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samedi, 30 juin 2007

de amicitia

Centenaire Char


«... l'envie d'écrire des poèmes ne s'accomplit que dans la mesure précise où ils sont pensés et sentis à travers de très rares compagnons.»


«... C'est une lettre silencieuse que j'aurais aimé vous écrire, comme la planche de Parménide dont parle Nietzsche, celles-là sont seules pleines de ce qui convient. »


René Char à Albert Camus

vendredi, 29 juin 2007

lectures au mouillage

J’avais emporté, ajoutés aux Pléiades de Char et de Perse, un Sollers et un Quignard, j’aime bien ces “sauts et gambades”, feuilletages nonchalants au hasard de quelques moments de solitude au mouillage.

De Sollers donc, L’Étoile des amants. Du roman à la Sollers : une dame, plutôt jeune femme, cette fois c’est Maud, de longues énumérations rarement fastidieuses — entre la page 33 et la page 37, cinq, dont une longue d’ornithologie marine, les autres oscillant entre substantifs animaliers et verbes d’actions amoureuses — et de longues, plus longues encore, citations dont le lecteur doit identifier la source et l’auteur — ici, il s’agirait de très vieux textes orientaux.
Et une île, Ré, sans doute qui, de roman en roman, se dessine au long des matins, des soirs, des nuits, des plages, des nages et des brises légères. Un océan vu d’une île par un terrien comme la Mer de Debussy est une mer entendue depuis les planches d’une plage de Manche.
Lecture légère comme littérature allégée.
Une fois par an, prenez une ou deux femmes, une île, ou une ville, des énumérations, des citations, cette fois d’un philosophe, Nietzsche par exemple, cette autre fois d’un poète, Rimbaud, tiens, et vous obtenez une ponte annuelle de 200 à 500 pages selon l’étendue de l’œuvre abordée et des citations extraites.

Le Quignard, c’est autre chose, c’est un blogue à l’antique ; depuis les Petits traités, il cultive le genre du texte bref — d’une à dix pages — et court de d’une extrémité à l’autre de notre histoire d’Occident.
Surgissent souvent une fêlure, ou des cruautés. J’avais pris Les Paradisiaques qui nous épargnent le plus ces infimes blessures.
C’est d’une érudition qui confine au déjanté et la crudité témoigne d’une pensée dégagée de tous péchés.

Je ne suis pas méchant, j’aime bien l’un et l’autre, l’un plus que l’autre, certainement, mais ces temps-ci, Sollers et Quignard ne m’aident guère à vivre.

J'ai retrouvé sur ma table la Correspondance Camus/Char. Je suis loin d'avoir oublié le centenaire et avec ces tant vieilles amitiés qui resurgissent de l'adolescence, il y a provende.

jeudi, 28 juin 2007

Chronique portuaire LV

1757. — LE " MARÉCHAL- DE-RICHELIEU " .

En 1757, le corsaire nantais le Maréchal-de-Richelieu s'empara des Anglais GRENESEY et AMITIÉ ; puis, avec le concours d'un vaisseau du Roi, amarina l'Anglais le PRINCE-GUILLAUME (1).

1758. — LES CORSAIRES '”LA PALUD " ET LE " COURTEILLE ".

Armés aux ordres du Roi par les Marchands à la Fosse : Abraham Boudou et Gaillard, les deux corsaires la Palud et le Courteille sortaient ensemble de la Loire le 28 mars 1758.
La Palud, frégate de 400 tx., 24 can., 4 pier. et 142 h., était commandée par le capitaine Julien-Edouard Tanquerel ; le Courteille, frégate de 305 tx., 20 can. et 116 h., était placé sous les ordres de Jean-Nicolas Arreau.
Séparées par une brume épaisse, les deux frégates se perdaient de vue le 4 avril, et continuaient, chacune pour leur compte, la croisière commencée.

La Palud amarinait le 10 un brigantin anglais ; puis reprenait sur les Anglais, le 18, un brigantin de Brest, la MARIE ; enfin s'emparait le 7 mai d'un autre Anglais.

