dimanche, 31 octobre 2004
Las de ces disparitions d'écrans
Là, je ne souffre plus.
J'EN AI MARRE !
:~/
J'en ai marre de ces écrans qui s'en retournent au néant de la blogosphère, parce que je m'entête à rédiger "à chaud" sans le subterfuge d'un traitement de texte.
Deux fois, parce que je suis un "illettré" du blog !
J'avais lu pas mal de blogs. De tout poils !
Comme on va au marché !
Je commentais "mon panier", mais tout s'est évanoui dans le blanc néant des écrans.
Je reprendrai un jour autre, mes interrogations sur les philosophes, les pornographes, les poètes, les artistes, les politiques qui hantent ce petit coin de marché.
Si je n'oublie point de "POSTER".
C'est à tort que je signe "Grapheus".
J'aurai dû signer "PERSONNE”.
18:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 30 octobre 2004
Un cahier, un crayon ?
Parce que quand on a deux petites-filles - Noémie et Célia - et donc qu'il faut lire avec, cuisiner pour, se promener et jouer ensemble, discuter longuement et faire de "l'ordi"... Quand on entreprend d'améliorer son Mac avec un nouveau système plus perfomant, mais qu'il vous faut réinstaller le pilote de votre raie-modem et paramètrer à nouveau votre connexion, reconstituer votre carnet d'adresses et vos signets... Que vous arrive une nouvelle imprimante dite "multifonctionnelle".d'une complexité pas possible.... Que s'annonce à l'horizon proche de ces jours-ci l'évocation d'une insurrection qui fut une balise de fin d'adolescence... C'est sans doute vrai qu'on ne vieillit point, mais "on" fatigue ! Le cahier et le crayon n'attendaient point de lectrice, point de lecteur ! Quoique ? À tout hasard, la lectrice en puissance, l'hypothétique et "hypocrite" lecteur peuvent, pour combler les trous et les jours vides de ce "blog", aller s'égarer sur Dac'hlmat. Ce devait être le pseudo de ce blog, c'était déjà un site pour tenter une phalanstèrienne aventure.
05:35 Publié dans les diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 29 octobre 2004
Virée d'Aquitaine
Entre le 21 et le 28 novembre
allant chercher Noémie et Célia en Agenais
Halte dans la longue amitié de nos années algériennes chez Colette et Jo.
Si l’une peint et jardine, l’autre écrit.
Clos-Favols est un agréable jardin et le vin y est bon.
Après son “Homo capiens” et “Baniane, une Algérie fraternelle”*, Jo s’est engouffré dans des recherches bibliques et coraniques : il accumule écrans et pages sur son ordinateur, livres de référence en sa bibliothèque...
Pêle-mêle,
Foi et savoir de Jacques Derrida,
em>La Bible dévoilée de Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,
Islam et liberté de Mohamed Charfi,
Textes akkadiens d’Ugarit, présentés par Sylvie Lackenbacher,
Les nouveaux penseurs de l’Islam de Rachid Benzine,
L’âge d’or de l’Islam de Aly Mazahéri,
La condition de la femme dans l’Islam de Mansour Fahmy,
Le moine, l’imam et le rabbin, avec le bénédictin Benoît M. Billot, Zuhair Mahmood l’imam et Michel Serfaty le rabbin,
De Chahdortt Djavann, Bas les voiles et Que pense Allah de l’Europe ?
jusqu’à
Les chamanes de la préhistoire de Jean Clottes et David Lewis-Williams.
J'avoue que je me suis écarté de son questionnement ; "mes" Grecs sont un autre viatique.
Il serait difficile de ne pas citer le trésor de sa bibliothèque , les dix-sept tomes des
Œuvres complètes de Saint Augustin,
traduites en français pour la première fois,
sous la direction de M. Raulx,
Doyen de Vaucouleurs,
Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, Éditeurs
publiées en 1864 et 1871.
Pierre Mamet, curé de la Mission de France et vieux compagnon de lutte pour l'indépendance algérienne,qui habita le presbytère de Soukh-Arhas - le lieu de naissance du grand homme - lui en fit don.
