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lundi, 28 juin 2010

Toponymie d'Yeu en deux listes

Quelques rues de Port-Joinville

 

Rue du Secret

Rue Forcée

Rue de l'Abesse

Impasse des mariés

Impasse de la Borgne

Rue des Gats Prompts

Rue Gâte Bourse

 

Plus savoureuse encore, une petite circumnavigation islaise au large des anses, des plages et des pointes

 

Plage de la Pipe

Pointe du Pé-de-Coulon

Plage de la Raie Profonde

Plage de la Petite Conche

Plage des Ovaires

Plage de la Grande Conche

Anse de la Cœillerotte

Anse de la Marmouille

La Piatchette

Anse de la Cochenoille

Anse de la Belle Armande

Le Trou Pisset

Le Trou des Oreilles d'âne

Les Amporelles

La Raie Mauvaise

Le Chapornu

La plage de la Pulante

ET

La Plage des Roses.

 

 

 

 

dimanche, 27 juin 2010

à Yeu

Le 25 au soir, quand, au Foleux, nous larguons le ponton, un milan noir, haut dans le ciel.

 

Passée l'écluse d'Arzal, au mouillage de Tréhiguier, un couple de Tadornes de Belon surveille sa nichée dans la vasière de l'estuaire.

 

Le 26, par temps de demoiselle, longue descente ensoleillée sur l'île d'Yeu. Mau et moi retrouvons des étendues marines et des amers naguère familiers, la Banche et sa cardinale ouest qui balise le plateau, le Pilier, la Petite Foule, les Chiens Perrins.

Et entre les digues de Port-Joinville, la si belle passerelle de la Galiote d'où les Islaises hâlaient les thoniers, retour de la Biscaye.

 

 

Pêcheur qui t'es levé de bon matin,

Regarde à terre les Chiens Perrins :

Si malgré l'beau temps, la passe brise

Le suroît t'réserve une surprise.

Quand brise par calme la Sablaire

T'auras sal'temps d'ouest et misère


tiré de l'Almanach du Marin Breton 1906.


vendredi, 25 juin 2010

Ce soir, nous larguons

Après quatre jours de silence pour cause de livebox épuisée, Dac'hlmat largue les amarres pour trois semaines entre Yeu et Penmarc'h.

 

Là nous allions, la face en Ouest, au grondement des eaux nouvelles. Et c'est naissance encore
de prodiges sur la terre des hommes. Et ce n'est pas assez de toutes vos bêles peintes, Audubon! qu 'il ne m'y faille encore mêler quelques espèces disparues : le Ramier migrateur, le Courlis boréal et le Grand Auk...

Là nous allions, de houle en houle, sur les degrés de l'Ouest. Et la nuit embaumait les sels noirs de la terre, dès la sortie des Villes vers les pailles, parmi la chair tavelée des femmes de plein air. Et les femmes étaient grandes, au goût de seigles et d'agrumes et de froment moulé à l'image de leur corps.

 

Saint-John Perse

Vents.


 

À toutes et tous, aux prochaines bornes des ports.

dimanche, 20 juin 2010

chant contre-chant III, ou mieux, kan an diskan III

S'achève ici la publication parallèle et antithétique du texte absolument misogyne extrait du Moravagine de Blaise Cendrars, roman halluciné, d'un déjanté total — je pense que cette lecture a dû m'épargner la lecture de... Sade et autre Bataille — et du lyrisme échevelé, à la fois saharien et océanique, de la Clef sarrazine, le texte de Jacques Lacomblez, poète et peintre surréaliste plus (trop ?) ignoré.

