Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 19 avril 2006

Pour Jo Le Meudec instituteur et paysan breton

La camarde passe trop souvent en ces jours dans l'environ des amitiés. Avant-hier, en mer, sous la pointe de Grand'Mont, message de Col, l'amie : "Jojo est mort !"

L'horizon à nouveau obscurci, la rage de la vie contre l'effacement de ce visage de l'ami.
Et la gorge qui se noue parce que monte la mémoire d'années ensoleillées au bord d'un désert que, côte à côte, nous aimions, nous, enfants des bocages humides et verts d'Ouest, pour sa minéralité dure et son ascétique sécheresse.
C'était au temps d'une Indépendance encore belle d'avenir.

Jo Le Meudec, fils de paysans bretons, y enseigna trois ans les petits Chaouias. Sa patience d'éducateur et de jardinier fit merveille dans cette petite palmeraie de Chetma au pied de l'Amahdou, ce djebel des Aurès qu'on nomme la"Joue" qui rosissaitt au soleil couchant, quand nous allions à l'eau courante et fraîche des "séguia" délasser nos corps assèchés de poussiére.

Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quitté. Où s’étourdit notre affection ? Cerne après cerne, s’il approche c’est pour aussitôt s’enfouir. Son visage parfois vient s’appliquer contre le nôtre, ne produisant qu’un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n’existe nulle part. Toutes les parties — presque excessives — d’une présence se sont d’un coup disloquées. Routine de notre vigilance... Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée.
Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.
À l’heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d’énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l’archer, cette fois, ne transperce pas.


René Char
Quitter
in La parole en archipel

Gallimard, 1962.
L'éternité à Lourmarin fut écrit pour la mort d'Albert Camus

08:25 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (8)

Commentaires

Maintenant il va y avoir l'absence… c'est dur.

Écrit par : La Fanchon | mercredi, 19 avril 2006

Merci Jacques pour ce magnifique texte. Je crois pouvoir dire sans me tromper qu'il a vécu ses plus belles années en Algérie auprès de maman et Gildas, toi et Rabia, Jo et Colette...
Mon fils Aurélien a écrit ce petit mot à papy avant notre départ pour Tilh dans les Landes :
"Je t'ai aimé
Je t'aimerai
Tu m'as aimé
Tu m'as quitté."
Le tunnel dans lequel je me trouve est bien long et bien sombre et je ne sais quand je percevrai la moindre petite lueur...Pap va sûrement m'y aider.
Gwenaëlle.

Écrit par : LeMeudec-Dos Santos | samedi, 06 mai 2006

merci Jacques, d'avoir été là. J'ai enfin le texte que j'ai écrit, j'ai dû le retapé, mon ordi a planté évidemment. Peux tu m'envoyer ton email perso que je te l'envoie. Je descends Mam chez elle samedi après midi, on a décidé de passer te voir à Nantes un autre jour, en prenant notre temps, vers le mois de juin peut être. Nantes n'est qu'à 2 heures après tout... Et il faut prendre le temps de se faire plaisir. Ton blog est très bien.
A bientôt sur la toile. merci encore.
Gildas

Écrit par : LE MEUDEC Gildas | mercredi, 10 mai 2006

Gildas, Envoie ton adresse par courriel à dachlmat@voila.fr

Écrit par : grapheus tis | jeudi, 11 mai 2006

je viens de lire quelques mots sur Jo Le Meudec instituteur et paysan breton.je suis un de ses eleves a chetma jusqu'au CE2 est ce que je peux en avoir des nouvelles de sa famille,ses photos ou celles de madame qui m'a enseigné aussi.
merci

Écrit par : boukellala | jeudi, 04 janvier 2007

Cher Boukellala,
Votre commentaire me touche beaucoup. Seulement, il faut que vous m'indiquiez votre adresse e-mail, pour que je puisse correspondre avec vous.

Adressez à dachlmat@wanadoo.fr

Écrit par : grapheus tis | dimanche, 07 janvier 2007

Je cherche à entrer en contact avec Gildas LE MEUDEC quelqu'un peut-il lui communiquer mes coordonées?
Merci

Écrit par : Jean Pierre GUILLE | jeudi, 07 mai 2009

Bonjour,
je suis natif de Chetma (né 1962) et les commentaires m'ont touché surtout quand on sait que Jo a vécu sur une terre qu'il a aimé tant. Peut-on savoir en quelle période il était à Chetma et cobien il a resté ? Aviez - vous des photos ou de documents concernant cette période ? merci
Amicalement

Écrit par : Djedidi Mohamed | samedi, 11 décembre 2010

Les commentaires sont fermés.