lundi, 02 avril 2007
cessant de battre, un jour
Demain, le dedans à vérifier.
Radioscopie et échographie : être scruté, être écouté et être in-scrit.
« Quand nous disons : le cœur (et le disons à regret), il s'agit du cœur attisant que recouvre la chair miraculeuse et commune, et qui peut à chaque instant cesser de battre et d'accorder. »
René Char,
Rougeur des Matinaux, XV.
Des ami(e) proches qui lisent ce blogue me disent ne pas toujours saisir ce que Char veut dire. Souvent, moi aussi, je ne saisis guère. J'essaie seulement de laisser résonner comme de lointains roulements d'orage.
Des bribes luisent alors qui me mènent à une certaine sérénité.
Ainsi dans ces mots qui précèdent : cœur attisant... chair miraculeuse... cesser de battre et accorder !
Char centenaire
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samedi, 31 mars 2007
voilà pourquoi le blogue n'est point trop "causant"
Plus de soixante-dix lieux-dits à recenser ! Il y en aurait eu plus de cent, dit "Zinet". À localiser dans ce monde mouvant d'eaux, de rades, de bouquets, de levis flottants qui couvre trois mille hectares, l'été, et se gonfle à six mille après les pluies de l'hiver.
Les entendre dans le parler des Passis, identifier les diphtongues de ce dialecte mi-poitevin, mi-gallo. Tenter de transcrire en français.
Quand s'ajoute un idiolecte qui est propre à leur métier de pêcheurs : baillaïe, doue, groïn, levis, parièles, mières, pavoï...
Et l'éditeur nous somme de ne plus déraper : les documents à remettre à la fin de la semaine prochaine. Pour fêter la Coopérative centenaire en août.
J'appliquerais bien à mes copains de Passay ce que Char écrivait de ses compagnons des maquis de Provence :
Un officier, venu d'Afrique du Nord, s'étonne que mes « bougres de maquisards », comme il les appelle, s'expriment dans une langue dont le sens lui échappe, son oreille étant rebelle « au parler des images ». Je lui fais remarquer que l'argot n'est que pittoresque alors que la langue qui est ici en usage est due à l'émerveillement communiqué par les êtres et les choses dans l'intimité desquels nous vivons continuellement.
Feuillets d'Hypnos, 61.
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samedi, 24 mars 2007
vih
Merci, et la mort s'étonne ;
Merci, la Mort n'insiste pas ;
Merci, c'est le jour qui s'en va ;
Merci simplement à un homme
S'il tient en échec le glas.
Fête des arbres et du chasseur
Les Matinaux
Char centenaire
cette note est dédiée à mon fils benjamin.
20:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 13 mars 2007
dans la nuit de printemps... prier !
Char centenaire
Gardez-nous la révolte, l'éclair, l'accord illusoire, un rire pour le trophée glissé des mains, même l'entier et long fardeau qui succède, dont la difficulté nous mène à une révolte nouvelle. Gardez-nous la primevère et le destin.
Prière rogue
Pauvreté et privilège, in Recherche de la base et du sommet.
Voilà ce qui peut surgir dans le mental quand la solitude se meuble aussi d'inquiète douleur...
Eh ! Oui, prier, prenant ce verbe en forme intransitive.
Comme pleurer, crier, hurler.
Pour Hl et dédiée à Mj
03:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 28 février 2007
le peintre en écho au poète
Alberto GIACOMETTI, La Femme au serpent
- René Char, Manuscrits enluminés par des peintres du XXe siècle, Bibliothèque Nationale, 1980.
Pour une suite au IIIe Fascinant, le Serpent.
Prince des contresens, exerce mon amour
À tourner son Seigneur
....Je rêve le dessin, je rêve les mots.....
12:05 | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 24 février 2007
pour une civilisation serpentaire
Char centenaire
À LA SANTÉ DU SERPENT
Un toast de défi où exacerbation des sifflements et appesantissement en terre sont affirmés.
Les vingt-sept aphorismes qui développent ce toast ne somment point, ils ouvrent et proposent, le toast ayant été porté, de demeurer debout.
Voici la “civilisation serpentaire” dont la venue sera demandée dans “À une sérénité crispée”
Pour que le même amour revienne
À cette cheminée qui fume
À cette maison qui saigne
Et le vide serait meilleur
Qu’ils soient heureux ceux qui tuèrent
Dans la mansarde du serpent !
LE SOL DE LA NUIT
Loin de nos cendres, 1926
Tu ouvres les yeux sur la carrière d’ocre inexploitable
Tu bois dans un épieu l’eau souterraine
Tu es pour la feuille hypnotisée dans l’espace
À l’approche de l’invisible serpent
Ô ma diaphane digitale !
L’Action de la justice est éteinte
Le Marteau sans maître
Ce matin, comme j’examinais un tout petit serpent qui se glissait entre deux pierres : « L’orvet du deuil », s’est écrié Félix. La disparition de Lefèvre, tué la semaien passée, affleure superstitieusement en image.
Feuillets d’Hypnos, 94
Prince des contresens, exerce mon amour
À tourner son Seigneur que je hais de n'avoir
Que trouble répression ou fastueux espoir.
