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qu'ai-je lu ?

Un cinglant billet de Édouard Launet dans sa chronique du LibéLivres d'hier "On achève bien d'imprimer" ; ça commence très, très fort :« Les "gens" — eux, moi, vous peut-être —mentent effrontément lorsqu'on les interroge sur leurs lectures. »Il relate une étude britannique d'où il ressort qu'on dit "avoir lu", alors qu'il n'en est rien, que le livre n'a peut-être même pas été ouvert.Le pourcentage est étonnant de ces liseurs non lecteurs : 61 %. Et pour quoi faire croire ainsi : « Des études ont montré que les gens mentent pour se rendre sexuellement plus attractifs.»Diantre ! Je m'interroge désormais sur mes appétits de lecture.À ma décharge, quand on me demande :« As-tu lu tel, ou tel ? » Je suis plutôt dans l'évasif.Souvent quand j'ai lu, mais vraiment lu, je réponds d'ailleurs — ce qui est la vérité vraie : « Je lis. »Par exemple, c'est ce que je peux répondre pour tous ces gens de pensers et d'écriture dont je rends modestement compte en ce blogue.Bien que ?Hier, je me suis pris en flagrant délit de menterie à moi-même : , ces jours, je me tâte pour décider de l'achat d'une quatrième version des Essais, celle qui était annoncée dans Le Monde du 28 février*, où il est écrit entre autres à propos de cette ènième adaptation en français moderne : « Lanly, et c'est le tour de force, n'a pas touché à la structure de la phrase de Montaigne. Il a restauré les mots…». Ça me tente ; hier donc, je rentre chez mon libraire de la rue de la Fosse pour tester cette "restauration". Et je tombe sur le chapitre XII du Livre II, l'Apologie de Raymond Sebon, ...que je n'ai jamais lu, alors que j'affirme mordicus que j'ai lu Montaigne.Non, allez, je fais la pirouette : je n'ai pas lu, je lis Montaigne. Et ainsi des vingt ou trente, ou quarante qui sont là, sur les rayons, au plus proche de cet écran, mon écritoire !J'ai refermé pour un temps Héraclite. Ai-je lu Héraclite ? Certainement non : je lis Héraclite.Et pendant ce temps-là, dans la petite mare de la littérature écranique, récupérée par le Salon du Livre et par son hypocrite appareil lettré qui classe, organise, hiérarchise et bientôt légiférera, ÇA s'agite beaucoup..Serions-nous déjà sortis de l'ombre bien heureuse de la pré-histoire de nos blogues ?À lire l'affaire sur le blogue d'une Dame qui depuis l'aube de cette préhistoire ouvrit un très beau chantier sur les mille écrivailleurs que nous sommes, scribes et liseurs," non déclarés, non reconnus, non officialisés, non syndicalisés, qui hors des réseaux lettrés, institutionnels, reconnus, ont volonté d'inscrire leur penser, leur parole, leurs émotions, leurs goûts, tout en n'hésitant point, pour un temps, à se déclarer, se faire reconnaître, officialiser, avant de reprendre leurs chemins libertaires".Salut à FB, ce bel et grand "aïeul" de la littérature sur... Toile — va pas aimé, le bougre ! -, qui survit certainement fort bien dans la tempête de la mare.* Les Essais de Montaigne en français moderne, Adaptation d'André Lanly, Gallimard, « Quarto » 1354 p.

