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dimanche, 23 décembre 2007

«... pareil au verrou tiré sur la journée finie. »

Bonsoir, monsieur Gracq.

... il sembla d'abord que ce fût le silence. Puis le froissement faible des roseaux passa avec une bouffée de vent ; des cris d'enfants montèrent de l'autre bout du pâtis, aussi suraigus que des cris de martinets. Puis des voix d'hommes toutes proches, à l'abri derrière un appentis de charrettes : voix du soir qui parlent pour parler, plus égales et moins hautes, déjà au bord du silence, avec de longs intervalles, comme si à travers elles la trame de la journée se défaisait. Puis le gong lointain d'une casserole heurtée, passant par une porte ouverte — l'épais froissement de roseaux d'une toue invisible, le râclement mou, étouffé, de la proue plate glissant pour l'accostage sur la vase de la berge, et le bruit final de bois heurté de la gaffe reposée sur les planches, pareil au verrou tiré sur la journée finie...


Voilà la page que je m'étais promis de lire à voix basse, le soir où j'apprendrai que Julien Gracq a "descendu le Fleuve". Je n'ai rien à dire, rien à écrire que redonner à lire ces quelques lignes de la Presqu'île, sur un soir briéron, en ce pays d'Ouest qui fut le sien, qui est le mien.

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