Revanche à tes couleurs, débonnaire serpent,
Sous le couvert du bois, et en toute maison.
Par le lien qui unit la lumière à la peur,
Tu fais semblant de fuir, ô serpent marginal !
LE SERPENT
Quatre fascinants, in La Paroi et la Prairie
La Parole en archipel
Il glisse contre la mousse du caillou comme le jour cligne à travers le volet. Une goutte d'eau pourrait le coiffer, deux brindilles le revêtir. Âme en peine d'un bout de terre et d'un carré de buis, il en est, en même temps la dent maudite et décisive. Son vis-à-vis, son adversaire, c'est le petit matin qui, après avoir tâté la courtepointe et avoir souri à la main du dormeur, lâche sa fourche et file au plafond de la chambre. Le soleil, second venu, l’embellit d'une lèvre friande.
Le vipereau restera froid jusqu'à la mort nombreuse car, n'étant d'aucune paroisse, il est meutrier devant
toutes.
LE VIPÉREAU
Poèmes des deux années
La Parole en archipel
L’oiseau bêche la terre,
Le serpent sème,
La mort améliorée
Applaudit la récolte.
Pluton dans le ciel !...
Poèmes des deux années
La Parole en archipel
Nous avions retrouvé si aisément, dans le maquis, l’instinct de ramper que rencontrant la trace d’une couleuvre sur le sol caillouteux, nous appelions cette passée « les reptations perdues ». Avec une jalousie penaude.
Faire du chemin avec...
Fenêtres dormantes et porte sur le toit
Au bestiaire de Char, le serpent, le souple, le fragile, l’insaisissable, qui n’habite que dans l’accumulation de ses traces, comme blason, CONTRE le sens, pour d’autres horizons ?
Char avec ce “Fascinant” : un Moïse athée contre la trace du dieu, contre tous les dieux !
Victor Brauner l’avait bien identfié, qui délaissant le bâton de l'élu, met au poing de l'insurgé, le serpent.
...Restez fleur et frontière
Restez manne et serpent...
LES TROIS SŒURS, III
Le Poème pulvérisé
16:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 23 février 2007
pour préparer demain
Char centenaire
Réclamons venue civilisation serpentaire. Très urgent.
À une sérénité crispée, 1952
11:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 février 2007
une vigne en friche
Char centenaire
Marche matinale dans la vallée. Marée de vives eaux, au flot, l’estuaire a envahi la vallée. Nombreux envols de mouettes dans la mince brume qui lève des prairies inondées.
Je souhaitais écrire sur le serpent dans l'œuvre de Char.
Mais voilà qu’en remontant le coteau, une vigne délaissée qui m’est familière, mais que je n’avais jamais vue s’impose à moi, parce que, tout simplement à la recherche des serpents dans les textes de Char, j’ai lu ceci :
Dessus le sol durci du champ à l’abandon
Où les ceps subsistaient d’une vigne déserte
Filaient une envie rose, une promesse rousse.
Sur le cadran de l’heure au lent départ
Petit jour n’assouplit pas l’espoir
S’il ne donne la grâce aux yeux qui la dégrèvent.
Écarlate, incarnat, pourpre, ponceau, vermeil,
Ce petit jour dans mon regard
Découvrit au marcheur précédé de son chien
Que la terre pouvait seule se repétrir,
Point craintive des mains distraites,
Si délaissée des mains calleuses.
Newton cassa la mise en scène
Chants de la Balandrane, 1975-1977
Georges Mounin énonce avec justesse la patience de l’attente pour qu’un texte s’éclaire à la toute neuve lumière d’une expérience vécue par le lecteur, texte dont jusqu’à ce moment le bonheur de lire n’était que dans la sonorité ou l’image verbale, et qui se fait connaissance émotionnelle, “exactitude émotionnelle”, précise Mounin.
Ce matin j’ai vécu le contre-point : ce sont les mots de Char qui m’ont révélé l’espoir que la force de la terre livre au regard parfois inattentif du marcheur.
J’ai acquis la “grâce du petit jour” dans cet arc-en-terre de l'écarlate, incarnat, pourpre, ponceau, vermeil, éclairci par l'or des ajoncs en fleurs et de quelques genêts en folie - ceux-ci ne fleurissent qu'en avril — ; me sont revenues en mémoire les “mains calleuses” de mes aïeux vignerons.
10:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 09 février 2007
pour un Char jardinier
Char centenaire
Ce fut un des étonnements de mes toutes premières lectures : voici un poète qui n'hésite pas à mettre des pommes de terre dans ses poèmes ; ça contrastait fort avec les obscures mais fascinantes abstractions qui se donnaient à lire.
Plus tard, approchant Héraclite — par Char, d'ailleurs — sa philosophie au plus près de l'observation de la terre, des eaux, du feu, des airs et son harmonie des contraires, l'accès me devint plus aisé. Mais cette histoire de pommes de terre m'interloquait toujours ; jusqu'au jour où je suis tombé sur la courge!
Char, décidément, m'entraînait dans ses maraîchages.
