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mercredi, 08 avril 2009

abriter les sans-papiers certainement, accueillir l'Étranger...

...certainement plus encore.

Nous n'étions que quelques cinq cents, sur le parvis du Palais de Justice, dans un vrai crachin nantais et breton.
Cinq cents pour manifester notre honte de ces lois iniques qui contreviennent à l'article I et XII de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Plus de cinquante ans que j'accumule sans doute les possibilités d'être un délinquant.
J'ai mal quand je sais que les deux femmes qui m'ont amené à l'Amour, si la mort n'était pas, elles n'auraient pu être accueillies par d'autres que moi, leur Amant "étranger". Et encore ?
J'ai mal à mes amitiés de Côte d'Ivoire, d'Algérie, du Sénégal, et d'ailleurs, parce que la loi de mon pays — est-ce encore mon pays ? — m'interdirait d'accueillir chez moi leurs enfants et leurs petits-enfants.
M'interdirait ? Mais qui peut interdire ?

Combien des citoyen(ne)s de ce pays — est-ce encore mon pays ? — connaissent le nouveau dispositif de délivrance des attestations d'accueil qui sévit depuis novembre 2004.
Allez donc chercher en votre mairie, chez le Préfet, sur la Toile, les imprimés que vous devrez remplir pour savoir à quelles humiliations vous exposent le décret du 17 novembre 2004 et la circulaire ministérielle du 23 novembre 2004.
Je me suis fait un jour répondre que ces iniquités, c'était l'Europe de l'espace Schengen.
L'Europe ? Quelle Europe ? À peine était-elle devenue "mon pays" que déjà ce n'est plus mon pays.

À en pleurer, au sens propre.
Je ne suis pas solidaire, je ne veux être qu'humain.

À tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s'asseoir. La place demeure vide, mais le couvert reste mis.

Plus loin.
Guérir le pain. Attabler le vin.
René Char, Feuillets d'Hypnos.





samedi, 06 décembre 2008

pour saluer Théo Lésoualc'h

Il est des "commentaires" que parfois on ne souhaiterait pas recevoir si tôt et qui dans le moment même vous convainquent de l'intérêt de cette Toile et de son tissage de vie et de mort.

J'ai très bien connu Théo... Ma famille de coeur.
Théo a été incinéré mercredi 03/12/2008.
Beaucoup de peine et la perte d'un GRAND homme
Écrit par : POMPIDOU | vendredi, 05 décembre 2008

Le mime vagabond est mort.

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Je l'avais rencontré à l'automne 72, grâce à l'amitié de Marcel Dortort, le musicien. La vie vite, son premier livre, avait zébré l'année littéraire de son écriture toute en fulgurances, en percussions.
Avec Kérouac, il partageait la celtitude et la route. Il importait dans la langue française les cadences syncopées, surgies des cu-up, de la Beat Generation.
Ses Phosphènes, parus la même année, m'avaient un peu aveuglé et Marayat, dans sa fête charnelle, transcendait hautement l'érotique post-soixante-huitarde du film à succès "Emmanuelle" dont Emmanuelle Arsan, qui inspira le scénario, n'était autre que celle qui avait été, quelques années plus tôt, le sexe-femme flamboyant au creux de Marayat.

Je perdis la trace et de l'auteur et de l'homme. La banalité d'une rentrée littéraire, en 2006, me fit réouvrir La Vie Vite et je publiai à cette occasion deux notes sur ce blogue.
Des textes pouvaient être retrouvés en manipulant les "ascenceurs" dans la revue Blockhaus.
Je découvre cet aujourd'hui que dans les années 80, il publia encore deux livres :
La Porte de papier qui semble creuser la thématique de Marayat et L'Homme clandestin qui marquerait un retour à une Bretagne fantastique de l'enfance.

Je m'en vais lire L'homme clandestin et me remémorer la longue soirée d'échange, dans mon petit appartement angoumoisin, sur l'écriture et la nécessité d'une absolue solitude en l'attente du train qui ramènerait Théo à la quasi ruine de son mâs ardéchois.

Salut, l'Artiste !



mercredi, 26 novembre 2008

murmuré, lors d'une nuit où je fus déserté

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Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx
L'Angoisse ce minuit, soutient, lampadophore
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
De qui la cendre n'a de cinéraire amphore

Sur les crédences, en le noir Salon : nul ptyx
Insolite vaisseau d'inanité sonore
Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Néfaste incite pour son beau cadre une rixe
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, décor
De l'absence, sinon que sur la glace encor
De scintillations le septuor se fixe.

selon deux sonnets de Mallarmé


Quelle nuit ? Cette nuit du vingt-cinq, ou celle du vingt-quatre, peut-être celle du vingt-six ? Qu'importe !
L'hermétique à murmurer mainte et mainte fois pour ne pas exorciser, mais pour durer encore.