Le tome XIV, celui des œuvres polémiques, s’ouvre sur une petite merveille à la Prévert, un inventaire des hérésies qui ont méchamment surgi dès que le Seigneur se fut évanoui dans les cieux ; de I à LXXXVIII, quand le chat n’est plus là, les souris dansent et Augustin ne peut attendre la venue, quinze siècles plus tard, de l’inénarrable Jean-Paul II, il lui faut de suite ferrailler contre
les Simoniens, les Ménandriens, les Saturniniens....
les Nicolaïtes...
les Colorbasiens...
les Pépuziens...
les Tessarescédécatites....
les Apollinaristes...
les Antidicomarites...
ceux qui ne sont pas d’accord avec l’état du monde - déjà -
ceux qui marchent nu-pieds...
les Jovinianistes, les Abéloïtes, les Pélagiens ou Célestiens.
Ce sont les derniers et quatre-vingt-huitièmes.
Bel appauvrissement en seize siècles !
Ce ne sont point :
les Méthodistes, Luthériens, Presbytériens, Épiscopaliens,
les Évangélistes, Baptistes, Pentecôtistes, Témoins de Jéhovah, Mormons
et autres Adventistes,
les Orthodoxes, Coptes et Maronites - y ajoutant même
les Chiites et les Sunnites, les Soufis, Kharéjites et Maléchites
qui parviendront au chiffre LXXXVIII et ébranleront la certitude romaine.
Certains d’entre eux – réintégrons les catholiques romains - éliront peut-être même Bush Junior !
Contre ce enfouissement marécageux, retour à René Char :
« Obéissez à vos porcs qui existent. Je me soumets à mes dieux qui n'existent pas. Nous restons gens d'inclémence. »
Alentour de Clos-Favols, Blaye n’est pas loin et son si tendre Jaufré Rudel apaise de ces divagations politico-divines, par sa complainte d’amant :
Jamais d’amour ne jouirai
Si je n’aie joie d’amour de loin
Plus noble et plus gentil n’en sais
En nulle part, ni près, ni loin
Tant est son prix constant et vrai
Qu’être captif des Sarrasins
Me serait être tout près d’elle.
Que s’y reconnaissent mes trop lointaines Comtesses de Tripoli !
* Joseph SAOUTER, Homo Capiens
Baniane, une Algérie fraternelle
aux Éditions Reconnaissances, 11 rue du Télégraphe, Paris 20e.
19:00 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 octobre 2004
Sur un aphorisme
ÑO ênaj o tÚ mante›Òn •sti tÚ ¢n Delfo›w oÌte l•gei oÌte krÊptei ãllå shma€nei.
ÑHrèkleitow
J'étais heureux. Robert C, hier au soir, me conseille un site qui permet de saisir quasi directement du grec ancien, sans être obligé de recourir toutes les deux ou trois lettres à une table de concordance.
Ben, oui !
Mais écrire du grec à six heures du matin, c'est s'engager sur des sentiers tortueux.
Monsieur "mon Fournisseur d'accès", qui vous nommez Benoît Desavoye, je crois, s'il vous plait, comment puis-je faire du grec ancien sur votre serveur ?
Par-delà les Enfers, l'eau, le feu et la foudre, les fumiers et les âtres où se dissimulent les dieux inexistants, les bornes de l'Aurore et du Soir, les cordes de la lyre et la vis du foulon, toutes les harmonies qui s'accordent en se désaccordant et les chiens qui le dévorèrent, Héraclite vous en saura gré.
L'illisible aphorisme qui ouvre la page de ce jour est :
"Le maître dont l'oracle est à Delphes, ni ne dit, ni ne cache, il donne signes."
Il n'est pas sûr que l'aphorisme soit plus lisible !
Nota-bene : Cinq ans après, le 10 octobre 2009, l'aphorisme est enfin scriptible en Grec — en est-il plus lisible ? :
ὁ ἄναξ οὗ τὸ μαντεῖόν ἐστι τὸ ἐν Δελφοῖς, οὔτε λέγει οὔτε κρύπτει ἀλλὰ σημαίνει.
06:25 Publié dans dans les pas d'Héraclite, Les antiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 20 octobre 2004
à Pierre Aigüe
Marche active - trop active ? - ce matin.
Et ce soir grande lassitude un peu béate.
Quand les gens de Passay nous parlaient, l'ami Daniel écrivait ceci :
«Choses vécues par milliers... le paradis terrestre est plein d'eau. D'air et de vent. De lumière, de chaleur, de feu. Grand Lac, Grand Lieu, Grand Ëtre.»
22:20 | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 18 octobre 2004
L'invention de la Croix du Sud
Invention :
Action de trouver, de découvrir (une chose qui existe mais jusque là inconnue). Synon. découverte. L'invention d'un trésor. (Dict. XIXe et XXe s.).
