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Chronique Portuaire de Nantes LXXXVII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1810. — LE CAPITAINE GATIEN LAFONT.Par suite de la trahison d'un pilote du pays, la goélette nantaise la Jeune-Louise, armée par MM. Benjamin Coquebert et Cie, était soudainement attaquée et amarinée par une frégate anglaise, sur les côtes de Hollande, le 9 novembre 1810, et son capitaine Gatien Lafont, tué sur sa dunette.Gatien Lafont, l'un de nos meilleurs capitaines Corsaires, était né le 13 février 1768 ; engagé comme mousse, puis second pilote sur l'aviso du Roi, l'Expédition, en 1788 ; premier lieutenant en second sur la Bonite, de Nantes, en 1791 ; puis capitaine de l'Actif de Nantes, de 12 can., 12 pier, et 96 h, ; il avait déjà, à l'âge de vingt-huit ans, accompli plusieurs croisières heureuses. En 1798, il prenait la mer sur le Papillon, de Nantes.Enfin, le 8 avril 1807, alors qu'il commandait l'Austerlitz, de Nantes, il fut pris après une chasse de douze heures par la frégate anglaise, I'ÉMERAUDE, le 13 avril 1807, et conduit en Angleterre où il demeura dix-huit mois prisonnier (1).1811. — LE CAPITAINE FRANÇOIS AREGNAUDEAU ET LE "DUC-DE-DANTZIG".Le corsaire nantais le Duc-de-Dantzig, brick de 291 tx., construit à Nantes en 1803, armé de 14 can. et monté de 103 h., sortit de la Loire le 16 juin 1811, pour une campagne de Course.Le 13 décembre, le capitaine du corsaire la Gabelle, débarquant à Morlaix, annonçait : « que le corsaire le Duc-de-Dantzig détruisait le commerce des Iles. Il change sa croisière à chaque instant et n'expédie aucun navire... On peut juger du dégât qu'il a fait par le chiffre des croiseurs anglais mis à sa poursuite et à sa recherche ; ils sont au nombre de treize, dont sept frégates ».Ce furent les dernières nouvelles que Nantes reçut de l'un de ses meilleurs corsaires, qui se fit probablement couler à la suite d'un épouvantable combat, écrasé par le nombre des ennemis acharnés à sa poursuite.Il était commandé par le brave capitaine François Aregnaudeau.Né à Nantes le 22 août 1774, Aregnaudeau avait débuté, en 1793, avec le grade d'enseigne, sur le corsaire le Sans-Culotte-Nantais, dont il fut lui-même capitaine en 1799.Après avoir commandé plusieurs navires étrangers à Nantes, il y revint pour s'embarquer sur le Duc-de-Dantzig, à bord duquel il fit d'heureuses campagnes avant son funeste départ du 16 juin 1811. Décoré de la Légion d'honneur en 1804, il avait reçu un sabre d'honneur des mains de l'Impératrice, lors de son passage à Nantes, en 1808 (2)._____________________________________________________________________________________(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 328-340.(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 409-420. E. PIED, Notices sur les rues de Nantes, p. 10.
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Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908 Pages scannées par grapheus tis

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jeudi, 27 mars 2008 | Lien permanent

