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dimanche, 30 avril 2006

Lactations

Il ya de saints hasards. L'abbaye de Flaran nous avait entraîné dans les austérités cisterciennes qui dissimulaient de mamellaires suavités. medium_lactation1.3.jpgQu'à notre retour, Beaux-Arts Magazine de mai nous propose la confrontation de Cindy Sherman aux maîtres anciens n'en a que plus de sel.medium_lactation2.3.jpg

Ô plaisirs buccaux !

« Les mamelles de Marie sont remplies de Ciel, elles réconfortent avec une indicible suavité ! »

Dommage qu'il n'y ait qu'une goutte solitaire au sein de la vierge(?) de Sherman !

Post-scriptum : Il existerait d'autres "lactations" dans la peinture du Moyen-Âge. Si par bonheur, et pour lui et pour nous, JCB avait enfin vider ses cartons ?

jeudi, 27 avril 2006

à l'abbaye de Flaran

L’occasion de la virée d’Aquitaine pour accompagner les petites est toujours motif pour une escapade dans un coin inconnu. Et comme j’ai raté la rencontre de l’ami qui tient le Lycosthènes, rencontre fort souhaitée remise à l’été, j’avais très envie de “visiter” Bossuet.
Eh, oui ! j’ai passion des grandes et belles phrases et mon adolescence qui n’aimait pas encore Racine s’enchanta des admonestations somptueuses du prêcheur. Il fut évêque de Condom, avant d’être l’Aigle de Meaux. Et le Gers est réputé fort agréable. Je n’ai point rencontré Bossuet qui ne résida jamais en son évêché - y mit-il jamais les pieds ? - mais Nicléane et moi nous nous sommes égarés dans les méandres de la Baïse pour, par mégarde, visiter une belle abbaye cistercienne.
Devrais-je avouer ma fascination pour l’ordre monastique de Bernard de Clairvaux. Je fusse devenu moine pour les Matines, les Laudes et les Complies, la beauté rude des psalmodies, pour le Cloître, pour le “désert” qui enserre les architecture nues de ces abbayes et pour le Scriptorium, vieil espace mythique où se perpétua, dans les siècles passés, l’Écriture et la Copie.medium_fralanabb.jpg
Seule la règle d’obéissance - et quelque chasteté obligée - m’auront détourné de cette vocation.
Je me retire, ces jours encore, parfois dans une de ces humbles monastères de nos bocages d’ouest à l’écart des routes touristiques : Melleray, Belle-Fontaine, Timadeuc ; les fromages y sont savoureux. À Melleray et Timadeuc, on vous y sert le cidre. À Belle-Fontaine, le vin. Et le Père portier ne vous demande rien. Ni d’où vous venez . Ni qui vous êtes. Ni pourquoi vous avez frappé à la porte. Il ne vous demandera que de respecter la règle du silence ! À votre départ, vous verserez l’ obole que vous estimerez devoir au monastère pour son accueil.medium_fralanclo.jpg

J’ai parcouru l’arc cistercien de l’Europe, du nord-est au sud-ouest : depuis Eberbach, aux confins de la Hesse, près de Mayence, dissimulée dans le repli secret d’un vallon proche du Rhin -le Nom de la Rose y fut tourné - à la splendeur élancée d’Alcobaça, au confluent de l’Alcoa et du Baça, entre Coïmbra et Lisbonne.
Même austérité grandiose, même organisation des lieux de repos, de travail et de prière.

À Melleray, j’ai souvenir que le scriptorium fut, dès la vulgarisation de l’informatique, un atelier de PAO.
Et dès qu’un ou deux ou trois ordinateurs rassemblent leur écran, je ne puis m’empêcher de rêver à la gravité studieuse et silencieuse des cisterciens de naguère, écrivants obscurs et patients qui copient, commentent, annotent, et illustrent ; tels leurs descendants laïcs et païens de l’ABU et d’ATHÉNA, la semaine dernière, ici, évoqués .