 

Cendrars donc

 

La femme est maléfique. L'histoire des civilisations nous montre les moyens mis en œuvre par les hommes pour se défendre contre l'avachissement et l'effémination. Arts, religions, doctrines, lois, immortalité ne sont que des armes inventées par les mâles pour résister au prestige universel de la femme. Hélas! cette vaine tentative est et sera toujours sans résultat aucun, car la femme triomphe de toutes les abstractions.
Au cours des âges, et avec plus ou moins de retard, on voit toutes les civilisations péricliter, disparaître, s'enfoncer, s'abîmer en rendant hommage à la femme. Rares sont les formes de sociétés qui ont pu résister à cet entraînement durant un certain nombre de siècles, ainsi que le collège contemplatif des brahmanes ou la communauté catégorique des Aztèques; les autres, comme celles des Chinois, n'ont pu qu'inventer des modes compliqués de masturbation et de prières pour calmer la frénésie féminine, ou, comme les chrétiennes et les bouddhiques, ont eu recours à la castration, aux pénitences corporelles, aux jeûnes, aux cloîtres, à l'introspection, à l'analyse psychologique pour donner un nouveau dérivatif à l'homme.
Aucune civilisation n'a jamais échappé à l'apologétique de la femme, à part quelques rares sociétés de jeunes mâles guerriers et ardents, dont l'apothéose et le déclin ont été aussi rapides que brets, telles que les civilisations pédérastiques des Ninivites et des Babyloniens, plutôt consommatrices que créatrices, qui ne connaissaient nul frein à leur activité fiévreuse, nulle limite à leur appétit énorme, nulle borne à leurs besoins, et qui se sont pour ainsi dire dévorées elles-mêmes en disparaissant sans laisser de traces, ainsi que meurent toutes les civilisations parasitaires en entraînant tout un monde derrière elles. Il n'y a pas un homme sur dix millions qui échappe à cette hantise de la femme et qui, en l'assassinant, lui porterait un coup direct ; et l'assassinat est encore le seul moyen efficace que cent milliards de générations de mâles et mille et mille siècles de civilisation humaine ont trouvé pour ne pas subir l'empire de la femme. C'est dire que la nature ne connaît pas le sadisme et que la grande loi de l'univers, création et destruction, est le masochisme.



Blaise Cendrars

Moravagine, pp.61-64

Le Livre de Poche, n° 275, Paris, 1960

©Bernard Grasset, 1926


Lacomblez, pour clore —  mais cet affrontement entre la plus belle haine et le plus fol amour est-il jamais clos ?


 

Toi
sableuse du désert des étoiles
où la mer fait la mer
pour elle seule
sans l'ombre d'une vague
tant le jour meurt en elle
comme la pierre tendre dort
sous ton front vêtu d'oiseau
de brume
et de dégel
Belle incendiée du porphyre
à minuit
quand la flamme hésite
mains tendues
au miroir de tes seins levés
par la brise
Incendiée sous l'eau par la planète
en exil de ton épaule marquée
au cœur rouge
Statue de sel d'horizon
de peine perdue
de mille sourcils
dans le temple qui brûle
Au bord de l'amour
je t'appelle Antilope
pour le vent que tu chasses
pour la part du ciel que tu gardes
sous tes jambes
Je rêve et c'est l'éveil des eaux
c'est la fonte noire des neiges
ton regard de novembre

Scellé ton corps dérobe

à l'océan
la clef du galion.


La distance la plus courte de la fleur à l'étoile est couverte par tes cheveux noués en demeure paisible, en demeure ouverte pour y faire l'amour au lever du vent si tu veux que le vent te regarde nue, si tu veux que le vent se fasse plus salin que mon corps, plus floral que ma langue dans ta voix.

Aux deux châteaux fragiles, beaux chevaliers d'ombre et de peur, je fais un chemin de bois mort quand tes larmes donnent aux caresses la saveur des pierres lointaines, un chemin de bois mort impérissable comme l'arc-en-ciel qui porte de l'orage à la mer le signe de ton ventre.


Tu t'avances au fond de ton regard même vers un colombier d'estuaire où je tiens la vie recluse pour les oiseaux de ton retour, ces oiseaux à perte d'oiseau tant l'horizon s'emplit de plumages.


II reste un sentier de gel où le soleil d'attente fixe l'ombre comme une épée nue, un sentier qui nous sépare encore de la foule des regards, il reste une heure de presqu'île au-delà du remous de tes épaules. Mais vêtue seulement du vent de la plaine, tu poses ies doigts sur une pierre de montagne où j'écrivis jadis que la femme est un désir fait citadelle au bord de la mer. Le peu de la mer retenue dans les paumes jointes parce que c'est la mer entière qui bat dans nos mains.