Chronique Portuaire de Nantes LXXXIV

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1806. — ALLAGOUSSE ET L' " AMI-NATIONAL ". Le lougre de l'État l’Ami-National, commandé par le capitaine nantais Allagousse, en croisière sur les côtes de Bretagne rencontrait, en février 1806, le cutter anglais la VÉNUS, de 8 canons de fort calibre, commandé par un lieutenant de vaisseau. Les deux navires se joignirent dans la baie de Quiberon, et après un long et sanglant combat, l'Ami-National forçait la VÉNUS à amener pavillon (1). 1807.— ALEXIS GRASSIN ET LE " GÉNÉRAL-ERNOUF ". Depuis plusieurs mois déjà, la corvette anglaise la BARBARA, de 10 can. et 49 h,, surveillait les Antilles françaises, bloquant leurs ports et empêchant tout commerce sur leurs côtes ; lorsque le capitaine Alexis Grassin, commandant le corsaire nantais le Général-Ernouf, résolut de mettre fin à cette surveillance trop active, et sachant ne pas pouvoir lutter à forces égales contre la corvette anglaise, se décida à user de ruse. Le 15 septembre 1807, la BARBARA vit dériver dans ses eaux un lourd chaland du pays, chargé de fruits et de marchandises de pacotille, et manœuvré par quelques pêcheurs insouciants. Leur maladresse et leur gaucherie amusèrent fort les Anglais ; et lorsque les pêcheurs eurent obtenu l'autorisation de monter à bord pour proposer leurs victuailles, ils accostèrent au milieu des lazzis et se mirent en devoir de débiter leur cargaison. Tout-à-coup, et tandis que les matelots anglais se bousculaient autour des paniers d'ananas et d'oranges, cinquante gaillards sortaient des flancs du complaisant chaland, se hissaient en grappes forcenées sur les échelles, sautaient sur le pont, et courant directement aux coffres d'armes et aux râteliers de haches d'abordage, tombaient sur les Anglais et s'emparaient en quelques instants de la BARBARA. C'était l'équipage du Général-Ernouf, sous la conduite d'Alexis Grassin. Ce beau fait d'armes, ajouté à bien d'autres, valut la croix de la Légion d'Honneur au capitaine Grassin, qui mourut le 24 juin 1832 (2). LE CAPITAINE TUILIER ET LE " NEPTUNE ". Au moment où le Neptune, de Nantes, était enlevé par un corsaire anglais en face du Croisic, le 20 mai 1807, le capitaine Tuilier, sautant dans un canot avec deux hommes, faisait force de rames vers la côte. Arrivé à terre il courut au fort et obtint par ses pressantes sollicitations deux soldats et des armes. Avec ses quatre hommes il reprit la mer, revint à son navire, et se précipita avec furie sur les Anglais occupés à inventorier leur prise. Ceux-ci, stupéfaits de cette attaque soudaine et croyant à un renfort sérieux de Français, s'enfuirent à la hâte, laissant le brave Tuilier reprendre possession du Neptune, qu'il ramena triomphalement à Nantes. (3) ____________________________________________________________________________________ (1) Le Moniteur, n° du 28 février 1806. (2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 424-32. (3) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 422.

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jeudi, 06 mars 2008 | Lien permanent

Chronique Portuaire de Nantes LXXXI

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1800. — LE CORSAIRE LE "COURRIER ".En février 1800, le corsaire nantais le Courrier, cap. Pierre Amoux, croisait paresseusement par 47° 31' de long, et 17° 50' de lat. lorsque sa vigie signala par la hanche de tribord une voile qui grossissait rapidement sur l'horizon.Le capitaine Arnoux ordonna alors le branle-bas de combat, et reconnut bientôt dans le navire qui s'avançait un paquebot anglais : la PRINCESSE-ROYALE, venant des Iles-du-Vent.C'était un adversaire sérieux, bien monté en artillerie, avec un équipage nombreux et des soldats. Néanmoins le capitaine Arnoux fit hisser lepavillon, et serrant le vent fut bientôt par le travers du paquebot qu'il salua de deux bordées. L'Anglais risposta vivement et la lutte s'engagea, les deux navires se canonnant à portée de pistolet. Enfin, après une heure et demie d'opiniâtre combat, la PRINCESSE-ROYALE, craignant d'être enlevée à l'abordage par les matelots du Courrier, qui, massés sur les porte-haubans, leurs sabres à coquille aux dents, se préparaient à sauter sur son pont, amena pavillon anglais et se rendit au Nantais qui l'amarina (1).1801. — LE CAPITAINE MONCOUSU.C'est au combat d'Algésiras, livré le 6 juillet 1801 par l'escadre française de l'amiral Linois à la flotte anglaise de Saumarez, que périt le capitaine Moncousu, tué glorieusement sur le gaillard de l'Indomptable, de 90 can., qu'il commandait.Si Angers revendique l'honneur d'être la ville natale de Moncousu, — il y naquit le 26 août 1756, — Nantes peut se flatter par contre d'avoir été sa ville d'élection. Il y vint en effet de bonne heure s'y faire recevoir capitaine, y commanda plusieurs de nos navires, et enfin s'y maria.Sa carrière fut des plus brillantes. Sorti de la marine de commerce où il avait fait ses preuves, il passa dans celle de l'État, et commandait en second le cutter l'Expédition, qui combattait le cutter anglais le RAMBER, tandis que la Surveillante se couvrait de gloire en luttant contre le QUÉBEC. Il commanda ensuite le Redoutable, puis l'Indomptable à bord duquel il fut tué le 6 juillet 1801, à la veille de passer du grade de Chef de division à celui d'Amiral.La nouvelle de sa mort causa à Nantes un émoi considérable.______________________________________________________________(1) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et sous l’Empire, t., II, p. 427.(2) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. II, pp. 90 et suiv.
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jeudi, 14 février 2008 | Lien permanent

