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dimanche, 30 mars 2008

le temps rongé

La semaine avec "Lulle" (la note du 25 mars, un peu alambiquée selon certain lecteur très proche) m'a entraîné dans des explorations qui rongent mes temps de lecture et d'écriture.
Je crois bien avoir exploré une quinzaine de "plates-formes" pour blogueurs.
S'inscrire, choisir, modifier, publier au moins une note.
Avec soudain cette difficulté pour supprimer ce blogue nouveau-né... qui est tellement mieux — polices et mise en page surtout — que ce petit maigrichon de quatre ans qu'autorise la gratuité d'Hautetfort.
C'est ainsi que je crains (!) me retrouver avec cinq, six, ou sept hétéronymes — non, hétéroblogues — contaminé par ma lecture conjointe de Pessoa et vaincu par mon impuissance à cliquer sur "supprimer le blogue".
Mais peut-être bien que ce serait le chemin pour éviter les insolubles accès aux squelettes de Spip ?
Et pendant ce temps-là, des échanges si passionnants, suivis à grand'peine, dans les blogues de ma colonne de gauche sur "blogues, tout et n'importe quoi", "blogues littéraires" — cliquer sur Bon, Berlol, Lignes de fuite et autres — et des écoutes qu'il me faut bien podcaster sur la Société numérique ou les rotomontades du directeur d'UGC-Ciné-Citées dans Masse Critique .

J'ai quand même trouvé le temps de relire le Supplément au voyage de Bougainville après avoir visionné les trois épisodes de Capitaine Cook sur Arte ; ce vieux Diderot supplée avantageusement, avec deux cents ans d'avance, à tous les écrits postérieurs qui auront trait aux empires coloniaux, aux sombres avatars des colonisations et autres décolonisations, aux actuelles dérives religeuses et républicaines (si ! si !) dans l'ordre du moral, de l'amoral, de l'immoral.

Une observation assez constante, c'est que les institutions surnaturelles et divines se fortifient et s'éternisent, en se transformant, à la longue, en lois civiles et nationales ; et que les institutions civiles et nationales se consacrent, et dégénèrent en préceptes surnaturels et divins.


Le temps de me retourner vers Ernst Junger pour penser la guerre — il va bien me falloir clôre la réflexion sur mes trente-deux mois de guerre coloniale dont dix de "commando de chasse", avant la fin 2008 — par la vertu d'une citation (!) d'Annah Arendt :
...de l’extrême difficulté que rencontre un individu pour conserver son intégrité et ses critères de vérité et de moralité dans un monde où vérité et moralité n’ont plus aucune expression visible.


Et pour achever, le temps de découvrir, enfin !, un vrai de vrai :
Poisson hameçonné, donc, mais pas encore arraché à la flaque bavarde, je sais combien ma lecture est fragile. Les mots n'ont pas encore trouvé leurs racines, le phrasé demeure branlant comme une dent sous le davier, je dois fermer les yeux que je serais incapable d'écarquiller pour mieux voir les limites de l'écran qu'interpose la lecture.

C'est Clairo, dans Madman Bovary. Rien que le "bruit" que fait le titre, et je suis sur le point d'être conquis !

jeudi, 27 mars 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXVII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830

1810. — LE CAPITAINE GATIEN LAFONT.
Par suite de la trahison d'un pilote du pays, la goélette nantaise la Jeune-Louise, armée par MM. Benjamin Coquebert et Cie, était soudainement attaquée et amarinée par une frégate anglaise, sur les côtes de Hollande, le 9 novembre 1810, et son capitaine Gatien Lafont, tué sur sa dunette.
Gatien Lafont, l'un de nos meilleurs capitaines Corsaires, était né le 13 février 1768 ; engagé comme mousse, puis second pilote sur l'aviso du Roi, l'Expédition, en 1788 ; premier lieutenant en second sur la Bonite, de Nantes, en 1791 ; puis capitaine de l'Actif de Nantes, de 12 can., 12 pier, et 96 h, ; il avait déjà, à l'âge de vingt-huit ans, accompli plusieurs croisières heureuses. En 1798, il prenait la mer sur le Papillon, de Nantes.
Enfin, le 8 avril 1807, alors qu'il commandait l'Austerlitz, de Nantes, il fut pris après une chasse de douze heures par la frégate anglaise, I'ÉMERAUDE, le 13 avril 1807, et conduit en Angleterre où il demeura dix-huit mois prisonnier (1).

1811. — LE CAPITAINE FRANÇOIS AREGNAUDEAU ET LE "DUC-DE-DANTZIG".

