mardi, 02 novembre 2021
après avoir vu "Mort à Venise"
En ce jour que les croyants nomment "Jour des morts".
Quand de quelques pas
tu t'avances en mer
recule la mort
10:39 Publié dans Les nocturnes, Parfois un film | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce n'est pas un adieu
pour ancrer nos souvenirs.
Sollicité par Brigitte sa fille, par Jean-Marc et Roger-Pierre ses fils, ces mots comme humble hommage à Roger.
Me faudra-t-il donc évoquer une enfance heureuse malgré les tumultes de la guerre, enfance qui nous lia plus comme des frères que comme des cousins, des adolescences studieuses, souvent autodidactes, une guerre d'Algérie qui nous relia, non dans le silence mais dans des interrogations sur le monde et son évolution, échanges qui se poursuivront jusqu'à ces jours en dépit des relations parfois distendues que créèrent nos métiers si différents mais qui n'empèchèrent point notre intérêt vif pour l'univers marin et les manifestations de l'art.
L'horizon à nouveau obscurci, la rage de la vie contre l'effacement de ce Visage du FRÈRE.
Et la gorge qui se noue parce que monte la mémoire de cette fraternité ensoleillée.
Parfois seuls, les mots peuvent contenir la douleur et la perte.
Je veux tirer de mon modeste sac de voyageur ce que naguère j'appris sur mes chemins d'Afrique.
Les Dogons, par des rites funéraires, brisent les outils du métier qu'exerçait le mort — pour le hausser hors du domaine terrestre, rompant ainsi les dernières attaches du défunt qui, de la qualité de "mort" passe alors au statut d'ANCÊTRE.
Ancêtre qui vient du latin antecessor, celui qui précède, d'abord attesté, non comme lointain aïeul, mais comme terme commun au sens de « éclaireur ».
Les ancêtres comme des éclaireurs !
Roger comme notre éclaireur !
Les Dogons ne sont pas loin de nous proposer une amorce de réponse, incertaine certes comme toutes les réponses,
qu’elles soient celles des croyants, ici présents, avec la foi et l’espérance en un au-delà, plus juste,
qu’elles soient celles des incroyants, présents ici, dans le désespoir et la béatitude de l’épicurien ou du stoïcien,
une réponse donc à l’au-delà de cette vie, à notre interrogation sur l'immortalité .
Et si c'était de notre ressort à nous, les encore vivants, de continuer nos morts
bien au delà du simple et pieux souvenir ? D’entretenir à travers nos enfants et les
enfants de nos enfants, la force vitale et les vertus qui animaient les actes de Roger.
À nous donc, ses proches par le sang et par l’amitié de façonner le nouveau visage de cet Ancêtre disparu mais vivant.
René Char, le poète français, rejoignait les Dogons écrivant ceci qui, pour moi, dans l'obscur de la mort de Roger, prend encore davantage sens :
Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.
René CHAR
L'éternité à Lourmarin,
La parole en archipel
Merci, et la mort s'étonne;
Merci, la Mort n'insiste pas;
Merci, c'est le jour qui s'en va;
Merci simplement à un homme
S'il tient en échec le glas.
René CHAR
Fête des arbres et du chasseur
Les Matinaux
Lu, ce lundi 20 septembre, l'avant-dernier jour de l'été,
en l'église de La Plaine-sur-mer.
10:03 Publié dans Les nocturnes | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 septembre 2021
lire enfin Proust au mitan des Octantes ?
Une gageure
Un pari
Une impasse
Un remords
Une folie de vieillard insensé
?????
Lisons donc.
11:07 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 16 avril 2021
Donc, ne plus relire Bernard Noël ?
"Je ne crois pas du tout à la mémoire. L’oubli est plus important que la mémoire.
Écrire, pour moi, c’est se mettre en relation avec l’oubli."
Mort ce mardi 13 avril 2021, après Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat, il écrivit Le château de Cène, livre tout aussi fou pour enfouir — ou peut-être plutôt pour faire resurgir ? — la guerre d'Algérie.
Qu'ai-je donc écrit de trop sage sur cette même guerre ?
