samedi, 26 avril 2008
dans les pas de Germaine TILLION, la Grande-Vieille
Tout simplement, pour honorer le courage, la simplicité et la profondeur de l'intelligence.
Je mis mes pas dans les siens, il y a un peu moins de cinquante ans.
La bonté, contrée énorme où tout se tait !
Apollinaire
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jeudi, 24 avril 2008
Chronique Portuaire de Nantes XCI
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1817. — ARMATEURS ET CAPITAINES BALEINIERS DU PORT DE NANTES.
Les traditions de la pêche de la baleine, jadis en honneur dans le port de Nantes, étaient complètement oubliées, lorsque l’armateur Dobrée résolut d'en tenter de nouveau la fortune. Il arma, en 1817, le trois-mâts le Nantais ; fit venir d'Angleterre des engins, un équipage et un capitaine nommé Winseloo ; et expédia ce navire vers les lieux de pêche. Quatorze mois après, le Nantais revenait avec le produit de vingt-sept baleines. Un seconde campagne, accomplie cette fois avec des engins fabriqués à Nantes, rapporta vingt-neuf baleines en quinze mois ; et une troisième, trente-trois baleines en dix-huit mois. Dobrée fit alors construire deux navires neufs de 300 tx., le Triton et l'Océan qui remplacèrent le Nantais.
Alléchés par les résultats obtenus, un grand nombre d'armateurs nantais s'adonnèrent bientôt à cette pêche : Louis Lévesque armait l'Amélie ; James Dupuis expédiait l'Océan, l'Éléphant-de-Mer et le Léandre, puis l’Adèle-et-Marie ; Maës et Cornau expédiaient la Comète ; enfin, Genevois expédiait l'Océanie ; et chacun de ces baleiniers accomplit des voyages très fructueux.
Parmi les capitaines baleiniers les plus habiles du port de Nantes, figuraient le capitaine Coste qui commanda l'Adèle-et-Marie, puis l'Océanie ; et le capitaine Thébaud. Ce dernier, qui commanda l'Amélie et le Léandre, fut le premier capitaine nantais qui forma un équipage baleinier exclusivement composé de marins français. Désireux de connaître à fond son métier, il se fit successivement timonier de pirogue, loveur de ligne, harponneur, etc., et acquit une telle réputation d'adresse qu'il ne fut plus connu que sous le nom de Thébaud-Baleine.
L'industrie de la pêche de la baleine introduisit à Nantes l'usage de doubler les navires de feutre, et l'emploi des câbles de fer substitués aux câbles de chanvre.
Depuis quelque temps déjà, les Anglais doublaient leurs navires d'un feutrage spécial, recouvert d'un soufflage de bois et de cuivre, et destiné à rendre la coque à la fois plus solide et plus imperméable, et plus souple aux chocs. L'armateur Dobrée parvint à créer un feutre susceptible de remplir cet usage, et cette coutume se répandit bientôt sur toutes nos côtes. Dobrée importa également d'Angleterre des modèles de câbles de fer, alors inconnus en France, et qui, dès ce moment, furent fabriqués dans les ateliers de nos constructeurs nantais (1).
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(1) Le Lycée Armoricain, 4e volume, 1824, pp. 92 et s.
Procés-verbaux des séances annuelles de la Société Académique de Nantes, Année 1823, pp. 43-45 & 60-64,
Année 1824, pp. 37-42, Année 1826, pp. 89-105.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Pages scannées par grapheus tis
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dimanche, 20 avril 2008
pour la Grande-Vieille
Cette nuit, je veille entre Kebach et Tadjmout, au flanc d'un mont aride que les Chaoui nommèrent Ahmar Khaddou.
Les femmes récoltent le premier orge de l'avril, et mûrissent les abricots au fond des gorges de l'Oued-Abiod.
Au bord d'une aire à battre, trois Grands-Vieux vêtus de laines blanches s'entretiennent d'une Femme, à leur égal, la Grande-Vieille .
C'est de Germaine Tillion que je parle.
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vendredi, 18 avril 2008
Chronique Portuaire de Nantes XC
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1815. — DÉLÉGATION ANGLAISE À NANTES.
Dès que le drapeau blanc fut officiellement arboré, l'Administration maritime du Port et de l'Arrondissement de Nantes, se mit en rapport le 19 juillet 1815, avec l'escadre anglaise stationnée à Quiberon, priant son chef, l'Amiral Hottam, de bien vouloir s'entendre avec elle pour assurer le rétablissement de la liberté de la navigation.
