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vendredi, 29 février 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXIII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830



1803. — VAPEUR NANTAIS CONTEMPORAIN DE FULTON.

En 1803, c'est-à-dire l'année même où Fulton se livrait sur la Seine à des expériences de bateaux à vapeur, « M. Dubochet aîné fit construire à Nantes une machine à double effet avec un seul robinet ou tiroir et sans condensation... M. Dubochet appliqua cette machine à un grand bateau de la Loire, et l'essai en fut fait sur ce fleuve. » (1)
Dubochet était un médecin nantais très versé dans les sciences mécaniques, et qui fut l'auteur de nombreuses inventions trop méconnues peut-être. II est regrettable qu'aucun document ne soit venu, jusqu'ici du moins, préciser la nature de l'invention brièvement rappelée par les quelques lignes citées plus haut, et qui constatent la solution pratique de l'adaptation de la vapeur aux navires à une époque contemporaine, tout au moins, de celle où Fulton fit sur la Seine les expériences qui l'ont rendu célèbre.


LE CAPITAINE P.-F. LEVEILLEY.

Fils adoptif de Nantes, comme Moncousu, le capitaine P.-F. Leveilley mourait en son domicile de la Chézine, le 26 décembre 1803. Né à Cherbourg et surnommé le "Jean-Bart de Cherbourg", il avait quitté sa ville natale pour s'établir et se marier à Nantes où il fut capitaine de plusieurs de nos corsaires, entre autres de la Vengeance. C'est à bord de ce navire, qu'il commandait en 1796 avec le grade de « lieutenant de vaisseau » et la dénomination sur le rôle de « capitaine de la rivière de Nantes », qu'il amarina quarante-sept prises en trois croisières (2).

1805. — LE CORSAIRE LA " CONFIANCE ".

Mollement bercé par la vague, le corsaire nantais la Confiance était mouillé le 2 juin 1805 au fond d'une petite baie de la côte d'Espagne, lorsque la vigie signala une voile au large, puis une seconde, puis d'autres encore ; c'était une petite escadre anglaise de deux vaisseaux, une frégate et deux corvettes. En un clin d'œil, au coup de sifflet du maître d'équipage, les matelots paresseusement étendus sur les prélarts et les paquets de filin, bondissaient sur les coffres d'armes et prenaient leur poste, tandis que les canonniers athlétiques, le torse nu et le visage au niveau de leurs pièces étincelantes, attendaient, mèche allumée, le signal du combat. A portée de canon le roulement du tambour retentit à bord des Anglais, et leurs premiers boulets, ricochant de vague en vague, vinrent frapper les couples du corsaire et tomber lourdement à l’ eau.
La Confiance lâcha alors toute sa bordée et la canonnade s'engagea.
La baie où se trouvait ancrée la Confiance était défendue par un petit fortin espagnol gardant la passe ; le capitaine Papin, voyant le feu du fortin se ralentir, donna alors le commandement de son navire au second et se jeta à terre avec une partie de ses hommes pour renforcer la faible garnison espagnole. En dépit de la canonnade du fortin, auquel le corsaire joignait ses bordées, les Anglais forcèrent la passe, mirent à terre cinq-cents hommes, massacrèrent la garnison toute entière ainsi que les paisibles habitants d'un village voisin attirés par le bruit du canon, et se retirèrent après avoir mis le feu à la Confiance qui s'abîma bientôt dans les flots (1).
___________________________________________________________________________________

(1) Annales du la Société Académique, Année 1838, p, 88.
LE BEUF, Du Commerce de Nantes, p. 25.
On sait, d'ailleurs, que Fulton ne fit que s'approprier en les perfectionnant les inventions de ses devanciers. Et en effet, dès 1736, l'Anglais Jonathan Hull avait pris un brevet pour la construction d'un vapeur à aubes dont il présenta les plans, mais qui ne fut pas exécuté. En 1775, Perrier, membre de l'Académie française, construisait le premier bateau à vapeur, dont il faisait l'expérience sur la Seine ; toutefois, la machine d'une force de 1 cheval-vapeur n'ayant pas été assez forte pour remonter le courant, les expériences furent abandonnées. En 1781, le marquis de Jouffroy fit marcher sur la Saône un vapeur de 46 mètres de long ; des accidents survenus pendant les essais, puis la Révolution, l'empêchèrent d'achever ses expériences. En 1796, le Français Desblancs prit un brevet pour la construction d'un vapeur.
Enfin, de 1785 à1801, de nombreux essais furent tentés un peu partout. En 1803, Siwingston et Fulton faisaient des expériences sur la Seine (sur la Loire, dit Larousse?) et, en août 1807, ce dernier lançait sur l'Hudson le premier vapeur ayant à bord des passagers et des marchandises.