16:13 Publié dans la guerre, Les graves, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 02 avril 2021
Plossu
S'il n'y avait qu'une image ce serait
arpentant cette ruelle sahélienne
cette Yseult et ce Tristan
16:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 27 mars 2021
Parvenu à la quatre-vingt cinquième année
Ce 27 mars 2021,
quand d'une Dame, s'interrogeant sur "à quelle heure déjà ?",
le 27 mars, au moins deux êtres ont, pour moi, modifié le réel, l'une en mourant en 2018, l'autre en naissant en 1936. Je fais quoi de constat ? Me dire peut-être que c'est à moi de choisir quelle modification je privilégie : la vie ou la mort ? l'absence ou la présence ? La réponse fluctue parfois sans mon consentement. Alors juste me dire que la vie est immanquablement le tissage des deux.
me parvient un si doux et tant douloureux constat, je ne puis que penser cette quinzaine d'années, et peut-être quelques-unes de plus, qui se dessinent à l'incertain horizon de ce beau et ultime printemps lointain.
17:02 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 09 mars 2021
pour l'accord de proximité
En ce lendemain de Journée Internationale des Femmes,
revenons donc à la règle latine de « l'accord de proximité » et délaissons définitivement et sans regret le précepte machiste des grammairiens du XVIIème siècle qui édictaient la règle que « le masculin l'emporte sur le féminin » et qu'au XXème, le bon Grévisse tentait de justifier en prétextant — mais y croyait-il vraiment ? — que le masculin soulignerait « le genre indifférencié ».
Allons-y donc :
Les hommes et les femmes sont belles.
Il peut s'écrire aussi que
Les femmes et les hommes sont laids.
10:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 13 février 2021
lors des jours sombres d'hiver
Aux parages de la mort.
Au janvier finissant, Athane, le compagnon d'adolescence si loin de ses rivages bretons et hier au plus froid, quand se seront dispersées les cendres du Conteur au gré des marées de l'Estuaire, iront et reviendront ses paroles — de Michel, demeurent son visage et ses mains immobiles dans l'insaisissable du plus jamais.
Ils furent voyageurs. Nos parcours se croisèrent et nous n'aurons donc point achevé le partage des paysages arpentés et de nos amitiés étrangères;
S'il n'y avait la paisible tendresse de la Compagne en ses octantes qui se prolongent, que ferait de moi la tristesse qui m'empoigne ?
17:11 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 08 février 2021
quand resurgit l'Exote
Avec la parution de ses œuvres en Pléiade, voilà resurgissant lors de la Pandémie, Victor SEGALEN, celui que je nomme depuis plus de cinquante ans "L'EXOTE".
Depuis dix ans, j'étais en 1955, dans ses traces, un humble exote entre forêt tropicale Ivoirienne, palmeraies sahariennes et djebel aurèsiens.
Aux rives sud de la Méditerranée, quand déjà m'avait abandonné l'Absente, j'ouvris, non de lui, mais sur lui, un premier livre*.
...Il faudrait retrouver ou recréer la sciences des Sites,
le savoir d'en découvrir, et le pouvoir d'en jouir pleinement.
De lui, succédèrent Stèles Peintures Équipée, avec un avant-propos de Pierre Jean Jouve, puis Les Immémoriaux, Odes suivies de Thibet, ; et surtout, surtout son Essai sur l'exotisme**. Pierre Loti, les touristes y seront nommés
« les Proxénètes de la Sensation du Divers".
Viendront enfin en 1995,dans la collection BOUQUINS de chez Robert Laffont, les deux tomes de ses Œuvres complètes, établies par Henry Bouillier, un "sorbonnard" émérite....
Vingt-six ans après, que vaudra l'édition de la Pléiade ?
Où est le sol, où est le site, où est le lieu, — le milieu,
Où est le pays promis à l'homme ?
....................................................
Le lieu de gloire et de savoir, le lieu d'aimer de connaître
—Où gît mon royaume Terrien ?
Thibet, XXI
* Jean-Louis Bédouin, Victor SEGALEN, Poètes d'aujourd'hui, Pierre Seghers éditeur, 1963.
en septembre 1965, dans une librairie d'Annaba, Cours de la Révolution.
** Victor Segalen, Essai sur l'exotisme, Fata Morgana, 1978, repris en Biblio essais, n°4042, Le Livre de Poche, 1986.
11:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 janvier 2021
Au seuil de 2021
de Mathias ENARD
Mes amis me tiennent debout comme un arbre.
