mardi, 29 novembre 2005
Jules SUPERVIELLE
Cette note est dédiée à celle qui, depuis un an, tisse sur la Toile une extraordinaire tapissserie consacrée à la poésie qui se publie en ce début de XXIe siècle, Florence Trocmé, sur POÉZIBAO, son anthologie permanente.
Supervielle !
C’est le Poète d’Aujourd’hui auquel est attribué le numéro 15 de la collection Seghers. Première parution, fin des années 40, début des années 50, le dépôt légal mentionnant 1er trimestre 1953.
L’exemplaire que je possède est une réimpression de 1958 et je me le suis procuré, à la librairie Beaufreton, Passage Pommeraye, lors de ma permission de septembre 1960, qui, je l’ai déjà écrit à propos de Serge Essénine, fut une catastrophe amoureuse, mais la jeune fille était peintre, sculpteur(e) et écrivaine. Nous avions, depuis notre adolescence de voisins, communes admiration et curiosité pour les poètes contemporains ; mes choix de cette année-là et de la suivante furent guidés par la connaissance et le goût très sûr qu’elle avait de la littérature d’alors.
Le poème “Anthologie” de Cadou
Boulevard Jules Supervielle
Noë la Fable et les gazelles
et quelques pages disséminées dans le PANORAMA critique des nouveaux POÈTES FRANÇAIS de Jean Rousselot assurent le lecteur de la justesse de son choix.
Qui plus est, dans le Panorama, trois pages sont consacrées à Claude Roy qui n’est autre que l’artisan de l’essai publié par Seghers :
« L’influence de Supervielle est visible dans l’œuvre de Claude Roy, qui ne songe point à s’en excuser. Mais Supervielle ne songerait point à nier sa dette envers La Fontaine, celui des Nymphes de Vaux, lequel La Fontaine se défendrait mal d’avoir lu de très près Charles d’Orléans ou Théophile. »
Il est vrai que l’étude de Claude Roy est chaleureuse, filiale et sans concession.
Tout grand poète contient le mauvais poète auquel il a tordu le cou. Il y a en Supervielle l’ombre adroitement exorcisée d’un poète fantaisiste.
Le ton est donné pour les vingt-et-un brefs chapitres :.... Voix du Poète... On ne meurt pas qu’une fois...Les Grandes Ressemblances...Fondu enchaîné...Grande Aire...L’Horloger des Poèmes...
Ce très grand bonhomme, venu d'Uruguay, long comme un jour sans pain, dégingandé comme un homme des grands chemins et des vastes steppes, la tête dans les nuages, plus haut dans les étoiles et les pieds dans les herbes et les eaux,
Plein de songe mon corps, plus d'un fanal s'allume
A mon bras, à mes pieds, au-dessus de ma tête.
Comme un lac qui reflète un mont jusqu'à sa pointe
Je sens la profondeur où baigne l'altitude
Et suis intimidé par les astres du ciel.
Plein de songe…
C’est un homme de cœur vaste qui cherche et sonde :
«…..il cherche plus lointain encore [ que les distances de l’exotisme ou du ciel ], pressé par une nostalgie de distance qui distend et dépasse tous ses vers, il cherche et pressent une sorte d’absence essentielle, où tout serait présent-absent.
"Écoute, ce n’est que dans mes souvenirs
Que le bois est le bois et le fer, dur..."
il semble que, comme beaucoup d’arythmiques et de cardiaque nerveux, il en ait aussi la sensation et l’état anxieux. »
C'est Michaux qui écrit ceci de son ami Supervielle et pour le disfonctionnement cardiaque, Michaux en connaissait un bout.
Roy parle de la “vertu documentaire de cette poésie :
L'escale fait sécher ses blancheurs aux terrasses
où le vent s'évertue,
Les maisons roses au soleil qui les enlace
Sentent l’algue et la rue.
Les femmes de la mer, des paniers de poissons
irisés sur 1a tête,
Exposent au soleil bruyant de la saison
La sous-marine fête.
Le feuillage strident a débordé le vert
Sous la crue de lumière,
Les roses prisonnières
Ont fait irruption par les grilles de fer.
Le plaisir matinal des boutiques ouvertes
Au maritime été
Et des fenêtres vertes
Qui se livrent au ciel, les volets écartés,
S'écoule vers la Place où stagnent les passants
Jusqu'à ce que soit ronde
L'ombre des orangers qui simule un cadran
Où le doux midi grogne.
L'escale portugaise
Les trébuchements d’un cœur mal assuré de son rythme rappellent le poète vivant à la promesse du mort qu’il contient :
Un sourire préalable
Pour le mort que nous serons.
Un peu de pain sur la table
Et le tour de la maison.
Une longue promenade
À la rencontre du Sud
Comme un ambulant hommage
Pour l’immobile futur.
Et qu’un bras nous allongions
Sur les mers, vers le Brésil,
Pour cueillir un fruit des îles
Résumant toute la terre,
À ce mort que nous serons
Qui n’aura qu’un peu de terre,
Maintenant que par avance
En nous il peut en jouir
Avec notre intelligence,
Notre crainte de mourir,
Notre douceur de mourir.