(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 302-07.

jeudi, 28 février 2008

à JeanJo, vieux lutteur en allé

Hier, dans le sombre d'une journée de pluie incessante, il a repoussé du pied l'escabeau de sa vie.
Il luttait depuis plus de dix ans contre ce désaccordement continu de son corps que plus aucune drogue, ni même ces électrodes qu'il s'était fait implanter sous le crâne ne parvenaient à apaiser.
Pour ne pas maîtriser nos larmes et nous aider à vivre désormais dans le vide de son absence, relire Michaux et sa désespérance, à l'adresse de Fr, sa compagne !

Rends-toi, mon cœur.
Nous avons assez lutté.
Et que ma vie s'arrête.
On n'a pas été des lâches,
On a fait ce qu'on a pu.

Oh ! mon âme,
Tu pars ou tu restes,
II faut te décider.
Ne me tâte pas ainsi les organes,
Tantôt avec attention, tantôt avec égarement,
Tu pars ou tu restes,
II faut te décider.

Moi je n'en peux plus.

Seigneurs de la Mort
Je ne vous ai ni blasphémés ni applaudis.
Ayez pitié de moi, voyageur déjà de tant de voyages sans valises,
Sans maître non plus, sans richesse et la gloire s'en fut ailleurs,
Vous êtes puissants assurément et drôles par dessus tout,
Ayez pitié de cet homme affolé qui avant de franchir la barrière vous crie déjà son nom,
Prenez-le au vol,
Qu'il se fasse, s'il se peut, à vos tempéraments et à vos mœurs,
Et s'il vous plaît de l'aider, aidez-le, je vous prie.

Nausée ou c'est la mort qui vient?
Ecuador

18:02 Publié dans Les nocturnes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mort, poème

mercredi, 27 février 2008

qui parle de contenu abusif ?

Puisque Hautefort , notre plate-forme préférée (!) nous maltraite avec gentillesse, MAIS sans nous en avertir, je saisis ces légères pertubations pour laisser à demain ou après-demain les voûtes cisterciennes et les instantanés "robbe-grilletiens" et proposer aux lectrices et lecteurs de la petite Toile où s'inscrit "grapheus tis" la visite de quelques sites que Yann vient de me communiquer, visite déconseillée à celles et ceux qui, en mai dernier, ont porté à la présidence de la République l'agité trop connu accompagné de ses potes et autres copines...
Peut-être suis-je en retard d'une alerte, mais trop fort n'a jamais manqué, disent les vieux marins bretons.

Sur le site du parti Pirate (!!!)
sur le site du Monde
ou sur un site de techniciens paraissant plus anodins, à lire en deux épisodes : un et deux,

Merci, Yann !

mardi, 26 février 2008

mannequin ou cafetière ? que vois-je ?

Retour de Gascogne avec Noémie et Célia pour des vacances nantaises et pluvieuses ; ce fut une virée de voûtes romanes et cisterciennes : Uzeste, Bazas, La Romieux, Moirax (ci-dessous) !

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Mais je tiens à revenir à Robbe-Grillet. Il ne fut pas dans mes livres de chevet. De ce qu'on appela — à tort ? à raison — le Nouveau Roman, je ne retiens guère que le bonheur de lecture de La route de Flandres de Claude Simon et de La Jalousie de Robbe-Grillet. Vives furent les polémiques entre littérateurs, critiques et romanciers eux-mêmes ! Robbe-Grillet, le plus théoricien de tous les tenants de ce nouveau roman, en rajouta des tonnes. Ce furent des lectures austères, "obligées", laborieuses. J'avoue que les bouquins s'empoussièrent sur les hauts des étagères. Je ne puis cependant échapper à l'écriture quasi hypnotique du "Mannequin" — que j'ai toujours nommé "la Cafetière".
Le regard ne s'ébrouera que dans les dernières lignes sur le parfum du café chaud.

