Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 30 septembre 2007

"être rugby"

Ce ne fut peut-être point une orgie, mais il y eut beaucoup d'enthousiasme, à un point tel que les Nantais en oublièrent leur "celtité" pour soutenir ces diables de Fidjiens, pourtant bien enrobés, mais agiles et véloces.
Les premières minutes laissaient augurer une domination galloise qui se dispersera dans trop de fautes.
Le rugby, alors, se mit à danser.
Au milieu de la seconde mi-temps, le coup de poignard d'une interception qui mena le joueur gallois à l'essai ne mit point les Fidjiens à genoux. Les chœurs gallois ne se réveillèrent que quelques minutes.
Les Polynésiens ont enchanté la Beaujoire et j'ai passé un excellent après-midi dans la foule.
Ce qui m'est exceptionnel.

17:25 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (1)

vendredi, 28 septembre 2007

"un arrangeur d'échos"

Hier, rencontre avec Michel Chaillou, à la Tour Bretagne, — je crois qu’il devait être l’invité de l’Académie de Bretagne — il vient d’avoir le grand prix de littérature de l’Académie Française ; grand bien lui fasse pour la vente de ses bouquins, pour moi ça n’ajoute vraiment rien à la densité de son œuvre et de sa langue.
Nous avons en commun d’être Nantais, d’avoir subi les bombardements de septembre 1943, d’avoir “fait” la guerre d’Algérie ; nous avons passé un long après-midi de mai 2001 au Salon du Livre de Montaigu, placés à la périphérie, déserte, du lieu, quand sévissaient en son centre, envahi par la foule, des auteur(e)s déjà oublié(e)s.

Je venais proposer À Grand’Lieu un village de pêcheurs, il avait, sur sa table, ses bouquins publiés et non encore épuisés, je lui ai dit mon bonheur du Sentiment géographique et de son Petit guide pédestre de la littérature française au XVIIe siècle, nous avons parlé de littérature, de Nantes, de Montaigne, je lui ai pris Domestique chez Montaigne à la lecture duquel j’éprouve un plaisir d’égarement identique à celui du Sentiment géographique.
L’égarement n’y est point dû aux volutes de la syntaxe, mais à l’entrelacement des siècles à l’entour du château de notre philosophe bien-aimé.
« La lecture est un tâtonnement expressif, on peut donc lire de l’obscur. » énonce Chaillou et je le suis fort bien en ce chemin. Il faut se laisser aller bien aux “entre’bâillements” et ne point craindre l’endormissement

Je l’ai retrouvé hier, plus émacié et tout autant passionné, modeste et incisif, l’entretien a porté sur son dernier ouvrage L’écoute intérieure.

J’apprécie son projet d’écritures : dix-sept ouvrages encore, il a les dix-sept titres et les dix-sept premières phrases de chaque ouvrage. Dont il n’a rien dévoilé, par crainte de désamorcer ses imaginaires.
Je lui ai demandé si,dans les dix-sept, il n’y avait pas un second Petit traité pédestre de littérature pour goûter au plaisir d’une nouvelle mise en appétit, à propos d'auteurs ignorés.
il a “botté en touche” avec un grand sourire et a reparlé de son enfance chantenaysienne.

Ah ! Si ! Nous avons aussi en commun de nous interroger sur la manière d’aborder “notre” guerre d’Algérie. Plus de cinq cents livres publiés à ce jour, mais aucun des livres lus qui rende compte de notre expérience propre.
«L’Histoire a laissé le passé en jachère ! » dit encore Michel Chaillou.

jeudi, 27 septembre 2007

ne pas oublier Louis Poirier

Avant-hier, j'ai failli oublier la passion enfantine de Julien Gracq pour le rugby, passion solitaire qui s'exerça dans la lecture du Miroir des sports et dans ses resquilles, le long des palissades du stade de l'île Gloriette, où le SNUC — maillot blanc à ceinture verte, blanche et rouge — affrontait le Vélo-Sport Nantais ou le Racing-Club de Trignac.