L'Amiral Hottam envoya alors à Nantes trois officiers, dont le fils d'un Amiral, le capitaine Mitchell.
Ce dernier fut tellement enchanté de la courtoisie des Nantais et de leurs Représentants, qu'il s'empressa, dès son retour en Angleterre, de faire exécuter un vase d'argent qu'une délégation vint solennellement remettre de sa part au Maire de Nantes (1).
1816. — LES BATEAUX " PROS ".
Le Précis analytique des travaux de la Société des Lettres, des Sciences et des Arts de la Loire-Inférieure pendant les années 1814 et 1815, imprimé en 1816, signalait « un Mémoire de M. Ducrest, ancien ingénieur de la Marine, sur une construction particulière de bâtimens auxquels il donne le nom de Pros. Ces bâtimens, — constatait le rapporteur, — sont une imitation des Caracores des isles Moluques. Se proposant d'intéresser quelques négocians de Nantes à ses constructions nouvelles, M. Ducrest a voulu consulter la Société, pensant que son approbation lui ferait facilement obtenir les fonds nécessaires pour une semblable entreprise. M. le Boyer, au nom d'une commission nommée pour examiner ce projet, y a trouvé les inconvénients suivants :
1° submersion facile ;
2° difficulté très grande pour virer de bord ;
3° construction qui n'offrirait d'avantage qu'en temps de guerre.
En conséquence, la commission n'a pu que se féliciter d'avoir détourné l'auteur de former une entreprise dans laquelle il aurait perdu » (2).
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(1) F. LIBAUDIERE, Précis des événements qui se sont passés à Nantes sous la seconde Restauration, (Annales de la Société Académique, Année 1905, p. 16).
(2) Précis analytique des travaux de la Société des Lettres, des Sciences et des Arts de la Loire-
Inférieure pendant les années 1814 et 1815, p. 8.
21:20 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire de marine, corsaires
jeudi, 17 avril 2008
batouque de la mort
Plus que tant d'autres, il avait foutu un feu de grand Nègre à notre langue.
Nous mourons d'une mort blanche fleurissant de mosquées son poitrail d'absence splendide où l'araignée de perles salive son ardente mélancolie de monère convulsive
dans l'inénarrable conversion de la Fin.
Merveilleuse mort de rien.
Une écluse alimentée aux sources les plus secrètes de l'arbre du voyageur
s'évase en croupe de gazelle inattentive
Merveilleuse mort de rien
.......................................
jaillir
dans une gloire de trompettes libres à l’écorce écarlate cœur non crémeux, dérobant à la voix large des précipices d’incendiaires et capiteux tumultes de cavalcade.
Conquête de l'aube,
Les armes miraculeuses.
Salut, Césaire !
ce 17 avril 2008
17:59 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 16 avril 2008
soit... soit !
Quand pas mal de choses politiques vacillent, quand, ce matin, de vieux messieurs proclamés philosophes libéraux déblatèrent assez méchamment de leurs peurs anciennes — le socialisme et mai 68, entre autres —, il importe de faire appel à d'autres voix.
Soit à l'Album de la Comtesse — mais ce n'est point aisé de maintenir une vie quotidienne dans le décalé des sons. Soit à une mince lecture en cours et qui vient à son terme :
La littérature s'offre comme une voie d'approche vers cette part de notre histoire à laquelle s'appliquent mal les explications qui sont livrées avec. Les représentations collectives, les structures mentales qui doublent l'univers matériel et le rendent habitable vacillent, parfois. Il se passe quelque chose, on ne sait quoi, dont la mention ne figure nulle part.
Pierre Bergounioux
La puissance du souvenir dans l'écriture.
Le lecteur est dans un certain bonheur quand s'achève une phrase comme : «……vacillent (virgule) parfois.» Si rare ce parfois qui clôt.
23:55 Publié dans les civiques, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 15 avril 2008
décaler les sons
Jardinage et vieilles fatigues ne disposent point aux lectures longues.
Sur la table, j'en ai une brève et une longue.
La brève : SAPPHÔ, présentée et traduite par Yves Battistini, "poétiquement très belle, mais philologiquement trop relâchée", m'a commenté JP, notre "maître" de Grec ancien.
La longue, c'est le Fernando PESSOA de chez Seghers, mais si complexe dans ses hétéronymies que la publication de ma note dans "Poètes, vos papiers !" va bien attendre le début de mai.