Offrande
À moi-même quand je serai posthume.
Tu mourus de pansympathie,
Une maligne maladie.
Te voici couché sous l'herbette
— Oui, pas de marbre, du gazon,
Du simple gazon de saison,
Quelques abeilles, pas d'Hymette. —
On dit que tout s'est bien passé
Et que te voilà trépassé...
Ces messieurs des Ombres Funèbres
Vers le fond fumeux des ténèbres
Te guidèrent d'un index sûr
Mais couronné d'un ongle impur.
Et c'est ainsi que l'on vous gomme
De la longue liste des hommes...
Horizontal, sans horizon,
Sans désir et point désirable,
Tu dors enfin d'un sommeil stable.
— Ah ! dans l'eau faire un petit rond !
— Tu mourus de pansympathie,
Une maligne maladie.
Claude Roy ose un rapprochement sur pensée et poésie ; la lecture du coquillage et l’oreille et du monde en nous n’est pas loin de nous faire désigner le Grand Jules pour un contemporain des phénoménologues et un poète de l’intentionnalité.
Mais un profond coquillage
Dont le son veille, caché,
D'âge en âge attend l'oreille
Qui finit par s'approcher.
Et l'homme qui le rencontre
Écoutant ce bruit lointain
Dévide au fond de la conque
L'invisible fil marin.
L'oreille, conque elle-même,
Aboutissant au cerveau
Va des profondeurs humaines
Au maritime écheveau
Et compare sur la plage
Le dehors et le dedans
Cependant que l'océan
Toujours change de pelage.
Le coquillage et l’oreille
Chaque objet séparé de son bruit, de son poids,
Toujours dans sa couleur, sa raison et sa race,
Et juste ce qu’il faut de lumière, d’espace
Pour que tout soit agile et content de son sort.
Et cela vit, respire et chante avec moi-même
- Les objets inhumains comme les familiers -
Et nourri de mon sang s’abrite à la chaleur.
La montagne voisine un jour avec la lampe,
Laquelle luit, laquelle en moi est la plus grande ?
Ah ! je ne sais plus rien si je rouvre les yeux,
Ma science gît en moi derrière mes paupières
Et je n’en sais pas plus que mon sang ténébreux.
Le monde en nous
Reprenant ce bouquin, je me dis que je n’ai pas réouvert assez fréquemment Supervielle. Je découvre cet homme immense qui d’une main accompagne les sphères célestes et de l’autre caresse un visage de femme
Au milieu d'un nuage,
Au-dessus de la mer,
Un visage de femme
Regarde l'étendue,
Et les oiseau-poissons
Fréquentant ces parages
Portent l'écume aux nues.
(Je connais cette femme
Où l'ai-je déjà vue ?)
Les chiens du ciel aboient
Dans un lointain sans terres,
Ce sont bêtes sans chair
Qui ne connaissent pas
Cette dame étrangère,
Et donnent de la voix
Avec leur âme austère.
(Elle a deux yeux si nom
Que je les cherche en moi.)
Silence tout à coup.
Visages dans les mains
Vont les sphères célestes
Qui retiennent leur souffle
Pour que ce chant modeste
Se fraye comme il faut
Son chemin jusqu’en haut.
(Et voici qu’elle a pris
Sa tête entre ses mains.)
Plein ciel
Nous avons tous, chacun, nos idiolectes, ces expressions favorites de notre langue bien particulière ; j’en ai un que mon penchant pour l’histoire me fait souvent employé, j’ai cru l’avoir emprunté à René Char, mais peut-être bien que c’est à Supervielle que je le dois : Oublieuse mémoire,
Pâle soleil d’oubli, lune de la mémoire,
Que draines-tu au fond de tes sourdes contrées ?
Est-ce là ce peu que tu donnes à boire
Ces gouttes d’eau, le vin que je te confiai ?
Que vas-tu faire encor de ce beau jour d’été
Toi qui me changes tout quand tu ne l’as gâté ?
Soit, ne me les rends point tels que je te les donne
Cet air si précieux, ni ces chères personnes.
Que modèlent mes jours ta lumière et tes mains,
Refais par-dessus moi les voies du lendemain,
Et mène-moi le cœur dans les champs de vertige
Où l’herbe n’est plus l’herbe et doute sur sa tige.
Mais de quoi me plaignais-je, ô légère mémoire…
Qui avait soif ? Quelqu’un ne voulait-il pas boire ?
II
Regarde, sous mes yeux tout change de couleur
Et le plaisir se brise en morceaux de douleur,
Je n’ose plus ouvrir mes secrètes armoires
Que vient bouleverser ma confuse mémoire.
Je lui donne une branche elle en fait un oiseau,
Je lui donne un visage elle en fait un museau,
Et si c’est un museau elle en fait une abeille.
Je te voulais sur terre, en l’air tu m’émerveilles !
Je te sors de ton lit, te voilà déjà loin,
Je te cache en un coin et tu pousses la porte,
Je te serrais en moi tu n’es plus qu’une morte,
Je te voulais silence et tu chantes sans fin.