« Pendant notre séjour à l'embouchure du fleuve, nous ne vîmes qu'une fois la tramontane, qui nous parut très basse à l'horizon ; aussi nous ne pûmes la voir que par temps clair et serein et encore nous apparut-elle à la hauteur d'une lance au-dessus de la mer. Nous vîmes également six étoiles basses sur la mer, grandes, lumineuses et brillantes, qui nous servirent de repères. Il nous sembla reconnaître le chariot austral, mais nous ne pûmes apercevoir l'étoile principale, ce qui ne se pouvait raisonnablement, sans perdre la tramontane. »*
Voici ce qu'aurait pu nous lire l'aimable et jeune conférencier de cette bien maigre soirée, organisée par Nantes-Histoire, à propos de "l'invention de l'Afrique" sous les premiers regards européens.
Le lundi précédent sur "L'Afrique avant la colonisation : un continent sans États ? " avait été affligeant. Inconnu l'empire du Ghana, inconnu l'empire du Mali, inconnus les royaumes Ashanti, d'autres et d'autres ; ils ne sont point mentionnés dans des documents écrits. Un soupçon de Bénin sans doute pour le croustillant exotisme des Amazones ! Et encore ? La tradition orale est-elle bannie par la rigueur de certains parmi les historiens français.
Le jeune homme de ce soir a, cependant mentionné Alvise Ca'da Mosto, l'homme qui "inventa" la Croix du Sud. Mais ignoré, l'infant dom Henrique dit le Navigateur, qui jamais ne navigua.
« ...ce qui ne se pouvait raisonnablement, sans perdre la tramontane. »
Tout l'avenir de l'invention du monde se cristallise dans l'intense de ce moment : ou l'horizon se referme, et pour combien d'années encore, ou le marin ose franchir l'invisible ligne de partage des hémisphères : il perd la tramontane** et il parie sur le chariot austral***.
D'autres avant Ca'da Mosto ont peut-être fait ce pari, nous l'ignorons, la trace de ces autres est muette. Ca'da Mosto, lui, l'inscrit.
L'homme d'Europe hésite encore, mais la Croix du Sud se lève dans ses regards et aux étraves s'ouvre l'immensité du monde.
Bonheur et malheurs : ce monde mettra moins de cinq siècles à rétrécir !
* Alvize CA'DA MOSTO, Voyages en Afrique Noire (1455 & 1456), Collection Magellane, Éditions Chandeigne/UNESCO, Paris, octobre 1994.
(Un parmi plus de trente beaux bouquins, beau papier, belles fontes, une iconographie rare)
Ceux qui passent par Paris, passeront 10 rue Tournefort, dans le Ve.
** L'Étoile polaire.
*** La Croix du Sud
23:45 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 17 octobre 2004
Déjà une semaine
Vendredi en fin d’après-midi, je suis allé me faire livrer l’ordinateur portable que me demandait Dawda. Il avait trouvé sur la Toile un site qui lui en offrait à bas prix ; il me demandait de faire la transaction depuis la France.
N’étant qu’un “macIntochiste” borné n’y connaissant rien en PC, j’ai appelé JeanJo à mon secours et il m’a emmené de suite à Saint-Herblain, dans une boite d’insertion qui pratique l’occasion et assure une garantie : nous avons donc dégoté pour l’ami Dawda un joli IBM ThinkPad rénové, mis au point avec Windows 95 ; ce n’est pas un monstre, il n’a même pas le processeur Pentium II. Mais il a un lecteur de CD et un modem ; Dawda, des rives de sa Falémé, là-bas, aux confins du Mali et de la Mauritanie pourra - la ligne téléphonique parvenant enfin à Djimbé, panneau solaire et batterie aidant - se connecter sur la Toile :
« Allo, le Monde ! Ici, Djimbé ! »
Un vrai bonheur d’avoir pu lui donner ce coup de main.
Être aussi avec nos copains du Sahel dans l’instantanéité de l’écriture et de la lecture. Impatience joyeuse de l’amitié : je voudrais déjà qu’il l’ait sous les doigts, ce petit outil.
Me souviens qu’il y a huit ans, je lui avais laissé gaiement mon premier portable, un PowerBook 145b équipé d’un mini-panneau solaire, que je trainais dans tous les recoins que j'arpentais, en mer et au désert.