J'en ai une troisième que je feuillette à petites goulées entre deux communication par téléphone illimité, et cet après-midi, je suis gaiement surpris par l'actualité de la chose ; cela donne ceci :
Sarkozy veut voir couler ce Fillon
Le Pen : « Marine est posée ! »
Chirac a rarement rompu avec sa /bière
et plus ardu
Les UMP : sains députés.
C'est dans la Contrepètrie, par Joël Martin, physicien, dans le Que sais-je ? n°3740, 2005 ; il est l'homme qui rédige l'Album de la Comtesse.
En ces temps de flamme olympique agitée, notre président à talonnettes parviendra bien à imiter le Général - le grand deux mètres, disait mon père, mais les temps changent — qui "arrivait à pied par la Chine".
Voilà où portent les saines fatigues du jardinage !
16:51 Publié dans les civiques, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 12 avril 2008
où le sujet est encore une histoire de voiliers nantais
Quand on s'embarque dans des histoires de voiliers et de longs- courriers, on revient toujours à ce vieux cap-hornier Louis Lacroix, natif de la Bernerie-en-Retz et fils de notaire, qui gravit de novice à capitaine l'échelle de la hiérarchie de la "Marchande". Il termine sa carrière comme capitaine-visiteur du port de Nantes et trouve le temps de rédiger le livre des dernières heures de la marine à voile.
Tout môme, j'avais entendu parler de ce vieux marin. Peut-être l'ai-je croisé dans les années 46-47 quand je descendais, le jeudi matin de la rue Rosière d'Artois au quai de la Fosse rêver de grands départs ?
Mais c'est Cendrars qui me jeta dans l'épopée. L'été 1961, j'étais immergé dans les lectures de L'homme foudroyé et de Bourlinguer quand je tombai sur une des notes du chapitre VIII Gênes, certainement une des plus belles recensions écrites à propos des bouquins de Louis Lacroix :
Note 12.
Je profite de l'occasion pour rendre hommage aux bons, gros bouquins du capitaine Lacroix, cap-hornier, qui a bourlingué sur les sept mers du globe et qui a fourré dans ses livres, en plus des mirobolantes photographies et des documents que l'on ne trouve nulle part ailleurs, tout ce qu'il a pu apprendre et voir de ses yeux durant ses longues croisières et ses dures campagnes de mer, sans parler des aventures de mille navires et des mille et un secrets du métier dont les
marins ne sont jamais chiches. Ses livres constituent l'épopée de la marine à voile, et qu'importe son tour de plume puisque le vieux loup de mer a tant de choses à nous dire et à nous apprendre, et qu'il est profondément humain! Le capitaine Lacroix est en train d'écrire, sans s'en douter dans sa bonhomie, l'Histoire de la marine marchande française, la vraie, et dont tout le pays se désintéresse! C'est déjà un monument, et ce n'est pas fini...
Quel malheur qu'il n'y ait pas quelque part, perdu dans sa province natale, un retraité colonial qui ne soit en train d'en faire autant pour les Colonies, dont tout le pays se désintéresse également! Je pense à un trafiquant ou à un planteur, plein de verve, d'expérience, d'anecdotes vraies, de choses vues, d'aventures vécues pour nous donner une idée de conquête pacifique, de lente pénétration de la civilisation, et non à un militaire de plume.
Voici la liste des ouvrages du capitaine Louis Lacroix, tous sont copieusement illustrés et ont paru Aux Portes du Large, à Nantes, entre 1936 et 1946 : Les derniers Grands Voiliers ; Les Derniers Cap-Horniers ; Baye de Bretagne; Les Derniers voyages de Bois d’Ébène, de Coolies et de Merles du Pacifique ; Les Derniers Voyages de Forçats et de Voiliers en Guyane et les Derniers Voiliers Antillais; Les Écraseurs de Crabes sur les Derniers Voiliers caboteurs; Les Derniers Clippers (en préparation).
Blaise Cendrars
in Bourlinguer,
Gênes, l'épine d'Ispahan, pp. 268-269
Livre de poche, 1960, première édition chez Denoël en 1948
Post-scriptum : J'ai failli ne pas publier le second paragraphe de la note où Cendrars sollicite le retraité colonial qui pourrait entreprendre l'histoire des Colonies, conquête pacifique, lente pénétration de la civilisation (sic et re-sic)... me disant en mon for intérieur : « Même, soixante ans après, les lecteurs de 2008 vont prendre Cendrars pour un sacré ringard réactionnaire ! »
Puis, très vite, j'ai pensé que c'était une bonnne ruade dans toutes les idées, parfois très saines, qui sévissent dans les têtes des enfants et petits-enfants qui jugent sans nuances, ni égards, le passé obscur, trouble même, de leurs pères.