Immuable, se lève Orion dans le suet.

mardi, 25 novembre 2008

plus de 500 diapositives à scanner

ou 52 ans de photos, du premier Kodak Rétinette de 1956 au dernier Nikon en passant par un ou deux Zénith et quelques autres Nikon. Trier plus de 2000 images pour en envoyer 500 se faire scanner !
Pas le temps d'écrire sur Mallarmé, d'ailleurs l'atelier d'hier ne fut que le ressassement de la séance précédente ! Je me fais mon post-exotisme à moi, littéralement et dans tous les sens.

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Banal du chemin : l'amour, la guerre, l'amour et l'amour ! En arrière-fond, invisibles, la littérature, la mer et le vin ! Toujours invisibles, d'autres amours !
Et la MORT !

Pour clore — mais temporairement — un vieillard plante un arbre :
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C'est bien connu :
À la Sainte-Catherine,
tout bois prend racine


jeudi, 28 février 2008

à JeanJo, vieux lutteur en allé

Hier, dans le sombre d'une journée de pluie incessante, il a repoussé du pied l'escabeau de sa vie.
Il luttait depuis plus de dix ans contre ce désaccordement continu de son corps que plus aucune drogue, ni même ces électrodes qu'il s'était fait implanter sous le crâne ne parvenaient à apaiser.
Pour ne pas maîtriser nos larmes et nous aider à vivre désormais dans le vide de son absence, relire Michaux et sa désespérance, à l'adresse de Fr, sa compagne !

Rends-toi, mon cœur.
Nous avons assez lutté.
Et que ma vie s'arrête.
On n'a pas été des lâches,
On a fait ce qu'on a pu.

Oh ! mon âme,
Tu pars ou tu restes,
II faut te décider.
Ne me tâte pas ainsi les organes,
Tantôt avec attention, tantôt avec égarement,
Tu pars ou tu restes,
II faut te décider.

Moi je n'en peux plus.

Seigneurs de la Mort
Je ne vous ai ni blasphémés ni applaudis.
Ayez pitié de moi, voyageur déjà de tant de voyages sans valises,
Sans maître non plus, sans richesse et la gloire s'en fut ailleurs,
Vous êtes puissants assurément et drôles par dessus tout,
Ayez pitié de cet homme affolé qui avant de franchir la barrière vous crie déjà son nom,
Prenez-le au vol,
Qu'il se fasse, s'il se peut, à vos tempéraments et à vos mœurs,
Et s'il vous plaît de l'aider, aidez-le, je vous prie.

Nausée ou c'est la mort qui vient?
Ecuador

dimanche, 23 décembre 2007

«... pareil au verrou tiré sur la journée finie. »

Bonsoir, monsieur Gracq.

... il sembla d'abord que ce fût le silence. Puis le froissement faible des roseaux passa avec une bouffée de vent ; des cris d'enfants montèrent de l'autre bout du pâtis, aussi suraigus que des cris de martinets. Puis des voix d'hommes toutes proches, à l'abri derrière un appentis de charrettes : voix du soir qui parlent pour parler, plus égales et moins hautes, déjà au bord du silence, avec de longs intervalles, comme si à travers elles la trame de la journée se défaisait. Puis le gong lointain d'une casserole heurtée, passant par une porte ouverte — l'épais froissement de roseaux d'une toue invisible, le râclement mou, étouffé, de la proue plate glissant pour l'accostage sur la vase de la berge, et le bruit final de bois heurté de la gaffe reposée sur les planches, pareil au verrou tiré sur la journée finie...


Voilà la page que je m'étais promis de lire à voix basse, le soir où j'apprendrai que Julien Gracq a "descendu le Fleuve". Je n'ai rien à dire, rien à écrire que redonner à lire ces quelques lignes de la Presqu'île, sur un soir briéron, en ce pays d'Ouest qui fut le sien, qui est le mien.

vendredi, 23 novembre 2007

ainsi chaque fin novembre

...depuis quarante-trois ans, ces jours — l'avant-veille, la veille, le jour même, le lendemain, le surlendemain, tous ces jours — de gorge nouée, de larmes aux yeux, d'impossible effacement, de vide glacé.

...................................................................
Il fait beau sur les crêtes d'eau de cette terre
...................................................................
Il fait beau sur les cirques verts inattendus
...................................................................
Il fait beau sur le plateau désastreux nu et retourné
Parce que tu es si morte
Répandant des soleils par les traces de tes yeux
Et les ombres des grands arbres enracinés
Dans ta terrible Chevelure celle qui me faisait délirer.