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vendredi, 20 mars 2009 | Lien permanent | Commentaires (5)

chronique portuaire de Nantes CII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1825.— LES "DAMES DE LA HALLE" ET LES NAUFRAGÉS.En octobre 1825, le navire le Seineur, armateur J.-B. Couy, rentrait à Nantes avec soixante-cinq matelots naufragés qu'il avait rencontrés en mer et arrachés à la mort. Le capitaine Prevel, qui commandait le navire nantais, les avait accueillis à son bord ; les avait nourri pendant dix-sept jours sur ses propres vivres, chacun diminuant joyeusement sa ration pour venir en aide à ces malheureux ; et les ramenait sains et saufs à Nantes.Leur première pensée, — c'étaient des Bretons, —fut de se rendre au pied des autels ; et le spectacle était magnifique de voir ces soixante-cinq naufragés dans leur costume déchiré et souillé d'eau de mer, s'agenouiller sur les dalles de l'église où ils entendirent la messe au milieu d'une assistance considérable. Pendant la cérémonie, les « Dames de la Halle, ces femmes qui ne sont étrangères à aucun acte d'humanité » — se plaisait à reconnaître le Journal, — prirent l'initiative d'une collecte parmi la foule qui stationnait en dehors de l'église. Le résultat dépassa leurs espérances ; aussi, lorsque les naufragés sortirent de l'église, elles les prirent tous par le bras, et, « sans autre discours que les « larmes qui coulaient de leurs yeux, » continuèrent dans tous les quartiers de la ville la collecte commencée. Pendant que les commerçants, réunis à la Bourse, organisaient de leur côté une souscription pour ces malheureux, les « Dames de la Halle », plus pratiques, songeaient avant tout au nécessaire, et réclamaient pour leurs protégés de chauds et solides habits ; ce ne fut pas en vain ; « des boutiques, des balcons, les nippes pleuvaient sur elles..., et ces malheureux naufragés, tout-à-l'heure presque nus et transis de froid, se trouvèrent dans un clin d'œil couverts et à l'abri des injures du temps ». Restait à les habiller, les « Dames de la Halle » s'en chargèrent, mais le Journal ne nous dit point comment elles s'y prirent en présence de tant de monde, ni ne nous décrit « l'heureux artifice dont elles s'avisèrent pour satisfaire à la fois à la pudeur et à la nécessité ». (1).1826. — VAPEURS NANTAIS EN 1826.D'après une enquête faite par la Société académique sur la demande du Préfet, Nantes possédait, en 1826, cinq bateaux à vapeur seulement munis de machines de 12 à 15 chevaux, toutes de construction anglaise (2). Ils appartenaient tous à la Société fondée en 1822 par le consul américain Fenwick__________________________________________________________________(1) Journal de Nantes et de la Loire Inférieure, n° du 28 octobre 1825.(2) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 3 janvier 1826.

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jeudi, 09 octobre 2008 | Lien permanent