Le soir de cette visite, nous étions à Meylan, petit village déjà landais aux confins du Lot-et-Garonne, du Gers et des Landes : les asperges, le magret aux figues et le Madiran nous éloignaient des maigres repas végétariens des copistes de Farlan.

mercredi, 26 avril 2006

Chronique portuaire de Nantes IV

Des origines à la fin du Moyen-Âge

610. — COMMERCE DE NANTES AVEC LES SCOTS.

Dès le VIIe siècle, Nantes commerçait avec les Iles Britanniques. Nous savons, en effet, qu'en 610, le saint Irlandais Colomban s'embarqua à Nantes avec ses moines sur un navire qui, après avoir déchargé des marchandises du pays des Scots, y retournait : reperfa ergo navi quœ Scottorum commercial vexerat (1).
Ce pays des Scots, ou Scotia, était alors l'Irlande ; dans la suite, les Scots occupèrent également l'Ecosse à laquelle ils donnèrent leur nom : Scofland.
Un auteur assure également : « que dès le VIIIe siècle, les marins nantais allaient chercher « au Sénégal de la poudre d'or, des dents d'éléphants, des plumes d'autruche, etc.., » (2).
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(1) A. DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, t. I, p. 540.
(2) Vita S. Colomb, ap. Mabill. Acta SS. Ordini S. Bened, t. I, p. 24. Capitul lib. V. cap. 10.



843. — PREMIÈRE ATTAQUE DE NANTES PAR LES FLOTTES NORMANDES.

Depuis plusieurs années,nous dit la Chronique de Nantes, « les pirates de « Norwèghe », hommes pervers, cruels et diaboliques, « avecques innumérable assemblée de nefs nageans » par la « mer Océane », infestaient les côtes de Bretagne et l'embouchure de la Loire.
En juin 843, ils remontèrent le fleuve avec une flotte de soixante-sept barques, bondées de guerriers ; envahirent le port ; escaladèrent les remparts ; et massacrèrent la population réunie dans la Cathédrale,
où l'évêque saint Gohard fut tué à l'autel.
La ville pillée, les Normands chargèrent leurs barques de butin et se retirèrent à Her (Noirmoutier) (1),

Les barques de ces pirates étaient faites de claies recouvertes de peaux ; elles étaient longues et étroites, avec un seul mât très court et une voile carrée. Les rameurs, à découvert sur le pont, n'étaient protégés que par leurs boucliers placés en rang serré sur le bord, et le chef était assis à l'arrière, sur un trône de bois sculpté,

Pendant plus de deux siècles, les flottes de ces terribles Normans, Hommes du Nord, Danois ou Vikings, parcoururent incessamment le fleuve, massacrant et brûlant tout sur leur passage.

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(1) A. DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, t. II, pp. 76-77.
RICHER, Histoire de Bretagne, p. 53.

dimanche, 23 avril 2006

MacoRetz ?

Ils étaient quatre, il y a vingt ans. Ils sont aujourd'hui quatre-vingt.
Ils sont maçons, charpentiers, métreurs, architectes, commerciaux, plombiers, couvreurs, carreleurs.
Ils disent le bonheur d'une journée bien remplie, d'une tâche achevée dans la clémence d'un jour de printemps.
Aucun n'a fait HEC ou une Sup de Co quelconque ; ils parlent la langue légèrement rocailleuse des "Paydrets", ce pays de Retz aux Marches avantagères de la Bretagne et du Poitou.
Ils partagent, échangent, gèrent.
Les apprentis qu'ils accueillent sont loin des affres d'un avenir régi par de faux contrats de première embauche.
Vendredi soir, ils ont invité tous les compagnons des SCOP de Loire-Atlantique, plus quelques autres qui ont plus que sympathie pour ces femmes et hommes de labeur qui vivent une autre idée du monde de l'économie et des menaces des "ouragans" ultralibéraux.
Ce sont les femmes et les hommes de MACORETZ, une société coopérative ouvrière de Saint-Père-en-Retz.

Je crois qu'ils peuvent affirmer dans le sillage des "Inventeurs" de René Char.