...le rugby n'intéressait apparemment que moi. C'étaient là des orgies d'enthousiasme solitaires qui, dans mon isolement sur mon échelle, ne pouvaient ni se décharger parmi les cris d'une foule unanime, ni trouver ensuite écho et se diluer dans les émois d'un milieu sympathisant, des séquences dépareillées, fulgurantes, que je reprojetais longtemps avant de m'endormir, ainsi que les chutes d'un film, sur la nuit du dortoir. Elles font encore pour moi seul, d'un coin anonyme et aujourd'hui rebâti de cette île Gloriette, si faubourienne et si grise, un coin des ruines d'Olympie.

LA FORME D'UNE VILLE, pp.167-168.


J'ai fréquenté l'île Gloriette ... et le stade Malakoff, désormais "Marcel-Saupin", récemment remodelé (!) ; c'était pour la passion du football, le FC Nantes était encore encore en 2e Division. Mon père qui avait joué à la Mellinet, le "grand patro" nantais, m'y entraînait le dimanche après-midi. Il ne m'a emmené que de rares fois au stade de Malville, près du Parc de Procé, où le SNUC avait émigré dans l'après-guerre. Ma mère et lui me racontaient de sanglantes histoires de langues avalées dans les farouches mêlées qui me fascinaient tant et que je n'ai expérimentées — les mélées, pas les langues — que dans les "mauls" de soule que le moniteur d'éducation physique du collège nous proposera plus tard.
Bref, nous n'étions pas "rugby" dans la famille et de ce manque j'en gardai quelque nostalgie.
D'où mon bonheur de me laisser aller, samedi après-midi, à "des orgies d'enthousiasme" pour Fidji-Galles !

Chronique portuaire LXII

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution


1780.— LE COMMODORE PAUL JONES À NANTES.

En juin 1780, Nantes recevait au milieu d'un enthousiasme indescriptible le fameux commodore PanI Jones, le « père de la marine américaine » et celui qui inspira le « Pilote » de Cooper, et « Paul Jones le Corsaire » d'Alexandre Dumas.

Un journal du temps rapporte ainsi l'accueil fait par les Nantais au brave marin ; « On m'écrit de Nantes que Paul Jones a passé huit jours dans cette ville, où l'accueil si flatteur de notre capitale envers lui s'est renouvelé dès qu'il a paru. Le public, toujours engoué du romanesque, se portait en foule sur ses pas, et l'affluence a été si grande, lorsqu'il s'est montré au spectacle, que la moitié des curieux fut contrainte de rester à la porte, tant la salle était remplie. Il n'a pas été moins fêté à la Loge des Maçons, qui, à son occasion, a donné le banquet le plus magnifique, précédé d'un discours, où l'orateur l'a assez ingénieusement comparé à une coquette qui donne des fers à tous ceux qui osent l'attaquer, tandis qu'elle sait se garantir elle-même de la captivité. Les Dames de la Ville lui ont également témoigné combien sa valeur guerrière méritait auprès d'elles.
Mlle de Menou, fille du Comte de ce nom, Lieutenant du Roi, lui ayant demandé s'il n'avait jamais été blessé, il répondit : « Jamais sur mer, Mademoiselle, mais j'ai été atteint sur terre par des flèches qui n'étaient point décochées par des Anglais. »
Cette réponse galante enchanta tellement cette jeune personne, qu'elle lui valut une cocarde de sa part. Le Commodore l'accepta en lui promettant, foi de Chevalier, qu'il s'en parerait tous les jours de combat » (1).

_______________________________________________________________________________________________

(1) BARON G. DE WISMES, Le commodore Paul Jones. Sa réception à Nantes en 1780, pp. 10-11,

mercredi, 26 septembre 2007

arrêtons de manger du jambon

J'ai beaucoup apprécié les propos d'André Boniface, ancien trois-quart du XV de France, recueillis par un journaliste de Ouest-France :
« Il va falloir arrêter de manger du jambon. Les joueurs ne se rendent pas compte que Laporte touche dix fois plus qu'eux à travers eux. Il y a des choses un peu choquantes. Il a le culot de faire un maillot avec son nom pour le vendre. Mais il ne l'a jamais porté, ce maillot. C'est comme si je vendais un maillot jaune du Tour de France à mon nom. Après, il retombe sur ses pieds, il dit que c'est pour une œuvre caritative. Il y a des choses qui dépassent un peu le rugby..
Je le trouve trop gentil, André Boniface ! Il n'est pas tendre pour une équipe de France qu'il estime surcotée par les média.
Tiens ! Qu'en aurait pensé le rugbyman René Char ? Et qu'en pense Louis Poirier, alias Julien Gracq ?
Samedi, j'ai une place offerte pour Fidji-Galles. J'ai si rarement assisté un match de rugby ; je me réjouis de l'ambiance !