La cafetière est sur la table.
C'est une table ronde à quatre pieds,recouverte d'une toile cirée à quadrillage rouge et gris sur un fond de teinte neutre, .un blanc jaunâtre qui peut-être était autrefois de l'ivoire — ou du blanc. Au centre, un carreau de céramique tient lieu de dessous de plat ; le dessin en est entièrement masqué, du moins rendu méconnaissable, par la cafetière qui est posée dessus.
La cafetière est en faïence brune.

Elle est formée d'une boule, que surmonte un filtre cylindrique muni d'un couvercle à champignon. Le bec est un S aux courbes atténuées, légèrement ventru à la base. L'anse a, si l'on veut, la forme d'une, oreille, ou plutôt de l'ourlet extérieur d'une oreille ; mais ce serait une oreille mal faite, trop arrondie et sans lobe, qui aurait ainsi la forme d'une « anse de pot ». Le bec, l'anse et le champignon du couvercle sont de couleur crème. Tout le reste est d'un brun clair très uni, et brillant.

Il n'y, a rien d'autre, sur la table, que la toile cirée, le dessous de plat et la cafetière.
A droite, devant la fenêtre, se dresse le mannequin.

Derrière la table, le trumeau de cheminée porte un grand miroir rectangulaire dans lequel on aperçoit la moitié de la fenêtre (la moitié droite) et, sur la gauche (c'est-à-dire du côté droit de la fenêtre), l'image de l'armoire à glace. Dans la glace de l'armoire on voit à nouveau la fenêtre,tout entière cette fois-ci, et à l'endroit (c'est-à-dire le battant droit à droite et le gauche du côté gauche).

Il y a ainsi au-dessus de la cheminée trois moitiés de fenêtre qui se succèdent, presque sans solution de continuité, et qui sont respectivement (de gauche à droite) : une moitié gauche à l'endroit, une moitié droite à l'endroit et une moitié droite à l'envers. Comme l'armoire est juste dans l'angle de la pièce et s'avance jusqu'à l'extrême bord de la fenêtre, les deux moitiés droites de celle-ci se trouvent
seulement séparées par un étroit montant d'armoire, qui pourrait être le bois de milieu de la fenêtre (le montant droit du battant gauche joint au montant gauche du battant droit). Les trois vantaux laissent apercevoir, pardessus le brise-bise, les arbres sans feuilles du jardin.

La fenêtre occupe, de cette façon, toute la surface du miroir, sauf la partie supérieure où se voient une bande de plafond et le haut de l’armoire à glace.

....Une bonne odeur de café chaud vient de la cafetière qui est sur la table...

Le mannequin
Instantanés


Dans la note du 19 février, j'évoquais "L'Éden et après"...
Voici, retrouvée dans mes classeurs, une image, tout aussi fascinante que la... "cafetière !

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jeudi, 21 février 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1801.— JÉRÔME BONAPARTE À NANTES.

En 1801, Jérôme Bonaparte vint à Nantes et assista au lancement de l’Épervier, construit aux chantiers de Basse-Indre (1).
II commanda d'ailleurs, en qualité de lieutenant, ce bel aviso qui fut d'abord placé sous les ordres du capitaine Halgan, plus tard vice-amiral (2).

1802. — MOUVEMENT DU PORT DE NANTES AU DÉBUT DU XIXe SIÈCLE.

Depuis près de dix ans l'activité commerciale du port de Nantes était pour ainsi tombée à néant. Les troubles et discordes civiles, les guerres continuelles avec les puissances étrangères rendaient trop périlleuses les expéditions commerciales, et seuls les corsaires animaient encore les quais et le port qui sans eux eût été désert.
La paix d'Arniens mit fin à cette stagnation, et le commerce de Nantes se réveilla enfin de sa longue torpeur. Il se chiffrait en 1802 par 2.128 navires jaugeant ensemble 95.887 tx.

Ce tonnage se répartissait ainsi ;

Long-cours............... 104 navires jaugeant 18.471 tx.

Grand cabotage....... 136 » » 18.501 tx.

Petit cabotage,........ 588 » » 43.915 tx.