« Là où nous sommes, il n'y pas de crainte urgente. »

vendredi, 21 avril 2006

à propos des chroniques portuaires de Nantes

Pas toujours d'une grande aisance de passer de la mer à la mort d'un ami et de revenir dans le quotidien et le variable des chroniques d'un blogue.
Je reviens brièvement sur le texte de Char pour le mettre en exergue ; celui-ci, plus que toute espérance, me tient en vigueur :

Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée.


Je ne délaisse point les "Poètes d'aujourd'hui" ; je vais seulement sauter plus de quarante ans d'édition, mettant de côté Rainer Maria RILKE pour saisir la triste occasion qu'est la disparition - encore la Camarde, elle rôde partout et dans les proches amitiés et dans mes venelles de lecture - la disparition, donc, de Jean Grosjean et le soubresaut éditorial que fut, en 2005, la parution d'un J. G. par Jean-Luc Maxence, chez Seghers, "Poètes d'aujourd'hui", nouvelle moutûre.

Au début de ce mois, je me fais un petit plaisir de scanner aux fins de publication un vieux bouquin sur l'histoire portuaire de Nantes, Ma ville ; j'avoue que la découverte, récente, d'un logiciel de reconnaissance de caractères dans le paquet logiciel de mon imprimante me facilite le projet et je renoue, mais aisément, avec la tradition des pionniers de la Toile qui saisirent sur leur clavier, tels les copistes tenaces des scriptoria d'antan, les grandes œuvres que nous pouvons encore importer des sites de l'ABU ou d'Athena, quand la BNF n'en était encore qu'aux vagissements. Entre autres "copistes", merci, François - oui, celui de "mes journaux fréquentés", dans la colonne de gauche - pour les Poèmes en prose de Baudelaire.
Le premier œuvre importé, ce furent les Essais et j'étais fier d'avoir Montaigne dans tous ses états, numérique inclus.

Le projet des Chroniques Portuaires de Nantes est plus humble ; je pense qu'un historien maritime écrirait aujourd'hui une histoire du port plus argumentée, plus érudite. Mais j'ai un faible pour l'aspect "vieil amateur éclairé" de Paul Legrand.
C'est en fouillant dans le grenier de mon cousin JC, passage d'Orléans que nous découvrîmes ce vieux bouquin, de format 28x19, titré en première de couverture Marins et Corsaires Nantais, mais en page de titre Annales de la Marine Nantaise (Des Origines à 1830).
medium_maricorsa.jpgLe nom de l'auteur, Paul LEGRAND est sur la couverture, mais ne figure pas sur la page de titre.
En couverture, la maison d'édition est : Heron - J. Mesnier & Co, Editeurs, 7 rue de Strasbourg - Nantes.
En page de titre, V.-J. HERON, Editeur, 10 rue Dubois, 1908.

L'ouvrage est publié par le Pays d'Arvor", avec la haute approbation de la Ligue Maritime Française, sous le patronage : de la Société Académique, de la Société Archéologique et de la Société de Géographie de Nantes et de la Loire-Inférieure.
L'ouvrage est préfacé par René de LAUNAY, Secrétaire de rédaction du Pays d'Arvor. Paul LEGRAND rédige une postface de remerciements.
Il s'ouvre sur une introduction de 10 pages mentionnant : les Origines, les Chantiers de constructions navales, les Armateurs, les Négriers, les Corsaires.
Quelques gravures hors-texte, des culs-de-lampes et quelques lettrines soutenues par des cariatides minuscules, ponctuent le livre.
medium_nantes1758.jpg

jeudi, 20 avril 2006

Chronique portuaire de Nantes III

Des origines à la fin du Moyen-Âge


IV-Ve- VIe Siècles. — PIRATES SAXONS.

Durant les IVe, Ve et VIe siècles, les pirates Saxons, montés sur leurs longues barques appelées « chioules » ou « currachs », ravagèrent la Loire et pillèrent Nantes. Ils s'établirent même à demeure dans les îles du fleuve, et jusqu'au VIe siècle, époque à laquelle saint Félix évangélisa leurs dernières bandes et les baptisa (1).