19:50 Publié dans Les chroniques portuaires, les lectures, les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 11 avril 2008
Chronique Portuaire de Nantes LXXXIX
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1814.— LE DERNIER CORSAIRE NANTAIS.
Le 2 février 1814, le corsaire nantais la Cléopâtre, goëlette de 4 can., 6 pier. et 32 h., cap. Chaumont, rentrait en Loire avec quatre prises espagnoles. La Cléopâtre fut très probablement le dernier corsaire nantais (1).
ALLAGOUSSE ET L’ “ALERTE".
Si nos corsaires avaient cessé leurs croisières, les corsaires anglais continuaient toujours les leurs, et rendus audacieux par l'impunité dont ils jouissaient, venaient jusque sur nos côtes enlever les navires de commerce et les barques de pêche. Apprenant que l'un de ces corsaires, armé de 8 canons, croisait dans la baie de Quiberon, le capitaine nantais Allagousse, commandant le lougre de l'État l'Alerte, résolut de s'en emparer.
Arrivé dans les parages de l'Anglais, il amena pavillon, cacha ses hommes dans la batterie, fit fermer ses sabords, et prenant l'aspect inoffensif d'un paresseux caboteur, continua sa route à la recherche du corsaire. Il le rencontra à hauteur d'Hœdic et prit lourdement chasse devant lui ; puis, à bonne portée de fusil, démasqua sa batterie, fit parler ses canons, joyeux d'aboyer enfin contre l'Anglais, et après un combat très vif amarina son adversaire dont le capitaine avait été tué (2).
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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes,p. 264.
GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 423.
(2) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, 42
Note du scanneur.
Nous quittons donc à regret les Corsaires Nantais.
Le Traité de Vienne apportera le calme
dans les turbulentes flottes européennes .
Paul Legrand poursuit, quinze pages durant,
sa chronique de la marine Nantaise
— demeurent encore à la Fosse quelques négriers —
jusqu'à l'apparition des bateaux à vapeurs.
L'épopée des grands voiliers, elle, s'achèvera
au début des années 1920.
À lire : un certain Louis Lacroix, capitaine au long-cours
et formidable historien de cette épopée,
édité aux Éditions Maritimes et d'Outre-mer.
Sa lecture en est recommandée par Blaise Cendrars.
C'est peu dire !
17:55 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, marine, corsaires
mardi, 08 avril 2008
dans le tohu bohu de mes écrivailleries
Tout ne commence pas avec nous. Le sol que nous foulons n’est pas vierge mais sillonné de traces enchevêtrées, hérissé d’interdits et de barrières, grevé de mains mortes. Des ombres inapaisées la parcourent. L’inné, c’est l’acquis antérieur, les pertes, aussi, surtout. C’est le récit lacunaire, effacé qui précède notre petit chapitre, celui que nous tentons d’écrire à la clarté de la conscience tardive, effrayante, qui nous a été concédée. Il importe d’identifier ceux que nous avons été, avant, pour leur rendre justice, bien sûr, mais pour s’en libérer, aussi, vivre au présent, être soi.
Pierre BERGOUNIOUX,
La puissance du souvenir dans l’écriture, Pleins Feux, 2000.
Oui, un vrai tohu bohu amplifié encore par l'écoute des Mardis littéraires sur France Cul, quand à propos de Mémoires, un "jeune homme" cause de la guerre d'Algérie... D' une guerre sans fin ; c'est son droit de l'évoquer ainsi à travers jugement et indulgence. Son droit de marteler l'énormité, après tant d'autres de ces générations qui nous suivent, du silence des pères à leur retour. Et longtemps après. Jusqu'à ces jours.
De leur silence ? De notre silence ?
De mon silence ?
Mais, en suis-je revenu jamais ? Et je ne me suis pas tu, et ce n'est pas "ma" guerre dont ils parlaient ce matin, et je m'en veux d'être depuis plus de trente ans dans des atermoiements pour dire et écrire au delà de mes cercles de compagnonnage, d'amitié de vie.
« Achève, n'achève pas ! Publie, ne publie pas ! »
Parce que prédominait cette insatisfaction de la forme du récit ?
Parce que l'incipit était déjà prémonition ?