Chronique portuaire LVII

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1766. — ARMES ET DEVISE DE NANTES. À l'article Nantes, rédigé par Greslan, Hubelot et D***, du Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, par Expilly, on lit : « Cette ville est située fort avantageusement sur la rive droite de la Loire... Ses armes sont un vaisseau à la voile ; le fonds de gueules et le navire d'or ; les voiles d'argent au chef d'argent chargé de cinq hermines de sable, avec cette devise : « In te sperant, Domine, oculi omnium ». Nantes est donc dans le catalogue des villes célèbres qui ont un navire pour armoiries. Elle a cela de commun avec trois des plus célèbres villes de l'Univers : Athènes, Rome et Paris » (1). La devise de Nantes est plus exactement : Oculi omnium in te sperant Domine; et ce ne fut qu'à partir de 1816 que l'on vit apparaître comme devise officielle de la ville, l'insignifiant : « Favet Neptunus Eunti ». 1770. — VOYAGE DE SURVILLE SUR UN NAVIRE NANTAIS. En 1770, le navire le Saint-Jean-Baptiste, parti depuis près de deux ans pour un voyage autour du monde, revenait à Nantes. Construit aux chantiers nantais, sous la direction de Surville, chargé par les gouverneurs de Pondichéry et de Chandernagor d'un voyage de navigation et de découvertes, le Saint-Jean-Baptiste, armé de 32 can. et muni de trois ans de vivres se rendit d'abord dans l'Inde. De là, il appareilla le 3 mars 1769, sous les ordres de Surville, avec la mission, disait-on, de prendre possession d'une île fabuleusement riche, découverte depuis peu à sept cents lieues des côtes du Pérou. Après avoir reconnu plusieurs terres nouvelles, Surville fut contraint par le scorbut et la disette de cesser ses recherches et de gagner au plus vite la côte du Pérou, qu'il atteignit le 5 avril 1770. Malgré les représentations de son second, qui connaissait les dangers de cette côte, il voulut se rendre à terre dans une frêle barque par une mer houleuse, et traverser la barre de Chilca. L'embarcation chavira, et tous ceux qui la montaient se noyèrent, sauf un Malabar excellent nageur. Surville fut enterré à Lima, et le lieutenant Labbé prit le commandement du Saint-Jean-Baptiste qu'il ramena en France (2). _____________________________________________________________ (1) EXPILLY, Dictionnaire des Gaules, article Nantes (2) L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t, IV, pp. 443 et suiv.
RAPPEL Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

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jeudi, 02 août 2007 | Lien permanent

Pour ne point refermer ”Le Hussard” (5)

C'est le bon film de Rappeneau qui m'a fait réouvrir le Hussard. Il n'est pas fidèle au livre en son commencement, moins encore en sa fin. Il lit à sa manière. Pourquoi pas ? Elle est belle. À la manière d'un Tristan, d'une Yseult et d'un roi Mark indulgent ! Giono n'eût peut-être pas désavoué cette trahison à la mode de... Bretagne. Nous sommes loin des banalités d'un Marquand adaptant les Grands chemins ou d'un Marcel Camus avec le Chant du monde - étonnant Michel Vitold ; j'ignore Pagnol et ses "pagnolades", j'oublie Raul Ruiz et des Âmes fortes inhabitées. Pourquoi Giono n'a-t-il tourné que Crésus ? Quel film aurait écrit Bunuel, sollicité par Giono ? Je rêve de ce que pourrait encore nous donner à lire Bergman qui songea... C'est Bachelard qui surgit à la ènième lecture des pages de ce Hussard, le vieux lecteur qui écrit la Poétique de la rêverie : « ...il faut lire un grand livre deux fois : une fois en pensant... une fois en rêvant dans une compagnie de rêverie avec le rêveur qui l'a écrit... Comment être objectif devant un livre qu'on aime, qu'on a aimé, qu'on a lu dans plusieurs âges de la vie ? Un tel livre a un passé de lecture... » Combien de fois, de la première à la dernière page ? Parfois au hasard des pages, d'autres fois dans la recherche précise de tel ou tel passage, pages sages, pas sages ! Au gré du rêve et du bonheur des mots, des parfums, des images.

Un maquignon de Remollon vint présenter au bas des terrasses quatre ou cinq chevaux parmi lesquels se trouvait, une bête très fière qu'Angélo acheta d'enthousiasme. Ce cheval lui donna une joie sans égale pendant trois jours. Il y pensait. Il se voyait au galop. Chaque soir, Pauline mit une robe longue. Son petit visage que la maladie avait rendu plus aigu encore, était lisse et pointu comme un fer de lance et, sous la poudre et les fards, légèrement bleuté. « Comment me trouves-tu ? dit-elle. - Très belle. » Le matin du départ, Angélo rendit tout de suite la main au cheval qu'il avait lui-même, chaque jour, nourri d'avoine. Il pouvait être fier de cette allure. Il voyait venir vers lui au galop les montagnes roses, si proches qu'il distinguait sur leurs flancs bas la montée des mélèzes et des sapins. « L'Italie est là derrière », se disait-il. Il était au comble du bonheur.
Post-scriptum : • un site bien achalandé : Giono, le voyageur immobile. • Tout Giono est en poche et en Pléïade ! • Aux "amant(e)s" de La Binoche !