Commerce du sel...... 1.300 » » 15.000 tx.

En dix ans, le tonnage de Nantes était descendu de 226.047 tx. à 95.887 tx. ; mais à partir de cette époque il se releva rapidement, puis décrut de nouveau vers le milieu du siècle dernier pour remonter encore cette fois d'une allure vertigineuse et d'un élan qui ne semble pas devoir se ralentir de sitôt (3).

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(1) LESCADIEU et LAURANT, Histoire de Nantes, t. I, p. 192.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Les Constructions Navales de Nantes.
Emmanuel Halgan, né à Donges, le 31 décembre 1771, s'embarqua à treize ans. Il devint contre-amiral, puis vice-amiral, et mourut à Paris le 20 avril 1853, grand'croix de la Légion d'honneur, député du Morbihan et pair de France (Cf. DOMINIQUE CAILLÉ, La poésie à Nantes sous le second Empire, p. 85).
(3) LE BEUF, Du Commerce de Nantes, p. 234.

mardi, 19 février 2008

moins de problèmes pour l'Académie française *

depuis hier en Aquitaine, dans l'antre de mon fouineur de Livres Saints !

Elle se faisait quelques soucis , la « vieille » Dame avec cet élu qui ne voulait ni épée, ni habit vert et qui l'an dernier encore écrivait de salaces histoires — quelques-unes de trop, sans doute — pour vieillards guettés — ou atteints — par l'impuissance !
Bonne immortalité, monsieur Robbe-Grillet !
Je garde précieusement deux textes qui ouvrirent, à l'époque de leur parution, mon regard sur les mots, les objets, les paysages et les absences d'histoire : La Jalousie que je dus lire en plusieurs livraisons dans la revue de la NRF entre 1956 et 1957, dans le contexte géographie même de l'intrigue (?), au fond de la forêt éburnéenne et La plage dans Instantanés que j'ai souvent lu dans mes stages de formation pour introduire au Nouveau Roman. Deux films aussi, hors sa participation de scénariste à L'année dernière à Marienbad : L'immortelle, digne d'un Loti cinéaste et L'Eden et après, pour une scène où Pierre Zimmer "sculpte" littéralement la beauté nue de Catherine Jourdan. J'en ai conservé précieusement une image, mais elle est dans mon "antre" breton et la Toile me paraît bien vide**.

* Encore lui faudra-t-il trouver un occupant au fauteuil déserté, quoique jamais occupé ?
** A quand des Robbe-Grillet en dvd ?

samedi, 16 février 2008

ce n'est plus le centenaire, mais ce n'est pas une raison...

...pour ne pas ouvrir un bouquin de René Char qui fleure bon les mimosas. Depuis une dizaine de jours, ils trouent de lumière les ramures décharnées des arbres voisins et les brassées odorantes parfument nos maisons d'ouest.


5afc523a3935587ac07498c095830802.jpgÀ flancs de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. A l'époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement odorante d'une fille dont les bras se sont occupés durant la journée aux fragiles branches. Pareille à une lampe dont l'auréole de clarté serait de parfum, elle s'en va, le dos tourné au soleil couchant.
Il serait sacrilège de lui adresser la parole. L'espadrille foulant l'herbe, cédez-lui le pas du chemin. Peut-être aurez-vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l'humidité de la Nuit ?

René CHAR
Congé au vent

Seuls demeurent.


Ce n'est point le seul privilège de l'espace méditérranéen. La cueilleuse à l'auréole de parfum est aussi femme des finisterres atlantiques. Et nous demeurons silencieux, subjugués par le bonheur d'un printemps encore assez lointain !

RIEN n'aurait-il changé ?

jeudi, 14 février 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXXI

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1800. — LE CORSAIRE LE "COURRIER ".