chronique portuaire de Nantes CIII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1828. — LA DUCHESSE DU BERRY À NANTES.Durant le séjour à Nantes, en juin 1828, de la Duchesse de Berry, que le vapeur la Ville-de-Nantes avait été chercher à Saint-Florent, escorté d'un grand nombre de barques pavoisées, le yacht de la marine royale, la Girafe, splendidement aménagé pour la circonstance, fut mis à sa disposition. Le lundi 30, elle s'y embarquait, et, accompagnée de toute une flotille enguirlandée et pavoisée, elle se rendait à la Dennerie, chez le comte Humbert de Sesmaisons, où elle assista à une fête champêtre et à l'embrasement du château de Barbe-Bleue; puis à la Trémissinière, chez le baron de Charette, où Madame et les autorités restèrent à diner. À minuit seulement, la Girafe et la flotille accostaient à la chaussée de Barbin, trop tard pour que la Duchesse put assister à la représentation de gala organisée au théâtre en son honneur (1).VAPEURS NANTAIS EN 1828 - LE "PARISIEN" ET LA "PARISIENNE".Le Breton du 1er mai 1828 et des jours suivants, annonçait la mise en vente des « deux bateaux à vapeur le Parisien et la Parisienne, faisant antérieurement le service de Paris à Saint-Cloud. Ces deux bateaux — mentionnait l'avis, — ont chacun une machine de la force de 12 chevaux, deux chambres parfaitement ornées, et tout le matériel nécessaire à leur service ».Le 13 juin 1828, le même journal avisait ses lecteurs que MM. Gaillard et Cie, propriétaires de ces vapeurs, se proposaient de les consacrer à un service régulier entre Nantes, Paimbœuf et Saint-Nazaire, en même temps qu'à des excursions au Croisic, à Pomic, à Belle-Ile et à Lorient, ainsi qu'à « la remorque des navires ». Leur solidité et sûreté, — ajoutait-il, — sont « garanties par le voyage qu'ils ont fait par mer », et ils sont décorés avec tout le goût et le luxe que le service de la Seine exigeait (2).On se rappelle en effet que ces deux vapeurs, construits à Nantes en 1825 et 1826 et destinés à la navigation de la Seine, s'étaient rendus par mer de Nantes à Paris, non sans de multiples incidents et péripéties.Indépendamment de ces deux bateaux, et des vapeurs américains de la compagnie fondée par Fenwick en 1822, plusieurs compagnies de navigation se formèrent en 1828 :• les Riverains du bas de la Loire, fondés par Cossin et Leray ; • les Riverains du haut de la Loire, fondés par Cuissard, Mesnard et Métois ; • la Compagnie de navigation accélérée sur la Loire et ses affluents, fondée par Arnous-Rivière et Dufort ; • enfin sur l'Erdre, le Riverain de l'Erdre, de Guichard fils et Cie, en concurrence avec un yacht de Gâche et Guibert. À la fin de 1828, Nantes possédait en tout quinze vapeurs en activité (3).(1) F. LIBAUDIÈRE, Précis des événements qui se sont passés à Nantes, du 11 juillet 1815 au 4 août 1830 (Annales de la Société Académique), Année 1905, p. 76.Le Breton, n° des 23, 24 et 30 juin 1828.(2) Le Breton, n° des 1er mai et 13 juin 1828.(3) Le Breton, n° des 10 août, 29 et 30 septembre, et 7 novembre 1828.Annales de la Société Académique, Année 1838, p. 90.F. LIBAUDIÈRE, Histoire de Nantes sous le règne de Louis-Philippe, p. 12

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jeudi, 16 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (2)

Chronique portuaire CIV

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
La dernière chronique
1829. — ARMATEURS ET NAVIRES NANTAIS.À la fin du règne de Charles X, le commerce maritime nantais entrait dans une ère de prospérité. Nantes comptait alors 111 maisons d'armement, et possédait 184 long-courriers, jaugeant ensemble 37.950 tx.La plus importante de ces maisons d'armement, la maison Vve Th. Dobrée, comptait quatre navires jaugeant ensemble 1.829 tx. ; elle possédait le plus fort navire du port, le Cap-Horn, d'un tonnage de 717 tx.Venaient ensuite les maisons : B. Dufou, 6 navires, 1.803 tx. ; Soubzmain, 4 navires, 1.197 tx. ; Th. Carmichaël, 6 navires, 1.110 tx. ; J.-B. Couy. 6 navires, 939 tx., etc.La construction navale figurait parmi les industries nantaises les plus florissantes ; elle comptait quatorze chantiers à l'Ile-Gloriette, à la Chézine, à la Piperie et à Chantenay (1).(1) F. LIBAUDIÈRE, Histoire de Nantes sous le règne de Louis-Philippe, p, 9.
-=oOo=-
Avec la chute de Charles X et l’avènement de Louis-Philippe, nous arrêtons ces « Annales de la Marine Nantaise », non pas certes que cette marine disparaisse précisément en 1830, mais simplement parce qu'à cette date correspond une phase nouvelle de son histoire.Et, en effet, tandis que la fin des corsaires et des négriers vient enlever à ces pages tout leur intérêt anecdotique, — le seul que nous ayons eu en vue, — la vapeur, sortie de la période des tâtonnements et des essais, s'apprête à révolutionner le commerce maritime et son instrument obligé : le navire.Sans doute, il eut été extrêmement intéressant d'étudier la transformation radicale de notre port pendant le XIXe siècle, en même temps que le développement considérable de notre commerce et de nos industries maritimes. Mais cette étude, purement économique d'ailleurs, outre qu'elle eût dépassé le cadre forcément restreint de cet ouvrage, et le cadre encore plus restreint de notre compétence, ne rentrait nullement dans le plan que nous nous étions proposés : esquisser à grands traits l'histoire anecdotique de nos navires et de leurs capitaines.Tel a été notre but unique; et quelque incomplet que puisse être cet ouvrage, nous nous estimerions satisfaits si cette faible contribution à notre histoire locale fût de nature à faire connaître et apprécier davantage les héros dont les faits d'armes remplissent ces pages.Qu'il nous soit permis, en terminant, de remercier ici tous ceux qui nous ont aidés de leurs conseils et de leur science en facilitant nos recherches; et d'exprimer notre profonde gratitude aux Sociétés Savantes de Nantes et à la Ligue Maritime Française, qui ont bien voulu accorder leur patronage à cette initiative du " Pays d'Arvor ", dont nous n'avons été que le très imparfait interprète.
Paul LEGRAND.Nantes, le 1er août 1908.
RAPPEL Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Pages scannées par grapheus tis