J"achève Villa Amalia de Quignard, — j'attends toujours la parution en poche pour acquérir.
La séquence d'adieu entre Ann Hidden et son père :

« Elle alla chercher la partition.
Elle ouvrit la partition sur le Yamaha.
Ils la lurent côte à côte, debout.
Ils s'assirent côte à côte sur la banquette devant le piano.
Elle tremblait de douleur.
Ils fermèrent les yeux.
Ils jouèrent.
»

Je suis fasciné par cette concision, cet abrupt dans la souffrance.

À l'opposé.
Après le bonheur du film de Rohmer, Les amours d'Astrée de de Céladon, je me suis replongé dans la langue foutrement baroque de Michel Chaillou : ce sera mon récit de rentrée romanesque : Le sentiment géographique, paru en 1976, m'avait déjà perdu dans l'illisibilité de ses références à l'Astrée, de ses entremêlements de citations de vieux bouquins de psychologie, d'arboriculture, de statistiques, de dictionnaires de patois foréziens, de ses propositions à volutes, à tourbillons, en cascade ; ne serait-il point Céladon dans les flots torrentueux de la langue ?
« ...est-ce votre cœur qui bat au battant de la cloche?, s'avançant, cheminant au sein d'une brume d'endormissement qui, sous l'éclat du sommeil, se dissipe, s'égaie en moutons d'un pré à dérouler jusqu'au réveil, jusqu'à l'horizon abrupt d'autant plus lointain que l'herbe est haute à frayer, nombreuses les bergères vous hélant, lorsque, simplement distrait par votre lecture, vous passez la tête dans l'instant qui s'entrebâille sur l'étendue des champs, chambres naturelles si détonnantes d'air et d'eau, d'une onde que la voix capture en syllabes réfléchissantes témoignant de bords délectables, qu'il semble, tant le moindre clapotis résonne à des lieues, que la Loire ne coule pas qu'en Loire, le Lignon qu'en Forez, qu'il suffirait d'une conversation languissante pour ouïr les étangs du Roi, de Bullieu s'étalant au hasard des silences, de voix un peu lointaines pour que flue le Vizézy, qu’alors quelqu'un s'avise de fermer les yeux, abandonnant son corps à l'obscurité qui certainement tombe de monts assez voisins, et le voilà halluciné d'un pays, d'un vertige de villages, de sentes surgies des lignes de ses mains frappant bientôt aux volets clos d'une ferme (il est toujours tard sur les chemins du temps), afin d'obtenir un gîte pour lui et ses bêtes... »

Lisant ce livre, dort-on ? rêve-t-on ? pense-t-on ? Tout à la fin, l'auteur (?) se pose la question : « M'étais-je assoupi ? »
Ce n'est point sang dans le cœur des bergers et des bergères, ni sève irriguant les arbres, mais encre des cinq mille pages d'Honoré d'Urfé.
Michel Chaillou s'est "assagi" depuis. C'est peut-être dommage !

lundi, 24 septembre 2007

rapport de mer

8efaa730fbd5991a11ae5157cc9a8817.jpg


Chante, douceur, à la dernière palpitation du soir et de la brise, comme un apaisement de bêtes exaucées.
Et c'est la fin ce soir d'un très grand vent. La nuit s'évente à d'autres cimes. Et la terre au lointain nous raconte ses mers.

Saint-John Perse
Vents, IV,6


60a1132625d55f38c4e2cee769838820.jpg


d'un crépuscule à une aurore, quand Nicléane bascule ses horizons marins !

samedi, 22 septembre 2007

en mer

Amarres larguées pour les premiers jours d'un bel automne;

Je sais qu'au fond des golfes assouvis, comme des fins d'Empires, la charge mâle du désir fait osciller la table des eaux libres.