En février 1800, le corsaire nantais le Courrier, cap. Pierre Amoux, croisait paresseusement par 47° 31' de long, et 17° 50' de lat. lorsque sa vigie signala par la hanche de tribord une voile qui grossissait rapidement sur l'horizon.
Le capitaine Arnoux ordonna alors le branle-bas de combat, et reconnut bientôt dans le navire qui s'avançait un paquebot anglais : la PRINCESSE-ROYALE, venant des Iles-du-Vent.
C'était un adversaire sérieux, bien monté en artillerie, avec un équipage nombreux et des soldats. Néanmoins le capitaine Arnoux fit hisser lepavillon, et serrant le vent fut bientôt par le travers du paquebot qu'il salua de deux bordées. L'Anglais risposta vivement et la lutte s'engagea, les deux navires se canonnant à portée de pistolet. Enfin, après une heure et demie d'opiniâtre combat, la PRINCESSE-ROYALE, craignant d'être enlevée à l'abordage par les matelots du Courrier, qui, massés sur les porte-haubans, leurs sabres à coquille aux dents, se préparaient à sauter sur son pont, amena pavillon anglais et se rendit au Nantais qui l'amarina (1).

1801. — LE CAPITAINE MONCOUSU.

C'est au combat d'Algésiras, livré le 6 juillet 1801 par l'escadre française de l'amiral Linois à la flotte anglaise de Saumarez, que périt le capitaine Moncousu, tué glorieusement sur le gaillard de l'Indomptable, de 90 can., qu'il commandait.
Si Angers revendique l'honneur d'être la ville natale de Moncousu, — il y naquit le 26 août 1756, — Nantes peut se flatter par contre d'avoir été sa ville d'élection. Il y vint en effet de bonne heure s'y faire recevoir capitaine, y commanda plusieurs de nos navires, et enfin s'y maria.
Sa carrière fut des plus brillantes. Sorti de la marine de commerce où il avait fait ses preuves, il passa dans celle de l'État, et commandait en second le cutter l'Expédition, qui combattait le cutter anglais le RAMBER, tandis que la Surveillante se couvrait de gloire en luttant contre le QUÉBEC. Il commanda ensuite le Redoutable, puis l'Indomptable à bord duquel il fut tué le 6 juillet 1801, à la veille de passer du grade de Chef de division à celui d'Amiral.
La nouvelle de sa mort causa à Nantes un émoi considérable.
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(1) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et sous l’Empire, t., II, p. 427.
(2) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. II, pp. 90 et suiv.


RAPPEL

Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Pages scannées par grapheus tis

lundi, 11 février 2008

hétéronymes — et non pseudonymes — pour blogues

Si je n'étais point aussi paresseux, j'ouvrirai soixante-dix blogues et deux ou trois de plus.

C'est ce qu'aurait certainement fait, debout devant son iBook, l'iBook devant sa fenêtre, la fenêtre ouverte sur le Tage, Fernando Pessoa !

Mais peut-être bien qu'un quidam, déjà, s'acharne, sur la Toile, à résoudre l'énigme de son identité à travers soixante-dix sites et plus...
Comme dans la malle de Pessoa, on retrouverait vingt-sept mille cinq cent-quarante-trois textes. Mais ce serait cette fois dans un panier aux dimensions du monde !

Si je m'y mettais ?


Post-scriptum :
Fernando PESSOA est le soixante-treizième (!!!) bouquin de la collection "Poètes d'aujourd'hui" chez Seghers, achevé d'imprimer sur les presses d'Aubin à Ligugé, le 30 mars 1960. Je viens de le réouvrir.
Je crois avoir rencontré Pessoa en septembre 2001, dans un bar de l'Alfama ou du Chiado. Non, c'était peut-être bien dans le Barrio Alto, devant plusieurs verres de "ghingina".
Dac'hlmat était au mouillage dans la Doca Alcântara

vendredi, 08 février 2008

mais où trouver le texte grec ?

À propos d'Héraclite et Aristote ? j'ai pris une journée de retard.
Il y a déjà quelque temps qu'une anecdote sur Héraclite, rapportée par Aristote, me turlupine.
Elle est reprise dans le Magazine littéraire, en introduction du dossier sur Aristote, par un monsieur dont je ne puis douter du sérieux, Michel Crubelier ; le texte est paré d'un titre savoureux : Des dieux dans la cuisine et relate ce qu'aurait écrit Aristote :

«On dit qu'Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l'ayant trouvé se chauffant au feu de sa cuisine, hésitaient à entrer, dit : "Entrez, il y a des dieux aussi dans la cuisine". Eh bien, de même, entrons sans dégoût dans l'étude de chaque espèce animale : en chacune, il y a de la nature et de la beauté. »


...Aurait écrit Aristote... ! Selon Michel Crubelier, qui se situe très pudiquement dans la lignée d'une longue tradition de commentateurs et d'Héraclite et d'Aristote. Pudibonds effarouchés : on ne philosophe point avec son corps !

