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Démocratie et émotion (suite)

Montebourg, député PS, bien connu pour son sale caractère - il est loin d'avoir tort - serait bien capable de refroidir toute émotion démocratique éprouvée à suivre en direct les travaux de la commission parlementaire sur l'affaire d'Outreaux. Je renvoie à la lecture de son intervention dans la rubrique "Rebonds" du Libé de ce jour. Sous-jacente à l'ensemble de sa critique, il y a la décision ou non du huis-clos. A-t-il écrit avant le commencement des travaux, donc avant la levée du huis-clos ? A-t-il suivi les entretiens d'hier avec les acquitté(e)-victimes ? Ce jour avec les avocats ? Qui, désormais, peut mesurer l'impact de cette diffusion - il ne s'agit plus d'un simple huis-clos levé ? Si, comme le laisse entendre Montebourg, la majorité au pouvoir tente de manipuler les procès d'Outreau, en emberlificotant même l'opposition, pour déstabiliser un appareil judiciaire qui lui déplait, il sera difficile, aux uns, aux autres, de passer outre devant notre opinion de citoyen(ne)s. "Notre jeune Turc" est, lui-même, vice-président de la commmission des Lois. Que n'a-t-il plus tôt livré son point de vue ?

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jeudi, 19 janvier 2006 | Lien permanent

Chronique portuaire XLIX

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1738. — LE NÉGRIER L' " AMPHITRYON " La mortalité à bord des négriers était parfois effrayante, et l'exemple le plus saisissant peut-être en est donné par le négrier l'Amphitryon, parti de Nantes en 1738, et qui, sur une cargaison de 450 Nègres en perdit 209, soit près de la moitié (1). 1740. — MORT DE JACQUES CASSARD. Cassard, que Duguay-Trouin appelait le plus grand marin de son temps ; Cassard, « qui faisait plus avec un seul navire qu'une escadre entière » ; Cassard, l' « un des plus grands capitaines dont notre marine s'honore » ; Cassard, qui dès le début de sa carrière se signala « avec un tel éclat que son nom est acclamé par notre marine entière, que tous nos ports le saluent avec enthousiasme » (2). Cassard, le hardi Corsaire nantais, mourut en prison, au fort de Ham, le 21 janvier 1740. Parmi tant de gloires éphémères que les siècles qui passent effacent peu à peu, celle de Cassard au contraire semble grandir à mesure que se rapetissent et disparaissent tous ces héros d'un jour ; et de plus en plus se réalise cette parole de Richer, son historien : « Ses exploits militaires paraîtront comme des fables dans l'éloignement des temps » (3). 1743. — LA TRAITE DES NÈGRES EN 1743. Le plus gros chiffre total de Nègres traités par les navires de Nantes se rencontre peut-être en 1743, où les négriers de notre port transportèrent le nombre énorme de 18.000 Noirs. Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui vit l'apogée de la Traite, ce commerce employa une moyenne de 10.000 marins, tandis que 15.000 ouvriers fabriquaient dans les ateliers de Nantes et des environs, les marchandises d'èchange : faïences, toiles peintes, poteries, clous, eau-de-vie, que les navires échangeaient ensuite sur la côte de Guinée, contre du « bétail humain ». ___________________________________________________________________________ (1) AUGEARD, Étude sur la Traite des Noirs avant 1790, au point de vue du commerce nantais, pp.43-5. (2) VATTIER D'AMBROYSE, Le Littoral de la France. Côtes Vendéennes, pp. 421-423. (3) RICHER, Vie de Cassard, p. 117.
RAPPEL Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908 scannées pour le blogue Grapheus

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jeudi, 19 avril 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire XLV

