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jeudi, 06 septembre 2007

Chronique portuaire LIX

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution


1772.— LE PORT DE NANTES EN 1772.

Dans son Voyage de la Raison en Europe, publié en 1772, le Marquis Carracioli, racontant ses voyages comme étant accomplis par le personnage imaginaire de Lucidor, écrit de Nantes :
« Les négociants de Nantes ne voulurent point laisser partir Lucidor sans l'introduire dans la maison particulière où ils s'assemblent. On y lit, on y converse, on y joue ; et c'est un lieu très commode pour se mettre au courant de la littérature et des nouvelles. II seroit à désirer que toutes les villes de commerce imitassent un pareil exemple ; et surtout celui de faire honneur à leurs affaires. Nantes est une place des plus sûres du Royaume.
Quoiqu'elle ne compose qu'un tout informe, ses différentes parties ont des beautés qui satisfont l'étranger. La Fosse est trop irrégulière pour pouvoir plaire aux connaisseurs. C'est une suite de maisons inégales ; et dont les balcons sont presque toujours défigurés par le linge qu'on y étale. On diroit que c'est le quartier des Blanchisseuses. La police devroit y veiller.
On lui parla tant de fois des vents qui retardent les vaisseaux ou qui les amènent, qu'il se croyoit dans la caverne d'Eole. C'est assez la conversation quotidienne des gens de mer....» (1).


1776. — CAPITAINE NANTAIS ANNOBLI APRÈS SA MORT.

Dans les derniers mois de 1776 mourait à Nantes l'un de nos plus célèbres capitaines Corsaires : Rolland Thiercelin.
Successivement appelé au commandement du Mars, puis de la Bellone, il avait accompli une carrière des plus brillantes. Son fait d'armes le plus saillant fut le combat qu'il soutint en 1745, à bord de la Bellone, de 36 can., contre un vaisseau de guerre anglais de 60 can., l'Augusta, qu'il obligea à fuir.
Au moment de sa mort, le Roi, en récompense de ses services, se disposait à lui conférer les lettres de noblesse. Par dérogation à l'usage, et à la demande de la Ville, elles lui furent accordées cependant, et Rolland Thiercelin fut ainsi annobli après sa mort (2).


1777. — LANCEMENT DE LA "ROSIERE D'ARTOIS".

Le Comte d'Artois, depuis Charles X, assistait le 24 mai 1777 à la mise à l'eau du superbe navire la Rosière d'Artois, construit aux chantiers de la Chézine.
À l'issue du lancement, le Prince reçut une députation des «dames poissonnières » de la ville, et leur avoua que : « sur sa parole d'honneur il n'avait jamais vu femmes plus belles et plus jolies, ni d'une plus avenante corpulence. » Les « dames poissonnières » furent enchantées du Prince qui les embrassa fort galamment ; cependant elles avouèrent plus tard qu'elles le trouvaient : « trop égrillard » (3).
La Rosière-d'Artois fut traîtreusement enlevée par les Anglais à sa sortie de la Loire, et sur quatre-vingt-deux navires expédiés par Nantes en 1777, seize furent ainsi pris par eux avant toute déclaration de guerre (4).

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(1) Le Chercheur des Provinces de l'Ouest. Année 1902. Questions et Réponses, p. 528.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 155-161.
(3) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V., p. 257.
(4) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, p. 259,