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(1) A. de La Borderie, Histoire de Bretagne, t.I.



560. — TRAVAUX DE SAINT FÉLIX DANS LE PORT DE NANTES.

Au dire du chroniqueur Lebaud, l'évêque saint Félix : « fist fouyr un parfond et large fossé transversal de l'ancien cours de la Loire, qu'il fit courir jouxte les murs de la cité, afin d'eschiver le labeur des citoyens qui allaient quérir les marchandises jusques au fleuve... ». Il créa également : « le Bassin ou la Fosse... en coupant un peu au-dessus, vers Chézine, une chaîne de hautes roches en forme de collines, et ouvrit un grand passage au flux venant de la mer et aux vaisseaux (1) ».
Au moment, en effet, où saint Félix prit possession du siège épiscopal de Nantes, le port, déjà envahi par les sables, avait été abandonné pour son rival Ratiatium (Rezé), alors en pleine prospérité. Les travaux du saint Evêque à l'embouchure de la rivière du Seil (canal Saint-Félix) et à la Fosse ramenèrent la navigation à Nantes ; et depuis lors, Ratiatium, jadis ville importante et port des Pictons (Poitevins), ne fut plus qu'une simple bourgade de pêcheurs.

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(1) Meuret, Annales de Nantes, pp.422-423
Mellinet, La Commune et la Milice de Nantes, donne la date 565, t.1, p. 245.

mercredi, 19 avril 2006

Pour Jo Le Meudec instituteur et paysan breton

La camarde passe trop souvent en ces jours dans l'environ des amitiés. Avant-hier, en mer, sous la pointe de Grand'Mont, message de Col, l'amie : "Jojo est mort !"

L'horizon à nouveau obscurci, la rage de la vie contre l'effacement de ce visage de l'ami.
Et la gorge qui se noue parce que monte la mémoire d'années ensoleillées au bord d'un désert que, côte à côte, nous aimions, nous, enfants des bocages humides et verts d'Ouest, pour sa minéralité dure et son ascétique sécheresse.
C'était au temps d'une Indépendance encore belle d'avenir.

Jo Le Meudec, fils de paysans bretons, y enseigna trois ans les petits Chaouias. Sa patience d'éducateur et de jardinier fit merveille dans cette petite palmeraie de Chetma au pied de l'Amahdou, ce djebel des Aurès qu'on nomme la"Joue" qui rosissaitt au soleil couchant, quand nous allions à l'eau courante et fraîche des "séguia" délasser nos corps assèchés de poussiére.

Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quitté. Où s’étourdit notre affection ? Cerne après cerne, s’il approche c’est pour aussitôt s’enfouir. Son visage parfois vient s’appliquer contre le nôtre, ne produisant qu’un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n’existe nulle part. Toutes les parties — presque excessives — d’une présence se sont d’un coup disloquées. Routine de notre vigilance... Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée.
Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.
À l’heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d’énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l’archer, cette fois, ne transperce pas.


René Char
Quitter
in La parole en archipel

Gallimard, 1962.
L'éternité à Lourmarin fut écrit pour la mort d'Albert Camus

08:25 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (8)

jeudi, 13 avril 2006

Pour Jean GROSJEAN

Avant de partir en mer


...Quand est venu voilé le soir des veuves...


Il était le héraut d'un dieu en qui je n'ai plus foi !
Mais il fut de la trempe de ceux qui écrivirent les grands et saints livres du monde.

soutenir Maulpoix

Contre les iniquités qui assailent Jean-Michel Maulpoix et pour continuer d'affirmer notre droit de paroles - de toutes paroles - lire Une histoire de bleu.
C'est en Poésie/Gallimard.