Qu’as-tu fait de la tour qu’un jour je te donnai
Et qu’a fait de l’amour ton cœur désordonné ?
III
Mais avec tant d'oubli comment faire une rose,
Avec tant de départs comment faire un retour,
Mille oiseaux qui s'enfuient n'en font un qui se pose
Et tant d'obscurité simule mal le jour.
Écoutez, rapprochez-moi cette pauvre joue,
Sans crainte libérez l'aile de votre cœur
Et que dans l'ombre enfin notre mémoire joue,
Nous redonnant le monde aux actives couleurs.
Le chêne redevient arbre et les ombres, plaine,
Et voici donc ce lac sous nos yeux agrandis ?
Que jusqu'à l'horizon la terre se souvienne
Et renaisse pour ceux qui s'en croyaient bannis !
Mémoire, sœur obscure et que je vois de face
Autant que le permet une image qui passe...
Oublieuse mémoire
Plus malicieusement, il écrivit ses démêlés avec cette singulière capacité qui nous donne tant de soucis et, en plus grand nombre encore, quand on s’avance en âge :
« J’ai beaucoup collaboré avec l’oubli en poésie. Oubliant l’élémentaire comme l’essentiel, je me dis tout d’un coup : tiens, il y a des arbres, tiens, il y a des femmes, il en est même de fort belles. Un autre jour, c’est une rivière, c’est une bête, c’est le ciel étoilé qui m’émerveillent. »
Il ne me déplaît point de vieillir en la compagnie poétique de cet homme
C’est bientôt Noël et Claude Roy qui s’étend assez peu sur les proses de Supervielle, écrit à propos de ces dernières sur la gentillesse :
«C’est une vertu instable, paradoxale, toujours menacée parce que composite. C’est un mariage heureux de lucidité et d’ironie, de tendresse et de sensualité, d’astuce et de force. »
Donc pour Noël :
Le bœuf et l'âne de la crèche
L'âne se tient à gauche de la crèche, le bœuf à droite, places qu'ils occupaient au moment de la Nativité et que le bœuf, ami d'un certain protocole, affectionne particulièrement. Immobiles et déférents ils restent là durant des heures, comme s'ils posaient pour quelque peintre invisible.
L'enfant baisse les paupières. Il a hâte de se rendormir. Un ange lumineux l'attend, à quelques pas derrière le sommeil, pour lui apprendre ou peut-être pour lui demander quelque chose.
L'ange sort tout vif du rêve de Jésus et apparaît dans l'étable. Après s'être incliné devant celui qui vient de naître, il peint un nimbe très pur autour de sa tête. Et un autre pour la Vierge, et un troisième pour Joseph. Puis il s'éloigne dans un éblouissement d'ailes et de plumes, dont la blancheur toujours renouvelée et bruissante ressemble à celle des marées.
—II n'y a pas eu de nimbe pour nous, constate le bœuf. L’ange a sûrement ses raisons pour. Nous sommes trop peu de chose, l'âne et moi. Et puis qu'avons-nous fait pour mériter cette auréole ?
— Toi tu n'as certainement rien fait, mais tu oublies, que moi j'ai porté la Vierge.
Le bœuf pense par-devers lui : « Comment se fait-il que la Vierge si belle et si légère cachait ce bel enfançon ? »
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Le bœuf et l'âne sont allés brouter jusqu'à la nuit. Alors que les pierres mettent d'habitude si longtemps à comprendre, il y en avait déjà beaucoup dans les champs qui savaient. Ils rencontrèrent même un caillou qui, à un léger changement de couleur et de forme, les avertit qu'il était au courant.
II y avait aussi des fleurs des champs qui savaient et devaient être épargnées.
C'était tout un travail de brouter dans la campagne sans commettre de sacrilège. Et manger sans commettre de sacrilège. Et manger semblait au bœuf de plus en plus inutile. Le bonheur le rassasiait.
Avant de boire aussi, il se demandait : « Et cette eau, sait-elle ? »
Dans le doute il préférait ne pas en boire et s'en allait un peu plus loin vers une eau bourbeuse qui manifestement ignorait tout encore.
Et parfois rien ne le renseignait sinon une douceur infinie dans sa gorge au moment où il avalait l'eau. « Trop tard, pensait le bœuf, je n'aurais pas dû en boire. »
II osait à peine respirer, l'air lui semblait quelque chose de sacré et de bien au courant. Il craignait d'aspirer un ange...
Moins pieuse et toute empreinte de sensualité gentiment érotique, il faudrait lire “La première fois”.
L’érotique chez Supervielle, comme le disait Barthes, c’est l’art du vêtement qui baille !
Il est un poème inoublié, et quand j’ai réouvert ce “poète d’aujourd’hui”, il m’est revenu aussi neuf qu’il y a quarante-cinq ans à la première lecture :
Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même
Et j’entraîne avec moi plus d’un être vivant.
Ceux qui sont entrés dans mes froides cavernes
Sont-ils sûrs d’en sortir même pour un moment ?
J’entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre,
Pêle-mêle, les passagers et les marins,
Et j’éteins la lumière aux yeux dans les cabines,
Je me fais des amis des grandes profondeurs.