Il a résisté à la chaleur, aux bourrasques de l’hivernage, au sirocco et à ses ciels plombés de poussière ocre. L’ami Dawda en prenait un soin jaloux. Le petit Mac marchait vaillamment ; il n’a point résisté à la petite pègre de Bakel, cette Sodome du Gadiaga.
JeanClaude lui emporte le petit dernier à la mi-novembre.
À nos premiers courriels, Dawda !
Pour célébrer la Korité... ou Noël !
Nous sommes œcuméniques ! Vains dieux !
Ce dimanche matin - tiens ! déjà une semaine de chronique - il n’y a plus seulement les huîtres à aller chercher. Il importe de monter au bourg, pour prendre Le Monde du dimanche-lundi et son DVD, au café de la Place de l’église.
Belle surprise, ce jour, c’est Ma nuit chez Maud d'Éric Rohmer.
« Catholique pratiquant ?
– Ben ! Oui ! »
Lui, un Jean-Louis Trintignant, retenu, attentif et cependant léger, léger, d’une innocence non feinte, à l’audace soudaine et silencieuse :
« Ça m’amuse même beaucoup plus que vous ne le pensez. »
Elle, la si belle Françoise Fabian, corps et voix :
«...je l’enlève pour dormir. Je dors toujours à poil. Je ne comprends pas comment on peut garder quelque chose qui se froisse et qui remonte quand vous vous retournez. »
– ainsi Aragon, dans je ne sais plus quel livre - La mise à mort ? - qui refuse le port du pyjama et se veut nu dans les replis du drap.
Plus tard, le baiser dans la montagne, neige et froid, ils se tiennent enlacés :
« Je ne me suis jamais autant amusé.
– C’est vrai
– Vous le sentez bien ! »
Plus belle encore, elle, cinq hivers ont dû s’écouler, et cet été-là, remontant de la plage :
« Du soir ? Vous voulez dire de la nuit ! De notre nuit ! Je n’ai rien oublié. »
Les huîtres de la baie de Bourgneuf arrosées d’un grosleau gris étaient gouleyantes à souhait. Des roubinettes - une nouvelle espèce de pommes dorées au four comme dessert.-
Et feuilletant La mise à mort, pour retrouver trace de l’absence de pyjama chez Aragon, ceci :
« Quand elle chante, j’aime bestialement son âme. »
19:55 Publié dans Parfois un film | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 16 octobre 2004
Houat petite île
Il y a trente ans la beauté nue
de la grève d’ En Tal
en plein visage
le village aux maisons à croupetons
autour de son clocher trapu
des heures pour le regard
et parfois l’insolite
dans l’encadrement des portes
les aïeules là depuis des années
adossées au chambranle
désormais vêtues de sombre
elles vivent placides et seules
occupant la vacuité de l’attente
dans les parleries du soir
les aïeux tassés noueux songeurs
ça ne va plus en mer
les aïeux comme de vieux outils
appuyés aux jetées
de nulle part à nulle part vers ailleurs
il n’est pas un jour pas un lieu de cette terre qui ne soit parcouru de vent
passage du front froid
le vent de galerne
est bleu
l’écume neige sur les rocs de Tréac’h Béniguet
je suis le témoin effaré de cette fin de terre
sel sur les lèvres
rougeur aux joues
l’air ventile à profusion
des plaisirs qui irriguent le corps
espace ivre
rasant la mer un cormoran
à Chubègue Bras ailes déployées
un autre cormoran hiératique
au creux des landiers
se tait
le froissement continu de l’eau
Gildas l’ermite autrefois se terrait au profond du vallon de Lann-er-Hoëd
au mouillage de Tréac’h Gouret
un soir de septembre
l’air calme
était épaisseur colorée
certains matins la rumeur de mer n’est plus qu’un léger ressac alentour de l’île et on entend à nouveau les oiseaux
18:20 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 15 octobre 2004
dictons... comme des haïkou bretons
Sur la Vilaine, retour de mer.
Soleil à haubans
Marin, prends ton caban
Paisiblement, vers le mouillage de Foleux
Qui trop écoute la météo
Tire des bords au bistrot !
15:49 | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 14 octobre 2004
De quelles lectures s'agit-il ?