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jeudi, 23 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

Chronique Portuaire de Nantes XCIII

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1818.— LE PAQUEBOT NANTAIS L' " HYPPOMÈNE ".En août 1818, le trois-mâts l’Hyppomène, de 400 tx., armateur Bryand, construit par Bonnissant et lancé le 20 juillet, quittait Nantes pour se rendre à Paimbœuf, où il devait terminer son armement et prendre ses derniers passagers. Il était commandé par le capitaine Ailliot, et devait se rendre à la Nouvelle-Orléans en touchant à la Havane.« Ce paquebot,— écrivait la Feuille Commerciale de Nantes,— a des formes très agréables et paraît promettre une bonne marche ; il est orné en dehors, aux deux extrémités et dans l'intérieur, avec un goût infini. Les portes de la chambre dite du conseil sont en fer et en forme de flèches, et les trumeaux des fenêtres sont en glaces. Cette chambre est décorée en sculptures de pâte dorée ou peintes. Ce genre de décorations rappelle celles du navire la Loire, capitaine Gautreau. Un nombre infini de curieux ont été voir, avant son départ, l'Hyppomène, qui, distribué à la manière des paquebots anglais, peut contenir jusqu'à 80 passagers » (1).SECOURS AUX NOYÉS ET ASPHYXIÉS EN 1818. Le Joumal de Nantes et de la Loire-Inférieure des 12, 15 et 19 juillet 1818 contient une amusante polémique entre deux étudiants en médecine et le professeur Darbefeuille au sujet dutraitement applicable aux noyés et asphyxiés par immersion. Tandis que les premiers, s'appuyant sur les autorités médicales alors en honneur à l'École et sur l’enseignement de leurs professeurs, préconisaient la saignée à la jugulaire et le lavage de l'intestin à l'essence de tabac, le second, au contraire, combattait ces deux médications ; la saignée comme n'ayant d'autre résultat que d'affaiblir encore plus le malade, et l'emploi du tabac comme capable tout au plus de l'empoisonner.Sans doute on ne s'étonnera nullement de voir figurer la saignée dans le cas d'asphyxie, étant donné qu'elle figurait encore dans la plupart des traitements médicaux ; mais, en ce qui concerne l'emploi du tabac, soit en lavages, soit en fumigations, quelqu'étrange que cela puisse sembler, on lui reconnaissait alors une influence très salutaire en cas d'asphyxie par immersion ; des boîtes de fumigation contenant les préparations de tabac et les appareils destinés à les employer étaient même placées de distance en distance le long des quais, par ordre du gouvernement, et au même titre que les gaffes et ceintures de sauvetage.Après de nombreuses discussions pour et contre, le journal terminait la polémique par une lettre humoristique d'un pseudo-malade ; ce dernier, forcé par son médecin à prendre de nombreux bains en rivière, et soucieux de sa conservation, avait toujours, expliquait-il, pris le soin de se baigner à proximité des boîtes de fumigation et en présence d'un médecin ; mais, — ajoutait-il, — la polémique récente lui ouvrant les yeux sur l'incapacité de la médecine, il se jurait bien, désormais, de ne se mettre à l'eau que le plus loin possible des docteurs et des « boëtes de fumigation », pour éviter qu'un médecin ne se crût obligé de le saigner à blanc pour le rappeler à la vie, ou ne l'empoisonna de gaieté de cœur en lui brûlant sous le nez des quintaux de tabac (2)._________________________________________________________________________(1) Feuille Commerciale de Nantes, n°du 17 août 1818. Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 21 juillet et 18 août 1818.(2) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 12, 15 et 19 juillet 1818.