Saint-John Perse
Vents, 3

Un blason ornithologique

Centenaire CHAR

Oui, la grande volière aux dimensions du monde : oiseaux libres, exposés à tous dangers, mais zébrant l’espace de leur vol et l’habitant de leur chant.
La liberté même dans son risque et dans son jeu !
Trois oiseaux pour un blason triangulaire.

La première éveillée :

L’alouette


Extrême braise du ciel et première ardeur du jour,
Elle reste sertie dans l’aurore et chante la terre agitée,
Carillon maître de son haleine et libre de sa route.

Fascinante, on la tue en l’émerveillant.

Quatre fascinants, IV,
La paroi et la prairie

La parole en archipel.

L’éclair noir et un cri qui strient le ciel et le miroir de la rivière avant l’orage :

Le martinet

Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le cœur.

Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S'il touche au sol, il se déchire.

Sa repartie est l’hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour ?

Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n'est plus à l'étroit que lui.

L’été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.

Il n'est pas d'yeux pour le tenir. Il crie, c'est toute sa présence. Un mince fusil va l'abattre. Tel est le cœur.

La Fontaine narrative,
Fureur et mystère.


Enfin la prudente, si légère, la joueuse, l'oiseau d'une libre allégresse :

La fauvette des roseaux

L'arbre le plus exposé à l'œil du fusil n'est pas un arbre pour son aile. La remuante est prévenue ; elle se fera muette en le traversant. La perche de saule happée est à l'instant cédée par l'ongle de la fugitive. Mais dans la touffe de roseaux où elle amerrit, quelles cavatines ! C'est ici qu'elle chante. Le monde entier le sait.

Été, rivière, espaces, amants dissimulés, toute une lune d'eau, la fauvette répète : « Libre, libre, libre, libre... »


Neuf merci pour Vieira da Silva, IX,
La bibliothèque est en feu,

La parole en archipel.

vendredi, 21 septembre 2007

“un village d’oiseaux exulte et passe”

Centenaire CHAR


Les oiseaux libres ne souffrent pas qu’on les regarde. Demeurons obscurs, renonçons à nous, près d’eux.

Les compagnons dans le jardin
La parole en archipel.


Pendant des années, quand je débutais une intervention sur la poéssie, j’annonçais : « Surtout pas grand’chose à voir avec les petits oiseaux et les fleurs ! »
Je suis bien obligé de remettre des oiseaux, du floral, du végétal et de l’arboricole dans ma conception du poème.
J’ai relevé pas moins de quarante-cinq occurences nommant des oiseaux. Et plus sans doute !
Ils sont l’annonce d’événements :

la guerre
Le loriot entra dans la capitale de l’aube.
L’épée de son chant ferma le lit triste.
Tout à jamais prit fin.

Seuls demeurent,
Fureur et mystère.


la mort
À sept reprises ce 8 avril, une toute bête mésange solliciteuse a heurté du bec le carreau de ma fenêtre, me faisant filer de l’attention matinale à l’alerte de midi. Une nouvelle tantôt ? À quatre heures, je l’appris. Le terrible œil avait cessé d’être solaire pour se rapprocher plus encore de nous. La vie nous peint et la mort nous dessine en deux cent-un tableaux.

Picasso sous les vents étésiens
II. Un jour entier sans controverse

Fenêtres dormantes et porte sur le toit.


Ils accompagnent l’arrivée des saisons ; un automne maquisard :
Rouge-gorge, mon ami, qui arriviez quand le parc était désert, cet automne votre chant fait s’ébouler des souvenirs que les ogres voudraient bien entendre.

Feuillets d’Hypnos, 33.


un automne amoureux :
L’automne ! ... Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes. Les gouttes de son chant s’égrainent sur le carreau de la fenêtre... Écoute, mais n’entends pas.

La Lettera amorosa


Ils illustrent l’amitié — ici à propos d’Albert Camus :
...Dans la constance des cœurs expérimentés, l’amitié ne fait le guet ni n’inquisitionne. Deux hirondelles tantôt silencieuses, tantôt loquaces se partagent l’infini du ciel et le même auvent.