C'est mon souhait pour toutes et tous, lectrices et lecteurs de ce blogue.
de Baden, au cœur de notre golfe.
16:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 31 décembre 2020
Achever l'an 2020
De Xavier GRALL
Cet aujourd'hui ne sait plus rêver
cet aujourd'hui ne sait pas ce que veut dire le mot île
et le mot Feroë
Mon ilienne
en ce siècle mathématique
technique
atomique
chimique
dis leur le poème de la mer
le prodige du matin
le miracle du vent
je ne suis pas de mon temps
je ne suis pas d'ici
j'appelle les beffrois au siècle des HLM
j'appelle les alezans au temps des carrossiers
et je veux les bourgs et les pommiers
au temps des usines et des passages cloutés
cet aujourd'hui ne sait pas ce que veut dire le mot île
Cet aujourd'hui ne sait plus rêver
Je vous salue mes grands oiseaux
qui couvez dans mon cœur des élans maritimes
tiré Du Rituel Breton
16:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 21 décembre 2020
au Solstice d'hiver, lire les Apophtegmes du Lycosthènes et ses annotations
Ce lundi 21 décembre 2020, au Solstice d'hiver, donc, qui marque la remontée de la Lumière.
Plongée à nouveau dans l'aventure des Apophtegmes du Lycosthènes.
Pourquoi ? Comment ?
Au hasard d'une remise en ordre (?) de ma"librairie....
L'ami Étienne Ithurria s'engouffra dans une énigmatique aventure qui dès 1986 l'entraîna dans la lecture de cet aride traité en latin qui fut — c'était l'hypothèse hardie de l'ami — annoté par un "scripteur" qui ne serait autre que Michel Eyquem, "notre" Montaigne.
Étienne publia, dans les années 90, les savants décryptages de ces annotations.
Mais, à la lecture de ceux-ci, de vieux montaigniens aux fesses "engourdies" ne surent point trop sur quels thrônes"* poser leur cul.
Étienne a repoussé du pied le quai du port de Ciboure et franchi, le 6 septembre 2007 pour l'ultime fois, la passe de l'Illarguita vers le large.
Il était mon ami.
Depuis, quel épais silence alentour de ce qu'il nommait son "chantier" !
Post-scriptum :
Trois bouquins dans ma librairie* :
• Conrad Lycosthenes, APOPHTHEGMATA et son annotation manuscrite
Tome I, Manuscrit,
Tome II, Introduction et Transcription du manuscrit
Édité par Étienne ITHURRIA,
Slatkine Reprints, Genève 1998.
(ISBN 2-05-101651-8)
• RENCONTRE, Du Lycosthenes aux Essais de Montaigne
Étienne ITHURRIA,
Éditions InterUniversitaires, octobre 1999.
(ISBN 2-84564-003-X)
* Il nous les offrit, à Nicléane et moi, dédicacés en 2007, quelques mois avant qu'il ne largue..
20:06 Publié dans & Montaigne si proche | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 19 octobre 2020
jour pour jour , il y a soixante cinq ans
Et c'est par hasard qu'après une longue journée, ayant préparé le jardin pour l'hiver et rassemblant les notes du blogue pour un livret sur CADOU, cette note émerge...
Octobre 1955
Ce jour du 19 octobre, il a préparé sa belle cantine neuve, riche de toutes les rouilles et cabosses à venir ; la veille, il a peint avec soin, sur la tôle verte, son prénom, son nom, Ancenis d’où il part, Bongouanou où il va. Sa mère lui a, une fois encore, préparé son “trousseau” ; mais cette fois, ce n’est plus pour un trimestre de pensionnat, c’est pour trois ans d’Afrique.
Il part !
Il est au bord du rêve de l’enfant qui, dans les années d'après-guerre, arpentait le quai de la Fosse ! Joie paisible !
En cette fin d’été, il a la certitude du voyage ; il écrit encore des poèmes adolescents qui ressemblent à de faux poèmes de René Guy Cadou.
Il a des tristesses d’amours navrées qui s’atténuent en préparant ce départ.