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jeudi, 08 mai 2008 | Lien permanent

Chronique portuaire de Nantes XCVI

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1821. — CHEVAL OU VAPEUR, LE BATEAU ZOOLIQUE MÛ PAR DES CHEVAUX.Que le cheval se soit trouvé en conflit avec la vapeur pour les transports terrestres, il n'est rien que de très naturel ; mais qu'il ait eu à lutter contre elle sur eau, pour mettre des navires en mouvement autrement qu'en les halant de la berge, c'est là un fait extrêmement curieux et susceptible peut-être de laisser le lecteur moderne sceptiques! l'on ne pouvait lui présenter des preuves certaines.Le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure du 3 novembre 1821 insérait en effet l’avis suivant :« Bateau zoolique. — Le sieur P.-A. Guilland, breveté de S. M. pour l'invention des bateaux mis en mouvement par des animaux, prévient Messieurs les voyageurs qu'il vient d'établir sur l'Erdre un de ces bateaux pour servir de packet-boat entre Nantes et Nort, qui fera journellement le trajet d'aller et retour entre ces deux villes... » (1).Et, dans le même numéro, le journal publiait en partie le rapport du secrétaire de la Société académique concernant cette curieuse invention. Un certain nombre de chevaux étaient enfermés dans la cale, et piétinant sur place sur un plancher mobile qui se dérobait sous leurs pieds, lui imprimaient un mouvement circulaire utilisé pour mettre en mouvement deux roues à aubes, analogues à celles déjà employées par les premiers vapeurs,« Plusieurs expériences auxquelles ont assisté les membres de votre commission, — écrivait le rapporteur, — ont convaincu que le bateau, tel qu'il est à présent, et très susceptible de perfectionnements, refoulerait le courant avec une vitesse de 300 toises par heure et qu'il gouvernerait fort bien ». La date de cette invention ajoute encore à son piquant. Elle était en effet une réponse aux premiers essais de navigation à vapeur, et son auteur, en présence des résultats alors peu satisfaisants de cette nouvelle force, estimait qu'après tout, une fois le principe des roues à aubes admis, le cheval était encore un moteur préférable à la vapeur. Tel était d'ailleurs, l'avis du rapporteur de la Société académique, qui concluait : « Espérons beaucoup, Messieurs, des essais dont je viens de vous entretenir, et ne craignons pas d'encourager les capitalistes à les seconder, au moins comme tentative : car il doit en résulter la solution de celui des problèmes qui intéressent les fortunes de Nantes au plus haut degré » (2).(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 3 novembre 1821.(2) Journal de Nantes et de lu Loire-Inférieure, n° du 3 novembre 1821.Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 3 septembre 1821, p. 53.Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 19 décembre 1822, pp. 54-55.
RAPPELCes chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908 Pages scannées par grapheus tis

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jeudi, 29 mai 2008 | Lien permanent