Le corsaire nantais le Duc-de-Dantzig, brick de 291 tx., construit à Nantes en 1803, armé de 14 can. et monté de 103 h., sortit de la Loire le 16 juin 1811, pour une campagne de Course.
Le 13 décembre, le capitaine du corsaire la Gabelle, débarquant à Morlaix, annonçait : « que le corsaire le Duc-de-Dantzig détruisait le commerce des Iles. Il change sa croisière à chaque instant et n'expédie aucun navire... On peut juger du dégât qu'il a fait par le chiffre des croiseurs anglais mis à sa poursuite et à sa recherche ; ils sont au nombre de treize, dont sept frégates ».
Ce furent les dernières nouvelles que Nantes reçut de l'un de ses meilleurs corsaires, qui se fit probablement couler à la suite d'un épouvantable combat, écrasé par le nombre des ennemis acharnés à sa poursuite.
Il était commandé par le brave capitaine François Aregnaudeau.
Né à Nantes le 22 août 1774, Aregnaudeau avait débuté, en 1793, avec le grade d'enseigne, sur le corsaire le Sans-Culotte-Nantais, dont il fut lui-même capitaine en 1799.
Après avoir commandé plusieurs navires étrangers à Nantes, il y revint pour s'embarquer sur le Duc-de-Dantzig, à bord duquel il fit d'heureuses campagnes avant son funeste départ du 16 juin 1811. Décoré de la Légion d'honneur en 1804, il avait reçu un sabre d'honneur des mains de l'Impératrice, lors de son passage à Nantes, en 1808 (2).
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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 328-340.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 409-420.
E. PIED, Notices sur les rues de Nantes, p. 10.

RAPPEL

Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

Pages scannées par grapheus tis

mardi, 25 mars 2008

quand les vieillards........

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Voilà pourquoi grapheus tis est quasi muet !
Plus de vingt ans qu'ils fréquentaient les nouveaux écrans, évitant les langages informatiques, Basic, Fortran, Pascal, ou plutôt les laissant avec prudence à leurs compagnons d'éducation populaire qui investissaient ces domaines étranges.

Ils mettaient en œuvre les logiciels de PAO, PageMaker, XPress, rêvant aux merveilles utopiques d'éditions libres à la portée de toutes et tous. En 1996, ils s'égaillèrent sur la Toile : petits sites avec de bons outils qui ressemblaient à leurs logiciels préférés : ainsi parurent Dac'hlmat en 2000, puis Reconnaissances en 2002. Ils frôlaient bien le "html", mais les plates-bandes leur étaient encore familières... Ils étaient encore dans le "ouizyouigue", le WYSIWYG, l'acronyme de "what you see is what you get". Tel écran, tel écrit !
Seulement, la Toile est grande dévoreuse et leur compagnonnage, toujours aussi fervent, vit s'effacer des visages, être sournoisement envahi de solitude et se teinter d'une certaine impécuniosité.

Mais ce n'est point raison, parce qu'il sont entrés dans "l'adolescence du grand âge", pour poser les sacs des petits portables.
Sites ou blogues ? Blogues ? Sites ? Sites et blogues ? Et gratuits, si possible !

Cinq jours à sillonner la Toile pour jauger DotClear, Hautetfort, Over-Blog, TyPad, à mesurer NUV et KompoSer, SPIP et ses squelettes. Difficile d'échapper au "html" et autres PHP... — il y aurait même le "wiki" !
Voila pourquoi...ils sont entrés dans "la fosse à bitume" et qu'il ne leur est guère possible de ne pas se mettre enfin à ces fichues balises, pour la graisse des caractères, pour les retraits des paragraphes, pour les titres et sous-titres et d'autres encore... qui ne peuvent être écrits, ici même, sous peine de laisser un blanc. Les feuilles de style et les CSS ont encore quelque mystère...

Voilà pourquoi les "vieillards" — cela fait plus de dix ans qu'ils se dénomment ainsi dans leur verdeur — sont dans une attention dubitative !
Ce compagnonnage Flamand-Breton autorise toutes les ténacités. Vains dieux !

dimanche, 23 mars 2008

joyeuses pâques ! et merdre !

En guise d'œufs de Pâques, nous ramassons, ici, des boulettes de fuel.
C'est un cadeau d'un de nos principaux mécènes d'Estuaire 2007 : quatre cents tonnes dans le fleuve depuis le dimanche des Rameaux.
Total a dû penser qu'une société pouvait avoir aussi autant d'idées intelligentes que beaucoup des "ârtistes" qu'elle avait soutenus avec l'accord de nos édiles. Elle pense seulement avec quelques mois de retard sur les événements subventionnés.

