citoyens; mais choisissez, car ne faut-il pas qu'un petit
nombre périsse pour sauver la masse du peuple?

Allons, ces deux mille notables possèdent de quoi combler le
déficit. Ramenez l'ordre dans vos finances, la paix et
la prospérité dans le royaume.... Frappez, immolez sans pitié ces tristes
victimes! précipitez-les dans l'abîme! Il va se refermer.... Vous
reculez d'horreur.... Hommes inconséquents! Hommes pusillanimes!

Et ne voyez-vous donc pas qu'en décrétant la banque-route,
ou, ce qui est plus audacieux encore, en la rendant inévitable
sans la décréter, vous vous souillez d'un acte mille fois
plus criminel, et, chose inconcevable, gratuitement criminel,
car enfin cet horrible sacrifice ferait du moins disparaître le
déficit. Mais croyez-vous, parce que vous n'aurez pas payé, que
vous ne devrez plus rien? Croyez-vous que les milliers d'hommes
qui perdront en un instant par l'explosion terrible ou par ses
contre-coups tout ce qui faisait la consolation de leur vie,
et peut-être leur unique moyen, de la sustenter, vous laisseront
paisiblement jouir de votre crime?

Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette
catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui
pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront,
comme tant d'autres, et d'autant plus rapidement qu'elles
seront plus violentes, êtes-vous bien sûrs que tant d'hommes
sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets
dont vous n'aurez voulu diminuer ni le nombre ni la délicatesse?
Non, vous périrez... et dans la conflagration universelle que vous
ne frémissez pas d'allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas
une seule de vos détestables jouissances.

Voilà où nous marchons....
Je ne vous dis plus, comme autrefois : Donnerez-vous, les
premiers, aux nations, le spectacle d'un peuple assemblé pour
manquer à la foi publique? Je ne vous dis plus : Eh! quels"
titres avez-vous à la liberté, quels moyens vous resteront pour
la maintenir, si dès votre premier pas vous surpassez les turpitudes
des gouvernements les plus corrompus, si le besoin de
votre concours et de votre surveillance n'est pas le garant de
votre Constitution? Je vous dis : Vous serez tous entraînés
dans la ruine universelle, et les premiers intéressés au sacrifice
que le gouvernement vous demande, c'est vous-mêmes.

Votez donc ce subside extraordinaire et puisse-t-il être suffisant!
Votez-le, parce que, si vous avez des doutes sur les
moyens (doutes vagues et non éclairés), vous n'en avez pas sur
sa nécessité, et sur notre impuissance à le remplacer, immédiatement du moins.
Votez-le, parce que les circonstances politiques ne souffrent aucun retard,
et que nous serions comptables de tout délai. Gardez-vous de demander du temps;
le malheur n'en accorde jamais...
Vous avez entendu naguère ces mots forcenés : "Catilina est aux
portes de Rome, et l'on délibère!" et certes, il n'y avait autour de
nous ni Catilina, ni péril, ni factions, ni Rome.... Mais aujourd'hui
la banqueroute, la hideuse banqueroute est là ; elle menace
de consumer, vous, vos propriétés, votre honneur, et vous délibérez?...

Mirabeau
Discours sur la contribution du quart des revenus
(Septembre 1789.)


Jusqu'au nom de Necker, le M. (...), les mâles accents éliminaient déjà madame Lagarde, et on n'y entend guère les scansions "énarchistes" de messieurs Fillon et Woerth ; même le "nègre" de notre président ne suscite chez son petit maître d'envolées telles.
Les "parachutes dorés" ne seront point ces "tristes victimes...précipitées dans les abimes".
AH ! qu'un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple?
En ces jours,nous serions plutôt dans l'inverse.

lundi, 08 septembre 2008

de mer en jardin

Plus de deux mois de... ? Je voulais écrire “silence”, mais on ne rompt point un silence en frappant des lettres sur un écran.
Les situations et les menus faits quotidiens de cet été ne m’ont guère incité à une quelconque rédaction. Je m’étais embarqué fin juin avec de minces projets d’écriture et de lecture. Livres et documents sont demeurés dans les équipets : entre les aléas météorologiques d’un anticyclone qui ne s’établissait que furtivement deux ou trois jours — et le furtif persiste — les occupations grand-paternelles et la vacuité contemplative de l'océan ne furent guère favorables à la rédaction. Olivier Rolin écrit lui : la contemplation hébétée de la mer !
Plus, sans doute, la basse continue du vieillissement qui modère l’importance de l’écrit et privilégie la saveur d’un moment, d’une houle, d’un éclat de soleil, de la douceur d’un crachin. Rolin n’a peut-être pas tort d’user du mot “hébétée” : l’hébétude, comme engourdissement du mental, à peine affleurant une mauvaise conscience de vivre cet état de paresse, mais aussi de délaissement des visiteuses et visiteurs ?