Ennuyeuse soirée à la médiathèque Condorcet. Les certitudes de dames qui s'estiment passionnées par la lecture - quelle lecture ? -me hérissent plus encore aujourd'hui que naguère quand je faisais profession de conseiller d'Éducation populaire "Livre & Lecture". Je n'ai pu m'empêcher de rétorquer qu'il existe nombre de lecteurs qui ne sont point "passionnés", mais qui sont, interrogateurs, à la recherche de réponses et de questions nouvelles. Que pour ces lecteurs-là, il serait opportun de prolonger l'ouverture de la médiathèque, une fois, une seule fois par semaine, le vendredi, par exemple, jusqu'à 22 heures. Je pensais soulever un tollé chez les professionnels de la lecture publique, mes copines bibliothécaires. Eh bien, non ! Ce sont des "usagères" qui ont ridiculiser ma proposition. Elles, ce qu'elles veulent, c'est un club de lecture - en soi pourquoi pas ? - mais je crains l'objet des échanges : la littérature pour dames d'œuvre, ça sévit encore. Dans les six ou sept cents romans annoncés, la provende est abondante pour nourrir la passion de ces dames... Il me faudrait peut-être "déconstruire" mon point de vue. Nous nous retrouvons à la mi-novembre ; par provocation, je suis fichu de leur proposer des "lectures" autour de mes "alliés substantiels". Si la provocation échoue, je me retire dans mon encoignure de lecteur : telle, en sa tour, l'encoignure de l'ami Montaigne .
17:10 Publié dans & Montaigne si proche, les lectures | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 13 octobre 2004
... en marchant...
À neuf heures, nous ne sommes que trois pour la marche habituelle du mercredi matin, Jeanne, Joa et moi. Capes déjà ruisselantes. Il pleut dru.
L’automne est bien là
ce qui me le fait comprendre
c’est l’éternuement
Buson
Qu’à cela ne tienne, nous partons. La Couillauderie, les Bauches-du-Désert, jusqu’aux abords de la Mouchonnerie. Retour par les Grands-Champs, la Caillière et les hauts de la Bouguinière.
Le plaisir, pour moi, de ces marches du mercredi, c’est tout autant que la saine activité physique, l’effervescence mentale, les échanges, les liens déjà tissés mais qui se resserrent dans la belle oisiveté - l’otium latin - de la retraite.
Nous avons marché tout en parlant de Derrida, des blogs, de la solidarité internationale, de l’emprise insidieuse de la Communauté urbaine, de l’excision qui agite beaucoup, ces temps, notre petite collectivité, de la beauté des vignes-vierges à l’automne.
Sans savoir pourquoi
je me sens attaché à ce monde
où nous ne venons que pour mourir
Sôseki
Ce soir, mes anciens engagements professionnels me rattrapent : invitation à Condorcet pour la présentation de « Lire en Fête » et pour la création d’un éventuel “groupe-lecture” qui “prendrait des initiatives pour donner envie de lire”.
Fourbir mes vieilles hypothèses : contre le plaisir de lire - ce sera énoncé avec gentillesse -, pour le questionnement et le projet du lecteur « qu’est-ce que je cherche ? pourquoi je cherche ? - ce sera dit avec passion.
Ça tombe bien ; ce matin-même, sur France Cul, le rapport Thélot sur l’École agitait experts et journalistes, républicains et pédagogues, autoritaires et libertaires.
Il y était question d’une intervention de Finkielkraut, mon “gant de crin” du samedi ; je l’aime bien, cet homme ! Il me met dans des rognes noires, mais je n’oublie point qu’il commit avec Pascal Bruckner, en 1977, ce qui me fut un livre de salubrité et de risque “Le nouveau désordre amoureux”.
Alors, ce soir, si nous ne parlons pas de l’école et de l’apprentissage de la lecture, je veux bien retirer des orties ma pédagogie.
Pour clore la journée
Comme le fil coupé
d’un cerf-volant
mon âme légère
des jours de jeunesse
s’est envolée dirait-on pas ?
Ce n’est pas un haïku, c’est un tanka de Takuboku.
18:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 12 octobre 2004
... au petit matin
Ce n'est pas encore le jour.
Et déjà un sonnet en bouche, le XIIe, ce matin, de la Belle Louise
« Oh si j'estois en ce beau sein ravie »
Puis m'en aller chez Joachim, parcourir ses sonnets "phalanstériens" , entre le 128e et le 147e
« Ce n'est pas de mon gré, Carle...
...................................................
Ne te fâche, Ronsard.... »
Voilà qui apaise des tumultes de la soirée !