Chronique portuaire de Nantes XCIX

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1822. — LE BATEAU ZOOLIQUE.Malgré l'apparition de services réguliers de vapeurs, le bateau zoolique, toujours mu par ses chevaux, n'en continuait pas moins son service de Nantes à Nort. Le 15 septembre 1822, en effet, le propriétaire-inventeur de ce bizarre attelage nautique, auquel on avait reproché d'avoir négligé de se porter au secours d'un noyé, malgré ses cris, répondait par la voie du Journal, qu'il n'avait pu les entendre, en raison du tapage de ses passagers, qui « s'avisèrent, suivant une pitoyable manie trop fréquemment pratiquée sur la rivière d'Erdre, de proférer des paroles grossièrement injurieuses, qui pourtant n'avaient aucune direction connue », et — ajoutait-il, — lorsqu'il avait pu faire cesser leurs « vociférations », il n'avait plus entendu aucun appel.En homme éminemment pratique, d'ailleurs, le sieur Guilbaud, inventeur du bateau zoolique, ajoutait : « Je profiterai de cette occasion pour faire connaître que le bateau zoolique continue à faire avec exactitude le trajet de Barbin à Nort comme par le passé » (1).VAPEUR À RAMES ET MOTEUR SANS PISTON.Dès 1821, M. Testier avait présenté à la Société Académique un modèle de rames à charnière, que M. Fautrat appliqua de suite à un bateau qu'il fit construire, et pour lequel il prit un brevet d'invention (2).En 1822, la Société Académique constatait que ce dernier, qui « travaille avec une louable persévérance au problème de la navigation de la Loire eu égard à son peu de profondeur », avait présenté un rapport extrêmement intéressant, dans lequel il exposait à la Société Académique deux de ses inventions récentes.« L'une, — expliquait le Secrétaire de la Société, -—- a pour objet la substitution des rames à charnières, imitant le mouvement des palmipèdes, aux roues à aubes déjà connues », l'autre visait « un nouveau moteur dont l'eau, réduite en vapeur, serait le ressort, mais dont la construction, ne comportant point de piston, serait infiniment plus simple que celle de toutes les machines à vapeur construites jusqu'à présent (3).(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 15 septembre 1822.(2) Procès-verbal de la séance publique de la Société Académique, tenue le 3 septembre 1821, pp. 52-3.(3) Procès-verbal de la séance publique de la Société Académique, tenue le 9 décembre 1822, pp. 57-9.

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jeudi, 19 juin 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

viatique pour un cabotage

Dimanche, j'embarque pour un premier cabotage estival : nous n'irons guère au-delà du Raz-de-Sein.Ce sera un cabotage "studieux" je m'engage à achever ma chronique d' Algériennes* pour la fin de l'an et je souhaite poursuivre jusqu'à la sécession de Chabani en avril 1964.J'emmène un mince viatique de lectures : le Livre II des Essais de Montaigne, Mars ou la guerre jugée de Alain, pour éclairer et creuser ce qui me paraît encore fort narratif dans l'évocation de ces années de merde et de feu.J'allégerai les heures d'écriture avec le Cendrars de chez Seghers dont je compte bien publier la note dans "Poètes, vos papiers !" pour septembre. J'avoue que je troue ma chronologie de découverte des poètes, sautant et Pessoa et Reverdy ; je les remettrai sur l'établi à l'automne.Curieusement, je laisse sur ma table trois petits bouquins, acquis hier après beaucoup de tergiversations. Souvent, j'hésite à confronter à des lectures universitaires des lectures qui me furent — et me sont encore — des chemins de traverse n’appartenant qu’à moi seul, inaugurées seules sans jalons autres que les premières pages et quelques lignes glanées au gré des feuilletages, qui sont peut-être mes lectures des trois derniers auteurs achevant le cycle des découvertes du siècle passé, qui me creusent et m’amplifient.Les écrivants du XXIe m’indiffèrent, me laissent froid.aernaux.jpgfbonjpg.jpg