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mercredi, 01 février 2006 | Lien permanent

Cet autre 8 mai 1945

« Ils feront un arrêt ému à Sétif. À la gargote, Rabéa et Saïdi s’entretiennent longuement en arabe des événements de 1945. Quelle famille de l’est algérien n’a pas été concernée par ces massacres ? Lors d’une de leurs toutes premières rencontrées, Rabéa lui a dit la mort de son père, tué lors d'un assaut à Monte-Cassino. De sa mère, éventrée à Aïn-Malah, un village proche d'ici. Mais elle ne s’est point étendue, elle a très vite parlé de son grand-père..... Près de soixante après, que demeure-t-il de cette atrocité ? Quelques livres sur les massacres coloniaux. Qui a encore douleur de ces morts ? Sétif, Guelma et Kherrata, Perigotville et Fedj-Mezzana, Pascal et Colbert, Saint-Arnaud et Villars, Millésimo et l’horreur des fours à chaux d’Héliopolis ! On discute l’arithmétique du massacre. Mais ce qui importe c’est mémoire du sang paysan, le sang artisan, le sang des jeunes et des vieux. Ce qui importe, c’est mémoire de la paysanne au ventre doublement ouvert et souillé. À cette époque,il n’a lu que les pages de Nedjma.
« Lakhdar et Mustapha quittent le cercle de la jeunesse, à la recherche des banderoles. Les paysans sont prêts pour le défilé, – Pourquoi diable ont-ils amené leurs bestiaux ? Ouvriers agricoles, ouvriers, commerçants. Soleil. Beaucoup de monde. L’Allemagne a capitulé. Couples. Brasseries bondées. Les cloches. Cérémonie officielle ; monument aux morts. Contre-manifestation populaire. Assez de promesses. 1870. 1918. 1945. Aujourd'hui, 8 mai, est-ce vraiment la victoire ? Les scouts défilent à l’avant, puis les étudiants. ........................ L’hymne commence sur des lèvres d’enfants : De nos montagnes s’élève La voix des hommes libres...»
Il en sait quelque chose de ce 8 mai 1945, Yacine, il y était. Au commencement, les “arabes” ne fêtent, eux aussi, que la Victoire ; mais “on” leur a fait des promesses, non ? Leur faute, impardonnable, il est vrai, puisqu’ils vont être massacrés pour ce geste - c’est de déployer des drapeaux “algériens”, le Croissant et l’Étoile dessinés sur un fond mi-vert, mi-blanc par le leader indépendantiste, Messsali-Hadj ! La responsabilité devant l’Histoire se dilue jusqu’aux seconds couteaux : Achiary, Butterlin, Abbo et d’autres. Soit. Mais encore ! Le Grand Libérateur qui est l’Intouchable, a su, lui ! Il n’a rien dit ! Comme s’est tu son vice-président du Conseil, un certain Maurice Thorez ! Comme s’est tu un certain Tillon son ministre de l’Air ! Comme, dix-sept ans et cinq jours plus tard, en pérorant sur le balcon entouré de ceux qui, trois ans et quelques jours plus tard allaient lui chier dans ses bottes de cavalier du grand destin : sur la torture, il savait encore et il ne dit toujours rien. Il changeait seulement de point de vue sur l’Histoire. Comme Charonne et ses empalés, ses noyés, ses écrasés, ses étouffés par son préfet de police de Paris, Papon. Le pesant silence de ses Mémoires. Dix ans plus tard, en août 1955, - faut-il là aussi discuter l'arithmétique de l'horreur -l’odieux Zighout Youcef, en commandant les atrocités de Phillippeville, d’Aïn-M’lila ne fera que volontairement creuser l’amère fosse de cadavres qui séparera pour longtemps les deux communautés ........»
Les lignes ont été écrites en 1995. Beaucoup de chemin parcouru depuis dix ans. Ma lecture de Nedjma en 1958 est très succincte ; il ne s’agit que de quelques extraits, publiés dans le n°7/8 de la revue ESPRIT qui propose, en 1958, un panorama du Nouveau Roman. À Sétif, ce 8 mai 1945, Kateb Yacine, non seulement y était, mais il fut arrêté, interné, torturé. Il suffit de relire les pages 57 à 60. Avec grande pudeur, Kateb s’efface derrière le personnage de Lakhdar. Je l’avais rencontré, par hasard, au printemps 1965, dans un café “maure” de Sédrata. Je menais un recensement sur les enfants du coin, qui avaient sauté sur les mines de la ligne Morice. Je lui avais confié l’influence profonde que Nedjma et le Cadavre encerclé avaient eue sur mon parcours algérien. L’après-midi de ce jour-là, il m’emmena visiter le site de Khémissa. Nous nous entretînmes longuement de Augustin de Taghaste, de Dihya Al Kahina. Le Nadhor, lieu mythique du roman, est voisin de ces ruines qui gardent traces fabuleuses de la culture romano-berbère. En nous quittant, nous nous donnâmes une longue accolade. Cette année, l’ambassadeur de France en Algérie aurait fait “amende honorable”, à Sétif même. Ce ne sera pas, cependant, toujours aisé d’enseigner la mission civilisatrice de la colonisation ! En 1960, ils n’étaient que quelques-unes, quelques-uns, à tenter de combler l’amère fosse. La pourvoyeuse des maquis “fell” et l’ancien commando de chasse, en “ennemis complémentaires” et amants, commençaient de la combler à leur manière. Nous nous sommes tant aimés ! Quatre ans durant, jusqu’à ce que la camarde nous brise. Post-scriptum : • KATEB Yacine, Nedjma, Le Seuil, 1956. • Yves BENOT, Massacres coloniaux, 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, préface de François Maspéro, Coll. Sciences humaines et sociales, La Découverte/poche, 2001.