Un poète
Jules Supervielle est à nouveau dans mon jardin.
Comme quoi les petites catastrophes amoureuses peuvent être fécondes !
Mais qu'a fait de l'amour ton cœur désordonné ?
Post-scriptum :
Jules Supervielle en livre de poche
• Gravitations, précédé de Débarcadères, Poésie/Gallimard,
• Le Forçat innocent, suivi de Les amis inconnus, Poésie/Gallimard,
• La Fable du monde, suivi de Oublieuse mémoire, Poésie Gallimard,
• L'enfant de la Haute Mer, Folio n°252, Gallimard,
• Le voleur d'enfant, Folio n° 357, Gallimard.
Jules par Dubuffet
sur la Toile
site de J.M. Maulpoix,
site de la revue EUROPE,
site dédié à l'univers et à l'œuvre de Jules Supervielle.
22:15 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 28 novembre 2005
Brouhaha
Presque partout et sur tout.
Racisme et antiracisme..., Associations "noires" et fédération des Bretons de...., Avignon - le Festival - à feu, à cul et à sang..., Finkielkhraut, Le Monde, France Cul... le blogue de Berlol, entre "mp" et/ou "k", la (les) rusée(s), et "Marie.Pool", l'offusquée.
Macrocosme et microscome : ça s'agite ! Partout.
Explosions solaires, conjonction des astres, affrontement des masses d'air tropical et d'air polaire ?
Et Régis Debray ! Avec un sous-titre dans Le Monde d'hier : L'absence de sacré, aujourd'hui comme hier, est dévastatrice
Ruptures, désagrégations, perte des repères, crise !
Je ne vais quand même point reprendre le titre du roman d'un auteur que je n'aime guère. Mais, une ÎLE serait la bienvenue.
Cet après-midi, nous parlerons de Nietzsche aux Chantiers - crise du sujet ou crise du sens ? Ça n'est point fait pour apaiser les relatons entre mes synapses ! Et je dois traduire Plutarque pour jeudi ; le titre de la version "Ostracisme d'Aristide".
Mais aujourd'hui, qui ostraciser ? Et où ostraciser ? Dans l'air du temps, semblerait qu'il y a beaucoup de gens, de groupes, de communautés, d'associations, qui ostraciseraient !
Qu'est un ostracisme ?
11:05 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 26 novembre 2005
Hivernales ? Déjà...
Matin de novembre au jardin neigeux. Confus des brumes grises. Déjà l’hiver ?
Bribes du Chant de solitude au sortir d’une nuit amoureuse :
Les fumures du Temps sur le ciel répandues
Et le dernier dahlia dans un jardin perdu.
Dédaignez ce parent bénin et maudissez son Lied !
Peut-être qu’un cheval à l’humeur insolite
Un soir qu’il fera gris ou qu’il aura neigé
Posera son museau de soleil dans mes vitres.
René Guy Cadou
Le Chant de solitude
J’ai lu avec grand intérêt ce que dit Alfred Brendel de ses écritures et lectures dans le Monde des livres du 11 novembre.
« ... Des textes étrangement familiers mais qui me tirent vers des régions inconnues de moi-même.
...Je suis persuadé que l’on comprend mieux le monde dans les grands romans qu’en observant les gens... À présent, je préfère relire les chefs-d’œuvre... Les écrivains sont comme les compositeurs. J’ai toujours joué les œuvres avec lesquelles j’avais l’impression que l’on pouvait passer une vie. Celles qui émettent sans cesse de nouvelles énergies. Qui vous rajeunissent. On devrait toujours se demander avec quelles œuvres on veut vivre.»
L’entretien s’achève avec l’évocation d’un jeu facétieux sur les contraires.
« Si vous regardez mon visage en en cachant la moitié, vous constaterez qu’une moitié sourit et l’autre pas. Une aile blanche, l’autre noire... »
Un juste clin d’œil à l’harmonie des contraires de Héraclite.
Il est évident qu’après la lecture d’un tel entretien, je ne m’offrirais l’intégrale des sonates de Beethoven que jouées par cet homme-là.
Ailleurs, les soucis que l’on fait à Alain Finkeilkraut - je m’étonne naïvement de la plainte que doit déposer le MRAP, le Mouvement “déraperait”-il lui aussi, non ? - me font réouvrir le bouquin de Raoul Vaneigem, Rien n’est sacré tout peut se dire sous-titré Réflexions sur la liberté d’expression.
En exergue, Vaneigem cite Voltaire :
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement.
Cette plainte : voilà donc à quel rigorisme juridique nous conduisent des lois qui souhaitaient protéger la mémoire des victimes.
Finkeilkraut me hérisse souvent le poil. J’estime sa quête de la vérité !
« Autorisez toutes les opinions, nous saurons reconnaître les nôtres [...] nous apprendrons à annuler la force attractive des nuisances […] Nous les combattrons par la seule critique qui les puisse éradiquer : en pensant par nous-mêmes...»