Car Héraclite n'était point dans sa cuisine, il était dans ses chiottes !

Ce qui justifie le "Entrons sans dégoût" d'Aristote qui n'était point le bégueule dont ses successeur en philosophie ont souhaité nous laisser le souvenir.
C'est du moins ce que propose Jean-François Pradeau, dans son Héraclite, Fragments (citations et témoignages), paru chez Garnier-Flammarion en 2002, pages 193 et 324.

« On dit qu'Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l'ayant trouvé occupé dans ses toilettes, hésitaient à entrer, dit cette remarque : "Ici aussi, il y a des dieux". Eh bien, de même, entrons sans dégoût dans l'étude de chaque espèce animale : en chacune, il y a de la nature et de la beauté. »


Pradeau, qui souligne avec humour que "la localisation domestique d'Héraclite a donc longtemps erronée", ajoute que Diogène Laërce propose une réminiscence explicite de cette anecdote qui concerne Diogène de Sinope, le Cynique, l'homme du tonneau, des harengs, des éternuements "gauchistes" et autres branles publiques :

À qui lui reprochait d'entrer dans des lieux impurs, il dit :"Le soleil pénètre bien dans les latrines et pourtant il ne se souille pas.”



Francs, triviaux et sains anciens Grecs !
Qu'auraient-ils (elles) dit du cul de Simone de Beauvoir, notre moderne Hipparchia, découverte en couverture d'un certain hebdomadaire, laquelle fit tournebouler nos collègues de la Toile ? (à lire dans Diogène Laërce, pp.760-761 dans la Pochotèque, l'histoire d'Hipparchia, pas les blogues scandalisés de nos compagnons de Toile.)
Quand même, j'aimerais un jour avoir entre les mains le texte d'Aristote "Parties des animaux"* ; en grec ancien, bien sûr ! Je me précipiterais sur mon "Bailly".

*Il y aurait une édition et traduction par J.M. Leblond, chez Aubier (Paris, 1945). Trouvable sur la Toile ?

jeudi, 07 février 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXX

Période Révolutionnaire


1799.— LE CORSAIRE LA " CONFIANCE ".

Le corsaire nantais la Confiance, joli trois-mâts de 300 tx., 24 can-, 6 pier. et 145 h., construit à la Fosse et armé par Cossin, sortait de la Loire dans les premiers jours de 1799, sous le commandement du capitaine Dimanche et commençait sa croisière en amarinant deux trois-mâts portugais : le SEIGNEUR-DE-BONNE-FOI et le NOTRE-DAME-DE-LATALAYE.
En février, il attaquait sur les côtes anglaises un gros corsaire de 22 can., qui se défendit vaillamment ; après un épouvantable corps-à-corps, dans lequel les ponts des deux vaisseaux ruisselèrent de sang, le Nantais amarinait son adversaire.
La Confiance, dégréée de toutes ses manœuvres, venait à peine de mettre un peu d'ordre dans ses agrès, lorsqu'un bâtiment anglais se dessina, rasant la côte, et cingla sur elle. Hélé d'amener pavillon, le corsaire nantais hissa sa couleur à sa corne, l'appuya d'un coup de canon, et bientôt les deux navires, vergue à vergue, échangèrent d'incessantes bordées. Après un combat des plus meurtriers, le Nantais amarinait son adversaire en vue des côtes anglaises couvertes de population, et faisait ensuite voile vers les côtes de France, amarinant en route un riche navire américain (1).


LE CAPITAINE PINAUD ET LE " PRINCE ".

