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jeudi, 27 avril 2006

à l'abbaye de Flaran

L’occasion de la virée d’Aquitaine pour accompagner les petites est toujours motif pour une escapade dans un coin inconnu. Et comme j’ai raté la rencontre de l’ami qui tient le Lycosthènes, rencontre fort souhaitée remise à l’été, j’avais très envie de “visiter” Bossuet.
Eh, oui ! j’ai passion des grandes et belles phrases et mon adolescence qui n’aimait pas encore Racine s’enchanta des admonestations somptueuses du prêcheur. Il fut évêque de Condom, avant d’être l’Aigle de Meaux. Et le Gers est réputé fort agréable. Je n’ai point rencontré Bossuet qui ne résida jamais en son évêché - y mit-il jamais les pieds ? - mais Nicléane et moi nous nous sommes égarés dans les méandres de la Baïse pour, par mégarde, visiter une belle abbaye cistercienne.
Devrais-je avouer ma fascination pour l’ordre monastique de Bernard de Clairvaux. Je fusse devenu moine pour les Matines, les Laudes et les Complies, la beauté rude des psalmodies, pour le Cloître, pour le “désert” qui enserre les architecture nues de ces abbayes et pour le Scriptorium, vieil espace mythique où se perpétua, dans les siècles passés, l’Écriture et la Copie.medium_fralanabb.jpg
Seule la règle d’obéissance - et quelque chasteté obligée - m’auront détourné de cette vocation.
Je me retire, ces jours encore, parfois dans une de ces humbles monastères de nos bocages d’ouest à l’écart des routes touristiques : Melleray, Belle-Fontaine, Timadeuc ; les fromages y sont savoureux. À Melleray et Timadeuc, on vous y sert le cidre. À Belle-Fontaine, le vin. Et le Père portier ne vous demande rien. Ni d’où vous venez . Ni qui vous êtes. Ni pourquoi vous avez frappé à la porte. Il ne vous demandera que de respecter la règle du silence ! À votre départ, vous verserez l’ obole que vous estimerez devoir au monastère pour son accueil.medium_fralanclo.jpg

J’ai parcouru l’arc cistercien de l’Europe, du nord-est au sud-ouest : depuis Eberbach, aux confins de la Hesse, près de Mayence, dissimulée dans le repli secret d’un vallon proche du Rhin -le Nom de la Rose y fut tourné - à la splendeur élancée d’Alcobaça, au confluent de l’Alcoa et du Baça, entre Coïmbra et Lisbonne.
Même austérité grandiose, même organisation des lieux de repos, de travail et de prière.

À Melleray, j’ai souvenir que le scriptorium fut, dès la vulgarisation de l’informatique, un atelier de PAO.
Et dès qu’un ou deux ou trois ordinateurs rassemblent leur écran, je ne puis m’empêcher de rêver à la gravité studieuse et silencieuse des cisterciens de naguère, écrivants obscurs et patients qui copient, commentent, annotent, et illustrent ; tels leurs descendants laïcs et païens de l’ABU et d’ATHÉNA, la semaine dernière, ici, évoqués .

Le soir de cette visite, nous étions à Meylan, petit village déjà landais aux confins du Lot-et-Garonne, du Gers et des Landes : les asperges, le magret aux figues et le Madiran nous éloignaient des maigres repas végétariens des copistes de Farlan.

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