Alors, messieurs les maires, réélus récemment, de Nantes et de Saint-Nazaire, qu'en pensez-vous pour Estuaire 2009 ?
Par exemple, un bon, beau, grand pétrolier échoué sur le plateau de la Lambarde ? Ou mieux entre le Grand Charpentier et la pointe de Chemoulin ? Avec la mise en scène du sieur Courcoult qui sait tout de l'art de mal faire couler de fausses maisons ou de l'autre, plus comique encore, Florentijn Hofman, qui gonfle un canard géant à l'en faire crever et que nous ne verrons donc jamais flotter.
Un beau pétrolier éventré et plein de tuyaux de raffinerie crevés : ça nous ferait de beaux noirs à la Soulages sur les rocs, les sables et les roselières des marais.

jeudi, 20 mars 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXVI

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1810. — LA FRÉGATE NANTAISE LA "MÉDUSE".

Dans les premiers jours de juin 1810, la trop célèbre frégate de l'Etat, la Méduse, était lancée aux chantiers nantais de Paimbœuf.
Le 3 juillet 1815, la Méduse était mise, ainsi que la frégate la Saale, à la disposition de Napoléon déchu, et l'attendait sous voiles dans la rade de Rochefort, pour lui permettre de quitter la France et d'échapper aux Anglais ; mais les hésitations de l'ex-empereur permirent à l’escadre anglaise de se rapprocher des côtes, et le Bellérophon vint fermer la passe par où la fuite était encore possible.
Malgré l'offre du capitaine de la Méduse, qui proposait d'attaquer le vaisseau anglais pendant que la Saale ferait force de voiles vers les États-Unis avec l'impérial proscrit, Napoléon, jugeant le sacrifice inutile, se rendit à bord du Bellérophon, et confia sa personne et sa liberté au capitaine Maitland (1).

Envoyée l'année suivante par le gouvernement, pour reprendre possession du Sénégal que les traités de 1815 nous restituaient, la Méduse s'échoua le 2 juillet sur le banc d'Arguin, à quarante lieues des côtes d'Afrique.

Cent-quarante-neuf hommes s'embarquèrent alors sur un radeau improvisé qui fut rencontré après douze jours d'agonie par le brick l'ARGUS ; mais, des cent-quarante-neuf naufragés, cent-trente-quatre malheureux étaient morts, tombés à la mer ou dévorés par les survivants.

On raconte qu'alors que la Méduse était encore en chantier, un des matelots qui devaient s'y embarquer avait prophétisé sa fin horrible ; et, voyant la hideuse tête de Méduse qui devait orner la poulaine de la frégate, s'était écrié : « Quelle sale tête ; elle nous portera sûrement malheur ! » Cette prévision ne devait que trop se réaliser (2).

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(1) L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t. VI, p. 482.
(2) Naufrage de la Méduse..., par Henri Savigny, ex-chirurgien de la Marine, et Alexandre Corréard, ingénieur-géographe, tous deux naufragés du radeau, Paris, 1818.

samedi, 15 mars 2008

"gueuloir électronique" et non-académicien frustré

Un bien bon numéro d'auteurs pour le Libé de jeudi 13. Comme un souffle rafraîchissant de journalisme.
De la mosaïque en sept blogues réalisée par Laure Limongi, j'extrais — que FB ne m'en veuille point — le gueuloir électronique de Claro.

Je considère mon blog comme les vestiaires d'un gymnase, avant et après les acrobaties officielles. Je m'y échauffe, m'y plie, m'y luxe, m'y foule, j'essaie des tenues que je ne mettrais pas forcément pour aller acheter des croissants, je tutoie des types qui sont plus baraqués que moi, je dépose des pièges à souris dans les casiers qui ferment mal, je monte sur les bancs, je joue avec l'interrupteur, je cite, je phagocyte, récite. Un gueuloir électronique, une carte blanche du tendre et du moins tendre.

Celui-là, je le rencontrerai en mai au Lieu Unique où il viendra échanger sur les monstruosités bien alléchantes de Mark Z. Danielewski, La Maison des feuilles et O Révolutions, qu'il a traduites de l'américain. Ce que j'en ai feuilleté laisserait le pavé Quartiers de ON ! d'Onuma Nemon* à ranger dans les bluettes d'Arlequin. Ce Claro que FB répand dans publie.net, surgit dans ma vie de lecteur trop rangé comme un vrai gosse mal élevé que j'aurais sans doute aimé devenir !