Je veux parler d’un ami,
III. Grands astreignants,

Recherche de la base et du sommet.



De l’aigle des premiers textes surréalistes à la rousserolle si légère sur le roseau, c’est le foisonnement : la mésange, la hulotte, la bergeronnette, le rossignol — le plus nommé, au cœur du chant — le martinet, le bouvreuil, la chouette, la tourterelle, le chardonneret, le corbeau, les hirondelles, le ramier, l'engoulvent, la fauvette et l’alouette.

L’oiseau, comme le serpent, ne réside point, il prend son essor au matin, il plonge dans l’espace ; aussitôt disparu, demeure son chant.

Pouvoir marcher sans tromper l’oiseau du cœur de l’arbre à l’extase du fruit.

À la santé du serpent,
Le poème pulvérisé,

Fureur et mystère.

jeudi, 20 septembre 2007

Chronique portuaire LXI

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution


1779.— DE LA GALISSONNIÈRE LE FILS DU " VAINQUEUR DE PORT-MAHON ".

Le 21 février 1779, Barin de la Galissonnière, le fils du vainqueur de Port-Mahon, et Nantais comme lui, escortait avec la frégate de 32 can. la Blanche, un transport de l'Etat, lorsqu'un gros vaisseau anglais de 50 can, s'empara du transport sans daigner répondre aux coups de canon de la frégate.
Furieux, La Galissonnière, « s'exagérant ses devoirs », cingla sur l'énorme masse, le combattit en désespéré pendant trois heures, bord à bord, lui tua son capitaine, et le força à fuir honteusement avec sa prise. Le Nantais, voyant tout le fruit de sa victoire lui échapper, se lança résolument à sa poursuite et parvint à lui reprendre le transport qu'il ramena triomphalement au port (1).

LE CORSAIRE LA " JEUNE-AGATHE ".

Le senau nantais la Jeune-Agathe, armateur Vilmain, cap. Louis-Simon Berthault de la Bossère, armé de 8 can. et monté par 29 h. ; un tout petit corsaire, mais un vaillant petit navire, rencontrait le 2 avril trois corsaires anglais qui lui donnèrent la chasse. À force de voiles, la Jeune-Agathe en distançait deux et se retournant contre le troisième, une grosse goélette de 14 can., 16 pier. et 80 h., le forçait à s'éloigner après un combat de deux heures,
À peine était-elle remise de ses émotions, ses canons amarrés, ses câbles et drisses débossés et ses sabords aiguilletés, que, le 5 du même mois, elle était encore poursuivie par un gros corsaire anglais de 10 can., 16 pier. et 80 h. Malgré l'infériorité de ses forces, elle repoussa sept fois l'abordage, mit hors de combat 39 h. du corsaire anglais et finalement l'obligea à se retirer (2).

PERDU SANS NOUVELLES.

Le 18 février 1779, le corsaire nantais le Marquis-d'Aubeterre, de 250 tx., 22 can. et 170 h., commandé par le jeune et hardi capitaine Jean-Marie Loisel de la Quinière, âgé de 26 ans, mettait gaiement à la voile « allant en course contre les ennemis de l'Etat pour quatre mois. »
Jamais depuis l'on entendit parler du corsaire, ni des cent soixante-dix Nantais qui le montaient (3).
________________________________________________________________

(1) DE LA PEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine Française, pp. 114-116.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 12-14.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 16.
A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, pp. 173-74

mercredi, 19 septembre 2007

brève sur Char

manière de renouer avec le Centenaire Char
et d'éloigner les inepties d'Estuaire 2077


Dans une lettre adressée à Albert Camus, le 12 août 1957 :

Vous reviendrez, j'espère, avec de la campagne partout ; le meilleur vêtement qui soit.

place du Peuple... dite Royale

Je puis enfin me réapproprier "ma" place Royale — place du Peuple... en 1968 — libérée de son échafaudage qui ne la réservait qu'à quelques-un(e)s , celles et ceux qui se soumettaient à une queue d'attente, ou pire, au droit de péage nocturne.
Petite infamie municipale, subventionnée entre autres par Total !

samedi, 15 septembre 2007

avec Cadou et Max Jacob

à la mémoire d'Étienne ITHURRIA
pour nos découvertes adolescentes de la poésie contemporaine d'alors.