Biens égaux qui est certainement un des textes que je me suis trimbalé tout au long de mes jours m'apporta la lumière sur les deux légumes précités et, bien sûr, sur sa démarche tout aussi "végétale" que celle de Cadou, mon autre ancêtre.
...De si loin que je me souvienne, je me distingue penché sur les végétaux du jardin désordonné de mon père, attentif aux sèves, baisant des yeux formes et couleurs que le vent semi-nocturme irriguait mieux que la main infirme des hommes...
Biens égaux
in Le poème pulvérisé
Les aphorismes ne m'étonnaient plus, je les lisais avec une bonne odeur d'humus humide s'échappant du bouquin.
Si les pommes de terre ne se reproduisent plus dans cette terre, sur cette terre nous danserons. C'est notre droit et notre frivolité.
À une sérénité crispée
À partir de la courge l'horizon s'élargit
Moulin premier, LVIII
Certains se seraient gaussé de ce dernier aphorisme : ils ne furent donc jamais des enfants émerveillés, à plat ventre dans les rangs de légumes du jardin familial ?
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samedi, 03 février 2007
note hebdomadaire et... pluviale pour le centenaire
Char centenaire
Au bord d'un texte obscur certes, mais dont la contemplation lente et répétée finira bien par me livrer des amorces de sens. Les pluies, souvent fines chez Char, apportent fécondité, parfum d'aromates, chairs savoureuses du gibier.
Demeurons dans la pluie giboyeuse et nouons notre souffle à elle. Là, nous ne souffrirons plus rupture, dessèchement ni agonie ; nous ne sèmerons plus devant nous notre contradiction renouvelée, nous ne sécréterons plus la vacance où s'engouffrait la pensée, mais nous maintiendrons ensemble sous l'orage à jamais habitué, nous offrirons à sa brouillonne fertilité, les puissants termes ennemis, afin que buvant à des sources grossies ils se fondent en un inexplicable limon.
Dans la pluie giboyeuse
Homme de la pluie et enfant du beau temps, vos mains de défaite et de progrès me sont également nécessaires.
Partage formel, XIX
Que les gouttes de pluie soient en toute saison
Les beaux éclairs de l'horizon...
Odin Le Roc
Les Transparents, in La sieste blanche
Chez Char, avec la pluie, la venue de la femme est proche.
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dimanche, 28 janvier 2007
grands rebelles
Char centenaire
Dans le Nouvel Obs, à propos de l'abbé Pierre :
« C'est avec des déchets de choses qu'on récupère des déchets d'hommes.»
En miroir — Pierre avait-t-il lu Char ? Ils avaient pris le même sentier de rebellion —
« J'ai confectionné avec des déchets de montagnes des hommes qui embaumeront quelque temps les glaciers. »
En lointain écho, Apollinaire :
« ... la bonté, contrée énorme où tout se tait.»
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vendredi, 26 janvier 2007
après le gel, il y aura...
Char centenaire
... le retour du printemps
Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer.
Le terme épars
Dans la pluie giboyeuse
René Char
09:50 | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 20 janvier 2007
avant le gel, encore la pluie
Char centenaire
La pluie, école de croissance, rapetisse la vitre par où nous l’observons.
Encart
Le chien de cœur
René Char
20:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 17 janvier 2007
derrière "le carreau"
Char centenaire
Pures pluies, femmes attendues...
La sieste blanche, Les Matinaux
René Char
Les pluies chez Char, à cause de cette minuscule armoire à clefs dans le couloir et à son ardoise marquée des "pluies sauvages" qui accueille les passantes et passants !
Un recensement des occurences, non point pour une étude thématique de l'auteur, mais plus pour une méditation de mon vécu sous et à l'abri des pluies familières.
Dans la suite de ces pluies, j'irai dans les jardins, parmi les végétaux — herbes et légumes —, attentif aux oiseaux, aux feux, jusque dans les eaux et les mers.
Manière de modestement vivre — dans leurs commentaires, Jac et F m'y encouragent — le centenaire d'un grand Ancêtre (...à la Dogon, l'ancêtre !)
Ces pluies pures, ces femmes attendues me renvoient aux rêveries adolescentes, quand, le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrins*, les désirs inconnus, l'attente des amours s'affrontaient à l'impossible pureté, pas encore ressentie dans le malsain de sa religiosité.
Aujourd'hui, les pures et les attendues sont d'un or autre !
Je reviendrai sur ce Carreau ; Georges Mounin, dans La communication poétique, précédé de Avez-vous lu Char ? le cite dans Les images de la vitre, et prolonge son approche en présentant la critique thématique, "guide excelllent pour explorer l'œuvre d'un poète", outil que le lecteur peut s'approprier pour fouir plis et replis de son expérience .
* Paul Éluard.
08:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 15 janvier 2007
poésiécologie ?
Char centenaire
Avenir déjà raturé ! Monde plaintif !
Quand le masque de l'homme s'applique au visage de la terre, elle a les yeux crevés.
Contre une maison sèche, René Char
C'est à l'ordre du jour, n'est-ce pas ?
21:45 | Lien permanent | Commentaires (0)