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1718. — CASSARD DÉCORÉ. Jacques Cassard reçut le 17 juin 1718 la décoration de chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis (1). Toutefois cette décoration, arrachée au gouvernement par le cri de l'opinion publique, lui fut accordée sans pension, alors que Cassard avait dépensé des sommes considérables pour nourrir Marseille et ravitailler la Provence. 1721. — QUARANTAINE ET "PARFUMAGE" DES NAVIRES DANS LE PORT DE NANTES. Deux lettres du Conseil de la Marine, l'une en date du 9 juillet 1721, l'autre en date du 15, nous indiquent les mesures prises à cette époque pour empêcher les navires venant de contrées contaminées de répandre dans le pays les germes dont ils pouvaient être infestés. Elles portent que le vaisseau l’Union, de Gênes, depuis trois mois dans le port de Nantes sans avoir été déchargé, le serait de la manière suivante : l'équipage devait débarquer la cargaison dans une île déserte de la Loire et l'y mettre « à l'évent », c'est-à-dire étendue à l'air, et pendant quarante jours équipage et marchandises devaient rester confinés dans leur île. Le navire, de son côté, devait être « submergé » pendant deux ou trois marées ; après quoi on devait le « parfumer», c'est-à-dire le désinfecter en y faisant brûler des aromates. Ces différentes formalités accomplies, on estimait « qu'il ne devait plus rester aucun scrupule de mauvais air » (2). 1723.— AMÉNAGEMENT DE LA GRÈVE DE LA SAULZAYE. En 1723, vingt-quatre riches commerçants et armateurs de Nantes fondèrent entre eux une société pour aménager la grève jusqu'alors déserte et nue de la Saulzaye, et y construire de superbes maisons, des cales et des quais. Cette grève appelée l'île Feydeau, du nom de l’ intendant de Bretagne Feydeau de Brou, se couvrit bientôt de riches palais habités par les marchands de l'époque : tandis que ses cales et quais, en resserrant notablement le lit du fleuve amélioraient son cours. Le pont de la Bourse fut construit trois ans après, en 1726, pour permettre l'accès de ce nouveau quartier (3). ___________________________________________________ (1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, p. 122. (2) EXFILLY, Dictionnaire des Gaules, Article Nantes. (3) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. III, p. 464.

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jeudi, 15 mars 2007 | Lien permanent

encres, écrits, livres, écrans,TOILE

Ce week-end commence bien pour nos écrits et ses supports. Après deux articles dans le Monde des Livres d'hier sur le livre numérique et le blues des libraires, Masse critique de Frédéric Martel sur France Cul, invitait Agnès Saal de la BNF, qui planche sur Europeana, le projet de bibliothèque numérique européenne face à Google.
On y reparle des e-livres à encre numérique, des saints droits d'auteurs — dans cinquante ans, de ceux-là, on ne reparlera plus.

Mais l'auditeur perçoit toujours une petite nuance rageuse quand Google est mentionné, assimilé à Bush junior par Barbara Cassin (Google-moi) qui est plus audible quand elle parle des Présocratiques que du moteur de recherche que d'un déclic vous et moi, pouvons envoyer aux enfers — les gens de Google ont de quoi payer bien Caron.
Anecdotiquement, j'ai "rencontré Google" en 1996, à la BNF, quand, faisant des recherches sur la Kahéna, une bibliothécaire m'a conseillé ce moteur de recherche, qu'elle estimait autrement plus perfomant que AltaVista ou HotBot.


Ô tempora, Ö mores !
J'en ai sept ou huit dans mes marque-pages et, selon, je choisis. Rarement déçu.

La bonne nouvelle de cette numéraisation européenne c'est qu'enfin les bouquins seront numérisés en mode texte et non en mode image.
Je ne pense pas que mon libraire s'étonne de mes absences hebdomadaires. Là, mes fidélités sont indéfectibles !

Pour cette affaire plus que jamais en cours, avoir toujours sous le coude Livre, de Michel Melot et sous le clic, le site d'Affordance.
Il y a du grain à moudre et pour jeudi, France Cul annonce une journée sur javascript:;toutes ces choses !

Post-scriptum (qui a peut-être à voir) : Merci à Berlol pour le Cendrars.

Post-scritum 2 : Après Masse critique, suivait RÉPLIQUES ; j'ai foutu le podscast à la corbeille. Dommage pour les invités du sieur F. Le jeu de marelle des intellectuels — tout courts — m'emmerde (cf. Le NouvelObs de la semaine).

Post-scriptum 3 : Aujourd'hui, ce 17 février, mon PÈRE aurait 100 ans.