De son côté, le Courteille capturait le 5 avril un petit brick anglais ; et soutenait en mai un terrible combat contre une frégate de la marine royale anglaise deux fois plus forte que lui, et la forçait à amener pavillon. Dans l'impossibilité de prendre à son bord tout l'équipage de cette frégate ainsi que sa cargaison, et ne pouvant, d'autre part, en raison de ses avaries, la faire conduire dans un port français, le capitaine Arreau abandonnait sa prise, après avoir cependant rasé ses mâts, jeté ses canons à la mer, et emporté ses provisions et ses munitions,
Pour ce beau fait d'armes, le capitaine Arreau devait être décoré de la Légion d'Honneur sous l'Empire (2).


1760. — UN NEVEU DE CASSARD.

On lit dans un dossier des archives du Ministère de la Marine, intitulé : Cassard, Marine, 12 septembre 1760 :
« ...Le sieur Cassard, officier de la marine marchande, navigue depuis seize ans. Il a fait quatre campagnes pour le service de S. M. Il était embarqué sur la frégate la Blonde, en qualité de second, dans l'expédition du sieur Thurot sur la côte d'Irlande, et il a perdu un œil dans le combat qu'à soutenu ledit sieur Thurot. Il avait déjà reçu deux blessures dans un combat sur la frégate Therpsicore. Il est neveu du feu sieur Cassard, capitaine de vaisseau, dont la mémoire est en recommandation dans la marine » (3).
____________________________________________________________________________

(1) A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 170.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 208-10.
(3) Bulletin de !a Société Archéologique de Nantes, t. 14, pp. 242-3.

mercredi, 27 juin 2007

parce que c'était lui parce que c'était moi

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« Aux soirs de grande sécheresse sur la terre, nous deviserons des choses de l’esprit. Choses probantes et peu sûres. Et nous nous réjouirons des convoitises de l’esprit... »
Saint-John Perse
Amitié du Prince
La Gloire des Rois.


Depuis deux ans, nous attendions de croiser ensemble.
Nous nous étions quittés en août 1955 sur les bords de l'Odet. La veille, nous avions débarqué la cargaison de thons d'une marée de trois semaines ; son père était patron-pêcheur de Douarnenez.
Cinq ans durant, nos adolescences catholiques fréquentèrent les mêmes bancs de salle d'études — il me précédait d'une année — et de chapelle, chez les Bons Pères, les mêmes terrains de foot-ball et les mêmes pistes d'athlétisme : nous étions volontiers "olympiques".
En novembre 2005, cinquante ans plus tard, nous nous étions quittés... la veille !
Nous avons seulement ajouté à l'amitié la passion de la mer et de la voile et une certaine épaisseur à nos corps d'athlètes de jadis.

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Des jours de mer s'annoncent pour Eon Vor et Dac'hlmat !
Longtemps encore, à croiser ensemble.
Si les dieux de la mer — qui n'existent pas plus que les autres — nous prolongent dans leur miséricorde, les vigueurs de notre jeunesse.

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mardi, 26 juin 2007

stèle du Driasker

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«... sous ses grandes amulettes de guerre agrafées de vieux cuivre, la rude bête arquée entre ses boucliers d’honneur, qui porte à ses crocs d’attelage, comme un amas d’entrailles et d’algues... »

Saint-John Perse
Amers
Chœur

lundi, 25 juin 2007

ciels pour marin(e)s breton(ne)s


Maugréantes les mers sous l'étirement du soir, comme un tourment de bêtes onéreuses engorgées de leur lait.
Murmurantes les grèves, parmi l'herbe grainante, et tout ce mouvement des hommes vers l'action.


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J'aurais aimé un phare pour qu'à nouveau JCB lève le nez de sa pelouse et se reprenne à rêver d'avoir été gardien de phare ; j'avais pensé aux Birvideaux — 2 éclats blancs, 6 secondes —, mais nous nous sommes écartés du plateau que ce phare balise.
Voilà donc, pour acquiescer au souhait de F, une galerie de ciels ; les dépressions atlantiques nous ont abreuvés de grands gris intenses et mouvants plus épiques que les bleus tropicaux. Les houles furent clémentes et Nicléane, la "peintureuse" qui est aussi et barreuse et dame d'artimon à bord de Dac'hlmat — la Dame du grand-mât, disaient les marins des voiliers longs-courriers de la femme du capitaine —a saisi ces "trouées de fièvre du ciel".