Raoul Vaneignem
Post-scriptum :
Le Monde des livres - encore lui, Libé Livres n'ayant point paru pour cause de grève - publie la recension de trois livres qui ne sont pas loin d'actualiser la pensée de Vaneigem aux événements de ces jours :
S.O.S. ANTIRACISME de Dominique Sopo, chez Denoël "Indigne",
La tentation obscurantiste de Caroline Fourest, chez Grasset
et
Fragments mécréants -quel titre somptueux ! - de Daniel Bensaïd, à Lignes.
Pour conclure :
L'absolue tolérance de toutes les opinions doit avoir pour fondement l'intolérance absolue de toutes les barbaries.
Du même Vaneigem !
Bien sérieux, ce blogue déjà hivernal, mais je ne maîtrise guère la dérision.
18:05 Publié dans Cadou toujours, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 24 novembre 2005
24 novembre 1964
au-delà de la nostalgie, au-delà de la mélancolie, au-delà de la tristesse,
l'énigme douloureuse et immuable du jamais plus !
La Treizième revient... C’est encor la première ;
Et c’est toujours la seule, — ou c’est le seul moment ;
Car es-tu reine, ô toi ! la première ou dernière ?
Es-tu roi, toi le seul ou le dernier amant ?...
Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j’aimai seul m’aime encor tendrement :
C’est la mort — ou la morte... Ô délice ! ô tourment !
La rose qu’elle tient, c’est la rose trémière.
Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta croix dans le désert des cieux ?
Roses blanches, tombez ! vous insultez nos dieux ;
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle ;
— La sainte de l’abîme est plus sainte à mes yeux !
Gérard de Nerval
Artémis
15:35 Publié dans Les nocturnes | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 22 novembre 2005
Saviez-vous la pauvreté ?
Saviez-vous que....
ou la chronique d’Olivier Pastré sur les PAUVRES aujourd’hui en France, sur France Cul à 7 heures 15 :
• 7 millions de pauvres.
• Presque 4 millions de très pauvres (revenu mensuel de moins de 600 €).
Il conclue abruptement :
« Je vous rassure : les pauvres ne votent pas ! »
Une seule réticence à ses “saviez-vous que” : l’apparition depuis dix ans de “travailleurs pauvres” . Il est sans doute jeune, Olivier Pastré ; entre 1920 et 1950, la pauvreté était le lot le mieux partagé des familles paysannes et ouvrières.
Encore faudrait-il apporter des chiffres à l’appui de ma remarque : je ne parle que de mon vécu !
À écouter cette chronique économique, politiquement incorrecte !
Ailleurs.
L'étonnement toujours frais et enfantin de la Toile et de ses courriels :
j'envoie une note bibliographique à un compagnon résidant à Lyon ; il me répond du Bénin.
J'écris à un autre compagnon très cher, qui d'ordinaire navigue dans nos eaux de Bretagne-sud : il m'écrit de Téfé, aux confins du Brésil, de la Colombie et du Pérou, Téfé à plus de six cents kilomètres à l'ouest de Manaus, du fin fond de la forêt amazonienne.
Voilà bien l'extra-ORDINAIRE de nos jours !
Amis pleins de rumeurs où êtes-vous ce soir ?
Dans quel coin de ma vie...................... ?
...............................................................
Pardonnez-moi de vous aimer à travers moi
De vous perdre sans cesse dans la foule
O crieurs de journaux intimes, seuls prophètes
Seuls amis en ce monde et ailleurs !
La soirée de décembre
René Guy Cadou
10:10 Publié dans Cadou toujours, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 21 novembre 2005
Panne !
Blogue en panne.
Fatigues et premiers frimas.
Dure reprise du Grec ancien.
La semaine sur "Fracture coloniale/fracture sociale" fut-elle, à l'écoute, si épuisante ?
Et ces jours de novembre qui, depuis quarante et une années, me ramènent dans ces parages nocturnes et glacés !
Si les ombres sont plus profondes que du sang
Ou si le sang est beaucoup plus profond que l'ombre
Qu'il fait noir aux limites de ton rouge sang
C'est ici qu'on entre dans la vierge nuit
C'est ici qu'elle déchaîne ses lumières
Fourmillante d'espace et d'espace et de nuit
C'est ici qu'elle fait tomber ses fracas
Manteaux et nudités profondes
C'est ici que tout naît et se lève et adore
En néant dans le Rien et le Non de la nuit
Noir retour à la vie
Pierre Jean Jouve
23:50 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 15 novembre 2005
... et le remords ?
Faire entendre Aimé Césaire dans une page du CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL
Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-panthères,
je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
L’homme - famine, l’homme -insulte, l’homme -torture on pouvait tuer à n’importe quel moment le saisir le rouer de coups, le tuer — parfaitement le tuer — sans avoir de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-progrom
un chiot
un mendigot
mais est-ce qu’on tue le Remords, beau comme la face de stupeur d’une dame anglaise qui trouverait dans sa soupière un crâne de Hottentot ?
.pp.39,40.
Présence africaine, réédition 1956
Sur la quatrième de couverture, cette année-là, l’éditeur précise :
« Rappelons le scandaleux silence (à deux voix près : Sartre et Breton) fait autour de l’œuvre de Césaire... Ce silence finit par être gênant pour ceux d’entre nous qui ont tant accordé de crédit et d’amour à la conscience européenne. »
18:50 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 14 novembre 2005
Vous dites : « Fracture...»