Par contre, à la page 31 du même Libé, une fin de l'Académie française par un Michel Deguy qui me semblerait mal vieillir m'a fichu en rogne. Non que la charge ne soit point allègre sur le pouvoir déclinant de celle que Richelieu inventa pour que l'ordre régnât sur les mots. Et puis cet "philosophe, poète" a commis un Tombeau de Du Bellay et dans Actes un chapitre sur Sappho qui valent bien qu'on lui supporte souvent et ailleurs l'emploi de gros mots — dans l'article-ci : épidictique... engkômiastique — et des volutes syntaxiques si savantes que le lecteur y perd et son grec et son latin et... son français.
Mais là, il pratique l'allusion vicieuse, à la manière des très bourgeois lettrés qu'il dénonçait jusqu'alors, en bordure d'un machisme de vieux con :
... Cette idée qu'on doive trouver à l'Académie les écrivains les plus notoires du temps (voire les plus géniaux) est une fumée. L'Académie n'est pas faite pour ça et d'autant moins que le principe de parité abonde maintenant les possibles : que de dames d'œuvres dont je n'ouvre pas la liste, que je tiens cependant à la disposition des lecteurs !

Comment devrai-je m'adresser à monsieur Deguy** pour qu'il mette cette liste à ma disposition ?

Pas digne d'un "philosophe, poète", ça !

* Onuma Nemon est aussi dans publie.net
** Ce que je souffrirai ! Dans deux ou trois ans, quand parvenu à mon quarante-septième Seghers, le n° 226 de la collection "Poètes d'Aujourd'hui", je présenterai "Michel Deguy" par... Pascal Quignard ! Comment en 1975 était-il possible de "vendre" un tel jargon ? Ma crainte de ne pas être dans la course me l'avait fait pourtant acheter ! Une perle de la sémantico-sémiologico-psychanalytico-linguistique d'alors. La Terreur règnait sur les mots et ce n'était point une invention de Richelieu.
Je vous donne rendez-vous.

jeudi, 13 mars 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXV


Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1808. — NAPOLÉON À NANTES.

Lors de son passage à Nantes, en août 1808, l'Empereur visita le port, monté sur un yacht magnifique, don du Commerce de Nantes, et qui fut ensuite transporté à grands frais à Fontainebleau.
Bien qu'une lettre du ministre Decrès, en date du 27 juin, eut prescrit la mise à l'eau des frégates en chantier sur les cales Crucy avant la venue de l'Empereur, seule la Clorinde avait été lancée ; et la Renommée, l'Ariane, la Nymphe et la Méduse étaient encore sur les tins.
Après avoir parcouru les chantiers et inspecté ces beaux navires, l'Empereur se rendit ensuite dans la Basse-Loire et visita l'avant-port de Paimbœuf et la fonderie, de canons d'Indret ; c'est pendant ce voyage que l'architecte Mathurin Crucy lui exposa le projet d'un bassin à flot à Saint-Nazaire, projet qu'il approuva complètement.
Avant de quitter Nantes, Napoléon offrit une bague de diamants à M, Roux, directeur des mouvements maritimes, et fit distribuer 3.000 francs de gratification aux rameurs du yacht (1).


1809. — PRISE DE LA “TOPAZE" PAR LA "LOIRE".

Le 20 janvier 1809, la frégate la LOIRE, construite à Nantes en 1796, et devenue anglaise à la suite de sa prise en 1798, capturait la frégate la Topaze, également construite à Nantes, et mise à l'eau le 6 août 1805,
Parmi les trop nombreux navires français que la LOIRE amarina pendant sa carrière sous pavillon anglais, nous signalerons la Blonde, de Bordeaux, commandée par l'un de nos meilleurs capitaines nantais, François Aregnaudeau, qui fut emmené en Angleterre, où il demeura plusieurs années prisonnier (2).
La prise de la Topaze fut d'ailleurs le dernier fait d'armes de l'ex-frégate nantaise qui termina, en 1809, sa courte mais glorieuse carrière (3).
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(1) LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t. II, p. 199.
RENOUL, Passage à Nantes de S. M. l'Empereur Napoléon Ier pp. 102 et suiv.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 409-20.
(3) VATTIER D'AMBROYSE, Le Littoral de la France, Côtes Vendéennes, p. 438.

lundi, 10 mars 2008

un canular qui pourrait être "pour de vrai"

Vendredi, même si très occupé avec les recherches sur Alexandre que me demandait Noémie et non moins accaparé par les conjugaisons des verbes du 2e groupe en -ir à faire répéter à Célia, je feuilletai rapidement Le Monde et, en dernier page, le « Dépoussiérer les livres » signé Debray m'intrigua. Et même plus, fit sourdre une méchante inquiétude. La "connerie élyséenne" était-elle parvenue à ce point ?
Une heure passant, je me suis convaincu qu'il fallait lire cette" carte blanche" au ènième degré.
Mais nous devions redescendre en Gascogne, les deux "donzelles" achevant les congés, après une brève navigation de Foleux à Arzal.