Mon père tu fus et tu seras
à travers tes bontés tes erreurs tes courages
ma fierté OUVRIÈRE

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samedi, 17 février 2007 | Lien permanent

des mots, encore des mots

Char centenaire
Dans les textes de Char, les traces sur les “mots” sont relativement tardives : il faut atteindre La Parole en archipel pour rencontrer les premiers questionnements. Questionnements déjà en tension : accueil et soupçon et ce, dès le surgissement des traces :
On ne peut commencer un poème sans une parcelle d’erreur sur soi et sur le monde sans une paille d’innocence aux premiers mots. Dans le poème, chaque mot ou presque doit être employé dans son sens originel. Certains, se détachant, deviennent plurivalents. Il en est d’amnésiques. La constellation du Solitaire est tendue.
La Bibliothèque est en feu, La parole en archipel.
Rejet que l’usage quotidien imprime :
N’incitez pas les mots à faire une politique de masse.
Faire du chemin avec..., Fenêtres dormantes et porte sur le toit.
Le poète qui versifie en marchant bouscule de son talon frangé d’écume des centaines de mots à ce coup inutiles...
Victor Brauner, II. Alliés substantiels Recherche de la base et du sommet.
Ô mots trop apathiques, ou si lâchement liés ! Osselets qui accourez dans la main du tricheur bien séant, je vous dénonce.
L’âge cassant, Recherche de la base et du sommet
D’où l’incitation à être vigilant sur les sens, d’où l’incitation au travail :
Les jours de pluie, nettoie ton fusil. (Entretenir l’arme, la chose, le mot ? Savoir distinguer la liberté du mensonge, le feu du feu criminel.)
À une sérénité crispée, Recherche de la base et du sommet
Ô la nouveauté du souffle de celui qui voit une étincelle solitaire pénétrer dans la rainure du jour ! Il faut réapprendre à frapper le silex à l’aube, s’opposer aux flots des mots. Seuls les mots, les mots aimants, matériels, vengeurs, redevenus silex, leur vibration clouée aux volets des maisons.
Lombes, Aromates chasseurs
Quand j’ai commencé ces quelques notes sur les mots, avais-je lu ? avais-je oublié l’intervention de Georges Mounin dans Europe (janvier-février 1988) sur Char et le langage, élargissant le thème à la relation langage/poésie, à partir de la préface de Jean Roudaut dans la Pléiade et faisant une référence appuyée à l’entretien de France Huser et René Char, Sous ma casquette amarante ? Char, un “linguiste”, mais d’atelier. Un poète, quoi !
les mots... redevenus silex.

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vendredi, 25 mai 2007 | Lien permanent

Chronique portuaire LIII

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1751. — OURAGAN EN LOIRE. Le 27 mars 1751, les commerçants de Nantes adressaient à Mgr Rouillé, à la Cour, une lettre par laquelle ils demandaient leur dégrèvement des taxes et droits, en raison des dommages considé-rables qu'ils avaient éprouvés du fait du « Houragan qui s'elleva la nuit du 14 au 15 de ce mois avec une impétuosité dont on trouve peu d'exemples... » À cette lettre étaient joints plusieurs états des navires coulés ou échoués, et des marchandises perdues. On y relève treize navires coulés en rade de Paimbœuf, vingt-six navires échoués sur les rives du fleuve, et dix-neuf démâtés ou fortement endommagés. En 1756, un nouvel ouragan fut l'occasion d'une demande similaire de dégrèvement (1). 1754. — RÈGLEMENT DE L'AMIRAUTÉ SUR LES LOCMANS. Un règlement de l'Amirauté de Nantes, en date de septembre 1754, organisait le corps des Pilotes lamaneurs ou Locmans, et fixait ainsi leur nombre ; douze au Croisic, dix à Bourgneuf, quarante-huit à Saint-Nazaire, et soixante de Paimbœuf à Nantes. Il rappelait in fine qu'aux termes de l'Ordonnance de la Marine, le lamaneur qui aurait fait échouer un navire par ignorance serait puni du fouet, et que celui qui aurait agi par malice serait condamné à mort et son corps attaché à un mât près du lieu du délit (2). L'ancienne législation, on le voit, était des plus sévère à l'égard des pilotes ignorants de leurs devoirs ; peut-être faudrait-il par contre accuser nos lois actuelles d'un excès tout opposé, et réclamer l'atténuation de la non-responsabilité de fait dont bénéficie trop souvent le corps des pilotes au préjudice des capitaines, qui ne peuvent sinon se passer d'eux, du moins se dispenser de payer les droits de pilotage. ____________________________________________________________________ (1) Le Chercheur des Provinces de l'Ouest, Année 1902. Questions et Réponses, p. 378. (2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. III, p. 155.