France Cul propose donc une semaine de réflexion sur “Fracture coloniale et fracture sociale”. Difficile de ne pas me sentir plus que concerné. J’avoue avoir consulté le forum ouvert par la radio sur la Toile. J’y ai laissé, avant-hier, une note brève sur mon parcours professionnel et de lecteur ; je regrette cette mince publication, ça n’a que peu d’importance et d'intérêt dans les imprécations qui animent ce forum.
Il eût fallu écrire mon parcours amoureux, la rencontre de ces FEMMES d'Afrique qui m'ont “relié à l'origine du monde et à son avenir”, de celle d'ici, là-bas rencontrée, qui m'accompagne aujourd'hui encore. Je m'y suis refusé, non par pudeur, mais par respect pour ces FEMMES et la mémoire de deux d'entre Elles.
Ce matin, j’ai sorti de mes étagères deux bouquins qui vont m’aider - qui naguère m'aidèrent - dans cette traversée radiophonique :
L’Essai sur l’exotisme de Victor Segalen
et
le Cahier d’un retour au pays natal de Aimé Césaire
- ce dernier portant en page de garde la mention “Biskra, 10 mars 1964*”.
Comment la mémoire d’un descendant de paysans et artisans “gallos” peut assumer son passé et comment, le plus justement possible, il peut en rendre compte à ses proches ?
Droits de ceux-ci, devoir de celui-la !
Une semaine de pas toujours facile confrontation des souvenirs du témoin et de la parole historienne, souvent ressentie comme arrogante dans ses certitudes scientifiques et apaisante dans le doute ses questionnements. Ça peut sembler paradoxal ; mais c’est ainsi que je vis cette première matinée.
*Drôle d’époque d’ailleurs que ce printemps 1964 dans les Aurès, dont il me faudra bien écrire un jour quand la rébellion de Mohamed Chabani m’a “retenu” quelques jours à l’Hôtel de ville de Biskra, en compagnie de mes amis de la Délégation spéciale, mise en place par la toute nouvelle administration algérienne à l'automne 1962.
Post-scriptum : J'oubliais, je me suis aussi armé des quatre dvd de Jean Rouch (éditions Montparnasse - le geste cinématographique), que m'a prêtés Al., Jean Rouch, un qui s'ajoutant à Segalen et Césaire, me fut un autre passeur.
12:00 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 11 novembre 2005
Fin de nuit limpide
Insomnie heureuse.
À quatre heures du matin, dans le cadre de la fenêtre étroite, seule dans le sud et le ciel pur, Sirius, scintillante.
S'élève le chant de Monteverdi "Ogni amante è guerrier", par l'ensemble vocal de Nadia Boulanger (1937 !).
Que la nuit soit de glace ou qu'elle soit sereine
l'amant et le guerrier l'occupent à veiller
09:35 Publié dans Les musiques | Lien permanent | Commentaires (1)
Ensuite au matin...
le retour au tohu bohu.
Attentats irakiens, jordaniens, complot syrien, sangs partout, racailles encore !
(Qui est la racaille ? N’y aurait-il encore une fois que les pauvres ?)
Et quel est donc ce maire nostalgique, seul, qui maintient le couvre-feu en sa commune de Belfort ?
À quoi joue “Canal plus” en diffusant ce soir Banlieue 13 d’un certain Morel ?
Assez heureux de rejoindre l’opinion de Alain Touraine, dans un entretien qu’il donne à un quotidien catalan, avec ma petite citation de Victor Segalen dans ma note de mardi :
«... la sensation d’Exotisme : qui n’est autre que la notion du différent ; la perception du Divers ; la connaissance que quelque chose n’est pas soi-même...»
Comment vivre cet effort et de perception et de connaissance ?
Ce bon Parti Socialiste deviendrait-il république bananière ?
La présidente de Flammarion - une belle femme, je crois - invitée par France Cul, affirme la perfection parallèle de la petite cuiller et du livre qui assurerait usage pérenne de l’un et l’autre.
Donc se réjouir.
Seulement, on ressent bien que la dame aimerait assez satisfaire ses actionnaires en éditant peu de titres en beaucoup d’exemplaires. Elle ne pratique cependant point la langue de bois, quand elle reconnaît la nécessité de publier sans doute moins pour ne pas boucher les tuyaux étroits de nos commerces.
Mais quand elle parle des petits éditeurs, parle-t-elle des vrais petits éditeurs ? Là où s’élabore notre vraie liberté de lecteurs.
Et à 10 heures du matin, préparant la note à venir sur Jules Supervielle, je rejoins mon émerveillement d’avant l’aube :
Les dames en noir prirent leur violon
Afin de jouer, le dos au miroir.
Le vent s’effaçait comme aux meilleurs jours
Pour mieux écouter l’obscure musique.
07:30 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 novembre 2005
à l'automne 1955, suite et fin ?
