samedi, 01 avril 2006
Chronique portuaire de Nantes I
Des Origines à la fin du Moyen-Âge
Préhistoire. — VESTIGES NANTAIS DE NAVIGATION PRÉHISTORIQUE.
Le Musée de Nantes possède, — sans parler de plusieurs pierres d'ancrage trouvées à Saint-Nazaire lors des travaux du bassin de Penhoët, — trois barques monoxyles qui constituent de curieux et vénérables vestiges de la navigation préhistorique.
Creusées chacune dans un seul chêne, au moyen, semble-t-il, de la pierre ou du feu, ce qui les fait remonter à une époque antérieure à l'âge de bronze dans notre région, c'est-à-dire vers le VIIe siècle avant l'ère chrétienne, elles furent draguées en Loire dans le courant du siècle dernier, et, à en juger par leur forme, servaient exclusivement à la navigation en eau paisible, tout au plus à la navigation fluviale.
Longues, effilées, à fond plat et à bordage à peine accusé, véritables périssoires, mais périssoires que seize hommes vigoureux parviennent à peine à porter, elles étaient, en effet, absolument impropres à la navigation maritime ; et l'on peut même douter qu'elles aient pu affronter sans danger un voyage un peu long en Basse-Loire. Elles servaient donc uniquement à la pêche le long des rives ou en marais, et aux communications entre les îles du fleuve et les cités lacustres des peuplades primitives.
Indépendamment de ces trois barques monoxyles, qui, incomplètes de la poupe, mesurent de 5 à 6 mètres de long sur 0 m.72 de large, un certain nombre d'embarcations semblables furent également draguées en Loire à différentes époques. (1)
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(1) Express de l’Ouest, n° des 16 et 23 juin 1908.
Époque gauloise. — NANTES ET CORBILON
D'après Strabon, il existait sur la Loire, dès le IVe siècle avant J.C, un important « emporium » ou marché, comparable à celui de Marseille sur la Méditerranée ; et nous voyons que vers 250 avant l'ère chrétienne, Scipion, désireux de vérifier les assertions du voyageur Pythéas, fit interroger des marchands et navigateurs de Corbilon après avoir écouté ceux de Marseille et de Narbonne.
Au dire des anciens géographes, cet « emporium », qui disparut avant l'occupation romaine, était un port très important ; port d'embarquement pour la Grande-Bretagne, et port de relâche sur l'Océan pour les navigateurs de la Méditerranée. Toutefois, il est pour ainsi dire impossible de fixer sur l'embouchure de la Loire remplacement même approximatif de ce port gaulois. Tandis que les uns le reculent jusqu'à Blois, ce qui est sans doute un peu loin de la mer, d'autres le placent à Saint-Nazaire, ce qui, par contre, s'en rapproche peut-être un peu trop. Enfin, une opinion respectable, s'appuyant sur l'antiquité incontestable de Nantes, identifie notre port avec ce mystérieux « emporium » gaulois, comme étant le seul point du fleuve où les vaisseaux de mer pouvaient vraisemblablement trafiquer avec les barques de l'intérieur (1).
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(1) Annales de la Société Académique. 1890, pp. 363-4.
Tirées de Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908.
18:05 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
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