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jeudi, 24 mai 2007 | Lien permanent

Pour Jo Le Meudec instituteur et paysan breton

La camarde passe trop souvent en ces jours dans l'environ des amitiés. Avant-hier, en mer, sous la pointe de Grand'Mont, message de Col, l'amie : "Jojo est mort !" L'horizon à nouveau obscurci, la rage de la vie contre l'effacement de ce visage de l'ami. Et la gorge qui se noue parce que monte la mémoire d'années ensoleillées au bord d'un désert que, côte à côte, nous aimions, nous, enfants des bocages humides et verts d'Ouest, pour sa minéralité dure et son ascétique sécheresse. C'était au temps d'une Indépendance encore belle d'avenir. Jo Le Meudec, fils de paysans bretons, y enseigna trois ans les petits Chaouias. Sa patience d'éducateur et de jardinier fit merveille dans cette petite palmeraie de Chetma au pied de l'Amahdou, ce djebel des Aurès qu'on nomme la"Joue" qui rosissaitt au soleil couchant, quand nous allions à l'eau courante et fraîche des "séguia" délasser nos corps assèchés de poussiére.

Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quitté. Où s’étourdit notre affection ? Cerne après cerne, s’il approche c’est pour aussitôt s’enfouir. Son visage parfois vient s’appliquer contre le nôtre, ne produisant qu’un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n’existe nulle part. Toutes les parties — presque excessives — d’une présence se sont d’un coup disloquées. Routine de notre vigilance... Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée. Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant. À l’heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d’énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l’archer, cette fois, ne transperce pas.
René Char Quitter in La parole en archipel Gallimard, 1962. L'éternité à Lourmarin fut écrit pour la mort d'Albert Camus

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mercredi, 19 avril 2006 | Lien permanent | Commentaires (8)

Chronique portuaire LXII

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1780.— LE COMMODORE PAUL JONES À NANTES. En juin 1780, Nantes recevait au milieu d'un enthousiasme indescriptible le fameux commodore PanI Jones, le « père de la marine américaine » et celui qui inspira le « Pilote » de Cooper, et « Paul Jones le Corsaire » d'Alexandre Dumas. Un journal du temps rapporte ainsi l'accueil fait par les Nantais au brave marin ; « On m'écrit de Nantes que Paul Jones a passé huit jours dans cette ville, où l'accueil si flatteur de notre capitale envers lui s'est renouvelé dès qu'il a paru. Le public, toujours engoué du romanesque, se portait en foule sur ses pas, et l'affluence a été si grande, lorsqu'il s'est montré au spectacle, que la moitié des curieux fut contrainte de rester à la porte, tant la salle était remplie. Il n'a pas été moins fêté à la Loge des Maçons, qui, à son occasion, a donné le banquet le plus magnifique, précédé d'un discours, où l'orateur l'a assez ingénieusement comparé à une coquette qui donne des fers à tous ceux qui osent l'attaquer, tandis qu'elle sait se garantir elle-même de la captivité. Les Dames de la Ville lui ont également témoigné combien sa valeur guerrière méritait auprès d'elles. Mlle de Menou, fille du Comte de ce nom, Lieutenant du Roi, lui ayant demandé s'il n'avait jamais été blessé, il répondit : « Jamais sur mer, Mademoiselle, mais j'ai été atteint sur terre par des flèches qui n'étaient point décochées par des Anglais. » Cette réponse galante enchanta tellement cette jeune personne, qu'elle lui valut une cocarde de sa part. Le Commodore l'accepta en lui promettant, foi de Chevalier, qu'il s'en parerait tous les jours de combat » (1). _______________________________________________________________________________________________ (1) BARON G. DE WISMES, Le commodore Paul Jones. Sa réception à Nantes en 1780, pp. 10-11,

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jeudi, 27 septembre 2007 | Lien permanent

...du temps perdu...

