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mardi, 31 juillet 2007

mat ! le grand Bergman !

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Tous les écrans du monde devraient s'en obscurcir.

jeudi, 26 juillet 2007

un archipel ? au delà ?

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Pour saluer François J. qui a choisi Molène pour la dispersion de ses cendres.
Retour de mer et de passage, trop brièvement, dans "mon jardin", j'envoie ce message par delà l'horizon vers je ne sais trop quel archipel inespéré : cette image et un aphorisme qui procèdent de l'harmonie des contraires.

La parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut.
René CHAR
Recherche de la base et du sommet

vendredi, 13 juillet 2007

blogue chaotique...

Dac'hlmat, avec son équipage féminin — petites-filles, mère, grand-mère — et le "vieux marin", largue à nouveau pour quinze jours, soleil ou pas soleil.
Mais sur mer !

Le comique de la Biennale de l'Estuaire s'augmente : le Canard crevé qui n'a jamais pu flotter, la maison gîtée qui ne pouvait que couler... Les commanditaires avaient-ils oublié qu'avec un mécène comme Total c'était le mieux qui pouvait leur arriver.
Seule, la première ÉLUE de ma petite commune, vice-présidente du conseil générale et grand cœur rebelle, a eu le courage de mettre en lumière l'ambiguité de ce partenariat.

«...Je persiste à penser qu'à cause de l'Érika, nous aurions dû refuser cet argent-là pour Estuaire 2007. Par principe. Pour que tout ne soit pas brouillé. parce qu'on a pas besoin des "bonnes œuvres" de TOTAL, mais d'entreprises respectueuses des hommes, de la planète, de leur parole. »

Merci, Françoise !
On aurait souhaité une telle lucidité de la part de monsieur Jean Blaise, patron du Lieu Unique et grand ordonnateur de cette Biennale de mauvais bricolages que d'aucuns — ils y croient dur comme fer — veulent transmuer en ratages qui auraient pu être — paraît-il ? — extraordinaires ! À propos de ce mécénat,sur FR 3, le dit Blaise s'était emberlificoté dans des arguties aussi épaisses et noirâtres que les plaques de fioul qu'il n'alla, en 1999, sans doute jamais ramassées .

Dans le grand "raout" organisé autour de Char à Avignon — vaguement entendu, lundi dernier, chez Lebrun, des bégaiements sur les Feuillets d'Hypnos —, publier la lettre si sobre de Camus ne pouvait susciter de ma part que silence.
Monsieur Terzieff, revenez-nous donc vite avec votre René Char en poche !

sur un poignet sectionné

Centenaire Char


Le Tour de France — sera-t-il moins "pourri" que les années précédentes ? — me ramène à Char. L'étape d'Autun ne peut que me pousser à ouvrir à nouveau La Nuit talismanique, à lire avec une plus grande lenteur Relief et louange, tout en regardant avec ardeur cette mince carte d'un bas-relief où s'étend dans un verger Ève, Ève d'Autun.
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Du lustre illuminé de l'hôtel d'Anthéor où nous
coudoyaient d'autres résidents qui ignoraient
notre alliance ancienne, la souffrance ne fondit
pas sur elle, la frêle silhouette au rire trop
fervent, surgie de son linceul de l'Epte pour
emplir l'écran rêveur de mon sommeil, mais sur
moi, amnésique des terres réchauffées. Le jamais obtenu,
puisque nul ne ressuscite, avait ici un
regard de jeune femme, des mains offertes et
s'exprimait en paroles sans rides.

Le passage de la révélation à la joie me précipita
sur le rivage du réveil parmi les vagues de
la réalité accourue ; elles me recouvrirent de leurs sables bouillonnants.
C'est ainsi que le caducée
de la mémoire me fut rendu. Je m'attachai une
nouvelle fois à la vision du second des trois
Mages de Bourgogne dont j'avais tout un été
admiré la fine inspiration. Il risquait un œil
vers le Septentrion au moment de recevoir sa
créance imprécise. À faible distance, Ève d'Autun,
le poignet sectionné, ferait retour à son cœur
souterrain, laissant aux sauvagines son jardin
saccagé. Ève suivante, aux cheveux récemment
rafraîchis et peignés, n'unirait qu'à un modeleur
décevant sa vie blessée, sa gaieté future.

Relief et louange

L'onirisme du premier paragraphe ne peut qu'émouvoir celui qui retrouve dans le sommeil les gestes d'une amante disparue." Le jamais obtenu" me bouleverse dans son irréversible déchirure.
Et pourtant cette joie au matin pour "un regard" et des "paroles sans rides".
L'obscur du second paragraphe laisse remonter des bribes qui me ramènent aux textes "serpentaires" : "le caducée de la mémoire", et cette main au poignet sectionné qui cueille la pomme conduisent au quatrième Fascinant : le Serpent (note du 24 février).
L'Ève suivante porte-t-elle la joie imméritée ?