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dimanche, 08 mai 2005 | Lien permanent

la lecture estivale du vieillard

à Pierre C.
pour son entrée dans les Octantes
(et ce n'est pas un cadeau !)

 

Ailleurs, dans mon magazine actuel, c'est écrit  "Sur la plage, les pavés", "La liste noire de l'été". Et invariablement depuis, chaque été, ces références à des pavés, des plages et des paresses estivales. Sans doute y a-t-il de bons crus ? Je suis peu sensible à ces appâts éditoriaux.
J'ai plutôt mes "piles" de l'année. La première de 2013 fut celle de Camus (Albert !), elle est toujours en service. Mais, depuis au moins dix ans, j'ai une pile "Vieillesse" qui demeure sur la platine pas encore tout à fait obsolète de mes vinyles, et le plus consulté de la pile, c'est, de John Cooper Powys, L'art de vieillir. Powys, ce Gallois baroque, sensuel et délirant qui m'enchanta, dans les années 80, avec Le Déluge, le tome IV des Enchantements de Glastonbury.


La Vieillesse...recherche "l'oisiveté afin de retrouver son âme". Elle veut discourir, ruminer et réfléchir. Elle veut s'adonner à d'heureuses divagations.
Elle lit avec sa philosophie, elle lit avec ses réactions esthétiques, elle lit avec le bagage obscur, amorphe, inconstant de son expérience complexe, elle lit avec son être stupide, végétatif, avec sa passivité animale, avec la solitude de son égoïsme, avec l'humilité impersonnelle de son indifférente curiosité.
Elle déchiffre le monde sous le faisceau lumineux qui vient de la sphère extérieure de l'âme. Elle a surtout grand besoin d'une sensation très particulière qu'il exige de ses lectures, la sensation de la continuité de la vie.
... la Vieillesse, en revoyant les années passées, ne veut pas s'arrêter quand ses propres souvenirs commencent à s'estomper. D'instinct, elle fait appel à ceux de ses ancêtres, à ceux des hommes du temps jadis !
Ainsi donc, les livres qui font le mieux l'affaire sont ceux-là même que l'on ne saurait lire rapidement ou feuilleter. Ces ouvrages charrient les courants superficiels et profonds du fleuve de la vie tandis qu'il glisse entre les brumes d'un passé populeux et celles d'un avenir inhabité.
Ces livres ne seront pour ainsi dire jamais du genre à vous ensorceler, à vous hanter, à vous captiver ou vous galvaniser. Au diable, ces drogues envoûtantes n'offrant aucune difficulté que l'on ne puisse surmonter sans gros effort, aucune de ces pages vides à la banalité reposante, aucun plagiat académique plaisant autant que facile, aucune platitude humaine sans valeur artistique, aucun radotage désuet, aucun paysage herbeux et monotone, aucune dune stérile entre la mer et la terre, aucun promontoire dénudé d'où observer la marche ennuyeuse des Constellations ! Au diable, ces livres qui vous donnent la fièvre, qui vous titillent, ces livres à vous faire dresser les cheveux sur la tête, ces livres sans aucune répétition, sans aucune défaillance, sans aucune digression, sans aucune divagation rhétorique, sans aucune description méticuleuse, sans aucun horizon d'une fastidieuse uniformité !
Bref, les livres qui conviennent le mieux aux personnes âgées sont, de toute évidence, ces ouvrages peu passionnants, peu actuels, interminables que nous en sommes venus à appeler les Classiques. Que les Classiques ne soient pas lecture facile, que les Classiques soient parfois obscurs et souvent très ennuyeux, qu'ils requièrent invariablement des tâches aussi mécaniques que chercher des mots dans le dictionnaire ou dans le lexique, est d'autant mieux pour les personnes âgées.