Comme nous l'avons désiré, le bois peint aux couleurs de l'arbre laisse couler le sable de fourmis tendres et de rosés géantes. Nous revenons au château que nous fûmes dans la jeune royauté de ton corps, surpris de nous rencontrer sommeillant à même notre amour.



Tu dis : J'ai longtemps voyagé.

— Et pourtant l'étoffe est encore chaude sous la voûte des Maures.

Tu dis : II fait si loin, là-bas.

— Et pourtant c'est moi le milan qui vole dans tes,yeux.

Tu dis : Je t'aime.

— Et c'est ma voix que j'entends.





Jacques Lacomblez

La Clef sarrazine

in Poètes singuliers du surréalisme at autres lieux,

A.V Aelberts & J.J. Auquier, UGE 10/18/, 1971.

mardi, 15 juin 2010

mi-temps footbalistique dans le "kan an diskan"

dédié à A Hé qui fut "notre" grand numéro 10

 

J'ai aimé le foot. Le bonheur commença avec la lecture du Miroir des Sports — vieux numéros d'avant-guerre avec le souvenir d'un de mes héros, Alex Thépot, gardien de but (Coupe du Monde 1934) — dans le grenier du 9, rue Rosière d'Artois, continua avec les matchs d'un Footbal-club de Nantes qui était encore en 2e Division dont le gardien de but s'appelait David et qui était mon idole, s'épanouit, sept ans durant, enfin de l'équipe des  minimes à celle des juniors comme... gardien de but.

 

La passion s'est affaiblie de décennie en décennie.

 

Le goût me revient avec cette Coupe, — y sont l'Algérie et la Côte d'Ivoire, mes terres d'adoption — mais je crains bien la déception d'un jeu qui, "mondialisé", s'est uniformisé.

Jouent tous pareil !

 

Pas si sûr !

Je ne rechigne point au plaisir de partager le clin d'œil* entrevu sur le blogue d'Olivier Er, affordance.info.

 

* Cliquez sur le clin d'œil.

 

08:27 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (2)

lundi, 14 juin 2010

chant contre-chant II

En inversant le "kan an diskan" I

 

Lacomblez et sa Clé Sarrazine

 

Nous irons ensemble à la chute de tes reins où les raies sablières aux plumes de volcan accomplissent le premier raid immobile de mémoire maritime. Tu m'as donné la croix du Sud qui fleurit sur tes jambes un jour de grand partage des ombres.

Une heure est née pour la vénération des envols. C'est l'échelle des nuages sur ta poitrine de gazelle coursée, c'est ton sexe éveillé par l'étoile de la fin du monde, c'est ce qui tremble encore du soir dans tes yeux fermés.




Mon voyage soudain suit une courbe de morsure. Je donne au feu la terre cultivée, tes cheveux partout brisent le mouvement  des armées. On parle dans la pierre, on parle de toi dans nos étreintes, on parle de nous à même l'impossible.


Tu viens nue parmi les meutes de ronces comme une île où l'on vit les épaules lourdes de paradisiers et le regard perdu pour les vaisseaux de transhumance. Totale et nue, tu renverses sur leur faîte les conifères de la brume pour une prière de racines élevée vers le fond des lacs. Tu retiens entre tes jambes de vase à braises et de selle de chameau l'Andalousie de mon dernier regard.


Mille mains blanches comme la soif et précises comme l'absence se glissent entre nous avec des ruses de voilier traquant le seul récif gouverné par l'oiseau-tempête, que l'on nommera peut-être l'Amour dans une langue de Jamais et d’Ailleurs.


Je meurs avec lenteur dans les bas-quartiers de la ville invisible, une lenteur morne de blessure privée du glaive. Une lenteur de bijou nomade sur le plein champ de ta gorge, à la lueur des grêles amassées par la caravane qui t'emporte.


Je meurs cette fois vêtu d'une poussière de montagne.