Je sais que je n'écrirai pas cette histoire. ...............
et quelques pages plus loin.............
Lui faudra-t-il donc vraiment écrire cette histoire ?
Bergounioux, cet après-midi, achevant son parcours d'Homère à Faulkner sur la Grande Prose occidentale, a parlé assez obscurément "de l'impossible équivalent mental de ce qui aurait été accompli par corps".
Cette parole, je l'ai entendue comme une sentence qui m'était adressée.
Alors porter sur la Toile ce que j'ai renoncé à porter sur le papier ?
23:33 Publié dans Les blogues, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 avril 2008
les pois chiches de Sapphô
Les pois chiches dorés croissaient aux bords des eauxSapphô
Je ne sais si c’est le printemps qui m’a entraîné à planter camomille, céleri, estragon et oseille au parterre des aromatiques, fuschias sur les rocailles et fraisiers grimpants à palisser sur les clôtures, mais ces occupations jardinières m’ont faire parcourir, semble-t-il, avec plus d’acuité le rayon des Poésies/Gallimard chez mon libraire de la Fosse : je cherchais selon les conseils amis un titre ou deux de Faulkner en Folio, et je me suis arrêté sur... Sapphô, découvrant à mon grand dam de lecteur, que, depuis trois ans, ELLE existait en édition bilingue*. Et je l’ignorais.
Bonheur !
Voilà pour la citation jardinière des pois chiches
Quel dommage que Hautetfort — et quelle autre plateforme de blogue d’ailleurs — n’offre point de fonte grecque ! Car calligraphier en écriture romane ne rend point graphiquement la belle sonorité héllène du pois chiche doré.
Chruseioi d’érébinthoi ep’ aionôn éphuovto.
Post-scriptum :
Interrogation en maniant le plantoir et l'arrosoir : le jardin du lecteur, entre juin et septembre, ne va-t-il point souffrir des navigations du lecteur marin ? Durant de longues années, le jardin fut "pauvre" pour cette incompatibilité entre ces postures de lecteur.
* SAPPHÔ, Odes et fragments, traduction et présentation d'Yves Battistini, Poésies/Gallimard, 2005.
23:45 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie grecque, jardin, féminisme, sapphô
samedi, 05 avril 2008
oubli quasi inexplicable
...ou trop explicable.
Faire commencer mon entrée dans la littérature américaine à Hemingway me démontre à quel point je peux parfois ravaler le statut de mes lectures d'enfance dans l'échelle des valeurs lettrées. Et pourtant, bien au-delà du Général Dourakine et de certains Jules Verne, pauvrement "adaptés pour la jeunesse", quel enchantement — il dure encore quand je les réouvre, jaunis, craquants, dos décollé, aux coins écornés — que John Fenimore Cooper et le dernier des Mohicans, Jack London, Les Contes des mers du Sud et Le loup des mers, et moins connu, plus simpliste (!) James Olivier Curwood et ses Chasseurs de loups !
Soudain le silence se rompit. Un cri s'éleva, sonore et lugubre, quelque chose comme une plainte inexprimable, une plainte non humaine, qui si un homme l'eût entendue, aurait fait battre le sang dans ses veines et se crisper ses doigts sur la crosse du fusil. Le cri venait de la plaine blanche et se répercutait dans la nuit. Il se tut ensuite et le silence qui lui succéda à nouveau en parut plus profond. Le hibou blanc comme un gros flocon de neige, s'envola muettement...
Certes, le sang coule dans les veines et ne bat que dans les artères, mais le décor est campé... et le rêve du petit garçon s'en va vers la mystérieuse et terrifiante cabane du chapitre VIII...!
Faulkner et le Sud peuvent s'annoncer.
L'enfant vient du Grand Nord.
Post-scriptum:
J'ai écorché l'orthographe du nom du "vergogneux" Pierre Bergounioux et non Bergougnoux. Mes regrets, mais l'étymologie peut égarer.
04:13 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 avril 2008
Chronique Portuaire de Nantes LXXXVIII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1812. — LANCEMENT DE FRÉGATES
Deux frégates de l'Etat, l'Aréthuse et le Rubis, furent mises à l'eau et armées aux chantiers de Nantes en 1812 ; et le 26 septembre, le capitaine Denis Lagarde recevait du ministre l'ordre de faire célébrer à leur bord la victoire de la Moskowa ; « ces frégates pavoiseront, — écrivait-il, — et il se fera une salve de trente coups de canon qui sera répétée au coucher du soleil ».