Failli reprendre pour les disparitions de Soljnenitsyne et de Darwich : auteurs géants ou causes nationales ?
Failli me foutre en rogne pour les dix “gus” flingués lors d’une embuscade en Afghanistan, les honneurs rendus par une nation au ventre mou et la logorrhée des commentaires et des questionnements d’une génération qui ne sait plus ce que c’est que guerre, guérilla et contre-guérilla, pour laquelle les cadavres de 14/18, 39/45, Indochine et Algérie ne sont que des stèles et des cartes postales.

Je boude les rentrées, surtout la littéraire — quand l’honorable Monde des Livres noircit du papier sur les affaires de cul de lettrées, ça signifie certainement que parce que ce sont des dames — ce pourrait être une avancée — des bourgeoises, des lettrées, la pornographie n’est plus sordidement renvoyée aux boutiques à sexe et à la Toile des culs. Un style correct de bonne lettrée ne fait pas toujours une histoire de beau cul !

Et alors ?

Ce n’est pas un adieu au roman, ça n’en n’est pas très loin — je relis mes passions romanesques de naguère — mais je ne m’aventure plus que dans les essais.
Je suis déjà dans Jardins de Robert Harrisson*.


Que faire, en ces « sombres temps » où le monde qui « s'étend entre les hommes » ne leur offre plus de scène propice à leurs discours et à leurs actions, où l'on n'écoute plus la raison, où, dans la sphère publique, le citoyen est réduit à l’impuissance. II est des temps où le penseur, le patriote, l'individu n'a d'autre choix que de s’exiler dans les marges, ...
Dans De l'humanité dans de « sombres temps », Hannah Arendt écrit que « la fuite hors du monde en des temps sombres, temps d'impuissance, peut toujours justifier tant que la réalité n'est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s'évader ».
On peut en dire autant des refuges qu'offrent traditionnellement les jardins à ceux dont la « condition humaine » est menacée.
Trouver refuge dans un jardin peut se révéler une bénédiction ou une catastrophe selon le degré de réalité préservé en son sein
.


J’opte pour le jardin d’Épicure, actualisé à la Gilles Clément, avec des espaces d’herbes folles, littéralement et dans tous les sens.

*Robert HARRISSON, Jardins, Réflexions sur la condition humaine, Éditions Le Pommier, 2007.


dimanche, 13 janvier 2008

tout est question de géographie

J'ai laissé passer vendredi parce que ce que j'avais entendu, salle Paul-Fort, à propos de Gracq me paraissait plutôt convenu.
On peut être un grand, un bon, un piètre auteur, être né Nantais ou ailleurs, avoir habité ou habiter encore Nantes, être ou avoir été lecteur de Gracq et ne pas être à la "hauteur" quand un animateur très convenu vous demande vos premières lectures du disparu et ce que vous en gardez aujourd'hui.
Pour le moment je ne retiens que les grognements de vieux ronchon poète de Michel Chaillou et les naïvetés (?) souriantes de Pierre Michon. Ce sont "mes" grands... Le jeune Tanguy Viel a fait une étonnante ouverture sur Gracq et la phénoménologie, mais dans la mélée de ces "ego" écrivants, l'idée fut vite enterrée...