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Je lis Annie Ernaux depuis 1974, et mon commencement, ce fut Les armoires vides.Je lis Pascal Quignard depuis 1987, et je ne sais quoi de La leçon de musique, ou des Tablettes de buis d’Apronenia Avitia m’amena à accumuler, en poche, les Petits Traités et autres minces recueils.Je lis François Bon depuis 1990, et La folie Rabelais, Daewo ,Tumulte , respectivement, me relancèrent dans mon adolescence qui se rêvait rabelaisienne, dans mes traces vécues de culture ouvrière et dans le tohu bohu d’un monde écrit qui advient.Ils seront, en septembre, tous trois, sur la table du retour et leurs livres dégringoleront des étagères pour les confrontations, qui, je ne le nie point, lèveront des horizons que, solitaire, ma lecture n’eût pas découverts.J’aavoue qu’au fond du sac marin, il y aura, comme à chaque départ, un Char pour les rocs et un Saint-John Perse pour les houles.
Le sang est à quai. À chaque époque ses lesteurs.
René CHARMoulin premier, XXXI
Que les vents vous soient favorables !* Quelques extraits d'Algériennes sont lisibles sur le site SPIP — rudimentaire ! — de grapheus tis

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samedi, 21 juin 2008 | Lien permanent | Commentaires (3)

Chronique Portuaire de Nantes LXXVII

Période révolutionnaire
1798.— FÊTE MARITIME DU 10 AOUT. En 1798, la fête annuelle du 10 août fut remplacée par une petite guerre maritime sur la Fosse. On fit le « simulacre de la prise de Malthe » figurée par l'île Videment, défendue par de pseudo-maltais : fantassins en uniformes verts et hussards en rouge, et garnie de six batteries de pièces de quatre et de pavillons maltais qui « donnaient à cette isle un air aussi pittoresque que guerrier ». Au signal d'embarquement, et devant un public énorme, — « plus cent navires, stationnaires étaient remplis de spectateurs », — les assaillants attaquèrent l'île, et après un combat acharné « au feu et à l'arme blanche », le drapeau maltais fut amené et le drapeau national hissé, « tandis que les pavillons de diverses nations flottoient sur les bâtiments neutres, et sembi oient saluer le pavillon tricolore » (1). Les esprits étaient en effet tournés en ce moment vers les choses maritimes, et quelques jours auparavant un député de Nantes, le citoyen Boulay-Paty avait lu au Conseil des Cinq-Cents un remarquable mémoire sur la nécessité de relever notre marine (2). MORT HÉROÏQUE DU CAPITAINE JEAN FABER. Le 19 août 1798, le capitaine de vaisseau Jean Faber, de Nantes, soutenait avec un seul vaisseau une lutte de seize heures contre une flotte anglaise, en vue de Guernesey, Resté seul avec son fils de tout l'équipage, et cerné de tous côtés, il lui donna l'ordre de mettre le feu à la Sainte-Barbe, et criant fièrement aux Anglais : « Vous n'aurez ni le vaisseau, ni le capitaine. Vive la République ! » se fit sauter, entraînant avec lui six de ses antagonistes (3). LES ANGLAIS À L'EMBOUCHURE DE LA LOIRE. Au commencement de janvier, les frégates la Loire, la Fraternité et la Sémillante, et la corvette la Société-Populaire sortaient de la Loire pour donner la chasse aux Anglais qui se montraient depuis plusieurs jours à l'entrée de la rivière. Elles ne réussirent pasd'ailleurs à les écarter, car leurs vaisseaux continuèrent à se montrer en vue des côtes et à s'emparer des petits caboteurs passant à leur portée. Le 27 mai, sept de leurs corsaires et une frégate chassaient un convoi de barques chargées de vin et d'eau-de-vie pour le compte de la République, el les forçaient à s'échouer sous la protection des canons du Croisic ; et le lendemain ils obligeaient également un chasse-marée à s'échouer sous les batteries de Saint-Gilles. Sur ces deux points les habitants de la côte s'unirent bravement aux canonniers pour empêcher les canots armés anglais de venir incendier ces navires. Quelques jours après, les Anglais amarinaient dans la baie de Pornic trois barques de sel ; et le 29 juin, une division de trois frégates se présentait à l'entrée de la Loire et envoyait cinq embarcations armées d'obusiers amariner quelques navires le long des côtes. Un détachement du 27e fut aussitôt envoyé de Nantes pour empêcher tout débarquement (4), ______________________________________________________________ (1) Publicateur de Nantes, n° du 27 thermidor. (2) MELLINET, La Commune ef la Milice de Nantes, pp. 209-10. (3) L. BRUNSCHWIG, Éphémérides Nantaises du Centenaire de la Révolution. (4) LOUIS GUILLET, Il y a cent ans ! 1798-1898, pp. 409.105-128.
RAPPEL Ces chroniques sont tirées de Marins et Corsaires Nantais par Paul Legrand Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs 7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

