samedi, 26 novembre 2005
Hivernales ? Déjà...
Matin de novembre au jardin neigeux. Confus des brumes grises. Déjà l’hiver ?
Bribes du Chant de solitude au sortir d’une nuit amoureuse :
Les fumures du Temps sur le ciel répandues
Et le dernier dahlia dans un jardin perdu.
Dédaignez ce parent bénin et maudissez son Lied !
Peut-être qu’un cheval à l’humeur insolite
Un soir qu’il fera gris ou qu’il aura neigé
Posera son museau de soleil dans mes vitres.
René Guy Cadou
Le Chant de solitude
J’ai lu avec grand intérêt ce que dit Alfred Brendel de ses écritures et lectures dans le Monde des livres du 11 novembre.
« ... Des textes étrangement familiers mais qui me tirent vers des régions inconnues de moi-même.
...Je suis persuadé que l’on comprend mieux le monde dans les grands romans qu’en observant les gens... À présent, je préfère relire les chefs-d’œuvre... Les écrivains sont comme les compositeurs. J’ai toujours joué les œuvres avec lesquelles j’avais l’impression que l’on pouvait passer une vie. Celles qui émettent sans cesse de nouvelles énergies. Qui vous rajeunissent. On devrait toujours se demander avec quelles œuvres on veut vivre.»
L’entretien s’achève avec l’évocation d’un jeu facétieux sur les contraires.
« Si vous regardez mon visage en en cachant la moitié, vous constaterez qu’une moitié sourit et l’autre pas. Une aile blanche, l’autre noire... »
Un juste clin d’œil à l’harmonie des contraires de Héraclite.
Il est évident qu’après la lecture d’un tel entretien, je ne m’offrirais l’intégrale des sonates de Beethoven que jouées par cet homme-là.
Ailleurs, les soucis que l’on fait à Alain Finkeilkraut - je m’étonne naïvement de la plainte que doit déposer le MRAP, le Mouvement “déraperait”-il lui aussi, non ? - me font réouvrir le bouquin de Raoul Vaneigem, Rien n’est sacré tout peut se dire sous-titré Réflexions sur la liberté d’expression.
En exergue, Vaneigem cite Voltaire :
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement.
Cette plainte : voilà donc à quel rigorisme juridique nous conduisent des lois qui souhaitaient protéger la mémoire des victimes.
Finkeilkraut me hérisse souvent le poil. J’estime sa quête de la vérité !
« Autorisez toutes les opinions, nous saurons reconnaître les nôtres [...] nous apprendrons à annuler la force attractive des nuisances […] Nous les combattrons par la seule critique qui les puisse éradiquer : en pensant par nous-mêmes...»
Raoul Vaneignem
Post-scriptum :
Le Monde des livres - encore lui, Libé Livres n'ayant point paru pour cause de grève - publie la recension de trois livres qui ne sont pas loin d'actualiser la pensée de Vaneigem aux événements de ces jours :
S.O.S. ANTIRACISME de Dominique Sopo, chez Denoël "Indigne",
La tentation obscurantiste de Caroline Fourest, chez Grasset
et
Fragments mécréants -quel titre somptueux ! - de Daniel Bensaïd, à Lignes.
Pour conclure :
L'absolue tolérance de toutes les opinions doit avoir pour fondement l'intolérance absolue de toutes les barbaries.
Du même Vaneigem !
Bien sérieux, ce blogue déjà hivernal, mais je ne maîtrise guère la dérision.
18:05 Publié dans Cadou toujours, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.