 

Ajouterai-je que si Powys n'écrit dans les lignes précédentes qu'à propos du vieux lecteur mâle, il nuance dans les pages suivantes le comportement de nos compagnes lectrices :

Dans sa sensibilité littéraire, la femme se montrera beaucoup plus éclectique et ouverte que son contemporain et aussi beaucoup moins pédante.
J'aurais tendance à penser que les vies réalistes et passionnantes d'êtres qui ont marqué la société seront, après les romans, sa lecture préférée.


* John Cooper Powys, L'art de vieillir, traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek, Coll. "en lisant en écrivant", Librairie José Corti, 1999.
pp. 235-244.

Du même,  Le Déluge, tome IV, Les enchantements de Glastonbury, Coll. Du monde entier, Gallimard 1976

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mardi, 30 juillet 2013 | Lien permanent | Commentaires (1)

Chronique portuaire de Nantes XL

Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1707. — CAMPAGNES DE JACQUES CASSARD EN 1707. Jacques Cassard, élevé depuis peu au grade de capitaine de brûlot, pour l'habileté qu'il avait montré dans le lancement des bombes au siège de Carthagène, prit en 1707 le commandement du corsaire nantais, la Duchesse-Anne : joli navire de 100 tx, 18 can. et 104 h. Avec ce navire il prit ou rançonna : le BŒUF ; le CYGNE ; la JEANNETTE ; le TONNELIER ; la MARIE-DE-POTWEN ; I'HÉLÈNE ; I'ISABELLE ; le CHASSEUR ; la ROSE ; le PHÉNIX ; l'ÉLIZABETH, etc. Le plus remarquable de ses faits d'armes de cette année fut la prise, le 25 octobre 1707, du MALBREY, de Liverpool, audacieusement enlevé en plein port de Corck, et sous les canons de la place. Ce coup d'audace eut un retentissement énorme dans tout le Royaume ; et, pour la première fois, la Gazette de France cita le nom de Cassard en même temps que celui de Duguay-Trouin (1). 1708. — JACQUES CASSARD À VERSAILLES. L'exploit de Cassard ayant été rapporté à Louis XIV, le Roi désira voir le marin nantais et le manda à Versaillles : « Monsieur, — lui dit-il, — vous faites beaucoup parler de vous, j'ai besoin dans ma marine d'un officier de votre mérite, je vous ai nommé lieutenant de frégate et j'ai ordonné qu'on vous donnât 2.000 livres de gratification. » Cassard prit en effet le commandement du vaisseau du Roi, le Jersey, de Dunkerque, chargé de donner la chasse aux corsaires anglais de la Manche ; et durant cette année 1708, le capitaine nantais prit ou rançonna : le CHATEAU-DE-DOMBRETON, enlevé à l'abordage ; le SAINT-ANTOINE-DE-PADE, de Bilbao ; la SOCIÉTÉ, de Bedfort ; I'UNION, de Corck ; l'UNION, de Dublin ; la FORTUNE, de Withaven ; le Louis, galère de Londres ; le DAVID-ET-SARA, de Londres ; un autre SAINT-ANTOINE ; l'ESSEX ; et un autre CYGNE. Ces cinq derniers navires faisaient partie d'une flotte anglaise de trente-trois voiles que Cassard rencontra le 4 août 1708, escortée par le vaisseau de 48 can. montés, I'HEXETER, et une frégate de 36 can. Bien que son navire fût de beaucoup plus faible que I'HEXETER, et ne portât que 18 can., Cassard l'attaqua à deux heures de l'après-midi ; et après un combat pendant lequel l'Anglais reçut 700 coups de canons et 10,000 coups de mousquets, l'obligea à fuir ; I'HEXETER, fort maltraité, forçait en effet de voiles, faisant au convoi le signal de sauve-qui-peut. Cassard se lança à sa poursuite, et parvint à lui capturer cinq navires (2), NAISSANCE DE DU CHAFFAULT L'amiral Louis-Charles Du Chaffault de Besné, l'une de nos plus belles gloires maritimes, naquit à Nantes le dernier jour de février 1708, et fut baptisé le 1er mars en l'église Saint-Vincent de Nantes. II appartenait à une vieille famille nantaise, descendant des anciens Comtes de Nantes, et qui donna à l'épiscopat de cette ville l'un de ses plus illustres prélats : Pierre Du Chaffault, évêque vers la fin du XVe siècle, et auquel on doit l'impression du premier missel connu en Bretagne. Du Chaffault qui avait épousé le 7 janvier 1732, sa cousine Pélagie de la Roche-Saint- André, fille de Louis de la Roche-Saint-André, seigneur des Ganuchères et des Chambrettes en Poitou, fut nommé enseigne de vaisseau en 1736 (3). ___________________________________________________________________________ (1) L. GUÉRIN, Histoire Maritime de France, t. IV, p. 143. (2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, p. 21. L. GUÉRIN, Histoire maritime de France, t. IV, p. 143. RICHER, Vie de Cassard, pp. 33 et suiv. (3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJElRO, Comte du Chaffault, p. 18. Le Chercheur des Provinces de l'Ouest, année 1900, Questions et réponses, p. 79, année 1901, p. 325 Revue du Bas-Poitou, année 1906, p. 195, 1907, p. 184. Revue Hebdomadaire, n° de mars 1906.