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 De Proust, c'est bien le seul bouquin que je réussis à lire. Il avait écrit ce texte comme préface à une traduction d'un écrivain britannique, John Ruskin.

J'étais censé me préparer ainsi à lire "avec bonheur" — ce que promettait la quatrème de couverture — À la recherche du temps perdu. Ou tout au moins son premier tome Du côté de chez Swann que j'avais acheté, le 22 mai 1960 dans la seule librairie de Miliana, la petite cité algérienne, pour quelque temps encore française, sur les flancs sud-est du Zaccar. Nous allions partir en "nomadisation" pour un long mois dans le djebel et comme par provocation, j'avais glissé le bouquin dans mon sac — cette guerre n'était-elle point la recherche d'un temps perdu ! — pensant occuper ainsi les temps immobiles et les attentes silencieuces du "chouff" et de l'embuscade.

Je ne pus jamais en ces heures guerrières poursuivre au delà du premier point-virgule de la troisième ligne :

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » Et, une demi-heure après la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil;

Mais voilà qu'hier au soir, une vieille maligne petite... et grande dame de télévision, Nina Companeez, a peut-être réalisé partie infime de son ambition — moins par ses images, que par le choix et la diction du texte — me donnant envie de dépasser ce point-virgule de la troisième ligne. J'étais devant l'écran d'Arte par hasard après avoir erré dans les images stambouliotes, anatoliennes, cappadociennes, saturées de miel, d'huile et d'or de Faut pas rêver*.

Companeez ne conclut-elle point son adaptation par cette courte phrase de Proust : « Il est temps de commencer. »

À lire bien sûr !

 

* Un titre horrible de vulgarité : le bref de l'oral ne sied pas toujours à l'écrit.

 

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samedi, 30 juin 2012 | Lien permanent

Montaigne à rebours



Depuis son acquisition, et elle remonte au 23 janvier 2003, je peinais toujours sur les premières pages du bouquin de Starobinski, Montaigne en mouvement. Je ne décollais point du premier chapitre.
Comme le viatique embarqué pour cette paisible croisière d'été, parfois doucement, parfois fortement pluvieuse, est plutôt mince... en volumes — Mars ou la guerre jugée d'Alain, pour les lectures longues, Fureur et Mystère de Char et Vents de Perse pour les brèves, — il m'a bien fallu inventer le stratagème pour, sinon épuiser, du moins m'avancer dans le regard que porte Starobinski sur les Essais.

Donc avancer...à rebours.

Ce qui n'est guère assurance d'une lecture juste, savante, "autorisée". Mais, l'âge venant, un usage aux seules fins personnelles libère des contraintes lettrées.
À sauts et à gambades, conseille notre vieil Ami ; et il n'impose point de sens à ces sauts et à ces gambades.


Voici un commencement de glanes, tirées du chapitre VII : Quant aux « maniemens publiques »  du bouquin de Starobinski:



 À la danse, à la paume, à la luite, je n'y ay peu acquérir qu'une bien fort legere et vulgaire suffisance... J'ay une ame toute sienne, accoustumée à se conduire à sa mode. N'ayant eu jusques à cett'heure ny commandant ny maistre forcé, j'ay marché aussi avant et le pas qu'il m'a pleu.
(II, 17)

Le philosophe Pyrrhon, courant en mer le hazart d’une grande tourmente, ne presentoit à ceux qui estoyent avec lui à imiter que la securité d’un pourceau qui voyageoit avec eux, regardant la tempeste sans effroy.
(II, 12)


Toute autre science est dommageable à celuy qui n’a la science de la bonté.
(I, 25)


Mon opinion est qu’il se faut prester à autruy et ne se donner qu’ soy-mesme.
(III, 10)



Qui ne vit aucunement à autruy, ne vit guere à soy.
(III, 10)


Ma raison n’est pas duite à se courber et flechir, ce sont mes genoux.
(III, 8)


...à suivre.






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dimanche, 07 août 2011 | Lien permanent | Commentaires (1)

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