Nous connaissons par ouï-dire l'existence de l'amour


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Post-scriptum :
• Lire le tierslivre de François Bon.
• Sur Poézibao de Florence Trocmé.
• Sur le site de JeanMichel Maulpoix.

mercredi, 12 avril 2006

Cahin-caha

La tenue du blogue est, ces jours-ci, très décousue, sinon inexistante : sur la table de l’iBook, il y a des barrettes, des chichis, des papiers coloriés, gribouillés, découpés, des dvd et des cd de musiques que “n’aime pas papy fâcheux” - ce n’est pas tout à fait vrai, ni complètement faux ! Bref, il y a deux petites-filles bien aimées qui maîtrisent mieux (ou tout aussi bien) les écrans de la Toile et la chaîne haute-fidélité que les habitants de la maison.

Habituellement c’est une semaine - la Semana Santa - pour écouter Jean Sébastien Bach et les lamentos de ses Passions. Eh bien ! c’est Émily Simon et Madonna !

La fin de semaine a réuni pour deux jours dans la vallée de la Sèvre, au Moulin-Neuf, les AN et BR, liés depuis plus d’un siècle par le sang et par... la Vigne : des plus âgés qui sont entrés “dans l’enfance du Grand Âge” : de Ro, septante-trois années à Noah, un mois et huit jours.... S’y étaient joints quelques-un(e)s d’Algérie et de l’Éducation populaire.
Nous avons célébré et les Ans et la Vigne !

J’ai reçu un bel olivier à planter et le Livre des Exemples d’Ibn Khaldûn- voisinage totalement fortuit. Plus, plus, plus, dans une joile boite à chaussures, de quoi enrichir la “librairie” des Pléiades incomplètes : Nerval, Giono, Borgès, Gracq !
Ce sera un vrai bonheur que je retarde, d’aller rue de la Fosse chez Coiffard, effleurer des yeux, du doigt, les dos colorés et striés d’or.
Ce goût me vient sur le tard : je n’acquiers plus qu’en “Poche” ou plus rarement - très rarement - en “Pléiade”.

Jérôme le vigneron, celui qui perpétue la tradition des aïeux de Belle-Vue était là avec ses vins : le Muscadet du domaine, le Chardonnay, le Cabernet, son "Champ des Cailloux", une petite merveille rouge vieillie en fût de chêne, depuis trois ans médaillé au Salon de l’agriculture de Paris. Il a opté pour de petites surfaces, il fuit les négociants, il s’est bâti un réseau de cavistes et d’amateurs. Le cellier de Belle-Vue est devenu un antre d’alchimiste.
Il n'y a que le Muscadet en fût de chêne qui fut objet de polémique entre générations

Le Moulin-Neuf est à quelques pas en amont de ce paysage “à l’italienne” que décrit Gustave Flaubert :

« Sur un coteau au pied duquel se joignent
deux rivières; dans un frais paysage égayé
par les claires couleurs des toits
en tuile abaissés à l'italienne,
près d'une longue cascade qui fait
tourner un moulin tout caché dans
le feuillage, le château de Clisson
montre sa tête ébréchée par-dessus
les grands arbres.
A l'entour, c 'est calme et doux.

Les maisonnettes rient comme
sous un ciel chaud; les eaux font
leur bruit, la mousse floconne sur
un courant où se trempent de
molles touffes de verdure. L'horizon
s'allonge d'un côté dans une
perspective fuyante de prairies et,
de l'autre, remonte tout à coup,
enclos par un vallon boisé dont un flot vert
s'écrase et descend jusqu 'en bas. »

GUSTAVE FLAUBERT,
Par les Champs et par les grèves, 1847.

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Chronique portuaire de Nantes II

Des origines à la fin du Moyen-Âge

Ier-Ve siècles.LE PORT DE NANTES SOUS LA DOMINATION ROMAINE.