L’annonce sur France Cul d’une semaine à propos de “Fracture coloniale, fracture sociale” du 14 au 20 de ce mois, me ramène à “mes” années 50.
Dans mes précédentes notes, j’ai laissé le jeune voyageur entre Casablanca et Dakar.
Je pensais abandonner la publication de ces bribes de correspondance que j’estimais tenir d’un exotisme et de toute une pacotille coloniale qui sévissaient encore dans certains milieux populaires de l'immédiat après-guerre.
Mais ce projet de semaine sur le passé “colonial” me suggère de continuer à “recycler” ces notes d’un premier voyage : j’en fus un fort modeste acteur (de ce passé), même si plus tard, après les années algériennes, je me targuais, un tantinet pompeux, d’avoir été un “bradeur d’empire” - ce que je ne renie point.
Mes naïvetés furent vite lacérées. Je ne les renie pas non plus. À l’époque, je n’avais lu ni Segalen, ni Gide, ni Michaux. J'ignorais encore tout du premier, le second m'avait été interdit, le dernier allait bientôt surgir dans mes horizons.
Fractures, il y eut. Souvent, elles me furent fécondes !
Sur le Banfora, entre Casa et Dakar
Jeudi 27 octobre 1955
Premiers poissons-volants... nous avons aussi traversé des bancs de thons. Le bateau continue toujours sa route, calme et paisible. La chaleur n’est pas accablante, mais j’ai commencé à prendre de la quinine : un comprimé par jour.
Demain donc escale à Dakar, la véritable Afrique ; l’A.O.F. Nous sommes en chemisette mais nous n’avons pas encore porté le casque.......
À demain matin, en vue de Dakar où je posterai ma lettre.
Vendredi 28
Dakar en vue. D’abord, les deux Mamelles, collines verdoyantes. Puis on passe l’île aux Serpents.
Actuellement on voit nettement les immeubles de Dakar.
Mais il nous faut contourner l’île de Gorée pour entrer dans le port par le Sud.
La vue est très jolie : enfin l’Afrique !
Samedi 29
au large de la Gambie
....le Grand Dakar qui contient une curieuse médina, pleine d’effluves et de relents douteux, où les femmes se promènent royalement vêtues de mousselines, bleues, roses, vertes, et de pagnes de cotonnade multicolores, où les hommes, grands maigres, palabrent en gandouras de laine brune, blanche, noire, avec le “chèche” ou le casque sur la tête : une véritable féérie de co uleurs, de bruits... et d’odeurs...
... On quitte le quai dans les battements de tam-tam et les chants gutturaux des Africaines (termes consacrés à remplacer les mots “nègre, négresse”) ...
Terre invisible : mer calme avec légère houle.
... Je suis allé écouter sur le pont des 4èmes classes des noirs qui jouaient de la guitare. Ils ont été très touchés que je prenne plaisir à leur musique et moi encore plus : lls sont très attachants. J’ai passé la meilleure soirée avec eux.
Lundi 31
au large de la Gambie
Hier escale à Conakry vers huit heures.
Auparavant, un splendide orage tropical avec ciel d’éclairs et de nuages très noirs : la mer ne s’en est pas trop ressentie.
(visite) non pas sous un soleil éclatant mais dans un minuscule crachin, d’une étouffante torpeur...
Les femmes, plus que les Sénégalaises, sont élégamment vêtues et avec somptuosité : toujours ces cotonnades et mousselines colorées mais portées avec encore plus de charmes. À propos d’indigènes, je suis allé faire un tour, seul dans le quartier indigène ; j’y suis resté trente minutes sans voir la moindre parcelle de peau européennes.
Demain 1er novembre, escale à Sassandra.
Le 2 novembre ce sera le Terme et je penserai à tous nos morts.
Ce que n’écrit point le jeune voyageur, ce sont les premiers seins nus qu’il rencontre, émerveillé, bouleversé : les jeunes seins nus et dressés d’une jeune fille qui porte sur la tête une cuvette d’émail chargée de fruits... exotiques !
Les seins pour lui, ce n’était encore que la brève, mais combien troublante évocation d’Arthur Kœstler dans Le Zéro et l’infini, lu et étudié au printemps 55, “LES SEINS DORÉS COMME DES POMMES”.
Au bas de cette dernière lettre de voyage, griffonné d’un stylo qui n’a plus d’encre :
2 novembre arrivée à Abidjan. Tout va très bien, accueil chaleureux.... lettre suit. Bons baisers.
C’est livré, brut de décoffrage. Les événements, les rencontres, les paysages, les lectures, les amours ne tarderont pas à fissurer les certitudes et les émerveillements. Pour d'autres émerveillements !
«... la sensation d’Exotisme : qui n’est autre que la notion du différent ; la perception du Divers ; la connaissance que quelque chose n’est pas soi-même...»
Victor Segalen
*Essai sur l’exotisme, une esthétique du Divers, Fata Moragana, 1978.
Le Livre de Poche, Biblio Essais n° 4042, 1986.
08:30 Publié dans les voyages | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 novembre 2005
La haine la loi l'arme
La haine est des deux côtés, la bêtise aussi.