Décidant — enfin ! — de renouer avec une pratique quasi quotidienne, le téléfilm d'hier soir, émouvant, Monsieur Max de G. Aghion m'a conduit à feuilleter l'ami Cadou.

CORNET D'ADIEU
Jésus a dit

« II n'y aura pas de printemps cette année
Parce que Max s'en est allé
Emportant les chevaux les vergers et les ailes
Parce que sur la croix le bon Saint Matorel
A lâché les oiseaux vers un pays glacé »
Et c'est vrai. Les bourgeons se taisent. Les poitrines
Voient se faner leurs seins. Tout au fond des vitrines
Une enfance à genoux se suicide et le ciel
Épuise en un regard ses réserves de miel
II fait froid maintenant que tu n'es plus
Beau masque de douleur
Maintenant que tes mains ont trouvé sous la terre
Enfin le battement initial de ton cœur
J'entends ta voix pareille aux chants du monastère
Et tandis qu'on te fait place dans la lumière
Les hommes prient pour toi à Saint-Benoît-sur-Loire
Tu étais sur tous les quais de toutes les foires
Au pain d'épice
On te trouvait dans les coulisses
Des bals champêtres
Tu discutais avec les prêtres
Souvent tu m'écrivais et c'était chaque fois
Des bavardages de bergères et de rois
Tu m’écriras encore
J’attends tes reportages sur la mort
Le Nom vernal
O Max
Et l’élixir du laboratoire central
J’attends que soit connue la décision de l’ange
Que Dieu prenne parti pour toi et qu’il t’arrange
Une vie dans le cœur de tes amis natals.


Pleine poitrine, 1944-1945

recueil dédié
 À la mémoire de mon ami
Max Jacob
assassiné

 

af48e512de4cdf9fd09832de86099552.jpg


Max Jacob, évoqué au moins deux autres fois, par Cadou,
dans L'Aventure n'attend pas le destin , Encore une lettre à Max,
et dans Le diable et son train, En liaison avec Max.

jeudi, 13 septembre 2007

Chronique portuaire LX

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution


1777.— L'EMPEREUR JOSEPH II À NANTES.

À peine le comte d'Artois avait-il quitté Nantes, que Joseph II, Empereur d'Allemagne, Archiduc d'Autriche, et frère de la reine Marie-Antoinette, visitait Nantes incognito sous le nom de comte de Falkenstein.
Accompagné de Mellinet père, il visita longuement le port, s'intéressant vivement au mouvement des navires et al'activité des chantiers. — « Vous avez là, Monsieur, dit-il à Mellinet, une belle rivière ».— « Oui, Monsieur le Comte, mais elle n'est pas si belle que le Danube ». — « Ne nous enviez pas le Danube, — reprit Joseph II, — il ne vaut pas à mon pays ce que la Loire vaut à la France ; elle en est la veine-cave ; c'est la principale source de sa richesse et de sa prospérité » (1).
La Loire est toujours, par sa situation, la veine-cave de la France ; que n'est-elle encore la principale source de sa richesse et de sa prospérité !

1778. — DU CHAFFAULT À OUESSANT.

Du Chaffault, commandant le vaisseau la Couronne à la bataille d'Ouessant, le 27 juillet 1778, fut grièvement blessé d'un coup de mitraille à l'épaule, et vit son fils tomber à ses côtés, le couvrant de son sang.
C'est à propos de cette blessure que la reine Marie-Antoinette écrivait à sa tante, Madame Adélaïde, ces mots touchants, qui honorent à la fois celle qui les prononçait et celui qui les méritait :
« Ce pauvre M. Du Chaffault, que je le plains !... Je voudrais avoir des ailes pour aller le soigner moi-même !» (2).

__________________________________________________________

(1) Lycée Armoricain, 6e volume, 1825, p. 211,
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Comte du Chaffault, pp. 51-58.

vendredi, 07 septembre 2007

l'homme du Lycosthenes est mort

Etienne Ithuria, l'homme du Lycosthènes, a franchi, le 6 septembre pour l'ultime fois, la passe de l'Illarguita vers le large.
Il était mon ami.