Les anciens semblaient hésiter sur le nom que portait la capitale des Namnètes. Ptolémée l'appelle Condevincum ou Condivicnum (1), tandis que la Table Théodosienne, ou carte de Peutinger, lanomme Portus Namnetum (2).
Cette divergence a fait naître, parmi les auteurs modernes, des discussions sans fin, sur le point de savoir si ces deux dénominations s'appliquent ou non à la même ville ; et, dans ce dernier cas, si le Portus Namnetum était réellement la capitale de la peuplade.
L'opinion la plus vraisemblable fait du Portus Namnetum un quartier de Condivicnum ; le quartier du Port, tout comme la Fosse actuelle n'est qu'un quartier de Nantes (3).
Ce Portus Namnetum devint d'ailleurs très important dès la domination Romaine en Gaule ; et il résulte d'inscriptions trouvées à différentes époques auprès de la Cathédrale, qu'il possédait déjà une Bourse et un Tribunal de Commerce. Ces inscriptions, actuellement placées dans la galerie basse de l'Hôtel-de-Ville, peuvent se traduire ainsi :
L. Mart. et L. Lucclius Genialis ont concédé aux habitants du port ce Portique avec sa salle, consacré au Dieu Vol (4).
Au Dieu Vol, pour le salut des habitants du port et des navigateurs de ta Loire (5).
Aux divinités des Augustes, au Dieu Voîkano, M.. Gemel. Secundus et C. Sedat. Florus, syndics des habitants du port ont, de l’argent contribué, bâti ce Tribunal et ses dépendances (6).

Enfin, à cette dernière inscription qui nous donne les noms des deux premiers syndics connus du port de Nantes, nous ajouterons la suivante, qui nous fournit celui du premier marin nantais dont il soit fait mention :
Aux Dieux Mânes et à la mémoire de Pessicinnus Sabinus, nautonnier, son affranchi, Picius (7).
Toutes ces découvertes ont été faites près de la porte de Saint-Pierre (rue de l'Évêché), où les fouilles ont permis de reconnaître les dimensions de cette Bourse et de ce Tribunal ; consistant en une salle voûtée de cinquante pieds de long sur vingt-cinq de large (8).

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(1) PTOLÉMÉE (Claude), astronome et géographe grec, du IIe s. après J.-C.
(2) Carte des voies Romaines, rédigée vers le IIIe siècle, mais qui n'est connue que par une copie de 1264, éditée par Peutinger, antiquaire allemand du XVe s.
(3) A. de La Borderie, Histoire de la Bretagne, t.1, pp.84, 85.
(4) Inscription découverte en 1850.
(5) Inscription découverte en 1850.
(6) Inscription découverte en 1850.
De nombreuses théories ont été émises au sujet du mot Vol, Volkano ou Voliano. Les uns lisent Vulcain, les autres Volente Jano, d’autres enfin Volianus qui, d’après eux, serait un dieu local.
(7) Stèle découverte le 10 janvier 1887.
(8) Voir A Legendre, Nantes à l’époque Gallo-Romaine.


Tirées de Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908.


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vendredi, 07 avril 2006

Incontournables ?

Rien de tel pour que je n'aie qu'une envie : les contourner !

Ce sont deux pages dans Le Monde d'aujourd'hui, vendredi 7 avril, qui devrait un peu plus un VRAI Monde.
À propos de quinze blogues :"leaders d'opinion... qui font l'opinion sur le Net". Connaissent les vertus libertaires de la prolifération de la Toile, les "surfeurs" du Monde ?
Il m'est arrivé d'en visiter un de ces quinze : je viens de le radier de mes signets.
La chose, de type caractériel, m'est déjà arrivée avec le bouquin de Fiévet, Blog story, un des premiers parus - à ce titre, méritant - sur les blogues. Il affichait un sous-titre "+ les 100 blogs qui comptent" ; je ne suis pas aller en voir UN.
NON MAIS !

mercredi, 05 avril 2006

Rando

Dix-huit à vingt bornes ce matin avec Pi pour aller au lac.
Trois heures et demi, quatre heures ?
Épuisé ! Faudrait pas trop tiré sur la "bête".

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mardi, 04 avril 2006

où il est question de censure

Hier matin, une surprise, dans la nouvelle Fabrique de l’histoire, animée par Emmanuel Laurentin, à propos de la censure, thème de la semaine sur France Cul, une voix de belle audace.
L’oreille attentive identifie très vite les inflexions de cette voix qui, une nuit de 1995, lui apporta une approche étonnante de ce que peut être la démarche d’un peintre contemporain : Bernard Dufour, la “main” du peintre qui dessine Emmanuelle Béart dans la Belle Noiseuse, le film de Rivette.