Le samedi, je fus embrumé dans les vaines approches d'une grippe qui ignorait que j'avais été vacciné.
Il y eut cependant cette image qui annonçait la mort de Edmund Hillary, avec Tensing, premier vainqueur de l'Everest en mai 1953 :

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et c'est une de ces lecture de fin d'enfance — ou de début d'adolescence — qui me revint ; je suis allé cd300b2de8dc435b6d45adf823f90707.jpgchercher dans la "chambre des filles", ce bouquin que je reçus comme premier prix d'excellence en classe de cinquième.
Je ne rêvais pas encore d'océan — il était trop proche sans doute — les pôles et la montagne étaient mon exotisme et me fascinaient. Edmund Hillary et Tensing, en 1953, tinrent tout un mois notre jeunesse en haleine ; mais, tout autant que Pierre Closterman et son Grand Cirque, Fridtjof Nansen et Vers le Pôle, Charcot et le Pourquoi-Pas, Monod et ses Méharées — déjà, se profilaient les terres africaines —, Mallory et ses compagnons de l'expédition himalayenne de 1924 m'avaient fait rêver.

La grande question demeure : Mallory et Irvine ont-ils atteint le sommet ?
Quand Odell les vit pour la dernière fois, ils avaient un retard considérable. Il était 12 h. 50, et ils étaient alors à deux cent cinquante mètres au moins, peut-être trois cents, du sommet. Odell n'est pas absolument certain du point exact où il les a vus. il n'en eut qu'une vision rapide dans une déchirure des brumes houleuses; et, sur le tranchant irrégulier d'une arête accidentée, il n'esl pas facile de déterminer une position avec certitude...

...l'enfant demeure songeur devant l'aridité de sa version latine !

samedi, 05 janvier 2008

lire et bloguer en 2008

Le temps de ranger les recueils, les documents qui ont accompagné l'année CHAR, et voilà que s'étalent les recueils et documents pour remettre Pierre Jean JOUVE sur le "métier" : je n'oubie point ma collection "Poètes d'aujourdh'hui" et laisse "traîner" mon Jouve depuis plus d'un an.
Inaugurer l'an 2008 avec cet homme qui brassa le désir et la faute, l'amour et la mort, qui, dans ses œuvres, nous guide de l’alcôve à l’oratoire et invite nos mains à glisser des terribles et fauves chevelures au feu de la touffe forte et noire comme un péché", tout en nous faisant entendre l'acier de la polyphonie mozartienne, j'aimerais bien que ce soit un signe d'orientation pour les lectures et relectures à venir.

Mais l'actualité nous presse au travers d'un Nouvel Obs en voie de "pepeolisation" — découverte en couverture, Dame de Beauvoir au beau cul y est nue ! —, qui incite le lecteur ainsi tout tourneboulé à relire les Lettres à l'Amant transatlantique et à lire La vieillesse — pour moi, c'est de saison — où l'auteure célèbre en l'ami Montaigne, la grandeur du vieillard.

Et j'ai encore à lire, pour les 9 et 16 janvier Les aubes de Linda Lê qui, au Lieu Unique, conversera avec Chloé Delaume dont il me faudra bien parcourir, au moins, Les mouflettes d'Atropos.

Et j'ai quelques point de vue à affûter pour un hommage à Julien GRACQ, le 10, à la salle Paul-Fort, avec Michel Chaillou, Pierre Michon, Jean-Claude Pinson, Rossi et un jeûnot, Tanguy Viel ! Avec les deux premiers nommés, je pressens que ce sera grandiose. Avec les autres, je ne sais ! Mais messieurs les "auteurs", méfiez-vous des vieux lecteurs qui n'ont jamais rendu visite à Louis Poirier, mais qui, modestement, l'ont lu !

Et je dois encore, demain, n'ayant point eu le courage de faire la queue, la nuit dernière, aller réserver quelques concerts pour les Folles journées sur Schubert en ses œuvres.

Et je dois achever la traduction de l'éloge de Prodicus de Saint Basile tout en avouant que la patrologie grecque, ainsi que la latine d'ailleurs, je les enverrais bien à la géhenne — non, aux enfers ! — ; mais après avoir écouté Répliques, ce matin sur une nouvelle traduction d'Augustin, je me persuade que c'est par la grâce insidieuse de ces Pères antiques que nous furent offerts, en notre XXe siècle (le précédent, déjà !!!) contradictoirement les sensuels tourments de Jouve et les analyses acérées de Dame de Beauvoir au beau cul*.
Quoiqu'au chignon trop serré !

JOUVE, "Poète d'aujourd'hui", quarante-huitième de la collection, ce sera pour lundi.
Promis, juré, craché !

* Beauté qui ne tardera pas à provoquer quelque débat.