Chante, douceur, à la dernière palpitation du soir et de la brise, comme un apaisement de bêtes exaucées.
Et c'est la fin ce soir du très grand vent. La nuit s'évente à d'autres cimes. Et la terre au lointain nous raconte ses mers.

Saint-John Perse
Vents.

dimanche, 24 juin 2007

retour de mer

à André, l'ami d'adolescence, patron d'ÉON VOR

Après trois semaines de houles, de pluies, de vent et d'amitié, Dac'hlmat est à nouveau depuis la nuit dernière au mouillage de Vilaine.

Pour me relier à nouveau à celles et ceux qui fréquentent les modestes parages de ce blogue.

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Aux Glénan, calme d'un matin de juin


«... Il a plu, c’est le jour. Lune couleur d’alun. Et le ciel au levant prend couleur de sarcelle. À toute grâce, bienvenue !
L’aube d’Été est, sur la mer, le premier pas d’amante nue hors de son linge foulé bas...
Et peut-être n’a-t-il plu : si douce, ô pluie, fut ton approche... »

Saint-John-Perse
Strophe,
Amers.

lundi, 04 juin 2007

larguez !

Ils ne font jamais pompeux, ces mots, quand on les lit sur les houles.

... Plus loin, plus loin, où sont les premières îles solitaires — les îles rondes et basses, baguées d'un infini d'espace, comme des astres — îles de nomenclateurs, de généalogistes; grèves couvertes d'emblèmes génitaux, et de crânes volés aux sépultures royales...

... Plus loin, plus loin, où sont les îles hautes — îles de pierre ponce aux mains de cent tailleurs d'images; lèvres scellées sur le mystère des écritures, pierres levées sur le pourtour des grèves et grandes figures averses aux lippes dédaigneuses...

... Et au-delà, les purs récifs, et de plus haute solitude — les grands ascètes inconsolables lavant aux pluies du large leurs faces ruisselantes de pitié...

... Et au-delà, dernière en Ouest, l'île où vivait, il y a vingt ans, le dernier arbrisseau : une méliacée des laves, croyons-nous — Caquetage des eaux libres sur les effondrements de criques, et le vent à jamais dans les porosités de roches basaltiques, dans les fissures et dans les grottes et dans les chambres les plus vaines, aux grandes masses de tuf rouge...


Saint-John Perse,
Vents, IV, 2.

dimanche, 03 juin 2007

phares et livres

trois semaines durant, le blogue s'affichera dans un silence blanc. Les cybercafés et cyberbases sont rares en Bretagne-sud et je n'ai ni carte Airport, ni "ouiphi" pour relier mon petit Mac à mes phalanstères.

M'en vas — enfin ! — en mer. Pas loin, mais en mer. J'emporte — FB m'a "contaminé" — mes Pléiades "Char" et Perse".
Pierres et vent, quoi !
Je n'irai donc point rencontrer FB au Lieu Unique pour la présentation de ses "Déplacements". Dommage, dommage.
Sortant de l'estuaire de Vilaine, je vais seulement m'éviter des rognes à propos des manifestations qui prétendent célébrer de façon "branchée" et populaire — une aporie, non ? — l'estuaire de Loire.
FB n'y est pour rien, c'est l'homme qui dirige le Lieu Unique et qui est aussi l'instigateur d'Estuaire 2007 qui suscite mon ire.
Mes préférences nantaises vont plutôt au "petit" homme qui agite les Folles Journées... Les vieux cons ne se refont pas !

Je penserai fort à JCB.
N'allant pas en Iroise cette fois, je ne pourrai contempler Ar-Men. Ni Kéréon — celui dont je rêve.
Je vais arrondir les Cardinaux dans le sud-est d'Hoëdic et les Birvideaux entre Belle-Île et Groix. Plus humbles, moins exposés aux vents et aux courants...
Quoique !

vendredi, 01 juin 2007

commencer le mois par les mots

Char centenaire


Comme les larmes montent aux yeux, puis naissent et se pressent, les mots font de même. Nous devons seulement les empêcher de s’écraser comme les larmes, ou de refouler au plus profond.
Un lit en premier les accueille : les mots rayonnent. Un poème va bientôt se former, il pourra, par les nuits étoilées, courir le monde, ou consoler les yeux rougis. Mais pas renoncer.

Le Bâton de rosier, X


Quand les larmes font écrire, pour continuer de vivre.