J'ajoute la petite surprise -un tantinet attendue - de voir surgir (!) le bandeau publicitaire qui surplombe sans humour la citation de Char, "les mots qui vont surgir..."
Non, ce n'était point "BlogJob" que je guettais !
Tant pis ! Je veux écrire gratuit, il faut bien que je paie !
07:55 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 11 octobre 2004
Feuilletage d'automne
Les dépressions automnales, depuis dix jours déboulent le long de notre quarante-septième parallèle.
Vents, pluies, chants des feuilles.
Nostalgique feuilletage des livres de bord des années passées.
L'an 2001, arrondi au petit matin cabo Sao-Vicente, sous la punta de Sagres, un grain subit obligeait à réduire la toile de Dac'hlmat, la grand'voile à un ris et le génois à demi-enroulé.
Au mitan de l'après-midi, première escale aux rives de l'Algarve, Lagos nous attendait
Au 12 octobre, sur le livre de bord de 2001, voici ce qui y fut consigné :
Il fallait nous départir de Lisboa. Il y eut un bon créneau météo, on largua les aussières au début du jusant, le dimanche après-midi 30 septembre, par un beau soleil. Décision prise de mouiller sur ancre à Cascais le soir, puis le lundi matin, cap au sud-est sur Sinès.
Les amis de l’Astrolabe quittaient aussi Lisbonne, mais cap au sud-ouest pour Madère, cinq cents milles, cinq jours de traversée. Petite nostalgie dans l’équipage : Dac’hlmat aurait eu 2 ou 3 mètres de plus....! Nous nous étions échangé nos e-mails et donné rendez-vous pour octobre 2002 sur les rives de Gironde.
Une descente sereine du Tage ; si peu de houle ; Nicléane photographie.
Le lundi matin, au mouillage de Cascais, une brume épaisse, nous décidons d’attendre ; à quelques encablures, le Letho de Peter le Néo-Zélandais, arrivé la veille au soir, on se salue de la main !
L’Astrolabe est sans doute déjà loin dans le suroît...
Mardi matin : ciel clair, l’estuaire est immense et limpide !
Salut, le Tage et tous les anciens qui en sont partis et y sont revenus !
Ah ! et les voyages, les voyages de croisière, et les autres.
Les voyages en mer, où nous sommes tous compagnons d’autrui
D’une manière spéciale, comme si un mystère maritime
Rapprochait nos âmes et nous rendait un instant
Patriotes provisoires d’une même incertaine patrie,
Se déplaçant éternellement sur l’immensité des eaux !
...........................................................................
Les voyages, les voyageurs – il en est tant d’espèces !
Tant de nationalités dans le monde ! Tant de professions !
Tant de gens !
Tant de directions diverses qui peuvent se donner à la vie,
La vie, au bout du compte, au fond toujours, toujours la même !
Tant de visages singuliers ! Tous les visages sont singuliers
Et rien ne donne autant le sens du sacré que de beaucoup regarder les gens.
Fernando Pessoa
Ode Maritime
À la nuit, Sinès, à l’instar de Leixoès, un ancien port de pêche devenu un énorme complexe portuaire ; et il s’agrandit encore. Mais au fond, tout au fond, une anse préservée, une jolie plage propre et quelques pontons. On nous attend au catway que nous distinguons mal, aveuglés par les photophores du port et c’est toujours bien agréable de se faire prendre les aussières : c’est Nick et sa compagne, des Cornouaillais de Falmouth, déjà côtoyés à Nazaré et Péniche.
Sinès, village de Vasco de Gama, un cirque de calcaire ouvert sur le sud-ouest, rude montée où sourd une source dédiée à Santa Lucia, bonne pour les yeux, une citadelle trop nouvellement restaurée et un Vasco de bronze à l’ombre de la muraille. Nous y aurons la joie du premier courrier, quémandé depuis notre arrivée et que je n’obtiendrai d’un gardien de port, gentil mais obtus, qu’après avoir déchiffré notre nom à l’envers : j’avais omis d’indiquer à Patrik que le plus important de l’adresse, c’est le nom du bateau.