 



Blaise Cendrars et Moravagine

 

Mulier tota in utero, disait Paracelse ; c'est pourquoi toutes les femmes sont masochistes. L'amour, chez elles, commence par la crevaison d'une membrane pour aboutir au déchirement entier de l'être au moment de l'accouchement. Toute leur vie n'est que souffrance; mensuellement elles en sont ensanglantées. La femme est sous le signe de la lune, ce reflet, cet astre mort, et c'est pourquoi plus la femme enfante, plus elle engendre la mort. Plutôt que de la génération, la mère est le symbole de la destruction, et quelle est celle qui ne préférerait tuer et dévorer ses enfants, si elle était sûre par là de s'attacher le mâle, de le garder, de s'en compénétrer, de l'absorber par en bas, de le digérer, de le faire macérer en elle, réduit à l'état de fœtus et de le porter ainsi toute sa vie dans son sein ? Car c'est à ça qu'aboutit cette immense machinerie de l'amour, à l'absorption, à la résorption du mâle.


L'amour n'a pas d'autre but, et comme l'amour est le seul mobile de la nature, l'unique loi de l'univers est le masochisme. Destruction, néant, que cet écoulement intarissable des êtres ; souffrances, cruautés inutiles que cette diversité des formes, cette adaptation lente, pénible, illogique, absurde de révolution des êtres. Un être vivant ne s'adapte jamais à son milieu ou alors, en s'adaptant, il meurt. La lutte pour la vie est la lutte pour la non-adaptation. Vivre c'est être différent. C'est pourquoi toutes les grandes espèces végétales et zoologiques sont monstrueuses. Et il en est de même au moral. L'homme et la femme ne sont pas faits pour s'entendre, s'aimer, se fondre et se confondre. Au contraire, ils se détestent et s'entre-déchirent; et si, dans cette lutte qui a nom l'amour, la femme passe pour être l'éternelle victime, en réalité c'est l'homme qu'on tue et qu'on retue. Car le mâle c'est l'ennemi, un ennemi maladroit, gauche, par trop spécialisé. La femme est toute puissante, elle est mieux assise dans la vie, elle a plusieurs centres érotogènes, "elle sait donc mieux souffrir, elle a plus de résistance, sa libido lui donne du poids, elle est la plus forte. L'homme est son esclave, il se rend, se vautre à ses pieds, abdique passivement. Il subit. La femme est masochiste. Le seul principe de vie est le masochisme et le masochisme est un principe de mort. C'est pourquoi l'existence est idiote, imbécile, vaine, n'a aucune raison d'être et que la vie est inutile.




dimanche, 13 juin 2010

kan an diskan

à JCB pour qu'il sache encore moins

comment fuir et retrouver sa sérénité.

 

 

Il y a déjà quelque temps que j'ai très envie de publier ce "kan an diskan" — ce chant contre-chant des sonneurs bretons.

Les commentaires seront pour plus tard. Je livre — en trois morceaux — les deux textes nus. Le premier morceau, celui de Cendrars a été publié en janvier de cette année sur le thème de la « liste ».

En trois morceaux, car je pense toujours que de trop longues notes, ne retiennent que difficilement le regard sur l'écran.

 

À expérimenter, cette première fois, la confrontation du tableau clinique du masochsime et de la Lance brisée du couchant !

 

L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?

 

Blaise Cendrars
Moravagine, pp.61-64

Le Livre de Poche, n° 275, Paris, 1960

©Bernard Grasset, 1926





Laisse-moi vivre au beau midi noir des étangs oubliés sous tes paupières par la folie des jungles, par le delta des laves.
Laisse-moi dormir paumes ouvertes vers le toit de figues qui protège tes yeux du chant des sables.
Laisse-moi perdre ma race au hasard des lianes cambrées de ton retour hors la nuit des passeurs de collines.

J'ai connu le temps de l'eau rythmique et le temps des sœurs accueillantes. Mon sommeil a couleur de naufrage, trop loin des chambres molles où ton regard promène ses lenteurs d'ibis.

Écoute contre terre, la sonnaille tremble dans la voix des esprits pour des jours chargés de cavaliers blancs à la lisière de ton lit. Ils viendront sans messager, repoussant le désert au fond de ta gorge, ils viendront mêlés de pluies désirées et de tambours fauves, au seul rocher de l'horizon fichant les bannières aux signes des quatre vents. Leurs allées sur ton corps seront de miel et de bronze, ils prêteront serment sur de vastes pelages.