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jeudi, 17 janvier 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

Chronique portuaire LXIII

Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1781. — JEAN-PIERRE COTTE. Jean-Pierre Cotte, de Nantes, âgé de 32 ans, premier lieutenant de l'Arlequin, sorti de la Loire le 13 juillet 1781, se trouvait avec ce navire sur la côte du Sénégal, lorsque la flûte du Roi, l’Officieuse, poursuivie par un corsaire anglais, vint s'échouer sur des brisants. Sans songer le moins du monde au danger, Jean-Pierre Cotte se jeta dans une embarcation avec six chaloupiers, et, malgré les vagues et les récifs, parvint à sauver tout l'équipage en deux voyages. Au dernier moment, il apprit que deux barils d'argent pour le compte du gouvernement se trouvaient à bord de la flûte. Il y retourna aussitôt avec quatre nègres, et les ramena, échappant par miracle une troisième fois aux terribles remous tourbillonnant entre les récifs à fleur d'eau où s'était échoué le navire. En revenant à Nantes, l'Arlequin fut pris par les Anglais le 11 février 1782 et son équipage envoyé aux pontons. Rendu plus tard à la liberté, Jean-Pierre Cotte fut exempté par le Roi de deux campagnes pour le grade de capitaine, et reçut une gratification de 200 francs pour sa belle conduite (1). LE " LIBER-NAVIGATOR ". Le comte de Kerguelen, depuis amiral, après avoir obtenu du cabinet anglais les promesses de neutralité et les passeports nécessaires, sortait de Nantes, le 16 juillet 1781, sur le Liber-Navigator, pour une campagne toute pacifique d'explorations dans les mers du Sud. En dépit de la parole donnée, les Anglais amarinaient son navire dès le lendemain ; réponse bien anglaise, d'ailleurs, à la courtoisie du gouvernement français, enjoignant le 27 février 1779 aux corsaires nantais de s'abstenir de tout acte d'hostilité contre l'expédition Cook, dont on attendait le retour, et de lui prêter aide et assistance, comme s'il appartenait à une nation alliée et amie (2).* 1784. — MARIAGE DE LA PÉROUSE AVEC UNE NANTAISE. Le 17 juin 1784, Jean-François de Galaup, Comte de La Pérouse, épousait à Paris une Nantaise, Louise-Eléonore Broudou. Née à Nantes, le 15 mai 1775 et baptisée en l'église Sainte-Croix, — le parrain était noble homme Louis Cambronne, aïeul du héros de Waterloo, — Eléonore Broudou suivit, en 1769, sa famille à l'Ile-de-France, où l'illustre marin se laissa charmer par ses qualités et sa beauté. La famille de La Pérouse qui rêvait pour lui une alliance plus brillante, se refusa longtemps à accéder à ses désirs, mais son obstination triompha de l'ambition des siens, et le célèbre navigateur put enfin, en 1784, placer dans sa rude main celle de la jolie Nantaise qu'il aimait (3). ______________________________________________________________ (1) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V, pp. 310-311. (2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Les Corsaires Nantais, pp. 7-8. (3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Madame de La Pérouse. *Note du copiste : En 1908, l'anglophobie est toujours de rigueur ; il est vrai que jusqu'à Charles de Gaulle...

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jeudi, 04 octobre 2007 | Lien permanent

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