mardi, 09 mars 2010
féministe et gérontophile
C'est Charles Fourier, célébré par André Breton
...Fourier
Toi debout parmi les grands visionnaires
Qui crus avoir raison de la routine et du malheur
Ode à Charles Fourier (1947)
En thèse générale : Les progrès sociaux s'opèrent en raison du progrès des femmes vers la liberté, et les décadences d'ordre social s'opèrent en raison du décroissement de la liberté des femmes. L'extension des privilèges des femmes est le principe général de tous progrès sociaux (I, 132-133).
Ils s'alarment si l'on élève les femmes à la culture des sciences ou des arts ; ils ne voudraient chez les jeunes personnes d'autre goût que celui d'écumer le pot-au-feu ; telles sont leurs propres paroles, qu'ils font entendre jusque sur les théâtres. Ils ne sont occupés qu'à contrarier l'amour du plaisir ; ils n'entrevoient que des cornes dans l'avenir ; ils sont hargneux et tracassiers sur les goûts des femmes, ombrageux comme les eunuques autour des odalisques (I, 133-137).
On a lieu de s'étonner que nos philosophes aient hérité de la haine que les anciens savants portaient aux femmes et qu'ils aient continué à ravaler le sexe, au sujet de quelques astuces auxquelles la femme est forcée par l'oppression qui pèse sur elle ; car on lui fait un crime de toute parole ou pensée conforme au vœu de la nature.
Tout imbus de cet esprit tyrannique, les philosophes nous vantent quelques mégères de l'Antiquité qui répondaient avec rudesse aux paroles de courtoisie. Ils vantent les mœurs des Germains, qui envoyaient leurs épouses au supplice pour une infidélité ; enfin, ils avilissent le sexe jusque dans l'encens qu'ils lui donnent. (X, vol. 2, 173)
(Tiré des Œuvres complètes, réédition Anthropos, 1967 -
choix par Daniel Guérin, in Vers la liberté en amour, Idées Gallimard, 1975)
Les premiers textes datent de 1808.
Hélène Cixous, invitée sur france Cul pour la Journée du droit des Femmes et pour la réédition de son Rire de la Méduse, évoquait, hier matin, l'existence du nouveau Continent Noir qu'est la vieillesse — par d'autres appelé Continent Gris — espace délaissé qui demeure à explorer ; à la suite de Fourier, nous faudrait-il revendiquer « le service amoureux dû aux vieillards » ?
14:50 Publié dans les civiques, les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : féminisme, vieillesse, utopie, breton, fourier
dimanche, 06 avril 2008
les pois chiches de Sapphô
Les pois chiches dorés croissaient aux bords des eauxSapphô
Je ne sais si c’est le printemps qui m’a entraîné à planter camomille, céleri, estragon et oseille au parterre des aromatiques, fuschias sur les rocailles et fraisiers grimpants à palisser sur les clôtures, mais ces occupations jardinières m’ont faire parcourir, semble-t-il, avec plus d’acuité le rayon des Poésies/Gallimard chez mon libraire de la Fosse : je cherchais selon les conseils amis un titre ou deux de Faulkner en Folio, et je me suis arrêté sur... Sapphô, découvrant à mon grand dam de lecteur, que, depuis trois ans, ELLE existait en édition bilingue*. Et je l’ignorais.
Bonheur !
Voilà pour la citation jardinière des pois chiches
Quel dommage que Hautetfort — et quelle autre plateforme de blogue d’ailleurs — n’offre point de fonte grecque ! Car calligraphier en écriture romane ne rend point graphiquement la belle sonorité héllène du pois chiche doré.
Chruseioi d’érébinthoi ep’ aionôn éphuovto.
Post-scriptum :
Interrogation en maniant le plantoir et l'arrosoir : le jardin du lecteur, entre juin et septembre, ne va-t-il point souffrir des navigations du lecteur marin ? Durant de longues années, le jardin fut "pauvre" pour cette incompatibilité entre ces postures de lecteur.
* SAPPHÔ, Odes et fragments, traduction et présentation d'Yves Battistini, Poésies/Gallimard, 2005.
23:45 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie grecque, jardin, féminisme, sapphô