Pierre Jean JOUVE
Hélène
Matière Céleste

vendredi, 07 septembre 2007

l'homme du Lycosthenes est mort

Etienne Ithuria, l'homme du Lycosthènes, a franchi, le 6 septembre pour l'ultime fois, la passe de l'Illarguita vers le large.
Il était mon ami.

samedi, 23 décembre 2006

briser un crayon

Mercredi*, j'avais repris le geste qu'ont eu les Dogons quand Griaule fut inhumé symboliquement dans la nécropole où reposaient les Ancêtres : ils brisérent un crayon, l'outil de travail de l'ethnologue, marquant ainsi la fin de ses labeurs terrestres.
J'aurais pu, pour JeanClaude déchirer un livre de comptes, brisé une caméra, fut-elle numérique.
Je n'ai brisé qu'un modeste crayon de bois (!) mais qui est encore pour nombre d'entre nous l'outil d'acquisition, de production, de diffusion des savoirs. Je l'ai posé en croix de saint-André sur son cercueil.
J'aurais bien glissé aussi dans celui-ci quelques pellicules de Rouch : Les Maîtres-Fous, Moi un Noir, La chasse au lion à l'Arc...
Comme un viatique pour l'ami passant le Fleuve.

* Aller sur le blogue de l'association Bouguenais-Jumelage Coopération.

mardi, 19 décembre 2006

à nouveau dans de sombres parages

À nouveau dans les parages de la camarde.
Appel aux Dogons pour saluer ce compagnon de mes routes africaines : JeanClaude D était revenu, il y a deux ans de la Falaise de Bandiagara, je ne l'avais précédé que de cinquante ans. Mais que sont cinquante années sur cette piste où depuis, avant-hier, sa mort nous a engagés ?
Les Dogons, achevés les rites funéraires qui éloignent les désordres que nous causent "l'impureté" du mort et l'entraînent hors du domaine terrestre, vont rompre, dans la complexe érection d'une poterie-autel , les dernières attaches de ce défunt qui de la qualité de "mort" passe à la qualité d'ANCÊTRE vivant.

Ancêtre qui vient du latin antecessor, celui qui précède, d'abord attesté comme terme militaire au sens de « éclaireur ».
Les ancêtres comme des éclaireurs !
Les Dogons ne sont pas loin de me fournir une amorce de réponse à l'interrogation de l'immortalité et de l'éternité.
Et si c'était de notre ressort à nous, les encore vivants, de continuer nos morts bien au delà du simple souvenir ?

Char écrivant sur la mort de Camus se rapproche des Dogons :

Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.


Jeudi, au sortir de ses funérailles, je pourrai dire de JeanClaude : « Salut ! L'Ancêtre ! »

vendredi, 24 novembre 2006

le silence

10:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : SA

mardi, 04 juillet 2006

Jean est mort

Ce samedi 1er juillet, au soir, Jean Corbineau est mort. Il était mon ami d'enfance et d'adolescence.

Dans son dernier message du 1er mars, il nous écrivait :

.. J'ai rechuté....Je viens de passer douze jours à l'hôpital : ma hantise : la fièvre (six jours de fièvre, trois jours de chimio et trois jours de fièvre... La fièvre, c'est ma hantise.
Je sais que votre amitié me soutient. A bientôt quand même.
Jean


« ... un monde où le bref passage de (cet homme) sur la terre a eu lieu diffère désormais irréductiblement et pour toujours d'un monde où il n'aurait pas eu lieu. »
Vladimir Jankélévitch


Lire Jankélévitch ni ne console, ni n'empêche les larmes, lire Jankélévitch permet de se tenir droit.

jeudi, 24 novembre 2005

24 novembre 1964

au-delà de la nostalgie, au-delà de la mélancolie, au-delà de la tristesse,
l'énigme douloureuse et immuable du jamais plus !

La Treizième revient... C’est encor la première ;
Et c’est toujours la seule, — ou c’est le seul moment ;
Car es-tu reine, ô toi ! la première ou dernière ?
Es-tu roi, toi le seul ou le dernier amant ?...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j’aimai seul m’aime encor tendrement :
C’est la mort — ou la morte... Ô délice ! ô tourment !
La rose qu’elle tient, c’est la rose trémière.

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta croix dans le désert des cieux ?

Roses blanches, tombez ! vous insultez nos dieux ;
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle ;
— La sainte de l’abîme est plus sainte à mes yeux !


Gérard de Nerval
Artémis

jeudi, 24 février 2005

Mare adentro

Au sortir du film de Alejandro Amenabar, dans la rumeur prolongée des musiques galiciennes, à déchirer le ventre,

– Qu'y a-t-il après la mort ?
– Rien.
– ......................................
– Comme avant la naissance.


Ramon Sampiedro a-t-il pensé lui aussi, à l'instar de Jean Améry
«...que la mort volontaire est dans sa contradiction, l'unique chemin de la liberté qui s'ouvre à nous. Ce chemin est absurde mais non fou, puisque son absurdité n'accroît pas celle de la vie, mais au contraire la diminue. »

vendredi, 26 novembre 2004

Porter le deuil

C'est porter la douleur.

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Ce qui déchire, c’est le ciel vide.
Que le corps aimé retourne à la béatitude de la terre, de l’eau ou de l’air, soit !

Mais la conscience de celle qui fut vivante ? Où ?

Là est l'énigme !

Celui qui demeure, le vivant, ne peut qu'accomplir le souvenir.
Il ne résoud point l'énigme.
Il porte et la douleur et la pesanteur de l'énigme.