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dimanche, 26 mars 2006

Alentour de quelques-uns de “mes” 27 mars

27 mars 1939
J’ai trois ans.
Des montgolfières s’épanouissaient au-dessus de la Sèvre. Il y avait de drôles d’enfants déguisés en insectes. C’était, m’a-t-on dit plus tard, la fête annuelle de l’institut des sourds-muets, à la Persagotière.

27 mars 1943
J’ai sept ans.
L’âge où je suis devenu fou, insolent, cependant souple, rêveur, paresseux, jouisseur - déjà un peu avant -, lecteur. Ils n’ont rien pu y faire, les grands ! Je serrais dans mon petit poing le noyau dur de l’insoumission.

27 mars 1947
J’ai onze ans.
Bientôt les envolées en fin de printemps au sortir des églises : mes communiantes virginales en fleur et les communiants raides dans leur premier costume gris ou bleu marine. Il y avait alors deux grandes questions : culottes courtes ou pantalons et les bons ou mauvais résultats au catéchisme, pour le rang. Je n’étais que troisième et maman m’a balancé une gifle.

27 mars 1955
J’ai dix-neuf ans.
Appuyé contre l’horloge de mon anxieuse adolescence qui s’éteint, j’attends dans la nuit de l’Auberge solitaire les onze échos qui lanceront mon nouvel âge sur la route.... Essoufflé par mes courses pensives, j’arrive en retard à tous les âges de ma vie. (ndlr : c'est un écrit d'époque)

27 mars 1963
J’ai vingt-sept ans.
Pierre qui roule n’amasse déjà plus la sagesse... Les indépendances se sont écoulées. On entre dans les dérives. Utopies mortes.
Et la mort qui vient, proche, trop proche....

27 mars 1976
J’ai quarante ans.
Tu prends la mer, il n’y a pas d’âge. Alors à trois ans ou à quarante... Tu prends la mer et tu t’adosses aux murs d’une vieille maison.
Quelqu’ami t’a dit que c’est une vraie maison pour vieillir et y mourir...
Va savoir ! Qui de la vague ou de la terre ?

27 mars 1996
J’ai soixante ans.
Un des plus beaux 27 mars. Le plus beau des dons pour ces soixante années : elle est venue, Noémie, celle que parmi toutes les femmes que j’aime, je souhaite être ma lectrice première. Nous serons toujours du même âge, à soixante années près.
Merci à ma fille bien-aimée, à Nicléane, ma compagne, à ma mère, à mes aïeules ! Je tire fierté de cette filiation par les femmes.

27 mars 1999
J’ai soixante-trois ans.
À 9 heures TU, nous sommes par 05°00 Nord et 113°12,30 Ouest, à 1 423 miles des Galápagos. À 14 heures par notre travers arrière, un cargo qui fait route au Sud-Est, notre première rencontre après 30 jours de mer depuis Ua-Hauka.

26 mars 2006

Je suis au dernier jour de ma soixante-dixième année. Je suis “dans l’enfance du grand âge*”. Je sais un peu mieux lire - du moins, je le crois. Je blogue depuis un an et demi. Je dois achever une chronique de mes années algériennes. Entre autres. Mais j'ai toujours la paresse de mes sept ans. J'ai enfin glissé quelques lignes autobiographiques dans la note de "l'a-propos". Je remonte encore le mouillage de Dac'hlmat sans guindeau.

J'ai reçu, hier un courriel de ma filleule qui est dans une île lointaine de l’hémisphère sud. J’avais trente ans quand elle est née, il y a quarante ans. Je l'ai remerciée et pris rendez-vous avec elle dans trente ans quand , son tour venant, elle aura soixante-dix ans. Ça ne me déplairait.
Mais si je dois m’en aller demain, pourquoi pas ?

* Benoîte Groult dans le Libé de jeudi dernier, 23 mars 2006.

Commentaires

Bonjour,
Comme toi j'ai lu l'article de Benoîte GROULT, écrivaine que j'ai découverte il y a maintenant bon nombre d'années.
Si tu es Nantais, moi j'en suis native ; cette ville m'est si familière mais désormais trop grande pour y vivre ; et la Persagotière je connais un peu : ma cousine y avait fait don de son violon afin qu'il puisse continuer à vivre dans la nuit, le silence d'un pensionnaire.
Bonne journée à toi.

Écrit par : La Fanchon | mardi, 28 mars 2006

A quoi se mesure une vie humaine? Egaré entre l'immensité de mes origines et l'insondable de mon futur, je ne sais top s'il faut laisser monter l'angoisse ou esquisser un sourire.
Bien malin qui pourra me dire
ce que signifie ce sourire.
Pierre

Écrit par : chauvel | jeudi, 30 mars 2006

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