Alors je serai l'écuyer voué aux départs, celui qui plante sur la piste fraîche de grands soleils de cuivre. J'aurai toujours dans la poitrine un certain vol de corbeaux.

Laisse-moi feindre la torpeur des comètes, effacer de mes larmes les cartes de route et cuire au zénith le serpent maître des fleuves.

Je prends ton corps comme il vient sous mes lèvres, ta voix comme elle passe sur la nuit d'écailles libres. J'ai l'âge des délires implacables. Et la poignée de sauterelles jetées par ouest ce matin ne fait pas la couleur de l’absence. Toute la forêt charbonne sur tes seins d'huître perlière, tes seins de lévitation dans la pirogue du gulfstream, tes seins de mangouste amoureuse du cobra. Je descends les falaises vers ton nombril calme avec la patience des hordes qui nous offriront l'incendie des capitales. Au gué des marais seulement rêvés, la lance brisée du Couchant défie la Licorne, belle et tourmentée comme la fleur mauve de ton réveil.


Jacques Lacomblez

La Clef sarrazine

Poètes singuliers du surréalisme at autres lieux,

A.V Aelberts & J.J. Auquier, UGE 10/18/, 1971.

 

 

Demain, le "kan an diskan II".

samedi, 12 juin 2010

au jardin

Les lys sont ouverts.

Fleurit la treille.

Bientôt, l'olivier va la suivre !

 

Je ne parle ni des roses, ni des seringas, ce jasmin des poètes, ni des pivoines.

Ce fut profusion.

 

Pluvieuse mais féconde fin du printemps.

mercredi, 09 juin 2010

Petitmangin et Gaffiot pour 10 €

J'allais, ce matin, au dépôt d'Emmaüs, en quête d'une vieille grammaire grecque de Ragon, de celle que j'avais manipulée chez mes Bons Pères.

Moins épaisse que les éditions récentes dites de "Ragon-Dain", dans le sac, elle m'aurait été plus légère. Mais les dépositaires héllénistes doivent être rares. Aucune trace de la langue d'Homère, dans le foutoir de mon Emmaüs nantais.

 

Je me suis rabattu sur un "Gaffiot"* de 1937 et sur la Grammaire latine de Petitmangin de 1948.  Le tout pour pour 10 €.

 

Les bancs de la VIe, le sarrau noir à liseré rougue, la syntaxe qui resurgit dans les exemples rabâchés à longueur d'études et le rempart du Gaffiot pour dissimuler les lectures interdites.

 

...Primam partem tollo, quoniam nominor leo


Ibant obscura soli sub nocta


Oderunt dum metuant


Cæsar pontem fecit

 

Mirabile visu...

 

J'avais oublié ce qu'est le supin** !

La matinée valait bien 10 €.

Qui, il y a dix ans, aurait valu 10 francs. Maudite inflation.

 

Post-scriptum :

Je suspecte, dans cette décision d'acquisition, l'infiltration sournoise des écrits de Quignard dont je mets, parfois et sans doute souvent à tort, en question les assertions étymologiques. Mais cette remarque n'émerge à ma "comprenoire" qu'à la fin de cette note.

 

* Dictionnaire de latin-français, l'équivalent du "Bailly" en grec... ancien.

** Une forme verbale employée comme substantif, si la mémoire est encore bonne.

 

 

samedi, 05 juin 2010

entre quelques rosiers

 

Ce matin à ma fenêtre
Quatre roses endormies
Evidence et loyauté
Dans leur corolle éblouie.
A midi à ma fenêtre
Quatre roses de grand ciel
Découvrent que le soleil
D'amour souffre violence.

Rose de la beauté noire
Songe rouge de mes nuits
Roses montant de la terre
À proximité du ciel.
Semaisons, soleil et vie
Cheminements de la pluie
Enigmes et parabole
De la rose sans parole.


Henry Bauchau




Loin du tohu bohu d'un Calaferte pornographe, des monstruosités érudites de Quignard.

Lire Bauchau : un apaisement qui n'efface aucune question.

 

J'attends l'ouverture des lys.