Seulement les armes sont d'un seul côté. De celui qui serait celui de la loi. La loi qui semble donner toute licence et impunité à celui, à celle, qui porte l'arme en son nom...
Ce qu'a subi Brice Petit* le "sans arme" !
Dans la pétaudière actuelle, n'interviennent que les forces - je dis FORCES - de police.
Craignons l'intervention possible de l'armée - ce n'est plus une armée de Citoyens, c'est une armée de "professionnels". Et nous avons laissé faire !
Je crains !
Désolé ! Je me souviens du 13 mai 1958, je me souviens du 22 avril 1961. Ce samedi-là, je l'ai vécu.
Je me méfie de la haine du jeune de banlieue qui peut brûler ma voiture.
J'ai plus de méfiance encore de la bêtise de celui qui porte l'arme.
J'ai porté l'arme.
*Soutien à Brice Petit et J.M. Maulpoix.
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De Garonne en Loire
Retour d’Aquitaine.
Nous avons accompagné Noémie et Célia jusqu’à la porte de l’école. Toujours ce petit pincement au cœur quand je les vois s’éloigner dans la cour animée de la rentrée. L’une des deux avait quelques larmes et le grand’père en était, une fois de plus, tout tourneboulé !
Petite visite au musée municipale avant de quitter Agen pour saluer Charles Fourier portaituré par Gustave Courbet.
À y voir aussi quelques Goya !
Entre Agen et Bordeaux, désertant l’autoroute, excellent repas à Casteljaloux - Ah ! les “cadets de Gascogne” d’Edmond Rostand ! - une Croustillade de poule arrosée d’un petit château du Marmandais.
Journées informatiques intenses autour de “Tiger” le nouveau sytème OS X.4 de nos petits Macs, chez Er Klasker, où il y a toujours l’amitié, le vin bon et le succulent des confitures de Co. ! Cette fois, nous n’avons qu’effleuré Dieu, les dieux et les religions !
Une récréation picturale à la Galerie du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux qui affichait Pierre Molinier / Jeux de miroirs : ma première rencontre avec les images de Molinier, ce devait être dans le bouquin de Sarane Alexandrian sur Les Libérateurs de l’amour. J’avais été fasciné par les jeux de jambes et de culs, les emmêlements de talons-aiguilles et de bas noirs, la proximité admirable des fentes et des visages féminins.
La fascination est toujours présente, accentuée plus encore, dans l’exposition, par le format réduit des tableaux, dessins et photomontages* qui soulignent l’intime de cet érotisme.
Difficile d’exprimer le même plaisir, face à certaines autres œuvres présentées “en miroir”.
Et si les œuvres de Claude Cahun, Man Ray, Andy Warhol, Mapplethorpe, Joël Garrigou éclairent bien, pour moi, la quête du travestissement, le questionnement sur l’identité, appuyant la démarche de Molinier, les photos “géantes” de Matthias Herrmann et autres Cindy Sherman me renvoient aux poubelles et autres “chiottes” qui sévissent dans les expressions plastiques actuelles de certain(e)s Américain(e)s. Le jeu de miroirs n’est plus que la galerie des glaces d’une bien piètre foire du Trône !
Pourquoi pas l’obscène, pourquoi pas l’autoérotisme, pourquoi pas le fétichisme ?
Mais ces “déconstructions et brouillages” vantés par le dépliant de présentation de l’exposition ne me renvoient qu’à la démesure dans le merdique. C’est “trash”, disent-ils aujourd’hui ! Moi, je veux bien, mais je m’en vas !
Et je ne pense point que cette cohabitation serve l’œuvre rare de Molinier
Les Libérateurs de l’amour fut un bouquin prêté et jamais rendu... Je crains qu’il ne soit épuisé.
Du val de Garonne à celui de Loire, il y a La Rochelle et un restaurant, homonyme de mon patronyme.
Si vous y passez, commandez le Médaillon de lotte aux épices et à la mangue arrosé par un léger rosé de Mareuil et achevez par le Gratin de figues sur tapis d’amandes glacé pain d’épice.
Les parpaillots rochelais sont d’épicuriens gourmets - la redondance n’allant point toujours de soi .
* Il faut noter l'extraordinaire perfection technique des tirages photographiques.
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mardi, 01 novembre 2005
Une absence de bonté
J’écoute, hier soir, d’une oreille distraite les informations télévisées ; on y énumère les dérapages verbaux de deux ou trois de ces messieurs chargés de l’ordre public à l’encontre de populations souvent d’origine étrangère. On nomme Pasqua, Chevènement, on oublie Marcellin, on s’attarde sur l’actuel Sarkozy...
Quand je me rends attentif au faciès de ces messieurs, ce que j’en retiens, c’est l’absence de bonté.
Un seul me semble avoir échapper à ce manque : Gaston Defferre ! Je n’oublie point qu’il fut, en 1981, le premier à dépénaliser officiellement l’homosexualité.
Dans la triste actualité urbaine de ces jours, le "comble" de cette absence est cependant atteint par le petit monsieur nicolas, ce coquelet qui quoique coucou voulut être roi.
07:15 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (2)