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jeudi, 08 février 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire XLVIII

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1735. — PROJET DE BASSIN À FLOT À PAIMBŒUF. On lit dans un Mémoire du Commerce de Nantes, daté de 1735 : « Les malheurs passés et les naufrages ont fait souhaiter aux habitants de Nantes la construction d'un bassin à Paimbœuf, pour y mettre leurs vaisseaux, leurs barques et leurs bateaux en sûreté » (1). ÉMEUTE DE MARINIERS. Le Bureau de Ville avait interdit aux portefaix, mariniers et gabariers d'entrer dans l'intérieur de la Bourse pour parler à leurs patrons, pendant les heures de réunion, afin de ne pas troubler les commerçants et armateurs par leur conversation bruyante. Ils prirent très mal la chose, et lorsqu'un gabarier eut été expulsé, le 12 août 1735, tous les mariniers et gabariers vinrent à la rescousse, firent irruption dans la Bourse et lacérèrent les affiches leur en interdisant l'entrée. La Milice, immédiatement mise sur pied eut grand peine à les rappeler à l'ordre, et deux gabariers seulement purent être saisis et emprisonnés (2). 1736. — EMPRISONNEMENT DE JACQUES CASSARD. À plusieurs reprises, Cassard avait armé des vaisseaux à ses frais, et avancé des sommes importantes à Marseille et au gouvernement pour assurer le ravitaillement des côtes de Provence. Marseille, qu'il avait sauvée deux fois de la famine, se montra, à sa honte, d'une inconcevable ingratitude, et refusa toujours de le rembourser sous les prétextes les plus misérables. Quant au gouvernement, loin de lui payer ce qu'il lui devait, il lui réclama avec dureté la valeur de quelques mauvais agrès et appareaux qu'il avait pris à l'arsenal de Toulon pour armer ses navires. Cassard était pauvre et avait besoin de ce qui lui était dû ; il était, de plus, Breton, c'est-à-dire têtu ; d'autant plus têtu qu'il savait avoir raison. Aigri par les refus perpétuels qu'on lui opposait, réduit à la misère, jouet de la Cour qu'il haïssait et des cabinets de ministres où d'imbéciles laquais, incapables de comprendre l'homme se riaient du costume, Cassard était nevenu morose et irrité. En 1736, grâce à quelque protection, il obtint enfin une audience du ministre Fleury. Que se passa-t-il dans cette entrevue ? Le rude Nantais menaça-t-il réellement le ministre ? ou ce dernier résolut-il de se débarrasser d'un gêneur, solliciteur perpétuel, assez naïf pour croire que les coffres de l'Etat pouvaient en même temps s'ouvrir pour les courtisanes avides et pour les héros qui avaient faim ? On ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il qu'en sortant de chez le ministre, Cassard, le grand capitaine, fut enfermé, le 5 février, au séminaire de Notre-Dame-des-Vertus, puis transféré, le 21 juillet, à la prison d'Etat du fort de Ham (3). LE PORT DE NANTES EN 1736. Les Étrennes Nantaises et de la Province de Bretagne pour l’année 1736 décrivent ainsi le port de Nantes : « La Fosse, ainsi appelée vulgairement, est le port où se fait le grand commerce ; les navires marchands qui s'y trouvent toujours en grand nombre y arrivent avec le flux de la mer. Elle consiste en un quai très large et long à proportion, bordé d'un côté de maisons magnifiques où logent les marchands qui trafiquent sur mer : la plupart de ces maisons ressemblent à des palais » (4). ___________________________________________________ (1) LE BEUF, Du Commerce de Nantes, p. 162. (2) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V, p. 3. (3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, pp. 150-2. (4) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays nantais, p. 224.
RAPPEL Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908 scannées pour le blogue grapheus tis