Le Gouvernement anglais, inquiet du grand nombre de prisonniers français renfermés à la suite de prises dans les prisons de Madras, résolut en 1799 de les transférer sur les pontons de la métropole où la surveillance était plus facile. Six cents prisonniers, dont le Nantais Pinaud, ancien capitaine de la Clarisse, furent embarqués sur le navire le PRINCE, escorté de six vaisseaux de guerre.
Le capitaine Pinaud conçut alors le hardi projet de s'emparer du PRINCE et de reconquérir ainsi sa liberté. Il communiqua son dessein à ses compagnons les plus déterminés et, en vue de l'Ile-de-France, profita d'un grain violent pour le mettre à exécution.
Tandis, que les navires de l'escorte, prenant la cape pour laisser passer le gros temps, carguaient leurs basses voiles et brassaient carrée leurs vergues, Pinaud et ses compagnons s'assuraient en un instant des Anglais occupés à ferler les voiles et prenaient le commandement du PRINCE. Sous l'influence des larges pièces de toile audacieusement déployées sous la rafale le navire s'inclina brusquement, l'eau battant ses dalots de bâbord, tandis que sur l'autre flanc le cuivre poli de sa quille effleurait la crête brillante des grosses lames vertes ; puis il se releva sous l'habile coup de barre de son capitaine, et courant vent arrière, ses mâts pliant comme des baguettes, fut assez heureux pour aborder à l'Ile-de-France, où Pinaud débarqua les six cents Français arrachés par son hardi coup de main aux horreurs des pontons (2).


LE CAPITAINE LAFONT.

Dans le courant de 1799, le corsaire nantais l'Hippolyte, cap. Douillard, amarinait un Anglais à bord duquel le second Lafont était envoyé comme capitaine de prise pour le ramener en France. Quelques jours après que les deux navires se furent séparés, un marin de l'équipage de prise, un étranger, Marc Canonna, la livra par trahison aux Anglais, et Lafont et ses hommes étaient à leur tour prisonniers sur le navire dont ils s'étaient emparés. Ce ne fut d'ailleurs que pour fort peu de temps, car le brave Lafont parvint de nouveau à reconquérir sa liberté et sa prise qu'il ramena à Nantes (3).

(1) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 424.
(2) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, pp. 436-7.
(3) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 421.

mardi, 05 février 2008

lecture de grogne

Tout recommence par une grogne en lisant ceci dans le Magazine littéraire de février : parfois, je me demande pourquoi je persiste à me procurer ce magazine, mais ce mois, le propos est un dossier sur Aristote — ne fut-ce que pour compenser la distribution gratuite de Platon, par Le Monde de la semaine dernière, mes préférences démocratiques alllant sans hésitation plus auprès du premier et de ses Politiques que de la République du second ; mais il ne s’agit point pour l’instant — même au proche voisinage d'élections — des deux philosophes grecs, barbus et célèbres ; je reviendrai à Aristote.

Donc, la grogne pour ceci :

« Le lecteur qui lit pour tirer parti d’une lecture est un être indigne de ce qu’il lit, et d’aillleurs entraîné à lire sans bénéfice, puisqu’il est entraîné à corrompre, par son avidité d’utilisation, ce qu’il ne pourrait espérer atteindre intact, qu’en refusant de le faire servir à quoi que ce soit, et d’abord à lui-même.»

Maurice Blanchot


J’ai toujours quelque mal à lire cet homme. L’espace littéraire, Le livre à venir, L’entretien infini demeurent des pavés qui font meubles sur les étagères :
« Qu’est-ce qu’un livre qu’on ne lit pas ? »

Me faut-il appliquer à Blanchot cette citation qu’il tire de Montesquieu :

« Je demande une grâce que je crains que l’on ne m’accorde pas : c’est de ne pas juger, par la lecture d’un moment, d’un travail de vingt années ; d’approuver ou de condamner le livre entier et non pas quelques phrases. »

Mais peut-être Blanchot a-t-il atténué, sinon effacé, la citation du Magazine tirée de chroniques écrites dans les années quarante ?
J’ai donc ré-entr’ouvert les “meubles Blanchot” ! Et son dernier, acquis un mois avant sa mort, début 2003, Une voix venue d’ailleurs, un recueil de textes brefs où l’on rencontre Paul Celan et René Char. Et quand on trouve Char, Héraclite n’est pas loin !
Me voilà reconduit près d’Aristote, celui de la collection du Monde de la Philosophie et du Magazine littéraire.
Je relis donc Blanchot, sans grogne. Il importe de nuancer ses rognes. Même demeurant un très "utilitariste" lecteur.
Héraclite et Aristote, ce sera pour demain.

lundi, 04 février 2008

folles journées

...Trois jours durant, la maison, bruissante de Schubert...