Retour ce matin dans les bourrasques d'Ouest, la dite commission "Réformer la lecture, moderniser le livre" me turlupinait ; j'ai saisi la "chose" dans Google et voilà ce que cela m'a donné : dans Livre-Hebdo, Régis Debray avoue tout. Et il n'a pas tort, non d'avouer le canular, mais de l'avoir publier...
Pour précéder la bétise, rien de tel que cette dérision !
Marc Lévy, Paul-Loup Sulitzer — l'agité élyséen les a-t-il seulement lus, ces deux-là ? — et Michel-Édouard Leclerc, qui échoua chez les croque-morts et voudrait bien réussir chez les libraires, ne sont pas loin !

jeudi, 06 mars 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXIV

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1806. — ALLAGOUSSE ET L' " AMI-NATIONAL ".

Le lougre de l'État l’Ami-National, commandé par le capitaine nantais Allagousse, en croisière sur les côtes de Bretagne rencontrait, en février 1806, le cutter anglais la VÉNUS, de 8 canons de fort calibre, commandé par un lieutenant de vaisseau. Les deux navires se joignirent dans la baie de Quiberon, et après un long et sanglant combat, l'Ami-National forçait la VÉNUS à amener pavillon (1).

1807.— ALEXIS GRASSIN ET LE " GÉNÉRAL-ERNOUF ".

Depuis plusieurs mois déjà, la corvette anglaise la BARBARA, de 10 can. et 49 h,, surveillait les Antilles françaises, bloquant leurs ports et empêchant tout commerce sur leurs côtes ; lorsque le capitaine Alexis Grassin, commandant le corsaire nantais le Général-Ernouf, résolut de mettre fin à cette surveillance trop active, et sachant ne pas pouvoir lutter à forces égales contre la corvette anglaise, se décida à user de ruse.
Le 15 septembre 1807, la BARBARA vit dériver dans ses eaux un lourd chaland du pays, chargé de fruits et de marchandises de pacotille, et manœuvré par quelques pêcheurs insouciants. Leur maladresse et leur gaucherie amusèrent fort les Anglais ; et lorsque les pêcheurs eurent obtenu l'autorisation de monter à bord pour proposer leurs victuailles, ils accostèrent au milieu des lazzis et se mirent en devoir de débiter leur cargaison. Tout-à-coup, et tandis que les matelots anglais se bousculaient autour des paniers d'ananas et d'oranges, cinquante gaillards sortaient des flancs du complaisant chaland, se hissaient en grappes forcenées sur les échelles, sautaient sur le pont, et courant directement aux coffres d'armes et aux râteliers de haches d'abordage, tombaient sur les Anglais et s'emparaient en quelques instants de la BARBARA. C'était l'équipage du Général-Ernouf, sous la conduite d'Alexis Grassin. Ce beau fait d'armes, ajouté à bien d'autres, valut la croix de la Légion d'Honneur au capitaine Grassin, qui mourut le 24 juin 1832 (2).

LE CAPITAINE TUILIER ET LE " NEPTUNE ".

Au moment où le Neptune, de Nantes, était enlevé par un corsaire anglais en face du Croisic, le 20 mai 1807, le capitaine Tuilier, sautant dans un canot avec deux hommes, faisait force de rames vers la côte.
Arrivé à terre il courut au fort et obtint par ses pressantes sollicitations deux soldats et des armes. Avec ses quatre hommes il reprit la mer, revint à son navire, et se précipita avec furie sur les Anglais occupés à inventorier leur prise. Ceux-ci, stupéfaits de cette attaque soudaine et croyant à un renfort sérieux de Français, s'enfuirent à la hâte, laissant le brave Tuilier reprendre possession du Neptune, qu'il ramena triomphalement à Nantes. (3)

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(1) Le Moniteur, n° du 28 février 1806.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 424-32.
(3) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 422.