L’attente a gravi les talus de bruyères
Où des ramiers furent massacrés
La lisière des songes était confondue
dans le lointain aux soleils d’argent
qui dévalaient le fleuve en crue
Il feuilleta des pages millénaires
et connut au bas d’un parchemin crissant
l’étape audacieuse que franchirait son front
Des rouliers dans la salle basse d’une auberge égarée
parlaient de chairs dévastées
au fond de moiteurs vertes
À l’avant des jours pressentis
il se souvint d’une ombre fugace
un matin de savane
qui s’enfonçait dans les herbes du vent
Demain sera la dernière nuit dans la chambre d’adolescence.
17:54 Publié dans Cadou toujours, les voyages | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 04 octobre 2020
pages du Monde et aquarelle
ou quand les pages du journal LE MONDE, ayant été lues,
sont un excellent papier pour aquaréliser de jolis navets.
La peintresse étant Nicléane
15:46 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 25 septembre 2020
un ramassis de notes laissées en brouillon dans la trop grande paresse d'un blogueur estivant
De Christine de Pisan à Elfriede Jelinek, six siècles de féminitude se déploient.
« de femelle devins masle »
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Dans le "relire de l'histoire coloniale" — une heure trop brève, hier au Lieu Unique, avec l'historien, le philosophe et l'empêcheur de relire en rond : dans l'ordre, Pascal Blanchard, Souleymane Bachir Diagne et Gauz.
Je continue de relire la mienne histoire coloniale et ne sais encore par quel brin de laine en reprendre les écritures.
Dès qu'un Sollers paraît en poche, j'achète. Je poursuis donc l'emplissage de mon rayon "Sollers"*.
Et toujours je commence ma lecture du "dit" avec un mélange de réticence et d'allégresse. J'y guette les petites leçons de littérature de monsieur Sollers. J'y redoute les miroirs un peu trop narcissiques de monsieur Joyaux.
Le dernier acquis, c'est Le Nouveau
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ZEUS femelle
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Vézère belle rivière !
Quand, à neuf cents mètres d'altitude, sur le plateau de Millevaches*, ayant plongé dans la tourbière du Longeyroux, aux sources spongieuses de la Vézère, y ayant admiré le voisinage — un quasi cousinage — de la commune bruyère violette — dite Erica Cinéréa — et de la callune rose pâle — dite Calluna Vulgaris — le voyageur âgé se surprend à rêver
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Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
— Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. — Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
— Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure !
—
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, — et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud,
"Au Cabaret-Vert", dans le recueil Cahier de Douai
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Pour l'amour d'une Dame
quand je veux toucher le los de celle
Qui est de notre siècle et la perle et la fleur,
Je sens revivre en moi cette antique chaleur,
Et mon esprit lassé prendre force nouvelle.
Bref, je suis tout changé, et si ne sais comment,
Comme on voit se changer la vierge en un moment,
À l’approcher du Dieu qui telle la fait être.
D’où vient cela, Jodelle ? il vient, comme je crois,
Du sujet, qui produit naïvement en moi
Ce que par art contraint les autres y font naître.
CLXXX
la Soeur du Roy, l’unique Marguerite,
Me faisant plus d’honneur que n’estait mon mérite,
De son bel oeil divin mes vers favorisait.
VII
Quand cette belle fleur premièrement je vis,
Qui notre âge de fer de ses vertus redore,
Bien que sa grand’ valeur je ne connusse encore,
Si fus-je en la voyant de merveille ravi.
La venant à revoir, se dessilla les yeux
Ronsard...............................................
J’ai vu tout cela que Rome a de nouveau,
De rare, d’excellent, de superbe et de beau ;
Mais je n’y ai point vu encore si grand chose
Que cette Marguerite, où semble que les cieux,
Pour effacer l’honneur de tous les siècles vieux,
De leurs plus beaux présents ont l’excellence enclose.
CLXXXI
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Ce que je quiers, Gournay, de cette sœur de roi,
Que j’honore, révère, admire comme toi,
C’est que de la louer sa bonté me dispense,
Puisqu’elle est de mes vers le plus louable objet ;
Car en louant, Gournay, si louable sujet,
Le los que je m’acquiers m’est trop grand’ récompense.
CLXXXII
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Clore ce bel été
quand au matin apparaît ORION en son suet
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