mercredi, 13 octobre 2004
... en marchant...
À neuf heures, nous ne sommes que trois pour la marche habituelle du mercredi matin, Jeanne, Joa et moi. Capes déjà ruisselantes. Il pleut dru.
L’automne est bien là
ce qui me le fait comprendre
c’est l’éternuement
Buson
Qu’à cela ne tienne, nous partons. La Couillauderie, les Bauches-du-Désert, jusqu’aux abords de la Mouchonnerie. Retour par les Grands-Champs, la Caillière et les hauts de la Bouguinière.
Le plaisir, pour moi, de ces marches du mercredi, c’est tout autant que la saine activité physique, l’effervescence mentale, les échanges, les liens déjà tissés mais qui se resserrent dans la belle oisiveté - l’otium latin - de la retraite.
Nous avons marché tout en parlant de Derrida, des blogs, de la solidarité internationale, de l’emprise insidieuse de la Communauté urbaine, de l’excision qui agite beaucoup, ces temps, notre petite collectivité, de la beauté des vignes-vierges à l’automne.
Sans savoir pourquoi
je me sens attaché à ce monde
où nous ne venons que pour mourir
Sôseki
Ce soir, mes anciens engagements professionnels me rattrapent : invitation à Condorcet pour la présentation de « Lire en Fête » et pour la création d’un éventuel “groupe-lecture” qui “prendrait des initiatives pour donner envie de lire”.
Fourbir mes vieilles hypothèses : contre le plaisir de lire - ce sera énoncé avec gentillesse -, pour le questionnement et le projet du lecteur « qu’est-ce que je cherche ? pourquoi je cherche ? - ce sera dit avec passion.
Ça tombe bien ; ce matin-même, sur France Cul, le rapport Thélot sur l’École agitait experts et journalistes, républicains et pédagogues, autoritaires et libertaires.
Il y était question d’une intervention de Finkielkraut, mon “gant de crin” du samedi ; je l’aime bien, cet homme ! Il me met dans des rognes noires, mais je n’oublie point qu’il commit avec Pascal Bruckner, en 1977, ce qui me fut un livre de salubrité et de risque “Le nouveau désordre amoureux”.
Alors, ce soir, si nous ne parlons pas de l’école et de l’apprentissage de la lecture, je veux bien retirer des orties ma pédagogie.
Pour clore la journée
Comme le fil coupé
d’un cerf-volant
mon âme légère
des jours de jeunesse
s’est envolée dirait-on pas ?
Ce n’est pas un haïku, c’est un tanka de Takuboku.
18:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
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