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dimanche, 02 avril 2006

un appel non dénué d'incongruité

Quand les ancêtres redoublent de férocité, écrivait Kateb Yacine !
Aurons-nous assez de rage pour les entendre ?

Reçu d'une amie qui le donna à une amie qui me le donne cette nuit.


L'appel des résistants

Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.

Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d' accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :

Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des " féodalités économiques " , droit à la culture et à l'éducation pour tous, une presse délivrée de l'argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l' Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau " Programme de Résistance " pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.

Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :
« Créer, c'est résister. Résister, c'est créer ».

Signataires
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.


à prolonger en alllant à alternatives-images.net

samedi, 01 avril 2006

Chronique portuaire de Nantes I

Des Origines à la fin du Moyen-Âge

Préhistoire.VESTIGES NANTAIS DE NAVIGATION PRÉHISTORIQUE.

Le Musée de Nantes possède, — sans parler de plusieurs pierres d'ancrage trouvées à Saint-Nazaire lors des travaux du bassin de Penhoët, — trois barques monoxyles qui constituent de curieux et vénérables vestiges de la navigation préhistorique.
Creusées chacune dans un seul chêne, au moyen, semble-t-il, de la pierre ou du feu, ce qui les fait remonter à une époque antérieure à l'âge de bronze dans notre région, c'est-à-dire vers le VIIe siècle avant l'ère chrétienne, elles furent draguées en Loire dans le courant du siècle dernier, et, à en juger par leur forme, servaient exclusivement à la navigation en eau paisible, tout au plus à la navigation fluviale.

Longues, effilées, à fond plat et à bordage à peine accusé, véritables périssoires, mais périssoires que seize hommes vigoureux parviennent à peine à porter, elles étaient, en effet, absolument impropres à la navigation maritime ; et l'on peut même douter qu'elles aient pu affronter sans danger un voyage un peu long en Basse-Loire. Elles servaient donc uniquement à la pêche le long des rives ou en marais, et aux communications entre les îles du fleuve et les cités lacustres des peuplades primitives.

Indépendamment de ces trois barques monoxyles, qui, incomplètes de la poupe, mesurent de 5 à 6 mètres de long sur 0 m.72 de large, un certain nombre d'embarcations semblables furent également draguées en Loire à différentes époques. (1)

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(1) Express de l’Ouest, n° des 16 et 23 juin 1908.



Époque gauloise.NANTES ET CORBILON

D'après Strabon, il existait sur la Loire, dès le IVe siècle avant J.C, un important « emporium » ou marché, comparable à celui de Marseille sur la Méditerranée ; et nous voyons que vers 250 avant l'ère chrétienne, Scipion, désireux de vérifier les assertions du voyageur Pythéas, fit interroger des marchands et navigateurs de Corbilon après avoir écouté ceux de Marseille et de Narbonne.

Au dire des anciens géographes, cet « emporium », qui disparut avant l'occupation romaine, était un port très important ; port d'embarquement pour la Grande-Bretagne, et port de relâche sur l'Océan pour les navigateurs de la Méditerranée. Toutefois, il est pour ainsi dire impossible de fixer sur l'embouchure de la Loire remplacement même approximatif de ce port gaulois. Tandis que les uns le reculent jusqu'à Blois, ce qui est sans doute un peu loin de la mer, d'autres le placent à Saint-Nazaire, ce qui, par contre, s'en rapproche peut-être un peu trop. Enfin, une opinion respectable, s'appuyant sur l'antiquité incontestable de Nantes, identifie notre port avec ce mystérieux « emporium » gaulois, comme étant le seul point du fleuve où les vaisseaux de mer pouvaient vraisemblablement trafiquer avec les barques de l'intérieur (1).

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(1) Annales de la Société Académique. 1890, pp. 363-4.


Tirées de Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908.