J’étais plongé dans l’aventure des autobiographies et celle de Dufour, où l’on rencontre tout un monde des arts et lettres, Barthes, Paule Thévenin, Alain Robbe-Grillet, Catherine Millet, Jacques Henric, Pierre Guyotat, Joyce Mansour, Denis Roche, est aussi un grand poème d’amour sillonné par des vols de freux, un inventaire des tableaux qu’inspirèrent cet amour, une chasse à la fouine ; je crois y entendre l’envol de sept chouettes-effraies un soir de novembre et, rappelez-vous, le crissement de la plume d’acier qui trace Emmanuelle Béart nue.
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«………Après le tournage avec Jacques Rivette de La Belle Noiseuse - me réinstallant difficilement dans mon atelier du Pradié et sa solitude -, pour retrouver le plein exercice de la peinture et sa conscience je me suis livré de nouveau en 1992 et 93 à l'anamnèse, cette fois-ci, de ma vie de peintre, et j'ai écrit Au fur.
Au fur n'est ni un journal ni une confession, mais une autobiographie incomplète que les trous de mémoire rendent sans doute non véridique ou non exacte, mais que je suppose non délibérément mensongère.»

Les dates, entre les trous de mémoire, sont mentionnées, non pas en chiffres, mais en toutes lettres. Manière de dater pour le moins originale !

Pour revenir au thème de l’émission, la censure qui accabla certains tableaux de Dufour, Laurentin lira ce passage :

Il est étrange qu'un homme et une femme soient toujours nommés Adam et Eve, trois femmes nues Les Grâces ou Le Jugement de Paris, quatre ou cinq femmes nues Les Sorcières. Il est étrange que, surtout, depuis le XIXe les peintres aient tant aimé peindre non pas eux-mêmes et leurs amantes et leurs corps, mais leur petite famille, la jeune fille au piano avec maman, les petits frères aux dominos, les tantes, le chien. Un seul s'est peint se rafraîchissant le sexe dans une cuvette après avoir joui de sa femme et l'avoir fait jouir tant elle est lasse, Picasso, Malevitch, Otto Dix, Matisse, De Kooning ? non, Bonnard, pour qui il est si nécessaire de peindre l'amour, comme cela l'est aussi pour les divins Rembrandt et Goya, divins comme le marquis, celui que Flaubert nomme toujours "Le Vieux", et je pourrai moi les nommer, Rembrandt et Goya, “Les Deux vieux", appariés. J'ai évoqué la componction de la plupart des artistes, la pudeur extrême en est une des composantes. La pudeur ou la soumission à travers les âges à la censure de l'antique tabou néolithique : ne pas figurer la nudité de l'homme et de la femme, sinon à travers des signes symboliques ou plus tard à travers les corps professionnels des modèles, ces hommes et ces femmes dont le métier ouvrier est de poser nus devant les artistes, ces corps transformés en pommes dans cette relation que montre la célèbre photo par Cartier-Bresson de Matisse et d'un modèle.

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Ah, si ! Bernard Dufour récuse l'érotisme, il ne refuse ni l'indécence, ni la pornographie !

• Bernard Dufour, Au fur, Christian Bourgois éditeur, 1995
• Le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg organise une exposition de 40 tableaux du peintre, du 7 avril au 23 juillet 2006.

Post-scriptum(qui a peut-être à voir avec l'esprit libertaire de Bernard Dufour) :
Nous aurions été entre 70 et 100 000 entre la place du Commerce et la Petite Hollande via le Port-Communeau et la rue de Strasbourg

lundi, 03 avril 2006

Le Manifeste des 343 et de... tant d'autres

Le 5 avril 1971, en couverture du Nouvel Obs,

pour la liberté de leurs ventres.

Ne pas oublier et demeurer, à leur côté vigilant(e)s.