Corvée de lessive devant la seule machine à laver du port : c’est la rencontre de Cath, la compagne de Peter. Le Letho est arrivé la veille ; ils sont partis de Cascais quelques heures après nous quand la grande houle d’ouest a recommencé à agiter le mouillage. Et c’est peu dire. Ils ont fait escale à Setùbal. Nous allons deux jours durant beaucoup échanger autour de pots de bière, de tasses de café et de verres de porto ; nous ouvrirons la dernière bouteille de Muscadet avec eux et pour le grand bonheur de Peter qui nous avouera en avoir beaucoup entendu parler mais n’avoir jamais bu un vrai Muscadet. Kath est Irlandaise et fut prof de français. Ils vont peut-être retraverser l’Atlantique pour les Caraïbes où Peter a beaucoup navigué comme skipper professionnel, ils hésitent, Ils entreraient bien en Méditérrannée.
Entre Nicléane et Kath, une belle connivence de femmes !
Longs échanges sur l’état du monde.
Et les inévitables points “météo” pour saisir le meilleur moment de larguer les aussières et d’arrondir ce sacré Cabo São Vicente qui, pour nous, nous mettra enfin à l’abri des grosses dépressions automnales du Centre Atlantique.
Nous sommes le 6 octobre. L’anticyclone des Açores pousse une dorsale jusqu’au sud de Ouest-Portugal ; il faut en profiter. Mon schipchandler lisboète m’avait confié que des Açores, les Portugais n’attendaient que deux choses, l’anticyclone et le beurre - qui, il est vrai, est fort bon ! Au nord, sur vous, fond alors la première grande dépression d’automne et sa tempête, nous n’aurons que la queue très humide de son front froid - douze heures de pluie torrentielle et une grande houle de nord-ouest.
Le 7, soleil, petit vent de... sud-ouest, toujours absents les alizés portugais. Nicléane et moi partirons juste avant la tombée de la nuit pour être au petit matin en vue de São Vicente. À 17 heures, porté par la houle qui entre jusqu’au fond de notre anse bénie, un petit voilier battant pavillon USA avec une femme seule à bord, tous les voileux du port se précipitent pour lui prendre ses amarres. Elle a dans les soixante ans et Kath nous dit qu’elle navigue ainsi en solitaire depuis sept ou huit ans. Par l’entremise de notre Irlandaise, l’Américaine nous donne quelques renseignements sur l’état de la mer au large. Grande, grande houle, très creuse, cinq mètres, mais large ! Le plus gênant : le peu de vent pour appuyer les voiles et éviter d’être trop inconfortablement ballotté. Elle dit qu’elle attendrait le lendemain ou plus tard. Nous hésitons, mais sachant la “fragilité” des dorsales, je préfère, sans forfanterie, larguer. À 19 heures, les autres équipages en sont à l’apéro, nous, les Bretons, on largue !
Belle, belle nuit, grande, grande houle certes, mais tant d’étoiles. Et Orion à l’aurore avec les derniers éclats de São Vicente ! Et Nicléane a assuré sans barguigner son quart de nuit.
En milieu de matinée, le cap et la pointe de Sagres laissés dans le nord-ouest, à nous l’Algarve, la houle s’est apaisée, bonheur d’une mer plate et d’un vent frais de travers, Dac’hlmat allonge la foulée quand un méchant nuage noir venu de terre nous cueille à 25, 30 nœuds. Rafales, éclairs, prise de ris, réduction du génois, cirés enfilés ! Ça ne durera guère. Mais merci l’Algarve pour l’accueil. Nous qui rêvions de soleil !
Nous longerons la belle côte de calcaire déchiquetée, remonterons la rivière de Lagos et deux jours après, prendrons le bus pour São Vicente et Punta de Sagres, histoire de voir d’en-haut ce que nous avions vécu d’en-bas.
C’est plus impressionnant de terre que de mer. J’ai franchi dix-huit fois le Raz-de-Sein : je ne suis jamais allé à la Pointe du Raz....
Histoire de voir aussi Punta de Sagres, un site tabulaire impressionnant où Henri le Navigateur installa son école de navigation qui accueillit marins, astronomes, cartographes, mathématiciens, architectes, simples matelots. Depuis Porto, nos oreilles attentives ne bruissaient que de ce nom-là. Nos enfances avaient rêvé de Cabral, Vasco de Gama, Batholomeu Diaz, Albuquerque, Magellan - un faux-frère celui-là, il navigua pour les Espagnols.
Le Monde s’était donc ouvert à partir de ces lieux que depuis plus d’un mois nous hantions...
Le Monde Ouvert ? Officiellement pour les Grands de l’Occident, Rois, Papes, Empereurs. Que sait-on des humbles matelots, vikings, bretons ou basques qui, peut-être cent fois, avaient déjà touché ces terres inconnues qui, depuis Punta de Sagres, vont être nommées, cartographiées, partagées, puis.....