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jeudi, 05 avril 2007 | Lien permanent

nostalgie du désert

Mag, accompagnée de Gil et Syl, a enfin accepté de prendre à droite après avoir franchi la Loire. Hier, la chaleur était celle qui nous baignait, il y a plus de quarante ans, dans les alentours de Biskra. Elle m’avait demandé de lui retrouver le texte de Gide sur Chetma ; elle se souvenait de l'Enfida et de ses abeilles. C’était dans le Septième livre des Nourritures terrestres. En scannant les pages de ma vieille édition de poche (1964), la nostalgie m’a saisi ; je crois que des larmes m’ont troublé les yeux. Tant de douceur, d’amitié et d’espoir dans ces premières années de l’Indépendance !

Lenteur des heures. — Encore une grenade sèche de l'an passé pend à la branche ; elle est complètement éclatée, racornie ; à cette même branche déjà des boutons de fleurs nouvelles se gonflent. Des tourterelles passent entre les palmes. Les abeilles s'activent dans la prairie. (Je me souviens, près de l'Enfida, d'un puits où descendaient de belles femmes ; non loin, un immense rocher gris et rosé ; sa cime, m'a-t-on dit, est hantée des abeilles ; oui, des peuples d'abeilles y bourdonnent ; leurs ruches sont dans le rocher. Quand vient l'été, les ruches, crevées de chaleur, abandonnent le miel qui, le long du rocher, s'épanche; les hommes de l'Enfida viennent et le recueillent.) ............................................................... Été ! coulure d'or ; profusion ; splendeur de la lumière accrue; immense débordement de l'amour ! Qui veut goûter du miel ? Les cellules de cire ont fondu. ............................................................... Oasis ! Elles flottaient sur le désert comme des îles ; de loin, la verdeur des palmiers promettait la source où leurs racines s'abreuvaient, parfois elle était abondante et des lauriers-roses s'y pen- chaient. — Ce jour-là, vers dix heures, lorsque nous y arrivâmes, je refusai d'abord d'aller plus loin; le charme des fleurs de ces jardins était tel que je ne voulais plus les quitter. — Oasis ! (Ahmet me dit que la suivante était beaucoup plus belle.) * Oasis. La suivante était beaucoup plus belle, plus pleine de fleurs et de bruissements. Des arbres plus grands se penchaient sur de plus abondantes eaux. C'était midi. Nous nous baignâmes. — Puis il nous fallut aussi la quitter. Oasis. De la suivante que dirai-je? Elle était encore plus belle et nous y attendîmes le soir. Jardins ! je redirai pourtant quelles étaient avant le soir vos accalmies délicieuses. Jardins ! Il y en eut où l'on aurait cru se laver ; il y en eut qui n'étaient plus que comme un verger monotone où mûrissaient des abricots ; d'autres pleins de fleurs et d'abeilles, où des parfums rôdaient, si forts qu'ils eussent tenu lieu de mangeaille et nous grisaient autant que des liqueurs. Le lendemain je n'aimai plus que le désert.
Le désert ? C’est une autre amie plus jeune, Be* - de celles et ceux que je nomme dans mon carnet d’adresses “les très proches jeunes” - qui a parcouru, avec sa fille, au printemps, l’espace mauritanien. Par procuration, elle m’a permis d'achever un vieux rêve commencé en 1958, quand au sortir de l'école d'Application du Train de Tours - promotion René Caillé -, un méchant petit camarade m’a fauché une affectation pour le poste d’Atar : il était le dernier sous-lieutenant de réserve, je n’étais que le premier des aspirants. À l'adolescence, déjà, avec la lecture de Méharées de Théodore Monod, il y avait eu le mythe de la bibliothèque de Chinguetti. Quand dans les années 90, je repris langue avec l'Afrique, sous les neems du fleuve Sénégal, du côté de Baalu, s’insinuait dans la demi-conscience d'une aimable torpeur de sieste le projet de prendre un 4x4 et de monter droit vers le Nord jusqu’à la porte de cette bibliothèque du désert. Mj a raison. Dans la mélancolie du vieillissement se glissent la nostalgie, l’irréversible. Même quand continuent de se dessiner de minces projets d’aventure “aventureuse”. Telle méditée par Jankélévitch** Il est vrai que, parées les digues du port, la vie aventureuse commence ! * Son journal et quelques photos de Nina sur leur site. ** Vladimir Jankélévitch, L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux, in Philosophie morale, coll. Mille & Une Pages, Flammarion, 1998.

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lundi, 03 juillet 2006 | Lien permanent | Commentaires (2)

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