Deux autres frégates : l'Étoile et la Sultane étaient encore sur cale. Elles furent lancées l'année suivante et armées sous les ordres des capitaines Philibert et Féretier (1).
La frégate représente incontestablement l'apogée de la marine à voile ; c'était un bâtiment très ras sur l'eau, percé d'une ceinture continue de sabords, et d'un gréement magnifique. Les chantiers nantais jouissaient d'une réputation méritée pour la construction de ces élégants et rapides navires de guerre ; tout comme ils se distinguent maintenant dans celle des modernes torpilleurs.
1813. — LOUIS DROUIN, ÉCUYER.
Le 29 mai 1813, s'éteignait doucement dans sa belle propriété de Gigant, un vieux capitaine et armateur nantais, Louis Drouin, âgé de 91 ans.
Second capitaine de la Bellone, à 22 ans, en 1745, il avait été blessé au cours de l'un des engagements que soutint ce corsaire durant sa belle campagne.
Second du Mercure en 1747, il le quitta pour se fixer à Saint-Marc dans l’île de Saint-Domingue et y fonder une importante maison de commerce. La prospérité de cette maison assurée, Louis Drouin revint à Nantes en 1763, et les vastes comptoirs et magasins qu’il y établit occupèrent jusqu’à 1.200 personnes.
Louis XVI lui avait accordé la noblesse et le titre d’Écuyer en 1777 ; et Napoléon l’avait décoré de sa main le 9 août 1808. (2)
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(1) S. DE LA NICOLLIÉRE-TEIJEIRO, Les Constructions navales de Nantes.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp.217-219.
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mercredi, 02 avril 2008
Faulkner ?
Le mardi 8 avril, Pierre Bergougnoux achève ses causeries à propos de "la prose expression privilégiée de l'expérience historique en Europe" et c'est un... Américain qui sera l'ultime auteur : Faulkner ou la théorie de la relativité en littérature.
Faulkner ? De lui, je n'ai pas lu un roman, pas vu un film tiré de son œuvre. C'est une "terra incognita" comme il y en a de si vastes dans les horizons du lecteur. La littérature américaine, ce sont dans l'ordre des lectures de découverte : Hemingway, Steinbeck, Wihtman, Thoreau , ceux de la Beat Generation... C'est mince et donc se dévoilent des vides hénaurmes !
Pourtant, il y eut bien un projet "Faulkner" : c'était à Biskra, le 9 mars 1964, je me procure, dans la collection du Seuil, "Microcosme, Écrivains de toujours", un Faulkner par lui-même, ... et je l'ai lu ! Je m'en souviens bien et l'ai retrouvé facilement sur les rayons de la "librairie". J'étais alors dans la problématique d'un autre Sud et dans un temps de ce Sud qui méritait qu'on en fît un livre.
Quarante-quatre ans sans donner suite.
Ce soir je me dis qu'il n'est pas trop tard, sinon pour écrire cet autre Sud, du moins pour lire enfin Faulkner.
Si Bergougnoux est persuasif, je quitte l'amphi Kernéïs pour m'engouffrer chez Coiffard ou à Vent d'Ouest.
Lui qui n'avait pas attendu que le temps et tout ce qu'apporte le temps lui apprissent que le suprême degré de la sagesse était d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu'on les poursuit.
Sartoris
Et encore, ce constat qui, inversé, conviendrait fort bien à mes écrivailleries :
Quand je compris que la poésie ne convenait pas à ce que j’avais à dire, je changeai de moyen d’expression... Après tout, qu’est-ce que la prose sinon de la poésie ?
17:22 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 01 avril 2008
vous avez dit "hétéroblogues" ?
Encore une plate-forme efficace en mise en page à trouver et j'en serai à mon septième blogue !
Je ne tiens point, cependant, à concurrencer les soixante-douze — ou quinze — hétéronymes de Fernando Pessoa qui se créa même un orthonyme, un certain très secret Fernando Pessoa, qui portait le même nom que lui, sans être lui !
J'y répandrai d'anciens écrits : cahiers d'adolescence, plus ou moins intimes (!), notes griffonnées, poèmes, ébauches romanesques, jeux "littéraires", citations, exergues pour les écrits d'aujourd'hui. Bref, comme des sortes de malles informatiques qui me renvoient avec humilité à la malle du Lisboète aux 27 543 textes.
Je n'en ai point tant.
19:30 Publié dans Les blogues, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, blogues