Terribles ambiguïtés d’un temps qui est toujours évoqué en célébration de la Découverte et de la Rencontre !
En ces jours-ci que nous vivons, gens d’Occident, difficile de ne pas repenser ce qui est notre Bien et notre Mal ! Notre faim d’ouverture et notre hantise de possession !
J’avoue avoir salué au passage Gil Eanes : il fut sans doute le premier à rencontrer les ancêtres de nos amis Soninké et Peuhl. Contournant le premier le cap Bojador, il dut bien mouiller son ancre dans l’estuaire du fleuve qui n’était pas encore Sénégal !
À peine étions-nous débarqués, dans le premier cyber-café de Lagos - nous ne connaissions que les courriels - les blogs étaient-ils connus ? - je vis l'une parmi les plus belles femmes rencontrées lors nos escales.
S'annonçait la beauté andalouse !
23:10 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 10 octobre 2004
Ici commence....
« Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux. »
René Char
Entré entre crépuscule du soir et crépuscule du matin dans ce projet de journal sur la Toile, que je vis comme une plongée dans un maelstrom d'écrits, de cris et d'images.
Avec la tension qui est aussi celle que je ressens quand j'écarte le quai du pied et que je vais arrondir la jetée du port pour le large.
S'il faut poursuivre la métaphore marine, j'embarque avec une maigre expérience d’écriture journalière et des bribes de journal intime - (l'adolescent) -, de livre de bord - (le marin) -, de notes de lecture - (l'ancien conseiller)...
Avec mon idée fixe du possible phalanstère - à moi Fourier et Barthes ! - que j'ai affiché en incipit dans mon site refaçonné ces jours-ci...
Cette idée qu'écrire sur la Toile - site ou blog - c'est écrire pour les très proches, les proches, les amis de jadis, de naguère, d'aujourd'hui : c'est une manière de nouer et renouer les liens que tissaient les lettres, les rencontres dans le cours du temps et dans l'espace qui nous sépare trop souvent.
Site ou blog comme une présence invitant à l'entretien : « Voilà où j'en suis ! Et vous, où en êtes-vous ?
Avec l'idée d'une écritoire - l’écran de mon bon vieil iBook -, renouvelant l'ancienne aventure des copistes en leur scriptorium : communauté et solitude, proximité et éloignement, mais immédiateté qui efface les longues et patientes attentes des lettres de naguère, mais qui n'exige point la frappe hâtive du “chat”.
Sans trop d’illusions, mais un mince espoir : qui lit ? Qui lira ? Qui, surtout, en retour écrira ?
13:05 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (1)
Pour saluer Jacques Derrida
Pour saluer Jacques Derrida, qui fut souvent “l’illisible”. Mais parfois quelles lueurs ?
Dans L’écriture et la différence, à propos de Emmanuel Lévinas, (p. 127-128) :
« Sommes-nous des Juifs ? Sommes-nous des Grecs ? Nous vivons dans la différence entre le Juif et le Grec, qui est peut être l’unité de ce qu’on appelle l’histoire. Nous vivons dans et de la différence, c’est-à-dire dans l’hypocrisie dont Lévinas dit si profondément qu’elle est “ non seulement un vilain défaut contingent de l’homme, mais le déchirement profond d’un monde attaché à la fois aux philosophes et aux prophètes ”.
Sommes-nous des Grecs ? Sommes-nous des Juifs ? Mais qui sommes-nous... d’abord des Juifs ou d’abord des Grecs ?... À l’horizon de quelle paix appartient le langage qui pose cette question ? Où puise-t-il l’énergie de sa question ?Peut-il rendre compte de l’accouplement historique du judaïsme et de l’hellénisme ? Quelle est la légitimité, quel est le sens de la copule dans cette proposition du plus hégélien, peut-être, des romanciers modernes :“Jewgreek is Greekjew. Extremes meet”* ?
* James Joyce, Ulysse, p. 622.
Dans le Magazine littéraire de septembre 2004, consacré à Antonin Artaud :
« La voix de Artaud..., quand on l’a entendue, on ne peut plus la faire taire. Et donc il faut le lire avec sa voix, avec le spectre, le fantôme de sa voix qu’on doit garder à l’oreille. Pour moi, l’archivation de la voix est une chose bouleversante. Contrairement à la photographie, la voix archivée est “vivante”. »
12:40 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (1)