Je crois qu'en août, je passerais volontiers par Autun pour caresser le poignet de cette Ève et rencontrer le second des trois Mages de Bourgogne.

jeudi, 12 juillet 2007

Chronique portuaire LVI

Elle est brutale, cette note de Paul Legrand ; elle montre bien que le souci de "karchériser" ne date point des seules déclarations de l'actuel président de la République.
NDLR


Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution


1762. — LES NOIRS À NANTES EN 1762.

L'Amirauté de Nantes était saisie le 22 juin 1762 d'une plainte des officiers de police, relative au grand nombre de Noirs esclaves que les capitaines et négociants introduisaient dans la ville au mépris des Règlements. Au dire de ces officiers, Nantes était envahie par une population de Nègres qui la faisaient ressembler à une ville tropicale bien plus qu'européenne. Ces esclaves, aussi inutiles que dangereux, s'assemblaient en bandes nombreuses sur les places publiques et les quais, et poussaient l'insolence jusqu'à insulter les habitants le jour, et à troubler leur sommeil la nuit par leurs querelles et leurs cris.
L'Amirauté fit droit à cette requête, et fit afficher les Règlements relatifs à l'Introduction des Noirs esclaves en France (1).


1765. — LE PORT DE NANTES EN 1765.
À l'article Nantes, par Louis de Jaucourt, on lit dans la première Encyclopédie de Diderot :
« L'Université de Nantes fut fondée vers l'an 1460, mais c'est l'Université du commerce qui brille dans cette ville. Ils arment tous les ans plusieurs navires pour la traite des Nègres dans les Colonies françaises. Le débit de toutes sortes de marchandises est plus aisé et plus vif à Nantes que dans les autres villes du royaume » (2).

CAMPAGNE DE DU CHAFFAULT EN 1765.

En mai 1765, Du Chaffault, promu l'année précédente au grade de Chef d'escadre, reçut l'ordre de se porter sur les côtes marocaines et d'en détruire les villes maritimes, véritables repaires de pirates. II partit avec six vaisseaux et frégates, deux chébecs dont l'un commandé par de Suffren, et deux galiotes à bombes. Les 2, 8 et 11 juin, il bombardait Salé ; puis Larrache, les 26 et 28 juin. Malheureusement, le capitaine de Latouche-Beauregard engagea trop loin dans la rivière ses canots chargés de troupes de débarquement ; il eut la tête tranchée, et 300 hommes furent massacrés (3).
________________________________________________________

(1) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. III, p. 225.
(2) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 292.
(3) O. TROUDE, Batailles navales de la France, t. I, pp. 435-6.
Revue du Bas-Poitou, année 1906, p. 119.

RAPPEL

Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

mercredi, 11 juillet 2007

de amicitia III

Centenaire René Char

122. — ALBERT CAMUS À RENÉ CHAR
[Paris] vendredi 18 mai 1956

Cher René,

Je viens de relire La bibliothèque est en feu. Vous n'avez jamais mieux ajusté l'un à l'autre une certaine liberté et un cerain malheur. Ceux qui sont, jour après jour, affrontés à la « bouillie de fer » s'appuient sur vous, écoutent votre voix comme la leur. C'est vrai. Avant de vous connaître, je me passais de la poésie. Rien de ce qui paraissait ne me concernait. Depuis dix ans au contraire, j'ai en moi une place vide, un creux, que je ne remplis qu'en vous lisant, mais alors jusqu'au bord.
Qu'allons-nous devenir est une question qui n'a pas de sens. Nous sommes devenus. Je le sais en vous lisant. Nous avons seulement à fructifier, de nos propres fruits, quoique dans l'hiver. La question est seulement de savoir ce que la vie, ou du moins ce qu'il y a en elle d'adorable, va devenir.
Cela seul suffit à faire souffrir. Mais si nous sommes malheureux, du moins nous ne sommes pas privés de vérité. Cela, je ne le saurais pas tout seul. Simplement, je le sais avec vous.
Très affectueusement.
A.C.


Réf. : Albert, Camus, René Char, Correspondance 1946-1959, Gallimard, mai 2007.

dimanche, 01 juillet 2007

de amicitia II


« Chance... que l’amitié ait pris entre nous cette force qui enjambe l’absence... »
Camus à Char, janvier 1954


En feuilletant parallèlement et par hasard, chez Co et Jo, un chaleureux livre d'amitié, Le marin à l'ancre, quand, épistolairement (!) Bernard Giraudeau fait "voyager" Roland, son copain en fauteuil. La sensualité y est belle, plus populaire certes, mais
« Ré n'est pas Nuku Hiva. »
C'est certain, mais moi qui, comme vous, Bernard Giraudeau, ai abordé les deux îles, je ne suis pas sûr que, dans l'instant où l'une et l'autre nous sont apparues sur l'horizon, il n'y ait pas eu la même émotion. Comme ce soir encore quand la mémoire les fait à nouveau surgir pour des partages amicaux.
Je lis avec bonheur et Giraudeau et Camus.